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Submitted on 3 May 2011
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Variabilité du contact dans l’étude du crissement de freins automobile
Arnaud Heussaff, Thierry Tison, Watremez Michel, Laurent Dubar, Fernandes Nunes Ronaldo
To cite this version:
Arnaud Heussaff, Thierry Tison, Watremez Michel, Laurent Dubar, Fernandes Nunes Ronaldo. Vari-
abilité du contact dans l’étude du crissement de freins automobile. 10e colloque national en calcul des
structures, May 2011, Giens, France. pp.Clé USB. �hal-00592726�
CSMA 2011
10e Colloque National en Calcul des Structures 9-13 Mai 2011, Presqu’île de Giens (Var)
Variabilité du contact dans l’étude du crissement de freins automobile
A. Heussaff
12, T. Tison
1, M. Watremez
1, L. Dubar
1, R. Fernandes Nunes
21LAMIH FRE CNRS 3304, Université de Valenciennes, France, {Thierry.Tison,Michel.Watremez,Laurent.Dubar}@univ-valenciennes.fr
2DAIMLER AG, Mercedes-Benz Cars, Sindenfilgen, Allemagne,{arnaud.heussaff, ronaldo.nunes} @daimler.com
Résumé — Ce document présente une étude stochastique de l’impact de l’évolution des surfaces en contact entre le disque et les plaquettes sur la propension à crisser des freins d’une automobile. Les para- mètres caractéristiques d’états de surfaces de plusieurs couples plaquettes-disques ayant subis différents historiques de freinage sont définis. Ces données statistiques permettent ensuite de mener une étude de stabilité du système par analyse fréquentielle. La méthode des champs aléatoires permet de modéliser la variabilité des surfaces en contact.
Mots clés — Crissement, Analyse fréquentielle, Karhunen-Loève, Translation de Johnson.
1 Introduction
Les instabilités générées par le frottement sont responsables, dans le domaine du freinage automo- bile, de nombreux bruits tels que le crissement. Ce phénomène, qui se produit pour des fréquences de 1 à 16kHz, cause l’insatisfaction des clients et augmente les coûts de garantie. Pour supprimer ces bruits, l’industrie automobile souhaite disposer d’outils fiables de prédiction permettant de mener des campagnes d’optimisation efficaces. Le crissement présente cependant une nature très aléatoire, qui est l’un des principaux obstacles à sa prédiction. Les conditions propices au crissement sont parfois diffi- ciles à reproduire (température, pression, vitesse, excitation, etc.) et de ce fait, l’étude des instabilités de freinage demeure une tâche complexe et délicate. De nombreuses théories ont été formulées afin d’ex- pliquer les mécanismes responsables du crissement. Les causes de déclenchement font toujours l’objet de recherches qui montrent que la nature et l’évolution des états de surface ont une forte influence sur l’apparition ou non du crissement.
H.A. Sherif [1, 2] étudie l’impact de la topographie du couple disque-plaquette sur l’apparition et la disparition du crissement. Il introduit dans le domaine des systèmes frottants la notion de rigidité de contact. Il la définit comme le résultat de la déformation élastique des aspérités en contact. Il mène de nombreuses expériences autour de ce paramètre et conclut que les instabilités liées au frottement sont clairement dépendantes de cette rigidité. Dans le même domaine, Rusli [9] étudie les effets de la topogra- phie des surfaces frottantes sur la rigidité de contact normal et tangentiel ainsi que sur le coefficient de frottement. Il fait les mêmes conclusions que H.A Sherif. M. Eriksson et al [3, 4, 5, 6, 7] se concentrent sur les liens entre différentes conditions de contact et l’apparition du crissement. Eriksson est l’un des pionniers dans l’introduction et l’étude de la nature des plateaux de contact. La surface de contact réelle, limitée à ces plateaux, affecte de manière significative l’apparition et la disparition du crissement. La formation et la dégradation des plateaux est un phénomène rapide provoquant de fortes déformations locales et des variations importantes des propriétés structurelles et tribologiques du contact. G.X. Chen et al [8] étudient l’influence de la topographie des surfaces en contact sur le crissement. Ils montrent que les surfaces crissantes sont caractérisées par des topographies de type adhésif alors que les surfaces silen- cieuses se distinguent par un état de surface de type abrasif. En 2008, A.R. AbuBakar [10] étudie, d’un point de vue numérique et expérimental, l’influence de l’usure des surfaces sur la nature du crissement.
