ENTRE SOUS LE «e 37,293 $}>
LES RÊVES
RÊVES PATHOGÈNES ET THÉRAPEUTIQUES
REVES PHOTOGRAPHIES
PAR LE
C PH.
TISSIÉ
MEMBREDE LA SOCIETE^ÇE MEDECINE ET DE CHIRURGIE
MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE DE PARIS MEMBRE DRL'ACADÉMIE MÉDICO-CHIRURGICAI.E
DEPÉROUSE
-
BORDEAUX
G. GOUNOUiLHOU, IMPRIMEUR DE LA
FACULTÉ
DEMÉDECINE
11 — Ru© Guiraude — 11
1896
y
Y
'. •
:-r '-/.•"> ■ :<-■.'■■
■■■;. •
>.-■r*r-"- : 10
■
(ùZ"~J È II
I
I I
• '
mmËm
.... .
• -
<<'i*
-•>- V '
••: '•*:j#;î
.
.V.-■ - ■ '• ;
•-w-
* J':- :
■
:-s. ^Ss
§11
|K
entil 2cus 7,29 ŒN°3 3
LES RÊVES
RÊVES PATHOGÈNES ET THÉRAPEUTIQUES
REVES PHOTOGRAPHIES
PAR LE
Dr Ph. TISSIE
MEMBRE DE LA SOCIETE DE MEDECINEET DECHIRURGIE DE BORD MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE DE PARIS
MEMBRE DE1,'ACADÉMIE MÉDICO-CHIRURGICALE DEPÉROUSE
BORDEAUX
G. GOUNOUILliOU, IMPRIMEUR DE LA
FACULTÉ
DEMÉDECINE
11 — Rue Guiraude — 11
1896
v . •
1
- i
LES RÊVES
RÊVES PATHOGÈNES ET THÉRAPEUTIQUES
RÊVES
PHOTOGRAPHIÉS
L'influence des rêves surles actes accomplis à
l'état
de veille est de jour en jour
mieux
connue,des faits
nombreux etprobantssontvenus segrouper
autour de
celui que j'ai
observé
etdécrit
pourla première fois
en1887 et quej'ai repris avec
plus de développement
en1891.
Ayanteu affaire à un
état de vagabondage provoqué
par desrêves,
j'ai été amené à rechercher le détermi¬
nisme des actes musculaires, non seulement
chez les
sujets malades,mais chez les sujets sains qui
selivrent
aux exercices physiques,
remis justement
enhonneur
depuis quelques
années. La psycho-dynamie mérite
d'attirer d'autant plus l'attention que
les rêves jouent
un rôle très important.
Voici cinq observations.
Il s'agit
:1° d'une auto¬
suggestion de meurtre,
créée
par unrêve pathogène,
découverte dans le sommeil hypnotique et
supprimée
par une suggestion;
2° d'insomnies, de cauchemars,
3° de kleptomanie, traités et
guéris
parles rêves thé¬
rapeutiques; 4° d'un rêve
actif exécuté dans le
som¬meil de la nuit et imposé en
état d'hypnose; 5° de
créations de zones idéogènes, dans lesquelles j'ai pu fixer par la photographie instantanée une
mimique
qui révèle l'état d'espritdu
sujet sousl'influence de
l'idée suggérée. Lesrêves ont
été photographiés.
Obs. I. — Albert X..., ayant quitté Bordeaux pour s'établir à Paris avec sa femme, revient me voir dans
une fugue; je l'endors le matin même du jour où. ayant
obtenu pour lui un secours de route, il allait rentrer à
Paris. Yoici la sténographie de la scène :
Aussitôt endormi, Albert X... frappe deux coups de poing sur le fauteuil. «Je vais partir pour Paris, je
veux la tuer! J'ai vu ma femme cette nuit. » Moi. En rêve?
Albert X... Non. Je ne pouvais pas rêver, je ne dor¬
mais pas, j'étais éveillécomme maintenant.
Moi. Quelle heure était-il?
Albert X... Il était minuit et demi. A minuit, je suis descendu à laboîtevoir sije n'avais pas de lettre d'elle.
Je pensais bien ne rien trouver puisqu'à dix heures, à
la dernière distribution, il n'y en avait pas, mais enfin!...Je me suiscouché. J'ai vu ma femme. Elle était coiffée; elle avait un corsage noir, une ceinturede cuir
formant corset, avec des anneaux devant. Elle est plus jolie maintenant. Elle était rue Y..., dans la loge
de la concierge. Il y avait Mme P... la propriétaire,
M. B..., Mrae C..., une p... et un vieux qui a eu pour maîtresse une jeune fille du Louvre. Le vieux faisait la
cour à ma femme. On parlait de moi. On disait : «Lais¬
sez-le donc où il est. » Le vieuxlui a offert de lui payer
une chambre. «Mais s'il vient?» S'il vient, nous lui
dironsque vous n'êtes plus dans la maison et on le fera
mettre à laSalpêtrière.
