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"Les tâches comptables automatisées? Demain matin toutes."

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Le système

universel est fort louable

"Les tâches comptables automatisées ? Demain matin toutes."

12/12/2019

Retrouvez chaque semaine notre interview sur un sujet d'actualité.

Réforme des retraites, enjeux du numérique pour les cabinets comptables, gestion des

compétences des collaborateurs, loi Pacte, etc. Laurent Chapart, président de Cogep, livre son point de vue.

Quel est votre sentiment sur le projet de réforme de retraite

notamment sur ses enjeux potentiels pour la profession comptable ? (*)

Je ne suis pas sûr qu’il y ait un gros enjeu spécifique pour la profession comptable.

C’est un enjeu national qui est bien plus large que celui de notre seule profession même s’il peut y avoir un impact pour nous en termes de conseil et d’application, comme pour mille et une autres choses dans notre métier. Les changements législatifs sont notre pain quotidien. Pour revenir sur le sujet lui-même de cette ambition politique, je ne sais pas si je suis le plus à même pour en parler. En tant que citoyen, je considère que c’est une disposition utile sinon indispensable. Mais il est difficile d’en parler car nous n’avons que des bribes d’informations très

parcellaires qui sont manipulées dans tous les sens. Je pense qu’on va en savoir plus dans la semaine. Et puis comme toujours, comme le diable se cache dans les détails, j’ai pour habitude de me garder d’un avis trop rapide et trop définitif sur les grandes déclarations d’intention politique de nos gouvernants.

En revanche, le système universel est fort louable même s’il devrait quand même être peut-être adapté ou amendé. Le professeur [Pierre] Rosanvallon disait ce week-end que dans le passé les régimes spéciaux étaient destinés à compenser de la pénibilité au travail, ce que personne ne contestait à l’époque. Cette pénibilité au travail s’est sans doute déplacée. Il faudra à un moment donné trouver une voie pour arriver à compenser cela. Un maçon qui travaille pendant 40 ans dehors et qui doit trainer des sacs de ciment et déplacer des parpaings se fatigue plus qu’un chauffeur de TGV et davantage qu’un cadre supérieur.

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L’idée de bâtir un système de retraite relativement proche quelles que soient les familles de travailleurs, c’est-à-dire qui concerne à la fois les salariés, les non-salariés et les fonctionnaires, vous semble-t- elle souhaitable ?

Oui, pour moi c’est souhaitable même si cela réclamera malgré tout des adaptations.

Il y a un grand nombre de régimes différents. Il est temps de tourner un peu la page et de remettre un peu d’ordre. Nous sommes tous les mêmes travailleurs au final.

Autre sujet qui concerne votre profession, et d’autres, c’est celui du numérique. Derrière ça il y a beaucoup de choses : l’intelligence artificielle, la relation entre les cabinets comptables et les clients, avec notamment le modèle des cabinets 100 % en ligne qui semble aujourd’hui marginal, etc. Quelle est votre vision sur le sujet du numérique pour la profession comptable ?

Je ne sais pas si la partie comptabilité en ligne va rester marginale. L’histoire le dira.

Ce qui est sûr, c’est que ce sont deux métiers différents. Et il y a la place pour

chacun. Je ne pense pas que la comptabilité en ligne ne sert à rien et disparaîtra. Ca répondra à certains besoins d’un certain nombre d’entreprises. Il y a des cabinets en ligne qui se développent bien. Je sors de chez l’un d’entre eux. Je revendique le fait que le métier se segmente et il va continuer à se segmenter encore plus.

Quelle différence fondamentale faites-vous entre les cabinets 100 % en ligne et les autres ?

Je vais répondre en revenant sur la première partie de votre question sur l’évolution du métier. Je considère d’abord que nos outils vont beaucoup évoluer. Nous sommes à la recherche d’outils très différents de ce qui existe sur le marché avec la mise en œuvre de beaucoup d’intelligence artificielle. Cela ne veut pas dire pour autant qu’on va faire de la comptabilité en ligne avec ça. Quand on parle de comptabilité en ligne, c’est la comptabilité avec laquelle grosso modo on a qu’un minimum

d’échanges avec son client. Le client assure avec cela l’obligatoire. Il fait autrement pour le reste.

