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Submitted on 1 Jan 1984
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Comparaison des propriétés thermodynamiques des films d’éthylène adsorbés sur nitrure de bore et graphite
C. Bockel, J. Menaucourt, A. Thomy
To cite this version:
C. Bockel, J. Menaucourt, A. Thomy. Comparaison des propriétés thermodynamiques des films d’éthylène adsorbés sur nitrure de bore et graphite. Journal de Physique, 1984, 45 (8), pp.1391-1399.
�10.1051/jphys:019840045080139100�. �jpa-00209878�
Comparaison des propriétés thermodynamiques des films d’éthylène adsorbés sur nitrure de bore et graphite
C. Bockel, J. Menaucourt et A. Thomy
LARIGS, Laboratoire Maurice Letort du CNRS, Laboratoire associé à l’Université de Nancy I, B.P.104, 54600 Villers-les-Nancy, France
(Rep le 2 fevrier 1984, révisé le 28 mars, accepti le 16 avril 1984)
Résumé. 2014 Les propriétés thermodynamiques du film d’éthylène sur nitrure de bore ont été déterminées par volu- métrie entre 87 et 120 K. Elles sont comparées à celles du film du même gaz adsorbé sur graphite et étudiées pré-
cédemment
Il ressort des isothermes d’adsorption que sur la face de clivage des deux solides considérés le film d’éthylène
a un comportement analogue : diagrammes de phases 2D relatifs à la première couche certainement semblables ; transition du 1er ordre du type « gaz-liquide » en 2e, 3e,... couches dès la température où celles-ci se forment ; nombre croissant de couches lorsque l’on augmente la température.
Abstract. 2014 The thermodynamic properties of ethylene film on boron nitride have been determined by volumetric
method between 87 and 120 K. The results have been compared to those obtained previously with the same gas adsorbed on graphite.
From the adsorption isotherms, the ethylene film has been shown to present a similar behaviour on the cleavage
face of the two solids considered : 2D phase diagrams corresponding to the monolayer certainly of the same type ; first order « gas-liquid » transition in second, third, ... layers ; a finite number of layers below the saturation vapour pressure which increases with temperature.
Classification
Physics Abstracts
61. 50C - 64. 70
61.50C
201364.70
1. Introduction.
Plusieurs etudes comparatives de films physisorb6s
sur nitrure de bore et graphite ont d6ji 6t6 effectu6es ;
elles concement notamment les films de krypton et
xenon [1], de methane [2], de monoxyde d’azote [3],
de benzene et cyclohexane [4, 5].
Dans le pr6sent article, nous comparons les pro-
pri6ths des films &6thyl6ne adsorbés sur ces memes substrats, propri6ths déterminées par volum6trie dans
tout le domaine de sous-saturation, plus prccis6mcnt
entre 10-4 torr et la pression de vapeur saturante de
1’adsorbat.
11 a 6t6 montr6 que le film d’ethylene adsorb6 sur graphite pr6sentait la particularit6 d!etre constitu6
d’un nombre fini de couches augmentant avec la temperature [6, 7]. Nous nous sommes demande si cette particularite qui constitue un exemple int6ressant pour une meilleure compr6hension du mouillage et de l’épitaxie, se retrouvait sur nitrure de bore.
Avant de presenter les r6sultats que nous avons obtenus sur ce demier adsorbant et de les comparer à ceux relatifs au graphite, nous précisons les conditions
experimentales dans lesquelles ils ont 6t6 acquis et
donnons les caract6ristiques du nitrure de bore utilise.
2. Details expirimentaux
Les r6sultats pr6sent6s par la suite consistent en des r6seaux d’isothermes d’adsorption determines entre 87 et 120 K.
2.1 APPAREILLAGE ET mtTHoDE UTILISES POUR LA
DETERMINATION DES IS01HERMES. - Les isothermes
ont 6t6 d6termin6es en statique, avec le meme appareil
muni des memes manom6tres et cryostat que celui ayant servi i l’étude du couple 6thyl6ne-graphite [7].
Comme dans cette 6tude, les pressions mesur6es a la
temperature ambiante ont 6t6 corrigees de 1’effet d’entrainement par la vapeur de mercure et de reSet d’effusion thermique au moyen des relations de Rambeau [8] et de Genot [9] respectivement.
2.2 ETHYLhm. - L’6thyl6ne utilise nous a 6t6 fourni
par la Societe l’ Air liquide avec une puret6 de 99,99 %. Nous avons mesur6 sa pression de vapeur
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:019840045080139100
1392
saturante Po a des temperatures inf6rieures a celle de son point triple ( T 104 K). Les valeurs trouv6es 6taient en bon accord avec la relation suivante
précédemment 6tablie [10] :
L’6thyl6ne cristallise dans le syst6me orthorhom- bique avec pour param6tres : ao
=4,87 A, bo
=6,46 A,
co = 4,14 A. Nombre de molecules par metre carr6 dans le plan (110) de densite maximale : 5,97 x 1018 [11].
