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Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du Québec ISBN 978-2-550-61714-3 (Imprimé) ISBN 978-2-550-61713-6 (PDF) © Gouvernement du Québec, 2011

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Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du Québec ISBN 978-2-550-61714-3 (Imprimé)

ISBN 978-2-550-61713-6 (PDF)

© Gouvernement du Québec, 2011

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Message de la ministre

50 ans de production pour nos forêts

Il me fait plaisir d’être associée aux festivités du 50eanniversaire de la pépinière de Saint-Modeste et de souligner l’indispensable contribution des employés de cette institution du Bas-Saint- Laurent durant de toutes ces années.

Notre gouvernement a toujours pu compter sur un solide réseau de pépinières publiques. À titre de ministre des Ressources naturelles et de la Faune et ministre responsable de la région du Bas-Saint-Laurent, je suis d’autant plus fière du rayonnement de votre pépinière à travers tout le Québec.

Vous avez mis au point des technologies qui sont utilisées tous les jours au bénéfice de nos forêts. Votre travail contribue à assurer la gestion durable de notre forêt.

Depuis maintenant un demi-siècle, la pépinière de Saint-Modeste a apporté une grande contribution au milieu forestier et a produit un nombre impressionnant de plants qui ont permis d’assurer la pérennité de nos forêts. L’équipe de Saint-Modeste, ce sont des hommes et des femmes, qui, au fil des jours, contribuent à protéger notre héritage.

Félicitations à vous tous qui avez façonné notre culture forestière.

Bon 50

e

anniversaire et longue vie à votre institution!

Nathalie Normandeau Vice-première ministre

Ministre des Ressources naturelles et de la Faune Ministre responsable du Plan Nord

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Après 50 ans, laisser des mots, des histoires, des noms à ceux qui suivront, c’est important.

C’est une occasion d’écrire pour ne pas oublier, pour souligner et se rappeler le travail des hommes et des femmes qui ont fait l’histoire de la Pépinière de Saint-Modeste. Quand j’ai demandé à M. Régent Martin s’il voulait utiliser

son talent et ses compétences d’homme de lettres et de pépiniériste pour raconter ce projet, lui qui en fut l’un des piliers, je n’avais aucun doute sur le résultat. Je savais que cela se traduirait par un ouvrage remarquable pour ceux et celles qui ont vécu ces évènements et y ont participé. Merci, Régent, pour ce récit, et merci à tous ceux qui t’ont procuré de l’information.

Pour ceux et celles qui gravitent autour de notre domaine, il est bien connu que la dimension, les volumes produits (plus de 600 millions de plants en 50 ans), les innovations et les performances de la pépinière lui ont créé une renommée qui déborde nos frontières. Ce récit permet d’en suivre l’évolution.

Je suis persuadé que notre rôle au sein du ministère des Ressources naturelles et de la Faune est essentiel. Nous sommes à l’aube d’un nouveau régime forestier. Le reboisement demeure un outil incontournable pour la gestion dynamique et responsable des forêts. En ce sens, l’évolution de nos méthodes culturales, qui sont à la fine pointe de ce que nous offrent les technologies, l’expertise et la compétence des membres de notre équipe répondent pleinement aux besoins de la foresterie d’aujourd’hui.

Je vous invite donc à lire et à découvrir cette petite page d’histoire de Saint-Modeste et du Bas-Saint-Laurent. Si vous êtes ou avez été un acteur ou une actrice de cette histoire, soyez fiers de ce que nous avons réalisé collectivement, de ce que ceux qui nous ont précédés nous ont laissé.

Conservons ce dynamisme qui anime notre équipe pour bien servir l’État québécois et ses forêts. Et souhaitons-nous, ainsi qu’à ceux qui nous suivront, 50 autres années de succès!

Michel Rioux

Pépinière de Saint-Modeste Janvier 2011

Message du directeur

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Joseph Joubert a écrit : Le génie commence les beaux ouvrages, mais le travail seul les achève. Et le travail qu’il faut pour produire des plants de reboisement est une somme incroyable de petits gestes répétitifs qui semblent parfois ne pas avoir de sens pour les employés qui les posent.

En 2010, il y avait 2432 dossiers d’employés dans les classeurs de la pépinière. C’est beaucoup. Dans cette extraordinaire entreprise à ciel ouvert, certains n’ont travaillé que quelques jours et d’autres y ont passé leur vie.

Le 50eanniversaire de la Pépinière de Saint-Modeste renvoie aujourd’hui au courage de ses pionniers, à la perspicacité de ses visionnaires et à la fierté de toutes les personnes qui ont effectué leur humble tâche quotidienne comme si la pépinière leur appartenait.

Régent Martin

Employé retraité de la Pépinière de Saint-Modeste

Message de l’auteur

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1961 - 1972 Les débuts 9

1973 - 1980 La consolidation  25

1981 - 1989 Les années folles  41 1990 - 2000 Les années boutures  61 2001 - 2011 La maturité et la science  81

Table des matières

« Tant de mains pour transformer ce monde et si peu de regards pour le contempler. »

Julien Gracq

Photo : Régent Martin

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La production de plants résineux destinés au reboisement commence véritablement au Québec en 1908 avec la mise en place de la Pépinière de Berthierville.

Par la suite, le reboisement se répandra graduellement et entre un et deux millions de plants seront mis en terre annuellement sur les terres privées et publiques, principalement dans les brûlis.

Ce sont surtout les essences comme l’épinette blanche, l’épinette de Norvège, le pin rouge et le pin gris qui sont alors privilégiées.

Puis, pour répondre à la demande de plants qui va en augmentant, le gouvernement achète la Pépinière de Grandes-Piles et installe de petites pépinières de repiquage un peu partout dans la province.

« En 1960, dans la région de Rivière-du-Loup, [....] de petites pépinières de repiquage disséminées dans la région produisent des plants à partir de semis provenant de Berthierville ou Grandes-Piles. La pépinière de Saint- Louis-du-Ha! Ha! en livre entre 200 000 et 300 000 par année. Celles de Saint-Patrice (sur une terre louée d’un M. Paradis et où se trouve actuellement le Motel Lévesque) et de Parke, environ 100 000 chacune.

Celle de Saint-Pascal en produit également mais en quantité moindre. » -Conférence de M. Paul Miville, présentée à la Société d’histoire et de généalogie de Rivière-du-Loup.

Un peu plus tard, entre les années 60 et 70, survient le véritable essor du reboisement alors que 10 à 15 millions de plants sont mis en terre annuellement. C’est le début du reboisement mécanique dans les friches et du reboisement dans les bûchés.

Ce contexte favorable permettra la création de la Pépinière de Saint- Modeste.

M. Edgar Beaulieu, inspecteur pour le ministère des Terres et Forêts, gère à cette époque le réseau de petites pépinières qu’il y a dans la région. Il s’occupe également de chasse et de pêche, de protection des forêts et de coupe dans la forêt publique.

C’est lui qui conçoit alors le projet d’ouvrir une pépinière de plus grande envergure dont l’objectif serait de produire un million de plants annuel- lement.

1961 - 1972

Les débuts

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Aperçu de la pépinière de Saint-Patrice sur la terre où se retrouve aujourd’hui l’Hôtel Lévesque, rue Fraser.

Photo : Pépinière de Saint-Modeste

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On trouve des traces écrites des premiers pourparlers d’achat de terres en mai 1961, mais la décision d’implanter une pépinière à Saint-Modeste a été prise officiellement le 25 juillet de la même année, à la suite d’une autorisation d’achat de M. L. R. Barras, ingénieur forestier et directeur du Service de la restauration forestière au ministère des Terres et Forêts.

Cette autorisation faisait suite aux démarches de MM. Edgar Beaulieu et Hervé Lizotte, ainsi qu’à la demande expresse du député de Rivière-du- Loup et ministre de la Santé, M. Alphonse Couturier.

Ainsi, après avoir visité différents sites à L’Isle-Verte et à Saint-Arsène, M. Beaulieu retiendra celui de Saint-Modeste parce qu’on y trouve un ruisseau, de nombreuses sources ainsi qu’un sol graveleux qui rendent cet endroit plus convenable pour le projet. On s’entend alors pour acquérir la terre de M. Albert Bossé et, du 16 au 27 septembre 1961, M. Léo Dubé devient la première personne à travailler pour la future pépinière. Pendant cette courte période, il prépare des piquets de clôture et exécute divers travaux préparatoires.

