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_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciellces sociales et huma;lIes

1 1

REGIME DES PRECIPITATIONS SUR LE LITTORAL OCEANIQUE

DANS LE GOLFE DE GUINEE

Kodjov; S. EDJAME

Ul/;\!er~itéde Lomé

Facl/lté des Lettres et Sciences HI/mail/es Département de Géographie

LOlllé- Togo

1

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" IÜ~SlJMÉ

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':

1: I.a situation pluviométrique surle1ittoral océanique du goltc de Guinée est présentéeà partir des nOlmes des i

'1 principales stations de la région. 1'une des raisons de la fàible pluviosité d'une partie du littoral compris entre

1

Téma ((ihana) et Cotonou (Bénin) est identifiée. Le phénomène d'Up-welling côtier fréquent sur cette pat1ie de 1 la côte ex pliq ue de tàçon globale, les limi tes rluviométriques d'une partie de cette zone. Le réel inconfort de la zone littorale se trouve dans l'excessiftaux d'humidité injectée dans l'atmosphère qui fait grimper le mercureà des seuils diJ1icilement tolérables pour l'organisme humain. L'épuisement physique de la population active au cours d'une bonne paI1ie de l'année est compensé par une situation pluviométrique plus favorable de la zone en amont du littoral. constituant une !,!rande partie de la Région Maritime où la production agricole constitue une

\'éritable manne financière pour la paysannerie. L'apparition d'un phénomène analogueà celui d'el-niiio de

"Océan Pacitique transforme la lXII1ie relativement peu pluvieuse du littoral océanique en une zone inondée avec des dégùts matL'riels partois considérables. La prévision d'un tel phénomène devrait penneltre de mieux org<miser surlelittoral les activités de pêche et dans l'arrière-pays une meilleure exploitation agricole delapetite saison

sèche.

ii

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:,' .Hutl' clés: Littom/océunique. normes pllll'iol11étritlues, pluviosité. Indicateurs '1

!

1 dA nOllla/ie /'II/1'iolllét rit/Ile, dist rihl/t ion 1Jimoda/e.

L L = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = : : : : : = ' . I

ABSTRACT

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,1 :"The rainfall situation on the oce,lI1ic littoral of the gulf ofGuinea is presented on the standard basis orthe

Il

" '1

I!princiral stations orthe area. One orthe reasons orthe low rainfall ofa part of the littoral ranging between Téma Il

"

,and COlOnou is identitied. The phenomenon oftl-equent coastal Up-welling on this pan ofthe coast explains in '1 Ila llltal way, the rainfalllimits ofa pat1Dt'this zone. The real discomtort ofthe littoral zone is in the excessive ::

j'content water injeeted into the atnlOsphere whieh makes climh mercury with not easily tolerahle thresholds for :

Il

the human organism. The physical exhaustion of the working population during a good part of the year is

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conmensated bya more favorable rainfàll situation orthe zone upstream orthe littoral. constituting a great pm Il

I~c,ue<.lu CAMES - Nouvclle Série

n.

Vol. 008 N° 1-2007 ("., Semeslre) 185

(2)

Sciences sociales et !tumailles

---

ofthe Maritime Area where the agricultural production constitutes a genuine fmancial basket for the country c\ass.

The appearance ofa phenomenon similar to el-nifio ofthe Pacifie Ocean transfonns the part relatively not very rainy oceanic littoral into a zone flooded with sometimes considerable property damages. The forecast ofsuch a phenomenon should make it possible to better organize on the littoral the activities offishing and in the back country a better farm ofthe small dry season.

Key words : Oceanic littoral, rainfall normales, up-welling, el-nmo, Rainfàll anomaly indicators, bimodal distribution.

INTRODUCTION

Dans le golfe de Guinée, la partie de la côte atlantique s'étendant de Téma au Ghana à Cotonou au Bénin se révèle paradoxalement très peu pluvieuse. L'appartenance de cette zoneàla ceinture équatoriale.

réputée pourtant pour les phénomènes convectifs particulièrement intenses qui s'y développent, semble encore compliquer la compréhension de cette curieuse anomalie pluviométrique.