Je me suis levé, j'ai pris mon parapluie, j'ai fait mon
paquet, où j'avais un tricot et une flanelle. Je me suis
souvenu que vous m'aviez donné une lettre à porter ce matin; sans cela, je partais à pied. En quatre jours, j'étais à Paris.
Albert X... donne des détails sur la façon dont il
aurait fait laroute.
« Je souffrais de la tête, je me suis promené, j'avais
bien besoin de marcher; pour ne déranger personne,je
suis monté aux cabinets etj'ai marché. Puisil est venu du monde, un monsieur barbu qui m'a dit: «Le droit
de l'homme marié est de tuer la femmequi le trompe.» J'ai répondu : «J'ai une course h faire pour M. Tissié,
c'est sacré,» Je ne suis pas parti ce matin parce que
j'avais une lettre à porterpourvous. Je partirai à midi.
Hier, j'ai trouvé unjeune homme à la foire, il va cher¬
cher du travail à Poitiers. Il a couché h l'Asile Albert Brandenburg. Je lui ai donné rendez-vous pour midi.
Nous partirons ensemble.»
Je suggère alors à Albert X... de rêver à sa femme
avec affection. Mouvements saccadés et nerveux; il n'ac¬
cepte pas la suggestionsans protester par une mimique
très expressive.
Moi. Qu'avez-vous?
Albert X... Vous m'avez défendu de la tuer, je vous obéis.
Je donne une nouvelle suggestion plus forte. Je le
réveille. Albert X... est calme; il parle de sa femme en termesexcellents.
Enrésumé, Albert X..., préoccupé à Yétat de veille
par l'attente d'une lettre de sa femme, qu'il ne rece¬
vait pas, s'endort etse réveille en état second; il des¬
cend à la boîte à minuit; il marche toute la nuit; il
voit safemme etun homme; il entend celui-ci lui con¬
seiller de la tuer et, aussitôt, sous l'influence de la
double hallucinationvisuelle et auditive provenant du
rêve etle renforçant, ilveut partirpourParis, le sou¬
venir d'un devoir à remplir envers moi le retient.
Albert X... aurait-il accompli le meurtre? Je l'ignore.
Quoi qu'il en soit, lapossibilité de pouvoir commettre
un meurtreavait été créée par un rêve.
SSIK * !
Obs. II. —Yoici maintenant une jeune fille
de vingt
ans, mal réglée, qui était atteinte
d'insomnies et de
cauchemars trèspénibles. Une affection non
partagée
aété la cause occasionnelle de cet état. Je l'endors
le
%6juillet 1893,je lui
suggère de dormir d'un bon som¬
meil pendant la nuit et
d'être bien réglée. J'ajoute la
suggestion témoin. (J'appelle
ainsi
unesuggestion que
je glisse incidemmentdans
la suggestion thérapeutique.
Cette suggestion consisteà faire exécuter
devant moi et
au réveil un acte quelconque. S'il est
accompli, il m'est
permis d'admettre que la
suggestion thérapeutique
aété entendue et acceptée.) Mlle E... l'accepte; car,
la nuit
suivante, l'insomnie estmoins
prolongée, mais les rêves
sont nombreux et pénibles. Sur sondésir, je
lui suggère
de s'endormir tous les soirs à dix heures, de se lever à
sixheures dumatin et d'aller sepromenerau grand air.
Douze jours après le début du
traitement, l'état s'est
amélioré, le sommeil de la nuit est bon et
régulier.
Le 7 août.— Suggestion en état d'hypnosed'un
rêve à
faire pendant le sorqmeil de la nuit.
Thème du rêve
:Promenade sur le bassin d'Arcachon et dans la forêt;
joie de vivre. Deuxjours plus
tard, Mlle E...
serappelle
avoir fait un rêve fort agréable, mais elle en ignore
lea
sujet. Sommeil hypnotique,
suggestion de rappel de
mémoire au réveil. Réveil. Réticence. Nouvelle hyp¬
nose, danslaquelle MlleE... me confie avoir
rêvé de
pro¬menade à Arcachon avec celui qu'elleaimetoujours.
Ainsi, dans ce rêve provoqué et dont le
thème était
très vague au point de vue épisodique,
la mémoire
principale, qui a dominé tout le rêve
et l'a dirigé
en quelque sorte, a été la mémoire laplus forte, celle du
jeune homme aimé. Le «moi » s'est
défendu puisque la
suggestion de rappel du rêve n'a pas
été acceptée du
premier coup et qu'il a fallu la
renouveler.
Mlle E... va passer quelques semaines dans le
Lot-et-
Garonne. Son état est bon. A son retour, le 18 septem¬
bre, je l'endors etje luisuggère deux rêves
à faire.
Lepremier, danslanuit du 18 au 19.
Thème
:Départ
du Lot-et-Garonne à bicyclette, accident
de machine à
Langon, deux oiseauxl'enlèvent alors sur leursailes et
la transportentjusqu'à Bordeaux.
