UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES
Faculté de Médecine
Contribution à l’étude de la cinématique des
manipulations cervicales et à l’expérience subjective des
individus bénéficiaires :
Analyse des relations entre la cavitation, les praticiens, le
ressenti des bénéficiaires et les paramètres cinématiques.
Thèse présentée en vue de l’obtention du grade de
Docteur en Sciences Biomédicales et Pharmaceutiques
Promoteur : Professeur Véronique Feipel
Co-promoteur : Professeur Marcel Rooze
Laboratoire d’Anatomie, Biomécanique et Organogenèse (LABO)
Laboratoire d’Anatomie Fonctionnelle (LAF)
09
Table des matières
Remerciements
6
Résumé
14
CHAPITRE I :
INTRODUCTION GÉNÉRALE
17
I.1. Définition : Qu’est-ce qu’une manipulation vertébrale ?
18
I.2. Effets des manipulations
22
I.2.1. Effets sur la douleur, la mobilité et le confort
22
I.2.2. Effets neurophysiologiques
25
I.2.3. Placebo/nocebo et aspects psychologiques
27
I.3. Indication des manipulations vertébrales
27
I.3.1. Examen clinique : validité de l’évaluation des troubles de mobilité
28
I.3.2. Indication, recommandation et intérêt de l’imagerie
30
I.4. Complications des manipulations cervicales
32
I.4.1. Manipulation vertébrale et accident vasculaire
32
I.4.2. Effets secondaires des manipulations
34
I.5. Point de vue biomécanique
35
I.5.1. Cinétique de la manipulation vertébrale
35
I.5.2. Cinématique de la manipulation vertébrale
39
I.5.2.1 Amplitude
39
I.5.2.2 Vitesse
41
I.5.2.3 Accélération
42
I.5.2.4 Couplage
42
I.5.2.5 Reproductibilité des manipulations
45
I.6. Phénomène de cavitation
45
CHAPITRE II :
ETUDE DES CARACTÉRISTIQUES CINÉMATIQUES
DE LA MANIPULATION CERVICALE ET DE L’EXPÉRIENCE
SUBJECTIVE DES INDIVIDUS BÉNÉFICIAIRES
51
II.1. Matériel et méthode : Protocole A
51
II.1.1. Echantillon
51
II.1.2. Récolte des données
52
II.1.3 Déroulement du protocole
54
II.2. Analyse statistique
55
II.3. Résultats
56
II.3.1. Evaluation des amplitudes, vitesses et accélérations au cours d’une manipulation HVBA 56
II.3.1.1 Amplitudes
56
10
II.3.2. Influence du praticien
59
II.3.3. Effet de la cavitation
61
II.4. Discussion
62
CHAPITRE III :
EVALUATION DE L’EXPÉRIENCE SUBJECTIVE
DES INDIVIDUS DURANT UNE MANIPULATION CERVICALE.
ANALYSE DES RELATIONS AVEC LA CINÉMATIQUE, L’EXPÉRIENCE
DU PRATICIEN ET LA CAVITATION.
69
III.1. Matériel et méthode
70
III.2. Analyse Statistique
71
III.3. Résultats
72
III.3.1. Statistiques descriptives et analyse factorielle de l’ESI
72
III.3.2. Validité convergente et divergente
74
III.3.3. Influence du praticien
75
III.3.4. Influence de la cavitation
75
III.4. Discussion
75
CHAPITRE IV :
ANALYSE DES PARAMÈTRES CINÉMATIQUES ET ÉTUDE DE L’AXE HÉLICOÏDAL D’UNE MANIPULATION HVBA À COMPOSANTESMULTIPLES. EVALUATION DES EFFETS SUR LA MOBILITÉ DU RACHIS
ET L’ERREUR DE REPOSITIONNEMENT CÉPHALIQUE
79
IV.1. Matériel et méthode : Protocole B
79
IV.1.1. Echantillon
79
IV.1.2. Déroulement du protocole
79
IV.2. Analyses statistiques
82
IV.3. Résultats et discussion
83
IV.3.1. Influence de la modalité (Best /Fast) sur l’amplitude et la vitesse de mouvement
83
IV.3.2. Influence de la manipulation sur la mobilité cervicale
84
IV.3.3. Influence de la manipulation sur la proprioception cervicale
84
CHAPITRE : V
EVALUATION DE LA CINÉMATIQUE DE LA
MANIPULATION CERVICALE ET CALCUL DE L’AXE HÉLICOÏDAL.
87
V.1. Matériel et méthode
87
V.2. Analyse des données
87
V.3. Résultats
88
V.3.1. Paramètres cinématiques
88
V.3.2. Axe hélicoïdal
89
11
V.4.1. Paramètres cinématiques
90
V.4.2. Axe hélicoïdal
92
V.4.3. Modélisation
92
CHAPITRE : VI
DISCUSSION GÉNÉRALE
95
VI.1. Quels sont les paramètres cinématiques qui définissent la manipulation
cervicale HVBA ?
