Autour du livre de Luc Boltanski La condition fœtale

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Autour du livre de Luc Boltanski La condition fœtale

GARDEY, Delphine

GARDEY, Delphine. Autour du livre de Luc Boltanski La condition fœtale. Travail, genre et sociétés , 2006, vol. 15, no. 1, p. 161-162

DOI : 10.3917/tgs.015.0161

Available at:

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AUTOUR DU LIVRE DE LUC BOLTANSKI LA CONDITION FŒTALE

Delphine Gardey

La Découverte | « Travail, genre et sociétés »

2006/1 N° 15 | pages 161 à 162 ISSN 1294-6303

ISBN 9782200921545

Article disponible en ligne à l'adresse :

--- http://www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2006-1-page-161.htm

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!Pour citer cet article :

--- Delphine Gardey, « Autour du livre de Luc Boltanski La condition fœtale », Travail, genre et sociétés 2006/1 (N° 15), p. 161-162.

DOI 10.3917/tgs.015.0161

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Travail, genre et sociétés n° 15 – Avril 2006 S 161 e métier de sociologue comporte ce trait étrange de vous faire vivre de longues années durant dans la compagnie d’une question, pour des raisons – fort raisonnables – mais aussi obscures et parfois partiellement inconnues à soi-même. Un jour, la question de la condition faite au fœtus dans les sociétés occidentales contemporaines semble être apparue dans la vie de Luc Boltanski comme une exigence. Raisonnablement, comme un objet sociologique largement impensé et dénié ; plus fondamentalement, peut-être, comme une charge ou un sort : un objet en quête de traducteur ou de porte-parole ?

La condition fœtale, sociologie de l’engendrement, se manifeste à nous avec cette intensité d’une œuvre sociologique hors norme et dont le propos se dessine au-delà de la seule « neutralité axiologique » revendiquée. Sociologie de l’engendrement, le livre formule une série de propositions anthropologiques fortes suscitant des discussions parfois vives qui nourrissent la controverse proposée. Luc Boltanski fait de la question de l’avortement – la possibilité pour chaque femme de pouvoir interrompre une grossesse – le cœur de sa réflexion sur la condition fœtale contem- poraine. Son propos est ainsi de penser ce qui est à l’œuvre pour

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controverse

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Controverse

162 S Travail, genre et sociétés n° 15 – Avril 2006

« faire un humain » ; comment un nouveau-né entre (historique- ment et culturellement) dans la société des hommes ; en quoi les mères sont amenées à jouer un rôle fondamental en acquiesçant ou non à la vie possible, c’est-à-dire en singularisant ou non un fœtus qui se voit ainsi comme « élu » ou « adopté » – « confirmé » dans son être, inscrit dans la « parole » et promis à une condition.

L’inscription de la « condition fœtale » à l’agenda de la « condition humaine » risquerait-elle de mutiler les intérêts de ce qu’il était autrefois convenu d’appeler la « condition féminine » ? Le fait de placer l’avortement au cœur de la sociologie de l’engendrement ne risque-t-il pas de faire peser sur les femmes l’essentiel d’une responsabilité dont l’initiative bio-médicale dans le domaine de la procréation et des technologies de l’engendrement limite cependant la part ? À ne pas différencier entre l’IVG (avortement souve- rain ?) et l’interruption médicale de grossesse, ne risque-t-on pas de manquer une nouvelle forme de régulation des pratiques – et de nouveaux arrangements entre les acteurs de ces pratiques –, dont on pourrait cependant reconnaître qu’elle est sans doute placée sous l’influence d’un « nouvel esprit du capitalisme » dans les sciences ?

Voici quelques-unes des questions suscitées par l’ouvrage et que les contributions de Madeleine Akrich, Simone Bateman, Nathalie Bajos et Michèle Ferrand soulèvent. La discussion est multiple et ouverte, nous remercions les différentes contributrices et Luc Boltanski de s’être prêtés au jeu de cette « controverse ».

Delphine Gardey