La Pépinière de Saint-Modeste commence officiellement ses activités en 1962 sur une terre dont elle n’est pas encore propriétaire. En effet, le contrat d’achat ne sera signé qu’en 1963.

Les premiers travaux ont lieu sous la direction de M. Edgar Beaulieu, qui travaille pour le Service de la protection et le Service forestier et qui deviendra officiellement directeur de la pépinière en octobre 1965, et de M. Ernest Gagnon qui agit comme responsable des opérations.

Ce dernier était jusqu’alors rattaché au district de Notre-Dame-du-Lac où il s’occupait de différents travaux forestiers, du mesurage, de la récolte de bois, de la délimitation des lots et de la supervision du travail des gardiens de territoire. C’est lui qui accueille les premiers employés qui s’occuperont, dans un premier temps, de tracer le chemin d’accès à partir de la route rurale numéro 1, immédiatement à l’ouest du ruisseau.

Les débuts sont difficiles. Le printemps est pluvieux et le petit bélier mécanique peine à se déplacer dans la boue et les nombreuses sources qui se trouvent à cet endroit. Aussi doit-on construire des fossés en plantant des pieux de chaque côté et en garnissant le fond de roches plates pour empêcher la vase de remonter. Le ministère de la Voirie apporte son concours; il fournit du bois pour mettre au fond du chemin et du sable pour terminer la mise en place. Des roches sont aussi utilisées afin de solidifier l’emprise du futur chemin sur lequel il est encore impossible de faire passer un tracteur.

Au cours de l’été, on enchaîne avec les deux premières constructions : un hangar de 9 mètres sur 12 (30 pieds sur 40) qui deviendra par la suite un atelier de menuiserie avant d’être finalement converti en salle de repos pour les employés, et une bâtisse de type bungalowqui deviendra le premier bureau et affichera bientôt les couleurs du Ministère, le noir et le blanc.

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Tracteur loué devant l’entrepôt récemment construit.

Photo : Étienne Beauregard

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Ce hangar, qui n’a pas de plancher et auquel on accède par deux grands panneaux situés du côté ouest, servira pendant un bon moment de point de ralliement aux employés. C’est là que sont entreposés les quelques outils qui sont à leur disposition : des pelles, des râteaux, des brouettes, des pioches, des grattes, des limes, etc.

Au cours de cette première saison, on extrait tous les plants de la Pépinière de Saint-Patrice. Une partie de ceux-ci sont vendus sur place et les autres sont transportés à Saint-Modeste pour y être repiqués selon la technique dite à la planchette. La tranchée pour recevoir les plants est creusée avec une simple bêche; il faudra attendre encore deux ans avant qu’elle ne soit faite à l’aide d’une charrue fixe. Cet outil sera par la suite doté d’un versoir inversé et d’un dispositif permettant de le déplacer latéralement afin de multiplier les sillons, pendant que le tracteur repasse dans les mêmes traces.

À la fin de cette première année d’opération, quelques secteurs de plants sont déjà en culture à la pépinière.

L’année 1963commence à peine que l’on songe déjà à faire passer la capacité de production de la pépinière de un à six millions de plants annuellement. Pour ce faire, il faut agrandir et l’intérêt se porte sur les terres de MM. Alfred Gagnon, et Rosaire Saindon. L’année suivante, un arrêté autorisera la pépinière à acquérir la terre de M. Gagnon, et celle de M. Arthur Berger devenue disponible entre-temps; elles seront officiellement acquises en 1965.

Parallèlement aux travaux de culture, de chaque côté du chemin principal on met en place les haies de démonstration que l’on peut encore apercevoir aujourd’hui, et on repique avec des semis en provenance de Grandes-Piles et de Berthierville.

Informés du fait qu’une tornade a fauché un corridor d’une trentaine de mètres de large (une centaine de pieds) dans la forêt de Parke, les responsables de la pépinière décident de récupérer les fûts d’épinettes noires qui sont au sol. Ces travaux ont lieu à la fin de l’automne et au début de l’hiver.

Au printemps 1964, pour la première fois de son histoire, la pépinière livre des plants – une modeste quantité de 300 000 plants – destinés au reboisement. Cet événement donne le ton à la saison qui commence et qui sera, comme toutes celles à venir, bien remplie.

Surgit d’abord un premier problème de relations de travail. En effet, certains employés se plaignent de plus en plus du salaire de 85 ¢ l’heure qui leur est versé depuis l’ouverture de la pépinière et font des pressions pour obtenir une augmentation. À la suite d’un entretien téléphonique avec les autorités du Ministère, les responsables obtiennent que le salaire soit augmenté à 1 $ l’heure.

Les démarches pour acquérir les terres de MM. Gagnon et Berger situées du côté est de la pépinière sont laborieuses, mais les responsables ne ménagent pas leurs efforts, car cet ajout aurait pour effet de doubler la superficie de la pépinière.

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M. Gagnon en compagnie d’un étudiant en visite. À l’arrière-plan, des employés font du sarclage.

Photo : Étienne Beauregard

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Comme le bois récupéré à Parke l’hiver précédent a été transformé en bois de charpente, on procède à la construction de la bâtisse que l’on appelle encore aujourd’hui le vieux garage. Avec une façade de 30 mètres sur 12 (100 pieds sur 40), il servira de garage, mais aussi... d’entrepôt à pesticides, de bureau pour le premier magasinier et de lieu d’entreposage pour le matériel et l’équipement. La tôle pour la toiture n’ayant été reçue qu’en décembre, la construction se poursuivra pendant l’hiver.

Les plants étant irrigués avec des pompes à incendie équipées de jets brume, la construction d’un barrage en enrochement et à charge d’eau sur le ruisseau qui descend de la montagne s’avère urgent. Pour ce faire, le bois est transporté sur place par un cheval afin de construire des cages et un genre de palissade au fond du futur bassin.

La mécanisation commence par l’achat, chez Desjardins Ltée, d’un premier tracteur que l’on appellera affectueusement le petit Allis. Jusque-là, les tracteurs utilisés pour l’ensemble des travaux étaient loués à des particuliers.

On acquiert aussi une machine agricole Gravelyqui servira principalement au sarclage des allées. La saison prend fin avec des travaux de débroussaillage sur la terre de M. Alfred Gagnon dont l’achat n’est pas encore complété.

Avec le lancement du programme d’Aménagement rural et de dévelop- pement de l’agriculture (ARDA) qui sera suivi dela création de l’Office de développement de l’Est du Québec (ODEQ) en 1968, il est raisonnable de penser que de nouveaux budgets vont bientôt permettre de développer les pépinières et de favoriser l’essor des pratiques de reboisement dans la deuxième moitié des années 60.

Au début de 1965, comme chaque année, le Ministère met en place un projet de camp forestier étudiant sur une terre située à l’embranchement du chemin du lac Pluvieux. Le projet est de faire des travaux de restauration sur les lots 1 à 4 du rang 3, mais les choses ne se passent pas très bien et une demande est bientôt faite pour que les étudiants soient plutôt affectés à des travaux sur les terrains de la pépinière. M. Gagnon accepte et les étudiants se voient confier différents travaux de débroussaillage et de nettoyage.

Cette année-là, on procède au premier essai d’ensemencement manuel sur plates-bandes, avec support pour clôture à neige. Le repiquage espéré s’élève à huit millions de plants.

Aux champs, une partie des employés travaillent au sarclage qui se fait à la gratte. Cependant, de 1965 à 1968, des essais de sarclage mécanique auront lieu entre les sillons de repiquage espacés de 86 centimètres (34 pouces), sur un sol aussi dur que du ciment. D‘autres employés utilisent le tracteur Allis D-19 nouvellement acquis pour enlever les roches et améliorer les secteurs.

La terre Berger étant officiellement acquise, on procède à la rénovation de la maison qui sera occupée par M. Ernest Gagnon à compter du mois d’octobre 1965.

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Sarclage sous les lattis.