La nature évolutive du crissement est alors interprétée comme l’évolution de la topographie des surfaces à une échelle macroscopique. Il conclut que l’évolution de la répartition de pression est à l’origine de l’évolution des fréquences et des amplitudes du crissement.
L’impact de la topographie des surfaces frottantes sur le phénomène de crissement est donc connu
mais leurs variabilités ne sont que très peu, voire pas du tout, considérées dans les modèles industriels.
On se concentrera dans cette étude sur les effets de l’évolution de la surface de contact entre le disque et les plaquettes sur les caractéristiques crissantes d’un système de freinage industriel. Afin d’évaluer et de quantifier l’évolution du couple frottant garniture-disque, différents états de surfaces sont pris en compte (neufs, usés selon différents historiques de freinage, " faded " et corrodés) et leurs influences sur le crissement sont étudiés. La méthode des champs aléatoires permet de modéliser la variabilité des surfaces en contact.
2 Modèles éléments finis
Les bruits de freinage sont principalement causés par des instabilités liées aux efforts de frottement.
On dénombre deux catégories de méthodes numériques utilisées pour ce type d’étude : l’analyse tem- porelle et l’analyse fréquentielle. Bien que l’analyse fréquentielle soit réputée comme étant moins dis- criminante que l’analyse temporelle, c’est néanmoins cette solution qui est retenue. Le coût numérique associé permet en effet de traiter des modèles industriels dans une boucle d’optimisation, même si des techniques de réduction de modèles [11] permettent de diminuer fortement le temps de simulation de l’approche temporelle. Le principe de l’analyse fréquentielle consiste à évaluer les valeurs propres com- plexes du système afin d’identifier les modes instables associés aux parties réelles positives. Le problème aux valeurs propres est résolu avec le logiciel commercial Abaqus. L’équation du problème est donnée par
M u ¨ + C u ˙ + Ku = 0 (1) où M , C et K représentent les matrices de masse, d’amortissement et de rigidité. On note que C et K sont non symétriques du fait des forces de frottement. La résolution du problème sous Abaqus se décompose en trois étapes principales : (a) extraction des fréquences propres du système conservatif sy- métrique (SCS) par la méthode de Lanczos, (b) projection des matrices d’état du système frottant couplé sur la base des vecteurs propres du SCS et enfin (c) résolution du système réduit par la méthode QZ.
La partie réelle des valeurs propres permet de juger la stabilité du système alors que la partie imaginaire indique la fréquence du mode. Un mode instable présente une partie réelle positive alors qu’un mode stable présente une partie réelle négative. Ce type d’analyse permet d’identifier rapidement les modes susceptibles d’engendrer le crissement.
Un modèle éléments finis tridimensionnel d’un système de freinage automobile (axe avant gauche complet) a été réalisé (1). Le modèle est constitué d’un disque de frein ventilé non perforé, du frein (étrier, pistons, plaquettes et garnitures) et d’une partie du train avant (moyeux, porte fusée, triangle de suspension supérieur et bras de suspension inférieurs). Le modèle se compose d’environ 460000 noeuds, 320000 éléments, soit près de 4 millions de degrés de liberté.
F
IGURE1 – Modèle élément finis du système de freinage étudié
L’ensemble des contacts intervenant dans le modèle du frein (plaquettes, étrier et pistons) sont modé- lisés par la méthode des multiplicateurs de Lagrange. Afin de rendre la liaison avec le bâti plus réaliste, les conditions aux limites sont définies par des raideurs suivant les 6 degrés de liberté.
