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[Compte rendu de :] Lectures 3 : aux frontières de la philosophie / Paul Ricoeur. - Paris : Seuil, 1994
ASKANI, Hans-Christoph
ASKANI, Hans-Christoph. [Compte rendu de :] Lectures 3 : aux frontières de la philosophie / Paul Ricoeur. - Paris : Seuil, 1994. Etudes Théologiques et Religieuses , 1996, vol. 71, no. 2, p. 306-307
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:120745
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fETUDES
ÙHÉOLOGIQUES
& ŒELIGIEUSES
Revue trimestrielle publiée avec
leconcours du Centre National du Livre
161 PierreBüHLER 165 Pierre-LuigiDUBIED
175 GottfriedHAMMANN
207 MartinROSE 219 FolkerSIEGERT
245 PierreBüHLER 259 PierreBüHLER
265 Elian CuvILLIER
271
TOME 71
LES «CLAIRS-OBSCURS»DEL'ÉCRITURE Laclartéde I'Écriture. Introduction Del'obscureclarté des Écritures.
Unpointdevuepratique Clartéetautoritéde I'Écriture: LutherendébatavecZwinglietÉrasme ClaritasanteScripturamnatam
«ExpliquerI'Écritureparelle-même»:
origineetvicissitudesd'une maxime« protestante»
Lelecteuréclairé:laclarté commeclarification
«Face-de-Dieu»(Gn32/23-33et48/1-2,8-20)
NOTESETCHRONIQUES
Paul,l'apôtredesnations
PARMILES LIVRES
1996 I 2
ment l'individu parvient à son ipséité (ajout comme moyen d'interprétation
d'ŒdipeetdeKafka).Onauracompris qu'on setrouve enprésence in nuce d'une théorie globaledelalecture ainsi que de l'interprétation du livre et du lecteurs'éclairantl'unl'autre.
Onpeut regretterle côté trop théo- riquedu livre et souhaiter qu'il com-
porte davantage
d'applications
etd'exemples.
Mais cen'était,
sans doute, paslàleproposdel'a.Jean-LouisKLEIN
Paul RICŒUR, Lectures 3. Auxfron-
tières de laphilosophie, (La couleur des idées), Paris : Seuil, 1992. 20,5 cm. 370p. ISBN 2-02-020506-8.FF 160.
Larelation entre philosophieetthéo- logie
-
ou,plusprécisément, entre phi- losophie et religion (ou mieux : entre philosophie et Bible)- joue
depuis longtemps un rôleimportant dans la philosophie del'a.R.n'a
jamais pensé cetterelation sansreconnaître la ten- sionfondamentalequ'elle implique;il n'a
jamais voulu engloberla religion, le langage et les expressions de la foi danslaphilosophie;il n'a
jamais com- pris laphilosophie comme unecrypto- théologie, ni lathéologie comme étant ou devant êtreune philosophie. Au contraire, c'était et c'estjustementla différence entre ces deux modes de parleret depenserqui arendu etpeut rendre encore leur relation féconde.Mais ces deuxtraditions, cesdeux ma- nières deparleretdepenser,sont-elles statiques,fixéeschacune danssonhori- zon, dans son domaine, une fois pour toutes ? Cette question devraitêtre un problèmedepremièreimportancepour la théologie, quirisque toujours d'ou- blier, de perdre l'étrangeté profonde quereprésentent les textes bibliques à l'égardde toutedogmatisationet pos- sessiondelafoi.Cettequestionsepose 306
·--?
-PARMI LESLIVRES ETR 1996/2 PARMI LES LIVRES
aussi, selon R., pourla philosophie : son domaine proprepeut-il,et devrait- il, êtreprotégé contre d'autres modes deparleret depenser presque toujours jugés, pourune philosophiedu logos, comme ayantune valeur inférieure ?