2. 3 NITRURE DE BORE. SA CARACTTRISATION PAR L’ISO-
THERME DE KRYPTON A 77,3 K.
-Le nitrure de bore
utilise a 6t6 fourni par la Soci6t6 « Le Carbone Lorraine ». Nous 1’avons d6gaz6 pendant trois heures
sous un vide inferieur a 10-3 torr a environ 850 °C,
car des etudes ant6rieures ont montre que dans ces
conditions on avait les meilleures garanties de proprete
et d7uniformit6 de la surface [12].
L’isotherme de krypton a 77,3 K que nous avons
d6termin6e sur cet 6chantillon (Fig. 1) pr6sente quatre marches. Cependant la quatriemc marche est
anormalement « haute » ce qui peut s’expliquer par
Fig. 1.
-Isotherme d’adsorption de krypton sur nitrure
de bore A 77,3 K. P : pression du gaz 3D en equilibrc avec
le film ; Po : pression de vapeur saturante A la temperature consid6r6e (1,72 torr); 0 : taux de recouvrement de la surface pris 6gal a 1 au point B1 situ6 au d6but du palier rectiligne precedant la deuxi6me marche. Quantite adsorb6
au point B1 : 7,8 x 1019 molécules. g-l.
[Adsorption isotherm of krypton on boron nitride at
77.3 K. P : pressure of the 3D gas in equilibrium with the film ; Po : saturating vapour pressure (1.72 torr at 77.3 K);
0 : surface coverage taken equal to 1 at point B 1 where the
first monolayer is complete. Adsorbed amount at point B1 :
7.8 x 1019 molecules. g-1.]
de la condensation intergranulaire qui est d’autant plus probable que l’on est proche de la pression de
vapeur saturante.
Remarque :
Concernant la formation de la premiere couche (premiere marche), recemment, Laheurte et al. [13]
ont mis en evidence dans l’isotherme de 78,3 K un
«accident net interpr6t6 comme correspondant
a une transition « commensurable-incommensurable »
et situ6 a une pression relative de 0,07. Une telle observation n’ayant jamais 6t6 faite auparavant (cf.
[1, 14-16]) nous avons examine attentivement la
partie consid6r6e de l’isotherme et n’avons trouv6 dans celle-ci aucun « accident » ou d6crochement
significatif. Ce point fera 1’objet d’un article separe.
3. Isothermes d’adsorption dlithyline sur nitrure de bore et leur interpretation.
Les figures 2, 3 et 4 reproduisent la plupart des iso-
thermes que nous avons d6termin6es.
3.1 CROISSANCE DU NOMBRE DE MARCHES QUAND LA TEMPERATURE s’tLtvE.
-Cette variation du nombre de marches ressort de la figure 2 sur laquelle sont repr6sent6es les isothermes completes d’ethylene à 87,0 et 116.7K. En effet, l’isotherme de 87,0 K ne
Fig. 2.
-Isothermes d’adsorption d’ethylene sur nitrure de
bore : (1) A 87,0 K, (2) à 116,7 K.. P,
=10,5 x 10-3 torr
a 87,0 K et 6,5 torrs a 116,7 K. Quantite adsorbee au point B1 : 6,25 x 1019 molecules, g-1.
[Adsorption isotherms of ethylene on boron nitride : (1) at 87.0 K, (2) at 116.7 K. Po
=10.5 x 10-3 torr at
87.0 K and 6.5 torrs at 116.7 K. Adsorbed quantity at Bi
point : 6.25 x 1019 molecules.g-’.]
Fig. 3.
-Evolution des isothermes d’absorption d’ethylene sur nitrure de bore dans le domaine de formation de la lre couche.
Sur cette figure, comme sur la suivante, L1 est le lieu du point d’inflexion de la marche dans le domaine supercritique. D’autre part, les quantit6s adsorb6es sont rapportées a celle adsorbée au point B 1 de l’isotherme de 116,7 K qui est de 6,25 x 1019 mole-
cules. g - 1. En fait, cette quantite est pratiquement constante dans tout le domaine de temperature explor6, en particulier
entre 105 et 120 K.
[Evolution of the ethylene adsorption isotherms on boron nitride in the first monolayer domain.
As on the following figure, the straight line A crosses the step at its inflexion point in the supercritic domain. The adsorbed quantities are reported with respect to that corresponding to the B 1 point of the 116.7 K isotherm (6.25 x 1019 molecules. g -1 ).
