Performances économiques des fermes laitières du secteur organisé en Tunisie
Cyrine Darej, Naceur M’hamdi, Nizar Moujahed, Chedly Kayouli
Laboratoire des Ressources Génétiques, Animales et Alimentaires, Institut National Agronomique de Tunisie .43 Av. Ch. Nicolle, 1082 Tunis, Tunisie.
Abstract
Economic performance of dairy cattle was studied in five dairy public farms cattle in Tunisia (two agro-industrial complexes:
AIC, three Cooperative units of agricultural production: CUAP) during the period from 1997 to 2007. The feeding systems were determinate from combinations of different rations along the year. Four different types rations were defined (distributed during at least a whole month) according the roughages used in ration (R1: Concentrate (CC) + hay (FS) + Silage (E); R2: CC+FS+E+V ; R3: CC+F+E+
sugar beet pulp (PB); R4: CC+FS+E+V+PB). The main aim of this was to define and evaluate the effect of feeding systems on the economic indicators of milk production. The average production cost of a liter of milk (CPL) was estimate at 0.404 TND. Feed costs represented an average 55.4% of total costs (CA / CT). The largest part of this fraction is reserved to concentrates (34.5% of totals costs).
The comparison of economic indicators for different feeding systems, showed that feeding systems used in the AIC (S2 (R1 and R2), S5 (R2 + R 3 + R 4) and S6 (R 2 + R4)) induce the high production costs (P <0.05, respectively, 0.460, 0.443 and 0.429 DT) compared to system S1, based only on CC, FS and E (0.332 DT). The lowest CPL (0.278 DT) is register by combining two rations S7 (R3 and R4) based CC, FS, E and PB (R3) or associated to V (R4).
Kweywords: dairy cattle, feeding system, economic performance, milk production, public farm
Résumé
La rentabilité de l’élevage bovin laitier dans les conditions tunisiennes a été étudiée dans cinq exploitations laitières du secteur organisé (deux complexes agro-industriel: CAI et trois Unités Coopératives de Productions Agricoles UCPA) au cours de la période de 1997 à 2007. Les systèmes alimentaires sont définis à partir de combinaisons de rations durant l’année. Quatre rations ont été définies en fonction des fourrages utilisés dans les rations de base : R1: Concentré CC + Fourrages secs FS + Ensilage E; R2: CC+FS+E+Verdure V;
R3: CC+FS+E+Pulpes de betteraves PB et R4: CC+FS+E+V+PB. L’effet de système d’alimentation sur les indicateurs économiques de la production du lait a été défini et évalué. Les résultats ont montré un coût de production moyen d’un litre de lait de l’ordre de 0,404 DT. Le ratio charges alimentaires par rapport aux charges totales (CA/CT) moyen s’élève à 55, 4% dont la plus grande partie est réservée aux concentrés qui représentent en moyenne 34,5% des charges totales. La comparaison des indicateurs économiques montre que les systèmes alimentaires utilisées dans les CAI (S2 (R1 et R2), S5 (R2+ R 3+ R 4) et S6 (R 2+ R4) semblent induire les coûts de productions les plus élevées (P<0,05 ; respectivement 0,460, 0,443 et 0,429 DT) par rapport au système S1, basé uniquement sur les CC, les FS et les E (0,332 DT). Le coût de production le plus faible (0,278 DT) est enregistré par S7 qui combine deux rations (R3 et R4) à base de CC, de FS, d’E et de PB (R3) ou associée à la V (R4).