95
VI.1.1. Amplitude
95
VI.1.2. Vitesse
99
VI.1.3. Accélération
99
VI.2. Les paramètres cinématiques sont-ils influencés par le praticien et ses
années d’ancienneté ?
100
VI.3. La présence de la cavitation est-elle influencée par certaines caractéristiques
cinématiques de la manipulation ?
103
VI.4. Y a-t-il un intérêt à déterminer l’axe de mouvement lors de l’impulsion
d’une manipulation ?
104
VI.5. Comment peut-on définir l’expérience subjective des individus bénéficiaires ?
105
VI.6.A L’expérience subjective des individus bénéficiaires est-elle influencée
par les paramètres cinématiques ?
106
VI.6.B L’expérience subjective des individus bénéficiaires est-elle influencée
par l’ancienneté du praticien ?
107
VI.6.C L’expérience subjective des individus bénéficiaires est-elle influencée
par la présence de la cavitation ?
107
VI.7. La manipulation influence-t-elle l’amplitude active cervicale
et l’erreur de repositionnement céphalique d’individus asymptomatiques ?
109
VI.8. Perspectives
109
VI.9. Conclusion
112
BIBLIOGRAPHIE
117
ANNEXES
132
Annexe I : Niveau et côté manipulés par praticien
132
Annexe II : Manipulations réussies par praticien, niveau et nombre d’essais
133
Annexe III : Amplitudes actives de nos sujets
134
Annexe IV A : Comparaison des moyennes (SD) des amplitudes relatives, vitesses
et accélérations maximum et valeurs « p »
135
Annexe IV b : Résultat 19 sujets avec/sans cavitation par un même praticien
136
Annexe V : Evaluation des données ordinales de l’ESI
137
12
Annexe VII : Effet du praticien sur les ESI et les facteurs 1 et 2
138
Annexe VIII : Effet de la cavitation sur les ESI et les facteurs 1 et 2
139
Annexe IX : NDI (Neck Disability Index)
140
Annexe X : Effet de la cavitation sur le vecteur norme d’accélération
141
Annexe XI : Publications en PDF
142
Table des figures
Figure 1: Schéma des phases caractéristiques des manipulations (Herzog, 2010)
20
Figure 2 : Technique de manipulation uplope et downslope (Williams et al., 2013)
40
Figure 3 : Goniomètre à six degrés de liberté
53
Figure 4 : Système de fixation de l’électrogoniomètre
54
Figure 5 : Courbes d’enregistrement des paramètres cinématiques 3D durant la manipulation
cervicale d’un même individu par chacun des 4 praticiens
58
Figure 6 : Pourcentage de cavitation obtenu après chaque essai pour l’ensemble des praticiens 61
Figure 7 : Distribution du ressenti de relâchement, de magnitude et de rapidité
73
Figure 8 : Emplacement des marqueurs réflexifs
80
Figure 9 : Graphique des amplitudes de mouvement de la tête durant
une manipulation cervicale gauche
88
Figure 10 : Représentation de l’axe hélicoïdal de deux individus
90
Figure 11 : Contre-mouvement absent chez C et présent chez D (flèches noires)
101
Figure 12 : Moyenne du facteur 1 avec et sans cavitation
108
Table des tableaux
Tableau 1 : Forces moyennes (N) et durée d’impulsion (ms) de différentes manipulations
37
Tableau 2 : Amplitude relative moyenne (SD) dans chaque plan pour chaque praticien (A, B, C,D)
et pour l’ensemble des quatre en fonction de la cavitation
57
Tableau 3 : Vitesses et accélérations moyennes (SD) dans chaque plan pour chaque praticien (A,
B, C,D) et pour les quatre en fonction de la cavitation
59
Tableau 4 : Influence des praticiens sur l’amplitude relative (%), la vitesse et l’accélération (valeurs
de p, ANOVA)
59
Tableau 5 : Test Post Hoc LSD (least significant difference, valeur de p) pour l’ensemble des
praticiens (A, B, C, D). Différences en termes d’utilisation de la vitesse et l’accélération pour la
totalité des manipulations
60
Tableau 6 : Influence de la cavitation sur les paramètres cinématiques
tous praticiens confondus.