Photo : Étienne Beauregard

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On exécute également des travaux dans la grange : on refait les fondations et on relève le plancher. Les budgets n’étant pas très élevés, les fondations sont faites de ciment auquel on ajoute le plus de roches possible. La bâtisse servira longtemps au triage et à l’entreposage des plants le printemps venu, ainsi qu’au remisage du matériel de protection des forêts, dont le camion que l’on utilise aussi, occasionnellement, pour irriguer les plants.

C’est à cette époque que M. Hervé Lizotte, alors chef de district de la région, devient directeur du Service de la restauration forestière à Québec.

En 1966, la nouvelle Loi de la fonction publique inaugure une ère de changement pour les employés de l’État qui se voient accorder le droit d’association.

Le 28 mars, une première convention collective est signée entre le gouvernement et ses employés. Elle établit certaines règles relatives à l’exercice syndical tel le droit d’affichage, de réunions et d’absences pour activités syndicales et reconnaît le droit au travail du personnel saisonnier en prévoyant l’établissement de listes de rappel.

En janvier, on élabore la liste des employés saisonniers admissibles au rappel. Plus tard, on les appellerales vieux saisonniers.

Ce sont souvent d’anciens agriculteurs qui trouvent à la pépinière un travail dans un domaine qu’ils connaissent bien.

La convention collective donnera lieu à une légère augmentation salariale pour compenser la diminution de la semaine de travail. Depuis la création de la pépinière, la semaine de 55 heures incluait cinq heures de travail le samedi matin. Avec cette première convention, le travail du samedi est aboli; on célèbre l’invention de la fin de semaine!

Outre les travaux de culture, on construit. Quelque temps auparavant, la pépinière est entrée en possession d’une terre reprise par le Crédit agricole.

Les employés et les étudiants l’ont surnommée la terre de l’ARDA. Ils y démolissent deux vieux bâtiments. Le bois et la tôle de la grange serviront à la construction du hangar à bois.

Aux pompes à feu qui servent à irriguer les plants, on ajoute cette année-là les premières sections de tuyauterie de surface. Il faudra cependant attendre 1967 pour que soit enfouie une première section de la ligne principale d’irrigation.

Depuis les débuts de la pépinière, le recrutement du personnel se fait surtout par l'entremise des maires des municipalités environnantes. Ce printemps là, alors que la campagne électorale bat son plein, une centaine d'hommes travaillent à la pépinière. Le matin du 6 juin, au lendemain de l'élection qui a vu la défaite du parti au pouvoir, on doit faire une pause dans les activités en attendant les instructions. Les formalités administratives seront par la suite complétées par une nouvelle entité, le Centre de main-d'oeuvre du gouvernement provincial. Quelques années seront nécessaires pour assurer sa complète mise en place.

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Irrigation avec le camion de la protection des forêts.

Photo : Étienne Beauregard

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Au printemps 1967, la quantité de plants de reboisement livrés fait un bond impressionnant. De 100 000 qu’ils étaient en 1966, ils passent à 3,5 millions. Il faut dire que le reboisement se fait alors à la fois sur les terres privées et sur les terres publiques. C’est aussi le début du reboisement mécanique des friches et des bûchés alors que le reboisement dans les brûlis se maintient. Les essences produites sont encore l’épinette blanche, l’épinette de Norvège, le pin rouge et le pin gris, une tendance qui se maintiendra jusqu’à la fin des années 70. À Saint-Modeste, les plants sont encore mis en ballots aux champs avec du papier ciré et de la jute. Attachés avec de la broche et entreposés dans la grange Berger, les ballots sont placés debout afin d’être irrigués. Au printemps, lorsque la température est trop clémente, il n’est pas rare de voir de la fumée s’élever au-dessus des ballots de plants.

On commence aussi à produire des semis de repiquage pour les autres pépinières, une activité qui se poursuivra jusqu’en 1980. On plante même des semis sur deux petits morceaux de terre de forme irrégulière situés en haut de la montagne. Les moustiques sont si voraces cette année-là que certains employés sont contraints d’allumer des feux qu’ils recouvrent d’herbe pour tenter de les éloigner.

Parallèlement à tous ces travaux de culture, on poursuit le développement des infrastructures en construisant la première véritable salle de repos pour les employés. On procède aussi à l’enfouissement de la toute première section du réseau d’irrigation. Creusée par un entrepreneur privé, la tranchée mettra à l’abri du gel un tuyau qui part du lac et qui se rend au secteur 59 par le chemin de l’érableet jusqu’au secteur 17 sur le dessus de la côte.

Ces années-là, la délimitation des secteurs et la préparation des terrains demandent l’utilisation de dynamite pour éliminer les affleurements rocheux qui sont nombreux, notamment dans les séries 20 à 29 et 35 à 48 où se trouve l’ancien chemin du rocher.

M. Ernest Gagnon passe son examen de dynamite le 13 août 1965 et obtient officiellement son permis en septembre. Par la suite, c’est lui qui dirigera les opérations de dynamitage qui donneront bien des sueurs froides aux employés qui se joindront à lui.

Pour leur part, les étudiants du camp forestier transportent des roches à l’aide de boyarts (espèces de civières à bras) et mettent en place le barrage du centre. Il s’agit de la dernière année du camp sur les terrains de la pépinière. Comme il devient de plus en plus difficile de nourrir et d’encadrer entre 60 et 70 étudiants, de maintenir la discipline jour et nuit et d’empêcher que des bris soient causés aux installations, à partir de 1966, les étudiants seront conduits chaque jour de Rivière-du-Loup à leur lieu de travail en autobus.

Le 26 janvier 1968, on présente une demande d’achat pour l’acquisition d’un tracteur sur roues, modèle de ferme, avec moteur à essence de 54 chevaux minimum. Il doit être conçu pour fonctionner 10 heures consé- cutives à une vitesse minimum de 1,8 mètre-minute (soit 6 pieds-minutes) lorsque le moteur tourne à un régime normal. En fait, ce qui se prépare, c’est l’abandon du repiquage à la planchette, une tâche qui sera désormais exécutée par des repiqueuses mécaniques Holland.

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Puis, le 21 mars, M. Paul-Henri Côté, chef de district à Rivière-du-Loup, commande à la compagnie Irrigation St-Thomas un système d’irrigation portatif complet, comprenant une pompe à gazoline, des tuyaux d’alumi- nium, des gicleurs et des accouplements. La pompe est un modèle Ford 6 cylindres. Le système, qui doit pouvoir couvrir 14 164,5 mètres carrés (soit 3,5 acres), comprend une ligne principale de 402 mètres (1320 pieds) en 10 centimètres (4 pouces) et 9 lignes latérales de 88 mètres (290 pieds).

L’année suivante, une autre demande sera faite pour compléter le système en usage.

On souhaite également prolonger la partie enfouie du réseau. En février, des demandes d’achat sont faites pour des tuyaux de plastique de 15 centi- mètres (6 pouces), soit 195 longueurs de 12 mètres (40 pieds) pour un total de 2377 mètres (7800 pieds). Des demandes semblables suivront en avril 1971 et 1973.

Au cours de la saison, un projet de réaménagement des secteurs de culture est élaboré en vue de permettre le repiquage mécanique. Au fur et à mesure que l’extraction de plants libère des secteurs, ceux-ci sont remodelés pour avoir une longueur d’environ 183 mètres (600 pieds) et protégés par des brise-vents (haies de Thuya) qui seront installés progres- sivement.

Les projets d’expansion sont nombreux. Grâce aux efforts de MM. Hervé Lizotte, Edgar Beaulieu et Ernest Gagnon, la pépinière acquiert les terres de MM. Irénée Garneau (ancienne propriété de M. Rosaire Saindon) et Jos Michaud. Ce dernier terrain donne accès à ceux du ministère des Transports situés au sud de la gravière en exploitation et qui seront loués et utilisés par la pépinière jusqu’à ce qu’ils lui soient définitivement cédés en 1994, en même temps que la gravière inutilisée. Avec ces dernières acquisitions, le territoire de ce qu’on appellera longtemps la vieille pépinièreest à peu près constitué.