Mots-clés : performance économique, production laitière, Système d’alimentation, secteur organisé, bovin lait
1. Introduction
La filière lait en Tunisie a connue de profondes transformations au cours de la dernière décennie sous l’effet conjugué de la libéralisation des économies et de la globalisation des échanges. En effet, le gouvernement s’est orienté vers l’amélioration de la qualité au niveau de la production et de la collecte pour un produit plus compétitif. Le système de production de lait de vache dans le contexte tunisien, bien que présentant des éléments d’intégration entre l’agriculture et l’élevage, n’est que trop dépendant de l’utilisation de l’aliment concentré [1]. La maîtrise des coûts de production demeure un enjeu important et un paramètre clé pour analyser les différences de compétitivité entre exploitations, entre régions et entre pays. En Tunisie, la production laitière constitue l’une des principales composantes de la production agricole avec 9.2% de la valeur totale de la
production agricole[2]. Le secteur lait participe pour environ 26% de la valeur de la production animale et emploie plus de 32% de l’ensemble des agriculteurs, et de 68% des ouvriers salariés permanents dans le secteur agricole [3].Les troupeaux des vaches laitières en Tunisie comptent, d’après la Direction Générale des Etudes et de Développement Agricole DGEDA[4], en 2010 près de 440000 femelles (223 000 de race pure et 217 000 de races locales et de type croisé). Il est à signaler que le secteur organisé (exploitations étatiques et semi étatiques) détient 86% du troupeau de race pure et réalise environ 82% de l’ensemble de la production laitière.
Cependant, bien que ce secteur constitue une source de revenu importante pour les éleveurs tunisiens, sa rentabilité au cours des dernières années est de plus en plus discutée [5].Toutefois, la conduite alimentaire reste un facteur limitant aussi bien pour la production laitière [6] que pour la reproduction[7], et constitue le poste de dépense principal au niveau de la rentabilité de l’élevage bovin laitier. La rentabilité de l’élevage laitier est étroitement liée, notamment, à la maitrise du coût
Nature & Technology
Soumis le : 29/06/2014
Forme révisée acceptée le : 25/10/2016
Auteur correspondant : cyrine.darej@gmail.com
alimentaire du kilogramme de lait et à l’expression d potentiel génétique [8]. La présente étude se propose d’analyser les variations éventuelles du coût de production du kg de lait en rapport avec les systèmes d’élevage, notamment d’alimentation, dans les régions du Nord.
2. Matériel et méthodes 2.1. La zone d’étude
La présente étude s’est déroulée dans trois régions du nord de la Tunisie (Bousalem, Beja et Mateur). Ces régions présentent une prédominance traditionnelle de l’élevage bovin laitier vue qu’elles sont caractérisées par un climat humide, une pluviométrie supérieure à 400 mm et un sol fertile, permettant une disponibilité fourragère assez importante. En Tunisie, 70% des éleveurs détiennent entre 1 et 3 unités femelles. Cependant, cette analyse a concerné cinq exploitations bovines laitières uniquement du sec
représentant le système d’élevage intensif en Tunisie (fig.1).
Fig. 1. Zone de l’étude
Tableau 2 : Nature des données collectées Type de données
Les éléments de structure de chaque exploitation
La production laitière
Données économiques
2.3. Identification et définition des types de rations Les rations utilisées pour l’alimentation de la vache laitière ont été définies sur la base de la combinaison des ingrédients utilisés : les fourrages secs (FS); les concentrés (CC); les verdures (V) composées essentiellement de verdu printemps (Bersim, Ray gras et Avoine) et de la verdure d’été (Luzerne, Maïs et Sorgho), et la pulpe de betteraves (PB).
Ainsi 4 rations ont été identifiées :
alimentaire du kilogramme de lait et à l’expression du La présente étude se propose d’analyser les variations éventuelles du coût de production du kg de lait en rapport avec les systèmes d’élevage, notamment
La présente étude s’est déroulée dans trois régions du nord de la Tunisie (Bousalem, Beja et Mateur). Ces régions présentent une prédominance traditionnelle de l’élevage bovin laitier vue qu’elles sont caractérisées par un climat humide, upérieure à 400 mm et un sol fertile, permettant une disponibilité fourragère assez importante. En Tunisie, 70% des éleveurs détiennent entre 1 et 3 unités femelles. Cependant, cette analyse a concerné cinq exploitations bovines laitières uniquement du secteur organisé, représentant le système d’élevage intensif en Tunisie (fig.1).
Les fermes ont été choisies sur la base de la stabilité de l’activité de la production laitière et de la disponibilité des données relatives au fonctionnement des ateliers laitiers au cours de dix campagnes agricoles successives de 1997 à 2007.
Les données générales concernant les exploitations sont présentées dans le tableau 1.
