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Pour une gestion raisonnée des résidus de cotonniers au Cameroun.

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(1)

des résidus des cotonniers

au Cameroun

Développée au Cameroun au début des années 50, la culture cotonnière couvre,

en 1995, environ 150 000 hectares avec près de 250 000 agriculteurs.

Au cours de cette période, le rendement en coton graine a progressé

de 300 à 1 200 kilogrammes par hectare. La destruction des cotonniers après

la récolte figurait parmi les premières recommandations de l'intensification

de la culture. En pratique, il était demandé aux paysans d'arracher les cotonniers

et de les grouper en tas, puis de les brûler sur les parcelles.

Les fondements de cette mesure ancienne sont réexaminés dans le contexte actuel

en tenant compte des risques phytosanitaires, de la diversité des pratiques

paysannes et des problèmes de fertilité des terres.

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J. MARTIN, J.-P. DEGUINE

CIRAOCA IRA-CRA Maroua, BP 33 Maroua, Cameroun Cet article a été réalisé grâce à la collaboration de J.-D. BEKOLO, L. GAUDARD (SODECOTON, Cameroun), J. EKORONG, J.-M. HARMAND (IRA, Camerounl, M. BERGER, M. CRETENET, J.-C. FOLLIN, C. GABOREL, M. VAISSAYRE (CIRAOCA, France).

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'arrachage et l'incinération des v ie u x c o t o n n ie r s sont des m esures p r o p h y la c t iq u e s conseillées au sein d'un ensemble de précautions relatives à la précocité du semis, des apports d'engrais et des ré c o lte s , à la m a îtris e des adventices, à l'arrachage en cours de culture des cotonniers virosés, etc. Le cotonnier est conduit comme une culture annuelle, mais il reste une p la n te p é re n n e . En effe t, il est capable de subsister en saison sèche avec une végétation réduite mais rarement nulle et de repousser dès les premières pluies. La présence de vieux cotonniers en intercampagne représente un p o te n tie l de tra n s­ mission considérable de foyers de ravageurs et de m aladies p our la campagne suivante. La destruction des cotonniers après la récolte a donc été préconisée dans la plupart des pays africains, parfois même imposée par la loi, comme au Zimbabwe.

En Afrique centrale, BRIXHE (1949) précise que la meilleure technique de lutte contre la bactériose consiste dans la « d e s tru c tio n m é tic u le u s e des tiges, des branches et des feuilles du c o t o n n i e r dès la fin de la r é c o lte ». Au Cameroun, les autorités adminis­ tratives ont été souvent sollicitées pour sensibiliser les agriculteurs à l 'im p o r t a n c e d 'u n e d e s tr u c tio n précoce des plants.

En c u lt u r e m o to ris é e , les v ie u x cotonniers peuvent être broyés, puis enfouis par un labour. Cependant, en Afrique, la culture cotonnière est peu m écanisée, p lu tô t p ra tiq u é e par des p e tits paysans, q u i ne peuvent détruire les plants qu'en les arrachant ou en les coupant, puis en les brûlant.

L'arrachage du pivot racinaire a pour objectif d'empêcher toute repousse. Une coupe au ras du sol, en-dessous du nœud c o ty lé d o n n a ire , permet également d'éviter les rejets.

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Les conséquences

phytosanitaires

de l'arrachage et

de l'incinération

des plants

de cotonnier

Du p o in t de vue p h y to s a n ita ire , l'a r r a c h a g e et l 'i n c i n é r a t i o n des plants ont pour but de lim ite r les p o p u la t io n s d 'in s e c te s et les infestations de bactériose.

Limitation des populations

d'insectes

L'arrachage (ou la coupe au ras du sol) devrait permettre de lim iter en début de campagne les populations des ravageurs de la phase végétative, tels que les aleurodes Bemisia ta b a c i (G ennadius) ou les altises P o d a ­ g ric a sp. et Nis otr a d il e c ta (Dalman). Cette opération pourrait avoir des effets, après l'apparition des boutons flo r a u x , sur des d é p ré d a te u rs inféodés au cotonnier, comme les c h e n ille s de D i p a r o p s i s w a t e r s i (R o th s c h ild ) ou du ver rose, P e ctin o p h o ra gossypie lla (Saunders). En revanche, elle n'a guère d'effet

sur les insectes polyphages, tels que les larves d' H e l i c o v e r p a a r m ig e r a (H ü b n e r) et de C r y p t o p h l e b i a l e u c o t r e t a ( M e y r ic k ) , ni sur le puceron A p h is g o s s y p ii (Glover) qui p e u t passer la saison sèche sur des centaines de plantes hôtes. L'incinération permettrait de détruire les chrysalides des lépidoptères à régime endocarpique présentes dans les résidus de récolte :

