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LE REMPART AUGUSTÉO-TIBÉRIEN DE NÎMES sur la colline de Montaury Étape 8* de la visite du rempart

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sur la colline de Montaury Étape 8* de la visite du rempart

Ecrit en collaboration avec

Richard Pellé- INRAP (Institut National de Recherche Archéologique Préventive)

Trois tours sont actuellement visibles entre l’immeuble de la Croix-Rouge (préventorium) et la route de Sauve : la tour 2 du préventorium fouillée en 2014, la tour Peysson 1 fouillée en 2015 et la tour Peysson 2 fouillée de 2016 à 2019.

ill. 1. Plan du rempart sur la pente nord de la colline Montaury (L’enceinte gallo-romaine de Nîmes, Fig24 - P. Varène – CNRS)

*

Il s’agit d’une version conforme aux découvertes de 2018.

ill. 2. Tour Peysson 2. (Fouilles 2016 INRAP - Photo Vivrenîmes)

ill. 3. Tour Peysson 1. (Fouilles 2015 INRAP - Photo J. Vinson-Fournier)

ill. 4. Restitution avec tuiles de la tour 2 du préventorium. (L’enceinte gallo-romaine de Nîmes, Fig. 73 - P. Varène - CNRS)

ill. 5. Maquette de la tour 2 du

préventorium. (Musée archéologique de Nîmes)

ill. 6. Restitution de la tour Bénédittini (La trappe d’accès à la plateforme de tir n’a pas été représentée). Fig. 74 P. Varène (CNRS).

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I - LA TOUR BARLONGUE ET SA POTERNE

(Fouilles 2014)

Au cours de l’été 2014, la première campagne de fouilles au nord de la colline Montaury a débuté sous la direction de l’archéologue Richard Pellé (INRAP). La tour 2 du préventorium et les fondations du rempart ont été dégagées sur une quarantaine de mètres (ill. 11) sur un terrain appartenant au département.

La tour 2 du préventorium, de forme barlongue, qui n’était pas visible jusqu’alors, a été mise au jour sur environ un quart de sa longueur et sur une hauteur d’un mètre cinquante (ill. 7et8). Cela nous permet d’apprécier la qualité du travail des tailleurs de pierre de l’époque dont les moellons épousent l’arrondi de la tour. Elle était restituée jusqu'à présent avec une couverture en tuiles. On sait

aujourd’hui que la toiture était plate car aucun fragment de tuile romaine n’a été trouvé aux abords (ill. 4 - 5 Patrimoine 30 - n°33 d’avril 2015 page 12).

ill. 7. Tour 2 du préventorium. (Fouilles 2014 –INRAP Photo M. Aubert)

ill. 8. Détails de la qualité de la taille des moellons donnant une surface intérieure arrondie. (Fouilles

2014 INRAP)

Découverte il y a de nombreuses années par P. Varène du CNRS, la base de la poterne est maintenant visible (ill. 9 et 10).

ill. 9. Tour 2 du préventorium : emprise au sol (Photo M. Aubert) ill. 10. Poterne. (Restitution de P. Varène – CNRS - Couleur J-F Dufaud)

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II – LA DÉCOUVERTE DE PIÈCES DE MONNAIE

En 2014, l’équipe de R. Pellé a également trouvé dans la tranchée de fondation de la tour, deux pièces de monnaie (un as et un demi-as de Nîmes) ainsi qu'une poterie d'importation italienne qui, à

première vue, dateraient le début de la construction de cette partie de l'enceinte aux environs de 5 apr. J.-C.

Cette découverte confirme la datation des remparts réalisée lors de la découverte de la tour Bertrand en 2010, sur la colline de Canteduc (Patrimoine30 - n°34 de décembre 2015 page 21- Etape 11- La tour Bertrand § Datation).

Ces informations ont été affinées en 2015, grâce à la découverte d’une monnaie, un Drusus, César de Tibère qui permet de situer la fin de la construction aux alentours de 23-25 après J.-C.

L’archéologue pense que les pièces trouvées en 2015, dans le pied de la fondation de la tour

barlongue, n’ont pas été égarées mais qu’il s’agirait plutôt d’un dépôt votif volontairement installé par un maçon ou un tailleur de pierre qui voulait ainsi s’attirer la bienveillance des divinités ou protéger son ouvrage.

En 2015, quatorze pièces de monnaie ont été découvertes à proximité de la tour Peysson 1 (ill. 3). Ces pièces permettent d’affirmer que les maçons et tailleurs de pierre étaient des hommes libres, des professionnels dûment rémunérés car les esclaves, hormis les domestiques, ne détenaient pas d’argent.