Le second, dans la nuit du 19au 20. Thème : Voyage
en paquebot. Arrivée dans un pays enchanté, joie de
vivre.
Elle me remettra les narrations écrites de ces deux rêves. Le 20, je les trouve dans ma boîte aux lettres.
MlleE... arêvé d'après la suggestion donnée, mais elle
abrodéavec des souvenirspersonnels.
Le27septembre.—Rêveimposé.Thème:Elle estreine,
elle a des courtisans, elle est heureuse. Le lendemain, je reçois le récit suivant, dont le fond émotif de l'état
de veille fait tous les frais à l'état de sommeil, car le
courtisan dont il s'agit est le jeune homme qu'elle
aime : «J'étais reine, je me promenais dans un palais
»somptueux, moi-mêmej'étais couverte d'or et de pier-
»reries. Un tas de courtisans à mes pieds, tousdesgens
» nobles. Parmimes courtisans,j'en remarquai un plus
»assidu près de moi que les autres; aussi, je lui faisais
» la faveurde le prendreavecmoi dansmoncarrosse qui
»était accompagné d'une douzaine de chiens; c'était
» assez original, mais pas ordinaire. Là-dessus, je me
»suis réveillée par un bruit de chants, que j'entendais
» au loin, chants qui n'existaient que dans mon rêve.
»Mais j'en reviens au petit page ou plutôt au cour-
»tisan; c'était une de mes connaissancesquejenepeux
»point nommer, mais qui en réalité était charmant. » Lejeune homme aimépossède un beau chien. Il y a eu rappel demémoire dans le rêve parassociation d'idées.
Le 22 novembre. — Avant de l'endormir et pour la premièrefois depuis le début du traitement, je
demande
àMlle E..., à l'état de veille, de me narrer par écrit le
rêve queje vais lui suggérer, comme elle l'a
fait
d'ail¬leurs pour tous les rêves précédents. Mlle E... ne com¬
prend pas, elle ignore m'avoir remis aucun récit; je les
lui montre. Devantson écriture, sa physionomie reflète
un grand étonnementet un grand ennui.
Suggestion de rêve. Thème: Elle est au Parc Borde¬
lais, à cheval, et très heureuse; tout à coup, le
cheval
a des ailes et l'emporte dans les airs; elle voit la terre
et l'Océan k ses pieds, elle plane au-dessus du monde; le
cheval redescend auParc, où elle retrouve samère.
Le lendemain, Mlle E... me donne le récit complet de
cerêve. Elle nevientplus meconsulter; elle est guérie,
les règles sont régulières.
Ainsi, la suggestion de sommeil a supprimé l'in¬
somnie et les rêves provoqués ont déplacéles cauche¬
mars; les règles sont revenues, l'état psychique s'est
amélioré. Je ne m'étais appliqué qu'à imposer des
thèmes de rêves très larges, neme croyant pas le droit d'agir sur son état affectif à l'égard d'un amour non
partagé. Je lui ailaissé le choix du développement.
La forte mémoire émotive dominait tous les rêves.
L'amnésie concernant la remise de la narration des rêves permet d'admettre qu'ils ont été écrits en état second, bien qu'en étatapparent de veille.
J'ai observé pareil phénomène chez d'autres sujets;
ils tendent à prouver que l'accomplissement de la sug¬
gestion provoque, par le fait même de l'acte: rappel de
mémoire et association d'idées, un état d'hypnose ou de demi-hypnose analogue à celui dans lequel la sug¬
gestion a été imposée,bien quele sujet paraisse éveillé
et agir avectoute l'indépendance de sa volonté. En un mot, l'acte suggéré dans le sommeil hypnotique ne
pourrait être accompli que dans un état semblable à
celui dans lequel il a été imposé, c'est à dire en état
second. Iln'y aurait donc pas d'acte post-hypnotique,
mais rien que des actes hypnotiques, l'état second
s'établissanttout à coup par le fait même de la rémi¬
niscence de la suggestion, qui l'imposerait par asso¬
ciation d'idées. L'acte accompli, le sujet reviendrait à
l'état prime, qu'il n'aurait fait qu'abandonner un ins¬
tant pour l'accomplissement de l'acte. L'automatisme qui préside à cet acte et l'amnésie qui l'accompagne et
le suit semblent militer enfaveur de cette hypothèse.
Jusqu'au dernier jour,
MlleE...
aignoré m'avoir fait
par écritle récit
de
sesrêves, qu'elle déposait
cepen¬dant dans maboîte tous les matins.
Dans l'observation qui suit, il s'agit d'un cas de , kleptomanie que j'ai
guéri
parles rêves thérapeuti¬
ques.
Obs. III. — Dès l'âge de neuf ans, Jeanne S... a commis de petits vols, soit dans sa famille, soit chez l'épicier voisin; elle est intelligente, mais
menteuse.
