A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION B
P H . P ICARD
Sur les modèles stochastiques logistiques en démographie
Annales de l’I. H. P., section B, tome 2, n
o2 (1965), p. 151-172
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Sur les modèles stochastiques logistiques
en
démographie
Ph. PICARD
Vol. II, n° 2,
1965,
p. 151-172. Calcul des Probabilités et Statistique.RÉSUMÉ. - Le
présent
travail a pourobjet
l’étude de l’évolution de l’effec- tif d’unepopulation
limitée(c’est-à-dire,
d’une variable aléatoire entière dans un intervallefermé)
associée à un processus de naissance et de décès.Dans le cas
général,
unsystème
depolynômes orthogonaux peut
être utilisé pour l’étude de ce processus de naissance et de décès.Lorsque
lesprobabi-
lités de transition sont des
polynômes
du deuxièmedegré
parrapport
à l’effectif de lapopulation,
onpeut
faire usage de la fonctiongénératrice
de cet
effectif,
etl’exprimer
à l’aide despolynômes
de Heun.SUMMARY. - The
present
work has forobject
thestudy
of the evolutionof the limitated
population
size(that
is to say, of aninteger
random variablein a closed
interval)
associated with a birth-and-death process. In thegeneral
case, asystem
oforthogonal polynomials
can be used for thestudy
of the birth-and-death process. When the transition
probabilities
arepolynomials
ofdegree
twoconcerning
thepopulation size,
thegenerating
function of the size may be
used,
andexpressed
with the Heunpolynomials.
I. -
INTRODUCTION
.Le modèle déterministe le
plus simple
que l’onpuisse construire,
pourreprésenter
l’évolution d’unepopulation démographique,
est celui danslequel
le taux de croissance est constant. Ce modèle estrégi
par la loi de Malthus.Cependant,
lespremières
étudesdémographiques
du xIxe siècleont
rapidement
exclu lagénéralité
de cetteloi,
et limité sa validité à unecourte
période
detemps.
Il n’est en fait pasacceptable
de confondre unepossi-
bilité
physiologique
d’accroissement avec une tendance effective de lapopulation.
Plutôtqu’une
évolution decelle-ci, indépendamment
desressources, ce
qui
conduirait à une situationapocalyptique,
on doit admettreune interaction continuelle entre le groupe d’êtres vivants et son
milieu;
et la limitation des
subsistances,
par lacompétition qu’elle entraîne,
estun
puissant
facteur pourl’adaptation
de lapopulation
à son habitat.C’est pour tenir
compte
de cefait,
que l’on est amené à introduire à laplace
du taux constant de croissancemalthusienne,
une fonctiona(N)
de l’effectif
N,
fonctionqui
devra être décroissante dès que N sera assezgrand. N(t)
sera alors donné parl’équation
différentielle :La
première approximation
consiste naturellement àprendre x
du pre- mierdegré
enN,
enposant
= ce -~N
ainsi que Pearl et Verhulst l’ontfait,
l’effectifN(t)
suivant alors la loilogistique qui porte
le nom deces deux auteurs :
La relative
simplicité
de cette dernièreexplique qu’elle
aitjoui
d’unecertaine faveur dans la
représentation
dephénomènes auto-freinés,
liésà la croissance
économique
ou à la théorie de la lutte pour la vie. En1939,
une
première
formulationstochastique
en a été donnée par W.Feller,
àl’aide d’un processus de naissance pur dans
lequel
laprobabilité
de nais-sance d’un nouvel
individu, pendant
l’intervalle detemps At, lorsque
lapopulation
encompte déjà n
estégale
à :W. Feller
après
avoir montréqu’un
tel processus s’étudiait sans diffi-culté,
l’agénéralisé
sous forme d’un processus de naissance et décès pur, danslequel
les corrections de Pearl-Verhulst interviennent pour limiter et lesnaissances,
et les décès. Ce derniermodèle, qui
a été examinéégalement
par D.
Kendall,
est d’un abordanalytique plus
ardu..Dans le
présent mémoire,
nous nous limiterons à cetaspect purement
démo-graphique
etreprendrons
le modèle de W. Feller avec leshypothèses
lesplus générales possibles.
