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Écologie et sylviculture de la forêt mixte : Qu’avons-nous appris au cours de la dernière décennie ?

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Écologie et sylviculture de la forêt mixte :

Qu’avons-nous appris au cours de la dernière décennie ?

Recueil des résumés longs

Carrefour Forêt Innovations, 6 octobre 2011, Centre des congrès de Québec

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pas nécessairement la position du ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec.

Comité organisateur et éditeurs Patricia Raymond

Daniel Dumais Marcel Prévost

Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) Direction de la recherche forestière (DRF)

2700, rue Einstein, Québec (Québec) G1P 3W8 Téléphone : (418) 643-7994 poste 6614

Courriel : patricia.raymond@mrnf.gouv.qc.ca

Conception graphique du document Maripierre Jalbert, DRF, MRNF Brigitte Boudreault, DRF, MRNF

Révision linguistique

Denise Tousignant, DRF, MRNF Joanie Couture, DRF, MRNF Sylvie Bourassa, DRF, MRNF

Crédits photos de la page couverture

Daniel Dumais et Patricia Raymond, DRF, MRNF

Le contenu de ce document peut être cité en indiquant la source :

Raymond, P., D. Dumais et M. Prévost (éds.), 2012. Écologie et sylviculture la forêt mixte : Qu’avons-nous appris au cours de la dernière décennie? Colloque de transfert de connaissances.

Carrefour Forêt Innovations, 6 octobre 2011, Centre des congrès, Québec, QC, Canada. 64 p.

© Gouvernement du Québec

Ministère des Ressources naturelles et de la Faune, 2012

Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2012 ISBN : 978-2-550-64391-3

ISBN (PDF) : 978-2-550-64392-0

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Écologie et sylviculture de la forêt mixte :

Qu’avons-nous appris au cours de la dernière décennie ?

Recueil des résumés longs

Carrefour Forêt Innovations, 6 octobre 2011, Centre des congrès de Québec

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8 h 50 Mot de bienvenue

Patricia Raymond, Direction de la recherche forestière, MRNF 9 h 00 Les défis de l’aménagement et de la sylviculture en forêt mixte

Guy Lessard, Centre d’enseignement et de recherche en foresterie de Sainte-Foy (CERFO)

9 h 30 La synthèse des enjeux écologiques pour l’aménagement écosystémique de la sapinière à bouleau jaune du Québec

Frédérik Doyon, Université du Québec en Outaouais (UQO) 10 h 00 Pause

10 h 30 L’influence des trouées sur la structure et la composition de la forêt mixte Daniel Kneeshaw, Université du Québec à Montréal (UQÀM)

11 h 00 Le rôle des feux et des épidémies de tordeuse des bourgeons de l’épinette en forêt mixte Mathieu Bouchard, Direction de la recherche forestière, MRNF

11 h 30 L’impact des coupes en forêt mixte

Yan Boucher, Direction de la recherche forestière, MRNF 12 h 00 Dîner

13 h 30 La sylviculture des peuplements mixtes à feuillus tolérants Marcel Prévost, Direction de la recherche forestière, MRNF

14 h 00 La sylviculture des peuplements mixtes à feuillus intolérants Brian Harvey, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)

14 h 30 La remise en production de peuplements mixtes dégradés avec présence de semenciers Jean-Claude Ruel, Université Laval

15 h 00 Pause

15 h 30 La conversion structurale de jeunes peuplements réguliers : la convergence des intérêts écologiques et économiques Laurent Gagné, Consortium en foresterie Gaspésie-Les-Îles 16 h 00 La sylviculture des essences forestières en raréfaction

Daniel Dumais, Direction de la recherche forestière, MRNF 16 h 30 Synthèse et échanges

16 h 45 Fin du colloque

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crédit photo : P

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Remerciements

Le comité organisateur du colloque Écologie et sylviculture de la forêt mixte : Qu’avons-nous appris au cours de la der- nière décennie? tient à remercier les organisateurs du Carrefour Forêt Innovations 2011 pour leur appui et le support logistique durant la journée du colloque. Nos remerciements s’adressent aussi aux conférenciers, professionnels et techniciens et à toutes les personnes qui ont participé activement à la réussite de cet événement et à l’élaboration du présent document.

La conception de ce recueil des résumés longs des conférences a été rendue possible grâce à la contribution signi- ficative de Mmes Maripierre Jalbert et Brigitte Boudreault (DRF, MRNF), responsables du graphisme, de Mmes Denise Tousignant, Joanie Couture et Sylvie Bourassa (DRF, MRNF), responsables de la révision linguistique et de l’édition des textes.

Le comité organisateur remercie également les gestionnaires de la DRF (MM. Robert Jobidon et Jean-Pierre Saucier et Mme Claire Filion) pour leur soutien constant durant les différentes phases de préparation de ce colloque, ainsi que nos principaux commanditaires, le MRNF, l’Institut forestier du Canada, le Groupe DESFOR et Del Degan, Massé, experts-conseils.

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Table des matières

Programme du colloque . . . iii

Remerciements . . . v

Mise en contexte . . . ix

Objectifs du colloque . . . ix

Résumés longs des conférences . . . 1

Les défis de l’aménagement et de la sylviculture en forêt mixte . . . 3

Guy Lessard La synthèse des enjeux écologiques pour l’aménagement écosystémique de la sapinière à bouleau jaune du Québec . 9 Frédéric Doyon et Hirondelle Varady-Szabo L’influence des trouées sur la structure et la composition de la forêt mixte . . . 21

Daniel Kneeshaw, Udayalakshmi Vepakomma et Benoît St-Onge Le rôle des feux et des épidémies de tordeuse des bourgeons de l’épinette en forêt mixte . . . 25

Mathieu Bouchard L’impact des coupes en forêt mixte . . . 29

Yan Boucher La sylviculture des peuplements mixtes à feuillus tolérants . . . 33

Marcel Prévost, Patricia Raymond et Daniel Dumais La sylviculture des peuplements mixtes à feuillus intolérants . . . 39

Brian Harvey La remise en production de peuplements mixtes dégradés avec présence de semenciers . . . 41

Jean-Claude Ruel La conversion structurale de jeunes peuplements réguliers : la convergence des intérêts écologiques et économiques . . . 45

Laurent Gagné, Luc Sirois et Luc Lavoie La sylviculture des essences forestières en raréfaction . . . 49

Daniel Dumais, Marcel Prévost, Patricia Raymond et Catherine Larouche Synthèse des conférences . . . 59

Écologie et sylviculture de la forêt mixte . . . 61 Patricia Raymond

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Mise en contexte

La sylviculture est considérée depuis longtemps comme un art et une science, mais elle est aussi maintenant vue comme une forme d’écologie appliquée. Au cours des années 1990, la pratique nouvelle de la sylviculture dans la fo- rêt mixte québécoise a dû passer par une meilleure compréhension de son écologie. Les forestiers ont vite réalisé qu’il ne suffisait pas de transposer des traitements sylvicoles utilisés en forêt boréale ou feuillue, mais qu’il fallait mettre au point une sylviculture qui soit adaptée à ses réalités. Ainsi, la décennie 2000 a été marquée par une phase majeure d’acquisition de connaissances scientifiques. Ce colloque a donc pour but de réunir des spécialistes en écologie et en sylviculture pour faire état de ces connaissances dans une perspective de développement de pratiques sylvicoles adaptées à cette forêt complexe.

