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L'influence de l'humeur sur la motivation

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L'influence de l'humeur sur la motivation

FRANZEN, Jessica, BRINKMANN, Kerstin, GENDOLLA, Guido H.E.

Abstract

Dans ce chapitre, nous aborderons l'influence de l'humeur actuelle sur l'intensité de la motivation en nous basant sur la théorie de l'intensité de la motivation et le mood-behavior-model. Nous nous focaliserons sur la mobilisation de l'effort, opérationnalisée par la réponse cardiovasculaire. Nous aborderons la façon dont l'humeur influence la mobilisation de l'effort dans des tâches mentales en fonction de la difficulté de la tâche. Les résultats montrent que les participants dans une humeur négative manipulée ou dispositionnelle (les participants dysphoriques) mobilisent plus d'effort lorsque la difficulté de la tâche est non fixée ou facile, et moins d'effort lorsque la tâche est difficile. Puis, nous parlerons du rôle de l'importance du succès. Les résultats montrent que les participants dont l'humeur négative est manipulée mobilisent plus d'effort à une tâche difficile lorsqu'une récompense est anticipée, alors que les participants dysphoriques mobilisent peu d'effort, qu'une conséquence positive ou négative soit anticipée ou non.

FRANZEN, Jessica, BRINKMANN, Kerstin, GENDOLLA, Guido H.E. L'influence de l'humeur sur la motivation. In: Laurent, Eric & Vandel, Pierre. De l'humeur normale à la dépression en psychologie cognitive, neurosciences et psychiatrie. Paris : DeBoeck Supérieur, 2016.

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:91175

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L’influence de l’humeur sur la motivation

Jessica Franzen, Kerstin Brinkmann & Guido H. E. Gendolla Geneva Motivation Lab, Université de Genève

Paru dans :

De l’humeur normale à la dépression en psychologie cognitive, neurosciences et psychiatrie (pp. 53-67)

Eric Laurent & Pierre Vandel (Eds.) Paris, France : DeBoeck Supérieur

ISBN : 9782353273546

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Résumé

Dans ce chapitre, nous aborderons l’influence de l’humeur actuelle sur l’intensité de la motivation en nous basant sur la théorie de l’intensité de la motivation et le mood-behavior- model. Nous nous focaliserons sur la mobilisation de l’effort, opérationnalisée par la réponse cardiovasculaire. Nous aborderons la façon dont l’humeur influence la mobilisation de l’effort dans des tâches mentales en fonction de la difficulté de la tâche. Les résultats montrent que les participants dans une humeur négative manipulée ou dispositionnelle (les participants dysphoriques) mobilisent plus d’effort lorsque la difficulté de la tâche est non fixée ou facile, et moins d’effort lorsque la tâche est difficile. Puis, nous parlerons du rôle de l’importance du succès. Les résultats montrent que les participants dont l'humeur négative est manipulée mobilisent plus d’effort à une tâche difficile lorsqu’une récompense est anticipée, alors que les participants dysphoriques mobilisent peu d'effort, qu'une conséquence positive ou négative soit anticipée ou non.

Mots-clés :

Humeur, dépression, motivation, mobilisation de l’effort, réactivité cardiovasculaire

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1. Introduction

De façon générale, la motivation est le processus qui détermine le comportement, et plus particulièrement le « pourquoi » et le « comment » du comportement. De manière plus précise, le concept de motivation détermine quatre aspects du comportement : son

déclenchement, sa direction, sa durée et son intensité (Vallerand et Thill, 1993). Dans ce chapitre, nous nous focaliserons sur l’intensité du comportement, qui correspond à l’effort mobilisé pour une action, la mobilisation de l’effort étant définie comme le niveau de ressources mobilisées à un certain moment dans le temps pour exécuter un comportement instrumental, c’est-à-dire un comportement dirigé vers un but (Gendolla et Wright, 2009).

Nous chercherons alors à savoir comment un certain type de vécu affectif, l’humeur, peut systématiquement influencer l’intensité du comportement. Dans ce contexte, nous

présenterons une série d’études menées dans notre laboratoire sur la mobilisation de l’effort au cours de la performance à des tâches cognitives, c’est-à-dire des tâches qui impliquent l’attention, la mémoire ou le raisonnement.

Notre analyse sera basée sur l’intégration de deux théories : la théorie de l'intensité de la motivation (Brehm et Self, 1989) et le mood-behavior-model (MBM; Gendolla, 2000).

La première théorie prédit que l’effort mobilisé pour une tâche augmente proportionnellement à la difficulté subjective de celle-ci aussi longtemps qu’il est possible de faire face aux

exigences de la tâche et tant que l’effort nécessaire est justifié. La deuxième théorie, quant à elle, explique comment des états d’humeur peuvent influencer l’intensité de la motivation.

De plus, notre analyse sera basée sur l’idée selon laquelle le comportement est

gouverné par le principe de conservation des ressources. Selon ce principe, les individus vont mobiliser uniquement les ressources nécessaires pour accomplir un but, cela leur permettant à la fois d’atteindre leurs buts et de conserver leurs ressources (p.ex. Gendolla et Silvestrini, 2015; Richter, 2013). Durant la première partie du XXe siècle, ce principe était largement accepté dans la recherche sur la motivation, comme par exemple dans la « loi du moindre travail » (Hull, 1943) et le « principe du moindre effort » (Tolman, 1932) postulés par le behaviorisme, mais également dans la « loi de la difficulté dans le domaine de la motivation » (p.ex. Ach, 1935; Hillgruber, 1912) postulée par la psychologie cognitive. Puis, ce principe est passé dans l’oubli durant un certain laps de temps jusqu’au moment où la théorie de l’intensité de la motivation (Brehm et Self, 1989) a permis de le redécouvrir et de l’élaborer.

Les études que nous allons présenter dans ce chapitre se trouvent au sein de cette tradition, étant donné qu’elles permettent d’expliquer le rôle des humeurs sur la mobilisation de l’effort avec le principe de conservation des ressources comme principe de base.

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Nous commencerons notre analyse avec une discussion détaillée de la théorie de l’intensité de la motivation et du MBM. Puis, nous présenterons plusieurs études sur l’impact de l’humeur manipulée et dispositionnelle sur la mobilisation de l’effort en nous focalisant non seulement sur la difficulté de la tâche, mais également sur l’importance du succès.