III – LA COURTINE

En 2014, les fondations du rempart ont été dégagées sur une quarantaine de mètres (ill. 11).

ill. 11. L’enceinte sur la colline de Montaury. (Fouilles 2014 – INRAP)

Sur cette partie de la courtine, on va pouvoir affiner la connaissance du procédé de construction.

Déjà, en plusieurs endroits de l’enceinte, Pierre Varène avait pu distinguer des strates horizontales sur

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la hauteur du blocage appelées lignes de banchées qui définissent des couches ou banchées. Chacune d’entre elles représente une journée de travail des maçons romains. L’avenir nous permettra

certainement de connaître la quantité linéaire réalisée pendant cette journée de travail et d’évaluer le nombre d’ouvriers affectés à la réalisation de chaque banchée. On les retrouve souvent en séquences de trois assises de moellons qui, avec leurs couches de mortier, représentent une hauteur moyenne de 39 centimètres (Pour plus de détails, voir : Patrimoine 30 - n°33 d’avril 2015 page 8 § 2).

L’analyse sur la longueur du rempart étudiée en 2014 et 2015, révèle trois portions bien marquées avec des différences significatives entre les techniques de construction et les matériaux utilisés, notamment les bétons. Cela suggère que le chantier était confié à plusieurs équipes différentes ou qu’il y a eu plusieurs étapes de construction.

IV – LA DÉCOUVERTE DE MOBILIER ARCHÉOLOGIQUE

(Fouilles 2015)

Une grande quantité de pots et de vases destinés principalement à contenir des liquides ont été découverts dans un état plus ou moins complet.

Une urne (ill. 12) qui aurait pu servir au conditionnement ou à la cuisson des aliments (comme une marmite) a pu être restaurée intégralement par Richard Pellé (ill. 13).

Elle se trouvait au pied de la Tour Peysson 1, en dépôt dans la tranchée de fondation. Elle contenait des matières périssables, certainement offertes pour obtenir la bienveillance des dieux.

ill. 13. Mobilier après restauration par l’archéologue.

ill. 12. L’urne au pied de la Tour Peysson 1 (Photo R. Pellé)

Selon R. Pellé : « Les analyses montrent clairement qu’il s’agit d’un dépôt votif. Ce vase a contenu deux liquides en grosse quantité alors qu’il s’agit d’une urne, récipient (marmite) plus spécifiquement

employé pour la cuisson ou le stockage d’aliments solides».

Les éléments identifiés sont du vin rouge et de l’huile de nigelle, nom savant du cumin noir. Cette plante est peu commune dans nos régions ; sa graine, comestible, est essentiellement utilisée comme produit médicinal, comme cosmétique ou comme assaisonnement. Cette huile sert principalement de remède aux multiples vertus (Pline, HN, livre XX, &182-183, mort en 79 près de Pompéi, lors de

l'éruption du Vésuve). Ce produit est assez précieux et nous ne doutons pas que ce vase très

quelconque, de surcroit en céramique locale commune, ait pu contenir cette huile avant son dépôt. Il est probable qu’un rituel de fondation a eu lieu alliant libations avec du vin rouge et offrandes d’huile ».

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V – LES RESTES D’UN MONUMENT

(Découverte 2016) À proximité de la tour Peysson 1, en 2016, ont

été trouvés de nombreux morceaux de calcaire oolithique, pierre blanche provenant des carrières du bois de Lens et semblable à celle utilisée pour la Maison Carrée. Il s’agit de

colonnes cannelées et de chapiteaux avec feuilles d’acanthes sculptées, consciencieusement

détruits sans doute au début du Moyen-Âge. Un temple ou un monument romain de la période augustéenne se trouvait certainement à proximité et probablement intra-muros.

Il reste à découvrir la raison de cette destruction

méticuleuse. INRAP - Rapport de fouille 2016 - Fig. 15

Fragments de chapiteau corinthien en calcaire oolithique

VI – LA TOUR À PÉDONCULE

(Fouilles 2015 - 2016)

La tour Peysson 1 se situe entre la tour 2 du préventorium et la tour Peysson 2, en direction de la route de Sauve. Les fouilles commencées en août 2015 ont permis de découvrir qu’elle était de forme pédonculée (ill. 3 et 14), comme les tours Bertrand et Bénédittini anciennement fouillées.

ill. 14.Vue aérienne du mur de courtine de la tour Peysson 1.

