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Les pays émergents en zone dangereuse Les jeunes de moins de 30 ans, deux ans après le début de la crise sanitaire

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Academic year: 2022

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L’édito de la semaine

 Pour sortir de la diagonale du fou Le Coin de l’épargne

 L’emploi américain mine les marchés

 La hausse raisonnable des taux de la FED

 Le tableau des marchés de la semaine

 Les Français et leur patrimoine Le Coin de l’économie

 France, la productivité ne fait pas tout !

 La lutte contre l’inflation et l’écueil de la crise des dettes souveraines

 Comment les États ont-ils réduit dans le passé la dette publique ? C’est déjà hier

 L’emploi, toujours en hausse en France

 Le taux de chômage à 6,8 % dans la zone euro

 La production industrielle, toujours en panne en France

 Economie de la Corse, de la croissance mais un rattrapage insuffisant Le Coin des tendances

 Les pays émergents en zone dangereuse

 Les jeunes de moins de 30 ans, deux ans après le début de la crise sanitaire Le Coin des graphiques

 Poursuite de la baisse des immatriculations de voitures neuves en France

 Endettement des ménages en hausse en mars Le Coin de l’agenda économique

Le Coin des statistiques

LA LETTRE ÉCO N° 491 7 MAI 2022

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L’ÉDITO DE PHILIPPE CREVEL

Pour sortir de la diagonale du fou

La France serait un pays vertical qui aspirerait à l’horizontalité différenciante tout en prônant l’égalité absolue. La crise sanitaire a donné lieu, sur ce sujet, à d’épiques débats, le pouvoir central ayant été accusé en même temps de ne pas répondre prestement aux besoins de la population et de la régenter de manière excessive. Que ce soit pour les masques ou pour les confinements, quelques représentants locaux se sont essayés à suppléer à la défaillance supposée de l’administration centrale en ayant parfois recours à des mesures plus coercitives que cette dernière. Lors de cette crise, une règle est demeurée constante, l’État avait le devoir de rester le banquier en dernier ressort voire en premier.

Le combat jacobins/girondins est une antienne qui survit aux siècles. La verticalité puise ses origines dans la France de la monarchie absolue telle qu’elle a été mise en œuvre par Louis XIV pour éviter la réédition de la Fronde. Avec les guerres révolutionnaires et napoléoniennes qui ont duré de 1792 à 1815, la France, en conflit avec la quasi-totalité de ses voisins, s’est structurée autour de son armée.

L’administration civile est devenue un décalque de cette dernière. La Révolution contribua également au verticalisme français en récusant les corps intermédiaires avec les décrets d’Allarde et la loi Le Chapelier de 1791. Ces textes ont mis fin aux guildes, corporations et groupements. Ils ont bloqué, durant des décennies, l’émergence du syndicalisme. Les libertés locales ont été longtemps encadrées par crainte des émeutes ou révolutions, la population parisienne ne retrouvant ainsi la possibilité d’élire son maire qu’en 1977.

En France, de longue date, l’État est le point de convergence de toutes les demandes et de toutes les frustrations. Toute revendication légitime ne peut s’exprimer qu’à son encontre. Tout se doit de remonter au sommet. Face à l’absence d’un médecin sur son territoire rural, il y a quelques années, un maire interpella directement le Président de la République… Si la subsidiarité est souhaitée par un grand nombre d’acteurs, elle signifie non pas l’acceptation des différences mais le meilleur traitement, les meilleures prestations pour toutes et tous. Les droits, les prestations se doivent d’être uniformes de Brest à Strasbourg et de Marseille à Lille…

La France des régions, des territoires rejetterait sa capitale qui serait myope à leurs problèmes, à leurs spécificités. La décentralisation engagée depuis 1982 n’a pas changé la donne, les élus locaux accusant le pouvoir central de transférer des charges tout en conservant la réalité du pouvoir normatif. Ils estiment, par ailleurs, que ces transferts ne sont pas assortis de compensations financières suffisantes. L’État, de son côté, ne manque pas de souligner que le montant des dotations au profit des collectivités n’a jamais été aussi élevé. Cette décentralisation a répondu à des objectifs de gouvernance politique et non à des objectifs de gestion réelle de certaines tâches.

Elle n'a pas simplifié le mille-feuille administratif et à en diminuer le coût. Les rapports

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de forces entre les différentes strates de collectivités publiques expliquent la répartition des compétences organisées par les différentes lois ces quarante dernières années.

La France ne s’imagine pas fédérale. La peur du séparatisme et de frondes de provinces demeure vivace. Ce système comporte pourtant de nombreux avantages. Il repose sur une répartition claire des champs de compétences entre les différents acteurs avec l’octroi d’un pouvoir législatif de plein droit aux États fédérés. Pour éviter une divergence économique et sociale entre les régions, un puissant système de péréquation financière doit être institué. En prenant comme référence le PIB par habitant, les Länder allemands les plus riches sont ainsi amenés à participer au financement des plus pauvres. Les États fédérés étant responsables, ils ne peuvent pas, en contrepartie, demander en permanence des aides, des subventions, des dérogations à l’échelon central sauf en cas de circonstances exceptionnelles. En Allemagne, le fédéralisme fonctionne depuis 1949 sans de réels problèmes.

Cohabitent des États-villes comme Hambourg, des États pauvres de l’ancienne RDA et des États d’une taille et d’une richesse importante comme le Bad Württemberg. Le système fédéral est certainement plus exigeant que celui qui est en vigueur en France.

La voie du fédéralisme ne peut réussir sans une pratique consensuelle et mesurée de la politique tant locale que nationale. Face à la montée des revendications d’autonomie de certaines régions, cette solution de responsabilisation des acteurs publics locaux est une solution qui mériterait d’être étudiée.

Philippe Crevel

LE COIN DES ÉPARGNANTS L’emploi américain mine les marchés

Les bons résultats de l’emploi américain du mois d’avril ont entrainé un repli des indices « actions ». Ces résultats sont le signe que l’économie des Etats-Unis se portent bien et peut encaisser des hausses de taux de la part de la FED.

En avril, elle a créé 428 000 emplois dans le secteur non agricole, au-delà des 380 000 attendus. Ce résultat est identique à celui de mars (431 000). Le taux de chômage est resté stable à 3,6 % de la population active tandis que le salaire horaire moyen a augmenté de 0,3 % sur un mois et de 5,5 % sur un an, globalement dans la lignée des anticipations. Dans une économie où les gains de productivité sont faibles, une croissance des salaires aussi élevée ne permet pas de revenir à l’objectif d’inflation de 2 %. Au premier trimestre, la productivité du secteur non agricole américain a en effet chuté de 7,5%, un rythme inédit depuis 1947. Le CAC 40 a abandonné sur la semaine plus de 4 % portant les pertes depuis le début de l’année à 12 %. Si les indices américains ont été moins touché que leurs homologues européens, il est à souligner que le Nasdaq, depuis le début de l’année, a perdu plus de 22 %.

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Sur la semaine, les taux d’intérêt ont continué leur mouvement de hausse. Le taux de l’obligation du Trésor américain est désormais au-dessus de 3 % et celui de son homologue allemand a dépassé 1 %.

Le pétrole, après les annonces d’embargo progressif sur celui en provenance de Russie, est à la hausse. Cette dernière a été alimentée par l’annonce de l’OPEP de ne pas compenser les effets de cet embargo sur le marché.