Placée, à quatorze ans, en apprentissage, elle continue
hdétourner de l'argent au préjudice de sapatronne, qui
la surveille et la prend en flagrant délit. Les parents
me confient l'enfant. Elle se refuse, tout d'abord, àtout traitement hypnotique; cependant, je parviens
à l'en¬
dormir.
Le24octobre 4893. —Suggestion de ne plus voler et suggestion témoin. Au réveil, celle-ci n'est pas accom¬
plie. Jeanne continue à voler
jusqu'au 30 octobre. Ce
jour-lk, j'impose un rêve
thérapeutique, la suggestion
témoin est accomplie au réveil.
Le 3novembre. —Jeanne S... n'a rien dérobé. Kêve thérapeutique. Thème:Incarcération pour
avoir volé
un bracelet, mise en libertéaprès restitution. Dans la nuitsuivante, l'enfant rêve k haute voix du vol du bracelet,
de la prison et de la libération. Le matin, elle raconte
le rêve k ses parents qui, l'ayant entendu, le
connais¬
saient. Ce même rêve s'étant reproduit deux nuits plus
tard etne voulantpastrop agirparla crainte, jelesup¬
prime etj'impose un rêve de
plaisir
parrécompense de
bonne action. La nuit suivante, Jeanne rêve k haute voix; elle s'adresse k des amies en leur disant qu'elle
veut être honnête et travailleuse, afin de devenir une bonnejeune fille. Les parents ayant laissé k
dessein de
l'argentksa portée, ellen'y a pas
touché.
Le 40 novembre. — Je lui suggère que la nuit sui¬
vante, entre dix heures et dix heures et
demie, elle
se— 10 -
réveillera, elle allumera sa bougie et demandera k sa mère si je ne suis pas venu la voir; sur une réponse négative, elle se rendormira. Même suggestion théra¬
peutique. La nuit suivante, Jeanne S... se réveille à
l'heure dite, meréclame et se rendort.
Le 5 décembre. — Sa patronne me dit lui confier son
porte-monnaie en toute assurance. Voulant expéri¬
menterl'action d'une suggestion de rêve sur un certain
nombre de nuits, j'impose deux thèmes principaux : un pour la nuit suivante, du 5 au 6;l'autre pour la nuit
du 7 au 8. Le premier est celui du cheval ailé (rêve im¬
posé à Mlle E...); dans le second, elle devait partir en chemin de fer etarriver dans un pays enchanté, où elle
retrouverait sa mère; elle constaterait que le plaisir éprouvé était dû à sa bonne conduite, à son travail et à
son honnêteté. Pour les autres rêves, le thème était
moins serré, mais il s'agissait toujours d'une récom¬
pense accordée pour sonhonnêteté.
Tous les rêves ont été accomplis et les deux premiers
par ordre de succession et de date, ainsi qu'en témoi¬
gnent les narrations écrites par Jeanne~S... Les rêves thérapeutiques se sont succédé pendant dix nuits consé¬
cutives. On peut donc suggérer des rêves k éché¬
ances.
Le 20 décembre. — L'enfant étant endormie, je lui suggère un rêve dans lequel elle parlera latin. Jeanne
sait à peine écrire. Je lis donc k haute voix la phrase
suivante : Bos olim apud JEgyptios sicut dens colebatur, apis vocabatur. Insigne erat macula candida in dextro latere. Je relis quatre fois cettephrase.
Le lendemain, je recevais la lettre suivante : «Mon-
»sieur, voici mon rêve. Je suis une fille savante, qui
»connaît le latin. Le peuple qui était autour de moi
» disait quej'étais une fille savante. Je lui dis quelques
» mots en latin: Bos latere JEgijptios. Monsieur, j'ai
» prononcé des mots en latin, mais je ne m'en rappelle
» pas. »Jeanne S...»
Sa mère confirmela chose, Jeanne ayant rêvé en latin
à haute voix.
Cette observation est intéressante à divers
points de
vue : parla
guérison de la kleptomanie
aumoyen des
rêves thérapeutiques, par
la réceptivité du sujet à
l'acception d'une
série de rêves imposés
pourplusieurs
nuits, par
l'automatisme psychique qui fait parler latin
une enfant du peuple. Jeanne ne se
rappelle
quetrois
mots au réveil, le premier et
le dernier de la phrase
et JEgyptios.
Le phénomène est
d'ailleurs
connu:Une jeune ser¬
vante, illettrée,
parlait hébreu et
grecdans ses crises
d'hystérie, parce que
quelques années auparavant elle
avait entendu tous lesjourssonmaître, un
savant, lire
à haute voix des ouvrages hébreux et grecs ense pro¬
menantaprès le déjeuner,
dans le corridor, devant la
porte de la
cuisine. Le
cerveau,ainsi qu'un phono¬
graphe, avait
emmagasiné automatiquement des mots
et desphrases à
l'état de veille. Mis
enfonction par la
crise, le
phonographe
sedéroulait
augrand étonne-
ment del'entourage, qui criaitau
miracle.