Photo du rapport de fouilles 2015 page 35 (R. Pellé)

Il subsistait, au pied nord de la tour Peysson 1, une butte, vestige des terrasses réalisées au Moyen-Âge ou à la période moderne : une ligne brune en conserve la trace sur le mur (ill. 19 à 22). L’arasement de cette butte, en 2016, a permis de retrouver six blocs en grand appareil, provenant de la tour et du mur de courtine.

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Ill 15. Au printemps 2010, sur la tour Peysson 1

Ill 16. Au printemps 2010, à droite, la tour Peysson 1

Ill 17. 14 octobre 2011, visite avec J-P Fournier, Maire de Nîmes (devant la tour Peysson 1)

Ill 19. Août 2015, pendant les fouilles au nord de la tour Peysson 1. Les aménagements des terrasses réalisées au Moyen Age ou à la période moderne (R. Pellé)

Ill 18. Juin 2015, la tour Peysson 1, après le débroussaillement précédant les fouilles

Ill 20. Septembre 2015, après les fouilles. Sur la courtine, les traces des terrasses réalisées au Moyen Age ou à la période moderne

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Ill 21 Les aménagements des terrasses réalisées au Moyen- Âge ou à la période moderne (R. Pellé)

Ill 22.Trois terrasses successives comportant des souches d’oliviers très anciennes (datant

vraisemblablement du Moyen-Âge) ont été mises au jour. À l’origine, elles ont pu être aménagées avec les gravats de destruction de la tour au haut Moyen-Âge (tessons de céramique grise retrouvés).Elles l’ont peut-être été aussi entre le 16e et le 18e s. car l’épierrement de la courtine remonterait plutôt à la période moderne (une boucle de chaussure de cette époque a été retrouvée)

Cette deuxième tour (Peysson 1), devait s’élever au moins à 10 à 12 m pour dépasser le mur qui lui, s’élevait à 9 m. Certains des blocs retrouvés appartenaient à la partie haute du rempart :

couronnement (chemin de ronde) et parapet. Dessins, photos et relevés permettront de restituer leur position exacte.

1- Les corniches trapézoïdales

En 2015, les archéologues ont trouvé un bloc trapézoïdal en plan (ill. 23- 24 - 25) d’une largeur de soixante-quinze centimètres à l’extérieur de la tour et de soixante centimètres côté intérieur (ill. 25). Sa longueur totale est d’un mètre quarante-cinq pour un mètre vingt-huit au lit de pose et son poids est d’environ 700 kg. Pour Richard Pellé, cette pierre en grand appareil qui soutenait le sol du chemin de ronde servait de couronnement à la tour.

Elle nous permet de connaître l’épaisseur sommitale du rempart (environ 1,28 m). Il s’agit donc d’une découverte majeure et inédite car « aucun autre rempart romain connu ou conservé n’est doté d’un chemin de ronde construit entièrement en grand appareil »1. Cette pierre est cintrée pour épouser l’arrondi de la tour : convexe pour le côté extérieur et concave du côté intérieur (ill. 23). Une moulure

1 Richard Pellé

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est sculptée côté intérieur de la tour (ill. 24). C’est une raison supplémentaire pour penser que l’ensemble du chemin de ronde était dallé de pierres en grand appareil avec une moulure côté intérieur débordant légèrement le nu du mur, c’est-à-dire sa surface plane et verticale.

Ces données modifient quelque peu les informations fournies en page 10 du Patrimoine 30 - n°33 d’avril 2015.

À ce jour on ne peut pas savoir s'il y avait une rambarde ou une murette anti basculement côté ville.

La restitution est complexe car les dalles de couronnement retrouvées sont celles de la tour dont les murs ont une épaisseur de 125 cm : la dalle mesure 140 cm, ce qui correspond à 125 cm (largeur de la tour) et à 15 cm de débord du côté intérieur. Une moulure y est sculptée.

Aujourd’hui, ces éléments, ainsi que des blocs du parapet de la courtine (ill. 23 à 28) permettent de restituer la partie haute du rempart (ill. 37 et 38).

ill. 23. La corniche :

dalle du couronnement du rempart. (Photo : M. Aubert)

ill. 24. La moulure de la corniche :

côté intérieur de la tour. (Photo : J-F Dufaud)

ill. 25.Bloc concave - convexe : schéma des illustrations 23 et 24 – Voir la position du bloc sur la tour ill 38 (J-P Gallos et J-F Dufaud)

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2- Les deux types de parapet

En 2011, à proximité de la tour, Richard Pellé avait déjà identifié un élément permettant de penser que le rempart était surmonté de créneaux monumentaux. L’archéologue présentait cette pierre, en grand appareil, comme une partie du parapet du chemin de ronde qui se serait détachée du haut du rempart (ill. 26. et Patrimoine 30 - n° 33 d’avril 2015 page 10).