La hausse raisonnable des taux de la FED

Mercredi 4 mai, la Banque centrale américaine (FED) a décidé une hausse de ses taux directeurs d'un demi-point, à l'issue de son comité de politique monétaire. Après les la hausse d'un quart de point du mois de mars, les taux d'intérêt directeurs se situeront désormais entre 0,75 % et 1 %. Cette décision avait été anticipée par les marchés financiers qui craignaient même une hausse plus forte. Une nouvelle augmentation d'un demi-point est prévue pour les deux prochaines réunions (mi-juin et fin juillet). Le Président de la FED a indiqué qu’il n’envisageait pas d’augmentation de 0,75 point. La banque centrale a également décidé d’entamer, à compter du 1er juin prochain, la réduction de la taille de son bilan qui atteint près de 9 000 milliards de dollars après des achats massifs pendant la pandémie. Il sera d'abord réduit jusqu'à 47,5 milliards de dollars par mois pendant trois mois, puis jusqu'à 95 milliards mensuels.

La baisse surprise du PIB américain au premier trimestre, de 1,4 %, en rythme annualisé, n'a pas modifié l'analyse de fond des gouverneurs du Comité de politique monétaire. Ils estiment que la contraction du PIB est essentiellement due au solde de la balance commerciale, la consommation des ménages restant vive. Le Président de la FED estime que les ménages américains et les entreprises sont dans une situation financière solide. Le marché de l'emploi est jugé capable d’absorber un resserrement monétaire. À 3,6 % de la population active, le taux de chômage est revenu à son niveau d'avant-pandémie. Le rythme des créations d'emploi est, par ailleurs, soutenu.

Les Américains sortis du marché du travail pendant la pandémie ont, en outre, commencé à y revenir. L'économie américaine doit néanmoins toujours faire face à un manque de main-d’œuvre ce qui alimente des hausses de salaires.

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Le tableau des marchés de la semaine

Résultats

6 mai 2022

Évolution sur 5 jours

Résultats 31 déc. 2021

CAC 40 6 258,36 -4,22 % 7 153,03

Dow Jones 32 899,37 -0,24 % 36 338,30

Nasdaq 12 144,66 -1,54  % 15 644,97

Dax Xetra allemand 13 674,29 -3,00  % 15 884,86

Footsie 7 387,94 -2,08  % 7 384,54

Euro Stoxx 50 3 629,17 -4,57 % 4 298,41

Nikkei 225 27 003,56 +0,58 % 28 791,71

Shanghai Composite 3 001,56 -1,49 % 3 639,78 Taux de l’OAT France

à 10 ans (18 heures) +1,656 % +0,195 pt +0,193  % Taux du Bund

allemand à 10 ans +1,134 % +0,194 pt -0,181  % Taux du Trésor US à

10 ans +3,091 % +0,190 pt +1,505  %

Cours de l’euro /

dollar 1,0571 +0,02  % 1,1378

Cours de l’once d’or

en dollars 1 889,360 -0,95 % 1 825,350

Cours du baril de pétrole Brent en dollars

112,333 +5,42 % 78,140

Les Français et leur patrimoine

La crise sanitaire a provoqué une forte progression du taux d’épargne des ménages.

Ces derniers ont, selon la Banque de France, mis de côté environ 170 milliards d’euros de plus qu’en temps normal entre 2020 et 2021. Cette épargne covid a été placée essentiellement sur des produits de court terme quand elle n’ a pas été laissée sur les comptes courants. À la différence des crises précédentes, celle-ci n’a pas donné lieu

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à une sortie des ménages du marché« actions ». Ces derniers ont même été opportunistes réalisant des achats durant la brève période de baisse des cours entre le mois de mars et de mai 2020. Dans ce contexte, l’épidémie de covid-19 a, comme le souligne l’INSEE, dans une note publiée le 3 mai dernier changé, le panorama de l’épargne française.

Au début de l’année 2021, selon l’INSEE, 93,3 % des ménages vivant en France hors Mayotte possédaient au moins un actif financier (autre qu’un compte-chèques), immobilier ou professionnel. 89,2 % détenaient des produits financiers, 61,2 % sont propriétaires d’un bien immobilier et 16,2 % disposent d’actifs professionnels. 12,6 % des ménages possèdent les trois à la fois et 57,6 % à la fois du patrimoine financier et immobilier.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Depuis 2018, la stabilité prédomine en ce qui concerne la possession des différents éléments constituant le patrimoine. La crise n’a pas, malgré, la forte hausse du taux d’épargne, modifié la composition du patrimoine. Les ménages n’ont pas décidé de souscrire à de nouveaux produits. Ils ont privilégié les placements qu’ils possédaient.

En 2021, près de 8 % des ménages possédaient un portefeuille diversifié, comprenant au moins un livret d’épargne, un produit d’épargne logement, des valeurs mobilières, et un produit d’épargne retraite ou d’assurance vie. À l’opposé, 11,3 % des ménages ne détiennent aucun de ces produits financiers.

Les livrets d’épargne présents dans la quasi-totalité des foyers français

Sans surprise, les livrets d’épargne restent, en 2021, les produits les plus diffusés.

83,9 % des ménages déclarent en posséder au moins un. Près des trois quarts (73,5 %) des ménages disposent d’un Livret A ou d’un Livret Bleu. 35,9 % des ménages détiennent un Livret de développement durable et solidaire (LDDS), 16,4 % un livret d’épargne populaire (LEP) et 10,9 % un Livret Jeune.

0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0

Moins de 30

ans 30-39 ans 40-49 ans 50-59 ans 60-69 ans 70 ans ou plus Ensemble de la population

Détention d'un patrimoin en % en fonction de l'âge

propriétaire d'un bien immobilier Détention d'un patrimoine financier

Patrimoine professionnel

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L’assurance vie, un placement de plus en plus diffusé

L’assurance vie, premier produit en volume, est le deuxième placement financier le plus diffusé en France. 40,5 % des ménages possèdent au moins un contrat. Ce ratio a augmenté de 1,3 point depuis début 2018 et de 5,5 points depuis 2010. Sur ces huit dernières années, la croissance de l’assurance vie est portée par les contrats multisupports. En 2021, ils représentent 41 % des contrats d’assurance vie, contre 33 % en 2015. 17 % des ménages possèdent désormais un tel contrat. L’assurance vie est le placement privilégie par les plus de 50 ans. Son taux de possession augmente avec l’âge. Il est de 48,2 % pour les ménages dont la personne de référence a 70 ans, contre 22,1 % parmi les moins de 30 ans.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

L’épargne retraite, un produit en hausse constante

Début 2021, 16,4 % des ménages détiennent une épargne retraite (Plan d’Épargne Populaire - PEP – compris). Ce ratio a augmenté de 0,9 point depuis 2018.

Cercle de l’Épargne – données INSEE 0,0

20,0 40,0 60,0

Moins de 30

ans 30-39 ans 40-49 ans 50-59 ans 60-69 ans 70 ans ou plus Ensemble de

la population Détention de placements d'épargne à long terme en fonction de l'âge en %

Assurance-vie Épargne retraite et PEP Valeur mobilière Épargne salariale

0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0

Moins de 30

ans 30-39 ans 40-49 ans 50-59 ans 60-69 ans 70 ans ou plus Ensemble de

la population Détention d'un livret d'épargne en %

Livret défiscalisé Livret soumis à l'impôt Épargne logement

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L’épargne logement, en déclin confirmé

Début 2021, 30,4 % des ménages détiennent un produit d’épargne logement (Compte Épargne Logement − CEL − ou Plan d’Épargne Logement − PEL). En raison de sa faible rémunération et de sa fiscalisation, l’épargne logement est en baisse. La détention de CEL diminue de manière constante depuis 2010 (-4,3 points), alors que celle de PEL, en hausse entre 2010 et 2018 (+4,6 points), recule entre 2018 et 2021 (-2,8 points). En 2018, les nouveaux PEL sont soumis au Prélèvement Forfaitaire Unique et le taux de rémunération a été abaissé à 1 %. Les jeunes qui étaient dans le passé des souscripteurs importants du PEL délaissent ce produit. Depuis 2018, son taux de détention a diminué de 9,6 points pour les ménages dont la personne de référence a moins de 30 ans.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

17 % des ménages français ont des valeurs mobilières

Début 2021, 16,7 % des ménages détiennent des valeurs mobilières sur un compte titres. Après le repli important imputable à la crise financière et économique de 2008, leur détention est stable depuis 2015. La propension à détenir ces valeurs risquées est fonction du revenu et du niveau de patrimoine. Il varie selon la catégorie socioprofessionnelle. Les ménages dont la personne de référence est agriculteur, cadre ou profession libérale sont ceux qui possèdent le plus souvent des valeurs mobilières (autour de 30 %, voire plus de 40 % pour les agriculteurs). Moins de 10 % des ménages dont la personne de référence est ouvrière ou employée en détiennent.