Jeanne a reproduit
expérimentalement, mais inver¬
sementle même phénomène.
On
peutdonc créer des
rêves
phonographiques.
Obs. IV. — Il s'agit d'une jeune femme
alcoolique
quej'ai traitée par la
suggestion hypnotique renforcée
par les parfums.
J'extrais de cette observation, celle
d'un rêve actifimposé au cours du
traitement.
Je suggère à MmeA... queje lui
apparaîtrai dans
sonsommeil la nuit suivante; alors elle se
réveillera, elle
allumeraune bougie, se lèvera,irajusqu'àla porte
d'en¬
trée de l'appartementpour la
fermer, puis elle
se recou¬chera.
Le lendemain, M. A..., quiavait bienvoulu
consentir
et se prêter à l'expérience, me
raconta
que safemme
s'était couchée àneuf heures dusoir et s'était
endormie
si profondément qu'elle ne
l'avait
pasentendu emporter
lalampe dans lasalle à manger
contiguë à la chambre.
— 12 —
Il s'était mis à lire; à onze heures, il a entendu sa femme remuer dans le lit et chercher des allumettes
sur latable de nuit. Elle s'estlevée, s'estdirigée éveillée
versla porte d'entrée; elle a été fortétonnée de trouver
son mari dans la salle à manger. A la question que ce dernier lui adresse, elle répond : «Tu n'avais pas fermé
la porte, je vais la fermer à cause du chat. » Ellese frot¬
tait les yeux en disantces mots.Ayant fait le simulacre
de refermer laporte, elle va se recoucher. M. A... l'in¬
terroge encore et alors elle lui avoue qu'elle a entendu
en rêve une porte s'ouvrir tout à coup, elle s'est écriée :
«Qui va là? On lui a répondu : — C'est moi? — Mais qui, vous? — Le Dr Tissié. — Mais, Monsieur, je ne puis pas vous recevoir, je suis couchée. — Cela ne fait rien, Madame,ne vousdérangez pas. » «Alors seulement, ajoute Mme A..., j'ai vu apparaître M. Tissié à la porte
de communicationde la salleàmanger etde lachambre
à coucher etj'ai sauté du lit pourrefermer laporte. »
Cette expérience tend à prouver qu'une suggestion
de rêve actif donnée dans le sommeil hypnotique peut
être accomplie dans le sommeil de la nuit. On peut
admettre alors que les deux sommeils sont d'égale
nature ou bien que le sommeil physiologique passe à
l'état de sommeil hypnotique pendant tout le temps
nécessaire à l'accomplissement de l'acte suggéré, ce
qui tendrait à confirmer l'hypothèse de
la similitude
d'états concordant avec le rappel de la suggestion.
L'état second se produirait instantanément dans le
sommeil physiologique comme, dans la veille, sous l'influence d'unrappel de mémoire suggestive.
Dans notre dernière observation, il s'agit de recher¬
ches faites surdes rêves provoqués par la création de
zones idéogènes. A l'état normal, toute impression
sensorielle crée une zone idéogène qui, mise ensuite
en action par une cause semblable, provoque un
rappel de mémoire correspondant à l'impression
elle-
— 13 —
même. Un parfum rappelle des souvenirs souvent
lointains créésjadis par un parfum semblable qui im¬
pressionna la muqueuse
olfactive d'abord et les
cen¬tres psychiques olfactifs
ensuite. L'impression paraît
donc s'éteindre et l'oubli apparent s'établir; mais elle réapparaît toutà coup
automatiquement
par unrappel
de mémoire subit. L'ancienne pédagogieutilisait empi¬
riquement ces
rappels de mémoire
enles créant d'une
façonoriginale,maisbrutale, chez
les enfants. Certains
maîtres associaient les chocs, les pincements de la
peau, etc., et même
quelques légères brûlures
super¬ficielles aux leçons trop oubliées de l'élève. Après l'opération, dont le
souvenir était profond, l'enfant
se rappelait; s'iloubliait à
nouveau,le maître
recom¬mençait.
J'aivoulu expérimentersurles rêves d'origine
idéo-
gène. Mon sujet,AlbertX..., m'a servi d'autant mieux
que je connaissais toute ses
réactions psychiques,
l'ayant longuement étudié pour ma
thèse,
pour monlivre sur les Rêves et dans plusieurs expériences.
J'aivoulu savoir commentAlbert X... se comportait
entre deux suggestions d'ordre général telles que
le
Vice et la Vertu. Les premières expériences remon¬
tent à 1888; je les ai reprises en 1893 au moyen de
la photographie
instantanée. J'ai
puainsi obtenir
trente-trois clichés, grâce au concours intelligent et
dévouéde M. Panajou, le photographebordelais bien
connu.