Le parapet parallélépipédique

Les fouilles de l’été 2015 ont confirmé cette analyse. En effet, le dégagement d’un bloc

parallélépipédique (ill. 27) de plus d’une tonne et demie permet d’apercevoir, à sa droite, les ancrages d’un merlon, mais il restait à trouver le merlon.

En 1992, Pierre Varène (CNRS) qui n’avait pu obtenir des propriétaires les autorisations de fouilles, pensait qu’une pierre similaire observable à l’époque côté intérieur du mur de courtine pouvait être le sol du chemin de ronde. Il écrivait : « … si la pierre est antique, ce que l’on ne peut assurer, en l’absence d’un examen qui n’a pu avoir lieu d’une manière suffisante, est à mettre en rapport avec l’épaisseur de la courtine à son sommet ; le bloc pourrait lui avoir servi de couronnement, avec un léger débord de part et d’autre, formant ainsi le sol du chemin de ronde. »

ill. 26. Élément du crénelage sur la colline de Montaury (avant les fouilles de 2015).

ill. 27. Ce bloc (ill.26.) déterré lors des fouilles de 2015, correspond au parapet du chemin de ronde sur sa partie horizontale.

Le parapet trapézoïdal rectangle

En 2016, Richard Pellé a découvert un bloc trapézoïdal rectangle (les angles droits étant situés en haut : ill. 28.). Ce bloc, ainsi que le parapet déterré en 2015 et la dalle trapézoïdale découverte en 2015 (ill. 23.), permettent de restituer la partie haute du rempart.

ill. 28. Parapet trapézoïdal (découverte 2016)

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Les deux types de parapet2

Le parapet de la courtine était constitué de deux parties : un merlon et un parapet.

Un merlon de 105 cm de longueur et probablement de 90 cm de hauteur était posé sur la partie horizontale du parapet, constituant le crénelage du rempart.

La forme des merlons est une hypothèse car, sur le chantier des fouilles de Nîmes, il n’en a été

retrouvé qu’un en mauvais état. Sa longueur de 105 cm concorde avec la présence de trous (ill. 29.) sur la pierre de parapet qui le supporte :

- deux trous de goujons en fer (à côté de chaque trou de goujon on peut voir un canal de coulée pour sceller au plomb (ill. 29).

- deux trous de pinces pour poser le merlon permettaient de le faire glisser sur son emplacement définitif (ill. 29).

Quant au parapet, on a retrouvé deux blocs en grand appareil :

- une pierre taillée de 1500 kg (ill. 27) : (210 cm de longueur, 90 cm de largeur et 30 cm d’épaisseur) en forme de parallélépipède rectangle. Ce bloc formait le parapet du rempart lorsque le terrain était horizontal.

- Un deuxième bloc de forme trapézoïdale rectangle d’une longueur de 210 cm dont la largeur des côtés des deux angles droits était respectivement de 90 cm et 105 cm pour une épaisseur de 30 cm. La partie supérieure de 210 cm était horizontale et la partie inférieure suivait la pente du chemin de ronde qui suivait lui-même la pente du terrain naturel (de 7 à 7,5 % pour ce bloc découvert en 2016).

Sur cette pierre, un redan (décroché vertical, ill. 28 et 30) débordait sur la pierre précédente (côté aval) de deux centimètres et la surplombait de 15 cm. Nous pouvons imaginer que pour rattraper la pente du chemin de ronde entre deux pierres successives de parement, il fallait aménager une sorte de

«marche d’escalier» de rattrapage du niveau.

Ce redan nécessite un long travail de taille mais assure une meilleure liaison entre les deux pierres taillées des parapets. On peut aussi envisager que les Romains aient pu placer une agrafe scellée au plomb, en économisant le redan.

ill. 29. Lecture des trous sur la pierre trapézoïdale du parapet par R. Pellé (INRAP)

2 Ecrit avec l’aide de Michel et Hélène Lescure, à partir des données de R. Pellé INRAP : conférence de R Pellé du 30/03/2019 au Vigan

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ill. 30. Schéma restituant la partie haute du rempart avec position des blocs de parapet découverts en 2015 et 2016 (Réalisé par J.-F. Dufaud, à partir des données de R. Pellé INRAP)

