Communauté de paroisses du pays de St Ludan Le baptême du Christ

Communauté de paroisses du pays de St Ludan

Le baptême du Christ

Exhortation

Avec la nouvelle année, il était de tradition – mais que valent encore les traditions – de refaire le stock de bonnes résolutions ; celles de terminer tous les chantiers inachevés et celles de s’atteler aux tâches qui sont en projet depuis longtemps. Nous sommes souvent de super activistes qui tirent satisfaction de ce que nous avons réussi à mener à bien. Avec cette tendance bien ancrée en nous de vouloir prévoir, planifier, organiser, maîtriser.

Or, l’époque que nous traversons nous apprend que tout n’est pas prévisible, maîtrisable et que nous sommes confrontés à de l’imprévu, à des épreuves, à des circonstances que nous vivons comme autant de contrariétés. Sous l’effet d’un confort recherché et de notre fort désir de sécurité, nous avons peut-être oublié, désappris que la vie était une aventure à risques. Et si être confronté à des obstacles, avoir à surmonter des échecs, à traverser des deuils faisait de nous des personnes plus sereines, plus lumineuses ?

Les humains sont beaux lorsqu’ils font face et que demeure intacte en eux l’envie d’entreprendre, d’essayer encore et toujours, de tendre vers ce qui est d’abord vu comme inatteignable. Il y a plus grand et plus vaste que nos univers parfois étriqués et rapetissés. Il y a plus profond que les envies que nous essayons de combler en consommant à tout crin. Prendre le large, voilà ce qu’il faut se souhaiter.

Prière

Père du silence et de la Parole féconde,

Tu désignes pour nous, Jésus comme ton Fils bien-aimé qui fait toute ta joie.

Que ton Esprit nous ouvre à ce mystère du Christ ton Serviteur et notre Sauveur.

Donne-nous de nous attacher à lui et de nous laisser conduire par sa Parole, aujourd’hui, demain et pour l’éternité.

A toi notre louange et notre action de grâce pour les siècles des siècles.

PREMIÈRE LECTURE

« Venez, voici de l’eau ! Écoutez, et vous vivrez » (Is 55, 1-11)

Le prophète appelle ses auditeurs à apprécier ce que Dieu nous donne pour soutenir la vie.

Lecture du livre du prophète Isaïe Ainsi parle le Seigneur :

Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau !

Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer,

venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer.

Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ?

Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses, vous vous régalerez de viandes savoureuses !

Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez.

Je m’engagerai envers vous par une alliance éternelle : ce sont les bienfaits garantis à David.

Lui, j’en ai fait un témoin pour les peuples, pour les peuples, un guide et un chef.

Toi, tu appelleras une nation inconnue de toi ; une nation qui ne te connaît pas accourra vers toi, à cause du Seigneur ton Dieu,

à cause du Saint d’Israël, car il fait ta splendeur.

Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver ; invoquez-le tant qu’il est proche.

Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées !

Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu

qui est riche en pardon.

Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur.

Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre,

autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées.

La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, donnant la semence au semeur

et le pain à celui qui doit manger ; ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission.

CANTIQUE

(Is 12, 2, 4bcd, 5-6)

R/ Exultant de joie, vous puiserez les eaux
aux sources du salut ! (Is 12, 3) Voici le Dieu qui me sauve :

j’ai confiance, je n’ai plus de crainte.

Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ; il est pour moi le salut.

Rendez grâce au Seigneur, proclamez son nom,

annoncez parmi les peuples ses hauts faits ! Redites-le : « Sublime est son nom ! »

Jouez pour le Seigneur, il montre sa magnificence, et toute la terre le sait.

Jubilez, criez de joie, habitants de Sion,

car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël !

DEUXIÈME LECTURE

« L’Esprit, l’eau et le sang » (1 Jn 5, 1-9)

Lecture de la première lettre de saint Jean Bien-aimés,

celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu ;

celui qui aime le Père qui a engendré aime aussi le Fils qui est né de lui.

Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu

et que nous accomplissons ses commandements.

Car tel est l’amour de Dieu : garder ses commandements ;

et ses commandements ne sont pas un fardeau, puisque tout être qui est né de Dieu

est vainqueur du monde.

Or la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi.

Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit

que Jésus est le Fils de Dieu ? C’est lui, Jésus Christ,

qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau,

mais avec l’eau et avec le sang.

Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité.

En effet, ils sont trois qui rendent témoignage, l’Esprit, l’eau et le sang,

et les trois n’en font qu’un.

Nous acceptons bien le témoignage des hommes ; or, le témoignage de Dieu a plus de valeur,

puisque le témoignage de Dieu, c’est celui qu’il rend à son Fils.

ÉVANGILE

« Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie » (Mc 1, 7-11)

Voyant Jésus venir à lui, Jean déclara :

« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. » Alléluia. (Jn 1, 29)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc En ce temps-là,

Jean le Baptiste proclamait :

« Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales.

Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » En ces jours-là,

Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain.

Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer

et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe.

Il y eut une voix venant des cieux :

« Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »

Homélie

En très peu de mots, l’évangéliste Marc nous raconte la venue de Jésus auprès de Jean-Baptiste, sa descente dans les eaux du Jourdain et ce qui s’est produit pour lui et en lui après son baptême. Nous sommes frustrés. Nous aurions aimé en savoir plus sur la rencontre et les échanges entre Jésus et Jean-Baptiste. Comment se sont-ils situés l’un par rapport à l’autre ? Nous voyons bien que Jésus n’est pas entré dans le mouvement de Jean- Baptiste, qu’il ne s’est pas retiré comme lui dans un lieu désert et il est probable qu’il n’ait jamais pratiqué de baptême.