Chaque composant du modèle numérique est validé au moyen d’une analyse modale expérimentale par vibrométrie laser tridimensionnelle. La table 1 présente, pour les composants principaux, le pourcen- tage de fréquences appariées (facteur de MAC supérieur à 0.8) ainsi que l’erreur moyenne au sens des moindres carrés en fréquence pour la bande 0 - 4000Hz.
Composants principaux % fréquences identifiées Erreur en fréquence (nb. noeuds / nb. éléments) (MAC>0.8) (RMS)
Porte fusé (43707 / 24363) 83.3% 0.18%
Bielle (15179 / 7982) 100% 0.84%
Etrier (99673 / 58968) 100% 0.99%
Disque (128244 / 93225) 61.1% 0.30%
Plaquette (27402 / 33485) 100% 1.38%
T
ABLE1 – Résultat de l’analyse modale pour les composants principaux
Le modèle a pu être validé pour différentes conditions de freinages (vitesses et pressions) jusqu’à 4000Hz. La validation à été faite sur un banc d’essai industriel par holographie acoustique et enregistre- ment accélérométrique. Ces mesures ont permis d’identifier les principales instabilités et de les corréler avec le calcul. La table 2 présente la comparaison entre les fréquences expérimentales et numériques.
Fréquences numériques Fréquences expérimentales Erreur en fréquence (%)
1900 1850 2.7
3150 3100 1.6
3280 3250 0.9
3750 3650 2.7
T
ABLE2 – Confrontation des instabilités expérimentales et numériques
3 Modélisation des surfaces frottantes
Afin de considérer l’évolution du contact frottant selon l’historique de freinage, nous proposons une représentation à l’échelle macroscopique du contact à partir de données réelles. Pour cela on considère les surfaces frottantes comme des processus stochastiques dont les caractéristiques statistiques sont dé- terminées de manière expérimentale (profilométrie de plaquettes réelles par interférométrie).
Un processus stochastique peut être défini comme une famille de variables aléatoires, d’un espace de probabilité sur un espace d’état (de paramètre u). Si le paramètre u est défini comme une variable d’espace on parle alors de champ aléatoire défini par {B(u);u ∈ D ⊂ R
n} où D est le champ d’application de B(u). Dans le cas des surfaces aléatoires, n = 2 ou 3. Il peut être écrit sous la forme
B(u) = B
0(u) + B
σ(u) (2)
où B
0(u) est la fonction moyenne de B(u) et B
σ(u) un champ aléatoire de moyenne nulle.
De nombreuses méthodes permettent de traiter le problème des champs aléatoires, et leur choix dé-
pend de nombreux paramètres. D’après la littérature et du fait de sa grande facilité d’implémentation, la
méthode de Karhunen-Loève est préférée. Celle-ci présente d’ailleurs la plus faible erreur au sens des
moindres carrés [14]. Les principaux paramètres observés pour la réalisation des surfaces sont la fonc-
tion d’autocorrélation ainsi que les quatre premiers moments statistiques du profil (moyenne, écart-type,
facteur d’asymétrie, facteur d’aplatissement). Les champs aléatoires, quelconques (c.à.d. non gaussiens),
sont générés en deux étapes. La première étape consiste à générer un champ à distribution normale cen- trée réduite B
σ(u) par une méthode de décomposition de la matrice de covariance (Karhunen-Loève de- composition). Si on considère un champs aléatoire bi-dimensionnel {B(u); u ∈ D ⊂ R
2} et K
σ(u
1,u
2) la fonction d’autocovariance de B
σ(u), définie expérimentalement, à la fois symétrique et définie positive, alors le problème aux valeurs propres (3) peut être résolu.
Z
D
K
σ(u
1,u
2) f
n(u
1) = λ
nf
n(u
2) (3) D’après la méthode de décomposition de Karhunen-Loève on a alors
B(u) = B
0(u) +
k i=0