Tableau 1 : Présentation des exploitations agricoles étudiées Catégories Ferme Localisation
CAI Badrouna Bou Salem CAI Ghezela Mateur UCPA Gnedil Béja UCPA Montassar Béja UCPA El Kodya Mateur
2.2. Enquête et collecte des données
La présente étude a été conduite sur la base d’un travail de terrain approfondi mené sur une durée de dix ans entre 1997 et 2007. La méthodologie
auprès des cinq fermes laitières. Les données ont été collectées à partir de la documentation de gestion disponible au bureau de gestion technique de chaque élevage. La nature des données collectées est résumée dans le tableau 2.
Paramètres
Statut de l’exploitation
Délégation, Gouvernorat
Les superficies (SAT, SAU, SAI)
Les occupations du sol (Cultures fourragères, céréales, arboriculture, maraîchage, etc.)
Production laitière par vache présente (PLVP)
Production laitière par vache en lactation (PLVL)
Effectifs de vaches présentes (VP)
Effectif de vaches en lactation (VL)
Effectif des veaux
Effectif des taurillons
Effectif des génisses
Coût de production d’un kilogramme de lait
Charges directes (charges variables d’alimentation, et de structure)
Charge indirectes (direction et administration, travaux …)
Charges de commercialisation (transport du lait frais des convoyeurs..)
Produit principal
Produits secondaires (veaux et velles)
Sous-produits (vache réformées, fumier) des types de rations
Les rations utilisées pour l’alimentation de la vache laitière ont été définies sur la base de la combinaison des ingrédients : les fourrages secs (FS); les concentrés (CC); les verdures (V) composées essentiellement de verdure de printemps (Bersim, Ray gras et Avoine) et de la verdure d’été (Luzerne, Maïs et Sorgho), et la pulpe de betteraves (PB).
R1: FS+E+CC
R2: FS+E+V+CC
R3: FS+E +PB+CC
R4: FS+E +V+PB+CC Les quantités d’aliment ingérées chaque ration sont représentées
systèmes d’alimentation ont été définis sur la base de la combinaison de ces types d’alimentation tout au long d’une année, avec une durée minimale d’utilisation
ration de 1 mois.
Les fermes ont été choisies sur la base de la stabilité de l’activité de la production laitière et de la disponibilité des onnement des ateliers laitiers au cours de dix campagnes agricoles successives de 1997 à 2007.
Les données générales concernant les exploitations sont
Présentation des exploitations agricoles étudiées Précipitations
(mm/an) Superficie Effectif 597 1 723 ha 498 766 5 572 ha 999
684 827 ha 89
684 759 ha 89
766 778 ha 136
collecte des données
La présente étude a été conduite sur la base d’un travail de terrain approfondi mené sur une durée de dix ans entre 1997 et 2007. La méthodologie consistée à des enquêtes auprès des cinq fermes laitières. Les données ont été collectées à partir de la documentation de gestion disponible au bureau de gestion technique de chaque élevage. La nature des données collectées est résumée dans le tableau 2.
sol (Cultures fourragères, céréales, arboriculture, maraîchage, etc.)
Charges directes (charges variables d’alimentation, et de structure) administration, travaux …)
Charges de commercialisation (transport du lait frais des convoyeurs..)
ingérées et la valeur alimentaire pour représentées dans le tableau 3. Les systèmes d’alimentation ont été définis sur la base de la combinaison de ces types d’alimentation tout au long d’une année, avec une durée minimale d’utilisation pour chaque
Tableau 3: Caractéristiques des rations
R1 R2 R3 R4
Ingestion Moyenne (kg MS)
Fourrages secs 1,416 1,416 0,885 1,416
Ensilage 1,84 1,748 2,415 5,52
Verdure 0,396 0,44
Pulpe de betterave 0,99 0,462
Concentre 9,768 7,104 7,992 7,548
Valeur alimentaire
UFL 13,4 11,6 11,8 14,2
PDIN, g 1456 1209 1297 1440
PDIE, g 1457 1185 1282 1398
2.4. Calculs des indicateurs de performance économique Le coût de production d’un kilogramme de lait (CPL) est calculé selon la méthode de Chombart de Lauwe et al. [9].