Au printemps 1969, la pépinière procède à la livraison de six millions de plants de reboisement. Les livraisons comprennent aussi 47 000 plants d’embellissement. Compte tenu des coûts de production de ce type de plants, elle sera peu à peu abandonnée dans les années subséquentes.

Cette même année, la germination des semences de sapin étant souvent problématique, au-delà de 400 000 semis de sapin seront récupérés en forêt à plus de 137 kilomètres (85 milles) de la pépinière.

Au cours de l’été, on entreprend la construction d’un barrage en ciment en bordure du Rang 2, à quelques pas à l’est de l’entrée de la pépinière, afin de constituer une réserve d’eau destinée à l’irrigation. Au moment de la construction, on pouvait encore apercevoir les restes d’un ancien barrage qui alimentait le moulin du Syndicat en eau, un moulin à scie disparu plusieurs années auparavant.

À l’automne, on fait un essai d’entreposage hivernal dans une chambre froide à Trois-Pistoles afin de vérifier les avantages de cette technique. Les plants qui y ont passé l’hiver seront mis en terre dans le rang de l’Aulnière sur les terrains de la pépinière.

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À la fin de la décennie, la mise en place du réseau des pépinières publiques est en voie d’achèvement : Saint-Modeste a ouvert ses portes en 1961, Sainte-Luce en 1966, East-Angus en 1969, Trécesson, Normandin et Duchesnay en 1970.

Comme les 20 à 30 millions de plants qui sont mis en terre chaque année couvrent à peine 7 % des aires récoltées, il est à prévoir que les efforts de reboisement vont connaître une période de croissance soutenue dans les années 70. Déjà, au cours de l’année 1972, le directeur de l’information du ministère des Terres et Forêts fait paraître le communiqué suivant :

[...] le ministère des Terres et Forêts rapporte que les pluies répétées ont considérablement nui depuis le début de la saison aux pépinières du gouvernement en empêchant les épandages d’insecticides et de fertilisants.

[...] Ces pépinières renferment quelque 150 millions de plants. Cette année, le ministère espère en fournir quelque 20 millions pour fins de reboisement des terres privées et publiques. [...] Le Service de la restauration forestière s’efforce d’augmenter le rendement des pépinières gouvernementales afin de faire face à son objectif de fournir 50 millions de plants par année. [...]

La volonté d’intensifier le reboisement est là et beaucoup d’efforts seront consentis au cours de cette décennie pour augmenter la performance et l’efficacité des pépinières.

Celle de Saint-Modeste a un bon noyau de personnel, des installations satisfaisantes et les outils nécessaires pour réaliser ses activités de production.

Sa survie ne semble plus faire de doute.

À Saint-Modeste, au printemps 1970, la quantité de plants livrés atteint un nouveau record de 8,5 millions, ce qui représente un pourcentage important de tous les plants produits dans la province.

C’est au cours de cette saison que l’on construit un autre hangar, commu- nément appelé le 2015.

Depuis le départ de M. Edgar Beaulieu à la retraite en 1969, c’est M. Ernest Gagnon qui est seul aux commandes.

Le 18 mars 1971, M. Denis Allaire, ingénieur forestier à la Pépinière de Sainte-Luce, préside une session d’information sur les chambres froides.

Dans le document, on peut lire : Puisque la première chambre froide est en construction à la pépinière de Sainte-Luce, le Service de la restauration m’a chargé de vous présenter un aperçu des différentes techniques d’entreposage, des problèmes inhérents à cet entreposage, de la façon dont nous comptons utiliser cette chambre froide et comment cette technique nouvelle au Québec, modifiera nos programmes de reboisement.

C’est dans ce contexte que M. Conrad Brillant entre en fonction comme directeur de la pépinière. Il constate rapidement que le travail ne manque pas. Au bureau, tous les documents administratifs se font sur des dactylos, souvent en plusieurs copies avec du papier carbone. L’agent de bureau est secondé par un occasionnel depuis quatre ans. Au mois d’août, M. Brillant présente donc une demande pour que ce poste occasionnel soit transformé en poste permanent.

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La bâtisse en acier de type archidrome à peine terminée.

Photo : Pépinière de Saint-Modeste

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Sur le terrain, on procède au transfert de deux bâtisses. Il s’agit du hangar 2015 qui a été construit l’année précédente, et de la première salle des employés, située un peu au sud de l’usine actuelle, à peu près dans le stationnement. Cette salle, qui n’est alors pas pourvue d’eau potable, est déménagée à son emplacement actuel avec un bulldozer. Quant au 2015, qui avait été construit à peu près sur l’emplacement actuel des quais de chargement, il est déplacé vers l’est, de l’autre côté d’un ruisseau qui prend sa source au nord du secteur 19 où avait été creusée la première fontaine pour alimenter les bâtisses de la pépinière en eau.

Ces déménagements avaient en fait pour but de libérer le site pour une autre construction. En effet, le 21 juillet, on présente une demande pour la construction d’une bâtisse démontable en acier embouti de 30 mètres de longueur sur 21 mètres de largeur (100 pieds sur 70) dont l’éclairage de jour doit être assuré par 8 ouvertures en fibre de verre. La livraison est prévue pour le 5 octobre, les équipes de montage de la compagnie ayant planifié le début des travaux la semaine suivante.

Le 8 novembre, l’érection du bâtiment est jugée conforme aux plans et devis et aux exigences du Ministère. Mais à peine est-il terminé que l’on discute déjà de le transformer en chambre froide.

À l’automne, on s’affaire à la finition intérieure de la salle des employés tout en travaillant, comme toutes les autres pépinières, sur un projet de confection de lattis pour recouvrir les ensemencements qui ne cessent d’augmenter.

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En ce début d’année 1972, en vue d’une éventuelle rencontre, les ingé- nieurs des pépinières du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie proposent certains sujets de discussion tels que les espaces disponibles en pépinière pour atteindre les objectifs d’ensemencement et de repiquage, le repiquage sur quarts, le transport sur pépinière, les entrepôts réfrigérés et les communications orales et écrites, ce dernier point incluant des sujets comme le TWX, les photocopieurs et le comptoir postal. On est donc à la fois très près et très loin des courriels et de la vidéoconférence.

En février, les responsables présentent une demande pour l’achat d’une chargeuse-pelleteuse afin de procéder, au cours de l’été, à l’enfouissement de tuyaux en PVC pour le réseau d’irrigation dont une partie est déjà faite, à la rénovation d’un barrage et à des travaux d’aménagement sur la terre de l’ARDA.

Fin février, la menuiserie du bureau de Notre-Dame-du-Lac est définiti- vement fermée et l’équipement transféré à Saint-Modeste, de même que le port d’attache du menuisier.

La mécanisation gagne encore du terrain lorsqu’on fait l’achat d’un premier extracteur mécanique de plants de type Grayco.

À l’arrivée du printemps, un technicien forestier entre à l’emploi de la pépinière. À partir de ce moment, la partie technique, qui sera assumée par M. Jean-Yves Guay, sera définitivement séparée de la partie production.

À titre de responsable technique, sa première tâche sera de reprendre le contrôle des mauvaises herbes qui envahissent littéralement les secteurs.

Mais elle ne s’arrête pas là : peu à peu, toutes les méthodes et les outils pour accomplir les tâches d’inventaire, le suivi d’extraction et le suivi d’expédition seront améliorés. De même, les techniques de fertilisation et les suivis de croissance seront scrutés à la loupe.

Après dix ans d’existence, les efforts d’amélioration se portent sur la série des secteurs 1 à 8, immédiatement au sud de la gravière, dont l’utili- sation a été de nouveau autorisée pour trois ans le 21 mars par le chef de division au ministère de la Voirie.

Le 9 mai, M. Brillant fait parvenir le message suivant à M. Paul-Henri Ouellet à Rimouski par TWX : [...] Nous avons débuté officiellement nos travaux en pépinière mardi le 9 mai 1972 par l’embauchage de nos saisonniers et de quelques surnuméraires. [...] Nous prévoyons livrer nos plants à la

1973 - 1980

La consolidation

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région de Québec vers le 12 mai. Là, ils seront placés en chambre froide pour quelques jours [...].

