Outils e t m éthodes de la recherche
Avant-propos
Olivier Langlois (ArScAn - Afrique)
Virginie Laniepce (ArScAn - Archéologie et systèmes d'information)
Philippe Soulier (ArScAn - Ethnologie préhistorique)
Le septièm e th è m e transversal a é té voulu spécifique aux outils e t aux m éthodes, co m m e un lieu de d é b a t bien identifié, qu'il s'agisse d'épistém ologie, d'histoire d e la recherche ou d e m éthodes appliquées, a ve c les systèmes d'inform ation ou l'ethnoarchéologie. Néanmoins, il existe une interaction forte a v e c les autres thèm es transversaux d e l'UMR, ca r ch a cu n , d'une fa ç o n ou d'une autre, au dé to u r des présentations de résultats, a b o rd e les problèm es m éthodologiques qui, d e fait, intéressent tous les participants des préhistoriens aux antiquisants ou aux médiévistes.
Pour l'instant, les séminaires sur l'épistém ologie (responsable : Philippe Soulier) sont suspendus.
En c e qui c o n ce rn e l'eth noarchéologie (responsable : Olivier Langlois), nous nous rendons c o m p te après un certain nom bre d e réunions q u e c'est une m é th o d e qu'utilisent plusieurs archéologues dans l'UMR, mais qu'il fa u t l'intégrer dans une réflexion plus large qui traiterait des choix m éthodologiques d e c h a c u n en réponse à ses problém atiques.
Nous avons pa r ailleurs continué à porter notre a tte n tio n sur les systèmes d'inform ation (responsable : Virginie Laniepce). Trois séminaires ont eu lieu, « Interprétations archéologiques e t inform atique » (Henri-Paul Francfort, ArScAn - Asie Centrale), « La base de données ICAR : Iconographie-A rchéologie pour l'Italie pré romaine » (N a ta c h a Lubschansky e t Annick Fenet, ArScAn - Espri) e t « Les Systèmes d'inform ation G éographiques » (Laurent Costa, A tta c h é d e conservation au service dé p a rte m e n ta l du Val d'Oise e t ArScAn - Archéologie e t systèmes d'inform ation). A ucun résumé d e ces com m unications n'a é té rédigé par leurs auteurs, mais nous proposons ici des comptes-rendus.
Notre intérêt pour c e th è m e spécifique aux outils e t aux m éthodes ne faiblit pas. Nous voudrions qu'il soit encore d a v a n ta g e le lieu où prendre en c o m p te le pluriel d e notre intitulé « archéologies » , en a nim ant une réflexion sur la co h é re n ce d e nos dém arches. Ce thèm e d o it être aussi le lieu où s'analysent d e façon collective les besoins m éthodologiques, en vue d'a ider à formaliser, voire à élaborer les applications concrètes. C'est un m oyen d e co m p re n d re co m m e n t faire aboutir les m éthodes e t les outils d o n t le besoin nous est commun.
Axe « Systèmes d'information » (V. Laniepce)
Plenri-Paul Francfort (ArScAn - Asie Centrale) a longtem ps consacré des recherches à la modélisation du raisonnem ent en A rchéologie qu'il a com binées à la constitution d e systèmes experts, systèmes informatisés m odélisant la connaissance d'un expert e t produisant en sortie des résultats interprétatifs élaborés à partir de bases d e connaissances. Il a d é v e lo p p é le program m e Palam ède dans les années 1980 sur le problèm e d e la reconnaissance d e l'é ta t en Asie centrale e t l'a utilisé pour l'étude d e plusieurs fouilles1 : les corpus d e données archéologiques analysés dans la base d e faits (données matérielles, topographie, technolo gie, architecture), les critères inférant l'apparition d e l'état (l'écriture, les travaux publics, etc.) associés à une base d e règles ont
1 Sur ces recherches e t sur Palam ède, Francfort H.-P., « L'apport des systèmes experts à l'archéologie », Brises. n °l 5, Traitement d e l'information en Archéologie, 1989 (paru en 1990), p.137-141 ; Francfort H.-P., Lagrange M.S., Renaud M „ PALAMEDE, A p p lica tio n s des systèmes experts à l'archéologie d e civilisations urbaines protohistoriques (D ocum ent d e travail n°9), CNRS, LISH/ÜPR 315, 1989.
