Résultats de l’enquête :
Confinement des personnes âgées à domicile durant l’épidémie de la Covid-19
CONFIDENCES
Gérond’if, gérontopôle d’Île-de-France
33 rue du Fer à Moulin 75005 PARIS - Tél. : 01 85 78 10 10 - contact@gerondif.org- www.gerondif.org C
C OMMUNIQUÉ DE PRESSE
A la sortie de la première période de confinement, Gérond’if, le gérontopôle d’Île-de-France, a mené une enquête pour mieux comprendre le vécu du confinement par les personnes de plus de 60 ans confinées à domicile, anticiper les effets psychosociaux de cette période et aider à gérer l’après-crise.
Le public cible de cette enquête nommée « Confidences » était les personnes franciliennes retraitées ayant plus de 60 ans et ayant été confinées dans leur domicile habituel. Plus de 1 000 personnes ont répondu au questionnaire en ligne et 12 entretiens qualitatifs ont été réalisés par téléphone avec des personnes isolées ou non connectées.
O
bjectifsMesurer et évaleur l’impact du confinement sur le ressenti et le mode de vie de la population âgée à domicile en région Île-de-France
L’objectif principal de l’étude consistait à explorer la manière dont les personnes âgées confinées à domicile ont vécu cette période particulière et les conséquences psychosociales immédiates en incluant les per- sonnes n’ayant pas accès au numérique, illettrées ou isolées.
Cette étude avait également pour but d’identifier les facteurs ayant pu avoir une influence sur le vécu du confinement et de préciser le ressenti des personnes de plus de 60 ans sur la place qui leur est accordée dans cette crise, le regard que la société leur porte et les discriminations qu’elles perçoivent.
Il s’agissait aussi d’observer les conséquences du confinement dans la vie quotidienne des personnes âgées et les modifications éventuellement durables de leurs modes de vie. Cette étude vise donc à comprendre l’impact du confinement sur le ressenti et le mode de vie de la population âgée ainsi que les ressources qu’elles ont mobilisé, qu’elles soient internes ou externes, pour traverser au mieux cette période.
Le confinement des personnes âgées à domicile durant l’épidémie de la Covid-19
R ésultats de la 1
èReenquête confidences
M
éthOdOlOgieUne enquête en ligne lancée auprès de plus de 1 000 retraités franciliens
Le recueil de données s’est effectué par questionnaire en ligne et via des entretiens qualitatifs. Le questi- onnaire a été diffusé à la sortie du confinement le 12 mai 2020 afin de recueillir rapidement le vécu des per- sonnes âgées sur cette période inédite. Plus de 1 000 réponses exploitables ont été recueillies. La majorité des réponses a été recueillie directement en ligne, mais une cinquantaine de personnes a sollicité l’aide de l’équipe de Gérond’if pour pouvoir y répondre par téléphone.
En compléments, 12 entretiens semi-directifs ont été réalisés par téléphone entre juin et juillet 2020. Les personnes interrogées étaient majoritairement des femmes, déconnectées ou isolées.
P
rinciPaux résultatsLe profil de répondants au questionnaire est très marqué et cela est à prendre en considération dans l’analyse des résultats.
Les répondants sont majoritairement des femmes (66%) et issus de catégories socioprofessionnelles di- tes supérieures (45% de cadres, 20% de professions intermédiaires). 54% d’entre eux vivent en couple.
77% sont propriétaires et ils résident principalement dans des logements de 5 pièces ou plus (35%) et avec jardin. Ils sont connectés puisque 91.5% des répon- dants étaient déjà équipées d’outils numériques et les utilisaient très souvent pour 55.8% d’entre eux.
Ce profil marqué a été pondéré par la réalisati- on d’entretiens semi-directifs avec des personnes isolées ou non connectées.
Un profil marqué
ans 72
54% vivent en couple 77% sont propriétaires 66% sont des femmes
45% sont des cadres
20% de professions intermédiaires Âge moyen des répondants
l
es cOnstats Phares de cette enquête1. Des retraités qui ont fait preuve d’une grande adaptabilité face à une situation exceptionnelle et angoissante
Pour la majorité des personnes rencontrées, le confinement a nécessité une période d’adaptation qui a ren- du le début de la période plus difficile à vivre que la fin, comme en témoignent ces deux personnes :
« Au début, j’ai été surprise… Et puis à la fin, on commençait à s’habituer » (Maria G, 88 ans).
« Pendant le confinement, ça a été dur la première semaine » (Fatima Z, 70 ans).
62% des personnes interrogées ne s’ennuient pas plus que d’habitude. Elles ont trouvé des dérivatifs et se sont adaptées, notamment par une utilisation plus importante des outils numériques pour 55% des répon- dants.
2. Des retraités pour qui la privation de lien social a constitué le principal élément négatif du confinement
Pour les personnes interrogées, le manque de lien social a été la principale difficulté de la période de confi- nement. Cette absence de lien a été plus pénible à vivre que la peur du virus. Beaucoup font part d’un senti- ment d’isolement fort, notamment lorsque leur vie sociale était centrée sur des activités extérieures qui ont cessé pendant cette période.
« Oui, je suis sortie une heure. Et je me suis assise sur un banc. Alors on manque de conversation […] C’était impossible. Je manque de contact. J’ai besoin de parler à des gens » (Maria G, 88 ans).
C’est pourtant grâce aux liens qui ont pu être maintenus que les personnes disent avoir pu surmonter cette période difficile. On note tout de même que 20% des répondants disent avoir rencontré de nouvelles rela- tions pendant le confinement.