Obs. Y.—1°Suggestionshypnotiques(l): Ayantendormi Albert, je lui dissimplement ces mots: «Legenou g*au- che représente la Vertu, le genou droit représente le
Vice. » Cela fait, je note ce qui se passe. Je presse le
genou droit (Vice). Albert prend un verre vide qui
était
(')Pli.Tissié.De lacaptivation, créationde zonesidéogènes(Comp¬
tesrendusduCongrès deMédecine mentale.Paris, 1889).
— 14 —
sur la table et boitjusqu'à tomber parterre; apercevant
une photographie, il prend l'image pour la réalité, sa figure se congestionne et alors commence une scène érotique que j'arrête instantanément en pressant le
genou gauche
(Vertu);
Albertdevient aussitôt fort chaste^
ses propos sont honnêtes. Jepresse le genou droit (Vice).
Ilvoit un portefeuille dans la poche d'un témoin d'une
de ces expériences, il le lui vole et le met dans sa poche.
Je presse le genou gauche (Vertu). Il rend le porte¬
feuille à son possesseur en le remettant lui-même dans
la poche.
Je presse à la fois le genou gauche et le genou droit.
Albert est très indécis, il lutte violemment et finit par laisser le portefeuille à son possesseur; mais il enlève
une lettre qu'il renfermait et qui dépassait les re¬
bords.
Je presse le genou gauche, il rend la lettre. Tout
cela
accompagné d'un jeu de physionomie impossibleà dé¬
crire et qui me révèle la luttes'établissant entrelesdeux suggestions.
2° Suggestions post-hypnotiques : J'endors Albert et
je
crée douze zonesidéogènes enmême temps, entreautres
celles du médius gauche qui lui donnera l'envie
d'éter-
nuer, celle de l'auriculaire
gauche
quireprésente la chas-
tetéj celle de Vauriculaire droit qui représente la
lubricité, etc., etc.
Je réveille mon sujet. La pression de chaque zone répond à la suggestion donnée, celle du
médius gauche
provoque l'éternuement; plus je presse, plus.
Albert
éternue.
Mais la plus curieuse de toutes les suggestions est
celle des auriculaires. Selon que je presse celui de la
main droite ou de la main gauche, il passe par des
alternatives de lubricité et de chasteté. Le jeu de sa
physionomie est caractéristique. Albert se
demande
avec anxiété s'il ne devient pas fou, il ne comprend plus rien à ce qui se passe en lui. Si je presse en
même
temps les deux doigts, il reste indécis, les
sentiments
passionnelssont en rapport avec
l'intensité de la
pres¬sion digitale,
La première fois que je fis cette
expérience, j'avais
oublié de supprimer ces deux suggestions; or,
voici
ce qui se passa :Le lendemain de ce jour, Albert entre dans mon cabinet, pouvantà peine se traîner, il
était abattu,
sestraits étaient tirés. Il me raconta que la veille, une demi-heure après être sorti de chez moi, il avait ren¬
contré un ami dans la rue. Il lui avait serré la main
droite et presque au mêmeinstant ilentrait en
érection.
Aussitôt, il se rappela la suggestion que je lui
avais
donnée et il passa sa journée à se presser tour à tour
l'auriculaire droit et l'auriculaire gauche. Il eut plu¬
sieurs rapports conjugaux pendant la
nuit; enfin, le
matin même, en se rendant chez moi, il avait
pressé
deux fois l'auriculaire droit et avait eu deux pollutions
si violentes qu'il avait été obligé de s'arcbouter
contre
une maison pour nepas tomberpar terre.
Albert ne me trompait pas: sa chemise était toute
maculée. Fait à noter, l'excitation génésique trop sou¬
vent répétéeprovoquait le ténesme rectal contre
lequel
Albert luttait par la pression de l'auriculaire
gauche,
qui ramenaitle calme en repoussant
les idées lubriques.
J'endors mon sujet et je supprime cette
suggestion.
Au réveil, il l'acomplètement oubliée.
Voici maintenant dans le tableau que je vous pré¬
sente les trente-trois épreuves instantanées
des rêves
photographiés. J'avaisplacé
surchaque jambe
une petite boîte encarton,mobile dans
soncouvercle
ren¬versé que j'avais.fixé à la cuisse par une
attache; la
jambe droite représentaitla Vertuet la
gauche le Vice.
Je versais dans chaque boîte une certaine
quantité de
cendrette de plomb, un écran placé entre
les
yeuxet
lesgenoux du sujet
l'empêchait de voir
ce queje fai¬
sais. Quand le poids versé avait atteint une
différence
de pression de 32g50 à
42
grammes,soit à la jambe
droite, soit à la jambe gauche, Albert passait de la
Vertu au Vice ou vice versa, ainsi que l'exprime sa mimique et que l'a noté la sténographie de ses rêves prise pendant l'expérience. J'ai, de plus, chronométré
le temps des réactions diverses. C'est ainsi qu'Albert
met i'T pour s'endormir par la pression digitale, j'avais créé cette zone hypnogène. Les divers rêves
ont duré de l'23" à l'58", pendant lesquels plusieurs photographies ont été prises. Le temps mis pour la
formation du rêve photographié dans l'épreuve n° 29
n'a été que de 2".