II. - Considérons une aléatoire
N(t), assujettie
à neprendre
que les valeurs entières allant deNi
àN2 (0 Ni N2)
et dont toutes lesproba-
bilités infinitésimales de transition
pendant
l’intervalle detemps
At sont d’ordreexcepté
les suivantes :avec
et
Les
probabilités
apriori
pour queN(t)
soitégale
à n à l’instant t, seront données par lesystème
différentielauquel
onadjoint,
comme conditionsinitiales,
la donnée des On écrira aussi matriciellement cesystème
sous la formeP(t)
étant la matrice colonne desrangés
selon les indices croissantset A une matrice carrée d’ordre
N2 - Ni
+ 1.Processus
stationnaires.
On remarque que la somme des termes d’une colonne
quelconque
de Aest
toujours
nulle. Cette matrice admet donc la valeur propre p = 0 et par suite lesystème (I) possède
une solution stationnaire.Les pi
sont déter-minés à un facteur
multiplicatif près
et se calculent facilement deproche
enproche,
àpartir
de p~,supposé
connu. Ils sont donnés par la formule :et par suite sont tous
positifs
si PNl l’est. On détermine PNl enposant
la condition03A3pi
= 1 et onobtiendra
ainsi une et une seuledistribution
deprobabilité
stationnaire. On remarque que, dans le casparticulier (qui
serarepris
en détailultérieurement)
où les Ài et ~c; sont despolynômes
en ide
degré deux, (1) prend
la forme d’un coefficient de sériehypergéométrique.
La fonction
génératrice
de la distribution stationnaires’exprime
donc sanspeine
et le calcul despremiers
moments devient facile.Étude
dusystème (I ).
Ainsi que W. Feller l’a
signalé,
si fl-n = 0 leséquations (I) peuvent
se résoudre deproche
enproche.
Nous ne nous arrêterons donc pas à ce casparticulier
et aborderons directement le casgénél al.
L’étude de
(I)
neprésente
aucune difficultéthéorique.
Sous la forme(l’),
on constate que toutes les solutions de ce
système
sont données par C étant une matrice colonne arbitraire àN2 - Ni
+ 1 éléments. L’utilisa- tion des conditions initiales entraîneP(0)
= C. Lesystème (I)
admet doncune et une seule solution satisfaisant aux conditions initiales
posées
Une autre méthode d’étude sera la suivante. Recherchons les solutions de
(I),
si ellesexistent, qui
admettent une transformée deLaplace
par rap-port
â tles étant alors donnés par
cette
équation
n’étant valablepour i
=Ni
et i =N2, qu’à
la condition d’annuler les termes non définis et On pourra mettre(5)
sousla forme
avec b.
= sp‘~~~ et
tous les étantnuls,
sauf etb~ ~ > + 1.
Commenous l’avons montré dans une
précédente
étude(voir bibliographie),
il est
possible
de résoudre par itération lesystème (6)
enexprimant
lessous la forme
la convergence de ce
développement
étant assurée à condition de réaliserce
qui peut toujours
êtreobtenu,
en vertude s >
so, par un choix convenable de s o.D’autre
part :
et par suite la série
(7)
s’écrit :avec
Mais les termes de la somme ci-dessus sont tous
positifs
et par suiteoo
~ C { u; r (t) ~ ~
convergepuisque
cette série n’est autre que la série(7).
r=O
On en déduit que
ce
qui
entraîne pour lesystème (I)
l’existence de la solutionLe
système (I) possède
donc une et une seule solution satisfaisant auxconditions initiales
posées
etsusceptible
d’une transformée deLaplace.
Cette solution s’identifie donc avec celle donnée par la formule
(3).
Il convient de remarquer que
(3) (ou (10))
n’ont designification physique
que si les
Pi(t)
sont desprobabilités.
Mais lapositivité
des est en évi-dence sous la forme
(10),
et on tire deséquations (I)
par addition membres à membresce
qui
entraîne :III. -
ÉTUDE
DU SPECTRE DE AOn
peut
améliorer considérablementl’expression
desp;(t)
par une étudeplus poussée
de la matrice A. Soit ro, r1, -.., rNg-Ni lescomposantes
d’unvecteur propre de
A,
associé à la valeur propre p. Elles sont données par :Nous substituerons momentanément à
(II)
lesystème (II’).
dans
lequel :
Ces
paramètres
étant définis defaçon
arbitraire pour les autres valeurs del’indice,
avec la restriction que les et y; serontpris positifs.