2. Cadre théorique

2.1. La théorie de l’intensité de la motivation

Comme mentionné plus haut, une théorie très influente se base sur la loi de la difficulté dans le domaine de la motivation. Il s’agit de la théorie de l’intensité de la

motivation (Brehm et Self, 1989). Cette théorie se base sur le principe de la conservation des ressources, qui suppose que les individus évitent de gaspiller de l’énergie. Ainsi, on s’attend à ce que les individus mobilisent leur énergie proportionnellement à l’impression subjective des exigences d’une tâche, et ceci uniquement tant qu’il leur semble possible d’accomplir la tâche avec succès et que la mobilisation de l’énergie est justifiée par l’anticipation d’un bénéfice. Il est très important de noter que la théorie fait la différence entre l’intensité de la motivation qu’une personne investit à un moment donné et la motivation potentielle (Richter, 2013;

Wright, 2008). Cette dernière représente l’importance du succès et est déterminée par les besoins de l’individu, l’incitation que l’accomplissement de la tâche procure et

l’instrumentalité de la tâche pour obtenir un bénéfice. L’importance du succès détermine l’énergie maximale qu’une personne est prête à investir pour une tâche donnée. Il est important de noter que la motivation potentielle est le concept théorique tandis que

l’importance du succès est le terme que nous utiliserons de manière synonyme quand nous nous référerons à une situation spécifique.

En outre, la théorie de l’intensité de la motivation distingue trois types de tâche pour lesquelles elle fait des prédictions différentes : (1) Les tâches à difficulté fixée et claire sont des tâches pour lesquelles l’individu connaît le niveau de difficulté et pour lesquelles il peut donc ajuster sa mobilisation de l’effort en fonction de la difficulté. Autrement dit, l’intensité de la motivation (l’intensité de l’effort) augmente proportionnellement avec la difficulté de cette tâche et ceci jusqu’au point où soit la difficulté de la tâche est trop élevée pour

l’accomplir, soit la mobilisation de l’effort n’est pas justifiée par le bénéfice potentiel (la motivation potentielle). Ainsi, la motivation potentielle ne détermine pas la mobilisation de l’effort de manière directe, mais seulement de manière indirecte en limitant la relation entre la difficulté de la tâche et l’intensité de l’effort. Cette relation entre la difficulté de la tâche, la

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motivation potentielle et l’intensité de la motivation est représentée dans la Figure VI.1. (2) Les tâches à difficulté non fixée sont des tâches pour lesquelles le niveau de performance n’est pas déterminé et pour lesquelles l’individu peut donc décider lui-même du niveau de performance. La théorie suppose que dans ce cas de figure, l’intensité de la motivation augmente proportionnellement avec l’importance du succès dans le sens où les individus essaient de faire de leur mieux tant que la mobilisation de l’effort est justifiée et possible. (3) Finalement, les tâches à difficulté fixée et vague sont des tâches pour lesquelles l’individu ne connaît pas la difficulté et ne peut donc pas ajuster sa mobilisation de l’effort en fonction de son impression subjective de la difficulté. Faute d’un autre indicateur pour guider la

conservation des ressources, la théorie suppose alors que les individus mobilisent leur effort en fonction de l’importance du succès. Autrement dit, dans des tâches à difficulté non fixée ou à difficulté fixée et vague, plus les besoins de la personne, l’incitation de la tâche ou

l’instrumentalité de la tâche sont élevés, plus la mobilisation de l’effort est importante.

2.2. La mobilisation de l’effort et la réactivité cardiovasculaire

Dans les décennies antérieures, un grand nombre d’études empiriques sont parvenues à démontrer les prédictions de la théorie de l’intensité de la motivation en ce qui concerne les relations entre la difficulté de la tâche, la motivation potentielle et l’intensité de la motivation à un moment donné (Brehm et Self, 1989). La plus grande partie de ces études s'est basée sur une approche intégrative proposée par Wright (1996). Cette approche intégrative se fonde sur les travaux d’Obrist (1981) et suggère que les mesures cardiovasculaires reflétant l’impact béta-adrénergique sur le cœur sont susceptibles de représenter l’intensité de la motivation et ainsi la mobilisation de l’effort à un moment donné. Plus précisément, Obrist a montré que dans une situation où les individus peuvent contrôler les résultats de leurs actions (une situation d’active coping, par opposition à une situation de passive coping, où les individus sont des récepteurs passifs d’une influence extérieure), la réponse du système nerveux sympathique est proportionnelle aux exigences d’une tâche. De plus, Obrist a montré que cette tâche peut être non seulement une tâche physique, mais également une tâche mentale. La mesure de la réactivité de certains paramètres cardiovasculaires – qui sont influencés par l’activité du système sympathique (béta-adrénergique) sur le cœur – représente une

opérationnalisation possible de l’intensité de la motivation et de la mobilisation de l’effort à un moment donné pour une tâche mentale.

Parmi les mesures non invasives de la stimulation béta-adrénergique du cœur se trouve en premier lieu la période de pré-éjection (pre-ejection period, PEP). Elle représente

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l’intervalle de temps en millisecondes (ms) entre le début de l’excitation électrique du ventricule gauche et l’éjection du sang dans l’aorte et constitue la mesure la plus directe et la plus fiable de la force de la contraction du cœur. Plus la force avec laquelle le cœur se contracte est importante, plus le temps nécessaire pour ouvrir la valve aortique est court. En second lieu se trouve la pression artérielle systolique (PAS), représentant la pression

maximale en millimètre de mercure (mmHg) contre les vaisseaux après un battement de cœur.

Cette mesure est influencée par la résistance dans le système vasculaire, ce qui la rend moins fiable et directe que la PEP. Cependant, comme elle est systématiquement influencée par la contractilité du cœur, il s'agit d'une mesure acceptable de la mobilisation de l’effort. La pression artérielle diastolique (PAD), c’est-à-dire la pression minimale en mmHg entre deux battements de cœur, dépend encore plus de la résistance vasculaire que la PAS. Finalement, la fréquence cardiaque (FC, mesurée en nombre de battements par minute) est non seulement influencée par le débit sympathique et l’impact béta-adrénergique sur le cœur, mais également par le débit parasympathique. Et comme l’impact de ces deux systèmes sympathique et

parasympathique est indépendant, les effets de la mobilisation de l’effort sur la FC sont difficiles à prédire (Levick, 2003; Light, 1987; Obrist et al., 1987; Papillo et Shapiro, 1990).

Utilisant la réactivité cardiovasculaire, et notamment la réactivité de la PEP et de la PAS, comme indicateur de la mobilisation de l’effort, un grand nombre d’études a confirmé les prédictions de la théorie de l’intensité de la motivation de Brehm (pour des revues récentes de cette littérature, voir Gendolla et al., 2012a; Gendolla et al., 2012b). Ainsi, pour une tâche à difficulté fixée et claire, la réactivité cardiovasculaire augmente proportionnellement avec la difficulté de la tâche, jusqu’au point où la tâche semble trop difficile ou l’effort ne semble plus justifié. A ce moment précis, la réactivité cardiovasculaire chute étant donné la présence d’un désengagement. Les études ont également montré que la motivation potentielle, qui n’a elle-même pas d’effet direct sur la réactivité cardiovasculaire, modère la relation entre la difficulté de la tâche et la réactivité cardiovasculaire en amenant une limite supérieure à cette dernière. Quant aux tâches à difficulté non fixée et aux tâches à difficulté fixée et vague, des études ont confirmé l’hypothèse selon laquelle la réactivité cardiovasculaire dépend

directement des facteurs influençant la motivation potentielle, qui sont les besoins de la personne, l’incitation de la tâche et l’instrumentalité de la tâche (voir également Wright, 1996, 1998; Wright et Kirby, 2001).