Dans cette méthode, et pour un niveau de production donné (NP), la valeur des sous-produits (VSP: veaux et fumier) doit être soustraite des charges totales (CT):
= ( − )/ (1)
Pour calculer le CT, nous avons considéré l’ensemble des charges alimentaires (CC et CF, respectivement pour les charges du concentré et du fourrage destinée soit à l’affouragement en vert ou conservé sous forme de foin ou ensilage. Les CC et CF sont relatifs aux aliments achetés et à ceux produits au niveau de l’exploitation. Concernant les CF elles sont relatives à la culture et au conditionnement dans le cas de conservation.
=∑( é )
∑( é ) *100 (2)
=∑( é é)
∑( é ) *100 (3)
=∑( é é)
∑( é )*100 (4)
2.5. Analyses statistiques
Les analyses statistiques ont été réalisées avec le logiciel SAS (Version 9.13) [10]. Pour toutes les données concernant les effets du système de production (i= 1 à 2), l’année (j = 1 à 10) et le système d’alimentation (k= 1 à 7) sur les indicateurs économiques étudiés (CPL, CA/CT, CC/CT, CC/CA et CPL), des analyses de la variance ANOVA (Procédure GLM) ont été conduites. Les moyennes ajustées au modèle (LSMEANS) ont été calculées pour chaque statut, chaque année et pour chaque système d’alimentation. Le test SNK et le test T ont été utilisés pour la comparaison multiple des moyennes et la comparaison entre deux moyennes, respectivement. Le modèle utilisé est de la forme :
= μ + + + + (5) avec:
µ : Moyenne générale
TGi : Effet de type de gestion (i= 1 à 2) ANj : Effet année (j= 1997 à 2007)
Sk : Effet système d’alimentation (k = 1 à 7) eijk : Erreur résiduelle
3. Résultats et discussions:
3.1. Indicateurs économiques
Les résultats concernant les indicateurs économiques moyens de la rentabilité de l’élevage laitier sont présentés dans le tableau 4. Les résultats de la présente étude montrent un coût de production moyen d’un kilogramme de lait(CPL) de l’ordre de 0.404 DT/litre. Il est nettement supérieur au CPL moyen au niveau national (0.365 DT) trouvé pour la même période, par MARH [2] et à celui (0.339) DT/litre trouvé par Rejeb-Gharbi et al. [1]. La fraction de la charge du concentré par rapport aux charges totales (CC/CT) est de 34.5%.
Tableau 4: Indicateurs économiques
Paramètres Moyenne
CC/CT 34,56 (7,1)
CA/CT 55,43 (5,4)
CC/CA 62,54 (12,17)
CPL (DT) 0,404 (0,103)
DT : dinar Tunisien = 0.51 euro ; CA : charge d’alimentation ; CT : charge totale ; CC/CA : concentré/charge alimentation; CC/CT: concentré/charge totale ; CA/CT:
charge alimentation/charge totale ; CPL: coût de production d’un litre de lait en DT
Ce résultat rejoint celui de Rejeb-Gharbi et al. [1] qui ont trouvé un rapport CC/CT variant de 25.6 à 42% dans les régions de l’Ariana et Mahdia. Le ratio charges alimentaires par rapport aux charges totales (CA/CT) est en moyenne de 55.4%, ce rapport est considérablement inférieur à ceux avancés par Sraïri et Lyoubi [11] au Maroc et par Rejeb- Gharbi et al. [1] en Tunisie, qui sont respectivement 81 et 72%. Il est à signaler que dans cette étude, les exploitations font partis du secteur organisé et présentent un CA/CT relativement faible ; qui peut être expliqué par le caractère relativement social (forte charge de main d’œuvre), avec un encadrement technique de bon niveau [12]. Cependant, la fraction de la charge du concentré par rapport aux charges d’alimentation (CC/CA) moyenne est de 62.54% ce qui est plein accord avec les résultats de Sraïri et al. [13] qui ont trouvé un rapport moyen de l’ordre de 66.8%, mais nettement supérieur à celui avancé par Rejeb-Gharbi et al. [1] qui varie de 35.6 à 53%. D’autre part, les variations des indicateurs par rapport aux valeurs avancées par la bibliographie traduisent certainement des différences au niveau des systèmes de production. En effet, dans les conditions tunisiennes, les travaux de Rejeb-Gharbi et al. [1] ont porté sur les régions d’Ariana et Mahdia, notamment dans le cas des exploitations intégrées et semi-intégrées chez des exploitants privés.