Dans les cabinets, et c’est que nous sommes en train de faire dans le nôtre, il faut beaucoup travailler le sujet de l’appréhension du traitement du dossier avec des outils très différents de ce qui existe. Dans cinq ans, on aura des outils qui

réclameront beaucoup moins d’intervention humaine. Mais ça ne veut pas dire qu’on va mettre tout le monde dehors et que le métier va disparaître. Le métier va se déplacer comme il s’est déjà déplacé il y a quelques décennies quand on a découvert l’informatique. Nous sommes montés en compétences et en gamme. Je suis

convaincu que c’est ce qu’il faut qu’on fasse et c’est ce qu’on va faire. Et en se

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La tenue, c’est un combat d’arrière- garde

même. Il y a quand même encore beaucoup d’entreprises et de chefs d’entreprise qui ont besoin de mille et une autres choses que de faire une comptabilité et puis même une liasse fiscale. Cela va être de plus en plus un produit d’entrée mais rien d’autre.

Donc nous, nous travaillons beaucoup la montée en compétences de plus en pointues et de plus en plus larges. Des postes dans le métier pur de comptable disparaîtront mais ces collaborateurs là on va les transformer. Et puis certains partiront en retraite et seront remplacés par des collaborateurs qui appréhenderont les tâches un peu différemment. Ce sujet ne me fait pas autant peur que ça. Ce qu’il faut c’est anticiper et ne pas prendre le mur à 200 km/h.

Avez-vous aujourd’hui une vision claire des tâches comptables susceptibles d’être automatisées ?

Les tâches comptables automatisées ? Demain matin toutes. Mais qu’on se comprenne bien, je dis comptables.

Quand vous dîtes toutes c’est la tenue…

La tenue, c’est un combat d’arrière-garde. Dans quelques temps ça n’existera quasiment plus. Il restera en tenue 10 % de ce qu’on fait aujourd’hui.

Quand on réalisait tout à la main, c’était beaucoup plus long que quand on a été informatisé. Mais on n’a pas [fait disparaître] tous ces collaborateurs-là. Au fur et à mesure, on leur a appris à faire d’autres choses. Comme les contraintes des

entreprises sont de plus en plus larges et complexes, cela nécessite des prestations de services qui y répondent.

Concrètement, que sont ces prestations que vous demandent les entreprises qui,  je dirai pour simplifier, sortent de la comptabilité ?

En fait, rien ne sort de la comptabilité. Moi la comptabilité je ne sais pas ce que c’est.

Je n’ai jamais fait de la comptabilité en tant que tel. C’est un vieux sujet. On ne fait pas de comptabilité, on est prestataire de services pour des entreprises.

Accessoirement on commence avec de la comptabilité et puis on fait plein d’autres choses. On fait de la fiscalité, du social, de la gestion de patrimoine, de la

prévoyance pour les chefs d’entreprise, du courtage en crédit, du droit des sociétés.

Quand on prône l’interprofessionnalité et la pluri-disciplinarité, on répond à des besoins très larges des entreprises.

Comment expliquez-vous que dans l’ensemble l’essentiel du chiffre d’affaires de votre profession repose encore sur des missions

traditionnelles ?

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Des

collaborateurs traditionnels comptables vont apprendre à être analystes conseils

La lecture est plus complexe. Et ce n’est pas si facile que ça à quantifier. Je vais vous donner un exemple. Quand j’ai un client en face de moi qui vient pour parler de ses comptes, quel est le moment où je parle de comptabilité et le moment où je parle de fiscalité, de social, de son patrimoine personnel, etc. ? En fait, on ne sait pas faire la différence entre tout ça parce que quand on voit le client c’est toujours une

appréhension globale de sa problématique. Dire que la comptabilité c’est l’essentiel, non. En même temps, il est difficile de dire c’est quoi la partie fiscalité, c’est quoi la partie sociale. En fait, la comptabilité toute seule n’est rien. Quand on passe une écriture comptable et qu’on récupère de la TVA, c’est de la comptabilité ou de la fiscalité ?

Comment faites-vous ou allez-vous faire pour qu'évoluent les compétences de vos collaborateurs ?

Par exemple nous avons créé une école qui donnera une formation pendant un an. Une vingtaine de collaborateurs sont candidats. Ce sont des

collaborateurs traditionnels comptables qui vont apprendre à être analystes conseils. Autrement dit, faire l’analyse sur le dossier d’autres besoins

nouveaux précis des clients dont on ne s’occupe peut-être pas suffisamment parce qu’on est pris par le temps. Pour y déceler des services complémentaires. Donc on déplace des collaborateurs comptables vers des métiers pluridisciplinaires. Ce ne sont pas des commerçants, ce sont des analystes.