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2.3. Le mood-behavior model

Afin de présenter les relations entre l’humeur et la motivation, et plus particulièrement la façon dont l’humeur actuelle ainsi que dispositionnelle agit sur la motivation, nous avons choisi de nous focaliser sur le MBM (Gendolla, 2000). Contrairement aux émotions, les humeurs sont des états affectifs de plus longue durée dont l’origine n’est pas forcément consciente (voir Schwarz et Clore, 1988). Toujours en comparaison aux émotions, les humeurs n’ont pas d’implications motivationnelles spécifiques et stables. Néanmoins, le MBM suggère que l’humeur peut influencer le comportement à travers deux processus différents, que sont l’influence informationnelle et l’influence directionnelle de l’humeur.

Ces deux processus peuvent agir soit de manière indépendante l’un de l’autre, soit de manière simultanée.

2.3.1. L’influence informationnelle de l’humeur

L’influence informationnelle se réfère aux effets de congruence à l'humeur. L’humeur constituerait une forme d’information intégrée à d’autres informations au moment de faire un jugement ou une évaluation par rapport à un comportement. Ainsi, le MBM (Gendolla, 2000) prédit qu’une évaluation sera plus positive voire plus optimiste dans le cas d’une humeur positive et plus négative voire plus pessimiste dans le cas d’une humeur négative. Cette supposition s’applique tant que la valeur diagnostique de l’humeur pour le jugement en cours n’est pas remise en question, c’est-à-dire tant que l’on n’attribue pas son humeur à une autre source. Concrètement, dans le but de conserver ses ressources (voir Brehm et Self, 1989), un individu essayera d’intégrer toutes les informations possibles quant à la difficulté de la tâche à venir. Son évaluation de la tâche sera alors influencée de manière congruente à l’humeur : cet individu percevra la tâche comme étant plus facile s’il est dans une humeur positive et comme étant plus difficile s’il est dans une humeur négative.

Intégrant les postulats du MBM (Gendolla, 2000) avec la théorie de l’intensité de la motivation (Brehm et Self, 1989), les prédictions quant à la mobilisation de l’effort seront les suivantes. Dans le cas d’une tâche à difficulté fixée et claire (voir Figure VI.1), on s’attend à ce que la personne dans une humeur négative mobilise plus d’effort pour une tâche facile que la personne dans une humeur positive, étant donné que la tâche semble plus difficile pour la première personne. Par contre, les prédictions sont différentes lorsque la tâche est difficile. En effet, on s’attend à ce que la personne dans une humeur positive mobilise plus d’effort, la tâche lui semblant difficile mais possible. En ce qui concerne la personne dans une humeur négative, on s’attend à ce qu’elle se désengage, la difficulté subjective dépassant l’effort

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justifié par l’importance du succès. Finalement, lorsque la tâche est extrêmement difficile, l’humeur n’a pas de valeur diagnostique au-delà de l’information de la difficulté extrême de la tâche. On s’attend alors à un désengagement, et ce indépendamment de l’humeur de la

personne. Quant aux tâches à difficulté non fixée, le MBM prédit que l’influence informationnelle de l’humeur entraîne une plus grande difficulté subjective et donc une mobilisation de l’effort plus importante lorsque la personne se trouve dans une humeur négative. Enfin, pour les tâches à difficulté fixée et vague, le MBM ne fait pas de prédiction spécifique. Cependant, le MBM prédit de manière plus générale que l’humeur sera utilisée comme information pour le jugement comportemental qui est saillant et pertinent à un moment donné. Ainsi, on peut prédire que l’humeur devrait influencer les jugements

concernant l’importance du succès lorsqu’il n’est pas possible de juger la difficulté. Une étude de Richter et Gendolla (2009) qui s’est intéressée à l’influence informationnelle de l’humeur sur l’évaluation de l’instrumentalité de la réussite dans une tâche à difficulté fixée et vague est présentée plus bas (voir partie 3.1 de ce chapitre).

2.3.2. L’influence directionnelle de l’humeur

L’influence directionnelle, quant à elle, se réfère à l’initiation et à la direction du comportement conjointement avec la poursuite d’un motif hédonique (c’est-à-dire avec le besoin de se sentir bien). Le MBM (Gendolla, 2000) suggère que l’humeur peut influencer les préférences comportementales et les intérêts dans les situations de choix. La force de cette influence directionnelle de l’humeur est déterminée conjointement par la force du motif hédonique d’une personne et par l’instrumentalité d’un comportement pour satisfaire ce motif.

En ce qui concerne le motif hédonique, il est censé être déterminé par l’intensité de l’humeur, par la saillance de l’humeur ainsi que par le contexte situationnel : plus l’humeur est intense et au centre de l’attention et plus l’expression de son humeur est appropriée dans une certaine situation, plus le motif hédonique est fort. Ainsi, ce serait l’intensité de l’humeur plutôt que la valence de l’humeur elle-même qui déterminerait l’intérêt pour des activités promettant un affect positif. Autrement dit, une humeur négative ou positive intense peut augmenter la force du motif hédonique. Dans le cadre de la théorie de l’intensité de la motivation (Brehm et Self, 1989), l’influence directionnelle de l’humeur se traduit par son influence sur la motivation potentielle. Toute activité promettant soit la régulation d’un affect actuel négatif, soit le maintien d’un affect actuel positif est censée augmenter l’effort potentiellement justifié.

Jusqu’à cette limite supérieure qui est la motivation potentielle, la mobilisation de l’effort est déterminée par la difficulté de la tâche, quand celle-ci est fixée et claire.