- P. gossypiella, espèce monophage, entre en diapause dans les capsules dès le début de la mauvaise saison ; - C. l e u c o t r e t a quitte les capsules pour se nymphoser à la surface du sol, dans les débris végétaux. L'incinération des résidus de récolte n'est pas e ffic a c e c o n tre le l é p i­ d o p tè re s à ré g im e e x o c a r p iq u e (H. arm igera, D . watersi et Earias sp.) car leur nymphose a lieu dans le sol. Cependant, Earias sp. se nymphose parfois sur les tiges et les rameaux.

Lutte contre la bactériose

L 'a rra c h a g e p e rm e t de lim it e r les foyers de maladies transmissibles par des insectes piqueurs-suceurs (viroses, maladies à phytoplasmes, etc.).

L 'in cin é ra tio n des cotonniers vise p r in c ip a le m e n t à lu tte r c o n tre la b a c té rio s e due à X a n t h o m o n a s

campestris pv. m a lv a c e a ru m (Smith) D o w . En effe t, tous les résidus (feuilles, capsules, rameaux) peuvent abriter d 'im p o rta n te s population s de bactéries. C elles-ci subsistent en saison sèche et d e v ie n n e n t contaminantes à la faveur des pluies et du vent ; en revanche, elles ne survive n t que quelques semaines dans les d é b ris h u m id e s . Après la c o u p e , les d é b ris d e v r a ie n t être balayés et brûlés si l'on cherche à lim it e r e ffic a c e m e n t cette v o ie de transmission. Cela s'est pratiqué au Soudan, où le cotonnier à fibres longues G o s s y p i u m b a r b a d e n s e F. est particulièrement sensible à cette bactériose. Le balayage des débris et leur incinération ont également été recommandés au Tchad, mais n'ont jamais été appliqués.

Les pratiques

actuelles

de post-récolte

Au Cameroun, la période de récolte s'étale d'octobre à février, selon la précocité de la culture et la disponi­ bilité en main-d'œuvre. La destruc­ t io n des c o to n n ie r s s 'é c h e lo n n e d u r a n t to u te la saison sèche, d'octobre à mai, et parfois jusqu'à la saison des pluies suivante. Depuis une diza in e d'années, on observe des pratiques très variées relatives à cette recommandation.

Exploitation des résidus

par les animaux

En général, dès la récolte terminée, les troupeaux de bœufs consomment rapidement les feuilles, les extrémités de rameaux et les restes de coton g raine. Il a rriv e que les éleveurs nomades (M b o ro ro ) paient « un droit de p â tu ra g e » aux a g ric u lte u rs lo rs q u e les c o to n n ie rs récoltés peuvent assurer un appoint fourrager. A p r o x im ité des h a b ita tio n s, les débris et les éventuelles repousses sont consommés par les moutons et les cabris.

Pâturage d'un champ récolté, par des bœufs et par des moutons. Cliché J. Martin

(3)

Résidus de cotonniers après la récolte et la coupe : capsules, rameaux, feuilles.

Cliché J. Martin

Arrachage ou coupe,

incinération ou usage

domestique

L'arrachage des cotonniers est une o p é r a tio n ra re m e n t e ffe c tu é e . Elle est pénible et contraignante, car e lle d o it être e ffectuée très r a p i­ dement après une récolte précoce sur un sol humide. En réalité, elle est remplacée par la coupe des plants à leur base, à l'aide d'u ne machette ou d 'u n e h o u e . La p lu p a r t des agriculteurs c o n tin u e n t de couper les c o to n n ie r s . Les s ta tis tiq u e s d is p o n ib le s à la S O D E C O T O N (C a m e ro u n ) m o n tr e n t q u 'a u 30 avril 1995, l'arrachage (ou plutôt la co u p e ) a été ré a lisé sur 77 % des surfaces. En re v a n c h e , la proportion des paysans qui brûlent les tiges au champ est en régression. En effet, les tiges de cotonniers sont de plus en plus u tilis é e s co m m e com bustible dom estique (cuisine, chauffage) et com m e matériau de construction (clôtures et palissades). Pour certains usages (armatures des fonds de greniers, parois de puits), les tiges sont s é le c tio n n é e s et élaguées au c h a m p . La pression