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186

Fig.!. Le littoral océanique du golfe de Guinée

Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 008 N° 1-2007 (1" Semestre

(3)

2. Analyse

Les courbes obtenues à l'aide des Indicateurs d'Anomalie Climatique (lAC) (Fig.2) confirment l'appartenance de cette région à la zone équatoriale guinéenne, caractérisée par une distribution pluviométrique bimodale. En général, les pluies commencent plus tôt déjà début mars et atteignent un premier pic en juin.Ils'en suit une accalmie sensible des pluies entre juillet et août. Les pluies reprennent de nouveau en septembre pour atteindre un second pic moins marqué, en octobre ou en septembre. Cette organisation pluviométrique est nettement observable à partir de Takoradi au Ghanajusqu'à Lagos au Nigeria.

Une zone à plus forte pluviosité est néanmoins dénotée à partir de Warri jusqu'à Calabar, ce qui ne masque pas systématiquement les deux pics pluviométriques caractéristiques de la zone équatoriale guinéenne.

L'accalmie pluviométrique observée entre juillet et août n'est plus visible.Ilpleut continuellement d'avril à novembre et les cumuls pluviométriques annuels dépassent habituellement 2500 mm (cf. Tableau 1. ci- dessous).

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines

A partir des données XX, on procède à une nouvelle répartition des données suivant les douze mois et l'on obtient ainsi les Indicateurs d'Anomalie Climatique (lAC) qui vont servir à construire les courbes.

L'absence d'effet orographique notoire ne permet pas à l'immense flux de vapeur d'eau s'échappant des eaux océaniques de déclencher sur place des phénomènes convectifs plus importants qui seraient à l'origine de grosses précipitations.

La plupart des villes côtières sont situées entre 5 et 25 m au dessus du niveau marin. De surcroît, cette partie de la côte est très souvent littéralement envahie par des eaux relativement froides. Ce phénomène d'origines diverses est souvent lié au passage des

courants

marins froids et surtout à la circulation verticale du courant de Benguela. C'est le phénomène d'Up- welling. Son rôle inhibiteur de la convection atmosphérique expliquerait partiellement tout au moins, la faible pluviosité d'une partie du littoral [1,2,4].

Périodiquement, on observe dans la même région du golfe un phénomène tout à fait contradictoire.

D'abondantes précipitations sont enregistrées entre juillet et août (exemple de juillet-août 1987 à Lomé et à Cotonou) [5, 6J, période injustement dénommée petite saison sèche. Ces pluies sont dues semble -t-il à une remontée d'eaux chaudes dans le golfe de Guinée, favorisant le développement d'une forte convection accompagnée d'intermittentes pluies diluviennes provoquant de véritables inondations dans les différents quartiers de la plupart des villes du littoral.

C'est le phénomène analogue au phénomène d'el-nino des côtes péruviennes et chiliennes en Amérique Centrale [3].

1. Méthodologie

Les courbes pluviométriques présentées ici sont des courbes issues des normes pluviométriques des différentes stations du golfe de Guinée comparées entre elles en s'aidant de la technique des Indicateurs d'Anomalie Pluviométrique, mise au point par l'équipe de recherche du feu ProfesseurAlbert

KEKEH,

ancien doyen de la Faculté des Sciences, de l'Université de Lomé.

La technique décrite dans l'une des publications du Laboratoire de Photogrammétrie Terrestre des Nuages [5J consiste à considérer toutes les normes mensuelles des stations envisagées comme une série unique de données X; pour lesquelles sont calculées la moyenne arithmétique et l'écart-type. Une variable réduiteXX1est ensuite calculée à partir des données

Xi' X et <Jx' Cette variable réduite est de la forme:

a x X;- X

xx=

1

Revue du CAMEs"- ONouvelle Série B, Vol. 008 N° 1-2007(1"Semestre) 187

(4)

---

Tableau 1. Nonnes Pluviométriques Mensuelles des stations du littoral océanique du golfe de Guinée. (1950-1988).