0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0

1998 2004 2010 2015 2018 2021

Evolution de la détention des livrets d'épargne réglementée

Livret A ou Bleu

Livret développement durable et solidaire (LDDS, ex-LDD ou Codevi) Livret d’épargne populaire (LEP)

Livret jeune

Livret soumis à l'impôt (livret B, livret Orange)

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Le patrimoine immobilier présentent chez de deux ménages sur trois

Début 2021, 61,2 % des ménages possèdent un patrimoine immobilier. Cette part est stable depuis dix ans. 57,5 % des ménages sont propriétaires de leur résidence principale et 19,2 % possèdent un autre logement (résidence secondaire, logement vacant, loué ou mis à disposition gratuitement). La détention d’autres logements augmente légèrement depuis 2018 (+0,9 point), surtout du fait des résidences secondaires. La détention de la résidence principale baisse légèrement, -0,5 point.

La possession d’un bien immobilier augmente avec l’âge. 19,8 % des ménages dont la personne de référence a moins de 30 ans sont propriétaires, contre 73,4 % des ménages de 70 ans ou plus. Entre 2010 et 2018 les écarts s’étaient resserrés : favorisé par un meilleur accès au crédit, le taux de détention avait progressé de 5 points pour l’ensemble des ménages dont la personne de référence avait moins de 40 ans, alors qu’il avait diminué pour leurs aînés. À l’inverse, depuis 2018, la détention immobilière baisse de 2,4 points chez les moins de 30 ans et de 3,8 points pour les trentenaires.

L’augmentation des prix explique la difficulté pour les primo-accédants d’acquérir un bien immobilier alors qu’elle est plutôt stable chez les ménages plus âgés.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Depuis 2010, la détention immobilière a diminué de 7,3 points pour les ménages dont la personne de référence a entre 50 et 59 ans et de 6,2 points pour les sexagénaires.

Ces diminutions pourraient traduire un accès à la propriété plus difficile pour les générations nées au tournant des années 1960, mais aussi résulter d’une « désaccumulation » au moment du passage à la retraite. Les plus touchés sont les retraités, en particulier les anciens salariés non-cadres (-6 points), et les inactifs n’ayant jamais travaillé (-7,7 points).

16,9

47,0

57,3 61,3 65,7 71,0

57,5

19,8

51,6

61,3 65,9 69,5 73,4

61,2

Moins de 30

ans 30-39 ans 40-49 ans 50-59 ans 60-69 ans 70 ans ou plusEnsemble de la

population Détention d'un patrimoine immobilier en %

Propriétaire de la la résidence principale propriétaire d'un bien immobilier

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Le patrimoine professionnel, la spécificité des TNS

Fort logiquement, les indépendants et les agriculteurs détiennent davantage de patrimoine professionnel Début 2021, 16,2 % des ménages détiennent un patrimoine professionnel. Plus de 75 % des ménages dont la personne de référence ou le conjoint est indépendant en activité (soit 11 % de la population) en possèdent et 97,1 % des agriculteurs.

LE COIN DE L’ÉCONOMIE

France, la productivité ne fait pas tout !

La France se caractérise par un niveau de productivité assez élevé tout en ayant un faible niveau de compétences et une industrie de taille réduite. Malgré une productivité importante, le PIB par habitant est, en effet, en France, relativement faible par rapport à celui de ses voisins. L’écart entre PIB par emploi et celui par habitant pose un réel problème pour les finances publiques et pour la cohésion sociale du pays.

Depuis plusieurs décennies, la France se caractérise par un niveau important de la productivité du travail. Le niveau de productivité par tête, est de 20 000 euros en France contre 16 000 en Allemagne et de 14 000 en Espagne ou en Italie. Au sein des grands pays de l’OCDE, seuls les Américains ont un niveau de productivité supérieur (32 500 dollars en parité de pouvoir d’achat par tête et par trimestre contre 24 000 pour la France).

Du fait des contraintes réglementaires, du coût salarié élevé, les entreprises françaises ont, de longue date, recherché à accroître le rendement du travail au point que les actifs les moins productifs ne peuvent pas s’intégrer sur le marché du travail. Ce phénomène d’exclusion a été longtemps mis en avant pour expliquer le chômage de masse. Et pour justifier les allégements de charges censés permettre améliorer l’employabilité des salariés sans qualification.

Le faible niveau de compétences de la population active, la France se classant 21e à l’enquête PIAAC de l’OCDE, constitue un handicap quand l’emploi se doit d’être productif pour être rentable. Cette nécessité est d’autant plus nécessaire que la France est souvent positionnée en gamme moyenne et doit faire face à la concurrence directe des pays émergents à la différence de l’Allemagne qui a privilégié le haut de gamme.

La productivité du travail se concentre sur un nombre réduit d’emplois en France.

L’industrie manufacturière employait, en 2021, 9 % de la population active, contre 16,5 % en Allemagne et 15,8 % en Italie ou au Japon. Les États-Unis sont dans une situation équivalente à la France avec 8 % des actifs travaillant dans l’industrie. Le taux d’emploi est, dans l’hexagone, limité. Il avoisine 68 % quand il dépasse 76 % en Allemagne. Ce faible taux d’emploi est lié à un rapport altéré au travail et au niveau

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élevé des cotisations sociales et des impôts de production. Ces derniers représentent 14 % du PIB en France, contre 8 % dans la zone euro (hors France).

La taille limitée de l’industrie et le taux d’emploi réduit ont pour corolaire une production par habitant en France faible notamment par rapport à l’Allemagne. L’écart avec ce dernier pays était de 17 % en 2021. Il s’élevait à 45 000 euros en Allemagne, contre 38 000 euros en France. Un faible PIB par habitant, en France, réduit le montant des recettes et explique, en partie, un déficit public supérieur à celui de l’Allemagne. Si avant la crise financière de 2008, la dette publique de la France était proche de celle de l’Allemagne, autour de 60 % du PIB, une divergence s’est opérée depuis une dizaine d’années. La dette publique dépasse, en 2021, 110 % du PIB, en France, quand elle s’élève à 70 % du PIB chez notre partenaire. Moins de recettes en France engendre également plus de dépenses. L’État est contraint de compenser la faiblesse des revenus en jouant sur les prestations sociales et les aides diverses et variées. En vingt ans, les dépenses publiques ont augmenté de 50 % en France, contre 35 % en Allemagne.

La priorité pour la France est d’accroître sa production intérieure en améliorant son taux d’emploi. Le développement d’un tissu productif avec l’émergence de nouvelles entreprises est indispensable tant pour améliorer les revenus des résidents français que pour limiter l’ampleur des déficits et diminuer la dette publique.