3- Les linteaux des meurtrières

ill. 31. Bloc intact, concave à l’intérieur et convexe à l’extérieur

ill. 32. Dessin d’Anne de Rulman annoté par J-F Dufaud, sur indications de R. Pellé (INRAP)

ill. 33. Extrait du livre de Rulman : au sommet du mur se trouve le grand appareil et à la base des deux assises du moyen appareil. Les fragments moulurés trouvés en fouille pourraient appartenir aux baies de la tour du haut. Les deux tours sont sans toiture et il ne devait y avoir qu’un chemin de ronde (R. Pellé (INRAP) Extrait d’ARCHEOLOGIA N° 544 – Juin 2016)

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ill. 34. Bloc de couronnement de la tour (embrasement meutrière)

Un bloc intact, concave à l’intérieur et convexe à l’extérieur (ill. 34) dans sa position d’origine (voir le trou de louve) présente un arrondi en demi-lune avec une embrasure sur le dessous

(ill. 34). Il s’agit du linteau d’une meurtrière. En 1628, Anne de Rulman avait représenté des meurtrières (ill. 32 et 33) sur deux tours mais jusqu’alors, on n’en avait jamais trouvé trace. On pensait qu’il pouvait s’agir d’une modification médiévale. En fait, il s’agit bien d’un élément architectural présent dès l’époque romaine, qu’on retrouve à l’identique un siècle après, dans l’amphithéâtre (deux baies verticales avec un arrondi sur le bloc du linteau et une embrasure à l’intérieur).

Un autre bloc, plus abîmé, recèle deux arrondis à sa base ; il est possible qu’il s’agisse de deux meurtrières accolées. À ce jour, il n’est pas possible de connaître leur emplacement exact dans la façade de la tour. On peut aussi en déduire qu’il existait un palier avec un étage sans que l’on sache encore comment on y accédait : pourquoi pas par une échelle en bois ? À ce jour, nous n’avons pas la réponse.

4- Positionnement actuel des blocs

ill. 35. Découvertes suite aux fouiles de 2015 ill. 36. Découvertes suite aux fouiles de 2016

Linteau

meurtrière

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5- Restitution de la courtine

ill. 37. Restitution de la courtine (Dessin de P. Varène - CNRS - L’enceinte gallo- romaine de Nîmes- Fig.6) Annotations J.-F. Dufaud

ill. 27. Parapet

du chemin de ronde, couché sur le côté avec à droite les marques de l’emplacement du merlon. (Fouilles 2015 –INRAP -

Photo J.-F. Dufaud)

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ill. 38. Restitution de la tour (Fig.75 du rapport de fouille 2016) Annotations, couleurs et photos : J.-F. Dufaud

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La porte d’accès à la tour qui a pu être dégagée présentait deux voûtes contiguës. Leurs dimensions sont proches des arches du premier niveau des arènes (ill. 38) avec seulement trente centimètres de moins. Les voûtes étaient encadrées de trois arcs en moyen appareil dont deux de la même portée (un en intérieur, un en extérieur plus grand et un séparant les deux voûtes) ; les archéologues ont aussi retrouvé un sommier (ill.

41.3), c’est-à-dire le premier claveau d’un arc et l’imposte sculptée (ill. 41.5) d’un des piédroits de la porte (ill.

41.6).

ill. 38. Voûte constituée de deux arcs au premier niveau des arènes (Photo : R. Pellé)

ill. 40. Côté sud de la porte de la tour Peysson 1 avec de chaque côté de l’entrée des blocs en moyen appareil. Le petit muret sur le cliché contenait les déchets de taille rejetés à l’intérieur de la tour (Fouilles 2015 R. Pellé)

ill. 40. Porte de la tour Peysson 1

ill. 41. L’arc : 1 - Clef d’arc – 2 - Claveau – 3 -

Sommier – 4 - Naissance de l’arc ou ligne d’imposte – 5 – Imposte – 6 - Pied-droit – 7 – Intrados – 8 – Flèche – 9 - Portée

Source : Internet (Academia – La symbolique de l’architecture romane et gothique)

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VII – LA TOUR OCTOGONALE

(Fouilles 2016 - 2017) 1- Historique en images

ill. 42. Route de Sauve, devant la tour Peysson2 (Mars 2013)

ill. 43. Accès à la tour Peysson2 (Mars 2013)

ill. 44. La tour Peysson2 (Mars 2013) ill. 45. Sentier d’accès à la tour Peysson2

(Mars 2013)

ill. 46. La tour Peysson2, après débroussaillement par la municipalité de Nîmes et avant le début des fouilles (Juillet 2016)

ill. 47. La tour Peysson2 au début des fouilles (Août 2016)

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2- Architecture

La troisième tour (Peysson 2), fouillée l’été 2016, présente, côté nord, une fissure verticale importante

(ill. 48).

ill. 48. Fissure sur la tour Peysson 2 ill. 49. Vue aérienne de la tour Peysson 2 en cours de

fouille: Au bas de l’image : le caveau funéraire (voir chapitre VIII)

On peut penser que, dès la construction, la tour et le mur de courtine ont commencé à être sapés. En effet, à l’origine, les fondations n’ont pas atteint le rocher et l’érosion a lessivé le sistre, c’est-à-dire le substrat constitué de limons très carbonatés sur lesquels s’appuyaient les fondations.