I F M A M I IL A S 0 N 0 Annuel

'akoradi 4.8 35.0 77.7 10.9 232.4 317 112.3 51.1 64.2 119.2 72.8 30.0 1775.6 Accra 12.1 19.2 58.3 95.6 131.1 240.5 64.7 30.3 68.1 62.4 27.0 \6.3 8756 Téma 10.4 28.4 53.9 92.3 130.3 197.8 109.4 19.2 51.6 62.0 23.9 12.4 763.2 Lomé- 11.3 48.2 53.5 95.2 140.5 208.8 69.2 20.9 36.0 84.2 30.3 9.6 808.7

Ville

Aného 12.5 30.1 62.7 110.9 152.2 245.1 85.2 22.2 45.4 87.1 34.8 9.8

8 * 1 Grand- 9.2 32.3 63.3 110.3 159.3 284.4 87.9 30.5 58.0 1001 26.9 19.5 981.7

popo

Ouidah 10.2 27.8 72.6 1171 182.0 322.6 116.9 46.0 93.3 120.1 36.8 11. 1 1156.5 :::otonou 18.4 35.5 83.5 128.0 208.3 365.1 140.4 52.6 95.8 133.6 43.1 16.3 1320.6 Sèmè 21.1 35.5 73.9 134.9 223.6 420.4 17l.0 65.4 13i.3 164.9 52.9 18.2 1513.1 Apapa 20.8 34.9 78.4 132.6 245.7 440.4 310.7 95.0 178.8 166.0 58.3 15.6 1777.2 La.gos 35.3 40.6 87.3 143.2 267.2 457.8 285.6 110.9 179.7 175.6 70.6 18.2 1872.0 Warri 27.2 62.1 128.6 212.3 275.5 348.1 473.8 357.5 473.2 321.2 101.8 407 2822.0 Port- 26.8 61.9 145.9 180.5 229.4 274.2 347.2 307.8 38~274.1 103.0 27.7 2359.5 hacourt

Calabar 31.7 54.9 150.9 212.7 273.3 397.9 416.7 378.8 418.2 332.6 161.5 421 2871.1

En défInitive, entreAccra (Ghana) et Grand-Popo (Bénin), un régime pluviométrique spécifique est facilement

.

à Lagos.

Une analyse plus fIne des courbes facilitée par le traitement numérique effectué sur les données permet de distinguer quatre (4) zones pluviométriques:

la zoneà l'Ouest d'Accra, de Takoradi jusqu'aux côtes ivoiriennes, la zone d'AccraàGrand-popo,

la zone de Ouidah àLagos, la zone de WarriàCalabar

fAKOI1ADI

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POR T. HARC OUR T

188

Fig.2 Régime des précipitations sur le littoral océanique

Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 008 N° 1-2007 (1" Semestre)

(5)

Une aBalyse plus sélective des courbes de la figure 2 semble privilégier la répartition des précipitations en deux régimes:

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines

trouver au point de départ de la dépression à l'Ouest et Cotonou (1320 nun) à celui de la très pluvieuse zone Est.

régime à deux saisons de pluie (régime birnodal) ;

régime à une seule saison de pluie (régime unirnodal).

2.1. Le régime à deux saisons·

Ce régime bimodal subit une forte influence méridionale.

Cette zone se distingue par deux saisons de pluies interrompues par une courte période sèche d'environ un mois. Les cumuls des précipitations oscillent entre 1500 et 1900 mm. La grande saison des pluies débute apparemment plus tôt: fin février - début mars.

2.2. Le régime à une seule saison de pluie

Les cumuls annuels oscillent autour d'une moyenne de 800 mm (minimum 763 à Téma), Les pics sont enregistrés enjuin pour la grande saison des pluies et en octobre pour la petite saison des pluies.

Les précipitations deviennent nettement plus importantes. Les cumuls annuels atteignent souvent 1200 mm et par conséquent, les pics saisonniers sont plus élevés.

Le changement est net. De Warry à Calabar. les pluies s'annoncent très tôt, et durentjusqu'en novembre.