d é m o g r a p h iq u e et l'é p u is e m e n t d 'a u tre s ressources ligneuses ou cellulosiques, utilisées traditionnel­ lement, e x p liq u e n t l'in té rê t porté par les populations à ce sous-produit de la culture cotonnière. Ainsi, dans le n o rd de la z o n e c o to n n iè r e , il n'est plus rare de v o ir dans les habitations des fagots de cotonniers côtoyer des tiges de sorgho ou des bottes de p a ille . Par a ille u rs , les c a rp e lle s sont parfo is ramassées après la ré c o lte . En effe t, leurs cendres, p a r tic u liè r e m e n t riches en potasse, peuvent avoir des usages domestiques, comme la fabrication de savon.

Gestion des résidus

en prévision de la culture

suivante

Lorsque les tiges ne sont pas récupérées, le u r d e v e n ir sem ble autant dépendre de leur hauteur que des techniques employées pour la mise en culture suivante.

Des c o to n n ie rs de grande ta ille , laissés sur pied ou coupés et laissés au sol, gêneraient considérablement

la mise en p la c e de la c u lt u r e suivante, que ce soit avec ou sans labour. La solution la plus simple po u r le paysan consiste à couper les cotonniers et à les brûler en tas (sud de la zone cotonnière).

En revanche, les petits cotonniers (semis tardifs, stress hydriques, sols pauvres ou fatigués) sont souvent laissés sur pied. Ils ne sont rabattus au sol que lors du premier sarclage de la culture suivante, dans le cas f r é q u e n t des sorghos ou des arachides semés d ire c te m e n t dès les premières pluies. Plus rarement, les vieux cotonniers sont déracinés et p a r t ie lle m e n t e n fo u is lors du labour.

Enfin, dans les parcelles abandon­ nées après la récolte, les cotonniers reverdissent dès les premières pluies et vé gètent p arm i les a d ve n tice s durant la nouvelle saison des pluies. Ces cas d 'a b a n d o n (départs de migrants, décès) sont accidentels, car la mise en ja c h è re après c u ltu r e c o t o n n iè r e est e x c e p t io n n e lle ; une c u lt u r e v iv r iè r e succède généralement au cotonnier, mettant ainsi à profit le buttage du champ et l'arrière-effet des engrais.

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Conséquences

de ces pratiques

L 'e ffic a c ité de ces p ra tiq u e s sur les risques phytosanitaires n'est pas t o ta le et les c o n s é q u e n c e s au plan a g ro n o m iq u e sont diverses, entraînant parfois des dégradations irréversibles, mais aussi des effets favorables.

Un intérêt limité

sur les ravageurs

et les maladies présents

au Cameroun

Le pâturage par les a n im a u x des champs de cotonniers et la coupe des tiges ne résorbent qu'une partie des risques phytosanitaires. D'une part, certains débris potentiellement c o n ta m in a n ts re stent au sol et, d'autre part, les risques de bactériose et d 'in f e s t a t io n de c h e n ille s endophages sont limités.

Le passage des bœ ufs q u i se nourrissent sur les parcelles après la récolte, puis la coupe du cotonnier par l'a g r ic u lt e u r , p r o v o q u e n t la chute de la p lupart des carpelles, capsules parasitées et extrémités de rameaux qui se re tro u ve n t au sol avec les restes de feuilles mortes.

Ces d é b ris , non e x p o rté s et non incinérés, représentent une source p o t e n t ie lle im p o rta n te de tr a n s ­ mission de la bactériose et un lieu de nym p h o se p r iv ilé g ié p o u r les chenilles endophages. En l'absence de balayage, l'incinération des tas de cotonniers est donc inefficace contre ces deux types de dangers.

Le risque de bactériose n'est pas à n é g lig e r au C a m e ro u n ( m a la d ie répandue, dégâts parfois importants lors des années p lu v ie u s e s ). Cependant, la présence des débris de culture ne peut porter à conséquence que dans les cas où le cotonnier est cultivé deux années de suite sur la même parcelle, la pluie jouant un rôle prépondérant par éclaboussure sur les je u n e s c o to n n ie r s ; cela c o n c e r n e m o in s de 1 % des surfaces. De p lu s, les c h e n ille s e n d o p h a g e s P. g o s s y p i e l l a et C. l e u c o t r e t a ne sont signalées que dans le sud de la zone cotonnière et de manière tout à fait occasionnelle. Le conseil systématique d 'in c in é ­ ration des tiges de cotonnier n'est donc plus justifié au Cameroun. En revanche, l'arrachage (en réalité la coupe) reste une mesure p ro p h y ­ la c tiq u e u t ile . D e p u is 1 9 9 4 , au Cameroun, il n'est plus recommandé de brûler les cotonniers après leur c o u p e , d 'a u t a n t que c e la est en a c c o rd avec les p r é o c c u p a tio n s d'ordre agronomique.