On remarque que
(II’) permet
la détermination deproche
enproche
de tous les ri d’indice
positif,
defaçon unique,
et que ceux-ciapparaissent
par
rapport
auparamètre
p, comme despolynômes
dont ledegré
estégal
à leur indice. Nous les noterons dorénavant ro,
71(P), r2(P),
...,Il est
possible
de déterminer au moins une fonction depoids ~(p),
crois-sante, par
rapport
àlaquelle
lespolynômes
formeront une familleorthogonale (c’est-à-dire qu’à
un facteurprès,
lespolynômes
de Tchebicheffau sens
large
de~(p),
seront lesSi on suppose en effet l’existence de
~(p),
ses momentsseront tous déterminés de
façon unique
par la seule condition :Une fois cette condition réalisée on en déduira à l’aide de
(II’)
queet de
proche
enproche, plus généralement
quece
qui
entraîne finalement :Il suffit donc de montrer que le
problème
deHamburger
pour les moments est résoluble avec les valeurs(11)
trouvées pour les cn. Ce résultat a été établi par J. Favard dans un casplus particulier,
maisauquel
nous pouvonsnous ramener. Il suffit de poser :
pour
pouvoir remplacer (II’)
par(II") :
qui
est le cas étudié par J. Favard sous la condition >0,
ici naturelle- ment réalisée avec le choix que nous avons fait pour les «; et y~.L’existence d’une fonction
~(p) orthogonalisant
la famille étant ainsiassurée,
cette fonction conviendraégalement
pour la famille en vertu de :Naturellement,
nonseulement,
il estpossible
que leproblème
des momentsadmette
plusieurs solutions,
mais encore les cnpeuvent
être modifiés parchangement
des x,,~3~,
Yiqui
sontlargement
arbitraires. Onpeut
aussi chercher à donner à03C8(03C1)
unsupport compact
en se contentantd’orthogo-
naliser les
premiers polynômes
de la suite mais ceci ne sera pas utilisé dans lasuite,
seule l’existence de~(p)
étant réclamée(1).
Des
propriétés
des famillesorthogonales
depolynômes
on déduit main- tenant que lesN2 - Ni
+ 1 zéros derN2-Nl+1(P)
sont réels etdistincts ;
on les notera en les
rangeant
par ordre décroissant po, pi, ...,Si
alors dans(II’)
onremplace
p par l’une de cesvaleurs,
on constate que, pour 0 iN2 - Ni,
leséquations
obtenues ne sont autres que cellesfigurant
dans(II).
Il s’ensuit que :pv est valeur propre de A associée au vecteur propre
Les
N2 - Ni
+ 1 valeurs propres de A sont donc réelles et distincteset on
peut diagonaliser
cette matrice. Il est mêmepossible
de faire usage d’une matrice modaleorthogonale.
On connaît en effet pour lespolynômes orthogonaux ri(p)
la formule(voir Szego,
p.42)
danslaquelle
leski
sont desconstantes.
qui
donnelorsque
l’onremplace x et y
par des zéros derN2-Nl+1(P)
(1)
On trouvera une utilisation intéressante de telles familles depolynômes,
pour l’étude
systématique
des processus de naissance et décès, dans des casplus
généraux que ceux que nous considérons dans Karlin S. and J. McGrégor : The classification of Birth and Death Processes. Voir aussi leur récente étudesur les
polynômes
de Hahn.Il suffira donc de déterminer des
coefficients hv
tels quepour que la matrice modale M =
~~
mijIl qui permet
dediagonaliser
Asoit
orthogonale.
On a alors :Ceci
étant,
on pourra mettre A sous la forme A = MRM*R étant une matrice
diagonale
danslaquelle
les valeurs propres sontrangées
suivant leurs indices croissants. On en déduit
ce
qui permet
deremplacer (3)
par :Les
pt(t) apparaissent
ainsi sous forme d’une somme finied’exponentielles
en t, et comme ils sont tous bornés pour t >
0,
cesexponentielles
doiventavoir un
argument négatif,
cequi
revient à dire que les valeurs propres de A sont nonpositives (ce
résultatpeut
d’ailleurs s’établir directement à l’aide despolynômes
on a
déjà
noté laprésence
de la valeur propre po =0,
toutes les autressont donc strictement
négatives
et lesp;(t)
tendentasymptotiquement
vers les = Pi
qui correspondent
à la distribution stationnaire étudiéeplus
haut. Larapidité
de cette tendance sera caractérisée par pi étant la valeur proprenégative
laplus grande.