Toutefois une courte accalmie s'observe en août. Sous l'influence probable du relief camerounais la petite saison sèche Guillet et août) a disparu dans cette zone et les cumuls des pluies atteignent 2400-2900 mm.

De cette brève analyse, il apparaît toujours que le littoral océanique Accra-Téma-Lomé se situe dans une zone pluviométrique déficitaire (750 - 850 mm de pluie par an). De part et d'autre de celle-ci, les côtes sont nettement plus arrosées (Fig. 3) :

C'est la zone de transition. Elle se présente comme une zone de dépression entre deux zones de forte pluviométrie. Takoradi (1225 mm) semble se

dans la direction Ouest: Takoradi- Abidjan: 1225-2100mm;

dans la direction Est : Ouidah - Calabar : 1200-2900mm.

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Fig. 3 : Profil méridional des cumuls annuels de hauteur de pluie dans le golfe de Guinée.

Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 008 N° 1-2007 (1" Semestre) 189

(6)

- - - -

3. Régionalisation des précipitations dans le golfe de Guinée

Une matrice est déterminée à partir des 12 normes mensuelles calculées sur la base des données de 14 pennis d'obtenir une matrice de corrélation MATCOR( 14,14), symétrique par rapport à la diagonale principale (Tableau 2).

Lonlé Aného Grand· Ouidüh Coto Sèmè -\11311 LlIgOJ Wllrry Purt- C~lablir

Takora Ac::cra Téma

-Ville Pono nan

" lhlcourt

di

0.97 0.98 0,9<, 0,88 0.91 044 O..n o:;~

Takoradi 1.00 096 0.95 0.97 0.98 0.98

0.98 0.99 0.99 0.98 0.97 088 091 0.45 0.44 Oq

Aura 1.00 0.96 0.96

1

0.98 0.97 0.97 0.97 0.96 094 0.95 0.52 0.49 0.57

Téml1l 1.00 0.96

1.00 0.99 0.99 0.97 097 0.95 O.SS 0&8 0.:'18 on fl~(,

Lomé-Ville

-

0.99 0.98 0.99 Il 97 0.&& 0.42 0,-11 0,:'0

Aného 1.00 0.99

1.00 0.99 099 0.98 (j.89 0.92 0.44 0,43 OSJ

Grand-PollO

LOO 1.00 0.99 n.9] 0.96 O.H 05.1 0.62

Ollidnh

1.00 0.99 0.94 0.% 0.5.1 0.51 0.61

Cotonou

1.00 095 0.97 0.58 0.56 0.66

Sèmè

1.00 1.00 073 0.69 0.77

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1.00 099 098

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ollM Port-Hl&C'Qurt

LOU Calabar

Tableau 2 : Matrice de Corrélation (Stations du liltoral océanique)

L'état thermique des eaux océaniques et la petite saison sèche peuvent-ils

devenir des indicateurs pertinents?

tous les cas, les pics sont enregistrés en juin et en octobre mais leur amplitude est fortement variable. Tout ceci fait de cette régionalisation, une régionalisation qualitative, qui tient compte de la répartition des saisons sur le littoral océatùque.

Des tentatives ont été menées dans le but d'expliquer le déficit pluviométrique caractérisant la côte océanique Accra - Téma - Lomé par Deneau[4]

et Trewartha [9] et d'autres. De nombreuses causes ont été identifiées parmi lesquelles l' hypothèse qu'entre juillet et août cette côte est le siège pennanent du phénomène d'up-welling côtier semble la plus plausible.

Le retournement des eaux océaniques occasionné par ce phénomène fait baisser la température de surface de la mer. De très basses températures sont enregistrées:

Kéta entre 17 et 21°C et Lomé entre 19 et 21oC (Moyenne des températures des eaux de mer entre 8 et 9 heures1.U.)

Trois classes se distinguent:

a. - de Takoradi à Cotonou (010 46 W - 02° 38 E) : Coefficient de corrélation 0.97-

1.00 ;

b.-de SèmèàLagos(02°38E-03°27E) : Coefficient de corrélation 0.97-1.00 ; c. - de Warry à Calabar (05041 E - 09°20 E) : Coefficient de corrélation 0.98 - 1.00.