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3. Evidence empirique : Rôle de la difficulté de la tâche

3.1. Influence de l’humeur manipulée sur la mobilisation de l’effort

3.1.1. Paradigme expérimental

Au cours des 15 années passées, un programme de recherche étendu a testé les prédictions qui découlent de l’intégration du MBM (Gendolla, 2000) avec la théorie de l’intensité de la motivation (Brehm et Self, 1989). Suivant l’approche intégrative de Wright (1996), la variable dépendante principale est la réactivité cardiovasculaire pendant l’exécution d’une tâche mentale. Les premières études se sont principalement focalisées sur la PAS, tandis que les études plus récentes ont considéré la PEP comme variable dépendante principale, la disponibilité de plus en plus grande des cardiographes d’impédance dans les laboratoires psychophysiologiques ayant essentiellement contribué à cette évolution. Un protocole expérimental typique comprend trois phases : (1) Une phase d’habituation d’environ huit minutes durant laquelle les mesures cardiovasculaires de base sont relevées, le participant s’engageant dans une activité neutre (p.ex. regarder une vidéo neutre ou feuilleter un

magazine) ; (2) une phase d’induction d’humeur d’environ huit minutes durant laquelle le participant regarde une vidéo de valence positive ou négative, écoute des pièces de musique de valence positive ou négative, ou pendant laquelle il fournit un récit autobiographique positif ou négatif ; (3) une phase de performance d’environ cinq minutes durant laquelle le participant travaille sur une tâche mentale (p.ex. une tâche mnésique, une tâche attentionnelle) dont la difficulté est soit fixée et claire, soit non fixée. Selon le type de tâche, le participant a la possibilité de faire quelques essais d’entraînement afin de prendre connaissance de la difficulté de la tâche, ou alors il est informé qu’il n’y a pas de standard de performance et que le but est de faire de son mieux. Les différences au niveau de l’activité cardiovasculaire entre la phase d’induction d’humeur et l’habituation ainsi qu’entre la phase de performance et l’habituation constituent les réactivités cardiovasculaires pendant l’induction et pendant la tâche, respectivement (voir aussi Gendolla et Brinkmann, 2005, pour des descriptions plus détaillées).

3.1.2. Les études expérimentales

Une des premières études de ce programme de recherche a testé les prédictions pour une tâche à difficulté non fixée (Gendolla et al., 2001). Après une phase d’habituation, les

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participants étaient invités à écouter des pièces de musique, soit entraînantes soit tristes, avant de travailler sur la tâche d2 (Brickenkamp et Zillmer, 1998) à difficulté non fixée, qui

consistait à cocher pendant cinq minutes autant de lettres « d » comprenant 2 barres que possible. L’évaluation subjective de la tâche était également mesurée à l’aide d’auto-reports, constitués de questions spécifiques sur la difficulté perçue. Les résultats confirmaient la première prédiction selon laquelle l’humeur n’a pas d’implications spécifiques et stables étant donné que l’humeur n’avait pas d’influence sur la réactivité cardiovasculaire durant

l’induction d’humeur. En accord avec l’hypothèse principale, l’évaluation subjective de la tâche ainsi que la réactivité de la PAS durant la tâche ont montré la différence attendue. En effet, les participants dans une humeur négative évaluaient la tâche comme étant plus difficile et montraient une réactivité cardiovasculaire plus élevée. Plusieurs réplications conceptuelles de cette étude ont confirmé ces résultats (Gendolla et Krüsken, 2001a, 2002b, Etude 2). En outre, une étude de Gendolla et Krüsken (2002a) a montré que l’influence de l’humeur sur la mobilisation de l’effort s’efface lorsque la valeur diagnostique de l’humeur pour l’évaluation de la difficulté de la tâche est remise en question par un indice qui informe le participant de la possible manipulation de l’humeur. Une étude plus récente (de Burgo et Gendolla, 2009) s’est également penchée sur la prédiction selon laquelle l’humeur joue un rôle sur la mobilisation de l’effort uniquement si celle-ci a une valeur informationnelle dans l’évaluation de la difficulté. Les résultats ont montré que la réactivité de la PAS durant la tâche mnésique à difficulté non fixée était plus élevée dans une humeur négative que dans une humeur positive uniquement si la tâche était présentée comme une tâche de performance. Quand la tâche n’était pas présentée comme une tâche de performance, l’humeur n’avait pas d’influence sur la réactivité cardiovasculaire.

En ce qui concerne les tâches à difficulté fixée et claire, les résultats confirment également le patron illustré dans la Figure VI.1. Dans une des premières études de ce

programme de recherche (Gendolla et Krüsken, 2001b), les participants écoutaient des pièces de musique entraînante ou triste après une phase d’habituation. La difficulté de la tâche d2 était manipulée par l’instruction selon laquelle l’objectif était d’atteindre un standard qui était soit 20% plus bas (condition facile) soit 20% plus élevé (condition difficile) que leur

performance lors de la phase d’entraînement. Conformément aux attentes, l’humeur n’avait pas d’influence sur la réactivité cardiovasculaire pendant l’induction de l’humeur. Confirmant les hypothèses lors de la tâche, la réactivité de la PAS était plus élevée dans la condition

« tâche facile – humeur négative » et dans la condition « tâche difficile – humeur positive » que dans les deux autres conditions. Une étude suivante (Gendolla et Krüsken, 2002b, Etude

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1) a répliqué ces résultats avec une tâche mnésique qui comportait également une condition impossible. La réactivité de la PAS montrait le patron d’interaction croisée entre type

d’humeur et difficulté de la tâche. De plus, conformément aux attentes, l’humeur ne jouait pas de rôle pour la tâche impossible, les deux groupes s’étant désengagés.

3.2. Influence de l’humeur dispositionnelle sur la mobilisation de l’effort

D’autres études se sont également penchées sur le rôle de la difficulté de la tâche en investiguant plus particulièrement l’impact d’un des symptômes dépressifs les plus

importants, l’humeur négative, sur la mobilisation de l’effort. De façon générale, l’opinion publique estime que les personnes dépressives ont un déficit motivationnel général.

Cependant, se basant sur la théorie de l’intensité de la motivation (Brehm et Self, 1989) et sur le MBM (Gendolla, 2000), nous postulons que les personnes dépressives utiliseraient leur humeur comme information pour évaluer la difficulté de la tâche. Ainsi, elles jugeraient la tâche comme étant plus difficile et mobiliseraient donc plus d’effort que les personnes non dépressives tant que la mobilisation de l’effort est justifiée. Pour tester cette hypothèse, nous avons cherché à savoir si la dépression et l’humeur négative avaient une influence sur l’intensité de la motivation.

3.2.1. Paradigme quasi-expérimental

Tout comme pour les études portant sur l’humeur manipulée et suivant l’approche intégrative de Wright (1996), la mobilisation de l’effort a été opérationnalisée par la réactivité cardiovasculaire pendant l’exécution d’une tâche mentale. Dans les cinq études quasi-

expérimentales qui seront présentées plus bas, la PAS était considérée comme la variable dépendante principale.

Le protocole expérimental se divisait toujours en deux phases importantes : (1) une première phase d’habituation d’une durée d’environ 8 minutes, durant laquelle les participants visionnaient des extraits de films neutres; puis (2) une seconde phase de performance à une tâche cognitive (tâche attentionnelle ou de mémoire) d’une durée d’environ 5 minutes. Durant ces deux phases, des mesures cardiovasculaires étaient effectuées dans le but de prendre en compte la réactivité cardiovasculaire, consistant en un score de différence entre les mesures effectuées durant la phase d’habituation et celles effectuées durant la phase de performance à la tâche.

