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Submitted on 1 Jan 1904
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lumineuses peu intenses
C. Gutton
To cite this version:
C. Gutton. Action des champs magnétiques sur les sources lumineuses peu intenses. J. Phys. Theor.
Appl., 1904, 3 (1), pp.341-345. �10.1051/jphystap:019040030034100�. �jpa-00240894�
341
ACTION DES CHAMPS MAGNÉTIQUES
SUR LES SOURCES LUMINEUSES PEU INTENSES ;
Par M. C. GUTTON.
La découverte des rayons N par M. Blondlot m’a amené à cher- cher si les champs magnétiques agissent, comme ces rayons, sur les substances
phosphorescentes.
Ayant
posé sur un barreau aimanté un morceau de carton par- semé de taches de sulfurephosphorescent (1), j’ai
vu que l’éclat de laphosphorescence
estplus grand
auvoisinage
despôles qu’au
milieu de l’aimant.
Pour éliminer l’effet des rayons N émis par l’acier trempé, j’ai
recouvert l’aimant d’une feuille de plomb. Près des pôles, la phos-
phorescence
a encore étéplus
visiblequ’au
milieu de l’aimant. Il faut donc qu’il y ait une action du champmagnétique
sur le sulfurephosphorescont.
Cette action a lieu dans le vide, car on peut faire
l’expérience
endéplaçant
au-dessus de l’aimant des substancesphosphorescentes
enfermées dans un tube de Crookes.
J’ai ensuite étudié l’action du
champ
d’une bobine parcourue par un courant. Cette bobine a 63cm,7 delongueur
et 13 dediamètre ; le fil est très
régulièrement
bobiné en une seule couche ;le nombre total de tours est 1050. L’intensité du courant était de Oamp ,4. Le sulfure étant
déplacé
à 1’extérieur de la bobine, son éclatest maximum
lorsqu’il
est près des extrémités et minimumquand
ilest au milieu. A l’intérieur de la bobine, dans un
champ
uniforme,l’action du champ sur l’écran phosphorescent est nulle. Cet écran étant au centre de la bobine, on peut, en effet, fermer ou rompre le courant sans
apercevoir
de variations d’éclat. Hors de la bobine prèsdes bords, dans une
région
où le champ n’est pas uniforme, la phos- phorescence estplus
visiblequand
le courant est fermé. Le champest cependant plus intense au centre de la bobine. On doit en con-
clure qu’un
champ
uniforme est sans action sur l’éclat de la phos- phorescence.(1) L’écran phosphorescent était un de ceux qui servent à M. Blondlot pour observer les rayons N. Les taches sont faites avec du sulfure de calcium délayé
dans du collodion.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:019040030034100
On peut vérifier que l’action est d’autant plus grande que le champ
est moins uniforme. Entre les pièces polaires larges et planes d’un
électro-aimant de Faraday, le champ très intense est sensiblement uniforme : on constate que son action sur le sulfure est très faible.
Si on détruit l’uniformité du champ en approchant du sulfure un fil de fer, on augmente l’éclat de la
phosphorescence.
Si on amène lesulfure hors des
pièces
polaires, au voisinage de leurs bords dansun
champ
non uniforme, l’action estplus grande
qu’entre lespièces
polaires.Dans la première expérience que j’ai décrite, l’effet de l’aimant est
beaucoup plus
grand
près des pôles qu’au milieu, parce que lechamp
près de laligne
neutre est moins intense qu’aux pôles et surtout parce qu’il est presque uniforme.Le champ
magnétique
terrestre étant uniforme est sans action.C’est ce qui
explique pourquoi
il n’a jamais pu intervenir dans lesexpériences
de M. Blondlot sur les rayons N. Si, en plaçant près del’ écran
phosphorescent
des fils de fer doux, on détruit l’uniformité duchamp terrestre, l’éclat de la phosphorescence augmente. J’ai eu
soin d’intercaler entre le sulfure
phosphorescent
et les fils de fer unécran de
plomb
pomr éliminer l’action des rayons N qui pourraientêtre émis par le fer. Dans les mêmes conditions, des fils de cuivre sont sans action.