Objectifs du colloque

Ce colloque s’adresse à tous les acteurs du milieu forestier intéressés par l’écologie et la sylviculture de la forêt mixte. Il a pour premier objectif d’améliorer la compréhension du contexte et des caractéristiques écologiques de la forêt mixte, incluant la dynamique des perturbations naturelles et anthropiques. Le second objectif est de transmettre aux participants les plus récentes innovations et avancées scientifiques en matière de sylviculture adaptée à la forêt mixte. Il sera notamment question :

• Des défis et des enjeux écologiques liés à sa sylviculture;

• Du rôle des trouées naturelles, des épidémies d’insectes, du feu et des coupes forestières sur sa dynamique;

• De la sylviculture adaptée aux peuplements mixtes à feuillus tolérants et aux peuplements mixtes à feuillus intolérants;

• De la remise en production des peuplements dégradés et de la conversion structurale de jeunes peuplements réguliers;

• De la sylviculture des essences forestières en raréfaction.

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Résumés longs

des conférences

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Au CERFO depuis 1991, M. Lessard est directeur en syl- viculture et en aménagement forestier durable. Il s’occupe, avec son équipe, de différents projets de recherche, de formation et d’aide technique. En sylviculture, il a contribué à l’essor des coupes progressives ainsi qu’au dévelop- pement de la sylviculture en forêt irrégulière. Ces travaux ont porté également sur la régénération et l’éducation d’espèces en régres- sion comme le bouleau jaune, le chêne rouge, le pin blanc et les épinettes. À l’Ordre des ingé- nieurs forestiers, le cours sur le diagnostic sylvicole est placé sous sa responsabilité. Il a participé aux travaux sur le guide sylvicole provin- cial. En aménagement, il a implanté dans tout le Québec le calcul de possibilité avec le logiciel Sylva II et réalisé un imposant mandat de la Commission Coulombe analysant la problématique entourant les calculs de possibilité forestière (2004). Avec son équipe, il a produit plusieurs études, par exemple, sur l’intensification de la pratique sylvicole, l’impact de l’implantation des aires protégées, l’intégration de l’information éco- logique dans la planification, la gestion des risques comme le feu ainsi que l’aménagement intégré et l’implantation d’approches par chantier. Il a participé activement au plan de relance du Témiscamingue en y trans- férant les plus récentes innovations.

1 Centre d’enseignement et de recherche en foresterie de Sainte-Foy (CERFO)

2424, chemin Sainte-Foy Québec (Québec) G1V 1T2 Téléphone : 418 659-4225 Télécopieur : 418 659-4226

2 g.lessard@cerfo.qc.ca

Une diversité d’états, de contextes et d’objectifs La foresterie en forêt mixte se réalise dans une diversité d’états, de contextes opérationnels et d’ob- jectifs. La diversité d’états s’exprime par un grand nombre d’attributs de peuplements (on n’a qu’à penser aux nombreuses espèces aux exigences écologiques va- riées, aux structures, aux densités), mais également de conditions édaphiques et climatiques. De plus, cette di- versité d’états varie non seulement dans l’espace, mais également dans le temps3, par plusieurs mécanismes de renouvellement tant anthropiques que naturels, ce qui pourrait même prendre de nouvelles formes suite aux changements climatiques. La diversité de contextes opérationnels se manifeste par la présence ou non de débouchés pour les bois de trituration, les équipements utilisables pour les différents travaux en forêt, la dispo- nibilité de main-d’œuvre, les distances de transport ou encore les moyens de financement à la portée des inter- venants. Enfin, s’ajoute la diversité des objectifs issus de la multiplicité des fonctions, et des enjeux écologiques, sociaux et économiques que l’aménagiste forestier et le sylviculteur doivent gérer; on n’a qu’à penser aux fonctions fauniques qui sont par nature même multi- échelles. Pour compléter le tableau, ces spécialistes doivent effectuer leur travail à partir d’informations partielles, soit des ensembles flous et hétérogènes4. Comment gérer une telle complexité

et hétérogénéité ?

Devant les attentes de la société beaucoup plus présentes et multiples que par le passé et devant la diversité d’états et de contextes, le déploiement d’une réelle démarche d’ingénierie devient nécessaire, tant à l’échelle de l’aménagement forestier qu’à l’échelle de la sylviculture. Il faut d’abord définir les enjeux (Comité scientifique sur les enjeux de biodiversité 2007), les attributs à atteindre, préparer une planification straté- gique, prévoir un monitorage des actions et développer un processus de prescription sylvicole. Enfin, de nou- velles perspectives se présentent grâce à de nouveaux outils technologiques.

Lessard, G., 2012. Les défis de l’aménagement et de la sylviculture en forêt mixte. Dans : Raymond, P., D. Dumais et M. Prévost (éds.), 2012. Écologie et sylviculture de la forêt mixte : Qu’avons-nous appris au cours de la dernière décennie? Colloque de transfert de connaissances, Carrefour Forêt Innovations, 6 octobre 2011, Centre des congrès, Québec, QC, Canada. p. 3-8.

Les défis de l’aménagement et de la sylviculture en forêt mixte

Guy Lessard, ing.f., M. Sc.1, 2

3 À titre d’exemple, les Unités de gestion 73 et 74, dans le nord de l’Outaouais, ont présenté un phénomène d’enfeuillement marqué : il y a eu dix fois plus de bétulaies en 1995 qu’il n’y en avait en 1975. De plus, il ne restait que 400 ha de peuplements SS (sapinières à sapin) sur les 2 200 000 ha du territoire, qui appartiennent en majorité au domaine de la bétulaie jaune à sapin.

4 Par exemple, la surface terrière totale d’un peuplement ou son capital forestier en croissance sont des ordres de grandeur avec une grande étendue de données (Gtotal = 7,4 à 29,4 (moyenne de 17,9) ou GCFC = 0,4 à 16,4 (moyenne de 8,4).

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D’abord concevoir et « designer » la forêt de demain L’aménagement forestier s’intéresse à la gestion de l’ensemble des activités forestières dans l’espace et dans le temps pour répondre à l’ensemble des besoins de la collectivité. Le principal défi de l’aménagiste fo- restier est de concevoir et proposer différents modèles possibles de forêt future dans un cadre d’aménagement forestier durable. Suite à la formulation des enjeux, un zonage fonctionnel permet de localiser les diverses fonctions avec divers niveaux d’intégration. Plusieurs scénarios de contextes, d’intégration, de choix de production des ressources peuvent alors être propo- sés et leurs impacts sur différentes fonctions peuvent être évalués. En aménagement, les principaux défis à relever sont liés à la conciliation d’enjeux de biodiver- sité, d’enjeux de production (ex. : disponibilité de bois d’œuvre de haute qualité, contrôle des coûts d’appro- visionnement) et aux difficultés de concilier les diffé- rentes fonctions de la forêt (ex. : présence accrue du cerf vs régénération).