Quant aux variables indépendantes, il s’agissait de la tendance à la dépression (aussi nommée dépression sous-clinique ou dysphorie ; Kendall et al., 1987) ainsi que l’humeur

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négative actuelle. Dans les différentes études, les participants étaient des étudiants qui ont dû répondre au questionnaire UWIST Mood Adjective Checklist (UWIST; Matthews et al., 1990), permettant de mesurer l’humeur actuelle, ainsi qu’au questionnaire Center for Epidemiologic Studies Depression Scale (CES-D; Radloff, 1977), permettant de mesurer l’intensité de la dépression. En se basant sur les scores au questionnaire CES-D, deux groupes différents ont pu être créés, un groupe de personnes ayant un score élevé (≥ 16) à la dépression, le groupe dysphorique, et un autre groupe de personnes ayant un score bas (≤ 10) au questionnaire de dépression, le groupe non dysphorique.

3.2.2. Les études quasi-expérimentales

Dans deux premières études (Brinkmann et Gendolla, 2007), les participants ont dû effectuer des tâches cognitives avec comme instruction de faire de leur mieux sans qu’un standard fixe de difficulté ne leur soit indiqué. Comme la difficulté de la tâche n’était pas indiquée (tâche à difficulté non fixée), l’hypothèse suggérait que les participants dysphoriques mobiliseraient plus d’effort que les participants non dysphoriques. Dans la première étude, les participants ont dû travailler sur une tâche de mémoire et les résultats ont indiqué que les participants dysphoriques montraient une réactivité de la PAS plus élevée que les participants non dysphoriques, en prenant en compte le début de la phase de performance. Dans une seconde étude, les participants étaient conviés à l’exécution d’une tâche attentionnelle et les résultats ont répliqué ceux de la première étude, indiquant que les participants dysphoriques ont montré une réactivité de la PAS plus élevée que les participants non dysphoriques, en prenant en compte toute la phase de performance.

Dans deux autres études, Brinkmann et Gendolla (2008) ont proposé aux participants une tâche attentionnelle (étude 1) ou mnésique (étude 2) dont la difficulté était fixée.

L’hypothèse suggérait qu’en comparaison aux personnes non dysphoriques, les personnes dysphoriques mobiliseraient moins d’effort lors de tâches difficiles, reflétant alors la présence d’un désengagement provoqué par le fait que les personnes dysphoriques évaluent la difficulté de façon à ce que celle-ci dépasse leur motivation potentielle. De plus, les personnes

dysphoriques mobiliseraient plus d’effort lors de tâches faciles étant donné qu’elles évalueraient la tâche comme étant plus difficile que ne le feraient les personnes non dysphoriques. En ce qui concerne les résultats aux deux études, ils ont révélé l’effet

d’interaction attendu entre la difficulté et la dysphorie. Ainsi, les personnes dysphoriques ont montré une réactivité de la PAS plus élevée que les personnes non dysphoriques lorsque la tâche était facile et une réactivité de la PAS plus basse lorsque la tâche était difficile, comme

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l’illustre la figure VI.2. De plus, les évaluations subjectives de la difficulté de la tâche ont révélé que dans l’étude 2, les participants dysphoriques percevaient la tâche comme étant plus difficile que les participants non dysphoriques.

Finalement, les deux paires d’études réalisées par Brinkmann et Gendolla (2007, 2008) ont confirmé le pattern attendu concernant le lien entre dysphorie, mobilisation de l’effort et difficulté de la tâche. Cependant, ces études n’ont pas directement testé si l’humeur avait véritablement une influence informationnelle sur le lien entre dysphorie et mobilisation de l’effort. C’est pourquoi, une cinquième étude (Brinkmann et al., 2012) a été menée dans ce but en manipulant l’influence informationnelle par un indice transmis à la moitié des

participants, suggérant que leur humeur actuelle pouvait avoir un impact sur leurs performances à la tâche. Les participants devaient travailler sur une tâche mnésique à difficulté non fixée et les résultats ont révélé l’effet d’interaction attendu entre l’indice et la dysphorie. En effet, les participants dysphoriques ont montré une réactivité de la PAS plus élevée que les participants non dysphoriques lorsqu’aucun indice n’était transmis. Le pattern s’est inversé lorsqu’un indice était transmis, puisque les participants dysphoriques ont montré une réactivité de la PAS plus basse que les participants non dysphoriques. Il est également à noter que les participants dysphoriques et non dysphoriques ne différaient pas au niveau de l’activité cardiovasculaire durant la phase d’habituation dans aucune des cinq études décrites dans cette partie.

En résumé, ces cinq études ont permis de montrer que le symptôme dépressif qu’est l’humeur négative n’est pas toujours lié à un déficit motivationnel général et que la difficulté de la tâche jouait un rôle important dans la façon dont les personnes dépressives ou

dysphoriques mobilisent leur effort. En comparaison aux personnes non dysphoriques, les personnes dysphoriques mobilisent moins d’effort quand la difficulté de la tâche est

importante, alors qu’elles mobilisent plus d’effort quand la difficulté de la tâche est non fixée ou facile. De plus, ces études nous ont permis de conclure que l’humeur négative avait

effectivement une influence informationnelle sur l’évaluation de la difficulté de la tâche, qui à son tour avait un impact sur la mobilisation de l’effort.

4. Evidence empirique : Rôle de l’importance du succès

Dans les parties précédentes de ce chapitre, nous nous sommes focalisés sur un des déterminants de l’intensité de la motivation selon la théorie de l’intensité de la motivation (Brehm et Self, 1989) : la difficulté de la tâche, qui est censée être le déterminant principal et direct de la mobilisation de l’effort lorsque la difficulté d’une tâche est fixée et claire et dans

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les limites posées par la motivation potentielle. Dans cette partie, nous allons focaliser notre attention sur l’autre déterminant de l’intensité de la motivation : la motivation potentielle (c.- à-d. l’importance du succès). Dans des tâches à difficulté fixée et claire, la motivation potentielle est censée influencer la mobilisation de l’effort uniquement de manière indirecte en servant de limite à l’effort justifié. Lorsque des informations quant à la difficulté de la tâche manquent (c’est-à-dire lorsque la difficulté de la tâche est non fixée ou fixée et vague), l’intensité de la motivation est censée varier directement avec la motivation potentielle. Les paradigmes expérimentaux et quasi-expérimentaux qui ont été utilisés pour tester les

prédictions conjointes du MBM (Gendolla, 2000) et de la théorie de l’intensité de la

motivation (Brehm et Self, 1989) sont similaires aux paradigmes décrits ci-dessus et ne seront donc pas détaillés par la suite.

