Dr Elisabeth Fontanges –service Pr Chapurlat Hôpital E.Herriot
10/12/2009
Ostéoporose et ménopause
Prévention, dépistage et prise en charge
Le regard du rhumatologue
Introduction
• Depuis 2001, date de la redéfinition de
l’ostéoporose , l’intérêt s’est recentré sur le
« risque fracturaire » , qui est la question
pertinente tout comme se pose la question
du risque cardiovasculaire face à une HTA ou
une hypercholesterolémie
définition de l’ostéoporose
NIH Consensus Development Panel on Osteoporosis, JAMA 2001
L’ostéoporose est définie comme une maladie générale du squelette caractérisée par une résistance osseuse diminuée prédisposant à un risque élevé de fractures.
Or la
résistance osseuse
est la résultante de
la densité osseuse
ET
de
la qualité osseuse
Casser ou ne pas casser
• Handicap fonctionnel
• Qualité de vie : QALY, QUAliost , EQ-5 D…
(score physique et émotionnel )
• Perte d’autonomie
• Nombre de jours d’alitement
• Nombre de jours de diminution d’activité
• ..augmentation de la mortalité
Bliuc D et al. JAMA 2009;301(5):513-521
La fracture de hanche:
La fracture de hanche:
une surmortalité importante une surmortalité importante
dès la 1
dès la 1 ère ère année… année…
Courbe de survie : sujets de plus de 75 ans
0 5 10 15 20 25 30 35 40
0 2000 4000 6000 8000 10000 12000 14000 16000
50 - 54 55 - 59 60 - 64 65 - 69 70 - 74 75 - 79 80 - 84 85 - 89 90 - 94 95 +
Incidence pour 1000 personnes années Nombre de femmes avec fractures
Incidence fracturaire et nombre de FESF (femmes) en fonction de l’âge
Schott et al. Données PMSI 2004
Age
Incidence des fractures
N femmes avec Fractures
4 questions
• Qu’est ce que la résistance osseuse ?
Comment évaluer le risque fracturaire ?
Comment prévenir l’ostéoporose ?
• Comment réduire le risque fracturaire ?
➥ améliorer la qualité de vie
➥ diminuer la mortalité
De la capacité de réparation De la capacité de réparation
des
des micromicro--crackscracks par un par un remodelage ciblé
remodelage ciblé
LES DETERMINANTS DE LA RESISTANCE OSSEUSE LES DETERMINANTS DE LA RESISTANCE OSSEUSE
Les propriétés biomécaniques Les propriétés biomécaniques
de l'os dépendent : de l'os dépendent :
De la
De la quantitéquantité de de tissu osseux tissu osseux
De l'organisation De l'organisation
tridimensionnelle de ce tissu tridimensionnelle de ce tissu osseux (
osseux (microarchitecturemicroarchitecture)) MACROARCHITECTURE
MACROARCHITECTURE dimension
dimension et de la et de la géométrie des os géométrie des os Des propriétés du
Des propriétés du matériau
matériau ::
(minéral, collagène) (minéral, collagène)
J.P Roux,INSERM 403, 2003 J.P Roux,INSERM 403, 2003
La densitométrie :
examen clé
de la démarche diagnostique et thérapeutique ( HAS) Mais qui a ses limites :• La définition OMS ne s’applique pas aux OP secondaires
• Valeur seuil admise pour OP cortisonique < -1,5
• Diminution de la corrélation entre densité lombaire et fémorale avec âge due aux artéfacts (arthrose, scoliose, fractures …)