3. Des retraités pessimistes sur les traces que laissera la pandémie sur l’image des personnes âgées
Les personnes interrogées ont globalement le sentiment que le regard porté sur les personnes âgées dans la société est plutôt négatif. Certaines d’entre elles estiment même que les personnes âgées ont été plus privées de liberté et que leur parole n’a pas été entendue ni respectée.
« le regard sur la vieillesse malheureusement, je pense qu’il est un peu cruel […] alors à un moment il y a eu des gens qui quelque part ont pensé que bon les anciens, il fallait décider à leur place. Mais je peux vous dire qu’il y a des gens qui ont encore toute leur tête » (Monique G, 80 ans).
47% des participants estiment que le confinement a modifé le regard porté sur les personnes âgées. Parmi eux, 49% trouvent ce changement positif, contre 51% qui l’estiment négatif. Cependant, ceux qui ont ressenti un changement plutôt positif de la société, estiment pour 74% qu’il ne durera pas.
4. Des retraités dont l’inquiétude par rapport à la situation a pu induire une rupture de soins et de suivi médical
La majoration de l’anxiété chez les personnes qui ont répondu touche très majoritairement celles qui pré- sentent un problème de santé et pour lesquelles on constate une rupture de la continuité des soins due au confinement. En effet, 53% des personnes qui ont estimé être plus anxieuses qu’à l’accoutumée ont aussi déclaré avoir reporté leurs rendez-vous médicaux.
« J’avais rien d’urgent et j’ai remis » (Louise L, 86 ans).
5. Le maintien d’un niveau d’activités satisfaisant comme garant d’un moral au beau fixe
On constate un lien, attendu mais très fort, entre le moral des personnes interrogées et le sentiment d’ennui vécu pendant le confinement. En effet, la très grande majorité (65%) de ceux qui déclarent avoir une baisse de moral par rapport à d’habitude s’ennuie plus que d’habitude alors que quasiment la totalité de ceux dont le moral est meilleur ne s’ennuie pas plus que d’habitude (97%).
« c’était très contraignant, il y a des jours où je ne suis pas sortie et ça m’a agi sur le moral. J’étais pas bien du tout. Je me suis beaucoup ennuyée, ça m’a déclenché une maladie que j’ai eue » (Martine D, 67 ans).
6. Le rôle des médias perçu comme délétère, majorant l’angoisse et véhiculant une image négative des personnes âgées
L’angoisse due à la crise sanitaire est apparue amplifiée par les médias.
« Tous ces morts qu’on nous annonçait tous les jours, c’était une horreur pour moi. Alors, allumer la télévision pour entendre ça… […] Ça me mettait mal à l’aise, vraiment […] Je crois que ça amplifiait un peu mon mal- être» (Maria G, 88 ans).
De plus, parmi les personnes interrogées qui perçoivent un changement de regard négatif de la société (52%) sur la vieillesse, 44% d’entre elles sont en désaccord avec la façon dont on parle des personnes âgées dans les médias : selon elles, les médias véhiculeraient une image négative des personnes âgées.
7. Des retraités qui se sont trouvés parfois plus déstabilisés par le déconfinement que par le confinement
Pour les personnes interrogées, la sortie du confinement n’est pas simple à vivre, voire est parfois même plus difficile à gérer que le confinement en lui-même comme l’exprime cette personne : « Ce déconfinement, je le vis moyennement bien […] » (Martine D, 67 ans).
En effet, malgré une liberté retrouvée officiellement, dans les faits, les déplacements et les activités restent limités. De plus, le déconfinement est source de stress et d’angoisse pour plusieurs personnes interrogées.
Alors que le confinement a été difficile à vivre à cause de l’enfermement et de la diminution des relations sociales, le déconfinement relance le stress lié à la contamination par le Coronavirus et à la situation écono- mique.
« C’est plutôt maintenant que je serais moins bien […] Parce qu’il faut faire attention partout, le masque, tout ça » (Catherine.D, 81 ans).
« Je le vis pas bien, j’ai une boule, crainte de tellement de choses […] Je le vis mal cette époque » (Louise L, 86 ans).
A ce sentiment d’angoisse, le déconfinement s’accompagne d’une difficulté supplémentaire : l’arrêt plus ou moins brutal des aides mises en place et l’impossibilité de reprendre les activités que chacun avait avant le confinement.
Télécharger le rapport complet de l’enquête Confidences 1 à suivre
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Lancement d’une 2
ndeenquête pour évaluer les conséquences du confinement et de la crise sanitaire de manière durable dans la vie quotidienne des personnes âgées
Au regard des résultats probants de cette première phase d’enquête et de la période de crise sanitaire qui perdure, Gérond’if a décidé de prolonger cette enquête. La seconde phase de l’enquête Confidences permet- tra ainsi d’observer les conséquences du confinement et de la crise sanitaire dans la vie quotidienne des per- sonnes âgées et les modifications éventuellement durables de leurs modes de vie. Cette nouvelle enquête étudiera également le vécu du deuxième confinement.
Cette seconde phase de l’enquête comprend une méthodologie similaire à la première phase (entretiens et questionnaire). La partie quantitative de cette enquête est réalisée en partenariat avec l’Université de Paris. Les résultats sont attendus pour juin 2021. Lien vers l’enquête : https://fr.surveymonkey.com/r/
KT73CBV
33 rue du Fer à Moulin 75005 PARIS - Tél. : 01 85 78 10 10 - contact@gerondif.org - www.gerondif.org Doriane Saudubray
Chargée de communica�on doriane.saudubray@gerondif.org Anne-Bérénice Simzac
Chef de projet et de recherche - Docteur en science poli�que anne-berenice.simzac@gerondif.org
Caroline Baclet-Roussel
Chef de projet et de recherche - Docteur en psychologie caroline.baclet-roussel@gerondif.org
Contacts presse
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