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Mesure absolue de la rotation magnétique de l’eau
H. de Mallemann, P. Gabiano, F. Guillaume
To cite this version:
LE
JOURNAL
DE
PHYSIQUE
ET
LE
RADIUM
MESURE ABSOLUE DE LA ROTATION
MAGNÉTIQUE
DE L’EAUPar H. DE
MALLEMANN,
P. GABIANO et F. GUILLAUME. Institut dePhysique, Nancy.
sommaire. 2014
L’emploi d’un grand solénoïde (construit pour l’étude magnéto-optique des
gaz) et
l’application d’une méthode différentielle ont permis de réaliser des mesures d’une précision supérieure
au millième. Une nouvelle détermination de la rotation absolue et de la dispersion magnétiques de l’eau (jugée nécessaire pour l’étude des solutions aqueuses), a donné les résultats suivants :
SÉRIE VIII. - TOME V . i~T° 3. MARS ~.9~4~.
1. Résultats antérieurs. - La détermination
des
pouvoirs
rotatoires ou des « rotalivités »[ 1 ]
ioniques,
àpartir
de solutions aqueuses étenduesd’électrolytes, implique
la connaissance très exacte de la rotationmagnétique
de l’eau pure.Une incertitude de un pour 10o sur la valeur du
pouvoir
rotatoirespécifique
de l’eau suffirai àrendre la
plupart
des calculs illusoires.Or,
les mesures absolues dont nousdisposions
ne concordent pas à
moins,
comme le montre letableau ci-dessous.
Le nombre
généralement
adopté
est celui deRoder
etWatson;
mais pour ne pasrisquer
unfaux
départ,
il étaitindispensable
de vérifier lavaleur de cette constante
fondamentale,
en utilisanttoutes les ressources de la
polarimétrie
moderne.Le
dispositif magnéto-optique, particulièrement
puissant,
installé au laboratoire deNancy
pourl’étude des gaz et des vapeurs, devait nous
per-mettre d’atteindre la
précision
du millième[5].
2.
Appareil.
- Il a été décrit d’une manièredétaillée dans le mémoire de Gabiano
[6];
nousrappelons
donc seulement sadisposition
générale
et sescaractéristiques.
c~. Le solénoïde est formé par un ensemble de
six
bobines,
quasiment
accolées,
ayant
chacuneune
longueur
voisine de i m. L’enroulement en fil de cuivre de27/1 oe,
doublementisolé,
a unelon-gueur
dépassant
8 km. Le nombre total despires,
vérifié
plusieurs
fois parcomptage
direct(opération
relativementfacile,
vu la grosseur dufil),
est 2V ==- 21 T20±J~.On connaît donc lyT à
1/ 5000e près.
On en déduit la différence de
potentiel
magné-tique :
1-,e fil
pouvant supporter
5o A, rienn’empêche
de réaliser une D. P. ~I.dépassant
i million d’unités C. G. S.(il
su~’lt de faire passer un faisceau de lumièrepolarisée
dans le creux de la bobine pour observer facilement la rotationmagnétique
del’air du
laboratoire).
Pour un courant de 20
A,
l’échauftement des filsest à
peine
sensiblependant
la durée d’une mesure.4 2
La résistance totale à froid est voisine de ’20 Q. Le circuit
comprend
généralement
un rhéostat àvariation
continue,
uninterrupteur
inverseur et unampèremètre
deprécision.
Pour la mesureabsolue,
nous avons intercalé un voltamètre à sulfate decuivre pur et un
galvanomètre
en dérivation sur lesolénoïde,
dont le rôle seraexpliqué plus
loin.Le courant est fourni par une centaine
d’accumu-lateurs à
grande
surface faisantpartie
des instal-lationsgénérales
du laboratoire.b. Le tube
polarimétrique
en laiton aplus
de 6 mde
longueur,
un diamètre intérieur de 35 mm et desparois
de 1 mmd’épaisseur.
A chacune de ses extrémités sont soudés deux
manchons,
terminés par des anneaux en laiton(diamètre,
75
mm)
destinés à recevoir lesglaces
defermeture.
Celles-ci,
d’uneépaisseur
de4 mm
environ,
ont étédécoupées
dans desrégions
parti-culièrement
homogènes
etisotropes
relevées sur unlot
de ces
du commerce.L’expérience
montred’ailleurs e les faibles
biréfringences
acciden-telles peuve êtrecompensées
par le mode deserrage
(à vis).
On
parvient
ainsi à réaliser des extinctionspar-faites
quand
le tube est vide ourempli
d’un gazà
deux,
voire troisatmosphères.