La semaine suivante, les ballots de pin gris 3+0 semé en plein champ, après avoir été soulevés sans vibration, sont entreposés dans la grange Berger. Chaque ballot, qui contient 50 plants, est placé debout et irrigué matin et soir, car il est difficile de maintenir la température aux environs de 50 degrés Fahrenheit.

Pendant ce temps, sur les terres de l’ARDA, on travaille avec les repiqueuses Holland.

À l’été, une première station météo est installée à la pépinière par le Service de la météorologie du ministère des Ressources naturelles.

En juillet, la pépinière de Saint-Modeste va en appel d’offres pour agrandir de 15 mètres (50 pieds) l’entrepôt de type à arc en acier ondulé et porter sa longueur à 46 mètres (150 pieds). Le 29 août, M. Brillant peut enfin informer le directeur régional de la production des biens et services à Rimouski que le projet de chambre froide et de salle de triage à Saint- Modeste peut être lancé.

À la fin du mois, l’inventaire des pépinières de Saint-Modeste et de Saint-Louis (de laquelle on extraira un peu plus tard 62 000 plants d’épinette blanche) est complété.

Lorsque M. Brillant reçoit la visite de M. Jean-Paul Campagna, directeur de la Pépinière de Berthierville, ils choisissent ensemble un site pour l’établissement d’un verger à graines de semis. Au printemps suivant, on mettra en terre 2106 plants d’épinette de Norvège et d’épinette blanche sur les lots 5b et 5c du Rang 1, au nord des deux petits lacs qui y ont été creusés.

Le 10 novembre 1972, M. Jean-Pierre Carpentier du Service de la restau- ration forestière transmet une note de service à M. Jean-Marie Fortin, qui est alors chef de la Division des pépinières, dans laquelle il fait rapport de sa visite à la Pépinière de Saint-Modeste. On y apprend que, depuis l’entrée en fonction de M. Conrad Brillant il y a environ un an et demi, les travaux suivants ont été réalisés ou mis en branle : le nivellement du sol de tous les blocs, la compartimentation de la pépinière, l’amélioration du drainage par la construction de fossés, l’installation de coupe-vent, le transfert de trois bâtiments importants, l’aménagement d’une salle de triage et d’une chambre froide, l’aménagement d’un atelier de mécanique, le creusage d’un puits artésien, l’aménagement d’une salle à manger et la réquisition des services d’aménagement hydraulique du ministère des Richesses natu- relles pour la construction d’un barrage.

On y apprend également que des essais sont effectués avec différents herbicides et fertilisants ainsi que la réalisation d’autres projets comme la planification d’un système d’emballage aux champs, les améliorations apportées au semoir et à l’appareil de fumigation, l’établissement d’un premier calendrier d’irrigation.

Dans la conclusion de son rapport, M. Carpentier souligne que la plupart des coûts unitaires de production de la Pépinière de Saint-Modeste sont

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inférieurs à ceux de la moyenne des pépinières du Québec; on voit déjà se dessiner un des éléments importants de la mission de la pépinière dans l’avenir.

En cette fin d’année, un premier organigramme de la pépinière est officialisé. Y figurent M. Paul-Henri Ouellet, directeur des biens et services, un régisseur, un technicien forestier, deux agents de bureau, une secrétaire, un responsable de production et un contremaître.

Dans la troisième convention collective signée par le gouvernement et ses employés, qui sont maintenant regroupés dans un syndicat indépendant, la notion de comité d’hygiène et de sécurité au travail est introduite. On prévoit également une compensation pour les vacances annuelles auxquelles les employés n’ont pas droit par le versement d’une somme équivalant à 4 % de leur salaire.

À la mi-décembre, afin d’augmenter l’efficacité du bureau, M. Brillant présente une demande pour améliorer le service téléphonique. Il suggère un système à boutons-poussoirs et voyants, avec cinq postes : trois pour le bureau, un pour le garage et un autre pour la menuiserie.

Le 6 mars 1973, M. Brillant fait parvenir à Hydro-Québec le contrat de localisation de la future ligne électrique qui doit alimenter la chambre froide. Il ignore encore que plusieurs retards incontrôlables surviendront lors de l’exécution des travaux de raccordement.

Ce printemps-là, la pépinière connaît un creux important dans ses livraisons de plants; à peine 2,6 millions de plants seront livrés en forêt. Le tri se déroule dans la nouvelle salle de triage qui n’a pas encore de mur à l’extrémité ouest. Les heures sont longues et les conditions sont rendues pénibles par le froid et les vents qui soulèvent la poussière lorsqu’ils s’engouffrent dans la bâtisse. Le travail d’emballage a tout de même été considérablement amélioré avec l’achat d’une première lieuse Signode et d’un chariot élévateur Allis Chalmers.

Après l’extraction des plants, on repique plus de deux millions de semis sur la terre de l’ARDA. Malheureusement, au moins 50 % de ces plants mourront de suffocation causée par l’eau au cours de l’hiver suivant. Par la suite, ces terres ne seront plus utilisées pour la culture.

Le 12 juillet, un grief qui fait suite à un grief identique présenté au mois de mai est déposé, demandant que la paie soit versée tous les deux jeudis et que les détails tels que le nombre d’heures, le taux et les déductions apparaissent sur le talon de chèque.

Le départ de M. Conrad Brillant a lieu officiellement le 7 septembre 1973 et son remplaçant, M. Lionel Godbout, entre en fonction le 17 du même mois. C’est ce dernier qui signera finalement, le 4 octobre, le contrat pour l’installation électrique de la chambre froide. En novembre, alors que les travaux sont exécutés à 40 %, les gestionnaires des pépinières publiques demandent une étude sur l’isolation des chambres froides. La saga d’une première chambre froide à Saint-Modeste n’est pas encore terminée. Les responsables sont malgré tout optimistes et le Service général des achats reçoit peu après une demande de la pépinière pour l’achat de 360 supports

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Aperçu du premier barrage en rénovation.

Photo : Pépinière de Saint-Modeste

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métalliques pour l’entreposage de plants dans la future chambre réfrigérée.

On sait maintenant qu’il en faudra bien d’autres par la suite.

En toute fin de saison, les employés ne chôment pas; le barrage d’en haut est reconstruit et la pompe qui était jusque-là installée dans un petit abri à côté du lac est déplacée plus bas, à l’arrière du barrage. Le système est complété par un appareil installé sur le barrage que les employés appellent dragon et qui est utilisé pour injecter le fertilisant lorsqu’ils irriguent la semence sous les lattis.

Les travaux comprennent aussi l’enfouissement d’une section supplé- mentaire du réseau. M. Godbout profite de la fin de saison pour revenir à la charge afin d’améliorer le service téléphonique. La pépinière ne peut compter que sur une seule ligne d’entrée et de sortie et le technicien forestier, qui est en poste depuis environ un an et demi, n’a pas encore d’appareil.

Depuis l’ouverture de la pépinière, le personnel a toujours été composé de personnes de sexe masculin. Or, cela va changer en 1974alors que le personnel masculin ne suffit plus à combler les besoins de la pépinière. Les premières femmes vont donc se retrouver ce printemps-là à côté des hommes, à l’un des deux convoyeurs de la salle de triage.

Le 22 mai, on doit se résoudre à interrompre les opérations d’extraction et de triage à cause des pluies abondantes. Mais le triage doit aussi être arrêté à quelques reprises parce que l’emballage ne fournit pas. La lieuse Signode refuse souvent de fonctionner et les ballots sommairement enroulés seront empilés et attachés plus tard; cette tâche est compliquée par les nombreux changements de stocks et l’exiguïté de l’espace qui sert aussi à la récupération des semis de repiquage.

Afin de garder les coûts de production de la pépinière concurrentiels, on effectue les premières études de temps et mouvements, et on expéri- mente le chronométrage du travail des employés qui font du triage

Le 25 janvier 1974, M. Godbout adresse une lettre à M. Paul-Henri Ouellet, administrateur régional à Rimouski, dans laquelle il l’informe que les responsables de pépinières ont abordé très sérieusement le problème du contrôle de la qualité des plants à divers stades de leur développement lors de leur rencontre du 17 janvier à Luceville. Il propose d’opter pour une approche systématique dans les pépinières du réseau, à partir de courbes de croissance semblables à celles utilisées depuis plus de dix ans en Ontario.