Cependant, ces fermes présentent souvent un caractère familial
et sont caractérisées par une défaillance au niveau de la gestion et de la conduite alimentaire. D’où un taux conséquent de concentrés dans la ration, ce qui explique l’importante valeur du rapport CC/CA.
3.2. Effet type de gestion sur les indicateurs économiques
L’effet du type de gestion sur les indicateurs économiques est présenté dans le tableau 5.
Tableau 5. Indicateurs économiques par type de gestion
Ferme CC/CT
(%)
CA/CT (%)
CAI 31,49b 55,43 a
UCPA 41,72 a 55,42 a
abcd
: des lettres différentes sur la même colonne indiquant des valeurs différentes.
CAI : complexes agro-industriel ;
UCPA : Unités Coopératives de Productions Agricoles ; DT : dinar Tunisien = 0.51 euro;
CA : charge d’alimentation ; CT : charge totale ; CC/CA : concentré/charge alimentation ; CC/CT : concentré/charge totale;
CA/CT: charge alimentation/charge totale;
CPL: coût de production d’un litre de lait en DT.
La fraction CA/CT est similaire au niveau des deux systèmes de production (55.43% et 55.42% et avec un écart type de 5 et 4.9) respectivement pour les CAI et UCPA). En revanche, les CAI enregistrent les CC/CA et CC/CT significativement les plus réduits (P<0.05) respectivement 57
Le CPL est significativement (P<0.01) plus important au niveau des CAI (0.450 DT) qu’au niveau d
DT). Un CPL élevé (0.450 DT) associé à un CC/CT et un CC/CA significativement plus faibles (P<0
respectivement 31.49 et 57.08% pour un même CA/CT (55.43%) indique que les charges imputées aux fourrages sont assez élevées au niveau des CAI. La production laitière par vache en lactation au niveau des UCPA reste plus importante (6015litres/an) par rapport au CAI (5593 litres/an).
charges imputées aux fourrages sont directement liées aux charges associées à la main d’œuvre ce qui affirme la vocation sociale plus accentuée au sein des CAI qu’au niveau des UCPA (Tableau 5).
Les évolutions de CC/CA, CC/CT et CA/CT au niveau des CAI et UCPA sont illustrées dans le tableau 6. Les rapports CC/CA et CC/CT évoluent de manière similaire. Durant la campagne 1997-1998, les rapports CC/CA et CC/CT sont similaires (respectivement 65% et 36%) au niveau des deux types de gestion. A partir de la campagne 1998
des UCPA, la charge du concentré que ce soit par rapport aux charges d’alimentation ou par rapport à la charge totale augmente sensiblement alors qu’au niveau des CAI, le rapport CC/CT enregistre une chute entre 1997 et 2000 et se stabilise ensuite entre 30% et 35%. L’office des terres domaniales (OTD) dispose de ses propres unités de production d’aliments concentrés dont la totalité de la production est destinée uniquement à l’alimentation du cheptel des différents CAI.
Ainsi les prix d’acquisition de l’aliment co
des CAI restent relativement faibles par rapport à ceux des UCPA. A partir de 1998-1999, au niveau des UCPA, le et sont caractérisées par une défaillance au niveau de la gestion taux conséquent de concentrés dans la ration, ce qui explique l’importante valeur
Effet type de gestion sur les indicateurs
L’effet du type de gestion sur les indicateurs économiques
Tableau 5. Indicateurs économiques par type de gestion CC/CA
(%)
CPL (DT) 57,08 b 0,450 a 75,28 a 0,322 b nt des valeurs statistiquement
La fraction CA/CT est similaire au niveau des deux systèmes 42% et avec un écart type de 5.67 vement pour les CAI et UCPA). En revanche, les CAI enregistrent les CC/CA et CC/CT significativement 05) respectivement 57.08% et 31.49%.