L’ensemble de cette planification s’effectue à une échelle stratégique. De la même manière qu’en dessin, on procède par une série d’esquisses de plus en plus précises, ou comme en architecture, on décide où met-

tre la cuisine avant de déterminer la dimension des tiroirs. Les orientations et les stratégies générales sont ainsi posées a priori et adaptées au besoin par la suite.

Une démarche d’ingénierie pour le diagnostic sylvicole

La démarche diagnostique5 est une méthode basée sur le processus de solution de problèmes (Nyland 1996, Pineau et Lessard 2003, OIFQ 2009) qui per- met de déterminer ou de proposer le traitement syl- vicole approprié selon les objectifs d’aménagement et les attributs désirés découlant du zonage fonctionnel.

Elle fonctionne par options et argumentation : les trai- tements et leurs modalités découlent de l’analyse. La démarche diagnostique possède plusieurs avantages : elle est objective, structurée, rigoureuse, argumentée et flexible. Sa puissance est particulièrement intéressante face aux problèmes complexes lorsqu’elle prête place à la création de solutions innovantes. Parmi ses désa- vantages, on remarque qu’elle est plus longue et plus fastidieuse que la simple validation de conformité avec des normes, comme c’est le cas avec le régime forestier actuel.

Pour dégrossir rapidement les besoins sylvicoles d’un territoire, les logigrammes sont de plus en plus utilisés. La disponibilité de cartes numériques plus précises permet un traitement informatisé rapide pour séparer les grands régimes sylvicoles et les familles de traitements sylvicoles6 à une échelle stratégique. La figure 2 présente le type de grandes décisions pouvant être amorcées avec des logigrammes.

Figure 1. L’image satellitaire présente les patrons spatiaux de deux feux récents (en orangé, en bas à gauche et en haut à droite) qu’il est possible de comparer à des patrons de coupes à blanc en mosaïque (centre gauche) et aux coupes à blanc contiguës avec séparateurs.

Bien que située dans le domaine de la pessière noire, cette figure illustre bien le défi de proposer un aménagement qui tienne compte du risque de perturbations naturelles, de patrons de répartitions spatiales écologiquement cohérents et d’une production durable de biens et de services (source : google map).

Figure 2. Exemple de paramètres pouvant être gérés dans un logi- gramme sylvicole pour dégrossir les familles de traitements.

5 Initiée à l’Université Laval par Bélanger et Pineau (1991) et développée par le CERFO, cette approche ressemble au Silvicultural assessment des guides ontariens et de Colombie-Britannique, ainsi qu’au Problem Solving que l’on retrouve chez Nyland. Elle fait fréquemment l’objet d’ateliers avec l’Ordre des ingénieurs forestiers du Québec.

6 La notion de familles de traitements sylvicoles réfère à de grandes classes de prélèvement, à des types de procédés et de processus de récolte ou à des choix systématiques de prélèvement par essence ou sinon par classes de vigueur.

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Afin d’alléger l’ensemble de la démarche, il y a la possibilité de développer certaines solutions préin- génierées. En effet, certaines situations se répètent à quelques nuances près et il est possible alors d’ajuster simplement le diagnostic déjà effectué.

Une approche par chantier (récemment dénommée par bassin de bois opérationnel ou BBO) est de plus en plus préconisée dans le traitement de la forêt. Les unités de référence (500 à 2 000 ha) sont délimitées à partir des contraintes physiques du territoire (ex. cours d’eau), un peu à l’instar des parcellaires qui servent encore de références pour définir les unités d’aména- gement forestier.

Parmi les nombreuses utilités de ce découpage, on retrouve la possibilité de gérer la répartition spatiale à l’intérieur d’un secteur. Également, les traitements sylvicoles nécessitent souvent d’être harmonisés avec les autres traitements du même secteur au niveau des patrons ou des modalités (ex. : prélèvement, choix de la machinerie, etc.). On parle alors d’un processus d’ag- glomération qui comprend notamment l’intégration des petits polygones.7

De nouveaux outils

Par ailleurs, le développement récent d’outils tels que la photo-interprétation bonifiée et la cartographie fine (inspirés du NAIPF du MRNF) (Figure 3) offre de nouvelles perspectives d’avenir (Lessard 2011).

L’augmentation importante de la qualité des photos et de l’interprétation qui en découle permet de mieux dis- criminer les grandes caractéristiques et problématiques

du territoire. Il y a également une meilleure correspon- dance entre le terrain et la cartographie (Figure 4). Les données de composition, de densité et de structure deviennent ainsi capitales dans le diagnostic sylvi- cole (Joanisse et al. 2011c, 2011d; Lessard et al. 2009a, 2009b). D’autres données utiles s’ajoutent à l’occasion comme le pourcentage de petites tiges marchandes (Lessard 2011).

Parmi les changements de paradigmes qui s’impo- sent, l’utilisation accrue de la donnée cartographique devrait également aller de pair avec une meilleure com- préhension de la statistique : l’utilisation des moyennes est souvent la norme alors que l’étendue des données devrait plutôt être considérée. Une bonne cartographie permet de mieux caractériser les peuplements que l’uti- lisation de quelques placettes représentant une fraction infime du peuplement.

D’autres outils présentent de nouvelles possibili- tés : les images à haute résolution pour des inventaires sur photos, le LiDAR (Figure 5), les nuages de points photogrammétriques (Figure 6) et les logiciels de simu- lation d’interventions sylvicoles8. Ces derniers outils permettront de mieux décrire les microstructures ou les structures internes des peuplements.

Un nouveau régime sylvicole

Au Québec, le régime de la futaie irrégulière prend actuellement de plus en plus de place. Initié notamment dans la sapinière à bouleau blanc en bordure de lac ou de pistes de ski de fond afin de maintenir plus long- temps le couvert, il apparaît maintenant comme une option en plus des régimes de la futaie jardinée (pas de recherche d’équilibre des classes d’âges) et de la futaie

Figure 3. Augmentation de la précision de la cartographie et de la correspondance avec l’inventaire terrain. On remarquera que le peu- plement mixte dominé par les érables se scinde en plus petits peuple- ments, dont l’un de thuya (TOTO) et un autre d’érable à sucre pur.

Figure 4. Correspondance entre l’âge cartographique et la structure des placettes-échantillons (selon le triangle des structures).

7 L’approche par chantiers a permis de générer près de 800 compartiments spatialement explicites pour l’ensemble des deux UAF du Témiscamingue.

8 On pensera aux logiciels comme Outil-DICA, ASEF ou SaMare, par exemple.

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régulière (maintien plus longtemps d’un couvert par- tiel protecteur). Reconnu internationalement9 (Lessard et Kelen 2004) et réputé proche de la nature, il utilise au maximum les forces de production de la station et présente une grande souplesse face à la variabilité et l’hétérogénéité. Ce régime présente de grands avan- tages en présence d’espèces à longévité variable puisqu’il permet un étalement de la récolte (CERFO 2007). Il permet également de maintenir plusieurs attributs de vieilles forêts (Bournival et al. 2011; CERFO 2011b; Joanisse et al. 2011a, 2011b). Sa capacité à gérer la lumière par le contrôle du couvert est particulièrement utile pour la production d’espèces semi-tolérantes et le contrôle de la végétation concurrente. Plus de 6 000 ha répartis dans une quinzaine de dispositifs, d’essais et de projets de déploiement explorent ce régime et son application (Blouin et Rycabel 2000, Blouin et al. 2007, Raymond et al. 2009, Bournival et al. 2010, Laliberté et al. 2010, CERFO 2011a).