Des travaux de consolidation ont été préconisés par l’architecte des monuments historiques.

ill. 50.La tour Peysson 2 sapée par l’érosion du rocher remplacé par le sistre et les déchets de destruction

ill. 51.La Courtine à proximité de la tour Peysson 2 avec la disparition du rocher remplacé par le sistre.

À droite, l’enrochement de la tour, réalisé par R. Pellé pour combler la sape de la tour

Si la deuxième tour fouillée (Peysson 1) était relativement « classique » (env. 11 m de diamètre, 10 à 12 m de haut, ronde à pédoncule), il n’en va pas de même pour la troisième tour (Peysson 2).

À ce jour, il s’agit de la tour la plus élevée après la tour Magne, et aussi la mieux conservée.

Dans les années 1910-1920, le propriétaire du terrain y avait installé une sorte de belvédère (avec une balustrade en ciment imitant des branches d’arbre) et une table sur des plots en béton encore visibles en début de fouille. Pour ce faire, il a dû, à l’époque, en extraire une partie des déchets de taille, ce qui explique l’absence de découverte dans cette zone.

Des trous de plantation (probablement de la vigne) d’époque républicaine (entre -124 et - 27) ont aussi été découverts, ce qui laisse penser qu’avant la construction on se trouvait ici à flanc de coteau et que

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la création de la nouvelle route de Sauve a nécessité un très important décaissement du terrain. On sait aussi que tout près, sur l’ancienne route de Sauve, se trouvait la très importante porte nord du Cadereau, (porta Salviensis). Elle possédait au moins deux arches et conduisait vers le Massif Central.

La porte d’entrée de la tour (à double voûte) est conservée partiellement, tout comme une petite partie du pédoncule et il faut s’imaginer que tout l’intérieur de la tour était comblé (éclats de taille, remblais, végétation) jusqu’au niveau du palier de la porte.

On a aussi retrouvé une corniche identique à celle de la deuxième tour fouillée (ill. 52), mais sans la courbure convexe côté extérieur à la tour (et à la ville antique).

Compte tenu de la découverte d’un bloc à facettes et avec une trace de meurtrière (ill. 53.) de longueur et de forme inhabituelles (une partie concave et une partie droite), on peut imaginer que l’on est en présence d’une tour pédonculée à base circulaire, mais qui se prolonge en hauteur, à partir du niveau de la porte, par une forme octogonale irrégulière, un peu comme celle de la rue du Cirque Romain (deux formes représentées par Anne de Rulman). L’illustration ci-dessous (ill. 55) présente deux formes de tours : octogonale et décagonale. Il est possible que d’autres tours aient été de forme analogue, mais aucune découverte archéologique ne permet de l’affirmer.

ill. 52. Corniche de la tour Peysson 2 (moulure côté intérieur de la tour)

ill. 53. Linteau de meurtrière de la tour Peysson 2(vue depuis l’extérieur de la ville)

ill. 54. Linteau de meurtrière de la tour Peysson 2 (à gauche

l’arrondi de l’intérieur de la tour et à droite le côté droit du côté extérieur)

ill. 55. Extrait du livre de Rulman :

Tour décagonale et tour octogonale R. Pellé (INRAP)

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ill. 56. Superposition du cercle (bleu) représentant la base de la tour et la figure octogonale irrégulière de la partie en élévation (schéma pédagogique).

ill. 57. Tour Peysson 2 et fosses de périnataux Vue de la base de la tour que superpose le pédoncule ainsi

qu’un petit côté et le grand côté de la tour octogonale.

Au bas de la photo : 2 fosses d’inhumation de périnataux délimitées par des dalles en pierre dressées verticalement.

VIII-LE CAVEAU FUNÉRAIRE ANTIQUE

(Fouilles 2016)

Un caveau funéraire précoce a été retrouvé au pied de la tour Peysson 2. Il contenait un lit funéraire, un peu de céramique et quelques débris d’ossements. Un mur interne grossier en pierres sèches coupait l’espace en deux parties inégales après sa destruction.

La datation de ce monument est délicate.