La lutte contre l’inflation et l’écueil de la crise des dettes souveraines

L’inflation dépassait, en avril, les 10 % au sein de plusieurs États membres de la zone euro. D’ici l’été, la majorité des États pourrait connaître une inflation à deux chiffres, un phénomène sans précédent depuis le deuxième choc pétrolier. Pour éviter une installation durable de l’inflation, la Banque centrale européenne est contrainte d’opérer un changement de politique monétaire avec une hausse sensible de ses taux directeurs. Cette hausse réduira la croissance et donc les recettes fiscales des États qui, en outre, devront supporter une augmentation de leur service de la dette. Ces Etats seront également amenés à augmenter leurs dépenses pour compenser les effets de la hausse des prix auprès de leurs citoyens. Ce dérapage des finances publiques pourrait provoquer de nouvelles tensions sur les dettes publiques des Etats périphériques que la Banque centrale européenne souhaitera éviter.

Avec une inflation qui perdure depuis le milieu de l’année 2021, une transmission, du moins partielle, aux salaires est de plus en plus incontournable. Aux États-Unis, cette transmission serait déjà en cours. En Europe, elle s’amorce. En mars, au sein de la zone euro, les salaires ont progressé, en rythme annuel, de 3,8 % quand le taux d’inflation dépasse 7,5 %. Les gains de productivité ne permettront pas de compenser les surcoûts salariaux ce qui provoquera une accélération de l’inflation, d’autant que les prix de consommation ont pris du retard sur les prix de production. Une inflation supérieure à 10 % apparaît probable dans les prochains mois au sein de la zone euro.

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Face à une inflation élevée renforcée par les mécanismes d’indexation des salaires, la BCE sera contrainte d’augmenter ses taux directeurs. Elle a décidé d’abandonner son programme de sortie lente de sa politique monétaire accommodante. Initialement, les rachats d’obligations auraient dû cesser à la fin de l’année et les hausses de taux intervenir fin 2023 ou début 2024. Une première hausse est maintenant prévue pour cet été. Ce relèvement plus rapide des taux peut, s’il est mal négocié, provoquer une crise de la dette publique dans plusieurs pays.

Cette vague inflationniste intervient juste en sortie de la crise sanitaire qui a entraîné une augmentation sans précédent de l’endettement public, autour de 20 points de PIB.

L’acuité du règlement de cette dette covid déjà importante avant la guerre en Ukraine, l’est encore plus depuis. La faible croissance potentielle de plusieurs États comme l’Italie, la Grèce et dans un degré moindre la France, expose, ces derniers, à des problèmes de remboursement de la dette et de financement des déficits en cas de hausse des taux. Les pays dits périphériques pourraient subir des écarts de taux de plus en plus élevés par rapport à l’Allemagne compte tenu du risque qu’ils portent au niveau de leur dette publique. L’écart varie en fonction des pays d’un à deux points.

Ces pays avaient, depuis la fin de la crise de la zone euro (2012-2014), évité une nouvelle crise de la dette grâce à la politique monétaire très expansionniste de la Banque centrale européenne. Les achats massifs de dettes publiques par la BCE nt même fait apparaître, pour ces pays, des taux d’intérêt à long terme inférieurs à la croissance en valeur.

Les États membres de la zone euro, pour éviter la réédition de la crise grecque, seront certainement contraints à prendre des dispositions spécifiques pour assurer la soutenabilité des dettes publiques en période de hausse des taux. L’adoption de ces dispositions s’imposera à partir du moment où les taux d’intérêt de la zone euro deviendront voisins de la croissance potentielle de la zone euro (3,5 % en nominal).

Ils seront alors supérieurs à la croissance en valeur des pays à croissance potentielle faible les mettant alors en tension financière. La Banque centrale pourrait instaurer une garantie collective de solvabilité à tous les États membres avec le cas échéant des rachats d’obligations ciblés. La contrepartie, délicate à négocier, serait l’instauration de règles budgétaires strictes. Cette politique remplacerait la politique monétaire accommodante générale en vigueur depuis près de dix ans. Elle constituerait une nouvelle étape vers un fédéralisme économique. L’Union pourrait également mettre en œuvre une politique budgétaire de soutien dans le prolongement de l’action conduite dans le cadre du Plan de Relance de 2021.

Comment les États ont-ils réduit dans le passé la dette publique ?

Le niveau d’endettement des États est, en 2022, comparable à celui de la fin de la Seconde Guerre mondiale, les destructions en moins. La dette publique représentait, fin 2021, près de 250 % du PIB au Japon, plus de 150 % en Italie, 130 % du PIB aux États-Unis, 120 % en Espagne, 113 % en France et 70 % en Allemagne. La question de la stabilisation ou même de la réduction des taux d’endettement public se pose et

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se posera avec encore plus de force dans les prochains mois, car les taux d’intérêt à long terme ne peuvent qu’augmenter avec la résurgence de l’inflation.

Depuis 1970, comment les États ont-ils réussi à maîtriser leurs dettes publiques et à quel prix ?

Les États-Unis ont connu trois périodes de réduction de leur taux d’endettement public (1972-1980, 1993-2000, 2004-2006). Cette diminution a été réalisée à chaque fois avec un excédent budgétaire primaire et une croissance forte. Pour les périodes 1972- 1980 et 2004-2006, les taux d’intérêt étaient inférieurs aux taux de croissance. La réduction du taux de dette publique, la plus forte, a été enregistrée durant les mandats de Bill Clinton, marqués par une croissance importante. À l’exception des années 1970, les taux d’intérêts réels étaient positifs lors des phases de réduction de la dette publique.

Le Royaume-Uni, comme les États-Unis, a réussi à trois reprises, lors de ces cinquante dernières années, à réduire le poids de la dette publique (1970-1990, 1994-2001, 2013-2019). Ces diminutions ont été obtenues grâce à des excédents budgétaires sauf entre 2013 et 2019. La croissance n’a joué un rôle que pour la période 1994-2001. De faibles taux d’intérêt n’ont été constatés que pour les périodes 1979-1990 et 2013- 2019.

Le Japon qui détient la dette publique la plus élevée de l’OCDE a connu de brèves périodes où son poids au sein du PIB a légèrement reculé (1973-1974, 1988-1992 et 2003-2008). Ces trois phases de réduction ont été rendues possibles par la croissance. Des excédents budgétaires ont été constatés entre 1988 et 1992, qui est également la période de plus forte baisse. L’es faibles taux d’intérêt n’ont joué un rôle que lors de la première période de réduction.

L’Allemagne a connu également trois périodes de diminution de sa dette publique : 1998-2000, 2005-2008 et 2013-2019. Ces trois périodes ont été, à chaque fois, associées à des excédents budgétaires et à une forte la croissance. Les taux d’intérêt bas n’ont eu un effet que pour la période 2013-2019.

Depuis 1970, la dette publique par rapport au PIB a diminué, à cinq reprises, en France : 1970-1972, 1976-1977, 1995-2001, 2005-2007 et 2016-2019 Ces reculs ont été obtenus par la réalisation d’excédents budgétaires primaires (les 3 premiers épisodes), grâce la croissance (les 4 premiers épisodes) et grâce à la baisse des taux d’intérêt (2016-2019). À la différence de l’Allemagne ou des États-Unis, les diminutions sont, en France, de faible ampleur et de courte durée.

L’Italie a de son côté enregistré trois périodes de recul de sa dette publique en 1979, de 1993 à 2007, et de 2013 à 2019. Ces diminutions sont associées à des excédents budgétaires primaires (les 2 derniers épisodes), à la croissance (1979) et aux taux d’intérêt bas (les 2 derniers épisodes).

(14)

Les expériences passées de réduction des dettes publiques par rapport au PIB soulignent l’importance de la croissance et des politiques budgétaires restrictives. La diminution de la dette est plus forte et plus longue dans le temps pour les États qui ont réalisé des économies budgétaires. Les États optant essentiellement pour les hausses d’impôt enregistrent des reculs de leurs dettes plus limités et plus éphémères, ce qui est le cas de la France. La baisse des taux a été un facteur non négligeable de la diminution des dettes publiques. À la lecture des exemples passés, les gouvernements doivent donc agir pour améliorer le taux de croissance potentielle et pour réduire leurs dépenses publiques. La croissance potentielle est actuellement au sein de l’OCDE, handicapée par la stagnation de la population active, par l’accroissement des prélèvements et par les faibles gains de productivité. Au niveau budgétaire, les États doivent faire face à des demandes croissantes. La santé, la retraite, la dépendance, la transition énergétique, le soutien au pouvoir d’achat en période d’inflation constituent des sources importantes d’augmentation des dépenses publiques.