De nouveaux outils sylvicoles

Par ailleurs, on assiste au Québec à un raffinement des outils sylvicoles. Les guides sylvicoles permettent déjà d’améliorer nos connaissances sur l’autécologie des espèces, particulièrement le bouleau jaune, le thuya du Canada, les érables, les épinettes, le pin blanc et même le chêne rouge. L’importance du scarifiage n’est plus à démontrer (Desjardins et al. 2010). Les connaissances sur l’utilisation de trouées et des lisières se dévelop- pent (Lessard et al. 1999, Prévost et Raymond 2010). De nouvelles méthodes de martelage10 apparaissent tels le marquage positif ou même la sélection de tiges par l’opérateur de récolte. Faire le ménage (par exemple ne ramasser que les tiges défectueuses S et M) ne suffit plus, une approche plus sylvicole, ayant une intention

de production, est préconisée, plus près des fonctions sylvicoles de croissance du peuplement résiduel ou de la régénération à promouvoir. D’autre part, la machine- rie évolue et plusieurs abatteuses multifonctionnelles sont en développement (Anonyme 2011).

Des besoins pour la mise en œuvre des connaissances acquises

En sylviculture, les recherches récentes ont permis d’approfondir plusieurs connaissances fondamentales.

Il s’agit maintenant de les rendre opérationnelles : on peut penser aux difficultés de scarifier sous le couvert et aux modalités pour optimiser à la fois la croissance et le renouvellement des peuplements tout en maintenant les différentes fonctions des écosystèmes. Plusieurs questions demeurent parmi lesquelles :

• Comment transformer les nouvelles connais- sances sur la gestion de la lumière en instructions de martelage ?

• Est-ce vraiment souhaitable d’avoir un couvert permanent pour des espèces semi-tolérantes ?

• Comment réaliser les coupes secondaires quand la régénération est mise en place ?

• Comment intégrer la dimension économique dans les coupes secondaires ?

• Quand enlever le couvert dans les coupes progres- sives et les coupes progressives irrégulières ?

• Que faire avec les différents types de peuplements dégradés ?

• Comment intégrer la rétention dans les coupes ?

Figure 5. Identification des structures verticales (couleurs) du peu- plement et transect (source : CERFO).

Figure 6. Drapé du modèle terrain présentant une multitude de points de hauteur sur la photo (site Internet de XEOS).

9 Femelschlag (allemand), Irregular Shelterwood (anglais), Coupe progressive à régénération lente (France).

10 Un début de valorisation du travail de martelage a été récemment amorcé et devrait se poursuivre dans les prochaines années grâce à d’autres classifications de tiges (qualité, classe sylvicole, etc.) en complément à l’actuel système de priorisation de récolte MSCR.

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Conclusion

La complexité et l’hétérogénéité de la forêt mixte doivent être gérées. Des changements de paradigmes et l’utilisation de méthodes de travail plus performantes deviennent alors une nécessité. Des méthodes d’ingé- nierie doivent être appliquées.

D’un côté, en aménagement, une forêt future est à concevoir. Différents scénarios sont créés avec dif- férents niveaux d’intégration des diverses fonctions.

La recherche opérationnelle, notamment la program- mation linéaire, devient un outil indispensable pour l’évaluation des divers impacts. Mais, alors que toutes les unités de gestion travaillent à préparer des PAFI, il est grand temps que la réflexion sur les orientations, zonages fonctionnels et objectifs s’amorce. Quelle forêt mixte désire-t-on dans 50 ans ?

En sylviculture, au côté des nouvelles connaissances et des nouveaux outils (ex. futaie irrégulière), il est grand temps que les professionnels s’affranchissent des carcans normatifs pour devenir autonomes. C’est à travers une démarche diagnostique rigoureuse, ins- pirée des méthodes d’ingénierie de processus et adap- tée à chaque situation, que l’on pourra faire face aux défis de la forêt mixte : quels attributs doit-on atteindre, quelles sont les problématiques actuelles et les options potentielles, incluant les plus farfelues ? Si on désire réellement créer de la richesse avec les moyens très modestes disponibles, il faudra faire preuve d’imagi- nation et d’une grande capacité d’innovation. En ce sens, les guides sylvicoles peuvent être un atout pour les nouvelles connaissances, mais aussi un piège pour le processus de prescription sylvicole. Il faut conserver une place prépondérante à l’acte professionnel d’ingé- nierie dans le nouveau régime.

Références

Anonyme, 2011. Têtes multifonctionnelles : récolte et façonnage.

Revue opérations forestières 46(3) : 14-19.

Blouin, D. et T. Rycabel, 2000. Différentes méthodes de coupes progressives et productivité de récolte dans les peuplements mélangés à dominance résineuse, aire commune 41-02. CERFO.

Rapport 2000-05. 29 p. + 1 annexe.

Blouin. D., G. Lessard et P.L. Desjardins, 2007. Régénération par coupe progressive irrégulière. CERFO et Groupement forestier Baie-des-Chaleurs. Rapport 2007-03. 63 p. + 17 annexes.

Bournival, P., D. Blouin, G. Joanisse, G. Lessard, M. Ruel, R. Ouimet, J.-D. Moore et L. Duchesne, 2010. Implantation d’un dispositif de comparaison de traitements pour optimiser la fonction de régénération dans les érablières envahies par le hêtre. CERFO et ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF). Rapport 2010-30. 39 p. + 4 annexes.

Bournival, P., M. Ruel, D. Blouin, G. Lessard et P.-E. Lord, 2011. Suivi des indicateurs de biodiversité et de chablis à la suite d’une coupe progressive irrégulière pour répondre à l’OPMV4 - Cas d’une sapinière à épinettes de la Gaspésie située dans l’UAF 111-51. CERFO. Rapport 2011 22. 54 p. + 6 annexes.

CERFO, 2007. Sylviculture adaptée aux peuplements mixtes : les coupes progressives irrégulières. CERFO. Technote 2007-05.

4 p.

CERFO, 2011a. La coupe progressive irrégulière : pour une mise en œuvre opérationnelle. CERFO. Technote 2011-02. 6 p.

CERFO, 2011b. La coupe progressive irrégulière en réponse à plusieurs enjeux de biodiversité. CERFO. Technote 2011-01.

6 p.

Comité scientifique sur les enjeux de biodiversité, 2007.

Enjeux de biodiversité de l’aménagement écosystémique dans la réserve faunique des Laurentides. Rapport préliminaire du comité scientifique. Ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Québec. 118 p.

Desjardins, P.-L., D. Blouin et G. Lessard, 2010. Essais de différentes méthodes de préparation de terrain favorisant la régénération du bouleau jaune et de l’épinette blanche – Suivi après 3 ans. Rapport du Groupement forestier coopératif Baie-des-Chaleurs et du CERFO. 66 p. + 4 annexes.

Joanisse, G., P. Bournival, G. Lessard et L. Vachon, 2011a.

Évaluation des effets de la coupe progressive irrégulière sur la dynamique forestière : installation du dispositif de suivi du bois sur pied. CERFO. Rapport 2011-21. 53 p. + 5 annexes.