Des effets agronomiques

contradictoires

Le devenir des résidus de cotonnier a également des im p lic a tio n s sur la fertilité des terres car les systèmes de c u ltu r e p ré se n te n t des b ila n s organo-minéraux nettement d é fic i­ ta ire s , l'é r o s io n y c o n t r ib u a n t pour une part non négligeable.

D égradation et exportations défavorables à la fertilité des sols

Le pâturage des vieux cotonniers par les tr o u p e a u x de bœufs après la récolte apporte quelques déjections, mais le piétinem ent de la parcelle érode les billons issus du buttage. Cette s itu a tio n est observée très régulièrement au Cameroun, où plus de tro is quarts des surfaces sont buttées. La terre ainsi émiettée est particulièrement sensible à l'érosion éolienne et hydrique. Les eaux de ruissellement des premières pluies d é p la c e n t é g a le m e n t une p a rtie des d é b ris de c o to n n ie r s et des déjections animales, les entraînant p a rfo is hors de la p a r c e lle . Des pertes d'éléments fins et de débris organiques sont évidemment préju­ d ic ia b le s au m a in tie n de la fertilité du sol. L'exportation des tiges représente une perte importante de biomasse, estimée à environ 75 % de la masse totale des parties aériennes ligneuses avant la chute des débris ( ta b le a u 1). C ette biom asse est ric h e en é lé m e n ts m in é ra u x , p a r t ic u liè r e m e n t en potasse (10 à 50 kilogrammes par hectare).

Clôture d'une habitation (sare) construite avec des tiges de cotonnier et de sorgho.

Cliché J. Martin

Le rôle bénéfique des racines

Les racines sont restituées au sol, sauf dans les rares cas où les coton­ niers sont intégralement extirpés du sol après la ré c o lte . M a lg ré leur m o d e ste bio m a sse , les racines peuvent jouer un rôle important pour le fo n c tio n n e m e n t du sol, surtout lorsque la cultu re qui succède au c o t o n n ie r n 'e s t pas la b o u ré e , s itu a tio n la plus fré q u e n te au C a m e ro u n . En effe t, les racines ligneuses, non remaniées par un

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Tableau 1. Exemple de production de biomasse de deux cultures de cotonnier au Nord-Cameroun (d'après GUYOTTE, résultats non publiés).

Organe concerné Semis précoce Semis tardif

tonnes de matière sèche tonnes de matière sèche

par hectare par hectare

Tiges, branches, carpelles 3,2 1,5

(biomasse ligneuse)

Coton graine 2,6 1,5

Feuilles(1) 1,9 1,2

Racines*1) 0,8

(1) : la biomasse foliaire est un cumul sur toute la campagne, alors que la biomasse racinaire est une mesure ponctuelle effectuée en fin de cycle, qui n'intègre pas les racines mortes ni les plus petites radicelles.

labour, se décomposent progressive­ ment in s itu et constituent pendant les premières semaines de saison des pluies une protection de la structure du sol. Elles favorisent l'infiltration d'eau et la vie microbienne le long du p iv o t et des racines latérales. Elles c o n trib u e n t ainsi à l'in té rê t que représente le cotonnier comme précédent cultural.

Une solution limitant la

d é g ra d a tio n : le brûlis des tiges

L'incinération des cotonniers donne des cendres où se conservent les cations et le phosphore, mais l'essen­ tiel de l'azote et du soufre est perdu sous forme gazeuse. Les cendres des tas brûlés sont en partie dispersées par les vents violents, qui précèdent généralement les premières pluies. Mais on considère que les deux tiers sont restitués. Il s e m b le que les paysans p ré fè re n t rassembler les tiges en quelques gros amas plutôt qu'en de nombreux petits tas, sans d o u te p arce que la c o m b u s tio n com plète est plus facile à assurer. La forte élévation de la température du sol, provoquée par les gros foyers, cause localement une dégradation du sol non négligeable . Le b rû lis en petits tas, voire en andains, tous les 4 ou 5 rangs serait préférable pour réduire cette nuisance et per­ mettrait une meilleure répartition des cendres, mais cette solution est plus contraignante. Les cendres des tiges e x p o rté e s c o m m e c o m b u s t ib le contribuent au transfert de fertilité, n o ta m m e n t vers les c h a m p s les plus proches de l'e x p lo ita tio n (les

c u ltu r e s de case). Ces cendres peuvent également servir à enrichir les fumiers.