4.1. Influence conjointe de l’humeur manipulée et de l’importance du succès sur la mobilisation de l’effort

Les premières expériences à tester l’impact conjoint de l’humeur, de la difficulté de la tâche et de l’importance du succès ont manipulé ce dernier facteur en promettant à la moitié des participants des conséquences agréables (une phase de relaxation dans la première étude et l’écoute d’un récit amusant dans la deuxième étude) au cas où les participants réussissaient la tâche principale – une tâche mnésique qui était soit facile soit difficile (Gendolla et

Krüsken, 2002c). L’autre moitié des participants recevait ces conséquences agréables indépendamment de leur performance à la tâche. Suivant la logique intégrative du MBM (Gendolla, 2000) et de la théorie de l’intensité de la motivation (Brehm et Self, 1989), la mobilisation de l’effort devrait correspondre au patron trouvé dans les études précédentes sans manipulation de l’importance du succès. La seule différence serait relevée chez les

participants dans une humeur négative qui travaillent sur une tâche difficile mais avec la perspective d’une conséquence agréable. Etant donné que la conséquence agréable devrait augmenter l’importance du succès, ces participants ne devraient pas se désengager en vue de la difficulté subjective élevée, mais mobiliser davantage d’effort. Les résultats de la PAS dans les deux études de Gendolla et Krüsken (2002c) ont confirmé ces prédictions. Ces résultats montrent qu’il est possible d’augmenter l’importance du succès et d’inciter les personnes dans une humeur négative à surmonter leur déficit motivationnel par rapport à une tâche difficile.

Deux études similaires plus récentes ont également confirmé l’influence conjointe de l’humeur, de la difficulté de la tâche et de l’importance du succès. Plus précisément, dans une étude (Silvestrini et Gendolla, 2009a), l’importance du succès a été manipulée par la promesse

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d’une vidéo amusante en cas de succès ou l’annonce d’une vidéo dégoûtante en cas d’échec à la tâche mnésique. Les résultats de la PAS confirment le patron décrit ci-dessus et sont illustrés dans la figure VI.3. Dans une autre étude (Silvestrini et Gendolla, 2009b),

l’attractivité de la tâche principale elle-même a été manipulée de manière à ce que la tâche de complétion de scénarios soit agréable ou désagréable. A nouveau, les résultats de la PAS confirmaient l’hypothèse selon laquelle le déficit motivationnel des participants dans une humeur négative face à une tâche difficile pouvait être éliminé par la valence positive de la tâche agréable. De plus, une expérience de Silvestrini et Gendolla (2011) a manipulé l’humeur et les conséquences hédoniques du succès. Dans une condition, le succès à une tâche

d’attention était hautement instrumental pour la régulation de l’humeur étant donné que les participants croyaient qu’il entraînait la présentation d’un film drôle. Dans une autre condition, l’instrumentalité était basse étant donné qu’il était annoncé que le succès

entraînerait la présentation d’un film désagréable. Ainsi, l’hypothèse était qu’une mobilisation de l’effort plus élevée serait observée dans la condition humeur négative et instrumentalité haute que dans les trois autres conditions. En effet, dans la condition humeur négative et instrumentalité haute, la tâche était subjectivement difficile (impact informationnel de l’humeur) et l’effort nécessaire était justifié (impact directionnel de l’humeur). Par contre, dans les conditions où l’instrumentalité était basse et l’humeur était positive, peu d’effort était nécessaire, la tâche étant subjectivement facile. Fidèles aux prédictions, les résultats ont montré que la réactivité de la PEP et de la PAS était plus élevée dans la condition humeur négative et instrumentalité haute. Il est à noter que la corrélation entre la réactivité de la PEP et la mobilisation de l’effort est négative. Ainsi, plus la réactivité de la PEP est négative (c.-à- d. plus la PEP devient courte pendant la tâche en comparaison à l’habituation), plus la

mobilisation de l’effort est grande. De plus, la tâche était jugée comme étant plus difficile dans une humeur négative.

Outre les tâches à difficulté fixée et claire décrites ci-dessus, deux autres études se sont intéressées à des tâches à difficulté non fixée (Silvestrini et Gendolla, 2007) et à difficulté fixée et vague (Richter et Gendolla, 2009). Dans le but de tester simultanément l’influence informationnelle et directionnelle de l’humeur, Silvestrini et Gendolla ont manipulé l’humeur de leurs participants selon trois conditions à l’aide du visionnage d’extraits de film ou la réalisation de tâches de rappel autobiographique : positif, neutre et négatif. Ensuite, les participants étaient invités à effectuer une tâche de régulation d’affect qui consistait à appliquer la stratégie qu’ils voulaient (p.ex. imagination) pour se sentir bien au bout de cinq minutes pendant qu’ils écoutaient une musique triste. Selon l’influence

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informationnelle, on s’attend à ce que la difficulté subjective soit plus élevée dans une humeur négative. De plus, selon l’influence directionnelle, on s’attend à ce que les participants non seulement dans une humeur négative mais aussi dans une humeur positive aient un grand intérêt pour la tâche de régulation d’affect (c.-à-d. beaucoup d’effort justifié). L’auto-report de l’importance du succès et le patron de la réactivité de la PAS confirmait ces attentes :

l’importance du succès était plus grande dans une humeur positive et négative que dans une humeur neutre. De plus, la mobilisation de l’effort était plus élevée quand l’humeur était négative (beaucoup d’effort justifié et tâche subjectivement difficile) que lorsque l’humeur était positive (beaucoup d’effort justifié mais tâche subjectivement facile) ou lorsque l’humeur était neutre (désengagement car peu d’effort justifié et tâche subjectivement modérément difficile). Finalement, l’étude de Richter et Gendolla était censée tester l’idée selon laquelle l’humeur peut également avoir une influence informationnelle sur l’évaluation de l’instrumentalité du succès (et donc sur l’importance du succès). Les participants dans une humeur positive, neutre ou négative étaient informés de la possibilité de gagner une

récompense monétaire s’ils réussissaient la tâche mnésique. En accord avec les prédictions, les participants dans une humeur positive évaluaient la possibilité de gagner comme étant plus grande et mobilisaient plus d’effort (plus grande réactivité de la PAS) que les participants dans une humeur négative, les participants dans une humeur neutre se situant au milieu.