Joanisse, G., P. Bournival, G. Lessard, L. Vachon, F. Grenon, D. Blouin et D. Durand, 2011b. Cas de la sapinière à bouleau jaune : projet pilote de mise en œuvre dans l’UAF 012-53 des pratiques sylvicoles adaptées dans le cadre de l’OPMV 4.

CERFO. Rapport 2010-07. 69 p. + 8 annexes.

Joanisse, G., S. Côté, G. Lessard, E. Boulfroy et D. Blouin, 2011c. Bonification de la stratégie d’aménagement forestier de la station de Duchesnay. CERFO. Rapport 2011-02. 118 p. + 10 annexes.

Joanisse, G., G. Lessard, M. Ruel et P. Bournival, 2011d.

Projet de stratification opérationnelle dans l’élaboration des plans de sondage et des prescriptions sylvicoles à l’aide d’un raffinement de la photo-interprétation existante. Partie I.

CERFO. Rapport 2011-16. 216 p, + 8 annexes.

Laliberté, J., D. Blouin, G. Lessard et E. Boulfroy, 2010. Essai de coupe progressive irrégulière dans un peuplement mixte de la sapinière à bouleau jaune (Dispositif du lac Turcotte, La Tuque) - Suivi de la régénération. CERFO. Rapport 2010-29. 37 p. + 4 annexes.

Lessard, G., 2011. Utilisation de la photo-interprétation fine.

Rapport d’atelier présenté à l’Unité de gestion Manicouagan- Outardes et au ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec. CERFO 2011-14. 60 p.

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(21)

Frédérik Doyon est professeur en écologie forestière à l’Univer- sité du Québec en Outaouais et directeur scientifique à l’Institut québécois d’aménagement de la forêt feuillue. Il est membre régu- lier du Centre d’étude de la forêt.

Son expertise scientifique couvre les domaines de l’écologie du paysage, de la modélisation spa- tiale, de la dynamique naturelle de la forêt feuillue tempérée, et la sylviculture et la croissance des peuplements de cette forêt. Ses récents travaux portent sur les ef- fets des changements climatiques sur les forêts méridionales du Québec et la vulnérabilité et l’adaptation des communautés qui en dépendent.

Hirondelle Varady-Szabo a complété une maitrise en ento- mologie forestière à l’Université McGill. Elle a d’abord travaillé comme chercheure à l’Arboretum Morgan de l’Université McGill et travaille maintenant depuis 5 ans au Consortium en foresterie Gas- pésie-les-Iles où elle occupe le poste de chargée de recherche et de transfert de connaissances.

Ses travaux portent sur la mise en œuvre de l’aménagement écosys- témique et la gestion intégrée des ressources.

1 Institut Québécois d’Aménagement de la Forêt Feuillue 58, rue Principale

Ripon (Québec) J0V 1V0

2 Université du Québec en Outaouais Département des sciences sociales Secteur Foresterie

283, boul. Alexandre-Taché, C.P. 1250, succursale Hull, Gatineau (Québec) J8X 3X7

3 Consortium en foresterie Gaspésie-les-Iles 37, rue Chrétien, bureau 26

C.P. 5

Gaspé (Québec) G4X 1E1

4 fdoyon@iqaff.qc.ca

Introduction

La sapinière à bouleau jaune est le domaine biocli- matique de la forêt tempérée le plus septentrional dont la limite nord correspond à celle du bouleau jaune. Ce type d’écosystème est observé presque exclusivement au Québec et en Ontario. Plusieurs éléments lui confè- rent sa complexité et rendent son aménagement tout aussi complexe. Comme il constitue une zone de transi- tion entre la forêt feuillue tempérée et la forêt boréale, il est composé de plusieurs espèces résineuses et feuillues aux caractéristiques écologiques variées. Il est situé à proximité des zones habitées. Ainsi, les usages sur le territoire sont multiples et des problèmes d’harmoni- sation sont fréquents. De plus, sa dynamique naturelle fait intervenir une multitude d’agents perturbateurs, tels les facteurs exogènes du feu et des épidémies de la tordeuse des bourgeons de l’épinette, ainsi qu’une dynamique endogène de remplacement par trouées.

Il en résulte une très grande diversité de peuplements forestiers.

Au Québec, l’aménagement écosystémique est de- venu le nouveau paradigme d’aménagement forestier et ses fondements sont inscrits dans le nouveau régime forestier qui entrera en vigueur en 2013. Pour mettre en œuvre l’aménagement écosystémique, un processus a été développé, basé sur la comparaison des caracté- ristiques écologiques actuelles et celles jugées comme reflétant l’état naturel. Ainsi, des cibles de restauration peuvent être établies sur la base de la compréhension des écarts qui existent entre ces deux états. Cette évalua- tion se fait sur la base de six enjeux écologiques, ceux-ci étant : la modification de la composition végétale des forêts, la modification de la structure d’âge des forêts, la simplification de la structure interne des peuple- ments, la raréfaction de certaines formes de bois mort, la modification de l’organisation spatiale des forêts, et les espèces nécessitant une attention particulière pour assurer leur maintien. Les cibles de restauration peu- vent par la suite servir à l’établissement de stratégies de mise en œuvre dans lesquelles des actions, incluant des pratiques sylvicoles spécifiques, concourent au réta- blissement des caractéristiques naturelles jugées essen- tielles pour le bon fonctionnement de l’écosystème.

Doyon, F. et H. Varady-Szabo, 2012. La synthèse des enjeux écologiques pour l’aménagement écosystémique de la sapinière à bouleau jaune du Québec. Dans : Raymond, P., D. Dumais et M. Prévost (éds.), 2012. Écologie et sylviculture de la forêt mixte : Qu’avons- nous appris au cours de la dernière décennie? Colloque de transfert de connaissances, Carrefour Forêt Innovations, 6 octobre 2011, Centre des congrès, Québec, QC, Canada, p. 9-20.

La synthèse des enjeux écologiques pour l’aménagement écosystémique de la sapinière à bouleau jaune du Québec

Frédéric Doyon, ing.f., Ph. D.1, 2 , 4 et Hirondelle Varady-Szabo, biol., M. Sc.3

(22)

Cette approche, qui fut proposée par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec, a été appliquée à l’ensemble du Québec. Un travail im- portant de documentation a donc été effectué par les Commission régionale des ressources naturelles et de territoire (CRRNT) de chacune des Conférences régio- nales des élus (CRÉ) lors de la confection du Plan ré- gional de développement intégré des ressources et du territoire (PRDIRT). Nous nous sommes servis de cette importante source d’information pour faire la synthèse des enjeux écologiques liés à la sylviculture en forêt mixte.

Le but de ce travail était d’évaluer l’état d’avance- ment de la mise en œuvre de l’aménagement écosys- témique dans les régions du Québec comprenant la sapinière à bouleau jaune et d’identifier des solutions reliées à l’aménagement et à la sylviculture pour favo- riser la restauration des états naturels. Plus spécifique- ment, dans ce travail nous avons :

• relevé les enjeux écologiques de l’aménagement écosystémique identifiés par les CRRNT ayant trait spécifiquement au domaine bioclimatique de la sapi- nière à bouleau jaune (SaBj);

• présenté les différentes approches d’évaluation des enjeux écologiques;

• fait ressortir les enjeux écologiques communs et les spécificités régionales;

• distingué les enjeux écologiques documentés de ceux appréhendés;

• relevé les solutions identifiées pour répondre aux objectifs d’aménagement écosystémique.