Il demande une aide matérielle afin que la réalisation de ce projet soit rendue possible. Le deuxième élément majeur de la future mission de la pépinière, la qualité des plants, est déjà en gestation.

Depuis 1962, les travaux majeurs de mécanique ont toujours été effectués au bureau régional du Ministère à Rimouski, mais le 18 février, une demande est présentée au directeur régional pour obtenir un poste de mécanicien de classe 2 à la pépinière.

Toujours en février, dans une lettre qu’il adresse au Service de la restau- ration, M. Godbout signale l’urgence de mettre en branle un processus d’appel d’offres pour la chambre froide, compte tenu des résultats d’une étude sur les problèmes survenus à la Pépinière de Trécesson.

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De grands efforts de mécanisation sont en cours. En cette fin d’hiver, on procède à l’achat de deux autres extracteurs Grayco Harvester et de chargeuses latérales et, peu après, à l’achat de cinq wagons de ferme Normand. Ces nouveaux outils s’ajoutent à ceux dont la pépinière dispose déjà : deux camions, deux camionnettes, cinq tracteurs, une chargeuse pelleteuse, un ramasse roches, un pulvérisateur Tecnoma et plusieurs remorques et wagons de ferme.

Après 12 ans d’existence, la superficie de la pépinière est la suivante : les terrains qui sont la propriété de la pépinière comptent 1 020 000 mètres carrés (102 hectares), dont 370 000 mètres carrés (37 hectares) sont en culture. Les terrains de la Voirie comptent 110 000 mètres carrés (11 hectares) dont 105 000 mètres carrés (10,5 hectares) sont en culture. La terre de l’ARDA récupérée du Crédit agricole compte 700 000 mètres carrés (70 hectares) considérés impropres à la culture depuis l’échec du repiquage de 1973.

Comme les responsables craignent que la Voirie veuille récupérer les secteurs 1 à 8 pour ses propres besoins dans un avenir rapproché, le 29 juillet, ils présentent un mémoire sur l’agrandissement de la pépinière par l’achat des terres de MM. Stanislas Jalbert, Jean-Louis Boucher, Raynald Beaulieu et Roger Boucher. Ce projet, qui aurait eu pour effet d’étendre le territoire de la pépinière jusqu’à la route de l’Église sud, sera refusé.

Ce même mois, la pépinière va finalement en appel d’offres pour l’isolation de la chambre froide. Les travaux devront débuter le 26 août et se terminer le 31.

Au cours de cette période, on ajoute environ 153 mètres cubes (200 verges cubes) de tourbe de sphaigne au sol dans tous les secteurs d’ensemencement, et le nombre de sillons par plate-bande est réduit à sept pour les besoins de la mécanisation.

Un peu plus tard, les employés de la Station forestière de Parke seront informés qu’ils sont désormais sous la direction du régisseur de la Pépinière de Saint-Modeste, et la Pépinière de Saint-Louis est définitivement fermée.

Comme les travaux d’isolation ont été réalisés comme prévu à l’automne, la Pépinière de Saint-Modeste entre finalement dans l’ère moderne au printemps 1975 en entreposant ses plants de reboisement dans une première chambre réfrigérée. Le triage débute tardivement le 12 mai et permet de livrer 4,2 millions de plants destinés au reboisement.

C’est au cours de cette même année que M. Godbout fait un voyage d’études en Écosse d’où il rapporte une technique qui préconise le recou- vrement des semences avec de la silice. La pépinière prendra ainsi une petite longueur d’avance et le succès de ses ensemencements de plants à racines nues lui permettra, à partir de 1979, de fournir, d’autres pépinières du réseau public ainsi que quelques pépinières privées pendant de nombreuses années.

En 1976, après l’extraction et la livraison de six millions de plants, l’épandage de matière organique sur tous les secteurs en jachère se fait de façon massive.

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Parmi les changements importants apportés aux méthodes de travail, il faut aussi souligner le début de l’assainissement général du pourtour des secteurs de production dans le but de stopper la contamination des plates- bandes par la semence de mauvaises herbes.

Les idées ne manquent pas aux responsables de la pépinière afin de maintenir les coûts de production à leur plus bas, et différentes expériences voient le jour. Celle du repiquage à forfait par les employés de la pépinière qui a lieu cette année-là s’inscrit dans cette foulée. Et même si elle ne s’avère pas concluante, cela n’empêchera pas le bilan annuel de présenter des coûts de production qui reflètent la très grande productivité de la pépinière.

Au printemps 1977, malgré une forte accumulation de neige au sol au cours de l’hiver, les travaux d’extraction débutent à la fin avril, ce qui est environ dix jours plus tôt que la moyenne des années précédentes et 8,6 millions de plants sont livrés en forêt.

À la même époque, le responsable technique reçoit une lettre de M. G. Estager, ingénieur en chef du Génie rural des eaux et des forêts à Limoges en France. Il s’agit d’une réponse à sa demande d’information au sujet de la repiqueuse Accord qu’il a vue lors de son stage à Peyrat-le- Château en 1975. À la lumière de ces informations, des démarches sont entreprises pour acquérir ce type de repiqueuse. La demande officielle est appuyée par M. Jean-Pierre Carpentier qui a constaté, lors d’une visite à la pépinière, que le travail de repiquage se fait selon un horaire qui va de 4 h à 12 h et de 12 h à 20 h. À cette occasion, il note que les ouvriers fournissent un rendement en qualité et en quantité correspondant à leur excellent taux de motivation au travail et qu’il serait possible d’améliorer leur productivité avec la nouvelle repiqueuse Accord.

En novembre 1977, on trie et on entrepose près de trois millions de plants qui seront livrés dans le sud du Québec au printemps suivant. Cette façon de faire sera utilisée pendant plusieurs années parce qu’elle a le double avantage de permettre la livraison de plants à des clients dont la période de reboisement commence plus tôt et de diminuer les quantités à extraire au printemps.

En 1978, le nombre de plants à racines nues livrés pour le reboisement frôle pour la première fois les dix millions. Les grandes années de production de semis de repiquage à racines nues pour les pépinières privés vont commencer l’année suivante et se poursuivre jusqu’en 1986. Entre 15 et 20 millions de semis de repiquage seront ainsi livrés chaque année.

La chambre froide qui vient d’être bâtie ne suffit déjà plus à la tâche et, le 4 septembre, on présente à l’administrateur régional le projet de construction d’un entrepôt refroidi par de la glace sur la plate-forme à tourbe.

Heureusement d’ailleurs que la saison se déroule pour ainsi dire en plusieurs temps. Ainsi, cette année-là, la période d’extraction du printemps va du 8 au 30 mai, suivie par un repiquage du 29 mai au 18 juin. Par la suite, le repiquage d’été s’étend du 25 au 31 août, suivi de l’extraction d’au-

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Implantation de brise-vents.

Photo : Pépinière de Saint-Modeste

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tomne du 1erseptembre au 3 octobre alors que se déroule un repiquage d’automne du 18 septembre au 27 octobre.

Les repiqueuses Accord ont maintenant remplacé les repiqueuses Holland.

Environ 80 % des plants de reboisement sont des plants qui ont été repiqués alors qu’une partie des pins, surtout le pin gris, est encore produite en 2-0.

Outre les deux camions utilisés pour tous les travaux et pour le transport des plants en forêt, la pépinière possède quatre camionnettes. La première sert au déplacement des équipes, une autre est utilisée par le contremaître, une autre par le technicien et la dernière par les mécaniciens, les menuisiers, pour les achats locaux, etc. En plus des sept tracteurs qui sont la propriété de l’entreprise, il faut en louer quatre autres pour les opérations du printemps.

À la fin de 1978, dans leur bilan annuel, les responsables peuvent affirmer que la qualité et le coût unitaire de la production à Saint-Modeste sont plus concurrentiels que ceux des autres pépinières du ministère des Terres et Forêts et que ceux de toutes les autres pépinières, publiques et privées, en Amérique du Nord. Même s’il ne leur apparaît plus possible de réduire encore leurs frais d’exploitation par l’amélioration des techniques ou l’augmentation du rendement des employés, ils citent cependant d’autres cibles d’amélioration : la révision des exigences de la clientèle, le question- nement de tout le processus d’extraction, triage et emballage, et la hausse prévue du taux d’utilisation des stocks de plants repiqués.