Chez patients âgés discordance d’1 DS dans 30% des cas de 2 DS dans 15 % des cas ->Privilégier le site le plus bas
• Réponse densitométrique variable selon les traitements
• DMO basse isolément (8 à 12% DMO basse à la ménopause)
• n ’explore ni la macro ,ni la microarchitecture osseuse
Analyse au rachis
Causes d’erreur Surestimation
• Arthrose
• Calcification aortique
• Fracture vertébrale
• Ostéophyte
• Pacemaker
• Scintigraphie
• Produit de contraste Sous-estimation
• Laminectomie Variabilité exagérée
• Surpoids
• Ascite
• Scoliose
F DUBOEUF
0 4 8 12 16
T<
T<--2.52.5 --2.5<T<2.5<T<--1 1 T>T>--1 1
16.4
5.4
1.1
155 fractures hanche , 7598 femmes (>75 a) suivies 2 –3 ans
Incidence de la fracture de hanche et DMO Incidence de la fracture de hanche et DMO
du col fémoral du col fémoral Cohorte Epidos Cohorte Epidos
Incidence/1000 w Incidence/1000 w--yryr
Kanis JA, Osteoporosis Int 2001; 12(12)989-995
T-score (SD) Fracture probability (%)
Fracture probability (%)
0 5 10 15 20
-3 -2 -1 0 1
80 ans 70 ans 60 ans 50 ans
Relation exponentielle Masse osseuse et risque fracturaire Etablir un Risque Fracturaire Absolu à 10 Ans
F3
Diapositive 12
F3 qualite osseuse : à densité egale ,onfracture plus avec age et si atcd de fracture Fontanges; 05/10/2006
Boutroy S, J Clin Endocrinol Metab 2005 Bonnick SL, Bone 2007; 41:S9-S12
Comment évaluer la microstructure osseuse in vivo de façon non invasive
• Technique in vivo et non invasive
• Résolution = 82 m3
• Irradiation ( 4 Sv) = DMO
• Uniquement radius distal et tibia
HR-pQCT HSA
Technique in vivo et non invasive
Analyse des scans DEXA avec méthode de Beck
Evaluation à la hanche
Calculs de résistance osseuse
Cohorte OFELY : influence du niveau de remodelage Cohorte OFELY : influence du niveau de remodelage
Normal Osteopenic HR-
Osteopenic HR+
Osteoporotic
months
Marqueurs du remodelage :quand ?
• Les marqueurs de formation osseuse: ostéocalcine, PINP
• Les marqueurs de résorption osseuse :CTX sériques à jeun (crosslaps sériques), NTX urinaires
Pas d’intérêt diagnostic (en tant que tel) Aide à la décision thérapeutique
Au cas par cas
Aide au suivi thérapeutique (non consensuel)
Evaluer le risque d’ostéoporose En Consultation
Interrogatoire : facteurs de risque
à âge égal, à masse osseuse égale, certains cassent , d’autres ne cassent pas
Recherche de Facteurs de risque d’OP
liés à une masse osseuse (MO) abaissée
Soit indépendants de la masse osseuse
Certains risques sont en partie liés à la MO Facteurs de risque de fracture FR de risque ou OP secondaire ? catalogue
Examen clinique : toise
Les facteurs de risque de DMO basse
• Facteurs de risque pour l’indication de mesure de DMO - âge
- antécédents personnels de fracture après 40 ans - antécédents familiaux de fractures
- Ménopause (précoce) , hypogonadisme ( Turner, post chimio…
- Dénutrition, faible poids, perte de poids (anorexie mentale , pathologies digestives graves …)
- Hyperparathyroïdie, hyperthyroïdie ….