Revue du CAMES - Nouvelle Série B. Vol. 008 N° 1-2007«(,., Semestre) 190

La régionalisation obtenue à l'aide de la matrice de corrélation est légèrement différente de celle décrite plus haut. En effet, elle tient plutôt compte des tendances que présentent les cumuls mensuels des différentes stations.

L'aridité de la côte Accra -Téma - Lomé est fortement masquée. Elle n'apparaît pratiquement pas du seul fait que la distribution mensuelle sur une année est bimodale pour toutes les stations situées entre 01°46 W - 02°38 E. Cette classification est compréhensible. Au fait, la répartition saisonnière des

pluies est identique sur cette partie de la côte. Dans . ,

(7)

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines

L'océan souvent qualifié de mémoire du climat

n'en finit pas de mettre sa signature sur le climat du golfe de Guinée en général, et plus particulièrement sur sa pluviométrie. En effet, la saison sèche est annoncée par l'arrivée sur les côtes, des eaux très froides accompagnées par des vents frais voire froids. Ces vents particulièrement froids et forts dès la tombée de la nuit constituent une menace pour les personnes âgées et surtout pour les enfants auxquels les mamans semblent accorder une attention particulière pour les protéger contre le froid qui, malheureusement augmente la morbidité et la mortalité au niveau de la population à santé plus fragile. D'ailleurs, à ce propos la population guin venue du Ghana et installée depuis des siècles sur les côte togolaises entre Petit Popo (Porto-Séguro) aujourd 'hui Agbodrafo et Aného a très tôt compris la menace et organise périodiquement des cérémonies rituelles pour barrer la route à ces vents froids et stressants.

Ces cérémonies atteignent leur apothéose en septembre contre toute attente, juste au début de la petite saison des pluies (septembre-octobre). Ce qui parait curieux c'est justement le décor et tout l'accoutrement réservé aux détracteurs du «Froid». En cette période de l'année ce sont les grandes vacances sur le plan académique mais sur le plan climatique c'est la période au cours de laquelle la couche de la mousson atteint son paroxysme en altitude environ (4km) d'après CAMBERLIN [2]. Dans son déplacement horizontal elle est repérée dans la zone sahélienne au-delà du Burkina Faso. Entre les latitudes 9°N et liON les abats pluviométriques affichent partout des maxima.

Entre le Togo et le Bénin, un indicateur thermique simple peut déjà servir à calibrer les régimes de pluies.

Lorsque le froid s'intensifie entre Juillet et Août ça veut dire que les eaux océaniques sont suffisamment froides et que les mouvements convectifs seront réduits. Il va s'en suivre une faible nébulosité et par conséquent, les pluies vont diminuer. C'est un signal annonciateur de la fin de la saison des pluies. Par contre, la pêche maritime plutôt traditionnelle est fructueuse et l'ambiance sur la côte est à son comble.

En clair, il serait tentant de chercher à établir des relations de causes à effet en suivant l'état thermique des eaux océaniques. L'océan pousse finalement les centres d'action atmosphérique à lever le voile sur ce que sera le «Temps» dans les jours à venir c'est dire tout simplement le climat.

La saison des pluies sur le littoral océanique semble marquer le pas ces demières années. La grande saison des pluies commence plus tôt et comme on

pourrait s'y attendre, elle se retire déjà vers la fin de la première décade du mois de juin. Le cumul du mois le plus pluvieux s'affaisse donc considérablement mais les cumuls annuels n'y sont pas très sensibles. Les activités agricoles sont compromises.Lemaïs considéré comme la céréale de base dans tout le Sud et dans les villes du littoral connaît une situation nettement difficile.

Depuis peu maintenant, le prix du bol de maïs oscillerait entre 750 FCFAet 850 FCFAcontre 250 FCFA, 300 FCFA à la même période des années antérieures, soit une hausse de plus de 100%.