In fact, this quantity is approximatively constant in the whole temperature range considered.]
comporte qu’une seule marche, alors que celle de 116,7 K en comporte 3. Comme le laissait d6ji pr6voir
une etude exploratoire ant6rieure (cf. [7]), on a donc
affaire a une evolution du nombre de marches en
fonction de la temperature analogue a celle prece- demment mise en evidence sur graphite avec le meme
adsorbat [6].
3.2 CORRESPONDANCE MARCHE-coucHE. - Sur gra-
phite, il a 6t6 montre que les diff6rentes marches que comportent les isothermes &6thyl6ne aux plus hautes temperatures correspondent chacune a la formation d’une monocouche distincte (lre marche lre mono-
couche, 2e marche 2e monocouche, ...). Les argu- ments invoqu6s sont les suivants :
-
les differentes marches ont une hauteur compa-
rable ;
-
au point B1, le film a une compacit6 peu inf6-
rieure (moins de 7 %) a celle d’un plan (110) de densite
maximale du cristal 3D [6, 7].
Sur nitrure de bore, il en est sans doute de m8me,
mais cela ressort de fagon moins 6vidente des iso-
thermes du fait qu’elles sont plus alt6r6es par de la condensation intergranulaire et une proportion de
surface « laterale » nettement plus importante que dans le cas du graphite exfoli6 sur lequel ont 6t6
obtenus les r6sultats auxquels nous nous référons.
Cela explique, a notre avis, que la 3e marche soit anormalement « haute », comme 1’est la 4e de l’iso- therme de krypton de la figure 1.
Les deux premi6res marches sont non seulement
de hauteur plus faible, mais 6galement voisine. Par ailleurs, au sommet de la 1 re marche, plus pr6ci-
s6ment au point B1 qui marque le d6but d’un palier
rectiligne jusqu’au pied de la 2e marche, on a une
quantite d76thyl6ne adsorb6e 6gale a 0,80 fois celle de
1394
Fig. 4.
-Evolution des isothermes d7adsorption d76thyl6ne sur nitrure de bore dans le domaine de formation de la 2e couche.
[Evolution of the ethylene adsorption isotherms on boron nitride in the second layer domain.]
krypton adsorbee a 77,3 K sur un meme 6chantillon, soit :
au lieu de 0,82 ± 0,01 sur graphite exfoli6 (d7apr6s [7],
tableau I, chap. III).
On en d6duit que la monocouche d’ethylene
adsorbee sur nitrure de bore a une densite voisine de ce qu’elle est sur graphite, car il est probable que le rapport de 0,80 est peu affect6 par les h6t6rog6n6it6s
et que la densite de la monocouche de krypton à
saturation est voisine sur les deux adsorbants consi- d6r6s.
3.3 POINTS CRITIQUES.
-Nous donnons, tableau I,
les coordonn6es des points critiques relatifs aux
Ire et 2e couches d’éthylène adsorbées sur nitrure de
bore. Ces donn6es sont d6duites des r6seaux d’iso- thermes repr6sent6s figures 3 et 4.
Les taux de recouvrement critiques correspondent
aux points d’inflexion des isothermes. Ils sont a priori plus altkr6s par les h6t6rog6n6it6s du substrat que les
temperatures et les pressions critiques.
La temperature critique correspond a la cassure
de la courbe (D log PION)T vs. T, P 6tant la pression
du point d’inflexion ou de la partie « verticale » de la
marche (cE [17]).
La pression critique correspondante est d6duite
des relations log P vs. 1 / T donn6es § 3.5.
Nous ne fournissons pas les coordonn6es critiques
de la 3e couche, car la partie correspondante des
isothermes est probablement tr6s althr6e comme nous
ravons d6ji fait remarquer § 2. 3. Il est vraisemblable que la temperature critique soit voisine de celle
(TC2) de la 2e couche.
Les valeurs obtenues sont compar6es tableau I, A celles déterminées ant6rieurement sur graphite.
Il est A souligner que les temperatures critiques sont
tr6s voisines sur les deux adsorbants consid6r6s,
comme pour les films de x6non et de methane (cf.
[1, 2]). Par ailleurs, on a affaire a des rapports T,(2D)/T,(3D) de 0,4 proches de ceux relatifs A la
premiere couche non seulement de xenon et de methane, mais 6galement d!6thane (tableau II). Or, on sait par des etudes structurales que les points critiques
des monocouches de ces trois demiers gaz caract6risent des phases liquides 2D (cf. [18 1 23]). Il en est donc
sans doute de meme des points critiques relatifs à
r6thyl6ne.
Tableau I.
-Coordonnées des points critiques des Ire et 2e couches dithylene adsorbies sur nitrure de bore et graphite.