- Immobilisation prolongée
- Corticothérapie prolongée >7,5 mg/j - Consommation de tabac ,alcool
- Maladies inflammatoires intestinales ,maladie coeliaque, cirrhose biliaire primitive, transplantations, …
La mesure de DMO reste incontournable
Facteurs de risque fracturaire
Facteurs indépendants de la densité minérale osseuse
• Âge +++
• corticothérapie actuelle ou ancienne
• Atcd personnels de fracture
• Atcd de FESF chez parent 1° degré
• Diminution de l’acuité visuelle
• IMC< 19 kg/m2
• Troubles neuromusculaires ou orthopédiques
• consommation de tabac
• Mauvais état de santé (plus de 3 maladies chroniques)
• Hyperthyroïdie
• Polyarthrite rhumatoïde
• Augmentation du remodelage osseux
• Consommation d’alcool
Facteurs liés à la densité minérale osseuse
• Ménopause prématurée
• Aménorrhée I ou II
• Immobilisation prolongée
• Carence vitamino-calcique
+DMO = 8 FR
majeurs retenus par OMS
Www.grio.org
Remboursement pour un premier examen
A/ Quels que soient l’âge et le sexe
• Signes d’ostéoporose
1 Découverte ou confirmation radiologiqued’une fracture vertébrale sans contexte traumatique ni tumoral éviden
2 Antécédent personnel de fracture périphériquesurvenue sans traumatisme majeur exclut fractures crâne, orteils, doigts, rachis cervic
pathologie ou traitement potentiellement inducteur d’ostéoporose
1. Corticothérapie systémique (de préférence au début) 3 mois –7.5 mg d’équivalents prednisone
2. Hypogonadisme prolongé chirurgicale (orchidectomie) ou médicamenteuse (traitement prolongé analogue de la Gn-Rh)
3. Hyperthyroïdie évolutive non traitée 4. Hypercorticisme
5. Hyperparathyroïdie primitive 6. Ostéogénèse imparfaite
Journal officiel 30 juin 2006
Remboursement pour un premier examen
B/ Chez la femme ménopausée – Indications supplémentaires
Y compris pour les femmes sous traitement hormonal de la ménopause à des doses utilisées inférieures aux doses recommandées pour la protection osseuse
Antécédent de fracture du col fémoral sans traumatisme majeur chez un parent du premier degré
Indice de masse corporelle < 19 kg/m2
Ménopause avant 40 ans, quelle qu’en soit la cause
Antécédent de prise de corticoïdes d’une durée d’au moins 3 mois consécutifs, à une dose > 7.5 mg/jour équivalent prednisone.
Journal officiel 30 juin 2006
DMO: diminution du gradient de risque avec l’âge
Schott AM, et al. Osteoporos Int 1998; 8: 247-54.
< 80 ans ≥ 80 ans T ≤ -2,5
T ≤ -2,5
T > -2,5
T > -2,5 RR = 4,4 (3,6-5,5) RR = 2,5 (2,0-3,1)
5 10 15 20
Incidence fractures hanche /1000 femmes-années
Stratégie thérapeutique en l’absence de fracture Age de 50 - 60 ans
THM si troubles climatériques
ou raloxifène ou bisphosphonate - ranélate de strontium
-2,5 < T ≤ -1
Facteurs de risque de fracture associés
OUI
Traitement à envisager
Recommandations de l’AFSSAPS. Traitement médicamenteux de l’ostéoporose post-ménopausique.