Le retrait avant terme de la grande saison des pluies sur le littoral se signale par une baisse notable de la température de l'air et donc par l'arrivée précoce des vents frais en provenance de la mer. Un courant marin serait probablement à la base de ce phénomène.

L'avancée de la petite saison sèche est-eUe définitive? Comment pouvons-nous désormais aider la paysannerie en ce qui concerne l'organisation des activités agricoles au cours de la petite saison des pluies qui suivra?

C'est la période où la culture du maïs à cycle court est de mode. Cette activité agricole qui s'étire en tout et pour tout sur deux mois est vitale. Elle contribue à stabiliser le prix du maïs sur les marchés locaux. Les paysans parviennent à constituer des réserves de maïs et de gari pour la période allant de novembre à mars de la nouvelle année,jusqu'au début de la prochaine récolte.

Les courants marins froids qui circulent très souvent sur le littoral océanique dans le golfe de Guinée contribuent à l'affaiblissement des phénomènes convectifs. La nouvelle tendance qui commence à s'installer peut-être définitivement, semble effrayer les services météorologiques nationaux, du moins ceux qui s'intéressent à l'étude de la variabilité saisonnière des pluies dans le golfe. Les précipitations s'accumulent exclusivement entre les mois de septembre et d'octobre.

Les mois de novembre et de décembre qui suivent affichent des cumuls pluviométriques dérisoires, voire nuls. C'est une situation désespérée. En y rajoutant le phénomène de réchauffement, l'absence de pluie fait grimper les températures à des seuils exceptionnellement trop élevées. Les tiges de manioc réservées pour les prochaines cultures sont asséchées.

En mars les paysans manquent de plants de manioc.

C'est un problème de plus pour les paysans des pays pauvres déjà très démunis. Le cas de la saison agricole 2005 est affolant. Dans la région de Tsévié à quelque 25-30

Km

au nord de Lomé, les plants de manioc ont pourri et les paysans sont obligés soit d'importer des

Revue du CAMES - Nouvelle Série H, Vol. 008 N° 1-2007 (1" Semestre) 191

(8)

- - - -

plants des zones nettement plus pluvieuses ou soit d'attendre tout simplement que le manioc planté grandisse pour fournir de nouveaux plants pour les nouvelles cultures. Si cette situation perdure, la région du sud Togo ou mieux encore la Région Maritime du Togo, du Bénin et même du Ghana risque d'avoir de sérieux problèmes dans leur lutte pour l'autosuffisance alimentaire.

Il faudra parvenir rapidement à contrôler la situation alimentaire en prenant des mesures appropriées. Une solution à priori simple serait de tout faire pour augmenter les superficies cultivables, optimiser les rendements pour constituer des réserves suffisantes sur une plus longue période.

Cette situation n 'est-elle pas llne simplefluctuation climatique facilement identifiable à partir de certains paramètres climatiques natllrels liésàl'état thermique des eoux océaniques ou miew:: encore oux centres d'action atmosphérique inj7uençont les phénomènes atmmphériques régionaux?

A l'exemple de l'Oscillation Nord Atlantiquc (North Atlantic Oscillation, NAO) détinie dans la météorologie européelme pour mieux comprendre les changements climatiques en cours[4].En réalité,ce qui est appelé changement climatique n'est piloté que par la redistribution de masse d'air dans l'atmosphère entre les principaux acteurs des bulletins météo:

l'anticyclone des Açores et la dépression d'Islande, On dira tout simplement qu'ils sont liés à l'Oscillation Nord Atlantique qui quantifie les fluctuations de pression entre les deux centres d'action [3].

Fig. 3. ,Schéma illustratifde l'indicateurNADSource: Christophe Cassou [3]

On parle de phase positive de l'Oscillation Nord Atlantique (NAO+) lorsque les deux centres d'action sont simultanément intensifiés et de phase négative (NAO-) lorsqu'ils sont simultanément affaiblis.