Depuis que les pépinières existent, les plants ont été produits principa- lement à racines nues et les seuls plants produits en récipients l’ont été dans des serres comme celles de la Pépinière de East-Angus.

Or, le vent est en train de tourner et des essais vont bientôt être entrepris pour vérifier la possibilité de produire en récipients, à l’extérieur.

En avril 1979, on aménage un espace au deuxième étage du vieux garage et on ensemence des styroblocs déjà utilisés dans l’ouest du Canada.

Le coût de cette production spéciale s’élève à 9458 $. L’essai est mené en collaboration avec le Service de la restauration et elle a pour but de vérifier la possibilité de produire des semis en récipients afin d’éviter les coûts de la culture en serre. Les semis d’épinette noire, de Norvège et de pin gris sont déposés dans les styroblocs numéro 9 ou numéro 20, puis apportés dans le secteur 29.

Mais en mai, alors que la chambre froide est pleine à craquer, on constate qu’il reste plus de deux millions de plants à extraire. Malgré tous les efforts consentis pour mettre ces plants à l’abri, environ 200 000 plants débourrés seront rejetés par les responsables du reboisement. L’ajout d’une salle réfrigérée supplémentaire s’impose.

Le travail augmente pour l’équipe technique et on aménage un nouvel espace de travail dans le sous-sol de l’ancien bureau pour un deuxième technicien forestier, M. Michel Rioux, qui deviendra chef de la pépinière en août 2009. Le mois suivant, un autre technicien, Jean-Paul Rioux, et un garde forestier, Claude Bérubé sont embauchés pour faire des travaux d’inventaire forestier et de la sélection d’« arbres plus » dans les peuple- ments naturels, une responsabilité qui a été transférée à la pépinière par l’unité de gestion.

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Transport des boîtes de bois contenant les semis vers les deux repiqueuses.

Photo : Pépinière de Saint-Modeste

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Au cours de l’été, le projet de construction de la glacière débute. Le système prévoit la confection de glace pendant l’hiver dans un espace situé le long des murs afin que les plants extraits au printemps puissent y être entreposés dans des conditions de température acceptables.

Le 31 octobre, la pépinière fait une demande de transfert de juridiction pour des terrains appartenant au ministère des Transports et qui sont utilisés pour la production. Les terrains convoités sont ceux des secteurs 1 à 8 et 20 à 23. La demande précise cependant qu’il faut exclure la partie détériorée par l’exploitation industrielle de la gravière et de l’usine d’asphalte.

Au cours de l’automne, 857 000 plants seront extraits et mis en jauge, et 845 000 seront mis en chambre froide.

Les années 70 se terminent alors que le Programme de relance de l’industrie des pâtes et papiers propose un objectif de reboisement de 100 millions de plants. Ceci mènera à un premier contrat de production de plants octroyé à une pépinière privée et à l’apparition de la production de plants en récipients.

De grands bouleversements sont en vue dans le monde forestier et les dirigeants de la pépinière entendent bien voir leur institution rester le chef de file de la production de plants au Québec.

C’est à cette époque que le ministère des Terres et Forêts, qui a fusionné avec les Ressources naturelles en 1976, est intégré au ministère de l’Énergie et des Ressources.

Au début de 1980, l’heure est à l’optimisme. Les essais de production de plants en récipients se poursuivent. On construit des installations en vue de produire des plants en récipients à l’extérieur : les granges à poteaux.

Bientôt, l’augmentation des objectifs suscitera le développement d’une industrie privée de production de plants. Une trentaine d’entreprises vont naître et se voir accorder par soumission des contrats de production variant de un à cinq millions de plants par année.

À Saint-Modeste, l’équipe d’encadrement augmente : trois contremaîtres de production et un contremaître d’entretien rejoignent le contremaître général.

Fin janvier, une cinquième convention collective inclut le personnel occasionnel. C’est un changement majeur pour les employés de la pépinière qui, pour la plupart, ont un tel statut. Du jour au lendemain, ils obtiennent un droit de rappel.

Les chercheurs du Ministère sont très actifs et le mot d’ordre est passé d’accueillir toutes les demandes de collaboration des collègues de la recherche avec enthousiasme. Les avantages sont nombreux : travail supplémentaire pour les employés, longueur d’avance dans la prévision des résultats, etc. Cette disponibilité deviendra une valeur qui aura son impor- tance dans l’avenir.

On poursuit l’objectif de repiquer 13 millions de semis entre le 20 mai et le début août en répartissant le travail en deux quarts, le premier de 4 h

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Extraction de sapins aux champs en 1977.

Photo : Pépinière de Saint-Modeste

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à 12 h, et le second de 12 h à 20 h. Il s’agit en fait de la dernière année d’utilisation des repiqueuses en tandem sur sept sillons.

En 1981, année d’acquisition d’une toute nouvelle dactylo IBM électrique, deux contremaîtres entrent à l’emploi de la pépinière. Alors que l’un s’occupe de l’extraction, l’autre surveille le tri qui se fait pour la dernière fois dans la vieille salle de triage.

Avec un total de plants de reboisement extraits qui dépasse pour la première fois les dix millions et un chiffre record de plus de 18 millions de semis de repiquage extraits, l’organisation du travail représente un défi quotidien.

La première livraison officielle de plants en récipients en compte 200 000. La plupart sont envoyés à l’unité de gestion G-11.

Le mouvement pour la production en récipients s’accélère. Le 20 mars, une lettre de l’administrateur régional au Service de la restauration recom- mande qu’une expérience soit faite avec le système Odlingsplattan. Ainsi, 16 000 sachets de tourbe (peat pillow) sont ensemencés. Les expériences se poursuivent également avec les styroblocs.

Les granges à poteaux, ces longues ombrières supportées par des filins métalliques, sont largement utilisées pour la germination des plants en récipients.

En juillet, des travaux destinés à corriger des défectuosités électriques dans la salle de triage sont retardés parce que la possibilité de construction d’une nouvelle usine est déjà dans l’air. Les plans de cet agrandissement seront d’ailleurs datés de l’automne 1981.

On envisage de porter à neuf le nombre de sillons au repiquage. Les premières réflexions suggèrent de passer deux fois sur la planche, premier passage à cinq sillons et deuxième à quatre entre les cinq premiers. Cette idée sera abandonnée lorsque d’autres calculs confirmeront la possibilité d’installer neuf unités à l’intérieur de la même repiqueuse.

Alors qu’à Saint-Louis-du-Ha! Ha! on prélève des boutures de peupliers pour la dernière fois, des travaux importants de mise en andains ont lieu à Saint-Elzéar-de-Témiscouata, sur le site du futur verger à graines.

Puis, on entreprend la construction du complexe de triage et de la salle d’empotage. On peut dire que cette construction, entièrement érigée avec de l’épinette noire de la réserve forestière de Parke, est avant-gardiste quand on constate les efforts qui sont faits en 2011 pour promouvoir la construction d’édifices en bois. De nombreux charpentiers-menuisiers sont engagés, tant et si bien qu’à la fin de l’exercice financier 1981-1982, plus de 456 000 $ ont été dépensés en salaires dans la section capital.

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Premiers récipients ensemencés au printemps 1979.

Photo : Pépinière de Saint-Modeste

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L’étang d’en haut en octobre.

« [...] il y a dans la forêt des bruits qui ressemblent à des paroles. »

Jean Giono

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1981 - 1989 Les années folles

Entre janvier et mars 1982, pendant que sont exécutés les travaux électriques les plus pressants, les convoyeurs sont installés dans la salle de triage de même que les bancs d’emballage dans la salle adjacente. Au printemps, le triage se fait dans la nouvelle salle qui a été aménagée tant bien que mal au cours de l’hiver et qui n’a pas encore de plafond.

La collision entre un camion de la pépinière et un train du Canadien National coûte la vie à un mécanicien qui effectuait un voyage en camion vers Rimouski. Alors qu’elle perd un travailleur de la première heure, la pépinière doit débourser 5600 $ pour la réparation de la locomotive…

Le 18 juin, on peut lire dans le journal Le Soleil le texte d’un appel d’offres pour des travaux de réfrigération à la chambre froide numéro 2.