Comme l’action des rayons N, celle des
champs magnétiques
n’estpas instantanée.
Une particularité
remarquable
de l’action des champs magné-tiques
sur les substances phosphorescentes est son extraordinaire sensibilité. J’en donnerai comme preuves lesexpériences
suivantes : En approchant du sulfure, protégé contre les rayons N par un écrande plomb, un barreau de bismuth ou un tube à essai rempli d’une
solution de chlorure ferrique, les très faibles altérations du champ
terrestre produites par ces substances suffisent pour augmenter la phosphorescence.
Le sulfure
phosphorescent
est sensible aux champsmagnétiques
de courants très faibles. L’écran
phosphorescent
étantplacé
à 1 cen-timètre d’un fil
rectiligne
parcouru par un courant, on observe une action lorsque le courant passe. Une feuille de plomb et une feuillede
papier
intercalées entre le fil et l’écran étaient destinées à arrêter la chaleur et les rayons Nqui
pourraient être émis par le fil. Avec le courant d’un élément Daniell dans un circuit d’une résistance de343 100000 ohms,
l’augmentation
d’éclat de la phosphorescence estencore visible.
En résumé : chaque fois que le suflure de calcium phosphores-
cent est placé dans un chan?1) magnétique non uniforîîîe, il devient plus visible. L’action d’un champ uni forme d’intensité constante est
nulle.
J’ai cherché si un
champ
uniforme, dont l’intensité varie, pouvaitagir.
L1écranphosphorescent
est placé au milieu de la bobine quej’ai
décrite plus haut. Si on fait passer dans cette bobine un courant constant d’intensitéégale
à 0amp,4, l’éclat de laphosphorescence
n’estpas modifié par le
champ
uniforme de la bobine ; mais si, à l’aide-d’un rhéostat à sulfate de cuivre intercalé dans le circuit, on fait
décroître l’intensité du courant d’une manière continue, le sulfure
phosphorescent
devient plus visible, et cetteaugmentation
d’éclatdure tant que l’intensité du courant et par suite celle du champ
magnétique
diminuent. Le même effet seproduit
quand on augmentel’intensité du courant.
Lorsqu’on
fait varier le courantpériodique-
ment entre 0amp,05 et 0amp,4 en manoeuvrant le rhéostat, l’augmenta-
tion d’éclat dure aussi longtemps que les variations d’intensité du courant.
Un
champ
uniforme d’intensité variable agit donc sur le sulfurephosphorescent.
Lors d’une rupture ou d’une fermeture
brusque
du courant, on ne perçoit pasd’augmentation
d’éclat correspondant à la variation trèsrapide
duchamp magnétique.
Cela tient, sans doute, à ce que cette variation est de très courte durée. L’action d’un champmagnétique
sur l’écran phosphorescent, n’étant pas instantanée, ne peut pro- duire dans un temps très court d’effet appréciable. L’effet d’une varia- tion moins
rapide,
mais plus durable, est, au contraire, facile à ob-server.
La variation d’intensité du champ de la bobine
produit
dansl’écran des forces électromotrices d’induction. On peut aussi en pro- duire en conservant au champ
magnétique
une intensité constante.Il suffit de déplacer la bobine, en laissant l’écran immobile. Tout
déplacement
de la bobine dans une direction perpendiculaire à sonaxe produit une augmentation d’éclat de la phosphorescence ; or, pendant le mouvement, les
lignes
de force coupent l’écran et y pro- duisent des forces électromotrices. En déplaçant la bobine parallè-lement à son axe, les
lignes
de force à l’intérieur nechangent
pasde position et ne produisent pas de forces électromotrices; on ne
constate aucune action sur la substance
phosphorescente.
Un champ
magnétique
uniformeagit
donc sur le sulfurephos-
phorescent pendant que deschangements
d’intensité ou de positiondes lignes de force produisent dans l’écran des forces électromo- trices d’induction. Un
déplacement qui
ne produit pas de forces élec- tromotrices est sans effet.Dans toutes ces expériences, j’ai déplacé la bobine et non le sul- fure, car l’observation de sa
phosphorescence
n’estpossible
que si le sulfure est immobile.Au lieu de produire des forces électromotrices d’induction par des courants, on peut en produire par des aimants et constater que, toutes les fois que le sul fure î)hosphorescent est le siège de forces électromo-
trices d’induction, il devient_plus visible.