4.2. Influence des récompenses et des punitions sur la mobilisation de l’effort dans l’humeur dispositionnelle

Dans les études portant sur l’humeur manipulée, il a été montré que le déficit

motivationnel pour les tâches difficiles dû à l’humeur négative dans laquelle se trouvaient les participants pouvait être compensé par le fait de recevoir une conséquence positive, cette dernière variable poussant les participants à mobiliser plus d’effort. Cependant, les études portant sur l’humeur dispositionnelle montrent que l’anticipation des conséquences positives et négatives que sont les récompenses et les punitions ont un impact différent sur les

personnes dépressives ou dysphoriques (pour une revue, voir Eshel et Roiser, 2010). En effet, la littérature portant sur la sensibilité à la récompense et à la punition dans la dépression relève que la dépression est liée à une hypoactivation des régions préfrontales gauches impliquées dans le système d’approche (Davidson, 1992, 1994), à un manque d’activation du système d’activation comportementale qui est sensible aux stimuli de récompense et fin de punition et qui est responsable de l’approche comportementale (Fowles, 1994) ainsi qu’à la perte de la capacité à répondre affectivement à l’anticipation du plaisir (Klein, 1974). Cela

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reflète alors que les personnes dépressives et dysphoriques ne seraient pas sensibles aux conséquences positives, et en partie aux conséquences négatives. Se basant sur ces évidences, une série d’études a été réalisée auprès d’une population de personnes dysphoriques. L’idée était alors de savoir si la manipulation de l’importance du succès par la présence ou non de récompenses et de punitions anticipées pouvait avoir un impact direct sur la mobilisation de l’effort. Pour ce faire, des tâches cognitives à difficulté vague ou non fixée ont été proposées aux participants, étant donné que les prédictions de la théorie de l’intensité de la motivation (Brehm et Self, 1989) postulent un effet direct de l’importance du succès sur l’effort pour ce type de tâches uniquement. L’hypothèse générale suggérait qu’en comparaison aux personnes non dysphoriques, les personnes dysphoriques montreraient une réponse réduite à une

récompense ou une punition en termes de mobilisation de l’effort lorsqu’elles anticipent ces conséquences positives ou négatives. Deux premières études (Brinkmann et al., 2009) se sont focalisées sur des conséquences positives et négatives monétaires, promettant ainsi un gain monétaire en cas de bonne performance à la tâche à un tiers des participants, promettant une perte monétaire en cas de mauvaise performance à un autre tiers, et ne promettant ni gain ni perte au dernier tiers de participants. L’étude 1 a montré que les participants dysphoriques avaient une réactivité de la PAS plus basse que les participants non dysphoriques lorsqu’une punition était anticipée. L’étude 2, quant à elle, a révélé que les participants non dysphoriques ont montré une réactivité de la PAS et de la PEP plus élevée lorsqu’ils anticipaient une

conséquence positive en comparaison à une condition neutre, alors que les participants

dysphoriques ont montré une réactivité de la PAS et de la PEP basse dans les deux conditions.

Dans une étude supplémentaire (Franzen et Brinkmann, 2015), les participants pouvaient gagner de petites sommes d’argent, perdre de petites sommes d’argent ou se situer dans une condition neutre dans laquelle ils ne pouvaient ni perdre, ni gagner d’argent. Les résultats ont confirmé les hypothèses, révélant que la réactivité de la PEP était plus élevée (c.-à-d. une PEP plus courte) dans les conditions récompense et punition en comparaison à la condition neutre chez les participants non dysphoriques, alors qu’elle était basse dans toutes les conditions chez les participants dysphoriques (voir Figure VI.4).

En vue d’investiguer l’augmentation linéaire de la mobilisation de l’effort en fonction de la valeur de la récompense suggérée par la théorie de l’intensité de la motivation (Brehm et Self, 1989), une étude (Brinkmann et Franzen, 2013) a pris en compte trois niveaux différents de récompense monétaire (aucune récompense, petite récompense, grande récompense). Les résultats ont montré une augmentation linéaire de la réactivité de la PEP (c.-à-d. une PEP plus courte) en fonction de la valeur de la récompense chez les personnes non dysphoriques, ainsi

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qu’une réactivité de la PEP basse (c.-à-d. une PEP plus longue) chez les personnes

dysphoriques à travers tous les niveaux de récompense. Une autre étude a pris en compte les relations entre l’anhédonie, un symptôme majeur de la dépression défini comme la perte d’intérêt et de plaisir, et les déficits au niveau de la sensibilité à la récompense. Les résultats ont révélé que la réactivité de la PEP était inférieure chez les participants ayant un score élevé à un questionnaire évaluant l’anhédonie, en comparaison aux participants ayant un score bas au même questionnaire (Franzen et Brinkmann, 2016). Enfin, une étude (Brinkmann et al., 2014) a voulu investiguer l’impact des récompenses non monétaires sur la mobilisation de l’effort, en se focalisant sur les récompenses sociales. Les résultats ont révélé qu’en

comparaison aux participants non dysphoriques, les participants dysphoriques ont montré une réactivité de la PAS plus basse dans la condition récompense sociale, c’est-à-dire lorsqu’ils s’attendaient à entrer leur nom dans une liste comprenant les noms des personnes ayant les meilleurs performances à la tâche mnésique.

Finalement, ces études portant sur la réponse des personnes dysphoriques aux récompenses et aux punitions confirment que la mobilisation de l’effort est réduite face aux récompenses et aux punitions, et ce quels que soient le type ou la valeur de la conséquence positive ou négative. Cela montre que les personnes dysphoriques ne parviennent pas à modifier leur comportement lorsqu’elles anticipent des récompenses ou des punitions. A partir de ces résultats, il serait alors possible de conclure que cette réactivité réduite aux récompenses et aux punitions serait due à une motivation potentielle qui resterait basse.

5. Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons mis en lumière l’impact de l’humeur sur la motivation.

Comme le préconise le MBM (Gendolla, 2000), l’humeur peut être considérée comme source d’information pour les jugements (influence informationnelle), ou alors celle-ci peut avoir une influence sur les préférences comportementales dans les situations de choix (influence

directionnelle). Par ailleurs, la théorie de l’intensité de la motivation (Brehm et Self, 1989) suggère qu’il existe deux facteurs qui ont une influence sur la mobilisation de l’effort : la difficulté de la tâche et l’importance du succès. En se basant sur ces deux théories, une série d’études a été effectuée dans le but d’investiguer l’influence de l’humeur manipulée ou

dispositionnelle sur l’intensité de la motivation, et ce en fonction de la difficulté de la tâche ou de l’importance du succès.

De façon générale, les résultats ont tout d’abord montré que les humeurs en soi ne sont pas des états motivationnels étant donné qu’elles n’ont pas d’influence sur la mobilisation de

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l’effort lors de l’induction de l’humeur lorsque l’humeur est manipulée, ou lors de la phase d’habituation lorsque l’humeur est dispositionnelle (p.ex., Gendolla et al., 2001). Ainsi, l’humeur a seulement un effet sur l’effort lorsqu’elle peut être utilisée comme information diagnostique pour des jugements comportementaux. Par ailleurs, les résultats portant sur la difficulté de la tâche ont révélé que les participants auxquels on induit une humeur négative et les participants qui souffrent du symptôme d’humeur négative évaluent la tâche comme étant plus difficile (p.ex., Gendolla et al., 2001; Silvestrini et Gendolla, 2011) étant donné qu’ils utilisent leur humeur comme information (Brinkmann et al., 2012; Gendolla et Krüsken, 2002a). Ainsi, ils mobilisent plus d’effort lorsque la difficulté de la tâche est non fixée ou facile, et moins d’effort lorsque la tâche est difficile (p.ex., Brinkmann et Gendolla, 2008;

Gendolla et Krüsken, 2001a).