Comme l’expérience avec la glacière n’a pas été concluante, on a décidé d’aménager un passage entre ce local et la chambre froide numéro 1. On pense que cette dernière pourra maintenir une température adéquate dans les deux espaces d’entreposage.

Dans le budget, les dépenses au poste arbres plussuivent une courbe ascendante : aux deux techniciens qui travaillent sur le projet depuis 1979 viennent s’ajouter quelques employés de la pépinière et sept personnes de l’extérieur, deux bouteurs et des camions. Le verger à graines commence à prendre forme.

Signe des temps, les communications à la pépinière vont bientôt prendre de l’importance. Alors qu’il n’y a que quelques radios mobiles dans les camionnettes, des appareils portatifs seront ajoutés, contribuant à améliorer sensiblement les conditions de travail.

Même si les comités paritaires de santé et sécurité n’ont pas encore été créés, la pépinière a déjà le sien. Dans son premier plan de prévention figure l’obligation de porter le chapeau de sécurité partout et en tout temps dans la pépinière.

Le repiquage d’été se déroule du 12 juillet au 26 août, mais compte tenu des résultats un repiquage supplémentaire doit avoir lieu du 23 au 30 septembre.

Les travaux se poursuivent toute la saison dans la nouvelle usine : finition des plafonds dans les salles de triage et d’emballage et pose d’isolant de type gyclon dans la nouvelle chambre froide, les 27, 28 et 29 octobre.

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Premier printemps dans la nouvelle salle de triage.

Photo : Pépinière de Saint-Modeste

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Entre-temps, M. Albert Morin, le premier véritable contremaître de la pépinière, prend sa retraite alors que se déroulent d’intenses négociations pour acquérir les terres de MM. Albert Castonguay, Bertrand Dumont, Antonio Gendron et Jean-Louis Boucher. Le contrat sera signé le 29 septem- bre 1983 et l’aménagement des terres en secteurs à racines nues se poursuivra jusqu’en 1985. Cet achat, qui avait pour but d’augmenter la production de plants à racines nues à 15 millions par année, se révèlera un tournant dans l’existence de la pépinière. L’automne suivant, cette décision permettra d’aménager les espaces nécessaires à la construction de 112 serres-tunnels devant être utilisables dès le printemps et destinées à produire 15 millions de plants en récipients par année.

Alors qu’on vient à peine de brûler les andains au futur verger à graines de Saint-Elzéar-de-Témiscouata, la neige recouvre le premier repiquage sur la terre qui longe la route de l’Église sud et qui n’est pas encore subdivisée en secteurs.

Le 8 décembre, une lettre est expédiée à M. George Shikaze de la compagnieVancouver Bio-Machine System Ltdqui confirme la commande d’une machine d’ensemencement de récipients déjà attribuée par télex.

Du 5 janvier au 4 mars 1983, on s’installe dans la salle de triage pour remplir de tourbe des récipients qui sont ensemencés avec un appareil fourni par le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) et qui sont ensuite livrés à des pépinières privées. Cette opération reprendra au prin- temps avec l’empotage de 6,2 millions de plants en récipients de 45 cavités, dont 2,5 millions pour Saint-Modeste. Un autre empotage aura également lieu à l’automne. C’est au cours de cette saison qu’a enfin lieu la plantation du verger à graines d’épinette blanche de Saint-Elzéar-de-Témiscouata.

En avril, les conditions de travail des employés sont imposées par décret.

Ce règlement fait toutefois avancer la cause de la santé et de la sécurité au travail en prévoyant la création des premiers comités paritaires.

Considérant les normes très strictes qui s’appliquent lors de l’utilisation de phytocides, on songe à confier ce travail à l’entreprise privée en privilégiant des horaires différents de ceux du personnel régulier.

À l’automne 1983, le programme de relance économique du gouverne- ment québécois prévoit augmenter le reboisement à 300 millions de plants par année. À Saint-Modeste, les responsables de la pépinière prennent une première option sur l’avenir. Dans un geste particulièrement courageux, ils relèvent le défi de préparer et d’aménager les 50 000 mètres carrés (5 hectares) nécessaires à la construction de 112 tunnels alors que la saison de travail est déjà avancée.

Cette opération est une aventure en elle-même. L’arpentage du site a lieu alors que les journées fraîches de l’automne s’annoncent. Par la suite, une véritable armada de camions, de bouteurs et de niveleuses envahit les lieux et entreprend de préparer le terrain. Vite rattrapées par l’hiver, les équipes maintiennent le rythme et doivent déplacer des montagnes de neige et de boue à l’extrémité des secteurs après chaque tempête de neige, avant de recommencer à épandre et à niveler le gravier. Un certain jour de décembre, les habitants du village voient même les camions reprendre

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Décembre 1983, les grands travaux de terrassement.

Photo : Pépinière de Saint-Modeste

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péniblement leur lente procession entre la gravière du ministère des Transports et la route de l’Église sud alors que les chemins sont complètement fermés par la tempête. Quelques jours avant Noël, le bruit des machines s’interrompt et la neige ensevelit complètement le site. Mais tout est prêt.

La construction des tunnels, dont la demande d’achat des structures métalliques est datée du 23 novembre, pourra bientôt aller de l’avant.

Pendant la même période, d’autres projets sont en préparation. On dépose coup sur coup l’étude géotechnique pour la construction d’une station de pompage, le devis par la firme de génie-conseil Copac Inc. pour la phase 1 de la construction d’une conduite d‘irrigation à partir de la station de pompage ainsi qu’une demande pour l’achat de 225 barres de tuyaux d’aluminium de 10 centimètres (4 pouces) et 576 barres de 8 centimètres (3 pouces).

Comme la machine à empoter reçue au printemps est en partie installée, on commande en toute fin de saison le cylindre à silice, le compacteur et le semoir de 45 cavités qui seront nécessaires à l’ensemencement en récipients au printemps.

Très tôt au printemps 1984, pendant qu’un plombier et un peintre, prêtés temporairement à la pépinière par le Ministère, achèvent les travaux de finition à l’usine, on entreprend la construction de la station de pompage qui se fera dans des conditions difficiles. Alors que le printemps s’annonce, les préparatifs pour construire les 112 tunnels de croissance à temps pour la période d’ensemencement doivent être entrepris. Un responsable est embauché et de nombreuses équipes sont à pied d’oeuvre alors que le dégel permet à peine de voir dans quel état les secteurs ont été laissés l’hiver précédent.

Mais la pépinière n’en est plus à son premier défi. La machine à empoter, la Vancouver Bio Machine, est mise en marche le 16 avril et le premier ensemencement complètement mécanisé se poursuivra jusqu’au 14 juin.

Ce premier remplissage complet des tunnels permettra la livraison de 15 millions de plants en récipients en 1986. Ce printemps-là, il n’y aura pas d’éclaircie; le travail devra être fait en même temps que l’éclaircie des plants ensemencés l’année suivante. Un total record de récipients, pour produire 45 millions de plants, furent alors ensemencés au cours de ce printemps. La pépinière avait à ce moment, en plus de sa propre production, le mandat d’ensemencer les récipients nécessaires à la production de plants par des pépinières privées nouvellement sous contrat avec le ministère.

La mécanisation de l’ensemencement des plants en récipients ouvre de nouvelles voies à la pépinière. Il faudra maintenant effectuer ce travail pour de nombreuses pépinières privées. Bientôt, les objectifs sont tels que l’opération empotage se fait sur trois quarts de travail et les camions- remorques se succèdent sans interruption aux quais de chargement. Cette situation perdurera plusieurs années.

Tout ne va pas aussi bien pour les travaux du système d’irrigation. Le 5 avril, M. Lionel Godbout informe M. Pierre Cornellier, adjoint aux opérations régionales à Rimouski, que le premier tronçon de 1700 mètres ne pourra pas être mis en service en juin 1984 comme prévu en raison de retards dans

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Construction des tunnels.

Photo : Pépinière de Saint-Modeste

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Avant l’ouverture des barrières, la file des cueilleurs de cônes s’allonge.

Photo : Pépinière de Saint-Modeste

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