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La source Q et la Torah

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La source Q et la Torah

DETTWILER, Andreas

Abstract

L'article discute la question controversée du statut de la Torah dans la source des paroles de Jésus (source Q), en proposant une analyse approfondie des problèmes méthodologiques et des textes en question (Q 11,39-42; 16,16-18; mais aussi 4,1-13 et 9,59-60). Les résultats principaux sont: a) l'hypothèse d'une rédaction "nomocentrique" tardive de la source Q ne se laisse pas vérifier; b) Q ne contient aucune critique explicite de la Torah et ne laisse apparaître aucune tension entre l'autorité traditionnelle de la Torah et celle de Jésus de Q, même si ce dernier devient désormais l'instance interprétative déterminante de la Torah; c) Q met l'accent sur les valeurs éthiques, relationnelles, ce qui va de pair avec une certaine relativisation des préoccupations rituelles; de ce point de vue, le Jésus de Q se situe dans la droite ligne des traditions prophétiques de la Bible hébraïque.

DETTWILER, Andreas. La source Q et la Torah. In: Dettwiler, A. & Marguerat, D. La source des paroles de Jésus (Q). Aux origines du christianisme . Genève : Labor et Fides, 2008.

p. 221-254

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:39547

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Chapitre 9

LA SOURCE Q ET LA TORAH1 Andreas DETTWILER (Genève)

1. En guise d'introduction : les problèmes et la manière de procéder Comment la source Q comprend-elle la Torah? L'étude de cette question est à la fois importante et épineuse. Importante, car elle peut non seulement nous fournir une pièce de plus pour reconstruire la mosaïque, grande et complexe, du statut et de l'interprétation de la Torah au sein du judaïsme pluriel de l'époque, mais elle peut aussi nous faire entendre une voix ancienne du christianisme primitif qui accordait une grande importance à la position de Jésus vis-à-vis de la Torah. Epineuse, car elle touche pratiquement à toutes les questions qui sont aujourd'hui en débat dans la recherche sur Q: quelle est la teneur de la source Q? Quel est son profil littéraire? Peut-on parler d'une

«théologie» cohérente et profilée pour l'ensemble du document? Laques- tion de l'éventuelle évolution diachronique de Q n'influence-t-elle pas aussi celle de la compréhension de la Torah ?

La difficulté est encore augmentée par le fait que la base textuelle de notre investigation est très restreinte, voire mal assurée. Le terme de VO!!OÇ

(«loi») n'apparaît que deux fois dans Q2, et cela dans un passage dont l'in- terprétation est particulièrement difficile (Q 16,16; 16,17). Les autres termes proches du champ sémantique de v611oç sont rares3Le constat est le même pour les citations vétérotestamentaires; les seules qui soient précédées d'une

1. Je remercie vivement Jean-Daniel Kaestli, professeur honoraire de la Faculté de théo- logie et de sciences des religions de l'Université de Lausanne, du soin avec lequel il a relu cet article et a affiné de manière substantielle mon français. Je dédie ces lignes, en signe de profonde reconnaissance, à Ulrich Luz, professeur honoraire de Nouveau Testament de la Faculté de théologie de l'Université de Berne, à l'occasion de son 7r:F anniversaire en février 2008. Ulrich Luz a su éveiller ma passion pour le Nouveau Testament, lorsque j'étais jeune étudiant de théo- logie à Berne. Sa curiosité, ses capacités pédagogiques et son intérêt pour des domaines très divers comme l'exégèse du NT, l'herméneutique, mais aussi le dialogue interreligieux, m'ont fortement marqué.

2. Selon la concordance établie par John S. Kloppenborg et remaniée par Paul Hoff- mann, sur la base du texte de la Critical Edition; cf. Paul HOFFMANN- Christoph HEIL (éd.), Die Spruchquelle Q, p. 147-174.

3. Par ex. àvo11ia («iniquité») en Q 13,27 (allusion auPs 6,9a LXX). D'autres termes, comme ÈV"tOÀ.TJ (<<commandement»), n'apparaissent pas dans Q.

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222 ANDREAS DETTWll.,ER

formule d'introduction se trouvent dans le récit de la tentation (Q 4,1-13) et dans l'affirmation de Jésus sur Jean Baptiste en Q 7,274 • Dans les rares pas- sages où la source Q semble s'intéresser à la question de la Torah - soit qu'elle discute un problème concret touchant à son interprétation, soit qu'elle s'exprime de manière générale sur son statut-, il est difficile de se faire une idée synthétique de sa position. Celle-ci semble être« non principielle ».

ll n'est donc pas étonnant que Q ne fournisse aucune réflexion explicite sur l'articulation entre l'autorité traditionnelle de la Torah et l'autorité de Jésus, qui est le locuteur de la plupart des paroles réunies dans le document. Le silence de Q à ce_ propos est un fait généralement admis. A titre d'exemple, donnons la par?le a Kloppenborg : « Pour autant que nous puissions la reconstruire, Q a peu à drre au sujet de lois particulières ou de la Torah dans son ensemble. Sont absentes dans Q les controverses du type de celles que l'on trouve dans Marc q~ s~rvent àjus~?er la non-o~servanc~ p:rr Jésus des lois du sabbat et

des

pres~

c?pt:I~ns en mat:Iere de purete. A la difference de Paul, Q ne contient pas de reflexwn sur la place de la Loi dans le plan du salut »5• Ce silence, ou du moins cette étonnante discrétion, de la tradition Q au sujet de la Torah invite à la plus grande prudence, car vouloir faire parler le silence est toujours hasardeux.

. D~s la recherche récente, dont Loader a donné un précieux aperçu6, deux explications mutuellement exclusives ont été proposées pour rendre compte de ce silence. La première en déduit que la source Q ne s'intéresse pas à la question de la Torah, que son centre de gravité se trouve ailleurs et qu'elle reflète« une communauté dans laquelle l'Alliance et la Loi ne sont pas des catégories impor- tantes »7L'autre position, qui est majoritaire dans la recherche, en conclut que le document Q reflète un judéo-christianisme pour qui la validité de la Torah

4. Concernant l'analyse des citations vétérotestamentaires dans la source Q, cf. par ex.

Ro~ert Ho?GSON, « On th~ Gattung of Q >>, p. 73-95, en particulier p. 77-84 (inventaire utile, qumque tres large) ; ~hristopher M. TUCKETT, Q and the History of Early Christianity, p. 422-423. Nous contmuons de penser que la distinction entre citations et allusions est néces- s~e, même si, c':m~rèt~ment, ~Ile _est parfois difficile à établir. Sur les possibilités méthodolo- giques de cette _dis~ctiOn, vo_1r J?letnch-Alex KocH, Die Schrift ais Zeuge des Evangeliums, P: 13-15 ,0~ p~enomene des Clt_atJ.ons sans fo~ule d'introduction doit être distingué des allu- Slons)._L uo_hte de cette d1stlnctwn est confirmee par des théories de l'intertextualité; cf. par ex.

~athalie I!EGAY-GRos, Introduction à l'intertextualité, p. 45-48 et 52-55 (la citation et l'allu- SIOn constituent deux types distincts de relation de coprésence).