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C’EST DÉJÀ HIER  

L’emploi, toujours en hausse en France

Malgré la stagnation du PIB au cours du premier trimestre, l’économie française a continué à créer des emplois. Les effectifs du secteur privé ont progressé, selon l’INSEE de 0,3 % entre fin décembre et fin mars, soit 66 100 postes supplémentaires.

Le rythme de croissance de l’emploi a été divisé par deux entre le dernier trimestre 2021 et le premier de 2022.

L'emploi intérimaire s’est contracté après les fêtes de fin d’année de 1,4 %, soit - 11.500 emplois. Cette diminution intervient après sept trimestres consécutifs de hausse. Le travail temporaire demeure au-dessus de son niveau d'avant crise, de 4,8 % (fin 2019), soit +37 500 emplois de plus. Les créations d’emploi se poursuivent dans l’industrie. Au premier trimestre, l’emploi dans ce secteur a augmenté de 0,1 % soit +3 100 postes. L’augmentation en cours depuis la fin 2020 n’a pas permis de compenser la chute enregistrée au cœur de l’épidémie. Les effectifs sont inférieurs de 1,1 % par rapport à leur niveau d’avant crise, soit un déficit de 32 900 emplois. Au premier trimestre, le secteur tertiaire marchand a continué de créer des emplois mais à un rythme moins soutenu qu’en 2021. Le nombre de postes créés, hors intérim, a progressé de 0,3 % après +0,5 % (soit +38 900 après +57 100 emplois). Le solde par rapport à l'avant crise est positif de 218 300. Le tertiaire non marchand a connu, au cours du premier trimestre, une progression de 1,2 % de ses effectifs, soit 29 700 emplois de plus. Dans la construction, une hausse de 0,4 % a été enregistrée, soit 6 000 emplois de plus. L’emploi dans ce secteur dépasse de 0,8 % (+11 800 emplois) son niveau de mars 2021 et de +5,1 % (+73 600 emplois) son niveau de fin 2019.

Cercle de l’Épargne – données INSEE 17 500,0

18 000,0 18 500,0 19 000,0 19 500,0 20 000,0 20 500,0

L'emploi privé en milliers en France

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Le taux de chômage à 6,8 % dans la zone euro

En mars, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières de la zone euro était, selon Eurostat, de 6,8 %, en baisse par rapport au taux de 6,9 % enregistré en février 2022 et au taux de 8,2 % de mars 2021. Le taux de chômage de l'Union européenne était de 6,2 % en mars 2022, en baisse par rapport au taux de 6,3 % de février 2022 et au taux de 7,5 % enregistré en mars 2021.

Eurostat estime qu’en mars 2022, 13,374 millions d’hommes et de femmes étaient au chômage dans l’Union, dont 11,274 millions dans la zone euro. Par rapport à février 2022, le nombre de chômeurs a diminué de 85 000 dans l’Union et de 76 000 dans la zone euro. Par rapport à mars 2021, le chômage a diminué de 2,359 millions dans l'Union et de 1,931 millions dans la zone euro.

En mars, le taux de chômage des femmes s’est établi à 6,6 % dans l’Union, un taux stable par rapport au taux de février. Le taux de chômage des hommes était quant à lui de 5,9 % en mars, en baisse par rapport au taux de 6,0 % en février. Dans la zone euro, le taux de chômage des femmes est passé de 7,3 % en février 2022 à 7,2 % en mars, tandis que le taux de chômage des hommes est resté stable à 6,5 % en mars.

Cercle de l’Épargne – données Eurostat

La production industrielle, toujours en panne en France

En mars, la production a, selon l’INSEE, diminué de nouveau dans l'industrie manufacturière française (-0,3 % après -0,9 %) comme dans l’ensemble de l’industrie (-0,5 % après -1,2 %). Sur un an, une hausse est néanmoins enregistré. Elle est de 1,2 % pour l’industrie manufacturière et de 0,3 % pour l’ensemble de l’industrie (+0,3 %). La production industrielle française n’a toujours pas retrouvé son niveau

02 46 108 1214 1618

Tcquie Allemagne Malte Pologne Hongrie Pays-Bas Slovénie Autriche Bulgarie Danemark Luxembourg Estonie Irlande Belgique Portugal Roumanie Chypre UE Croatie Slovaquie Finlande Zone euro Lituanie Lettonie France Suède Italie Grèce Espagne États-Unis Taux de chômage en % de la population active

mars-21 mars-22

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d’avant pandémie en bute à des problèmes d’approvisionnement et à l’augmentation des coûts de production.

Sur un an, la production est en hausse pour les industries agro-alimentaires (+3,0 %) et les biens d’équipement (+1,7 %). Elle augmente très fortement dans la cokéfaction- raffinage (+34,2 %), en raison d'un niveau particulièrement bas il y a un an lié à des arrêts techniques importants. À l'opposé, la production est en nette baisse dans les industries extractives, énergie, eau (-4,3 %) et dans les matériels de transport (-6,0 %).

Elle chute notamment dans l'industrie automobile (-16,6 %), lourdement affectée par les difficultés d'approvisionnement en semi-conducteurs et autres intrants.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Sur le seul mois de mars, la production baisse de nouveau dans les matériels de transport (-2,8 % après -1,5 %). Elle diminue nettement dans l’industrie automobile(- 7,3 % après -5,4 %) tandis qu'elle est stable dans les autres matériels de transport (0,0 % après +1,2 %). Elle baisse aussi de nouveau dans les industries extractives, énergie, eau (-1,5 % après-2,7 %). Elle se replie dans les biens d’équipement (-0,7 %, après +1,0 %) ainsi que dans les industries agro-alimentaires (-0,3 % après +0,4 %).

À l'opposé, la production rebondit légèrement dans les « autres industries » (+0,3 % après -1,6 %) et accélère dans la cokéfaction-raffinage (+1,1 % après +0,5 %).

Economie de la Corse, de la croissance mais un rattrapage insuffisant

Ces vingt dernières années, la Corse a connu, jusqu’à la crise sanitaire, une forte croissance en lien avec celle de la démographie. La population de la Corse est, en effet, passée de 260 152 en 1999 à 349 000 au 1er janvier 2022 (estimation). Le solde naturel de la Corse étant négatif, l’accroissement de la population ne se fait que par apports extérieurs. L’augmentation a été de 2013 à 2019, en moyenne de 1 % par an, soit près de trois fois plus qu’au niveau national (+0,4 %). Cette progression de la

50,0 60,0 70,0 80,0 90,0 100,0 110,0 120,0

199001 199101 199201 199301 199401 199501 199601 199701 199801 199901 200001 200101 200201 200301 200401 200501 200601 200701 200801 200901 201001 201101 201201 201301 201401 201501 201601 201701 201801 201901 202001 202101 202201 Production industrielle française (indice 100 : 2015)

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population a induit une forte croissance portée par la consommation et notamment les services domestiques.