La seule chose que nous apprenons c’est que de sa rencontre avec Jésus, Jean- Baptiste a déclaré : « Voici venir derrière moi, celui qui est plus fort que moi. » C’est une manière de dire : moi, je ne suis que le précurseur, l’annonciateur. Son rôle a été de sensibiliser, d’appeler tout un peuple à se préparer à des temps nouveaux. Belle démarche parce que l’annonciateur est toujours appelé à s’effacer une fois sa mission achevée. C’est maintenant le temps de Jésus.

Lui, nous le voyons d’abord descendre dans le Jourdain, se mêlant à ceux qui reconnaissent leurs péchés et qui se font plonger dans ses eaux. Accomplir un rite est essentiel pour marquer une étape dans un cheminement intérieur. Nous sommes des êtres incarnés et nous avons besoin de signifier à l’extérieur de nous ce qui se passe à l’intérieur.

Il en va ainsi de tout geste initiatique, de gestes qui marquent un commencement, une entrée en matière. C’est le cri « Partez » qui annonçait autrefois le début d’une course, le top départ. Celui qui pratique un geste initiatique sait qu’il est entré dans une nouvelle étape de sa vie. Dans une existence humaine il y a bien plus que revenir sur ses fautes passées.

Ce qui se passe avec Jésus nous est raconté avec les expressions dont usent les gens de la Bible : « Il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. » C’est un langage codé. Isaïe, le prophète s’était écrié : « Cieux, distillez d’en haut votre rosée, que, des nuages, pleuve la justice, que la terre s’ouvre, produise le salut, et qu’alors germe aussi la justice. Moi, le Seigneur, je crée tout cela. » Is 45, 8. Traduisons : ce serait un vrai bonheur, si le juste pouvait venir de la part de Dieu et nous sortir de la situation désastreuse dans laquelle nous sommes. Pour Marc, Jésus est ce juste. Avec lui les cieux sont ouverts. L’Esprit qui repose sur Jésus va le guider dans sa mission.

Mais il y a encore plus. Une parole décisive : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » C’est une parole qui lance dans la vie, qui permet de prendre le large en étant intérieurement fortifié. Car Jésus va devenir l’homme du dehors, là où l’on est confronté aux grands défis de l’existence humaine : la confrontation avec des gens qui sont prisonniers d’eux- mêmes, de ceux qui ont peur de tout, de ceux qui peinent sous le poids de la maladie ou de l’âge, ceux qui trichent et qui trahissent… Le grand dehors est le lieu des combats où l’on risque de tomber, de se laisser aller au découragement, à la désespérance. Nous avons tous besoin de demander à l’Esprit qu’il nous permette de tenir debout dans la vie et de vivre de manière juste.

Prière universelle

Nous pouvons prier

- pour les enfants qui seront baptisés au cours de l’année, pour les jeunes en chemin vers le sacrement de la confirmation et pour ceux qui les accompagnent…

- Pour l’Eglise chargée de porter fidèlement la Parole de Dieu en la vivant d’abord elle-même.

- Pour ceux qui n’arrivent pas à dire une parole profonde et personnelle et qui vivent seulement de leurs envies et de leurs émotions…

- Pour ceux dont c’est le métier de communiquer, pour qu’ils mettent leur savoir-faire au service d’une information juste…

- Prions pour ceux qui répandent de fausses nouvelles et qui répandent des thèses erronées, sans aucune preuve…

Notre Pèr e

Bénédiction

Que Dieu, le Père qui nous a révélé son Amour par Jésus son Fils bien-aimé et qui a fait reposer sur lui l’Esprit qui sanctifie, nous bénisse et nous garde…

Pour continuer la méditation avec une œuvre d’art

Les représentations du baptême de Jésus mettent souvent en scène le moment où Jésus est dans le Jourdain. Certaines, tardives, montrent même Jean-Baptiste en train de verser de l’eau sur la tête de Jésus, faisant ainsi le lien avec une des formes du baptême de l’Eglise.

L’illustration ci-dessous est tirée du « Psalterium Ingeburgae reginae », le psautier en latin et en français de la reine Ingeburge. On datait ce Codex en parchemin de l’année 1193, année du mariage de Philippe Auguste et Ingeburge. Mais on a conclu à une datation plus tardive, vers 1215-1218. Il est conservé au musée Condé à Chantilly. On est étonné du style très moderne de ses illustrations.

Jésus dont la tête est entourée d’un nimbe (un disque de lumière) avec la croix, est au centre de la scène. Jean-Baptiste, vêtu de poils de chameau, est vu de côté. Il ne fait que désigner par un geste de bénédiction la nuée de laquelle descend la colombe qui touche le nimbe du Christ. La présence de poissons et de plantes le long du fleuve souligne la fécondité de ses eaux.

La posture de Jésus tournant le dos à Jean-Baptiste montre en quelque sorte qu’il va le quitter. D’ailleurs le verset suivant l’évangile de ce dimanche nous dit que l’Esprit a chassé Jésus au désert, alors que la colombe qui le symbolise, signifie création et paix.

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