01) plus important au 450 DT) qu’au niveau des UCPA (0.322 450 DT) associé à un CC/CT et un CC/CA significativement plus faibles (P<0.05) avec 08% pour un même CA/CT 43%) indique que les charges imputées aux fourrages sont es CAI. La production laitière par vache en lactation au niveau des UCPA reste plus importante (6015litres/an) par rapport au CAI (5593 litres/an). Les directement liées aux charges associées à la main d’œuvre ce qui affirme la vocation sociale plus accentuée au sein des CAI qu’au niveau des
Les évolutions de CC/CA, CC/CT et CA/CT au niveau des au 6. Les rapports CC/CA et CC/CT évoluent de manière similaire. Durant la 98, les rapports CC/CA et CC/CT sont et 36%) au niveau des deux 98-1999 au niveau , la charge du concentré que ce soit par rapport aux charges d’alimentation ou par rapport à la charge totale augmente sensiblement alors qu’au niveau des CAI, le rapport CC/CT enregistre une chute entre 1997 et 2000 et se stabilise
’office des terres domaniales (OTD) dispose de ses propres unités de production d’aliments concentrés dont la totalité de la production est destinée uniquement à l’alimentation du cheptel des différents CAI.
les prix d’acquisition de l’aliment concentré au niveau des CAI restent relativement faibles par rapport à ceux des 99, au niveau des UCPA, le
rapport CC/CA augmente pour atteindre 80
années 2000 jusqu’en 2002 ensuite se stabilise à 75% à partir de 2003. En revanche au niveau des CAI, ce rapport chute à partir de 1998 et se stabilise à 55
deux types de gestions, le rapport CA/CT est pratique constant et varie entre 50% et 60%.
type de gestion est représenté dans la figure 2.
Fig. 2. Evolution du coût de production d’un litre de lait selon le type de gestion
Au niveau des CAI le coût de production reste pratiquement constant durant la période allant de 1997 à 2007 avec une valeur qui varie entre 0.400 et
niveau des UCPA le coût de production reste faible par rapport au CAI mais il n’a cessé d’augmenter avec un taux de 125%
entre 1997 et 2000 et de 32% entre 2000 et 2007 pour atteindre une valeur maximale de 0
est due essentiellement à la forte dépendance des UCPA aux variations du coût de l’aliment concentré.
Tableau 6. Indicateurs économiques par type de gestion et durant la période 1997- 2007
CAI
CC/CT CA/CT CC/CA 1997-1998 36.75 58.03 64 1998-1999 31.01 54.41 57 1999-2000 29.11 52.66 55 2000-2001 31.98 57.02 56 2001-2002 30.73 56.61 55 2002-2003 28.63 50.6 56 2003-2004 32.32 56.09 57 2004-2005 30.84 56.06 55 2005-2006 30.93 55.89 55 2006-2007 32.1 56.39 57
3.3. Evolution des indicateurs économiques durant la période 1997- 2007
L’évolution des indicateurs économiques par campagne est illustrée dans le tableau 7. L’examen de l’évolution des indicateurs économiques montre que le rapport CC/CT le plus important (36.9%) est enregistré durant les campagnes 2003 2004. Alors que le rapport le plus faible (31.
enregistré durant la campagne 1999
rapport CC/CA augmente pour atteindre 80% durant les années 2000 jusqu’en 2002 ensuite se stabilise à 75% à partir revanche au niveau des CAI, ce rapport chute à partir de 1998 et se stabilise à 55%. Néanmoins, au niveau des deux types de gestions, le rapport CA/CT est pratiquement et 60%. Le CPL par rapport au é dans la figure 2.
Fig. 2. Evolution du coût de production d’un litre de lait selon le type de gestion
Au niveau des CAI le coût de production reste pratiquement constant durant la période allant de 1997 à 2007 avec une 400 et 0.500 DT. En revanche au niveau des UCPA le coût de production reste faible par rapport au CAI mais il n’a cessé d’augmenter avec un taux de 125%
entre 1997 et 2000 et de 32% entre 2000 et 2007 pour atteindre une valeur maximale de 0.384 DT. Cette évolution est due essentiellement à la forte dépendance des UCPA aux variations du coût de l’aliment concentré.