En 2018, le Produit Intérieur Brut régional (PIB) s’élève à 9,39 milliards d’euros, soit 0,4 % de la richesse nationale. Entre 2019 et 2020, le PIB de la Corse a baissé de plus de 6 % en raison de l’épidémie de Covid-19. Le secteur de l’hébergement-restauration a connu une contraction de son activité de 35 % en 2020. Il a contribué à la moitié de la baisse du PIB régional en 2020. Les secteurs de la construction et du commerce expliquent également la contraction de la richesse, leur activité ayant baissé de 25 % et 16 % respectivement. À l’inverse, l’agriculture et l’administration publique ont traversé la crise sanitaire sans perte de valeur ajoutée. En 2021, le PIB de la Corse aurait augmenté un peu moins rapidement que la moyenne nationale du fait de la persistance des mesures sanitaires qui ont pénalisé l’activité touristique. A contrario, le rebond de l’activité du bâtiment a été rapide. Depuis un an, ce secteur souffre néanmoins de problèmes d’approvisionnement et du manque de main d’œuvre. Le taux de chômage qui a fortement augmenté en 2020 est revenu à 6,3 % fin 2021, contre 7,4 % pour l’ensemble de la France.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

De 2000 à 2018, le PIB régional a augmenté en volume de 2,5 % en moyenne annuelle. La Corse a été ainsi la région connaissant la plus forte croissance parmi les régions françaises depuis le début du siècle (+1,1 %) devant l’Occitanie (+1,9 %). La croissance a été particulièrement vive entre 2000 et 2007 (croissance de +2,9 % en moyenne annuelle contre +1,9 % en province). La Corse a été moins touchée que les autres régions par la crise financière. Entre 2007 et 2009, la croissance régionale conserve un rythme élevé (+4,7 % par an) quand le PIB s’est contracté de1,5 % par an en France (hors région parisienne). Cette spécificité s’explique par la faible présence de l’industrie et par un tissu essentiellement composé par des PME moins

0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 10000

PIB en valeur (prix courants) de la Corse en millions d'euros

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exposés que les grandes entreprises à la crise financière. Son tissu économique est fortement tertiarisé et tourné vers la consommation locale.

Entre 2009 et 2018, la croissance a décliné mais est restée, en Corse, supérieure à la moyenne française (+1,7 % par an entre 2009 et 2018 contre +1,1 % en province).

Une grande partie de cette croissance s’explique par l’accroissement démographique.

Un PIB par habitant qui demeure inférieur à la moyenne française

En 2018 en Corse, le PIB par habitant s’élève à 27 660 euros soit 2 460 euros de moins qu’en province (– 8 %). Cette valeur est la plus faible des régions, derrière les Hauts-de-France (27 700 euros).

Entre 2000 et 2018, le PIB par habitant en Corse augmente de +2,5 % par an, passant de 17 740 euros à 27 660 euros. Sa progression est plus rapide qu’en province (+2,0 % par an). L’écart est ainsi passé de -17 % en 2000 à -8 % en 2018. La crise sanitaire a entraîné une décrue de ce PIB par habitant, la Corse occupe désormais la dernière place au sein du classement des régions métropolitaines.

Le rattrapage a été réel avant 2012, depuis la réduction de l’écart s’est fortement ralentie. Cette évolution défavorable est liée à un manque de gains de productivité et à l’augmentation du nombre de retraités. La population active ne croit pas à la hauteur des besoins.

Les services aux entreprises, le principal moteur de la croissance corse après l’administration

L’administration publique continue d’être le premier moteur de la croissance en Corse.

La croissance a été de +2,5 % par an, supérieur aux taux des régions françaises hors Île-de-France. Elle reste le premier secteur économique producteur de richesses en Corse avec une part dans le PIB régional supérieure à la moyenne de province et le premier contributeur à la croissance (31 % de la croissance de la valeur ajoutée).

Entre 2009 et 2018, en Corse, avec l’augmentation de la population et par effet de rattrapage, la valeur ajoutée des activités scientifiques, techniques, des services administratifs et de soutien aux entreprises est en très forte croissance avec +4,7 % par an, en valeur, contre +2,4 % en moyenne nationale. Ce secteur représente 8,1 % du PIB régional (+1,5 point en 9 ans). Il a été le deuxième contributeur à la croissance régionale (14 % de l’augmentation de la valeur ajoutée). Les secteurs de l’industrie et de l’énergie ont également connu une belle croissance, +4,3 % par an, contre +2,6 points en moyenne nationale (hors Île-de-France). L’essor de l’industrie repose sur le dynamisme de la filière agro-alimentaire. Le secteur de l’industrie et de l’énergie a contribué à 11 % de la croissance régionale entre 2009 et 2018.

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Avec une hausse de valeur ajoutée de 3,9 % par an, l’hébergement-restauration est également plus dynamique qu‘en moyenne régionale et qu’en province. Ces activités pèsent 8,4 % au sein du PIB régional, contre seulement 2,8 % en province. Leur dynamisme explique 13 % de l’augmentation de la valeur ajoutée régionale, une part bien supérieure à celle de province (5 %). Ce secteur est le troisième moteur du développement économique régional sur la période. Les activités financières et d’assurance ont connu une progression de 4,2 % par an en moyenne.

Le secteur de la construction est, en poids économique, un de plus importants de la région. Sur vingt ans, il a augmenté moins vite que l’ensemble de l’économie insulaire (+1,4 % par an), mais plus fortement qu’en province (+0,6 % par an). Son dynamisme s’est essentiellement concentré sur deux années avec +4,9 % par an entre 2009 et 2011. Ce secteur représente 9,6 % du PIB, soit 3,4 points de plus qu’en province, mais contribue seulement à 6 % de la variation de croissance sur ces vingt dernières années. Le manque de main d’œuvre qualifiée, la taille réduite des entreprises insulaires freinent son développement. Les activités immobilières ont connu depuis le début du siècle un réel essor (+2,1 % par an sur la période) et représentent 11,8 % de la valeur ajoutée régionale en 2018. Elles contribuent à 10 % de l’augmentation du PIB corse entre 2009 et 2018.

Le commerce se distingue par une croissance plus modérée (+1,2 % en Corse et +0,5 % en province entre 2009 et 2018). Sa part dans la richesse créée en Corse baisse ainsi de 1,5 point, même s’il garde en 2018 une place supérieure dans l’économie de l’île assurant 11,3 % du PIB régional contre 9,8 % en moyenne de province. Le développement de grands centres commerciaux à la fin de la dernière décennie, en particulier à Ajaccio, a dopé ce secteur ces dernières années.

Le transport-entreposage croît de 1,0 % par an depuis 2009. Il représente 3,4 % du PIB en 2018, une part proche de celle de province (4,3 %).

Le secteur de l’agriculture est le seul dont la valeur ajoutée reste atone en Corse depuis 2009 (– 0,4 % par an) quand elle augmente en province (+4,8 %). Ce secteur souffre d’un problème de renouvellement de la main d’œuvre. L’âge des chefs d’exploitation est élevé. L’agriculture insulaire, essentiellement en montagne, est peu intensive et est constituée de petites exploitations. La mise en place de filières autour des appellations contrôlées commence tarde à produire de réels effets sur la valeur ajoutée produite.

Un emploi concentré sur quelques secteurs

L’hébergement-restauration, la construction, le commerce, l’administration, et le transport-entreposage représentent 75 % de l’emploi en Corse, contre 62 % en province. Ces secteurs proposent des emplois à faible rémunération. La proportion de cadres au sein de la Corse est plus faible que dans les autres régions. Les secteurs à forte valeur ajoutée, tels l’industrie, l’information communication ou les activités

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financières et d’assurance, sont moins présents que dans le reste de la France (7 % contre 17 %).

La Corse qui comprend un grand nombre de retraités a un ratio emplois / habitant faible (38 % en 2018, soit 2 points de moins qu’en province). Le taux d’activité des femmes reste faible sur l’île, 67 % en 2018, soit 4 points de moins qu’en province.

C’est le plus faible des régions métropolitaines.