5. John S. KLOPPENBORG, « Nomos and Ethos in Q >>, p. 36 : <<As far as it can be reconstructed, Q has little to say in regard to individuallaws or indeed the Torah as a whole. Q Jacks Markan-type controversies that account for Jesus' non-observance of the Sabbath laws and regu~ations conceming purity. And unlike Paul, Q does not reflect on the position of the Law w1thin the scheme of salvation >>.

6. William R.G. LOADER, Jesus' Attitude towards the Law, p. 391-399. Cf. aussi Daniel KoscH, Die eschatologische Tora des Menschensohnes, p. 38-59.

7. John S. KLOPPENBORG, << Nomos and Ethos in Q >>,p. 36: <<[ ... ]a community in which covenant and Law are not important categories. >>

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LA SOURCE Q ET LA _TORAH 223

reste une évidence ; il ne serait donc pas nécessaire de discuter du statut de la Loi, ni de manière principielle, ni à propos de cas concrets8

Le choix des textes de Q, tout comme leur pondération, joue un rôle déterminant dans la problématique qui est la nôtre. Plusieurs chercheurs se sont focalisés, exclusivement ou de façon prépondérante, sur Le 16,16-18 et ses parallèles (Mt 11,12-13; 5,18; 5,32), considérant qu'il s'agit là du locus classicus qui va permettre de trancher la question9Cette manière de pro- céder est compréhensible. Mais il nous semble délicat d'accorder immédiate- ment trop d'importance à ce passage, qui présente de très grandes difficultés non seulement en ce qui concerne la reconstruction de Le 16,16 et parallèle (le Royaume violenté), mais aussi pour ce qui est de l'ordre originel des trois affirmations dans Q. La démarche idéale serait de proposer un parcours exé- gétique à travers l'ensemble de la source Q, en accordant une attention parti- culière à la question de la Torah. A notre connaissance, seul Loader a choisi une telle démarche, avec des résultats remarquables. Notre approche sera plus

8. Cf. notamment Siegfried SCHULZ, Q, p. 384 : << Il ne fait aucun doute que la concep- tion de la Loi de la communauté Q est restée la même, depuis ses premiers débuts jusqu'à Mt 11,19 [ ... ].Jésus, le Fils de l'homme terrestre, se tourne·certes en Israël[ ... ] vers les péagers, exclus de la communauté religieuse et nationale, et vers les pécheurs, moralement méprisés, mais sans pour autant que le particularisme d'Israël soit brisé de manière principielle >> ( << Es ist keine Frage, dass die Gesetzesauffassung der Q-Gemeinde von ihren iiltesten Anfângen an bis zu Mt Il, 19 [ .. ·.] diesel be geblieben ist. Der irdische Menschensohn Jesus wendet si ch zwar in Israel[ ... ] den aus der religios-nationalen Gemeinschaft ausgestossenen Zôllnem und den mora- lisch geiichteten Sündem zu, ohne dass aber darnit der religiëse Partikularismus Israels prinzi- piell durchbrochen wird >>) ; Christopher M. TucKETT, Q and the History of Early Christianity, p. 424: <<Le matériau de Q [ ... ]témoigne d'une attitude fortement "conservatrice" vis-à-vis de la Loi. Des tendances dans la tradition qui pourraient être interprétées au sens d'une mise en question de l'autorité de la Torah sont fermement contrecarrées (à la seule exception possible de Q 9,60) >>(<<The Q material [ ... ] exhibits a strongly "conservative" attitude to the Law. Tenden- cies in the tradition which might be interpreted in a way that would challenge the authority of the Law are firmly countered [the only possible exception to this being in Q 9:60] >>);voir aussi William R.G. LOADER, Jesus' Attitude towards the Law, p. 390-431. Gerd THEISSEN, La religion des premiers chrétiens, p. 270, exploite fortement l' argumentum e silentio : << Elle [la source Q]

ne contient pas de traditions critiques à l'égard de la Torah. Les conflits concernant le sabbat y sont absents. On n'y trouve pas de paroles critiques relatives aux questions de pureté comme en Mc 7,15. On n'y trouve pas de paroles contre le Temple qui annonceraient sa destruction. Jésus se présente comme un prophète fidèle à la Torah, dans la même ligne que Jean le Baptiste. Même s'il surpasse le Baptiste, selon la source des logia (y compris avec sa prédication relative au jugement), il fait partie du judaisme de façon aussi certaine que le Baptiste>>.

9. Cf. par ex. Jens SCHROTER, << Erwiigungen zum Gesetzesverstiindnis in Q anhand von Q 16,16-18 >>;Daniel MARGUERAT, <<Le règne, Jésus et la Loi (Q 16,16-18) >>.Le choix textuel de Christopher M. TucKETT, Q and the History of Early Christianity, p. 404-424 (<< Q and the Law>>) est nettement plus large (Q 16,16-18; puis 11,42; 11,39-41; 14,5; Le 10,25-28 et Il;

enfin Q 9,60); mais le fait qu'il commence par discuter de Q 16,16-18 va donner la tonalité à l'ensemble de son chapitre. De son côté, Daniel KoscH, Die eschatologische Tora des Men·

schensohnes, se concentre sur les textes suivants : Q 11,39-42; 6,27-36; 16,16-18, mais il élargit sa base textuelle en tenant aussi compte d'autres passages de Q.

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224

limitée et proche de celle de Kloppenborg - même si nous ne partageons pas entièrement son analyse. Nous irons du plus facile au plus difficile. Nous analyserons d'abord deux invectives contre les pharisiens (Q 11,42 et 11,39b.41). Nous discuterons ensuite Le 16,16-18 et parallèles de manière approfondie. Nous jetterons enfin un coup d'œil sur deux autres textes qui nous aideront à avoir une vision plus complète de la question.

2. Deux invectives contre les pharisiens (Q 11~9-42)

- la halo.kha pharisienne

La reconstruction des invectives contre les pharisiens (et peut-être aussi contre les VOJ.mcoi) pose des problèmes considérables, tant au niveau de l'ana- lyse de détail que de leur ordre origineL Les difficultés sont encore plus grandes que dans le cas du discours programmatique de Q 6,20-49. Nous partons de l'idée que les invectives faisaient partie à l'origine de la source Q10Matthieu a composé un grand discours de jugement (Mt 23,1 - 24,2), sur la base de matériau provenant de Marc (Mc 12,37-40; 13,1-2), de Q (11,39-52; 13,34-35) et de son bien propre (Mts 23,3-5*.8-12.15.16-22); ce discours contient, dans sa partie intermédiaire, sept invectives contre les« scribes et pharisiens» (Mt 23,13-33).

Chez Luc, les invectives de 11,39-52 (les quatre [trois] premières contre les pharisiens, les trois dernières contre les VOJ.mcoi) font partie d'une unité plus large (11,14- 12, 1), qui souligne le conflit de Jésus avec« cette génération »et qui comprend des textes provenant pour la plupart de la source Q. Le 12 est également composé de matériau dépendant essentiellement de Q. La ques- tion de l'ordre de ces sept invectives dans le document Q est très difficile11 La majorité des chercheurs donne la préférence à l'ordre lucanien. Certains

10. C'est la position de la Critical Edition ou de Harry T. FLEDDERMANN, Q, p. 530-563;

etc. Ulrich Luz, Das Evangelium nach Matthiius (Mt 18- 25), p. 293.318-320, est plus hésitant:

il suppose l'existence de deux versions distinctes de Q (QM'; Q'-", cf. p. 318); voir aussi ID.,« Le regard de Matthieu sur la source Q >>,dans ce volume. L'hésitation est très forte chez William D.