L’ensemble a été pillé et détruit, sans doute avant la création de la fortification. Effectivement, un immature (moins d’un an) y a été enseveli en position fœtale, sur un des murs détruits, donnant un terminus post quiem en 26 de notre ère, alors que le chantier du rempart touchait à sa fin. Le caveau est donc antérieur à la construction du rempart et pourrait dater de la fin de la République ou du tout début du règne d’Auguste.

Des dépôts partiels de faune (chien, cochon) y ont aussi été retrouvés, en position primaire. On peut penser que la tombe était couverte et disposait d’une trappe permettant d’y faire passer des offrandes

ill. 56. Caveau funéraire à proximité de la

tour Peysson 2 ill. 57. Caveau funéraire au nord-ouest de la tour

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IX - DES SURPRISES DANS LA COMPOSITION DU MORTIER DU REMPART

(Fouilles 2017) En 2018, les analyses ont souligné la présence de mortier de tuileau dans le rempart. Dans certaines couches du blocage du mur, le tuileau améliore la flexibilité lors des grands froids ou des grandes sècheresses.

En effet, lorsqu’il fait très chaud, la chaux composant le mortier a tendance à tirer et par grand froid elle ne colle pas et gèle. L’ajout de tuileau lui permet de coller en hiver et l’empêche de tirer en été.

Le substrat carbonaté (sorte de limon) présent au nord de la tour, se retrouve dans le mortier des banchées: « Le substrat extrait a pu servir comme agrégat après concassage dans le mortier de construction du monument » (Richard Pellé, INRAP).

X - UNE ZONE FUNÉRAIRE

(Fouilles 2016 - 2017 - 2018)

La campagne de fouilles 2018 s’est cantonnée à la tour Peysson 2 qui avait commencé à être fouillée en deuxième partie de campagne de 2016 (3ème année de fouille sur le site de Montaury).

La 5ème campagne de fouille a permis de déterminer, autour de la Tour Peysson 2, l’emplacement d’une importante zone funéraire, comme à la sortie est de la ville en direction de Beaucaire le long de la voie Domitienne. Richard Pellé pense que « l’ancienne route de Sauve est une sortie importante vers le centre de la Gaule. Il est probable qu’il y ait eu quelques concessions mais aujourd’hui, le cimetière protestant occulte tout ».

C’est la première fois que l’on peut fouiller autant de tombes dans une zone qui n’est ni un enclos ni une concession funéraire comme il en existait pour des groupes familiaux, sociaux ou politiques. Dans les autres découvertes, les sépultures sont isolées, trois par ci, trois par-là : il n’y a jamais eu de grand ensemble.

Cette nécropole est postérieure à la construction du rempart (des 1er et 2ème s. après J.-C., voire le début du 3ème). Elle est composée au nord de la tour de quelques tombes d’adultes dont deux corps entrelacés (ill. 58) et d’une grande

quantité de périnataux (bébés ou nourrissons mort-nés).

Au-dessus de la tour, au sud dans les anfractuosités, les sépultures

découvertes sont essentiellement celles de périnataux avec quelques chiens parfois inhumés selon le même mode que les périnataux. L’un d’entre eux est contigu à l’enfant.

Au total, une quarantaine de tombes de périnataux a été découverte et certaines zones non encore fouillées (au nord et au sud de la tour)

pourraient déboucher sur de nouvelles découvertes.

À l’origine, les premières inhumations, concernant

principalement des adultes, sont intervenues au bas de la colline (au nord de la tour) dans la fosse d’extraction du substrat carbonaté utilisé pour la construction du rempart. Par la suite, cette fosse a servi de dépotoir avec des ossements d’équidés, des amphores et des débris de céramique.

ill. 58. Deux corps entrelacés

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Elle a aussi continué d’être utilisée pour des inhumationsd’adultes et de périnataux mais aussi de chiens (4 tombes ont été découvertes, dont 2 intactes).

Si les premières inhumations datent probablement du début du 1er siècle après J.-C., ultérieurement, la zone funéraire s’est progressivement agrandie.

Des modes d’enfouissement très différents pour des périnataux

Pendant la période antique, les bébés, comme les adultes, étaient obligatoirement enterrés à

l’extérieur du rempart. Toutefois, le statut social du très jeune enfant n’est pas identique à celui d’un enfant de 4 ou 5 ans, d’un adolescent ou d’un adulte. Il n’est pas considéré comme un être humain différent mais les rites et pratiques funéraires qui le concernent sont spécifiques. Le respect de la mort existe mais il ne se situe pas au même niveau que l’adulte.

