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View of Avant-Propos

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Academic year: 2021

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Image & Narrative , Vol 10, No 1 (2009) 1 Avant-Propos

Christian Chelebourg

Représenter l’invisible, le mettre en image, c’est toujours relever un défi, tâcher de résoudre une aporie figurative – peut-être la plus radicale de toutes. Le roman et la critique ne se sont pas fait faute, depuis la deuxième moitié du xx e siècle, de mettre en cause l’aptitude des arts, et de la littérature en particulier, à rendre compte de la réalité sensible, à l’épuiser comme on a pu dire. Mais s’il est déjà si impensable de reproduire vraiment ce que l’on voit, ce qui se montre, ce que l’on connaît, combien plus impensable est-il de donner à voir ce qui se dérobe à la vue, ce qui y échappe par nature ? Tel est pourtant bien l’un des programmes récurrent des arts. C’est à ce paradoxe, à la manière dont il est mis en œuvre, aux rêveries dont il s’accompagne que s’intéressent les différentes études regroupées dans cette livraison. Elles explorent ses différents modes comme ses principaux lieux d’apparition, car représenter l’invisible, c’est toujours peu ou prou relater ou mettre en scène une apparition.

Le parcours proposé commence par un arrêt sur l’image elle-même, qu’elle soit littéraire ou picturale ; il s’agit de comprendre les prétextes et le sens de sa libre confrontation avec ce qui, d’ordinaire, n’a pas d’image. Après cet ancrage dans le visuel, ce sera au tour du verbal, du langage d’être interrogé, particulièrement du langage poétique dont l’appétence à substituer l’imaginaire à la référentialité, à proposer des images neuves, des images inédites, fait un outil privilégié de la quête de l’invisible. Nous verrons ensuite que l’apparition est indissociable d’une dramaturgie qui la met en valeur ; elle n’est possible que sur une scène disposée pour l’accueillir, que dans les rets d’un scénario qui la prépare et l’attend, qui dramatise sa relation dialectique au visible. Enfin, nous verrons que l’invisible est si nécessairement sollicité par le désir qu’il tend à se confondre avec lui, du moins à épouser son énergie.

Réunies dans une même perspective de poétique de l’objet, ces études se complètent dans un souci de mieux comprendre la dynamique des rêveries sur l’invisible et sur l’invisibilité. Elles invitent dans leur ensemble à une plongée au cœur de l’imaginaire, puisque les images dont elles s’occupent ne se contentent pas de déformer celles que nous fournissent les sens, mais travaillent à s’en affranchir, à les dépasser, même à les contredire. Les images de l’invisible hyperbolisent en somme la dynamique de l’imaginaire, telle que la définit Gaston Bachelard, en opposant aux données sensibles de l’optique ce qu’on pourrait appeler une antoptique visionnaire.

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Image & Narrative , Vol 10, No 1 (2009) 2 Maître de conférences (HDR) de Langue et Littérature françaises à l’Université de La Réunion, il est l’auteur d’une thèse sur Jules Verne, publiée sous le titre Jules Verne, l’œil et le ventre – Une poétique du sujet (Minard, 1999) et complétée par Jules Verne, la science et l’espace – Travail de la rêverie (Minard, 2005). Il est spécialiste du XIXe siècle sur lequel on lui doit Le Romantisme (Nathan, « 128 », 2001), Prosper Mérimée, le sang et la chair – Une poétique du sujet (Minard, 2003) et la Série Écritures XIX de la Revue des Lettres Modernes. Théoricien de l’imaginaire, il travaille sur les motivations de la création : L’Imaginaire littéraire – Des archétypes à la poétique du sujet (Nathan, « Fac », 2000). Il est aussi l’auteur de Le Surnaturel – Poétique et écriture (Armand Colin, « U », 2006). Enfin, il a cosigné avec Francis Marcoin La Littérature de jeunesse (Armand Colin, « 128 », 2007) et consacré de nombreuses études aux fictions contemporaines populaires et de jeunesse. Contact : christian.chelebourg@wanadoo.fr

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