Actualisation janvier 2006
RECHERCHE DE FACTEURS DE RISQUE DENSITOMETRIE
T
T ≤ ≤ --3 ou T ≤ 3 ou T ≤ --2,5 et 2,5 et facteurs de risque facteurs de risque
de fracture de fracture
T > -1
NON
Pas de traitement
La consultation(2)
Selon les circonstances :
• Recherche d’antécedents de fractures et Circonstances de survenue
• Rachialgies ? (dorsalgies )
• Mesure de la taille +++
Perte de taille >4 cm/taille déclarée -> Radios
Perte de taille >2 cm/taille documentée -> radios
Étude EMERAUDE ( C ROUX ARD 2007)
Detecter la premiere fracture et agir vite Rôle du medecin traitant
Du medecin urgentiste
Du chirurgien orthopédiste
Et du medecin rhumatologue
Le risque de récidive fracturaire est maximal immédiatement après une fracture
Johnell et al, Osteoporos Int 2001;12:207-214
Risque de fracture après un traumatisme minime
0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250 275
0 3 6 9 12 24 36 48
Incidence de fractures (Taux/1000)
Risque observé chez les femmes de 60 et 80 ans après une fracture vertébrale nécessitant une hospitalisation, comparé à celui de la population générale
Mois écoulés depuis la fracture
Avec fracture
Population générale
Femmes de 80 ans
0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250 275
0 3 6 9 12 24 36 48
Incidence de fractures (Taux/1000)
Avec fracture Population générale
Femmes de 60 ans
Lindsay R JAMA 2001;285:320-323
Données issues de l’analyse de 4 essais internationaux conduits entre 1993 et 1998 Données issues de l’analyse de 4 essais internationaux conduits entre 1993 et 1998 portant sur 2725 femmes ménopausées randomisées dans le groupe Placebo
portant sur 2725 femmes ménopausées randomisées dans le groupe Placebo
00 55 10 10 15 15
% de survenue d’une nouvelle fx vert% de survenue d’une nouvelle fx vert dans la 1ère année des essaisdans la 1ère année des essais
Nombre de fractures vertébrales prévalentes au départ Nombre de fractures vertébrales prévalentes au départ
RR=7.3 (4.4, 12.3) RR=7.3 (4.4, 12.3) RR=5.1 (3.1, 8.4)
RR=5.1 (3.1, 8.4)
RR=2.6 (1.4, 4.9) RR=2.6 (1.4, 4.9)
00 11 11 22
Conséquences des Fractures Vertébrales Conséquences des Fractures Vertébrales
“Cascade Fracturaire”
“Cascade Fracturaire”
1,9
1,9 4,64,6
9,9 9,9
12,5 12,5
La morphométrie
• Morphométrie vertébrale ou VFA ou IVA
• méthode d ’acquisition densitométrique du rachis de T4 à L4 de profil
• avantages : rapide, peu irradiant, aide au diagnostic de fractures vertébrales (52% de FV à 85 ans), peut éviter les radios, moindre coût
• inconvénient: résolution imparfaite
Stratégie thérapeutique en cas de fracture
Raloxifène (FV) Bisphosphonates ou Ranélate de Strontium
Tériparatide : (>2FV) T ≤ -2,5
Traitement en fonction de la présence d’autres facteurs
de risque de fracture -2,5 < T ≤ -1
Fractures périphériques
Recommandations de l’AFSSAPS. Traitement médicamenteux de l’ostéoporose post-ménopausique.
Actualisation janvier 2006
DENSITOMETRIE
Fracture vertébrale ou de l’extrémité supérieure du fémur
RISQUE ABSOLU
RISQUE ABSOLU
L ’analyse selon FRAX: avantages et limites
Avantages
• 12 cohortes : 60 000 personnes
• OMS
• index de risque absolu
• Interaction entre les FR pris en considération
• disponible sur Internet , accessible à tous , facile
• permet de calculer son risque fracturaire
• probabilité de fractures OP à 10 ans chez H et F de 40 à 90 ans
• Réduction de prescription chez F à risque modéré
L ’analyse selon FRAX: avantages et limites
Limites
pas de gradient pour certains F de R (dose corticoïdes, nombre et siège des fractures… )
Ne prend pas en compte la densité lombaire
Ne donne pas encore de seuil d’intervention
• ne s ’interessent pas aux patients traités
• Utile comme outil pédagogique : rassurer ou convaincre
FRAX et prediction du risque chez la femme recemment ménopausée
• Cohorte MENOS 4025 F> 45 ans et ménopausée depuis – de 10 ans
13 ans plus tard chez 98 F : 148 fractures poignets, 70 FV cliniques ,17 FESF 4FR principaux :DMO (RR 1,7)autres Fr (2.3)
THS (RR 0.5) et nb grossesse
Cohorte OFELY : 867 F + 40 ans
avant 65 ans , mauvaise evaluation / dmo seule
Conclusion: Faible sensibilité chez les femmes de la 1° décade post ménopausique
Dargent Molina ASBMR 2009 Sornay rendu ASBMR 2009