IV. - Dans les
paragraphes précédents,
on a ramené l’étude de tout processuslogistique
à la construction d’une famille depolynômes
ortho-gonaux.
Réciproquement,
toute famille depolynômes orthogonaux
satisfait à une relation liant trois
polynômes
consécutifs et que l’onpeut
mettre sous la forme :
ANN. INSf. POINCARÉ, B-!!-2
Cette relation n’entraînera le
système (II)
et par suite les ne seront associés à un processuslogistique,
que si les ce,p,
y satisfont aux conditions suivantes :Dans certains cas, les coefficients de
(17) pourront
être nonpositifs (à
condition derespecter cependant (18)),
alors que dans l’étude de(II’),
tous les ce et y avaient été
supposés positifs.
Ce fait sera sansimportance,
car cette dernière
hypothèse
n’avait étéposée
que parcommodité,
et que parailleurs,
une modification de~i,
y;+ i, pour i >N2 - Ni
n’altère pas lesN2 - Ni
+ 2premiers polynômes, qui
interviennent seuls dans notreétude.
Il
n’y
a aucune raison pourqu’une
famille arbitraire depolynômes orthogonaux
satisfasse à(18)
et(19),
mais onpeut cependant
recherchersi elle ne serait pas liée de
façon simple,
à une autre famille depolynômes qui serait, elle,
associée à un processuslogistique.
Soit donc la famille arbitraire
Ti(x)
donnée par :et posons :
v;, K et h étant des constantes.
La famille
r;(p)
sera donnée par :relation
qui,
si les0,
se met sous la forme(17)
enposant :
La deuxième condition
(19)
s’écrit :et les deux autres conditions
(19)
se mettent sous la mêmeforme,
à condition de poserFinalement si l’on pose Vi = les w; seront donnés par :
Le raisonnement fait
précédemment,
montre que, dans la mesure où pour les valeurs considérées de l’indicei, Ai
reste non nul etC; positif,
le
système
ci-dessus détermine les w; sous forme d’une familleorthogonale
de
polynômes
en h. On choisira h defaçon
à annuler+1(~).
On remarque alors que+l(P)
== 0quel
que soit p ; mais p n’en sera pas moins déter- minélorsque
pour ramener(II’)
à(II),
il faudra annuler lepremier
membrede
(21) pour i
=N2 - Ni.
Onprendra
donc p tel queIl reste à satisfaire aux
inégalités (18) qu’on peut
écrire ici :Si
Ai
est non seulement nonnul,
mais encore designe
déterminé pour les valeurs de i enjeu,
onpeut
satisfaire à ces conditions de deux manières différentes.Supposons
parexemple
> 0. Si onprend
K >0,
il suffirade donner aux
wi(h)
le mêmesigne quel
que soit i E[0, N2 - NI],
cequ’on
réalisera en
prenant pour h
leplus grand
des zéros deSi K 0 on
prendra
au contraire pour h leplus petit
de ces zéros.On amait des résultats
analogues
avecA;+1
0.Application.
Les calculs ci-dessuss’appliquent
sanspeine
àplusieurs
familles
classiques
depolynômes.
Parexemple,
avec lespolynômes
deGegenbauer T;(x)
= il vientet en
posant
le
système (23)
s’écrit :Dans le cas
particulier
où 2 v est un entierpositif,
on vérifie que lapremière
relation
(24)
sera satisfaite par la familleIl est clair que les zéros de so sont aussi zéros de si,
puis
de ~2... et par suiteen annulant il faudra
prendre
soin de ne pas utiliser une valeur de h annulant lespolynômes
d’indice inférieur. En prenant comme on l’aindiqué
leplus grand
ou leplus petit
des zéros de + 1 ceci sera sûrement réalisé.Il s’ensuit que les
polynômes
sont associés au processus
logistique
défini parEn
particulier
si v=== ~
on retrouve lespolynômes
deLegendre.