DA VIES-Dale C. ALLISON, The Gospel according to Saint Matthew Ill, p. 283-284 : «Malgré les

tentatives d'autres chercheurs, nous considérons comme désespérée la reconstruction d'une source Q commune [ ... ].Nous avons fermement tendance à croire que M [=le bien propre à Matthieu]

contenait une série indépendante de malédictions, que Matthieu a amalgamée avec Q. [ ... ] Les textes de Matthieu et de Luc sont trop disparates pour être expliqués de façon plausible comme de simples révisions d'une source commune>>(<< Although others have made the anempt, we despair of reconstructing a common Q source [ ... ]. Our own very strong suspicion is that M contained an independent series of woes which Matthew conflated with Q. [ ... ] the texts of Matthew and Luke are too disparate to be p1ausibly explained sirnply as revisions of a common source >> ).

Il. Pour une discussion détaillée, cf. par ex. Christian RINIK.ER, Die Gerichtsverkündigung Jesu, p. 99-103; Ulrich Luz, Das Evangelium nach Matthiius (Mt 18- 25), p. 318-320. Pour un survol de la discussion sur l'appartenance des invectives à la source Q et sur leur ordre originel, voir aussi John S. KLoPPENBORG, Q Para/lels, p. 112.

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LA SOURCE Q ET LA TORAH 225

retiennent plutôt l'ordre matthéen pour les deux premières invectives (la dîme et la purification des récipients)12, que Le aurait inversé pour assurer une meilleure transition avec son introduction narrative qui pose la question du lavement des mains avant le repas (Le 11,37-38)13L'argument n'est pas très convaincant. Mais les enjeux interprétatifs de cette question pour notre pro- blématique sont peu importants. Nous suivrons la proposition de la Critical Edition, sans que celle-ci nous convainque entièrement.

2.1. Q 11,42: de la dîme

La reconstruction du texte de Q ne pose pas de problèmes insurmon- tables. La synopse de la double tradition montre que les deux textes ne s'accordent pas seulement quant à la thématique et à la structure, mais aussi dans leur formulation: (a) invective contre les adversaires de Jésus ; (b) des- cription du comportement incriminé - l'observance de la dîme des herbes cultivées (mention chaque fois de trois éléments), qui s'oppose au non- respect d'exigences considérées comme plus importantes-; (c) exhortation mettant en relation deux affirmations qui ne s'excluent pas(« faire ceci sans négliger cela » ).

Mt 23,23 Le 11,42

Ouat UIÛV, ypa~~a'teîç Kat ~ptcraîot àUà OU at ù~îv 'toîç <l>aptcraiotç,

on

ÙltOKpt'ta\.,

on

Ù7tOÔEKa'tOÛ'tE 'tO ilôù- Ù7tOÔEKa'tOÛ'tE 'to ilôuo~ov Kat 'to o~ov Kat 'tO <'iV119ov Kat 'tO KU~tvov Kat ~yavov Kat nâv Àrixavov Kat napép- à<P'flKa'tE 'tà ~apmepa 'tO'Û VO~OU, Ti]v Kpl- XE<J9E Tijv Kplcrt V Kat Ti]v àyé17tl]V 'tO'Û mv Kat 'tO ëM:oç Kat Ti]v ni.crnv· 'ta'Û'ta 9eoû· 'ta'Û'ta ÔÈ ËÔEt 7t0t'i\crat KÙKEÎva ~il [ôè] ëôet notlicrat KàKEÎva ~il àcptévat. 7tapeîvat.

Malheur pour vous, scribes et pharisiens, Mais malheur pour vous les pharisiens, hypocrites, parce que vous payez la dîme parce que vous payez la dîme de la menthe, de la menthe, de l'aneth et du cumin, et de la rue et de toutes les plantes potagères, vous laissez de côté les choses plus impor- et vous négligez la justice et l'amour de tantes de la Loi, la justice, la miséricorde et Dieu. Mais ce sont celles-ci qu'il fallait la fidélité. Mais ce sont celles-ci qu'il fa!- pratiquer, sans omettre celles-là.

lait pratiquer, sans laisser de côté ceux-là.

12. Par ex. la Critica/ Edition; Ulrich Luz, Das Evangelium nach Matthiius (Mt 18- 25), p. 319.

13. Cf. Christian RINIK.ER, Die Gerichtsverkündigung Jesu, p. 99, qui donne cependant la préférence à l'ordre lucanien pour toutes les invectives. Il remarque à juste titre que Luc a très bien pu composer le cadre introductif- ou l'introduire à cet endroit, si Le 11,37-38 contient des éléments traditionnels- parce qu'il avait trouvé en prerrùère position, dans son exemplaire de Q, l'invective concernant la pureté rituelle.

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226

La décision de la Cri tic al Edition d'accorder la priorité dans 1' ensemble à la version matthéenne nous paraît judicieuse. Les ypOJ.!J.la'tEÎ.Ç ( « scribes ») sont de la main du premier évangéliste, car celui-ci utilise de manière sté- réotypée l'expression« scribes et pharisiens» (cf. 23,2.13.15.23.25.27.29).

Mt et Le mentionnent 1:0 +touocrJ.!OV ( « la menthe ») en première position. Le 1tâv Àaxavov ( « toute plante potagère ») de Le, avec son caractère généra- lisant et conclusif, est probablement secondaire, même si la statistique du vocabulaire n'est pas significative (Mt 13,32; Le 11,42). To 1tTJyavov («la rue», latin ruta graveolens), qui est un hapaxlegomenon lucanien,_pose une question difficile. Matthieu a-t-il remplacé le terine par« aneth» (a\llleov), ou par «cumin » (KUJ.!tvov), parce qu'il savait que n1Jyavov, une plante médicinale, n'était semble-t-il pas soumise à la dîme14 ? Ou bien, à l'in- verse, est-ce Luc qui a remplacé« l'aneth» par« la rue» pour créer un effet euphonique15 ? Ou bien encore avons-nous affaire à deux versions légère- ment différentes de Q (QM'; QLc)?

Les verbes utilisés dans Mt 23,23b-c et dans Le 11,42b-c varient.

Mt utilise deux fois a(j>tÉVat, «laisser de côté, négliger, omettre», Le une fois 7tapépxecr8at et une fois napeî.vat, au sens de « négliger», « méses- timer» (cf. Le 15,29, avec Èv'tOÀTJ comme complément d'objet). Ces verbes n'appartiennent pas au vocabulaire préféré de Mt ou de Lc16La différence sémantique entre les deux verbes n'étant pas significative, nous laissons la question ouverte.

L'expression 1:à ~apu1:epa 'tOÛ VOJ.!OU ( « les choses plus importantes de la Loi», litt. «plus lourdes») de Mt est probablement rédactionnelle, car elle témoigne de son souci d'accentuer la prépondérance herméneutique du commandement d'amour à l'intérieur de la Torah (cf. par ex. Mt 5,21-26.