Du n° 22 aun° 23, nous assistons au déclanchement psychique du sujet qui, de vertueux, devient vicieux
par une pesée de 46 grammes sur la jambe gauche.
Le temps de réaction est de6'33\
Dans l'épreuve n° 23, Albert exprime la colère, il frappe son siège, il défie, il attaque, la montée des
mauvais sentiments se produit, il reprend le rêve de
vol qui a été supprimé quelques minutes auparavant
par la pression de la jambe droite. Il discute l'acte qu'il va commettre. « Ça ne peut durer toujours
comme ça;j'en ai assez, vous savez,» s'écrie-t-il.
Dans la photographie n°24, il recherche les moyens
d'accomplir l'acte; il juge: « Vouspouvez changer les papiers. Allons-y, il faut partir, vite. Si j'avais un couteau!» Le temps mis pour l'élaboration du juge¬
ment a été de l'20".
Lesépreuvesnos25 et26 nous indiquentque laréso¬
lution est prise : « Si on est pris, je prends tout sur
» moi.Allons-y, je laperai!je taperai!Venez avecmoi.
» Vous n'avez rien à craindre, nous sommes sauvés
y>puisque vous vous chargez d'échanger les billets.
» Voulez-vousvenir? »
« Sion nous coupe le cou? » lui dis-je. Et Albert se
tait; il s'endort enprofondeur, il ne rêve plus, ainsi
que l'indique l'épreuven° 27, quiest semblable à celle
— 17 —
du n° 13. Albert tombe dans cet état après un acte
vivement accompli à l'état de rêve. La décharge ner¬
veuse intense provoque un arrêt du rêve avec un besoin de repos, ainsi qu'on peut le constater par les
deux photographies (n° 43 et n° 27). Cependant, l'idée
demeure et la preuve en est dans le rêve provoqué
ensuite par ma question : « Si on nous coupe lecou? » Albert ayant remonté en sommeil en hauteur, objec¬
tive son rêve de vol et d'assassinat sur une femme et
sonenfant qu'onvaguillotiner. Il se lamente,il pleure,
il demande grâce pour les coupables. Ainsi, l'idée de
châtiment que j'avais émise avait fait son chemin en
dessous, dans le sommeil en profondeur et reparais¬
sait sous la forme d'un rêve d'exécution capitale, car
j'avais parlé de décapitation.
Mais la mimique du n° 14 au n°20 estplus intéres¬
sante encore. La mobilité d'expression de la physio¬
nomie a été saisie instantanément; j'ai pu ainsi fixer
concrètement et sur le fait la série des manifestations
psychiques et des réactions entre la formation d'une
idée et l'acte accompli. La photographie confirme la
loi psychologique qui établit quatre stades dans tout
acte volontaire : 1° une impression sensorielle provo¬
quant un rappel de mémoires, c'est à dire de témoi¬
gnages;2°unjugementparassociationdestémoignages,
c'est à dire une discussion; 3°unverdict ou résolution
prise après discussion; 4° unacte qui exécute le juge¬
ment.
Une suggestion de Vice ayant été donnée par pres¬
sion sur lajambe gauche, après le sommeil enprofon¬
deur (n° 13), nous assistons, par les photographies
n°s14? 15 et J6, à la formation de l'idée de Vice, c'est
à dire au rappel des mémoires et comme à une audi¬
tion de témoins. Lamimique si expressive nousrévèle
son état d'âme. La mimique du n°17 nous fait assister
à la discussion de l'idée, aujugement. Dans celle du
— 18 —
n° 18, nous constatons que la résolution est
prise, le
verdict est rendu. L'acte s'accomplit dans le n°19, où
la mimique nous fait assister àun
vol
envoie d'exécu¬
tion, et il est commis dans le n°
20. Le
tempsmis
pour parcourir tout le
cycle, formation de l'idée, dis¬
cussion, résolution, état
d'acte,
aété de 37"
etla pesée
ayantprovoqué le rêve est
de 34
grammes.Je donne une suggestion post-hypnotique
à Albert
ausujetde la nature de
l'impression tactile qu'il
a res¬sentie. Au réveil, Albert ignore que je lui ai donné
les deuxsuggestions de
Vice
etde Vertu ainsi
queles
rêves qu'il a faits, sauf
cependant le dernier, celui de
l'exécution capitale que je lui avais
suggéré de
se rap¬peler afin de pouvoir en
contrôler
sonrécit verbal
post-hypnotique avec lasténographie
etles photogra¬
phies.