Ils ne sont pas là pour décrocher le téléphone pour vendre des missions. Ils sont là pour aller, avec les autres collaborateurs, avec leur responsable ou avec le client, voir s’il y a des besoins qu’on ne prend pas le temps de bien explorer. Cela peut porter sur de la prévoyance, de la gestion de patrimoine, du droit des affaires, etc.

Cela va être diplômant bac + 3.

Un cabinet me parlait du sujet de la gestion des flux c'est à dire de plus en plus de flux à gérer dans les cabinets et probablement pendant un moment des flux qui vont revêtir plusieurs formes avec des documents papiers, des documents électroniques qui peuvent être envoyés par mail ou via une box spéciale électronique, etc. Faut- il recruter des personnes spécialisées dans la gestion des flux ?

J’ai un sentiment un peu partagé à ce sujet. Aujourd’hui, sur l’appréhension des données numériques, les choses comme les box sont encore fort utiles mais ça va être vite dépassé. Quand on va en être, et ça s’approche, à la facture électronique le problème sera traité. L’acquisition de données est faite une fois qu’on a récupéré l’information de la banque et qu’après on va avoir la facturation numérique. Ca ne

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L’acquisition des données, c’est un combat qui est presque dépassé

veut pas dire qu’il ne faut pas avoir des gens au cabinet qui maîtrisent ça au début mais aujourd’hui l’acquisition de données auprès des banquiers n’importe qui fait. Je pense en revanche beaucoup plus à l’utilisation des données. Ca c’est un vrai sujet.

Ce qui rejoint ce que vous disiez il y a quelques minutes au sujet du métier d’analyse conseil ?

Exactement. L’acquisition des données, c’est un combat qui est presque dépassé. On n’en est pas là mais ça va aller à une vitesse folle. La facture

électronique, on nous l’impose dans pas longtemps.

C’est pour 2021.

Pour les relations entre entreprises, c’est au plus tôt en 2023.

Oui mais une fois que ca va être lancé cela va aller très vite. Une fois qu’on a le protocole, 80 % des factures arriveront toutes seules. Il restera quelques gaulois qui traineront les pieds. Toutes les grosses entreprises vont le faire avec empressement.

Quel est votre avis sur la loi Pacte en ce qui concerne les impacts pour votre profession ?

On est en train maintenant de vraiment commencer à mesurer l’effet d’abord des missions complémentaires. Certaines disparaissent d’autres vont se créer. Dans notre cabinet il n’y a pas d’effet aussi dramatique que ça. Et comme la disparition des mandats s’étale sur 6 ans, ça permet d’amoindrir l’impact. Il y a aussi plein de sociétés qui vont entrer, des petits groupes. Chez Cogep il n’y a pas un impact énorme.

Avez-vous une idée à terme, c’est-à-dire d’ici 6 ans, de l’impact de la loi Pacte sur le chiffre d’affaires de Cogep ?

C’est de l’ordre de un million d’euros mais sans compter les missions

complémentaires qui vont entrer. Donc si l’impact est de 200 000 ou 300 000 euros, sachant que l’on fait 120 millions d’euros de chiffre d’affaires et que cela s’étale sur 6 ans, on va y arriver. On s’aperçoit qu’il y a un certain nombre de petits groupes pour lesquels on perd la fille mais pour lesquels on récupère la mère. Il y a une multitude de petites choses comme ça. Mais il y a des confrères où les enjeux sont très lourds.

Quel est votre point de vue sur les évolutions autour de

l’élargissement des services non audit, c’est-à-dire de l’évolution de

la séparation entre l’audit et le conseil en tous cas pour les entités

qui ne sont pas d’intérêt public ?

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Propos recueillis par Ludovic Arbelet Je demande à voir avec intérêt parce que je ne sais pas comment la frontière va réellement se dessiner. Mes camarades chez les Big, il y a un petit moment qu’ils pratiquent ça, sans vouloir dire de mal d’eux. Aujourd’hui, la notion reste un peu floue pour savoir à quel endroit va se trouver la ligne de démarcation. Mais quand on s’en tient au fond du métier de commissaire aux comptes, normalement, comme il y a incompatibilité quand on fait des missions par ailleurs, je ne vois pas en quoi cela devrait ouvrir les vannes. Sinon on n’y comprend plus rien.

(*) Cette interview a été réalisée lundi 9 décembre 2019, c’est-à-dire avant la présentation du projet de retraite par le Premier ministre le 11 décembre 2019 au Cese (conseil économique, social et environnemental).

Ecrit par

Propos recueillis par Ludovic Arbelet

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