Pour assurer la constance et l’uniformité de la
température,
un second tubecoaxial,
également
enlaiton,
formechemise,
l’espace
annulaire étantparcouru par un courant d’eau de vitesse
conve-nable. Le tube extérieur est
prolongé
etélargi
àchaque
extrémité par deux raccords(diamètre,
I 1 o mm;longueur,
60cm)
destinés à entourer lesglaces, qui
se trouvent ainsi dans le fond d’une sorted’étuve à la
température
du tube.La circulation d’eau est
assurée,
soit par lesconduites du laboratoire
(température
ambiante),
soit par une pompe Rateaupuisant
dans un réservoir de 501 à niveau constant, chauffé par une rampeà gaz
(températures
de 20 à950).
Deux thermo-mètres donnent lestempératures
de l’eau à l’entréeet à la sortie.
L’écart de
température
n’a pasdépassé 1° quand
on
opérait
sur des vapeurs chauffées aux environsde
90°;
il estnégligeable
auxtempératures
dulabo-ratoire,
malgré
l’échauflementplus
ou moinsrapide
des bobines
(1).
Un manomètre est
complètement immergé
dansune boîte en
laiton,
munie d’uneglace
et parcouruepar la circulation d’eau.
c. Le
dispositi f optique comprend :
1 ~ Un arc au mercure de
grande
brillance(modèle
Gallois) ;
(i) Cet échauffement peut devenir une circonstance f avo-rable quand il s’agit de maintenir le tube à une température
élevée.
2 Un
prisme
monochromateur,
type
Pellin-Broca ;
3~ Une série de lentilles et de
diaphragmes;
4 °
Unpolariseur
deGlazebrook;
50 Un
analyseur
deLippich.
Une
première
lentilleachromatique
forme uneimage
de l’arc sur undiaphragme
de 2 mm; uneseconde lentille
achromatique
donne,
à travers leprisme,
une séried’images monochromatiques,
que la rotation duprisme
permet
deprojeter
succes-sivement sur un
diaphragme
de mm. Le faisceaumonochromatique
estrepris
par une lentille de i mde distance
focale,
qui
le transforme en un faisceau presqueparallèle;
celui-ci traverse lepolariseur,
puis
letube,
sans toucher lesparois;
à lasortie,
on obtient une
image
nette d.u dernierdiaphragme
(diamètre,
8 mmenviron),
que l’onreçoit
sur lesplages
del’analyseur.
3. Mode
opératoire.
- La cathode en cuivreélectrolytique
duvoltamètre
est d’abordlavée,
séchée et
pesée.
On fait ensuite passer le courant, le voltamètre se
trouvant hors
circuit,
et unpremier opérateur
maintient l’intensité constante au moyen du
rhéostat,
en observant lespot
dugalvanomètre (en
dérivationsur la
bobine).
Lasensibilité
correspond
à undépla-cement de
1,5
mm surl’échelle,
pour une variationde 0,01 A.
Pendant ce
temps,
un second observateurnote,
toutes les
minutes,
la rotation del’eau,
puis
s’étant assuréqu’elle
nechangeait
pas d’une manièreappréciable,
il manoeuvrel’interrupteur qui
met le voltamètre dans lecircuit,
et déclenchesimulta-nément
l’aiguille
d’un chronomètre deprécision.
.
Il continue ensuite à noter les rotations toutes
les minutes. Au bout de 10
minutés 7
secondes,
levoltamètre est mis hors
circuit,
et les rotationssont encore observées
pendant
quelque
temps.
Celles-ci étaient de l’ordre de
55°,
et mesurées à moins de oo,o2près.
La cathode est alors
retirée, lavée,
séchée etpesée.
De sonaugmentation
depoids,
on déduit lavaleur absolue de l’intensité moyenne.
L’expérience
est recommencée en faisant passer le courant dans l’autre sens.Dans les deux cas,
t’augmentation
depoids
a été : pu1,6025
g.Calcul de t’intensité.
Piécision des mesui-es. ---- Les
pesées
ayant
été faites avec une erreur absolue de 0,2 mg, lepoids
du cuivre
déposé
est connu avec une erreur relativeinférieure à
1 1400oe.
facilement
à o~,o~près,
donc avec une erreurrela-tive de
Ij2500e.
Enfin,
le chronomètre étantprécis
à 0,1 sec.,nous admettrons une erreur absolue de 0,2 sec sur’ le
temps
de passage du courant : d’où une erreurrelative de o,~ : ôoo, soit
y3oooe
environ.Nous pourrons donc certifier l’exactitude de la constante de Verdet de l’eau à
1/loooe
près.
~t. Résultats pour la
longueur
d’onde0~,5/~6.