38-48 ; 7,12; 9,13 ; 12,7; 22,40). Dans la deuxième série d'éléments, le premier terme est le même chez Mt et Le ( Kptcrtç, au sens de «justice » ), · alors que les autres divergent. «L'amour de Dieu » ('ti-tv clYcl1t11V 'tOÛ eeoû, gen. obj.) de Le semble être rédactionnel. En effet, le diptyque lucanien

« justice - amour de Dieu » fait penser aux deux vertus grecques fondamen-

14. C'est en tout cas ce qui ressort de la tradition mishnaïque, mShevi'it 9,1 : <<La rue, l'épinard, l'asperge sauvage, le persil, la coriandre des montagnes, le cresson de rivière et l'origan des prés, toutes ces plantes peu importantes sont dispensées de la dîme (en tout temps), et l'on peut en acheter de chacun en la 7' année, parce que l'on n'a pas l'habitude de les conserver>> (Moïse SCHWAB, Le Talmud de Jérusalem, p. 410). Selon Dietrich CoRRENS, Schebiit, p. 136-137, notes 2 à 7, toutes les plantes mentionnées en mShevi'it 9,1 sont des plantes non cultivées et ne sont donc pas soumises à la dîme. Cf. aussi Christian RINIKER, Die Gerichts- verküru:ligung Jesu, p. 107, note 45. Mais la question reste ouverte de savoir si cene halakha concernant la<< rue» était déjà en vigueur au l" siècle après J.-C.

15. Ainsi Harry T. FLEDDERMANN, Q, p. 532: << Luke shifted to 'tO Jtiryavov because the -avov ending in m'IYavov and /...axavov joined with Luke's 1tâv to produce a euphonious effect ».

16. àq,i.run: 47x (Mt), 34x (Mc), 31x (Le); 7tapépxo~at: 9x; 5x; 9x (Ac: 3x).

LA SOURCE Q ET LA TORAH 227

tales, la «justice » dans les relations interpersonnelles et la « piété » à 1' égard de Dieu - un condensé éthico-religieux qui a été repris dans le judaïsme hellénistique et dans le double commandement d'amour de la tra- dition synoptique (dans l'œuvre lucanienne, cf. Le 10,25-28 et parallèles Mc 12,28-34 ; Mt 22,34-40, mais aussi Ac 10,35 : «crainte de Dieu » et

« pratique de la justice » ). En d'autres termes, alors que Matthieu en reste au niveau éthique avec la triade «justice », « miséricorde » et « fidélité », qui semble être une reprise libre de Mi 6,817, Luc ajoute la dimension reli- gieuse. Nous suivons Mt et nous obtenons une structure équilibrée de deux fois trois éléments dans les séquences bl et b218:

a Malheur à vous, pharisiens,

b 1 parce que vous payez la dîme de la menthe, de l'aneth et du cumin b2 et vous négligez la justice, la miséricorde et la fidélité.

c Mais il fallait mettre en pratique celles-ci sans négliger pour autant ceux-là.

L'invective de Q 11,42 reflète-t-elle une pratique de la dîme historique- ment plausible? Ou bien sommes-nous en présence d'une exagération rhé- torique visant à dénoncer la dîme des herbes cultivées comme une pratique ridicule, ainsi que le suggère Kloppenborg19? L'exégèse rabbinique, en affi- nant les préceptes vétérotestamentaires, a considérablement augmenté le nombre des produits agricoles soumis à la dîme. Selon Lv 27,30, celle-ci doit être prélevée « sur les produits de la terre ou sur les fruits des arbres »20 •

17. Cf. Christian RINIKER, Die Gerichtsverküru:ligung Jesu, p. 107, note 44.

18. Notons que la reconstruction proposée par Harry T. FLEDDERMANN, Q, p. 532-533, est assez différente : il maintient 'tà ~apuu:pa 'tOÛ VOIJ.OU ( << les choses plus importantes de la Loi ») et ày<i1t11 ( << amour ») dans la source Q, et attribue ë/...eoç ( << miséricorde ») et 1tionç (<<fidélité») à la rédaction matthéenne. La solution n'est pas vraiment convaincante: ë/...eoç joue certes un rôle important dans l'éthique manhéenne (cf. la double reprise rédactionnelle d'Os 6,6 en Mt 9,13 et 12,7) ; mais le premier évangéliste a tout aussi bien pu s'inspirer de la source Q- comme ill' a fait dans le cas d'un autre concept central de son anthropologie, celui du <<peu de foi» (6/...tyomona 1 6/...ty67tt<J'tOÇ, qui a été importé dans Mt à partir de Q 12,28 Il Mt 6,30). Mais l'erreur de Fledderrnann est surtout de ne pas voir que le terme 1tionç a ici une signification particulière ( << fidélité »,concept éthique marqué par la tradition vétérotesta- mentaire et juive, et non pas concept sotériologique).

19. John S. KLoPPENBORG, << Nomos and Ethos in Q »,p. 42: <<De même que Q 11,39-41, cette malédiction relève de l'exagération rhétorique et de la caricature. Qu'elle reflète avec précision une pratique contemporaine de la dîme est très improbable. Il suffit de jeter un coup d'œil rapide sur les discussions mishnaïques à propos de la dîme pour s'apercevoir qu'il n'y avait pas d'unanimité quant au traitement d'aucun des éléments mentionnés en .Q ll,42a, (<< Like Q 11:39-41, this woe engages in rhetorical exaggeration and caricature. That it accu- rately reflects current tithing practice is most unlikely. Even a cursory glanee at the Mishnaic discussions of tithing is sufficient to indicate that there was no unanimity in regard to the liability of any of the items of Il :42a » ).

20. A moins d'indication contraire, nous citons l'Ancien Testament d'après la Traduction œcuménique de la Bible (TOB).

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228 ANDREAS DETIWILER

Dt 14,22-23 insiste sur l'activité humaine, en précisant que la dîme doit être prise « sur tout le produit de ce que tu auras semé et qui aura poussé dans tes champs »,en particulier le blé, le vin nouveau, l'huile et les premiers-nés du bétail. La tradition rabbinique, dans mMa'asrot 1,1, émet la règle que tout produit cultivé dans la terre, puis récolté, stocké et mangé, est soumis à la dîme21 . Dans le détail, la Mishnah atteste la dîme de l'aneth (mMa'asrot 4,5) et celle du cumin (mDemai 2,1), mais ne dit apparemment rien de la dîme de la menthe22. Il nous semble cependant difficile d'exploiter ce silence de la Mishnah sur la menthe, cela d'autant plus que la menthe dont il est question dans Q 11,42 n'est probablement pas une espèce sauvage, mais une espèce cultivée dans les jardins, qui est donc soumise à la règle énoncée dans mM a 'as rot 1, J23. Certes, le sujet offrait matière à discussion - par exemple sur la dîme de l'aneth24 -,ce qui montre que l'on avait conscience que la dîme des herbes cultivées était une prescription rabbinique qui ne se fondait pas sur une affirmation explicite de la Bible hébraïque25La

21. Cf. mMa'asrot 1,1 : <<On a établi une règle générale pour la dîme : tout ce qui se mange, que l'on conserve et qui croît sur terre, est soumis aux dîmes [ ... ] >> (trad. de Moïse SCHWAB, Le Talmud de Jérusalem, vol. 2, p. 137). Pour une interprétation du passage, cf. Wolf- gang BUNTE, Maaserot 1 Maaser Scheni, p. 52-53, notes 1 à 8. Pour une discussion détaillée de la pratique de la dîme des produits agricoles selon la tradition rnishnaïque, voir l'excursus 25,

<<Die Abgaben von den Bodenerzeugnissen >>,dans (Hermann L. STRACK -)Paul BILLERBECK, Kommentar zum Neuen Testament aus Talmud und Midrasch. TomeJV/2, p. 640-697.