1. Méthodologie

Pour cette synthèse, toutes les régions du Québec dans lesquelles on trouve de la sapinière à bouleau jaune ont été recensées (Figure 1). Deux régions, Chaudière- Appalaches et Côte-Nord, n’ont pas été considérées dans l’analyse étant donné la faible représentation de la sapinière à bouleau jaune sur leur territoire. Pour cha- cune des régions incluses à l’étude, tous les documents ayant servi à identifier les enjeux écologiques pour la confection des PRDIRT ont été analysés. Les informa- tions ayant servi à réaliser le portrait des enjeux éco- logiques ont ensuite été utilisées afin de synthétiser des éléments communs et divergents aux différentes régions. La synthèse a porté plus particulièrement sur : - les approches et les sources de données utilisées;

- les balises écologiques identifiées;

- les enjeux mis en priorité;

- les solutions proposées pour redresser la situation et réduire l’écart entre l’état de référence identifié et l’état actuel.

2. Résultats et discussion

2.1 La documentation des enjeux écologiques

2.1.1 La modification de la composition végétale des forêts Plusieurs méthodes ont été employées pour docu- menter l’enjeu de composition.

Pour le portrait de référence, diverses données ont été utilisées (Tableau 1) :

• Les données issues des carnets d’arpentage des premiers colons ont été utilisées dans les régions du Bas-Saint-Laurent, de l’Outaouais, de la Gaspésie–

Îles-de-la-Madeleine et de Lanaudière (Dupuis 2009, Pinna et al. 2009, Mauri Ortuno 2010, Mauri Ortuno et Doyon 2010);

• Les données provenant d’archives telles les plans d’aménagement (Boulfroy et al. 2010, Chaillon 2010, Jacques 2010, Alvarez et al. 2011); des placettes d’inventaire (Barrette et Bélanger 2007, Chaillon 2010) ou des photographies aériennes (Nolet et al.

2001, Bouffard et al. 2003, Boucher et al. 2009, Doyon et Bouffard 2009a) ayant servi à la planification des compagnies forestières ont été utilisées dans les régions du Bas-Saint-Laurent, du Saguenay–Lac- Saint-Jean, de la Capitale-Nationale, de la Mauricie, de Lanaudière et des Laurentides;

• Les cartes écoforestières du 1er Programme d’inven- taire forestier du ministère des Ressources naturelles et de la Faune ont été utilisées dans les régions de l’Outaouais et Lanaudière (Roy et al. 2009, CRRNT public de l’Outaouais 2011);

• Les connaissances accumulées sur le régime de perturbations pour déterminer la variabilité naturelle des structures d’âge avec l’aide de la modé- lisation ont été utilisées dans la région de l’Abitibi- Témiscamingue (Lecompte et al. 2010).

Figure 1. La synthèse des informations a été effectuée sur les 10 ré- gions administratives couvertes par la sapinière à bouleau jaune (SaBjO = de l’ouest, SaBjE = de l’est).

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Régions administratives : 01 : Bas-Saint-Laurent, 02 : Saguenay–Lac-Saint-Jean, 03 : Capitale-Nationale, 04 : Mauricie, 07 : Outaouais, 08 : Abitibi-Témiscamingue, 11 : Gaspésie–Îles-de-la- Madeleine, 14 : Lanaudière, 15 : Laurentides. * Effectué à l’échelle régionale comprend plus que la SaBj. @ = Analyse spatiale de la connectivité et de la fragmentation, ¤ = Évaluation de la sensibilité des espèces aux changements climatiques. $ = Modélisation à l’aide d’Indice de Qualité d’Habitat du grand pic, du moucherolle tchébec, de la perdrix et de la paruline couronnée, de la martre, de la sittelle à poitrine rousse et du tétras du Canada. N.D. = Non déterminé, CA = Carnets d’arpentage, PA = Photographie aérienne, PI = Placette d’inventaire, PAm = Plan d’aménagement, CÉ = Cartographie écoforestière. PF = Possibilité forestière calculé par le FEC, M = Modélisation, RER = Registre des états de référence, RL = Revue de littérature, App = Appréhendé, TC = Type de couvert. IP = Données historiques sur les perturbations naturelles. Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec (MRNF 2009). LEMV = Liste des espèces désignées ou susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables, LEDIA = Liste d’espèces ayant subi une diminution importante de leur abondance. I = 1re (années 1970), II = 2e (années 1980), III = 3e (années 1990), IV = 4e (ayant débuté en 2002) programme d’inventaire forestier du ministère des Ressources naturelles et de la Faune.

Tableau 1. Sources de données pour les états de référence (É. ref.) et les portraits actuels (P. act.) ainsi que le statut de l’analyse des écarts (A. écart) pour chacun des enjeux écologiques par région administrative du Québec comprenant de la sapinière à bouleau jaune. Les références citées dans le tableau (numéros) sont présentées en détail dans la liste des références à la fin du présent texte.

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RÉ = Région écologique, BV = Bassin versant des rivières, SD = Sous domaine.

UAF = Unité d’aménagement forestier, UH = Unité homogène, N.D. = Non déterminé.

Ft = Feuillu tolérant, Fi = Feuillu intolérant, MR = Mixte à dominance résineuse, MFiF = Mixte à dominance feuillu intolérant

* = Estimation à partir de l’analyse réalisée au niveau des peuplements (Lecompte et al. 2010).

↑ = Augmentation, ↓ = Diminution, ≈ = Maintien.

Tableau 2. Pourcentage de l’état de référence (É. ref.) et du portrait actuel (P. act.) et différence dans l’importance qu’occupait chaque type de couvert (feuillu, mixte et résineux) par région administrative du Québec comprenant de la sapinière à bouleau jaune (SaBj). Les aires d’étude réfèrent à la division comprenant de la SaBj utilisée pour documenter l’enjeu.

RÉ = Région écologique, SD = Sous domaine.

UAF = Unité d’aménagement forestier, UH = Unité homogène.

Mojt = Forêt mélangée de l’Ouest à bouleau blanc, sapin et bouleau jaune typique.

# inclus bouleau blanc et jaune

* = Estimation à partir de l’analyse réalisée au niveau des peuplements (Lecompte et al. 2010).

↑ = Augmentation, ↓ = Diminution, ≈ = Maintien.

Tableau 3. Différence dans l’importance qu’occupait chacune des principales espèces entre l’état de référence et le portrait actuel par régions administratives du Québec comprenant de la sapinière à bouleau jaune (SaBj). Les aires d’étude réfèrent à la division comprenant de la SaBj utilisée pour documenter l’enjeu.

(25)

Les placettes d’échantillonnage ou la cartographie des programmes d’inventaire forestier du ministère des Ressources naturelles et de la Faune ont servi à faire le portrait actuel de cet enjeu.