V. -
Étudions
maintenant defaçon
exhaustive le casoù 03BBn
et yn sont des trinômes du seconddegré
en n.On posera :
et on formera la fonction
génératrice
desPn(t)
qui
devra satisfaire àc’est-à-dire à
Cette
équation (III)
se réduit aupremier
ordrelorsque
xn et [Ln sont dupremier degré.
Ce fait adéjà
étésignalé
par B. J. Prendivillelequel
a forméalors
l’intégrale générale
de(III)
et a obtenuexplicitement
la solutionsatisfaisant aux conditions initiales
posées.
Nous bornerons donc notre étude au cas a2 et
b2
non nuls simultanément.Étude
despremiers
moments.On
peut
déduire de(III)
que la fonctioncaractéristique
dessatisfait à
et de cette
équation
aux dérivéespartielles,
onpeut
tirer une infinitéd’équa-
tions différentielles
portant
sur les divers moments de l’aléatoireN(t).
Cependant
ceséquations
nepouvant
engénéral
pas être résolues indé-pendamment
les unes des autres, ne donnent pas en termes finis les moments cherchés. Leur utilisation ne semble donc paspréférable
au calcul directà
partir
de(10). Cependant lorsque
a~ =b~
les deuxpremières équations
différentielles se réduisent à
qui
donnent immédiatement etm2(t).
On
peut
se demander si ce casparticulier
estphysiquement acceptable,
puisque précisément
lespremiers
processuslogistiques
introduits par W. Feller et D.Kendall,
l’ont été avec a2 etb2
designes opposés (mais
ilest vrai avec ao =
bo
=0).
La condition a2 =b2
est en tout cascompatible
avec les relations
posées
sur xn et [Ln et on obtient les deuxtypes
de processus suivants :a2
= b2
>0,
les deux zérosde n
étant inférieurs aux deux zéros dean.
xn et [Ln sont alors monotones sur
[Ni, N2].
a2 =
b2 0, Ni
étant entre les deux zéros dexn, N2
entre les deux zéros de yn. Dans ce cas, an et ne sontplus
nécessairement monotones sur[Ni, N2]
etpeuvent présenter
un maximum sur cet intervalle.On verra dans la suite les
avantages analytiques
certainsprésentés
parces deux cas
particuliers.
Étude
del’équation (III).
C’est une
équation parabolique
dont nous allons rechercher les solutions élémentaires de la formeePtf(s).
Il résulte en effet de l’étudethéorique générale
que la solution cherchée doit être une combinaison finie de telles solutions élémentaires.f(s)
sera donnée par(27)
Dans le cas
général,
c’est-à-direlorsque
a2 etb2
sont différents etqu’aucun
d’eux n’est
nul,
cetteéquation présente quatre singularités régulières 0, 1,
b2 ,
~. C’est uneéquation
de Fuchsgénéralisant
celle de Lamé etqui
a étéa2 q g q
étudiée par Heun.
Les
équations
déterminantes auvoisinage
de 0 et de oo(respectivement)
seront :
Ce
qui
donne pour lescouples
de valeurscaractéristiques correspondants
Aux
points
1 etb2
cescouples
seront(0; 1)
et(0;
1 +a2
a2b2
Pour mettre
(27)
sous formecanonique,
il suffit d’assurerqu’aux
troispoints singuliers
à distancefinie,
l’une des valeurscaractéristiques
soitnulle,
cequ’on
réalise enposant
Le
diagramme
del’équation
est alorsg(s)
est donc donnée parou, sous la forme
canonique
de Heunà condition de poser
L’équation (29)
admet une solutionanalytique
auvoisinage
del’origine qui
est lafonction hypergéométrique généralisée
de HeunF(a,
q; oc,~3,
y,~; s)
et on remarque d’autrepart
que :Ni
étant les deux zéros du trinôme la condition N~n > 0 pourn E
[Nb N2]
entraîne que :si
b~
>0,
n EN2]
ne doit pas êtrecompris
entre les deux zéros et par suitesi
b2 0, n
E]Ni, N2]
doit êtrecompris
entre les deux zéros du trinôme et par suiteIl s’ensuit que
N1
est o ou bien >N2 - N1.