A partir de ces résultats, nous pourrions alors nous demander si le concept d'humeur est à envisager à travers une perspective dimensionnelle ou catégorielle. Les protagonistes d’une perspective catégorielle supposent qu’il existe une différence qualitative entre une humeur normale et une humeur pathologique. La perspective dimensionnelle, quant à elle, suppose qu'il existerait un continuum allant de l'humeur normale à l'humeur pathologique, comprenant alors des changements quantitatifs plutôt que qualitatifs (Ruscio et Ruscio, 2000).

Les résultats présentés dans ce chapitre étant similaires selon que l'humeur négative est induite ou considérée comme un symptôme, cela nous semblerait alors logique de considérer l'humeur à travers une perspective plus dimensionnelle, étant donné qu'aucune différence qualitative n'a été relevée.

Les résultats ayant comme focus l’importance du succès ont montré que le déficit motivationnel des personnes auxquelles une humeur négative a été induite et qui effectuent une tâche difficile peut être compensé par la manipulation de l’importance du succès, étant donné que ces personnes mobilisaient alors plus d’effort lorsqu’une récompense était annoncée (Gendolla et Krüsken, 2002c; Silvestrini et Gendolla, 2009a, 2009b). Les études portant sur l’humeur dispositionnelle, quant à elles, ont montré que la manipulation de l’importance du succès n’a pas d’effet sur la mobilisation de l’effort, étant donné que les personnes dysphoriques ont une sensibilité réduite aux récompenses et aux punitions. Ainsi, elles ne mobilisent pas plus d’effort dans les conditions dans lesquelles une récompense ou une punition est anticipée que dans une condition neutre dans laquelle aucune conséquence positive ou négative n’est anticipée (Brinkmann et al., 2009; Franzen et Brinkmann, 2015).

Ces divergences relevées au niveau de l’humeur manipulée et l’humeur dispositionnelle sont explicables par le fait que dans le cas de l’humeur manipulée, seule l’humeur négative est

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présente, alors que dans le cas de la dépression clinique et sous-clinique, il y a la présence conjointe des symptômes d’humeur négative et d’anhédonie (American Psychiatric

Association, 2013). Ainsi, la présence de ce dernier symptôme de perte d’intérêt et de plaisir ne permet pas aux personnes dysphoriques de pallier le déficit motivationnel dû à l’humeur négative par la présence de conséquences positives ou négatives. Il faudrait alors proposer à ces personnes d’autres solutions plus efficaces. L’activation comportementale en tant que composante de la thérapie cognitivo-comportementale, par exemple, met en avant le rôle du renforcement négatif et permet aux personnes dépressives de sortir de leur humeur négative, mais également de retrouver à plus long terme du plaisir dans leurs activités et ainsi à anticiper le plaisir dans des activités futures (Dimidjian et al., 2008).

En conclusion, ces différentes études ont permis de montrer que l’humeur, qu’elle soit manipulée ou dispositionnelle, pouvait avoir un impact important sur la motivation. Dans la vie quotidienne, il serait alors intéressant de se poser régulièrement des questions sur

l’humeur dans laquelle nous sommes à des moments précis de notre journée afin de limiter au maximum son effet négatif sur notre motivation.

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difficulty on effort-related cardiovascular response and facial EMG. International Journal of Psychophysiology, 73, 226–234. doi:10.1016/j.ijpsycho.2009.03.004 Silvestrini, N., & Gendolla, G. H. E. (2011). Beta-adrenergic impact underlies the effect of

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Lectures recommandées

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(27)

Remerciements

Jessica Franzen, Kerstin Brinkmann, Guido H. E. Gendolla, Geneva Motivation Lab, University of Geneva, Switzerland. Les études présentées dans ce chapitre ont été financées par deux fonds de recherche du Fonds National Suisse de Recherche, accordés au deuxième auteur (FNS 100014-134557) et au troisième auteur (FNS 100011-108144). Le troisième auteur a également obtenu des fonds de la Fondation Allemande de Recherche (Ge 987/1-1 et Ge 987/7-1). Veuillez adresser vos messages à Jessica Franzen, Geneva Motivation Lab, Université de Genève, FPSE, Département de Psychologie, 40 Bd. du Pont d’Arve, CH-1211 Genève 4, Suisse. Les messages électroniques peuvent être envoyés à jessica.franzen@hotmail.fr ou à kerstin.brinkmann@unige.ch ou à guido.gendolla@unige.ch.

(28)

Figures

Figure VI.1. Prédictions théoriques de l’influence informationnelle de l’humeur sur la réponse cardiovasculaire liée à l’effort. Tirée et adaptée de “The role of mood states in self- regulation,” de G. H. E. Gendolla et K. Brinkmann, 2005, European Psychologist, 10, p. 190.

Effort maximal justifié

Difficulté de la tâche Non fixée Fixée

basse

Fixée haute

Fixée

extrêmement haute

Intensité de l’effort

Humeur positive Humeur négative

(29)

Figure VI.2. Moyennes et écarts-type de la réactivité de la pression sanguine

systolique (PAS) durant la performance à une tâche de mémoire de l’étude 2 de Brinkmann et Gendolla (2008). Figure tirée et adaptée de “Does depression interfere with effort

mobilization? Effects of dysphoria and task difficulty on cardiovascular response,” de K.

Brinkmann et G. H. E. Gendolla, 2008, Journal of Personality and Social Psychology, 94, p.

153.

0 2 4 6 8 10 12

Facile Difficile

Réactivité de la PAS (en mmHg)

Difficulté de la tâche

Non dysphoriques Dysphoriques

(30)

Figure VI.3 Moyennes et écarts-type de la réactivité de la PAS durant la performance à une tâche mnésique de Silvestrini et Gendolla (2009a). Figure tirée et adaptée de “ Mood- regulative hedonic incentive interacts with mood and task difficulty to determine effort- related cardiovascular response and facial EMG,” de N. Silvestrini et G. H. E. Gendolla, 2009a, Biological Psychology, 82, p. 58.

0 2 4 6 8 10 12 14 16

Facile Difficile Facile Difficile

Conséquence négative Conséquence positive

Réactivité de la PAS (en mmHg)

Humeur positive Humeur négative

(31)

Figure VI.4. Moyennes et écarts-type de la réactivité de la période de pré-éjection (PEP) durant la performance à une tâche de mémoire de Franzen et Brinkmann (2015). Figure tirée et adaptée de “Blunted cardiovascular reactivity in dysphoria during reward and

punishment anticipation,” de J. Franzen et K. Brinkmann, 2015, International of Psychophysiology, 95, p. 274.

-5.0 -4.5 -4.0 -3.5 -3.0 -2.5 -2.0 -1.5 -1.0 -0.5 0.0

Neutre Récompense Punition

Réactivité de la PEP (en ms)

Non dysphoriques Dysphoriques

Références

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