Par analogie à l'indice NAO il paraît possible pour suivre l'évolution du temps dans le golfe d'établir une simple relation entre les valeurs de pression au niveau de l'anticyclone des Açores et de l'anticyclone Ste Hélène. L'idée qui vient tout de suiteàl'esprit c'est l'examen du comportement de ces deux Centres d'Action Atmosphérique. L'indiceàétudier, l'Indice WAAO (WestAfricanAtlantic Oscillation) serait très

intéressant lorsque les centres d'action en question vont adopter des comportements antagonistes. Lorsque l'anticyclone des Açores s'intensifie et que celui de Ste Hélène s'affaihlit(WAAO+) et lorsque l'anticyclone des Açores s'atTaiblit et que celui de Ste Hélène s'intensifie (WAAO-).

Lorsque, les deux centres d'action s' intcnsi tient ou s'affaiblissent simult,mément on aura lm (WAA0(l)'

L'Indice WAAO

Cet indice est défini comme la différence de pression de surface entre les Açores et Ste Hélène. Il

192 Revue du CAMES - Nouvelle Série B, Vol. 008 N° 1-2007(1" Semestre)

(9)

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sciences sociales et humaines sera calculéàpartir de la 3èmedécade du mois de Juin

jusqu'à la3èmedu mois d'août.

A partir des données journalières de pression de niveau de mer enregistréesdansles différentes stations proches des centres d'action

ep

question on calcule AC et AH les moyennes mensuelles où m représente

m,y illY

le mois (m=l à 12) et y l'année (y= yi ày2). La moyenne et l'écart-type sont calculés pour chaque mois pour AC et AH séparément et sur une période de référence de 30 ou 40 ans comme on a l 'habitude en climatologie conformément aux formules suivantes:

Sni

AM =

- - - ?

AC

m ? l ' m.Y

Y2- YI' -",

Pour chaque donnée mensuelle on déduit une variable réduite de la forme:

AM _ AMm.J' - AM",

m,y (2)

(1)

On en fait de même pour AH et l'indice WAAO pour un mois m et une année y donnée est défini par:

WAAOm.y=AC m.,.- AHm.)· (3)

Ilest toutàfait clair que l'intensification du gradient de pression entre les deux centres d'action au sens climatologique du terme expliquerait le renforcement des vents sur la Région Maritime des pays du golfe de Guinée. Les propriétés physiques de l'air résultant vont informer sur le temps qu'il fera par la suite. Lorsqu'il aura une pénétration prolongée des masses d'air océanique relativement froid et humide vers les régions à l'intérieur des terres, ce sera la fin ou la diminution des précipitations: la saison des pluies se retire. Au contraire, lorsqu'il y aura une pénétration des masses d'air océanique plus chaud et humide vers les régionsà l'intérieur des terres, la convection va se développer et on aura plus de pluie: la saison des pluies s'installera.

Le nouvel indice, l'indice WAAO est encoreà l'essai.Ilmérite d'être étudié plusàfond.Ilpeut aider àaméliorer la connaissance du temps qu'il fait et qu'il fera sur les régions du littoral océanique.

CONCLUSION

Le littoral océanique du golfe de Guinée présente une grande variabilité pluviométrique. Les eaux océaniques alimentent continuellement l'atmosphère en vapeur d'eau, source de phénomènes convectifs importants dans des conditions d'instabilité thermique précises. Les terres cultivables en aval de la zone du littoral bénéficient de cumuls pluviométriques nettement plus favorables, qui les transforment en de véritables greniersà céréales (maïs) ou à tubercules (manioc).

Ces zones fournissent à une grande partie du sud des pays du golfe de Guinée d'énormes quantités de graines de maïs qui constituent le base de leur alimentation et des produits dérivés du manioc comme le gari,le tapioca, l'amidon, etc., très recherchés soit pour la consommation locale, soit pour l'exportation vers l'extérieur (Europe, Etats Unis, Afrique Centrale, etc.).

La diminution des précipitations entre juillet et août dans le golfe de Guinée s'explique par l'épuisement de la mousson ouest-africaine défavorisée par l'émergence des eaux froides issue des fréquents up-wellings côtiers induits par des courants marins froids.

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