Les tiges non brûlées, un potentiel im portant mais difficile à valoriser

La r e s titu tio n au sol des tiges de cotonniers constitue potentiellement un moyen important pour améliorer le b ila n o rg a n iq u e et m in é ra l du système de c u lt u r e et fr e in e r le ruissellement. Les tiges laissées après la coupe — fourchues à cause de l'insertion des branches végétatives — rendent impraticables la plupart des travaux (manuels ou attelés) de mise en place de la culture suivante. L 'a g r ic u lte u r , s 'il les d é b it a it en morceaux — même à la machette — , n'aurait certainement pas besoin de les brûler. Ces tronçons forment un m u lc h lig n e u x q u i se dég ra d e lentement, en assurant un recyclage e ffic a c e des é lém ents m in é ra u x . Cependant, dans les sols alluviaux du n ord de la z o n e c o to n n iè r e , d'après des observations p a rtic u ­ lières, un mulch présente des risques pour la culture suivante en favorisant certains termites fourrageurs.

D'autres modes de restitution des tiges de cotonniers sont possibles. M é la n g é e s avec des p a ille s de céréales (sorgho, maïs), elles peuvent c o n t r ib u e r à la f a b r ic a t io n de c o m p o s t a é ro b ie ou de fu m ie r , en étables fumières (DUGUE, 1995), en parcs d'hivernage (BERGER e t al., 1987) même si la décomposition des tiges n'est pas toujours totale. Pour

des c o to n n ie rs bien d éveloppé s, le débitage des branches végétatives et un léger t r o n ç o n n a g e sont In d is p e n s a b le s p o u r assurer le tassement et la décomposition des tiges dans le c o m p o s t ou dans le f u m ie r * 1*. A c t u e lle m e n t , ces réalisations sont perçues comme trop contraignan tes par la p lu p a rt des paysans : acquisition de matériel de tra n s p o rt, ré a lis a tio n des fosses fumières, parcs d'hivernage, soins au bétail, surcroît de travail. Mais ces techniques pourraient connaître un d é v e lo p p e m e n t assez ra p id e , c o m p te tenu des p ré o c c u p a tio n s relatives à la saturation foncière et au maintien de la fertilité des terres.

Evolution inéluctable

vers une valorisation accrue des résidus agricoles

L'u tilisa tion des résidus de co to n ­ niers est comprise dans la gestion des sous-produits agricoles, é vo lu a n t vers l'optimisation des valorisations possibles avec des moyens limités. Cette évolution passe évidemment par l'intégration agriculture-élevage et par une mécanisation croissante des tra v a u x a g ric o le s et des transports. Le développement aisé­ ment perceptible de la constitution de réserves fourragères importantes dans les cours des ferm es, de la traction asine ou équine, des achats de tourteaux de coton pour nourrir les bœufs ou les génisses de trait, ou même de la fabrication artisanale de charrette en témoigne. Le recours aux tiges de cotonniers en tant que ressource o rg a n o - m in é r a le p our

(1) : la transformation des cotonniers en fosse c o m p o s tiè re im p liq u e une fragmentation très poussée, pour obtenir un tassement suffisant. Mais on retrouve au bout d 'un e année des morceaux de tig e s n o n d é c o m p o s é s . En pa rc d'hivernage, la fragmentation peut être moins poussée mais on retrouve toujours des morceaux de tige. L 'utilisation des cotonniers en mulch nécessite aussi un f r a c tio n n e m e n t im p o r ta n t et il fa u t empêcher les animaux de venir pâturer. Les techniques de préparation et de semis sur mulch ne sont pas aisées à conduire.

(6)

l'e n t r e t ie n de la f e r t i l i t é des terres de c u lt u r e s 'in té g re dans cette d yn a m iq u e , exigeante aussi en travail.

Conclusion

« L ' e x t i r p a t i o n e t l ' i n c i n é r a t i o n des c o t o n n ie r s e t d e to us les d é b ris v é g é t a u x à la f i n d e la c a m p a g n e s o n t d e s p r é c a u t i o n s q u i d o i v e n t ê tre s c r u p u l e u s e m e n t re s p e c té e s » (BRIXHE, 1949).