L’ensemble des régions ayant documenté l’enjeu de composition pour le domaine de la sapinière à bouleau jaune ont montré un remplacement du cou- vert résineux par un couvert feuillu ou mixte entre le portrait forestier actuel et le portrait forestier naturel (Tableau 2). Dans bien des régions, il est possible d’ob- server un double enfeuillement, soit l’augmentation des feuillus tolérants et des feuillus intolérants. Chacun de ces enfeuillements fait appel à des mécanismes dif- férents. Premièrement, les coupes sélectives visant à récolter les meilleures tiges de résineux et donc les meilleurs semenciers ont favorisé la diminution des pins, du thuya et des épinettes (Tableau 3). Il est pos- sible que ces essences aient subi une diminution réelle encore plus importante que celle documentée, car leur abondance avait probablement déjà baissé avant les années de référence utilisées pour les portraits naturels (Dupuis 2009, Pinna et al. 2009). De plus, l’application de ces coupes partielles a favorisé le développement des feuillus tolérants. Deuxièmement, l’application d’un régime de futaies régulières à large échelle a fa- vorisé la propagation des essences plus compétitives ou à croissance plus rapide comme l’érable à sucre, l’érable rouge, le peuplier faux-tremble et le sapin bau- mier (Tableau 3) (Abrams et Scott 1989, Bergeron et Charron 1994, Abrams 1998, Fortin 2008). Le sapin est l’essence pour laquelle il y a le plus de divergence entre les régions. En effet, le Bas-Saint-Laurent, la Mauricie et Lanaudière ont documenté une augmentation de sa fréquence, l’Abitibi-Témiscamingue et l’Outaouais une diminution, et la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, une diminution non significative. Peu de régions ont documenté la fréquence du bouleau blanc individuel- lement (sans l’associer au bouleau jaune) et les résultats obtenus sont contradictoires. La région de la Gaspésie–

Îles-de-la-Madeleine a documenté une diminution, et le Bas-Saint-Laurent et la Mauricie ont documenté une augmentation (Tableau 3). La diminution du bouleau blanc en Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine provient, entre autres, du dépérissement important qu’a connu cette espèce (ainsi que le bouleau jaune) dans les années 1940. Les causes de ce phénomène ne sont toujours pas connues (Pinna et al. 2009).

La végétation compétitive est aussi un aspect impor- tant de l’enjeu de composition, car elle compromet le retour à un peuplement original. En effet, elle opprime la régénération préétablie et empêche l’établissement de la régénération désirée (Vincent 1965, Archambault et al. 1998). La superficie en bétulaies jaunes résineuses potentiellement dégradées au Québec est estimée à 140 000 ha, soit 2,3 % de sa superficie totale (Roy et

Prévost 2001). Dans ces peuplements, la régénération en essences désirées y est parfois présente, mais rare- ment libre de croître. D’après Gastaldello (2007) les principales espèces envahissantes sont l’érable à épis (Acer spicatum Lam), le cerisier de Pennsylvanie (Prunus pensylvanica L.f.) et la viorne à feuille d’aulne (Viburnum alnifolium Marsh.).

2.1.2 Modification de la structure d’âge des forêts

La caractérisation d’états de référence en ce qui concerne la structure d’âge des forêts a pu être effec- tuée dans les différentes régions à l’aide d’une multitude de techniques (Tableau 1). Parmi les sources historiques utilisées, notons : 1) les placettes d’inven- taire installées par les premières compagnies fores- tières, telles qu’employées par Barrette et Bélanger (2007) et Titler (2010), 2) les carnets d’arpentage (Pinna et al. 2009), 3) les photos aériennes du début du XXe siècle (Nolet et al. 2001, Bouffard et al. 2003, Boucher et al. 2009, Doyon et Bouffard 2009a; Alvarez et al. 2011), 4) les anciens plans d’aménagement forestier des com- pagnies forestières (Nolet et al. 2001; Puigdevall 2009;

Sicard et al. 2009a, 2009b; Boulfroy et al. 2010; Alvarez et al. 2011) et 5) les cartes écoforestières des premiers in- ventaires décennaux (Roy et al. 2009, CRRNT public de l’Outaouais 2011). D’autres se sont servis des connais- sances accumulées sur le régime de perturbations pour déterminer la variabilité naturelle des structures d’âge à l’aide de la modélisation (Lecomte et al. 2010, Titler 2010).

Dans plusieurs cas, l’intérêt principal de leur ana- lyse était centré sur l’importance que les vieilles fo- rêts occuperaient naturellement dans le paysage ainsi que la caractérisation de sa variabilité sur le territoire (Figure 2). En général, pour l’ensemble des régions, un déficit important en vieilles forêts est observé. Pour cer- taines régions, tels la Gaspésie, le Bas-Saint-Laurent, le

Figure 2. Évaluation de l’enjeu des forêts mûres et surannées dans les différentes régions de la sapinière à bouleau jaune. La balise écolo- gique utilisée par la région se trouve entre crochets et la valeur de l’état actuel est en italique.

(26)

Témiscamingue, la Mauricie et le Saguenay, ce déficit est très important. La seule région qui fasse défaut à cette généralité est celle des Laurentides. En effet, pour cette région, on observe actuellement plus de peuple- ments vieux qu’il y en avait au début du XXe siècle.

Cette situation peut s’expliquer par l’importance que les feux de 1923 ont eus dans cette région et l’augmen- tation notable des peuplements de feuillus tolérants à structure inéquienne (Doyon et Bouffard 2009b).

2.1.3 La simplification de la structure interne des peuplements

Il existe peu de sources pouvant servir de référence afin de définir des balises écologiques en matière de structure interne des peuplements. Les carnets d’ar- pentage comportent très peu d’information dendro- métrique. Ainsi, pour plusieurs régions, cet enjeu a été appréhendé à partir de connaissances provenant de revues de la littérature (telles que fournies par Doyon et Bouffard 2009b, par exemple). Autrement, certaines régions se sont servies de la caractérisation de la struc- ture effectuée à partir de placettes d’inventaire dans les écosystèmes forestiers exceptionnels (EFE) (Roy et al.

2009; Jacques 2010; Perrotte Caron et al., en prépara- tion, a) ou de placettes d’inventaires forestiers anciens (Barrette et Bélanger 2007, Chaillon 2010). En com- parant la position dans le triangle des structures des peuplements de référence provenant des écosystèmes forestiers exceptionnels avec les placettes d’inventaire, Roy et al. (2009) et Perrotte Caron et al. (en prépara- tion, a) ont pu présenter les différences qui existent entre les écosystèmes non altérés et ceux aménagés. Les photos aériennes anciennes ont pu aussi être utilisées à cette fin en ce qui concerne l’évaluation de la densité des peuplements ou bien de la nature régulière, irrégu- lière ou inéquienne (Nolet et al. 2001, Bouffard et al.

2003, Doyon et Bouffard 2009a). Pour les deux régions du Témiscamingue et de la Mauricie, une approche par modélisation a été utilisée en faisant référence au mo- dèle des trois cohortes développé par Bergeron (2000) et Harvey et al. (2002).

De façon générale, on remarque pour chacune des régions que la réduction de la quantité de peuple- ments vieux dans le territoire a pour effet de réduire la proportion de peuplements à structure complexe.