[Critical coordinates of the first and second layers of ethylene adsorbed on boron nitride and graphite.]
(Tc
=temperature, P,
=pression, 0, taux de recouvrement critiques).
(*) Le pr6sent travail.
[(Tc, Pc and Oc are the critical temperatures, pressures and surface coverages).
(*) This work.]
Tableau II.
-Rapports T c(2D)/T c(3D) relatifs à la premiere couched’ethylene, xinon, methane et ithane adsorbée
sur nitrure de bore et graphite.
[T,(2D)/T,,(3D) ratio corresponding to the first monolayer of ethylene, xenon, methane and ethane adsorbed
on boron nitride and graphite.]
(*) Le pr6sent travail.
Tc (3D)
=282,7 K pour 1’ethylene,
=
289,8 K pour le xenon,
=
190,7 K pour le methane,
=
305,5 K pour r6thane. Le rapport T,(2D)/T,(3D) relatif A la deuxième couche d76thyl6ne est de 0,41 sur nitrure de bore et 0,42 sur graphite.
[(*) This work.
Tc (3D)
=282.7 K for ethylene,
=
289.8 K for xenon,
=
190.7 K for methane,
=
305.5 K for ethane. The Tc(2D)/Tc(3D) ratio value corresponding to the second layer of ethylene is 0.41 on
boron nitride and 0.42 on graphite.]
3.4 POINTS TRIPLES.
-
Cas de la monocouche.
Nous avons observe :
-
une cassure vers 102 K dans la courbe
log P vs. 1/T donnant la variation de la pression de
transition en fonction de la temperature (Fig. 5);
-
un « accident » dans les isothermes vers 120 K
qui passe inaperru quand on abaisse la temperature
de quelques degr6s seulement (Fig. 6).
Ces observations tendent £ montrer que celles
précédemment faites sur graphite (ct: [7] et Figs. 5 et 6)
sont significatives et traduisent les memes ph6nom6nes.
Quelle interpretation peut-on en donner ?
Des études structurales recentes montrent que sur
graphite, la monocouche d76thyl6ne est un liquide 2D
1396
Fig. 5.
-Courbes log10 P (torr) versus lIT donnant la
variation en fonction de la temperature de la pression de
transition ou du point d’inflexion des lre, 2e et 3e marches
(i
=l, i = 2 et i
=3) et de la pression de vapeur saturante
(i
=0). Les points exp6rimentaux proviennent des iso-
thermes representees figures 2, 3 et 4 et de determinations obtenues par des balayages en temperature i 0 quasiment
constant, dans les marches ou au niveau de leur point
d’inflexion. t(3D)
=point triple 3D. En pointill6s, la
courbe correspondant A la monocouche d76thyl6ne adsorbee
sur graphite ainsi que 1’echelle 10glo P (torr) correspon- dante.
[Dependence of IOg10 P (torr) vs. I/T for the transition pressure or the inflexion point pressure of the 1 st, 2nd and 3rd steps (i
=1, 2 and 3), and for the saturating vapour pressure (i
=0). t(3D)
=3D triple point (103.7 K). Dotted lines : curve relative to the ethylene monolayer adsorbed
on graphite and corresponding log10 P (torr) scale.]
des 68 K [24-26]. Cette temperature correspond vrai-
semblablement a un point triple 2D. Dans ces condi- tions, on peut penser que la cassure observ6e dans les courbes log P vs. 1 / T (Fig. 5) reflete une modification de la nature du liquide (par exemple : molecules se deplacant a plat en dessous de 102 K et de fagon quelconque au-dessus de cette temperature). Quant à I’accident dans les isothermes (Fig. 6) il pourrait correspondre a une transition « liquide-solide », 6tant
donne qu’il se manifeste au voisinage du compl6tement
Fig. 6.
-Region du point B1 dans les isothermes d’adsorp-
tion d’ethylene sur nitrure de bore et graphite aux environs
de 120 K. (1) : isotherme de 119,7 K obtenue sur nitrure de bore. (2) : isotherme de 123,9 K d6termin6e sur graphite (d’apres [7]).
[B1 point region in the ethylene adsorption isotherms on
boron nitride and graphite. (1) on boron nitride at 119.7 K.
(2) on graphite, at 123.9 K (after [7]).]
de la monocouche et que celle-ci a une compacit6 probablement voisine de celle d’un plan de densit6
maximale du cristal 3D (cf. § 3 .2). Mais on comprend
mal que cette transition devienne plus continue quand on abaisse la temperature, alors que c’est l’inverse qui se produit pour toutes les transitions
« liquide-solide » observ6es jusqu’ici. Ce point reste
a élucider.
-