- Nous
avons
opéré
sur de l’eaubidistillée,
intro-duite
juste
avant les mesures pour limiter autant quepossible
la durée de sonséj our
dans le tube.On a : o
Nous pouvons donc donner :
Ce nombre conduit aux valeurs suivantes de la rotation
spécifique [A],
et de la rotationmolécu-laire
[A]Mo
Pour le calcul de la rotativité ..
nous devons chercher dans les tables la valeur de
l’indice de réfraction de l’eau à 1 1 °,5, pour la lumière verte ~, =
0~,0~6;
en réduisant le nombre n =1,331 ~,
indiqué
pour t = 20~, au moyen du coefficient detempérature,
on auraitd’où en
radians,
5.
Dispersion
de l’eau. - Laprincipale
diffi-culté des mesures relatives est le contrôle del’inva-riabilité d’un courant intense.
Au cours de mesures effectuées sur des
liquides
et des
solutions,
nous avionsremarqué
que l’indi-cation laplus
sensible,
et surtout laplus
fidèle,
était donnée par la rotation
magnétique
d’unliquide
convenablement
choisi,
enparticulier
lesul f ure
decarbone,
dont la Constante de Verdet a une valeurélevée. Ce fait nous détermina à constituer un
magnétopolarimètre
double,
comprenant
deux bobinesen
série,
renfermant chacune un tubepolarimétrique,
dontl’un,
rempli
duliquide
étalon,joue
le rôled’ampèremètre
optique.
Avec la
petite
bobine utilisée dans notrelabo-aratoire,
une variation ~i = o,oo5 A modifiait larotation de .1cx = z,01, différence nettement visible
dans
l’analyseur
àpénombre.
Les courantspouvant
dépasser
20A,
leurs fluctuations sont ainsi détectéesà
1/4000e
près
(2).
~,
L’appareil
comprend,
ensomme,
polari-mètres à
pénombre
dont leslunette analyse
sontdisposées
côte àcôte,
de manière â rendre sonemploi possible
par un seulopérateur (les
pointés
se font alors alternativement dans
chaque
analy-seur).
Mais,
quants
ils’agit
d’assurer laplus
grande
précision,
les observations doivent être faitessimultanémeni par deux
opérateurs,
tandisqu’un
troisième manoeuvre le rhéostat etl’interrupteur.
Dans le casactuel,
onpointait
ausignal
donnépar l’observateur de la
grande
bobine,
dès que laconstance du courant se trouvait réalisée.
Après
ungrand
nombre delectures,
les résultats obtenus pour les deux bobines étaientcomparés
et les rotations de l’eau ramenées, s’il y avaitlieu,
à une même rotation de
CS2,
donc à une mêmevaleur du courant.
Trois séries de mesures furent ainsi
faites,
pourchaque longueur
d’onde du mercure, enpermutant
les
expérimentateurs (3),
le CS2 témoin étantcons-tamment observé en lumière verte.
La rotation de référence
dépassant
r 5° et s’éva-luant à 0°,01près
(polarimètre Jobin-Yvon),
laprécision
serait de l’ordre de1/1500e,
mais,
vu lenombre et la concordance des mesures, nous pou-vons donner les
dispersions
à -±- o,ooo5près.
Résultais.
’
,
(2 ) La précision devient cncore supérieure quand ori prend
comme contrôleur d’intensité la grande bobine, mais ce dispositif ne serait pas pratique pour les mesures courantes.
(3) M. Suhner avait bien voulu se joindre à nous pour
44
Connaissant la valeur absolue de la Constante
de Verdet pour la raie verte, nous pouvons f ormer le tableau
suivant,
ramené à latempérature
de ~ a~(le
coefficient detempérature
de A étantquasiment
nul entre 10° et 20°..
d’après
Rodger
etIVatson).
Nous prenons :
D~oo
=o,gg82o.
z
Pour comparer le résultat de la mesure absolue à
ceux de nos
prédécesseurs,
il faut calculer la valeurde A pour la raie
jaune
du sodium(~,
=0’~,~8g);
à cet
effet,
il su~’lra de diviser le nombrecorrespondant
à laraie jaune
du mercure(i.
=0:J’,57g)
par le
rapport
inverse des),2,
soitI,o3g;
ladisper-sion exacte devant être très
légèrement supérieure,
nous pouvons
prendre
t,o4.
On obtient ’
1
nombre
qui
coïncide à moins deIjloooe
prés
aveccelui de
Rodger
et Watson :1, 3 1 1 .
1 o-~.La
question posée
au début de cet article setrouve ainsi résolue.
6.
Dispersion
du sulfure de carbone. - Nousavons
profité
del’appareil
monté pour étudier,avec la même
précision,
ladispersion
deCS2;
il suffisaitd’opérer
comme pourl’eau,
eninterver-tissant
simplement
le rôle des bobines. Résultais.BIBLIOGRAPHE.
[1] Voir Ann. de Physique, 1942, 17 et 18, p. 1.
[2] Ann. Wied., 1885, 24, 161.
3] Proc. Roy. Soc., 1895, 58, 234.
[4] Versl. , Amsterdam, 1897, 5, 181.