Au Cameroun, cette mesure prophy­ la c tiq u e v is a it la b a c té rio s e à X a n t h o m o n a s c a m p e s t r i s pv. m a lv a c e a ru m et, secondairement les chrysalides de lépidoptères à régime e n d o c a r p iq u e . A c t u e lle m e n t , l'in c in é ra tio n des cotonniers n'est plus obligatoire après la coupe, car l'absence de balayage des débris rend c e tte m esure in e ffic a c e . La levée de cette obligation permet d'accéder à une gestion raisonnée des résidus de la culture cotonnière. Outre leur valorisation domestique, les résidus p e uvent être restitués de plusieurs façons et c o n trib u e r à l'a m é lio ra tio n du bilan organo- m in é ra l des systèmes de c u ltu re . Les m é th o d e s de r e s titu tio n p e rfo rm a n te s sont aussi les

Coupe des cotonniers après la récolte.

Cliché J. Martin

p lus c o n tr a ig n a n te s , mais elles contribuent de différentes façons au m a in tie n de la fe r tilité des terres cultivées.

B ib lio g ra p h ie

BERGER M., BEHEM P.C., D A K O U O D., HIEN V., 1987. Le maintien de la fertilité des sols dans l 'O u e s t du B u r k in a Faso et la nécessité de l'association agriculture-élevage. Coton et fibres tropicales 42 : 201 -210.

BR IXHE A ., 1 9 4 9 . Les p a ra s ite s du c o to n n ie r en A friq u e centrale. Tableaux de d é t e r m in a t i o n . C o m p a g n ie c o t o n n iè r e congolaise, 2e édition, 184 p.

D U G U E P., 1 9 9 5. A m é lio r a t io n de la p ro d u c tio n et de l'u tilis a tio n de la fu m u re o rg a n iq u e a n im a le en zo n e c o to n n iè re du N o rd - C a m e r o u n . Résultats p r é lim in a ir e s .

In Production de la fumure organique en zone

s u b - h u m id e : t e c h n o lo g ie s d is p o n i b le s , m éthodes de transfert et gestion paysanne, 3e atelier RESPAO-GREFMASS, 13-17 février 1995, Bobo-Dioulasso, Burkina. In press.

Résumé... Abstract... Resumen

J. M A R T IN , J .-P . DE G U IN E — Pour une g e stion

raison n é e des résidu s de c o to n n ie rs au Cameroun.

L'arrachage et l'incinération des vieux cotonniers ont été recommandés dans la plupart des pays africains depuis plusieurs décennies. A ctuellem ent, au Cam eroun, les composantes phytosanitaires et la diversité des pratiques paysannes concernant ces résidus de récolte autorisent une remise en cause de telles recommandations : la coupe des c o to n n ie rs re s te un e m e s u re u tile , m a is le u r incinération n'est pas nécessaire. Une gestion raisonnée des résidus de la culture devient possible, pe rm ettant d 'in té g re r les prob lè m e s de m a in tie n de la fe r tilité des sols.

Mots-clés : cotonnier, résidus, récolte, arrachage, brûlis, protection phytosanitaire, Cameroun.

J. MARTIN, J.-P. DEGUINE — Rational management of cotton crops residues in Cameroon.

For several decades, uprooting and burning old cotton plants have been recommended practices in most African countries. At present, in Cam eroon, plan t protection requirem ents regulations and variations in traditional farming practices concerning these crop residues call such advice into question: cutting the cotton plants remains useful but b u rn in g th e m is not necessary. R a tio na l management of the crop residues, which includes their use in addressing problem s of m a in ta in in g soil fe rtility , becomes possible.

K e y w o rd s : co tto n p la n t, re s id u e , crop, u p ro o tin g , slash-an d-b urn technique, ph y tos a nita ry protection, Cameroon.

J. MARTIN, J ,P . DEGUINE — Para una gestión racional de los residuos de planta de algodón en Camerún.

Desde hace varias décadas, se ha aconsejado el arranque y la incineración de las plantas de algodón viejas en la mayoría de paises africanos. Actualmente, en Camerún, los componentes fitosanitarios y las prácticas agrícolas respecto a los residuos de las cosechas, permiten poner en tela de juicio estos consejos: cortar las plantas de algodón sigue siendo útil, pero su incineración no es necesaria, pues ahora es posible una gestión racional de los residuos del cultivo que integre los problemas de conservación de la fertilidad de los suelos.

Palabras clave: planta de algodón, residuo, cosecha, arranque, quema, protección fitosanitaria, Camerún.

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