L'impression tactile perçue a
été
unesensation de
brûlure exactement localisée aux points des deux jambes où les pressions ont
été exercées dans les
boites. Cette sensation de brûlure a été semblable
pour les deux séries de
suggestions, cependant
oppo¬sées l'une à l'autre; au réveil, la mémoire seule de
brûlure subsiste, mais il y a amnésie pour les
deux
séries suggestives. Il n'y a pas eu
association
cons¬ciente d'idées entre l'impression tactile et le déclan-
chementdu «moi». L'impression ayant été égale pour les deux jambes, cette association
s'est produite indi¬
rectementdans les centres psychiques où lasuggestion
avaitlocalisé la Vertu àlajambe droite et le Vice àla jambe gauche. En somme,
si l'on
comparel'impres¬
sion tactile à une sonnerie électrique à deux boutons,
lapression sur chaque bouton a
été la même, mais le
timbre des deux sonneriesa résonné différemment.
La vie des rêves est très intense chez les sujets hypnotisables et
chez les hystériques;
unesuggestion
donnée à l'état hypnotique peut être
exécutée dans
— 19 —
le sommeil de la nuit. On peut créer des rêves à
échéances successives ou alternatives; si les rêves
sontpathogènes, ils peuvent être appliqués thérapeu- tiquement. La formation et
l'accomplissement d'un
rêve est très rapide. Enfin, un rêve imposé peut être
narré par écrit le lendemain à l'état de
veille
sans quele sujet conserve le souvenir de cet acte. Laforme im¬
pulsive et l'amnésie qui accompagnent tous les actes post-hypnotiques permettent d'admettre que l'état
second surgit tout à coup, probablement par associa¬
tion d'idées pour l'accomplissement de l'acte suggéré,
et qu'il cesse aussitôt que cet acte a étéaccompli pour laisser réapparaître l'état prime.
La question très importante de la parité des deux
sommeils physiologique et hypnotique non résolue
encore par les
Écoles
de la Salpêtrière et de Nancyreste pendante. Dans mes travaux précédents et dans celui-ci, je me suis appliqué à établir les nombreux points de contact entre ces deux états par les mani¬
festations semblables qui existent dans l'un et l'autre
sommeil.
Pour l'École de la Salpêtrière, le somnambule et l'hystérique hypnotiquedormentunsommeil tellement
différent du sommeil de l'homme sain, que ce som¬
meil constitue une entité morbide. Ainsi, le sommeil
naturel des hystériques serait, non seulementun som¬
meil pathologique, mais de plusun sommeil analogue
au sommeil hypnotique. D'où la conclusion que tout sujet quis'endort hypnotiquement est l'analogue d'un malade, c'est à dire un malade. Il faudrait donc traiter
commetels les animaux eux-mêmes qui sont hypnotb
sables.
De son côté,
l'École
de Nancy n'admet que des degrés dans les divers états, degrés qui constituent lesdiverses manifestations psychiques du sommeil, qu'il
soitnormal, somnambulique ou hypnotique.
— 20 —
Dans une thèse récente passée devant la Faculté de
Bordeaux (*), M. Escande de Messières conclut, sur
une seule observation (Berthe L..., obs. II), de l'ana¬
logie des deux sommeils, hystérique et
hypnotique. Ce
n'est pas suffisant. « Bien que le
sommeil des hystéri-
» ques, dit-il, et leurs rêves présentent
certaines
ana-» logies avec le sommeil et les délires
hypnotiques,
» ces divers états ne sont cependant pas identiques;
» car outre des différences physiques plus ou moins
»appréciables, il y a entre eux une
différence
essen-»tielle. Leplus souvent, les suggestions créées par
le
» rêve ne peuvent être détruites
pendant l'hypnose
» commele serait une suggestion
hypnotique.
»Ceci ne prouve rien, sinon que
dans le rêve le
«moi » possède une activité
différente
quedans l'hyp¬
nose où il est inhibé du fait même de l'opérateur.
L'auteurn'ose, d'ailleurs, pasaffirmer. «
Le plus
sou¬vent, dit-il, les suggestions créées par
le rêve
ne peuvent être détruites pendantl'hypnose,
etc... »C'est
toujours qu'il aurait dû écrire pour
être concluant.
Or, pourpouvoir ainsi affirmer,
de nombreuses obser¬
vations étaientindispensables et il ne nous en
fournit
guère. D'ailleurs,l'auteur conclut
en cestermes
:« Les rêves hystériques ne sont que
Yexagération de
ceux que l'on trouve dans
les
rêvesdes sujets
nor¬maux.» Mais sices rêves nesont qu'une exagération,
le sommeil hystérique qui les produit
n'est qu'une
exagération dusommeil normal physiologique, et c'est
ce qu'admet
l'École
de Nancy.Une expérience reste encore
à faire, j'ignore si elle
a été tentée. Jeviens de démontrer qu'une suggestion
donnée à l'étathypnotique peut être
exécutée dans le
sommeil normal de la nuit; il faudrait savoir mainte¬
nant si une suggestion donnée à l'état
de sommeil
p)EscandedeMessières. Les rêces chez les hystériques, th. de Bor¬
deaux, 1895.