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Paul de Chastonay, "Im Val d'Anniviers, ein Buch der Heimatkunde"

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Academic year: 2022

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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

Paul de Chastonay : Im Val d'Anniviers, Ein Buch der Heimatkunde (Editions Räber & Cie, Lucerne)

D u nombre de ceux dont l'amour et la nostalgie de leur pays ne font que croître avec l'espace et l'éloignement, le P. de Chastonay délasse son esprit de travaux plus ardus et de ses graves soins journaliers, et satisfait son cœur, en faisant suivre sa monographie sur le Cardinal Schinner d'un nouveau petit livre sur le Val d'Anniviers.

Ce livre a, comme tout ce qui sort de la plume de son auteur, le mérite d'une ordonnance, d'une clarté et d'une densité de cristal. Il a celui de cette langue vive et simple, de cet esprit aiguisé et moucheté, de cette bonhomie aristocratique et paysanne à la fois, dont j ' a i déjà loué le caractère si propre- ment Valaisan. Qu'on lise le tableau véritablement délicieux de la trans- humance, où l'on croirait entendre comme l'écho d'un La F o n t a i n e jouant dans les rochers des Pontis.

Son thème est celui que vous pensez. Anniviers est, comme l'Arcadie, une terre classique. Son histoire, ses m œ u r s pastorales, sa langue, ses particularités, sa noblesse ne sont pas seulement un bien que nous possédons tous et dont nous sentons tous la fierté, nous Valaisans. Elles font partie du trésor helvé- tique commun le plus pur. Le plus pur et le plus honoré. Qui ne c o n n a î t peu ou prou, dans une littérature déjà si riche, les documents et précisions des historiens, les Gremaud, G r e n a t , Furrer, Eggs ? Les savantes recherches, et qui restent un modèle, du D r L. Meyer, archiviste cantonal, sur la langue d'Anniviers au 13e siècle ? Les descriptions de Simler et du bon docteur Schinner ? Les récits, croquis, scènes ou notes des Deser, Mario, F. O. Wolf, Courthion, Jegerlehner, C. Bérard ? Le beau livre sur Le Village dans la montagne (St-Luc), de R a m u z (avec les illustrations d'Edmond Bille) ? Les recueils de légendes de la Société d'histoire du Haut-Valais, des O. de Chastonay, Souvairan, Bouvier ? La récente publication de l'abbé Zufferey ? D e t a n t de fleurs éparses dont sa « bibliographie » constitue comme l'herbier partiel, le P. de Chastonay a fait une gerbe diaprée dans son unité, fraîche comme la source anniviarde qui l'abreuve, et qui dégage le chaud parfum des bouquets alpestres. T o u t en sachant les champs où on les cueille, leur éblouissante abondance, leur incomparable arôme sur la tige vivace, on respire le petit composé qui nous en est offert avec une joie recon- naissante et qui n'arrive pas à se lasser. N'a-t-il pas, précisément, le pouvoir magique d'évoquer ces champs magnifiques d'où il vient, et de nous y replon- ger tout entiers par la pensée ? Sans s'attendre à y découvrir des essences inconnues, on est ravi d'y trouver si bien liées, et liées avec un amour que l'on perçoit, celles qu'on aime soi-même.

L ' a u t e u r qui, dans son jeune temps, est m o n t é si souvent de Sierre dans son val d'Anniviers, qui presque « nourri dans le sérail, en connaît les détours », nous sert de guide, de guide si alerte qu'il faut marcher d'un bon pas pour ne se laisser distancer. Il nous conduit d'abord sur le chemin de la vallée, en nous le désignant et décrivant. Arrivé là-haut, il s'assied « au métier à tisser de l'histoire », et déroule rapidement quelques-unes de ses plus a t t a c h a n t e s lices. Il s'arrête avec le respect dû devant la lutte pour l'indépendance des

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Anniviards, montre leur volonté de liberté toujours aussi vive, alliée à une déférence non moins profonde pour leurs institutions et leurs magistrats. Puis il se penche sur leur langue, étonnant butin sonore jalousement conservé sur un îlot battu de toutes parts, et nous dit ces habitudes surprenantes et pour- tant si compréhensibles de peuple nomade, pris par le soin multiple de ses prairies à la montagne, de ses champs sur les pentes de la vallée, de ses vignes et de ses vergers dans la plaine, et qui s'en va des uns aux autres, avec son président, son vicaire, son instituteur, ses ustensiles, sa marmaille et son bétail, si grand dans son humilité, si beau dans sa tradition et son devoir, grave et serein comme dans une parabole biblique. Défilent ensuite ses coutumes qui ont fait les délices de tous les amoureux de folklore, son hospitalité légendaire, sa cave et son « glacier », la bénédiction de ses prémices, la sainte simplicité de ses mariages et le ruineux éclat de ses repas d'enter- rement, la fidélité à la geste et au costume des pères, — avec, ombres au ta- bleau, le labeur écrasant et nécessaire de ces admirables femmes usées à la peine, la maladie, la difficulté à gagner le pain dur de chaque jour, le risque d e corruption de l'esprit et des moeurs de jadis parmi la jeunesse qui se dépayse.

Les remèdes sont indiqués discrètement, avec une paternelle bonté de di- recteur de conscience, à côté du mal perçu avec une acuité de vue qui semble aussi participer de l'exercice de ce saint ministère. Qu'exemple soit pris sur le portrait de l'Anniviard et de l'Anniviarde authentiques qui nous est tracé, de ce type humain dont il est peu de pareils, indomptable, courageux, tourné vers sa vie intérieure bien que m a î t r e aux travaux extérieurs, d'esprit pratique et clair dans son idéalisme, généreux dans sa pauvreté, bon et enjoué sous le dur joug quotidien de sa t â c h e et de sa peine, d'une culture si fine et si vraie sous l'apparence de sa rudesse, — de ce peuple capable, alors que ses champs et ses demeures, le principe et le lieu de son existence ont été ravagés et ruinés par les glaciers et les eaux furieuses, de se relever seul et fièrement du désastre, de renvoyer, avec une noblesse à laquelle ne m a n q u e d'ailleurs pas la fleur d'une courtoisie reconnaissante, les sommes recueillies par l'élan de toute la Suisse, pour les destiner à de plus malheureux et qui ne pour- raient se secourir eux-mêmes ! D e semblables traits peignent et h o n o r e n t toute une race, et le P. de Chastonay a raison de dire qu'un tel granit n'offre prise à aucun ver, et que c'est des montagnes éternelles que la Suisse doit a t t e n d r e son salut.

L'anthologie se termine, il faudrait dire plus justement se complète, tant cer- tains traits profonds de l'âme sont révélateurs et modèlent le relief de la physio- nomie, par le rappel de quelques légendes et chansons populaires particuliè- r e m e n t caractéristiques. U n sûr dessin du peintre Ed. Bille, nous m o n t r a n t la belle tête d'un paysan d'Anniviers, illustre avec une vérité saisissante ce que nous venons d'exprimer, et résume au fond tout ce livre, comme lui-même résume t o u t e cette vallée. D e fort belles photographies des lieux, des maisons, des gens et des choses ajoutent leur éloquent langage à celui du n a r r a t e u r . Leur atmosphère émouvante ancre davantage encore dans l'âme de l'absent cette nostalgie dont je parlais au début. D u moins, dans ce petit ouvrage, p a r ailleurs si parfaitement imprimé et présenté, aura-t-il comme un véritable bréviaire de tout ce qu'il aime, — et des raisons qu'il a de l'aimer.

Jean G R A V E N

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