22. En tout cas selon (Hermann L. STRACK -)Paul BILLERBECK, Kommentar zum Neuen Testament aus Talmud und Midrasch. Tome!, p. 933.

23. Dans ce sens, voir aussi Christian RINIIŒR, -Die Gerichtsverkündigung Jesu, p. 107, note 44. Q 11,42 utilise le mot 'tO i}ôoo~ov qui désigne, selon Henry George LIDDELL- Robert ScoTT, A Greek-English Lexicon, Oxford, Clarendon Press, 91996, p. 765, la menthe verte, latin mentha viridis ou spicata (en grec i} !J.tV6rt ou !J.tv6a). Si le texte avait voulu préciser qu'il s'agissait d'une espèce de menthe sauvage (par ex. la menthe à longues feuilles, latin mentha longifolia ou, moins commune, la menthe aquatique, latin mentha aquatica), il aurait pu écrire 'tO i}ooo~ov ayptOv (cf. Henry George LIDDELL- Robert ScoTT, ibid.). L'affirmation de John S. KLoPPENBORG, « Nomos and Ethos in Q >>, p. 42, nous paraît simpliste : << Il est probable que la récolte d'une plante non cultivée (et vivace) comme la menthe ait pu être considérée par beaucoup comme exempte de la dîme>>(<< It is likely that an uncultivated [and perennial] crop such as rnint would have been regarded as exempt by many>>).

24. mMa'asrot 4,5 reflète un débat sur la position de Rabbi Eliézer: << [ ... ] R. Eliézer dit:

l'aneth est soumis aux dîmes en toutes ses parties, les feuilles vertes, la semence et les graines, ou bourrelet ; selon les autres sages, on ne doit la dîme, pour les semences et les parties vertes, que sur le cresson et l'origan>> (trad. de Moïse ScHWAB, Le Talmud de Jérusalem, vol. 2, p. 182). Le pas- sage révèle certes des divergences d'opinion au sujet du prélèvement exact de la dîme de l'aneth, mais il ne met pas en cause le principe de cette dîme en tant que tel. Selon mDemai 2,1 en revanche, la dîme du cumin n'est pas sujette à discussion : << Les articles suivants tombent sous le coup de la loi du Demai, et doivent subir le prélèvement de la dîme en tous lieux [ ... ] :les figues comprimées, les dattes, les caroubes, le riz et le cumin[ ... ]>> (trad. de Moïse SCHWAB, ibid., p. 137).

25. Cf. (Hermann L. STRACK -)Paul BILLERBECK, Kommentar zum Neuen Testament aus Talmud und Midrasch. Tome N/2, p. 650-651. Cf. aussi Christian RINIKER, Die Gerichtsverkün- digung Jesu, p. 107, note 44.

LA SOURCE Q ET LA TORAH 229

polémique anti-pharisienne de Q 11,42 semble cependant bien refléter la discussion de l'époque au sujet de la dîme des plantes cultivées. Plus géné- ralement, notons que le souci du paiement correct de la dîme devait être un élément important de l'identité pharisienne, comme l'attestent non seu- lement Q 11 ,42, mais aussi Le 18,12 et, plus tard, les prescriptions très détaillées de la Mishnah surtout dans les traités Demai, Ma 'as rot et Ma 'aser Sheni. L'intuition de K.loppenborg, intéressante en soi, qui voit dans Q 11,42 une rhétorique de la caricature, sans fondement historique, ne repose pas sur une base suffisante.

Quelle est la position de Q 11,42 face au problème de la dîme des plantes potagères? L'invective de Jésus affirme la primauté de l'exigence éthique biblique vis-à-vis du prochain («justice », « miséricorde », « fidé- lité ») sur le souci de la dîme correcte grevant les produits agricoles les plus modestes. On peut y voir un élément ironique : « Le prochain prime sur la menthe ! »26. L'affirmation dénonce une pratique de piété centrée sur une exigence « cérémoniale » particulière. Elle se nourrit du langage pro- phétique de la tradition vétérotestamentaire. L'interjection oùal. (Ù!J.Îv],

«malheur [à vous] ! », exprime une lamentation ou une menace ; elle se rencontre avant tout dans la tradition prophétique (Os 7,13; Es 1,4; 5,8-22 [série de six oracles de malédiction, à laquelle s'ajoute un septième en 10,1-4]; 10,5; etc.), puis dans la tradition apocalyptique (cf. 2 Bar 10,7; et surtout les groupes de malédictions de 1 Hén 94,6-8 [3x]; 95,4-7 [4x];

96,4-8 [5x]; 97,7-8 [2x]; 98,9-99,2 [8x]; 99,11-15[8x ?] ; 100,7-9 [3x])27 • En outre, il est probable que Q 11,42b reprenne librement la triade de « ce qui est bien» en Mi 6,828Jésus ne se présente pas ici comme un scribe, prêt à discuter de manière nuancée une question halakhique spécifique, mais comme un prophète qui, par le biais de la polémique et de l'ironie, proclame des valeurs éthiques de base29.

Deux précisions s'imposent cependant. D'une part, il serait faux de lire dans .cette parole une opposition de principe entre Torah « éthique » et Torah «cultuelle». La dîme en effet comportait aussi une dimension sociale, puisqu'elle était destinée à l'entretien matériel des lévites et des

26. Siegfried ScHULZ, Q, p. 104 : <<Der Mitrnensch geht der Gartenminze vor ! >>;

cf. Christian RINIIŒR, Die Gerichtsverkündigung Jesu, p. 108.

27. Cf. Horst BALZ, ouai., EWNTII, 21992, col. 1320-1322.

28. Mi 6,8 (TM):« On t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bien, ce que le Seigneur exige de toi: rien d'autre que le respect du droit, l'amour de la fidélité, la vigilance dans ta marche avec Dieu >> (trad. de la TOB) ; LXX : ei. àvrrrfüTJ crot, üvepC07Œ, TI KaÀ.év; ft TI rilptoç tbcÇT]'tEÎ napà croû èJJJI. ii 'tOÛ noteî v Kpi.!J.a Kat èryanâv ËÀ.Eov Kat Ë'tOI.IJ.OV el vat 'tOÛ nopeoccreat j.UO'tà Kupiou 6eoû crou;

29. Ulrich Luz, Das Evangelium nach Matthiius (Mt 18 - 25), p. 333, à propos de Mt 23,23 : <<Jésus représente l'héritage prophétique de la Bible plutôt que l'héritage sacerdotal ,, ( « Jesus vertrin das prophetische Erbe der Bibel, nicht sosehr das priesterlich-kultische >> ).