62
Tableau 7 : Comparaison des amplitudes de flexion latérale et de rotation de différentes études
au cours d’une manipulation cervicale
63
Tableau 8 : Comparaison des vitesses de rotation axiale au cours de différentes manipulations
13
Tableau 9 : Items du questionnaire subjectif
71
Tableau 10 : Analyse par composante principale
73
Tableau 11 : Corrélations entre les données des ESI et la moyenne des paramètres cinématiques
(coefficient r de Pearson et valeur du p)
74
Tableau 12 : Protocole d’évaluation de la mobilité (Vicon)
81
Tableau 13 : Déroulement du protocole
81
Tableau 14 : Comparaison des amplitudes atteintes selon la modalité Best et Fast
83
Tableau 15 : Comparaison des vitesses de mouvement atteintes selon la modalité
83
Tableau 16 : Différence moyenne d’erreur finale (SD) suite aux manipulations et p value (ANOVA) 85
Tableau 17 : Amplitudes spécifiques de la manipulation
89
Tableau 18 : Orientation de l’axe hélicoïdal par rapport à l’axe Y
89
Tableau 19 : Amplitudes globales de flexion latérale et de rotation au cours
d’une manipulation (et durant l’impulsion)
96
Tableau 20 : Amplitudes actives de sujets asymptomatiques (°) par mouvement et par plan (°) 97
Tableau 21 : Amplitudes relatives moyennes des protocoles A et B
98
Tableau 22 : Vitesses de rotation axiale actives et passives dans différentes situations
99
Liste des abréviations ou expressions
Amplitude relative : exprimée en %, elle correspond au rapport entre l’amplitude passive mesurée et l’amplitude active de sujets asymptomatiques.
Barrière motrice : barrière anatomique ou barrière de focalisation, c’est la « limite » recherchée avant de pratiquer l’impulsion, le thrust, la manipulation
Ancienneté : utilisé comme synonyme d’années d’expérience
CA 6000 Spine Motion Analyser : électrogoniomètre à 6 degrés de liberté
Ecart-type ou standard deviation (SD) : permet de se faire une idée de la dispersion des valeurs, souvent repris entre parenthèse dans le texte et dans les tableaux EVA = VAS : Echelle visuelle analogique (Visual Analogic Scale)
Evidence based : basé sur données probantes
Evidence based medicine : médecine factuelle ou basée sur des données probantes
Expérience des participants : ressenti (subjectif) au cours de la manipulation cervicale
Expérience des praticiens : ancienneté en nombre d’années de pratique des manipulations
Expertise (des praticiens) : compétence d’un expert (somme de compétences innées et acquises dans la réalisation d’une manipulation)
14
GROC : global rating of change (évaluation globale de changement)
HVBA (HVLA) : Haute Vitesse – Basse Amplitude (High Velocity Low Amplitude) Impulsion ou Thrust : brève accélération du geste lié à la manipulation HVBA, au-delà de la position de pré-manipulation
NDI : Neck disability index
Position de pré-manipulation : elle correspond à la « barrière motrice » ou « barrière anatomique » pour certains
RCT : Randomized clinical trial (essai clinique randomisé)
WAD : Whiplash associated disorders, troubles associés à une entorse cervicale
Résumé
Par ce travail, nous avons voulu mieux cerner les paramètres cinématiques d’une manipulation cervicale, mais également les confronter au ressenti subjectif des sujets qui en ont bénéficié.
Pour situer le contexte, nous avons débuté en relatant les données de la littérature quant à la définition, aux indications, à l’efficacité, aux risques, à la cinématique des manipulations vertébrales et à la place de cette technique dans le modèle bio-psycho-social des soins de santé.
Nous avons réalisé un ensemble d’études aux Laboratoires d’Anatomie, de Biomécanique et d’Organogénèse (LABO) et d’Anatomie Fonctionnelle (LAF) de l’ULB. Elles portaient, d’une part, sur l’évaluation de la cinématique de la manipulation cervicale et ses répercussions sur le ressenti subjectif des individus en bénéficiant et, d’autre part, sur l’étude de l’axe hélicoïdal au moment de l’impulsion ainsi que l’analyse des effets de la manipulation sur l’amplitude active et l’erreur de repositionnement céphalique d’individus asymptomatiques.
Au vu de nos résultats et de ceux de la littérature, une influence majeure du type de technique sur les paramètres cinématiques de la manipulation cervicale existe. Nous avons pu mettre en évidence que les amplitudes, vitesses et accélérations utilisées lors des manipulations cervicales HVBA sont liées à la technique évaluée et dépendent largement du praticien et de son expérience.
15
Notre évaluation de l’expérience subjective des individus a fait ressortir deux dimensions que nous avons appelées : facteur 1 et facteur 2. Le premier traduirait l’aspect technique de la manipulation, le second celui, plus personnel, de ressenti du relâchement.
Il existe des liens clairs entre l’expérience subjective des individus (ESI) et les paramètres cinématiques de la manipulation. Il en va de même entre l’ESI et la présence d’une cavitation. Les manipulations avec cavitation étaient ressenties comme plus amples, plus rapides et réalisées à l’aide d’une prise plus ferme ainsi qu’une manœuvre plus précise.
Les praticiens jouissant d’une plus longue expérience ont obtenu de meilleurs scores pour les items en relation avec les aspects techniques de la manipulation. Le recours à l’axe hélicoïdal a démontré un intérêt indéniable dans l’analyse de la cinématique de la phase d’impulsion de la manipulation cervicale et son orientation a fait preuve d’une grande variabilité selon les individus manipulés.
La mobilité active de nos sujets asymptomatiques n’a pas été modifiée suite aux manipulations pratiquées.