Tableau 6. Indicateurs économiques par type de gestion et durant la
UCPA CC/CA CC/CT CA/CT CC/CA
64.29 35.54 54.61 65.08 57.03 35.28 49.77 70.9 55.52 36.74 51.38 71.92 56.24 41.23 52.28 78.87 55.2 42.74 53.4 79.88 56.14 41 54.27 75.39 57.95 43.88 58.59 74.93 55.46 46.98 60.96 77.14 55.6 41.37 54.78 75.51 57.03 43.02 57.46 74.97 Evolution des indicateurs économiques durant la
L’évolution des indicateurs économiques par campagne est illustrée dans le tableau 7. L’examen de l’évolution des indicateurs économiques montre que le rapport CC/CT le plus 9%) est enregistré durant les campagnes 2003-
e rapport le plus faible (31.65%) est enregistré durant la campagne 1999-2000.
Tableau 7 : Evolution des indicateurs économiques durant la période 1997- 2007
Campagne CC/CT (%) CA/CT (%) CC/CA (%) CPL(DT)
1997-1998 36,6 57,5 64,4 0,341
1998-1999 31,7 53,6 59,3 0,323
1999-2000 31,7 52,2 61 0,385
2000-2001 34,2 55,7 61,4 0,403
2001-2002 32,2 55,7 57,8 0,412
2002-2003 35,6 51,6 68,9 0,442
2003-2004 36,9 56,8 64,9 0,429
2004-2005 34,9 57,9 60,2 0,439
2005-2006 34,8 55,5 63,07 0,426
2006-2007 36,2 56,8 63,8 0,433
Ces fluctuations sont certainement liées aux variations des conditions climatiques. En effet, les inondations sévit en 2003 ont entrainées un déficit au niveau de la production des fourrages compensé par une utilisation massive de l’aliment concentré. Les charges alimentaires les plus importantes (57.9%) sont enregistrées durant la campagne 2004-2005 alors que la valeur la plus faible (51.65%) est enregistrée durant la campagne 2002-2003.
L’évolution du CPL est représentée dans la figure 3.
Fig. 3. Evolution des coûts de production d’un litre de lait dans la présente étude (CPL) et au niveau national (CPLN)
Le CPL chute entre 1997 et 1999 puis augmente progressivement avec un taux d’accroissement de 34% et une valeur maximale (0.442 DT) enregistrée durant la campagne 2002-2003. Ce CPL est relativement supérieur à la moyenne nationale avancée par l’OEP [14] (0.365 DT), et à la valeur enregistrée par Rejeb-Gharbi et al. [1] pour la même année (0.341 DT). En effet, les fermes du secteur organisé sont caractérisées par une vocation sociale. Les charges relatives à l’encadrement et administration alourdissent le coût de production du lait.
3.4. Effet des Systèmes alimentaires sur les indicateurs économiques
L’Effet du système d’alimentation sur les indicateurs économiques est représenté dans le tableau 8. Les trois systèmes S2 (R1 et R2), S5 (R2+R3+R4) et S6 (R2+R4) induisent les coûts de production les plus élevés (P<0.05 ; respectivement 0.460, 0.443 et 0.429 DT/kg de lait) par rapport au système S1, basé uniquement sur les FS, les E et les CC, (0.332 DT). Cette tendance pourrait être expliquée par le fait que ces systèmes sont exclusivement utilisés dans le cas
des CAI, où les structures de gestion sont plus importantes et bénéficient d’un meilleur encadrement technique, ce qui pourrait engendrer des charges plus élevées que dans le cas des UCPA. D’ailleurs le rapport CA/CT est plus faible (P < 0.05) au niveau des systèmes S2, S5 et S6 (en moyenne 49.9%) par rapport au système S1 (59%). Ceci semble indiquer une meilleure maîtrise de l’alimentation. La fraction CC/CA la plus importante est enregistrée au niveau du système S1
(78.2%), basé uniquement sur CC, FS et E durant toute l’année : le concentré n’est pas utilisé de façon rationnelle, ce qui alourdit les charges alimentaires à plus de 55% des charges alimentaires totales [15]. L’incorporation massive de concentrés dans l’alimentation est souvent la conséquence de l’utilisation de fourrages grossiers de mauvaises qualité ou de ration de base déséquilibrées.