(7)

230 ANDREAS DETTWILER

prêtres- elle reflétait ainsi l'importance accordée au Temple et au ~ulte-et que le Deutéronome prescrivait la pratique de la dîme pour les pauvres (Dt 14,28-29; 26,12-13). D'autre part, Q 11,42 ne met pas en cause de façon principielle la halakha pharisienne de la dîme des plantes potagères. Preuve en est la précision de Q 11 ,42c, « Il fallait mettre en pratique celles-ci sans négliger pour autant ceux-là» :elle indique que la parole de Jésus ne doit pas être comprise comme une antithèse de fond, mais comme une pondération entre deux exigences différentes de la Torah en faveur du prochain, inspirée de la tradition prophétique. Bref, la confrontation entre Jésus et les pharisiens en Q 11,42 reste une confrontation intra muras. Même s'il est vrai que, dans l'optique de la source Q, Jésus prône - ou plutôt réinstaure - un système de valeurs qu'il interprète autrement que ses adversaires30, la sentence de Q 11,42 se situe entièrement dans le cadre de compréhension du judaïsme, en revalo- risant la dimension éthique de la tradition vétérotestamentaire et juive.

Une dernière question reste à clarifier. On a souvent vu en Q 11,42c un ajout ou une « glose » secondaire31Les raisons invoquées sont principa- lement d'ordre formel. D'une part, Q 11,42a-b peut être compris indépen- damment de Q 11,42c. D'autre part- c'est l'argument le plus fort-, Q 11,42 est la seule des sept invectives de Q où le problème des exigences de la Loi (et non pas le comportement des adversaires de Jésus) fait l'objet d'un juge- ment différencié. Mais en fait, on peut aussi lire Q 11,42c comme une parole adressée aux porteurs de la tradition Q. Si cette lecture est juste, nous aurions alors affaire à une sorte « d' ecclésiologisation » d'une parole adressée à l' ori- gine aux adversaires de Jésus, qui chercherait à éviter qu'on en tire de fausses conclusions au sujet de la Torah. Mais nous restons très hésitant. Construire l'hypothèse, sur la base de Q 11,42c et de quelques autres textes, d'un dernier

30. Cf. William R.G. LOADER, Jesus' Attitude towards the Law, p. 415 : <<A different value system is operating which differentiates among laws, where others could not make sense of such differentiation, since ali is comrnanded by God >>.L'auteur propose une synthèse équi- librée et différenciée de la problématique aux p. 427-431.

31. Paul HOFFMANN, Studien zur Theologie der Logienquelle, p. 59, note 34; p. 170, note 50 ; Daniel KoscH, Die eschatologische Tora des Menschensohnes, p. 144 (pour des raisons uniquement formelles) ; John S. Kl.OPPENBORG, << Nomos and Ethos in Q », p. 42-43, qui accentue fortement la discontinuité: Q 11,42 est« très suspect d'être une interpolation reflétant l'inquiétude d'un rédacteur judéo-chrétien de Q. La proposition s'accorde maladroitement avec une parole déjà complète en elle-même» (p. 42 : « [ ... ] widely suspect as an interpolation by an anxious Jewish-Christian redactor of Q. The clause fits awkwardly with a saying which is already complete in itself ») ; voir aussi les conclusions générales de la p. 43 : « [ ... ]la préoc- cupation à l'égard de la Loi est étrangère aux éléments formateurs de la tradition Q et n'apparaît qu'à une étape ultérieure, probablement à la suite d'interactions sociales locales au sein d'un environnement juif, où il était devenu avantageux ou nécessaire d'affirmer d'une certaine manière la validité de la Torah»(« [ ... ] nomistic concems are foreign to the formative compo- nents of the Q tradition and appear only at a later stage, probably the result of local social interactions in a Jewish environment where it became advantageous or necessary to affirm the Torah in sorne way »);Christian RINIIŒR, Die Gerichtsverkündigung Jesu, p. 103; etc.

LA SOURCE Q ET LA TORAH 231

remaniement de la source Q prônant une nouvelle orientation théologique et insistant sur l'observance de la Torah, comme l'a proposé Kloppenborg (même s'il s'agit seulement selon lui d'une rédaction ponctuelle-« a matter of minor glossing »-,qu'il appelle« Q3 »)32, ne nous paraît pas convaincant.

Nous estimons qu'il n'est pas possible de conclure ainsi à l'existence de deux orientations théologiques différentes. Q 11,42c témoigne seulement d'un souci de clarification, et non pas de « correction » de la tradition33 • Il n'est donc pas nécessaire de comprendre Q 11,42c comme un ajout ultérieur34 • 2.2. Q 11,39b.41: De la purification de l'extérieur et de l'intérieur

Un coup d'œil sur la synopse des versions matthéenne et lucanienne nous amène à faire plusieurs constats.

Mt 23,25-26 Le 11,39-41

39a eim::v liè 6 KUptOç npôç au-r6v . 25 OUa!. ÙJ.!ÎV, ypaJ.!Jla-reîç Kat «<>aptcraîot 39b vûv ÙJ.!EÎÇ oi. «<>aptcraîot

Ù7t0Kpl -rai, Ôn Ka9apiÇe-re 'tÔ ËÇw9ev 'tOÛ 'tO ËÇw9ev 'tOÛ 7tO'tT]ptOU Kat 'tOÛ 7tt VaKOÇ 7tO'tT]piou Kat 'tijç 7tapo'Jfilioç, Ëcrw9ev liè Ka9apiÇE'tE, 'tÔ OE Ëmo9ev ÙJ.l<Î)V 'YÉJ.!El YÉJ.!OU()l v éÇ ap7tayîiç Kat clKpacriaç. clp7tayiiç Kat 1tOV1]ptaç.

40 a<j>poveç, oùX 6 1tOti)craç 'tO ËÇw9ev Kat 26 ct>aptcraîe -ru<j>ÀÉ, Ka9aptcrov 7tpô>-rov -rô Ëmo9ev É1toi flcrEv;

-rô év-rôç -roû 7tO'tT]piou, ï va yÉVT]'tat Kat -rô 41 7tÀTJV -rà èv6v-ra 06-re ÈÀk:TIJlOcrUVT]V, Kat ÉK'tÔÇ amoû Ka9ap6v. tOOÙ 7tOV'ta Ka9apà ÙJ.!Î.V Écrnv.

(37-38 : Tandis qu'il parlait, un pharisien l'invite à déjeuner chez lui. ll entra et se mit à table. 38 Le pharisien s'étonna en voyant qu'il ne s'était pas d'abord lavé avant le déjeuner).

32. John S. I<LOPPENBORG, Excavating Q, p. 153, note 81.

33. En accord avec Daniel KoscH, Die eschatologische Tora des Menschensohnes, p. 145: «Néanmoins, la différence entre la malédiction proprement dite et l'exhortation qui suit ne doit pas être surestimée, puisqu'il ne s'agit, dans la malédiction elle-même, que d'une ques- tion de priorité»(« Allerdings sollte die sachliche Distanz zwischen dem eigentlichen Weheruf und der anschliessenden Mahnung nicht überschatzt werden, geht es doch irn Weheruf selbst nur um eine Frage der Prioritat » ). Kosch discerne ensuite en Q 11,42c le souci d'une réflexion plus approfondie («eine stiirkere gedcmkliche Durchdringung ») sur les possibles implications de l'affirmation de Jésus sur la dîme en Q Il ,42b. Cf. aussi Christian RINIIŒR, Die Gerichtsverkün- digung Jesu, p. 10, pour qui Q 11,42c ne s'oppose pas nécessairement à l'intention première de Q Il ,42b ; dans le même sens, voir aussi William R.G. LOADER, Jesus' Attitude towards the Law, p. 415 (avec la note 68).