Loin d’un barreau aimanté immobile, le
champ
est assez faible etassez uniforme pour ne pas
produire
sur l’écran d’action sensible ; mais, dès qu’on agite l’aimant, l’écran devientplus
lumineux. Un aimantagité
dans une chambre voisine de celle où on observe laphosphorescence produit
un effet encore bien visible.Si, au-dessous d’un écran
phosphorescent
protégé contre lesrayons N par une feuille de
plomb,
on fait tourner un barreauaimanté vertical autour de son axe, la
phosphorescence
devientplus
visible. Dans cette
expérience,
la distance de l’écran à l’aimant était assez grande pour qu’onn’aperçoive
aucune action de l’aimantau repos.
De toutes les expériences
précédentes,
il résulte que :i 0 Un
champ magnétique
non uniforme, d’intensité constante, augmente l’éclat de laphosphorescence
du sulfure de calcium ;2" Un
champ
non uniforme d’intensité constante est sans action ;3" La
phosphorescence
devient plus visiblequand,
par suite de variations du champ magnétique, l’écran est lesiège
de forces élec- tromotrices d’induction. Lechamp
de forceélectrique
dû à l’induc-tion
agit
donc sur le sulfurephosphorescent.
M. Blondlot a observé que, pour voir une augmentation de la
phos- phorescence produite
par des rayons N, on devait se placer en facede l’écran
phosphorescent.
Si l’oeil est presque dans leplan
de l’écran,les rayons N diminuent au contraire l’éclat des taches de sulfure.
Le même effet se
produit
sous l’influence deschamps magnétiques
et des forces électromotrices.
345 M. Blondlot a montré que, pour observer les rayons N, on pouvait,
au lieu de les faire tomber sur un corps faiblement lumineux, mettre
la source de rayons près de l’oeil. On aperçoit alors plus distinctement des objets peu éclairés. On peut de même faire
agir
le champ ma-gnétique
sur l’0153il. Enregardant
dans une chambre presque obscure des morceaux de papier blanc ou des traits de craie, on les voitplus
nettement
lorsqu’on
approche de l’oeil un pôle d’un aimant enfermé dans duplomb.
Si on
déplace
près des yeux une longueaiguille
aimantée enfermée dans duplomb,
on voit mieux des objets blancs peu éclairés quandles extrémités sont près des yeux que quand on y amène le milieu.
La même expérience peut être répétée avec des courants.
Je
rappellerai
une expériencesignalée
par lordKelvin 1 ’ ) .
Lord Lind-say et Cromwell F. Varley firent faire un électro-aimant puissant assez
gros pour que leur tête pût tenir entre les
pôles ;
en laplaçant
entreles
pôles,
ils n’observèrent aucun effet. Lord Kelvin s’étonne de ce résultatnégatif
et reste convaincu qu’un corps vivantplacé
dans unchamp magnétique
doit éprouver un effetperceptible.
Lesexpériences
que je viens de décrire démontrent qu’un
champ magnétique
provoqueune augmentation de sensibilité de la vue.
SUR LA SÉPARATION DES RAIES SPECTRALES TRÈS VOISINES (Réponse aux critiques de MM. Perot et Fabry) ;
Par MM. O. LUMMER et GEHRCKE.
1
MM. Perot et Fabry ont émis récemment la
supposition
(2) que la constitution extrêmementcomplexe,
observée par nous, de certaineslignes
spectrales, enpartie
reconnues antérieurement comme com-plexes, doit être attribuée aux défauts des lames de verre planes parallèles dont nous nous servons. Si cette hypothèse était exacte,
les satellites que nous
indiquons
ne seraient pas propres à la source(1) Lord KELVIN, Conférences scientifiqueset Allocutions. Traduction Lubol, p. ni.
(2) J. de Phys., 4e serie, t. 111, p. 28-32 ; 1904.