Auvoisinage
del’origine, (29~
n’admet donc engénéral
pour solutionsanalytiques
que lesmultiples
de lafonction
F de Heun.Exceptionnellement,
sib° - N1
estun entier
positif,
ilpeut
exister une autre solutionanalytique
auvoisinage
de zéro et linéairement
indépendante
deF,
mais cette solutionprésentera
à
l’origine
un zéro d’ordre >N2 - Ni.
Or nous recherchons pourl’équa-
tion
(29)
des solutionsg(s) qui
doivent être despolynômes
dedegré
auplus égal
àN2 - Ni, g(s) s’exprime
donc nécessairement à l’aide de la fonction F deHeun, qui
ne se réduira à unpolynôme
quesi q prend
certaines valeurscaractéristiques correspondant
aux diverses valeurs propres pv.On en déduit pour
l’équation (III)
les solutions élémentaires suivantes :La solution de
(III) qui
se réduit pour t = 0 à une fonction donnée4Y(s, 0) s’exprimera
en combinaison linéaire de ces fonctions élémentaires à condition de choisir desmultiplicateurs Bv
tels que :Les
Bv peuvent
se déterminer de lafaçon
suivante.Si v =
0,
po === 0.L’équation (29’)
estsimplifiable
par(s
-1)
et elle seréduit alors à une
équation hypergéométrique.
Lesparamètres
oc,p,
y deviennent lesparamètres correspondants
de Gauss et il suffit de ramenerle
point singulier
p g a= b2
en 1 pour mettrel’équation
sous formecanonique.
a~ p q
Il s’ensuit que
Comme cette fonction donne
(à
une constantemultiplicative piès)
toutesles solutions stationnaires de
(III),
on auraet en faisant s =
1,
Si v >
0,
0 et par suite(29)
entraîneg(1)
= 0. D’autrepart,
noussavons que les
g(s)
sont despolynômes
dedegré N2 - Ni
et parsuite,
nous
possédons
ainsi une condition decomportement
auvoisinage
del’infini. Ces deux remarques
permettent
de calculer lesBv
suivant la méthode de Sturm-Liouville.Mettons
l’équation (29’)
sous la formed’où l’on tire en
posant
Nous allons montrer
qu’il
estpossible,
dans tous les cas, de déterminerun intervalle
d’intégration [K, L] permettant
de mettre(21)
sous la formel’expression intégrée
aupremier
membre étant nulle en L et en K et l’inté-grale
du second membreayant
un sens.En revenant à la condition
an
> 0 pour n eN2[, xn
s’annulant deplus
pourN2
et20142014, 2 2
il vientSi a2 >
0,
n E[Ni, N2 [
doit être extérieur aux zéros de xn et par suiteSi a2
0, n
E[Ni, N2[
doit être intérieur aux zérosde xn
d’oùEn réunissant ces résultats avec ceux déduits ci-dessus de la considération
de n
>0,
il viendra(pour alléger
lesexpressions
nous notons momentané-ment S la fonction sous le
signe
somme au second membre de(35)
et 3 lafonction située dans le crochet du
premier
membre de cette mêmerelation) :
donc
3(0)
= 0 et S est continue pour s= 0.
Donc 3 s’annule à
l’infini,
car par suite de la réduction des termes deplus
hautdegré
en s,gmgn
est dedegré 2(Na - Ni - 1)
auplus.
D’autre
part, l’intégrale
au second membre de(35)
converge si l’une des bornes est infinie.Donc le second membre de
(35)
a un sens si a E[K, L]
tandis que3(a)
= 0.On se
rappellera
d’autrepart
que pour s =1,
le second membre de(35)
a
également
un sens, tandis que3(1)
= 0(tout
aumoins,
cequi
est le casici, lorsque
les indices m et n sontpositifs).
Remarquons
enfin que siEn réunissant tous ces résultats on en déduit
Si
b2
>0, b2
> a2, alors a est soit0,
soit > 1 et 3 sera continue sur[0, 1]
et nulle aux bornes. On en déduit :gn(s)
etgm(s)
sont ainsi despolynômes orthogonaux
sur[0, 1]
parrapport
à la fonction depoids
Si a2 >
0,
a2 >b2,
onparvient
au même résultat enprenant
Si
b2 0,
a20,
même résultat avec[L, K]
=[1, a].