Virginie Laniepce
servi
à
établir des propositions. Les résultats obtenus o n t m ontré qu e c e système enrichissait p a r ses propositions le c h a m p des possibilités e t perm e tta it des simulations ; il é ta it a d a p ta b le à d'autres cultures e t pouvait être é te n d u en a jo u ta n t des données. L'équipe Asie ce n tra le a conservé la c o m p é te n c e e t le système expert, mais c e ty p e d e travaux s'est peu d é v e lo p p é en A rchéologie. Dans le do m a in e d u droit, en revanche, après les mêmes recherches dans les années 1980 e t 1990, les systèmes experts sont toujours d 'a c tu a lité : un program m e ré ce n t a mis en p la c e une a p p lica tio n d e simulation d'un ju g e adm inistratif à partir d'un corpus d'avis du Conseil Institutionnel. L'application a co n va in cu p a rc e qu'elle a reflété le niveau c o lle c tif des décisions e t mis en é vid e n c e le g ra n d nom bre des critères qui o n t m otivé les avis des juges.À l'opposé, les Systèmes d'inform ation G éographiques (SIG) sont des outils en pleine progression dans la discipline, ré p o n d a n t aux besoins induits p a r l'a rc h é o -g é o g ra p h ie (études d u paysage, dynam iques environnem entales e t sociales, m odélisation des m odes d 'o c c u p a tio n e t d'organisation des territoires) e t sur le terrain, par le d é ve lo p p e m e n t d e l'archéologie extensive. L'année 2000 a v a it é té l'occasion d 'é co u te r Laure Nuninger e t François-Pierre Tourneux (C entre NTI@SHS e t Laboratoire THEMA, Université d e Franche-Com té) sur les analyses spatiales e t le projet de diffusion des données menés à la suite du p rogram m e Archeomedes. Laurent Costa (A tta c h é d e conservation au service d é p a rte m e n ta l du Val d'Oise e t ArScAn - Archéologie et systèmes d'inform ation) est intervenu deux fois. Au dé to u r des questions techniques, son exposé éta it centré sur les dém arches m éthodologiques e t a donné, à un public plu tô t com posé d e « non-initiés » , un aperçu des fonctions des SIG :
- l'enregistrem ent des données archéologiques e t des informations géo-référencées, - la m odélisation servant à construire des hypothèses,
- l'élaboration d e diverses représentations dans le c a d re d'études à l'échelle lo ca le ou globale d'un espace, en vue d'analyser la présence e t la disparité des sites archéologiques, la densité des vestiges, révolution des territoires e t des m odes d e peuplem ent.
L. Costa c o m m e n c e c e tte année une thèse2 dans laquelle il s'intéresse à la d yn a m iq u e d'intégration des SIG p a r la c o m m u n a u té des archéologues.
Enfin, il a é té question des bases d e données docum entaires factuelles - dans lesquelles l'unité do cu m e n ta ire est l'objet archéolog ique lui-même - a v e c le projet d e N a ta c h a Lubtchansky (ArScAn - Espri). Dans le c a d re d'un ACI Jeunes Chercheurs CNRS, elle a constitué une base d e données e t d'im ages des décors figurés d 'Ita lie pré-romaine, issus des cultures étrusques, italiques e t italiotes, qu'ils soient portés par des objets ou des monuments. La période chronologique s'étend du VIIIe siècle av. J.-C. à la fin d e la période hellénistique. À term e, plusieurs supports seront pris en c o m p te : la peinture funéraire, les vases, les reliefs, les miroirs, etc., mais dans une première é tape, la base n 'a é té constituée qu e pour la peinture funéraire. L 'o b je ctif est d e faciliter les comparaisons sur ces corpus, alors q u e les inform ations sont dispersées dans les publications traditionnelles. Les analyses, effectuées a v e c l'a id e d 'A n n ick Fenet (ArScAn - Espri), portent sur les supports, les scènes figurées e t leurs diverses interprétations (en term e d e datations, d'id entifications des personnages e t des scènes). Des reproductions numériques des photos, dessins, aquarelles o n t é té collectées d e fa ç o n systématique e t associées aux analyses. La base sera diffusée sur Internet à destination d e l'ensemble d e la co m m u n a u té 3. La version actuelle du projet d onne une idée d e la couverture d o cu m e n ta ire e t d e la finesse d'a nalyse d e c e travail. Son auteur espère être rejoint par d'autres spécialistes français ou étrangers qui ajouteraie nt leurs propres corpus de recherche à la base d é jà mise en p lace.
2 Costa L., SIG et archéologues : introduction aux approches géomatiques en archéologie, Thèse d e d o c to ra t en cours (Univ. Paris X, dir. A - M. Guimier-Sorbets).
3 Pour l'instant, est consultable une version d e dém onstration (http://icaretruscansnow .free.fr), lim itée aux peintures des tom bes étrusques du Ve siècle av. J.-C e t associée à des vignettes, en a tte n d a n t l’autorisation d e reproduction des images.