On assiste donc à une simplification de la structure in- terne dans le paysage. Sur la base des structures d’âge identifiées à partir d’analyses dendrochronologiques de peuplements d’âges différents dans la sapinière à bouleau jaune, Doyon et Lafleur (2004) ont démon- tré qu’à mesure que le peuplement vieillit, de nouvelle cohortes s’ajoutent. Celles-ci apparaissent en séquences avec les périodes d’épidémie de tordeuse des bour- geons de l’épinette (TBE). Après plusieurs épidémies, les peuplements comportent de multiples cohortes et

présentent une structure d’âge inéquienne. Les aména- gements forestiers effectués durant les quatre dernières décennies ont eu pour effet de tronquer cette structure d’âge et d’en simplifier la représentation à une ou deux cohortes majoritairement. De plus, de par la nature fortement hétérogène de la sévérité de la perturbation TBE, Doyon et Lafleur (2004) ont aussi démontré que la structure spatiale horizontale de la sapinière à bou- leau jaune est extrêmement complexe et hétérogène.

Les perturbations catastrophiques et les coupes de régénération ont alors pour effet d’homogénéiser les surfaces.

2.1.4 La raréfaction de certaines formes de bois mort La documentation des enjeux associés au bois mort est particulièrement difficile compte tenu du peu de données actuellement disponibles à ce sujet. Pour cette raison, la grande majorité des régions ont documenté l’enjeu de la raréfaction de certaines formes de bois mort en se basant sur une revue de littérature qui dé- taille l’impact des perturbations naturelles et les effets de l’aménagement forestier sur l’abondance et le recru- tement de bois mort. Cette documentation a, dans tous les cas, été réalisée à l’échelle de la région ou du type de couvert (feuillu/conifère) et non pas à celle du domaine bioclimatique (Tableau 1). Il est donc difficile de disso- cier les enjeux qui sont propres à la forêt mixte.

Généralement, la diminution en bois mort de qualité est appréhendée dans les différentes régions puisqu’il y a diminution de vieilles forêts qui en possédaient de grandes quantités. En Gaspésie, Angers et al. (2011) ont identifié et priorisé les principaux enjeux relatifs au bois mort. Par exemple, il y est mentionné que des actions immédiates devraient être apportées pour limi- ter la diminution des vieilles forêts possédant du bois mort de gros diamètre et pour limiter la diminution du bois dans les forêts issues de coupe totale (CPRS ou coupe progressive régulière). Angers et al. (2011) sou- lignent aussi l’importance de surveiller l’abondance du bois mort de qualité dans les peuplements issus de per- turbation naturelle sévère (suite aux coupes de récu- pération), issus des coupes partielles ou issus de peu- plements ayant subi une récolte de biomasse.

2.1.5 La modification de l’organisation spatiale des forêts L’enjeu écologique de la modification de l’orga- nisation spatiale des forêts considère les éléments de fragmentation et de connectivité des habitats. Pour caractériser cet enjeu, il est difficile, voire impossible, d’utiliser des états de référence de forêts n’ayant jamais été altérées par l’homme, car les écosystèmes forestiers exceptionnels et les réserves écologiques sont souvent trop petits pour présenter une forme de récurrence suf- fisante pour en déduire une structure spatiale de réfé-

(27)

rence. Les conditions des références les plus anciennes proviennent des photos aériennes et des plans d’amé- nagement forestier anciens. Ces sources d’information ont été utilisées pour la caractérisation de l’organisa- tion spatiale des forêts au Bas-Saint-Laurent (Boucher et al. 2009), au Saguenay–Lac-Saint-Jean (CRNT du Saguenay–Lac-Saint-Jean 2011), dans la région de la Capitale-Nationale (Boulfroy et al. 2010, Jacques 2010) et dans les Laurentides (Sicard et al. 2009a). Une autre approche très originale faisant appel à la modélisation du paysage a été utilisée en Mauricie (Titler 2010).

Cependant, on a observé dans d’autres régions des analyses de structures spatiales visant à identifier les problèmes de fragmentation de connectivité à partir de données actuelles.

En général, on observe une réduction de la varia- bilité des classes de superficie des peuplements dans les paysages aménagés, comparativement à ce qu’un paysage naturel pourrait contenir (voir, par exemple, Titler 2010). On observe aussi une augmentation de la fragmentation causée par le déploiement du réseau routier et des coupes forestières. Par exemple, les tra- vaux effectués par Lecomte et al. (2010) montrent clairement que la distribution des classes de super- ficie présente des déficits dans les grandes classes de taille pour la forêt actuelle, et que ce déficit est prin- cipalement dû au déploiement du réseau routier forestier (Figure 3). Dans d’autres cas, on peut obser- ver des inversions de la matrice sur des secteurs d’assez grande superficie (dominance de forêt vs dominance des ouvertures). De plus, tel que montré dans Sicard et al. (2009b), à l’échelle des perturbations, les coupes présentent une structure spatiale fort différente de celle que les feux peuvent produire (Figure 4).

La réduction des peuplements vieux a contribué à la perte de connectivité de ces habitats. Par exemple, dans la région de Lanaudière, les peuplements vieux de résineux, ou mixtes à dominance résineuse, pré-

sentent une proportion très réduite par rapport à l’état de référence (Roy et al. 2009). De surplus, l’analyse de connectivité montre qu’il n’existe pratiquement plus de grands massifs comportant des conditions d’inté- rieur et que les îlots résineux résiduels sont isolés. De plus, l’analyse de connectivité intégrale comme déve- loppée par Pascual-Hortal et Saura (2006) a permis à Perrote Caron et al. (en préparation, b) de démontrer que la majorité des unités territoriales de référence de la Gaspésie possèdent une connectivité plus basse que celle que l’on aurait retrouvée dans l’état de référence.

Cette diminution serait causée par la réduction des massifs de peuplements de 12 m et plus.

2.1.6 Les espèces nécessitant une attention particulière pour assurer leur maintien

La documentation de cet enjeu est complexe, étant donné le grand nombre d’espèces fauniques et flo- ristiques nécessitant une attention particulière pour assurer leur conservation dans un contexte d’aménage- ment forestier et le peu de connaissances disponibles les concernant. En effet, le suivi des habitats et des populations est limité, voire absent dans plusieurs cas (particulièrement pour les espèces qui ne comportent pas d’importance sociale ou économique). De plus, les connaissances sur l’abondance des espèces fauniques et floristiques en forêt naturelle ou préindustrielle étant rares et éparses, il devient presque impossible d’éva- luer les écarts entre portrait naturel et actuel.

La majorité des régions ont considéré cet enjeu en identifiant les espèces fauniques et floristiques pré- sentes sur leur territoire, sans égard au domaine bio- climatique spécifique, et qui se trouvent dans la liste des espèces désignées ou susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables (Tableau 1). Sicard et al.

Figure 3. Distribution de fréquence des massifs forestiers en fonction de la taille et la présence de chemins (selon l’inventaire de 2005).

Figure 4. Comparaison de la structure spatiale d’un secteur issu de feu, peu de temps après la perturbation (à gauche) et 90 ans plus tard (à droite). À gauche, le jaune présente la partie brûlée, et le rouge pré- sente les îlots résiduels. À droite, le jaune présente les peuplements matures, et le rouge présente les éléments perturbés par les coupes.

Références

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