Tableau 8. Effet du système d’alimentation sur les indicateurs économiques
Système CC/CT (%)*
CA/CT (%)*
CC/CA
(%) CPL(DT) PLVL S1 46.1a 59a 78.2a 0.332ab 5 458.4c S2 34.1b 53.9ab 62.7bc 0.429a 5 523c S3 40.6ab 52.8ab 76.7a 0.322ab 5 996.7b S4 36.3b 52.5ab 69.6ab 0.288b 6 727.9a S5 22.1c 42.7b 51.8c 0.465a 4 979.5d S6 31.9b 53.3ab 60.1bc 0.443a 5 515.9c S7 35.3b 49.8ab 70.9ab 0.278b 5 787.1bc S1: R1; S2: R 2; S3: R 1+ R 2; S4: R1+ R 2+ R 3; S5: R1+ R 2+ R 3+ R 4; S4:
R 1+ R 3+ R 4; S5: R2+ R 3+ R 4; S6: R 2+ R4; S7: R3+ R 4
D’après Sraïri [16], au niveau des fermes à forte charges animales à l’hectare (exploitations étatiques) et surtout dans les saisons défavorables, la carence des fourrages de bonne qualité devient chronique entrainant ainsi une forte incorporation d’aliment concentré qui servirait plus pour couvrir les besoins d’entretien des vaches plutôt que de compléments; cette situation est classiquement observée dans le Sud méditerranéen [10]. Le coût de production le plus faible a été constaté dans le cas de S7 (0.278 DT), qui combine deux rations (R3 et R4) à base de CC, FS, E et PB (R3) ou associée à la V (R4). Ce système présente aussi des rapports CC/CT et CA/CT assez faibles (35.5 et 49.8%). Ceci pourrait être expliqué probablement par l’amélioration de la qualité et de l’état d’équilibre de la ration de base suite à l’intégration de la verdure. De plus, l’utilisation de la verdure produite sur l’exploitation la rend moins sensible aux variations du prix du concentré [1]. D’après les résultats avancés par Darej et al. [6], pour ce même système alimentaire, l’utilisation de verdure ou de la pulpe de betterave toute l’année permet également de garder un bon niveau du rapport lait/concentré (2.02).
Comparé au pays du Maghreb, le rapport CA/CT est semblable à celui avancé en Algérie (55.1%) par Ghozlane et al. [15] et au Maroc (75%) par Sraïri et Lyoubi [11]. Ce rapport reste largement supérieur à celui avancé en zone tempérée (50%) par Wolter[17]. L’importance des charges liées à l’alimentation du cheptel témoigne de l’importance des pratiques alimentaires, d’une part sur les résultats économiques globaux mais aussi par rapport à la stratégie générale d’élevage adoptée par les gestionnaires d’étables [16].
0,2 0,25 0,3 0,35 0,4 0,45
0,5DT
Année
CPLN CPL
4. Conclusion
L’objectif principal de ce travail consistait en l’analyse des performances économiques des systèmes de production d’entreprises laitières. Pour ce faire, une enquête a été réalisée dans cinq fermes laitières de secteur organisé. On peut donc conclure en mentionnant qu’à partir des données collectées du présent travail que l’utilisation de la pulpe de betterave (S7) semble réduire le coût de production. Egalement, l’utilisation de la verdure associée à la pulpe de betterave améliore la qualité et l’état d’équilibre de la ration de base engendrant ainsi une bonne production. De plus, l’utilisation de la verdure produite sur l’exploitation dans la ration minimise le coût de production et réduit la dépendance aux variations du prix du concentré. Finalement, quel que soit le système d’alimentation, la production de lait reste assurée à «coût élevé de concentré» Ce ne sont pas les moyennes qui sont pertinentes à des fins d’analyse, mais plutôt l’existence d’une grande disparité à l’intérieur des régions et entre les régions.
Cette disparité présente à l’échelle de la Tunisie peut entraîner potentiellement des écarts au niveau des performances des fermes laitières. De manière générale, le coût de production du lait reste tributaire des pratiques de l’alimentation mais aussi des systèmes de gestion.
Références
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