Cetteproblématique, qui sepointeaux frontières de laphilosophieetqui, en revenant de ses marges, se dirigevers la philosophie elle-même, est exposée ici àtraversdestextesetdesthèmesdi- vers. Elleprend la forme, dans la 1'0 partie,d'une interprétationdesgrandes œuvres de la tradition philosophique quitraitent, àleur façon,delareligion: La religion dans les limites de la simpleraison de Kant ; laphilosophie de lareligion de Hegel, telle qu'elle
s'exprime
dans plusieurs de ses ou- vrages, notamment la Phénoménologie de l'espritet les « Leçons de Berlin »sur la Philosophie de la religion ;
L'étoile de la rédemption de Franz Rosenzweig qui représente, parmi ces troisœuvres,leprojetleplusprochede
l'intérêtde R. Dans la 3° partie, cette problématiqueprendlaformed'uneré- flexion intitulée «Entrephilosophieet théologie », expression qui caractérise lapensée d'unphilosophe qui, en tant que tel mais aussientant que croyant,
s'approche
des textes bibliques, des thèmes théologiques. Cette probléma- tique prend laforme d'un questionne- ment explicite dans la 2•partie, « Les sourcesnonphilosophiquesdelaphilo- sophie», oùlaquestion dustatutauto- nome de laphilosophie est posée et àlaquelle R. répond de façon à lafois provisoire etprogrammatique : « Qui
n'a
pasd'aborddessourcesn'a
pasen- suited'autonomie».Laphilosophie développéeici se ca- ractérise de la manière suivante : pour êtrephilosophie, celle-ci s'appuie né- cess
airemen
t etdélibérément
sur quelque chose quise trouveen dehors d'elle-même. C'est une philosophie herméneutique, unephilosophie qui comprend sapropre grandeur dansl'in- terprétation des sources et des thèmes qui lui sont donnés, qui la précèdent.Or la question surgit : une telle philo- sophie est-elle toujours philosophie ? Un casexemplaire de larelationde la philosophie à quelque chose qui ne se
laissejamais vraiment intégrer dans le concept philosophique est le rapport entre philosophieet « témoignage(s) » («
témoignages
»compris
comme« événementsréels que nulle réflexion ne saurait tirer de leur fond »).
L'a.
consacre2art.à ce thème dans lesquels il entreen discussion aveclaphiloso-
phie
deLévinas
que R.comprend
comme « penseur dutémoignage ».L'a.sedemande, aveclamêmerigueur poursaproprepensée : « Unephiloso- phiedutémoignage est-elle
possible?»
Ilrépond: «Jevoudraism'employerà montrer que cette philosophiene peut êtrequ'uneherméneutique,c'est-à-dire une philosophie de l'interprétation » (129), puis conclut:«Entrelaphiloso- phie du savoir absolu et l'herméneu- tique,
il
faut choisir » (139). Ces deuxaffirmations impliquent plusieurs
thèses : 1) une philosophie du témoi- gnageest possible; 2) ellenepeut être qu'unephilosophiede l'interprétation ;3)une philosophie
aujourd'hui
sera une philosophie del'interprétation,une herméneutique, carseule unetelle phi- losophierendjusticeà lafinitudede la consciencehumaine, enprenant au sé- rieux sonrapport à« quelque chose » qui se situe en dehors d'elle, radicale- ment en dehors, etqui nepeutjamais être totalement intériorisé : l'absolu.L'absolunon pas entant que tel, mais entant que manifestation de l'absolu dans des signes historiques, finis, etc, c-à-d entant qu'absolu attesté par un
témoignage qui, de son côté, est à la fois finietabsolu. Cerapport, àl'inté- rieurdu témoignage même, entre fini- tudeet absolu « donne à interpréter ».
Onpeut ainsi ajouterun 4·point : non seulement une philosophie du témoi- gnage ne peut être qu'une herméneu- tique, mais une herméneutique nepeut êtrequ'unephilosophiedutémoignage, dutémoignage de l'absolu. C'estdonc laphilosophie elle-même, dans ce qui
caractérise soncentreetsonpropre in- térêt
-
lavérité et la véracité-,
qui exige non seulement qu' elle recon- naisse ses frontières, mais qu'ellere- connaissesonbesoindeseréféreràcequiest au-delàdeses frontières.
Hans-ChristophAsKANI
MISSIOLOGIE- ŒCUMÉNISME
André CqRTEN,Lepentecôtisme au Brésil. Emotiondupauvre etroman- tisme théologique,Paris : Karthala, 1995. 21,5 cm. 307 p. ISBN 2- 86537-563-3.FF160.
Cet ouvrage s'ajoute aux étudesso- ciologiquesdeplusenplusnombreuses surle protestantisme latino-américain et,plusparticulièrement,surlemouve- ment pentecôtiste quiintrigue par son
importance aujourd'hui.
Mais le«manquederespectabilité»de ceder- nier, associéàce qu'onappelledepuis 1970 lamontéedessectes,alargement retardé les analyses rigoureuses de ce
phénomène. De plus, nous avons été très marqués par les réflexions de M.
Gauchet surle désenchantementdu monde ; orilsemblequ'iln'aitpas at-
teint
lespauvres.
Onconstate
aucontraire une véritable insurrection émotionnelle à caractère religieux.
Avec les années 1960 était néun dis- coursthéologiquefondé surune«émo- tionpourlespauvres »: c'étaitlathéo- logie de la libération ; mais avec le pentecôtisme, un autre discours