34. En accord avec Harry T. FLEDDERMANN, Q, p. 556-557.

(8)

232 ANDREAS DEITWll...ER

25 « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, car vous purifiez l'extérieur de la coupe et du plat, mais à l'intérieur, ils sont pleins, par suite de rapacité et de démesure.

26 Pharisien aveugle ! Purifie d'abord l'in- térieur de la coupe, afin que son extérieur aussi devienne pur>>.

39a Mais le Seigneur lui dit :

39b « Vous, les pharisiens, vous purifiez l'extérieur de la coupe et de l'assiette, mais l'intérieur de vous est plein de rapacité et de méchanceté.

40 Gens déraisonnables ! Celui qui a fait l'extérieur n'a-t-il pas fait aussi l'inté- rieur?

41 Donnez plutôt ce qui est dedans en tant qu'aumône, et voici tout est pur pour vous>>.

Les affirmations de Le 11 ,39b-41 sont beaucoup plus complexes que celles de Le 11,42; c'est pourquoi l'attribution de cette séquence à la source Q pose davantage de problèmes. Même Tuckett, qui n'hésite habituellement pas à mettre les textes « fragiles » au compte de Q, le concède : « Malheureu- sement, le libellé exact du texte de Q est probablement irrécupérable, parce que les deux évangélistes ont retravaillé la tradition de manière indépen- dante »35La reconstruction proposée par la Critical Edition est hésitante :

« 39b Malheur à vous, pharisiens, parce que vous purifiez l'extérieur de la coupe et du plat, mais à l'intérieur, ils sont pleins de rapacité et d'avidité.

41 Purifiez ... l'intérieur de la coupe, .... son extérieur ... pur». Le caractère disparate de la double tradition de Le 11,39b-41 et Mt 23,25-26 peut théori- quement s'expliquer de différentes manières : (a) par un travail rédactionnel intense de Matthieu ou de Luc, ou de l'un et de l'autre; (b) par l'existence de deux formes écrites différentes de Q (QM•; QLc); (c) par l'influence de tradi- tions orales indépendantes sur le texte (ou les textes) de Q.

A propos de la séquence lucanienne, trois remarques s'imposent.

(1) Le 11,39b-41 constitue la réponse au cadre narratif initial de Le 11,37-39a, ce qui explique sans doute quelques particularités du texte du troisième évan- géliste. Ainsi, Luc présente la première attaque contre les pharisiens non pas comme une invective en oùat U}ltv JC'tÂ., contrairement à Mt 23,25, ce qui lui permet d'arriver à une composition très élégante de deux fois trois invectives (Le 11,42-44.45-52). (2) Luc passe rapidement d'une compréhension littérale à une compréhension métaphorique de la purification. Dès le v. 39c, les réci- pients pour manger et pour boire sont compris métaphoriquement, au sens d'une affirmation sur le statut moral de la personne. Chez Matthieu, le pas- sage d'un niveau à l'autre se fait de façon plus complexe -même s'il est

« clair que tous deux, Matthieu et Luc, comprennent finalement la parole au 35. Christopher M. TUCIŒTT, Q and the History of Early Christianity, p. 412: << Unfortu- nately the precise Q wording is probab1y irrecoverable as the evangelists have worked over the tradition independently >>.

LA SOURCE Q ET LA TORAH 233

sens métaphorique, se référant à des gens plutôt qu'à des coupes »36Cette plus grande complexité plaide globalement en faveur de la version matthéenne.

Le même type d'argument vaut aussi pour Le 11,41 : l'exhortation à visée éthique y est plus clairement exprimée que chez Mt (Le : « Donnez plutôt ce qui est dedans en tant qu'aumône>> ; Mt : «Purifie d'abord l'intérieur de la coupe [ ... ]>>)et la finalité du comportement exigé est plus« principielle >>

(Le : « [ ... ] et tout sera pur pour vous »; Mt : « [ ... ] afin que son extérieur devienne aussi pur>>). (3) Le 11,40- « Gens déraisonnables ! Celui qui a fait le dehors n'a-t-il pas fait aussi le dedans?» - appartient au bien propre de Luc (cf. Ev Thom 89,2) et constitue un argument théologique ad hoc de type sapiential (question rhétorique ; reprise de la distinction entre extérieur et inté- rieur du verset précédent). A notre avis, il est dû à la rédaction lucanienne.

A propos de la reconstitution d'une version possible de Q, les quelques remarques suivantes doivent suffire. Comme dans le cas de Q 11,42, la struc- ture de la séquence matthéenne est tripartite : (a) invective contre les adver- saires ; (b) description du comportement incriminé; (c) exhortation. Chez Luc, la structure est comparable, à l'exception de l'invective et de l'ajout de

la réflexion de nature sapientiale du v. 40.

A propos de Q 11,39b. Comme en Mt 23,23, les« scribes>> (ypa}l}la-œîç) sont un ajout de la main de Matthieu. La structure de la phrase, à l'exception de la partie introductive, est identique dans les deux versions : même distinc- tion entre « l'intérieur >> et « l'extérieur >> ; même couple de deux expressions,

~algré de légères différences dans les termes utilisés. Les différences sont peu Importantes. Comme la Critical Edition, nous donnons la préférence à Mt :

il

1tapo'lfiç ( « le plat», en forme de bol) est sans doute un terme plus approprié que le;, 1ttvaÇ lucanien («l'assiette»; cf. Mt 14,8.11 par Mc 6,25.28), étant donné la distinction qui est faite entre face extérieure et face intérieure dans l'acte de la purification rituelle ; àJCpacrl.a ( « démesure >>) est plus rare et plus

· spécifique que le terme lucanien de 1tOVllpta, qui est très général37La diffé- rence majeure entre les deux versions de Q 11,39b concerne le moment du basculement du niveau littéral au niveau métaphorique. Chez Mt, le verbe yé}loum v ( « ils sont pleins ... >>) vise toujours les ustensiles de cuisine, même si le niveau métaphorique s'annonce déjà subrepticement (« ... de rapacité et d'excès » ). Luc en revanche se situe déjà entièrement au niveau métapho- rique ( « l'intérieur de vous est plein de ... >> ). La version lucanienne, qui se comprend plus facilement, est donc probablement secondaire.

36. Christopher M. TUCIŒTT, Q and the History of Early Christianity, p. 412 : << Clearly both Matthew and Luke regard the saying as ultirnately metaphorical, referring to people rather than cups >>.

37. Une question reste posée : comme en Q H,42, on constate ici que le premier terme d'une série de deux ou trois est identique chez Mt et chez Le, mais que les deux autres diffèrent.

Comment expliquer ce phénomène? Est-ce un indice en faveur de l'influence de l'oralité?