Lors de ces deux dernières décennies, la croissance a bénéficié d’une réelle hausse mais celle-ci n’a pas permis de rattraper les autres régions. La persistance d’inégalités, les difficultés d’accès au logement, le nombre réduit d’emplois qualifiés, le problème des compétences et de la formation pèsent sur la croissance de l’économie insulaire et expliquent un niveau de vie inférieur à la moyenne. Des inégalités plus élevées que dans les autres régions est une source de tensions sociales. La dépendance aux secteurs du tourisme et de la construction est forte. La nécessité d’étaler la saison touristique et la diversification des activités demeurent des priorités.

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LE COIN DES TENDANCES

Les pays émergents en zone dangereuse

Les économies émergentes sont, depuis plusieurs années, mises à dure épreuve. Les tentations protectionnistes des Occidentaux, la pandémie, les problèmes d’approvisionnement et maintenant la guerre en Ukraine menacent les fondamentaux des économies de ces pays qui ont connu un vif essor durant les décennies 1990- 2010 grâce à la mondialisation et à l’éclatement des chaines de valeur. Pour la première fois depuis les années 1980, ces trois dernières années, pour plus de 50 % de la population des pays émergents, la croissance de leurs revenus a été inférieure à celle des États-Unis. Le rattrapage qui s’était produit depuis quarante ans, s’est brutalement interrompu. Selon le FMI, au mieux, la croissance des pays émergents sera de 3,8 % cette année et de 4,4 % en 2023, en recul par rapport à la moyenne de la décennie précédente (5 %). La crainte d’une décennie de stagnation n’est ainsi pas sans fondement.

Les pays émergents sont confrontés à une série de défis financiers, économiques et sociaux sur fond de tensions géopolitiques.

La première menace pour les pays émergents est d’ordre financier. Au début des années 1980, la Réserve fédérale avait considérablement augmenté ses taux d'intérêt alors qu'elle cherchait à maîtriser l'inflation. Pour les économies émergentes et en développement qui avaient emprunté des sommes importantes au cours des années précédentes, le resserrement des conditions financières et le raffermissement du dollar ont entraîné de graves crises. Ces pays se retrouvent quarante ans plus tard dans une situation comparable. La dette publique et privée dans le monde émergent a augmenté régulièrement en pourcentage du PIB au cours des années 2010, et a explosé pendant la pandémie. Les ratios d'endettement public dans les économies à revenu intermédiaire atteignent des niveaux records. De nombreux pays pauvres se situent sur la ligne de crête avec un risque systémique comme dans les années 1990.

Face à cette menace, le FMI et la Banque mondiale étudient des plans de rééchelonnement ou d’abandons de dettes qui pourraient être soumis, notamment, au Club de Paris qui est un groupe informel de créanciers publics dont le rôle est de trouver des solutions coordonnées et durables aux difficultés de paiement de pays endettés. Sur les quelques 70 pays à faibles revenus, plus de 10 %, dont le Tchad et la Somalie, sont au bord de la banqueroute. Selon la Banque mondiale, 50 % des États en développement dont l'Éthiopie et le Laos, sont également menacés à court ou moyen terme par un risque élevé de cessation de paiement. En 2010, seulement un tiers des pays pauvres étaient surendettés ou risquaient de l'être. La part des émetteurs dont les obligations jugées à risques a plus que doublé en un an, pour atteindre un peu plus d'un cinquième, selon le FMI. Parmi les États hautement surveillés figurent malheureusement l’Ukraine mais aussi l'Égypte et le Ghana.

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Les pays émergents ou en développement sont touchés par les évènements en cours en Ukraine. Le renchérissement du prix des produits alimentaires, des matières premières et de l’énergie fragilise les équilibres économiques et financiers. Le blé et le pétrole ont ainsi enregistré une augmentation de leurs cours d’environ 50 % en un an. Pour les pays importateurs, les coûts budgétaires liés aux subventions alimentaires et énergétiques progressent rapidement quand les réserves de devises s’épuisent. Ils doivent emprunter des devises à coûts croissants. La hausse des prix conduit, en effet, les banques centrales des pays de l’OCDE à durcir leur politique monétaire. En un an, les taux directeurs de la FED devraient augmenter de près de trois points, ce qui constituerait la plus forte hausse de taux en une seule année depuis le début des années 1990. Avec la fin des rachats d’obligations et la contraction du bilan de la Fed, le resserrement de la politique monétaire, en 2022, pourrait être le plus spectaculaire depuis les années 1980 tout en restant en-deçà, pour un certain nombre d’économistes, de ce qu’il faudrait faire pour juguler la hausse des prix.

L’augmentation des taux aux États-Unis conduit les capitaux à se diriger vers ce pays amenant une appréciation du dollar. Par rapport aux autres devises, il a augmenté de plus de 10 % sur un an. Cette appréciation accroît les coûts de financement pour les États émergents. Le rendement de la dette fortes des économies émergentes a augmenté de plus d'un tiers depuis l'été. L’achat de dollars devient de plus en plus compliqué. Le Sri Lanka, le 12 avril dernier, a fait défaut sur sa dette publique en devise forte.

Le coût croissant de la dette aura de nombreuses conséquences dont une réduction des dépenses en faveur de l’éducation, des infrastructures ou de la transition énergétique. Les banques locales ayant financé les États pourraient être en difficulté pour prêter aux acteurs économiques privés. La dette publique du pays d'origine représente désormais environ 17 % des actifs bancaires dans les économies émergentes, contre 13 % au début des années 2010 et bien au-dessus de la moyenne de 7,5 % au sein des pays de l’OCDE.

Menaces sur le commerce international

Ces dernières décennies, le succès des pays émergents a reposé sur leur intégration dans le commerce international qui a connu une rapide expansion durant les années 1990/2010. Les pays d’Asie de l'Est et du Sud-Est ont bénéficié de la mondialisation et de l’éclatement des chaînes de valeur pour réaliser un rattrapage économique sans précédent. La Chine avec un taux de croissance à deux chiffres a permis à de nombreux pays émergents et en développement de développer leurs exportations. Le ralentissement de l’économie chinoise dont le taux de croissance potentiel pourrait se situer désormais autour de 5 % ainsi que la montée du protectionnisme remettent en cause ce mode de développement prioritairement axé sur les échanges. Les premières victimes de la fragmentation du monde sont les pays pauvres. La fermeture des pays occidentaux et le choix de la Chine de privilégier l’autosuffisance réduisent leurs possibilités d’acquisition de devises fortes nécessaires pour financer leurs importations d’énergie et de produits agricoles ainsi que celles de biens d’équipement.

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Des tensions sociales pourraient apparaître à l’automne dans plusieurs pays pauvres en cas de poursuite de renchérissement du prix des produits alimentaires et face à d’éventuelles pénuries.

Les jeunes de moins de 30 ans, deux ans après le début de la crise sanitaire Selon une enquête du Crédoc, 49 % des jeunes de moins de 30 ans estiment que la pandémie a été une période particulièrement pénible à vivre. 59 % des jeunes considéraient que leur vie actuelle correspondait à leurs attentes, soit 6 points de moins qu’en 2020. Le taux de satisfaction est en forte baisse pour les diplômés. De plus en plus de jeunes éprouvent des difficultés à se projeter à trois ou cinq ans.

Seulement 37 % y arrivent quand 35 % en sont incapables. Seuls 15 % des jeunes peuvent se projeter au-delà de 5 ans. En 2021, 60 % des jeunes de 18-30 ans se montrent confiants face à l’avenir, soit 7 points de moins qu’en 2020.