Pour autant, il ne s’agit pas des fosses communes ; chaque enfant dispose d’une fosse avec signalétique : petite dalle en pierre ou pierre dressée. Plus ou moins profondes, les fosses ne se recoupent que très peu. Elles comportent parfois des coffres en pierres verticales plates, en tuiles, ou des contenants en amphores ou en matériaux périssables (bois, vannerie). Les corps peuvent être aussi inhumés en pleine terre, peut-être avec un simple linceul.

A été découvert un inédit inconnu jusqu’alors : une fosse d’inhumation d’un périnatal déposé dans une amphore, avec un double coffrage pérenne

(pierres et tuiles). Les os avec le temps se sont décomposés. Tout ce qui était dans le coffre intérieur d’amphore et tuiles a été prélevé.

Les archéologues recherchent des germes dentaires qui permettraient de savoir s’il s’agit d’un prénatal ou d’un postnatal.

Du mobilier funéraire

Dans les tombes d’enfants, les archéologues ont découvert un peu de mobilier funéraire : - œnochoé (ill. 59 et 60) (pichet à vin qui sert à puiser le vin dans le cratère où il a été coupé à l'eau avant de le servir)

- fibule

- pots à onguents ou à épices

- petites rouelles en bronze (on ne sait pas encore ce qu’elles représentent : amulette de l’enfant destinée à éloigner les mauvais esprits ou à favoriser le passage dans l’au-delà ?) - pièces de monnaie

- grosse cruche pour puiser l’eau. Son col a été cassé pour pouvoir y faire entrer le bébé.

La progression de l’enfouissement des enfants se fait probablement depuis la porte nord du Cadereau « Porta Salviensis » au bas de l’actuel Chemin vieux de Sauve, en remontant progressivement sur les pentes.

La proximité de la porte permet un accès simple et rapide à ce lieu.

Les plus anciennes tombes sont situées au nord en centre bas de la tour. Au sud, elles sont un peu plus récentes (tout au long du 2èmesiècle).

ill. 59. Œnochoé in situ

ill. 60. Œnochoé reconstituée

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Un espace funéraire public municipal.

La dernière découverte au bas de la fosse (donc une des premières inhumations), est celle de deux adultes « entremêlés » (ill. 58). Découverts à un niveau inférieur à celui des périnataux, ils ont donc été inhumés antérieurement. Ces adultes n’avaient peut-être ni famille ni concession, ni tombeau familial.

Ils ont pourtant été enterrés selon un rituel : leur tombe a été marquée mais elle a été perturbée par des inhumations ultérieures effectuées au-dessus. Il est possible que ces regroupements soient intervenus autour du point focalisateur que pouvait constituer un monument de type mausolée (le caveau funéraire : ill. 57.). Cette zone funéraire fouillée en 2017 et 2018, « semble recouper une première nécropole d’inhumations d'adultes, peut-être regroupées au Ier siècle de notre ère autour du point focalisateur que pouvait être un monument de type mausolée (le caveau funéraire : ill. 57) » (Richard Pellé - Rapport de fouille 2017 et § VIII – LE CAVEAU FUNÉRAIRE ANTIQUE - Fouilles 2016).

On peut penser qu’au pied du rempart, la propriété de ces espaces était municipale. Ils étaient peut- être réservés à des catégories de personnes n’ayant pas accès à des enclos ou des concessions funéraires.

CONCLUSION : Brève synthèse de ces découvertes

La proximité immédiate du Cadereau Nord a favorisé l’installation d’une nécropole qui s’étendait probablement jusqu’au cimetière protestant qui maintenant occulte tout. Mais la périphérie de la tour Peysson 2 et surtout le nord de cette tour sont essentiellement occupés par des tombes de périnataux (bébés ou nourrissons mort-nés)

Le site recèle trois tours de formes différentes: une barlongue, une circulaire pédonculée avec des meurtrières et une circulaire à la base et octogonale en élévation. On sait maintenant que le chemin de ronde n’était pas toujours horizontal, mais qu’il comportait des zones en pente.

Nîmes est la seule ville dont l’enceinte augustéenne recélait une telle variété de formes de tours (à la différence d’Autun, qui date pratiquement de la même époque et dont les 80 tours sont toutes identiques).

Campagne de fouilles après campagne, le rempart romain situé sur la colline de Montaury livre d’importantes informations. C’est une raison de se réjouir de la mobilisation de tous ceux qui ont œuvré pour sa préservation et sa mise en valeur, dont le comité de quartier présidé par notre ami Michel Aubert.

ill. 61. Illustration de Jean-Lou Palmaerts (Palm) Une restitution artistique de l’aménagement du site

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