En revenant à la formule
(32),
cespropriétés d’orthogonalité
donnent lecoefficient
Bv,
d’indicepositif,
sous la formeet par suite
O(s, t)
sera donnéeexplicitement
parCAS PARTICULIERS. - ÎÎ nous reste à examiner trois cas : 1
a)
a2 = 0.L’équation (29)
se réduit àpour
laquelle
lepoint
à l’infini est maintenant unpoint singulier irrégulier.
On obtiendra les solutions élémentaires à
partir
de(31)
en faisant tendre a2 vers zéro. Enparticulier
les solutions stationnaires seront données paret par suite
s’exprimeront
à l’aide dupolynôme
deLaguerre L~_~(2014~}.
La relation
(35)
seraremplacée
par :Or ici = ain + ao =
a1(rc
-N2)
donc al 0. Il s’ensuit que- ou bien
b2
>0,
donc y > 1. Onprendra
alors[K, L] == [0, 1],
- ou bien
b2 0,
onprendra [K, L] == [1,
+00].
Les formules
(37)
et(38) s’adapteront
sans difficulté.b) b2
=0,
alors a- = 0 etl’origine
devient unpoint singulier irrégulier
pourl’équation (27).
Il n’est pas nécessaire de recommencer les calculs et dans les formulesgénérales,
on remarque, 9. en faisant a -0,
ay Y-~ 20142014 , a2N
1 que lesqsolutions stationnaires seront données par
et que d’autre
part
D’où la nouvelle
expression
dew(s)
Le cas
b2
=0, ~2
0 s’obtiendra àpartir
deb2
> 0 > a2 en faisant tendreb2
vers zéro. LesBv
seront donc donnés par(37)
avec[K, L]
=[0, 1].
Le cas
b2
=0, a2
> 0 s’obtiendra àpartir
de a2 > 0 >b2
en faisant tendreb2
vers zéro. Onprendra
donc[K, L]
=[1,
+00].
c)
a2 =b2,
c’est le cas leplus intéressant,
carl’équation (27)
neprésentera
alors
plus
que troispoints singuliers
tousréguliers
et par suite se réduira à uneéquation
de Gauss. Lespolynômes
de Heun deviennent despoly-
nômes
hypergéométriques.
.
(29’)
s’écritdont
l’équation
déterminante auvoisinage
de 1 seraCette
équation
doit admettre une solutionpositive
ou nulle entièrer = t~, ce
qui exige
que p prenne l’une des valeurscaractéristiques
On pose alors
g(s)
=(s- 1)nh(s), h(s)
satisfaisant à Les solutions élémentaires de(III)
seront doncEn ce
qui
concerne le calcul desBv,
onpeut
traiter le cas a2 =b2
> 0en partant du cas
b2
>0, b2
> a~, danslequel [K, L]
=[0, 1] puis
en faisanttendre a2 vers
b2.
Il n’en est pas de même si a2 =
b2
0. Eneffet,
il faudraitpartir
deO2 0 et
b2 0,
cequi
entraîne[K, L] = [1, a], puis
faire tendre a vers 1.Mais l’intervalle
d’intégration
devient alors delongueur
nulle et la for-mule
(37)
n’aplus
de sens. Aussi calculerons-nous directement lesBv
àpartir
deSi on pose s = 1 - z
l’équation
de Gauss sechange
en une autreéqua-
tion de
Gauss,
avecpermutation
despoints singuliers
0 et1,
et conserva- tion desparamètres
ce + net 03B2
+ n. Il s’ensuit quekn
se déterminant enposant
z = 0.D’où kn
=F(x
+n, p
+ n, y,1).
(46)
sechange
enOn supposera pour
simplifier (le
casgénéral
s’en déduisant immédiate-ment)
que l’effectif initial de lapopulation
estNo
donné. L’identification des coefficients de zP dans(47)
entraîneformule dans
laquelle
En
posant
on
parviendra
àsystème qui
admet(2)
la seule solutiond’où finalement
0
Voir Ph. PICARD(2),
p. 30.BIBLIOGRAPHIE
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