L’emploi et le pouvoir d’achat une double priorité

Les incertitudes économiques et plus particulièrement les anticipations de l’évolution du marché de travail semblent inquiéter les jeunes. L’emploi figure au deuxième rang des priorités des jeunes, derrière le pouvoir d’achat. Ils sont 29 % à souhaiter que les pouvoirs publics les aident à trouver un emploi, soit une progression de 8 points pour cet indicateur depuis 2020. Pour la signature d’un contrat de travail, 62 % privilégient la question de la rémunération. En deuxième position, figure la possibilité de conjuguer vie de famille et vie professionnelle. Trois jeunes sur dix (30 %) prennent en compte l’intérêt et le contenu du travail quand 26 % déclarent s’intéresser aux possibilités de carrière. 24 % des jeunes regardent également l’avenir du secteur professionnel. Pour 34 % des jeunes, la crise sanitaire a modifié leur projet professionnel quand 52 % estiment qu’elle n’a eu aucune incidence.

Une méconnaissance des aides sociales et un problème d’accès

24 % des jeunes estiment qu’ils ne bénéficient pas d’aides auxquelles ils pourraient pourtant prétendre. 46 % d’entre eux indiquent qu’ils ne recourent pas aux aides auxquelles ils ont le droit par absence d’information. 25 % par choix refuseraient les aides.

Les trois dispositifs d’aides sociales connus par les jeunes, en 2021, sont le RSA, les aides financières au logement et la prime d’activité. Un peu plus de sept jeunes sur dix indiquent avoir entendu parler de ces dispositifs. La connaissance de la garantie jeunes progresse (37 %, +5 points). La proportion de jeunes ayant entendu parler des dispositifs de caution (37 %) demeure stable. Parmi les aides dont la connaissance par les jeunes est en hausse figure la complémentaire santé solidaire (CSS) qui a été instituée à compter du 1er novembre 2019. 41 % en ont entendu parler, +7 points en un an. L’aide alimentaire est connue par 58 % des jeunes quand les cellules de soutien psychologique le sont par 52 %. Les aides à la création d’entreprise bénéficient d’un taux de reconnaissance de 45 %. Au moins un tiers des jeunes est au courant de

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l’existence de la plateforme « Un jeune, une solution » qui a pour objectif d’aider les jeunes à trouver une formation, un emploi, un service civique, des aides financières, etc.

La progression des discriminations contre les jeunes

59 % des jeunes déclarent avoir subi au moins une forme de discrimination ou un traitement inégalitaire au cours des cinq dernières années. 26 % mettent en avant des discriminations en fonction de l’âge, 24 % en fonction du sexe, 21 % en fonction des origines, 16 % en raison de leur appartenance religieuse, 13 % en lien avec un handicap et 12 % du fait de leur orientation sexuelle. Près de trois jeunes sur dix déclarent entre deux et quatre formes de discrimination différentes. Les discriminations selon le sexe s’exercent davantage sur les jeunes femmes. 31 % d’entre elles déclarent avoir subi une discrimination de ce type au cours des cinq dernières années, contre 17 % des jeunes hommes. Pour les autres formes de discrimination, les hommes se déclarent plus souvent victimes que les femmes. Les jeunes hommes sont deux fois plus nombreux que les jeunes femmes à avoir connu au moins cinq formes de discrimination différentes dans l’année. 47 % des cas de discrimination ont eu lieu à l’école, à l’université ou lors d’une formation. 40 % des jeunes déclarent une discrimination pendant le déroulement de leur carrière professionnelle ou lors d’une recherche d’emploi. 38 % ont été discriminés dans un lieu de loisirs ou un lieu culturel, tel qu’un restaurant, un cinéma, une boîte de nuit ou encore un équipement sportif, et 35 % ont fait une expérience discriminante dans leurs relations avec les administrations ou services publics. 29 % des jeunes indiquent avoir subi une discrimination dans le cadre de la recherche de leur logement. Les discriminations lors des contrôles de police sont les moins citées avec 28 %.

Le succès du distanciel

60 % des étudiants ont suivi un enseignement à distance pendant la pandémie. Pour 30 %, ce mode d’enseignement était totalement nouveau. En revanche, 29 % pratiquaient déjà ce mode d’enseignement. Pour les jeunes actifs, durant la pandémie, 37 % ont travaillé à distance, mais 49 % ont continué à se rendre sur leur lieu de travail.

Les jeunes plébiscitent le recours au télétravail ou à l’enseignement à distance. Selon l’enquête Conditions de vie et aspirations du Crédoc, 40 % des jeunes en emploi aimeraient poursuivre l’expérience du télétravail. La plus forte proportion de jeunes souhaitant bénéficier du télétravail réside en Île-de-France.

Le phénomène Tanguy

Durant les décennies 1970, 1980 et 1990, le départ des enfants du foyer parental était considéré comme définitif. Depuis une dizaine d’années, la décohabitation est moins tranchée et accepte des allers-retours. Les difficultés rencontrées pour obtenir un emploi stable et pour trouver un logement expliquent ce changement. La stabilisation sentimentale, plus tardive, contribue également à des retours chez les parents.

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Parmi les jeunes de moins de 18 à 30 ans habitant, en 2021, chez leurs parents, 58 % ont toujours connu cette situation quand 42 % d’entre eux sont revenus après un premier départ. Parmi les jeunes n’ayant jamais quitté le domicile parental, figurent en majorité des élèves, des étudiants sans activité professionnelle parallèle ou des célibataires. 70 % des jeunes revenus chez leurs parents ont déjà exercé une activité professionnelle par le passé.

La mobilité internationale contrariée

En 2017, lors d’un discours sur l’Union européenne, le Président de la République française, Emmanuel Macron, avait souhaité que la moitié d’une classe d’âge puisse avoir passé au moins six mois dans un pays européen, avant l’âge de 25 ans à l’horizon 2024. Début 2021, seulement 14 % des 18-30 ans ont passé six mois au moins dans d’autres pays européens au cours de leur vie. 20 % des 18-30 ans ne se sont jamais rendus dans un autre pays européen. La probabilité d’avoir effectué un séjour en Europe dépend du niveau de diplôme, du sexe, de situation familiale ou encore de la région de résidence. La pandémie a rendu plus complexe la mobilité internationale des jeunes. Le Brexit a également réduit le nombre d’étudiants français au sein des universités britanniques. En 2020, un tiers des jeunes de 18 à 30 ans a renoncé à un séjour de plus de quinze jours à l’étranger (hors vacances).

Les plus jeunes forment davantage le projet de partir à l’étranger que leurs aînés, 48 % des 18-24 ans envisagent de partir pour plus de quinze jours consécutifs, contre 41 % des 25-30 ans. Les jeunes en emploi sont plus nombreux que ceux au chômage à envisager l’expérience. De même, les jeunes en couple avec des enfants ont une plus forte appétence que les couples sans enfants, parents isolés ou célibataires sans enfants à souhaiter partir à l’étranger. Les jeunes diplômés résidant dans les grandes métropoles sont plus attirés que les autres par l’expérience de l’expatriation.

Millenials » contre « boomers »

Durant la campagne présidentielle, certains ont indiqué que les politiques publiques avantageaient les seniors au détriment des jeunes. L’opposition millenials/boomers est-elle surjouée ? 44 % des jeunes indiquent que la société ne privilégie ni les jeunes ni les plus âgés. 28 % des jeunes pensent néanmoins que la société avantage les plus âgés au détriment des jeunes. Dans le même temps, 17 % pensent l’inverse. 30 % des jeunes estiment ainsi ne pas être écoutés en raison de leur âge en 2021 contre 27 % en 2020. Ils sont 49 % à considérer que leur avis compte dans les espaces qu’ils fréquentent, soit à peine moins qu’en 2020. Ces jeunes sont généralement plus insérés économiquement que ceux ne se sentant pas pris en compte.

Soif de libertés individuelles et engagements

Les mesures d’urgence prises dans le cadre de la crise sanitaire divisent les jeunes.

Ils sont 44 % à estimer que l’État doit préserver voire rétablir les libertés individuelles,

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