(9)

234 ANDREASDETTVnLER

A propos de Q 11,41. Nous avons déjà dit que, pour des raisons de contenu, nous considérons la version lucanienne de cette parole comme secon- daire. Le degré d'identité verbale entre les deux versions est très bas. Elles ont cependant des similarités : elles utilisent un impératif (Kaeaptcrov 1 oo-œ), qui est suivi d'une phrase indiquant la finalité (Mt) ou la conséquence (Le) du comportement exigé38Dans la version de Mt, le vocatif singulier <j>aptcraîE et l'absence de ypaJ.LJ.LO'ŒÎÇ ( « scribes ») sont des traits particuliers- qui sont peut- être l'indice de leur appartenance à Q (ou à QM'). L'adverbe7tpânov («d'abord») provient sans doute de la rédaction matthéenne (cf. Mt 5,24, mais aussi Mt 6,33 ; etc.). En revanche, il est difficile de savoir si la formulation de Mt (clause finale introduite par Ïva) est originelle ou non. L'expression matthéenne «son exté- rieur» ('to ènoç amov) montre que la séquence ne s'éloigne jamais complète- ment du niveau littéral. Elle est plus difficile à comprendre que la version lucanienne, et donc probablement originelle.

Nous aboutissons ainsi à la reconstruction suivante de Q (peut-être QM• ?), qui reste bien entendu hypothétique :

a Malheur à vous, pharisiens,

b 1 parce que vous purifiez 1' extérieur de la coupe et du plat,

b2 mais à l'intérieur, ils sont pleins, par suite de rapacité et de démesure.

c Pharisien !

dl Purifie [d'abord] l'intérieur de la coupe, d2 et son extérieur devient aussi pur.

Comme en Q 11,42, la parole se réfère à une pratique de l'époque - attestée chez les Pharisiens, mais pas seulement chez eux -, qui faisait la distinction entre la purification rituelle de l'extérieur et celle de l'intérieur des récipients. Dans les traditions plus anciennes, les récipients (ouverts) deve- naient impurs dans leur ensemble (Lv 11,33-35; Nb 19,15; etc.)39 • Le rabbi- nisme, lui, distinguait entre la face extérieure et la face intérieure du récipient (cf. mKelim 25)40, pour éviter de devoir en jeter le contenu en cas d'impureté.

Neusner propose même de comprendre Q 11,39b.41 sur l'arrière-plan d'une discussion halakhique, à l'intérieur du pharisaïsme de l'époque, entre l'école de Hillel et celle de Shammaï; il est d'avis que Q 11,39b.41 se situe dans la discussion du côté des Hillélites, qui considéraient la face extérieure comme

38. Cf. John S. KLOPPENBORG, « Nomos and Ethos in Q »,p. 38, note 16.

39. Par ex. Lv 11,33 :«Si la bestiole tombe dans un quelconque récipient d'argile, tout le contenu devient impur et vous brisez le récipient>>.

40. Bonne présentation du problème dans Christopher M. TuCIŒTT, Q and the History of Early Christianity, p. 412-413; Christian RINIIŒR, Die Gerichtsverkündigung Jesu, p. 105, note 35 ; Ulrich Luz, Das Evangelium nach Matthiius (Mt 18 -25), p. 336-337. Commentaire détaillé du traité mKelim chez Wolfgang BUNTE, Kelim. Cette distinction entre la face extérieure et la face intérieure ne vaut cependant que pour des récipients qui ne sont pas utilisés dans un cadre cultuel (ces derniers sont soumis à des exigences de pureté plus strictes ; cf. mKelim 25,9).

''

LA SOURCE Q ET LA TORAH 235

impure dans tous les cas41Pour l'école de Hillel, il était donc prioritaire de purifier l'intérieur d'un récipient car« l'état de la partie intérieure détermine celui de la coupe dans son ensemble »42La suggestion de Neusner n'a cepen- dant pas fait l'unanimité dans la recherche.

Quoi qu'il en soit de la pertinence de cette proposition, il est clair que Q 11,39b.41 ne présente pas une discussion halakhique au sujet de la pureté rituelle des récipients, mais utilise la distinction entre « extérieur » et « inté- rieur » pour déplacer la problématique au niveau de l'éthique et proposer ainsi une compréhension éthique de la pureté. Ce déplacement est indiqué au v. 39b par les deUX termes de Op7tarfl («rapacité »)43 et d'aKpaata («démesure»,

«manque de maîtrise de soi »)44On peut y voir une critique sociale qui visait les adversaires de Jésus, soucieux du strict respect de la pureté rituelle des récipients de cuisine, mais adoptant un comportement qui portait atteinte au besoin de sécurité matérielle et d'intégrité physique et psychique du prochain.

Dans ce cas aussi, le Jésus de la source Q réactualise l'héritage prophé- tique de l'Ancien Testament. En effet, la tradition biblique, prophétique en

particulier, a très souvent insisté sur le fait que la pureté éthique - la « pureté du cœur» - l'emporte sur la pureté rituelle (cf. Jr 4,14; Ez 36,24-28 [un

«cœur neuf»], qui est une interprétation d'Ez 11,14-2045; Ps 24,4; 51,12;

par la suite cf. Test Neph 3,1 ; Test los 4,6; etc.), et que «l'impureté» au niveau des relations interpersonnelles entraîne des conséquences plus graves que l'impureté rituelle (cf. par ex. Es 1,15-17; Jr 33,8; Ps 51,4.9; Qumrân).

Comme dans le cas de Q 11,42, il faut cependant relever que Q 11,39b.41 n'envisage pas à notre avis une opposition exclusive entre Torah «rituelle»

et Torah« éthique». « [ ... ]La parole ne condamne nullement la pratique des rites de purification »46La dernière phrase de la séquence affirme que l'exté- rieur de la coupe ( « son extérieur ») devient pur- mais elle reste très allusive et ne dit pas comment l'articulation se fait entre pureté rituelle et pureté

41. Cf. Jacob NEUSNER, « "First cleanse the inside" »,en particulier p. 493-495.

42. Ibid., p. 493 : « [ ... ] the outer side is deemed always to be unclean. It necessarily fol- lows that the condition of the outer part bas no effect on the irmer part. The eup becomes unclean only if the irmer part is unclean. That is, the state of the irmer part determines that of the eup as a whole ».

43. Selon Ulrich Luz, Das Evangelium nach Matthiius (Mt 18- 25), p. 337, le terme ap7ta"fll indique très rarement la disposition subjective ( << la rapacité ») et doit plutôt être com- pris ici dans son sens usuel, qui renvoie soit à l'acte << objectif>> ( << le vol » ), soit à son résultat (<<le butin»). Nous n'avons pas pu nous convaincre du bien-fondé de cette observation.

44. A propos du terme àKpa<ria (qui s'oppose à la vertu de l'ÈyKpau:ta), cf. Ceslas SPICQ, Notes de lexicographie néo-testamentaire, tome I, p. 61-64; il s'agit d'un dérivé de Kpa'tOÇ;

<< l'à-Kpa'ti]ç est celui qui ne se contient pas, qui n'a pas de pouvoir [sur soi]» (p. 61). · 45. Cf. Frank-Lothar HOSSFELD- Erich ZENGER, Psalmen 51-100, p. 53.

46. Christopher M. TuciŒTT, Q and the History of Early Christianity, p. 412 : << [ ... ] the saying does not condernn the practice of purity rites in any way ».

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