• Aucun résultat trouvé

Des discours aux effets de la communication en démocratie

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Des discours aux effets de la communication en démocratie"

Copied!
1
0
0

Texte intégral

(1)

DES DISCOURS AUX EFFETS DE LA COMMUNICATION EN DEMOCRATIE : PRATIQUES ET ENJEUX DU POLITIQUE

Journée d’étude de l’école doctorale de science politique de Paris 1 Paris, 21 septembre 2007

Amphithéâtre Gestion, La Sorbonne, 14 rue Cujas.

PROGRAMME

8h45 : Accueil des participants

9h : Ouverture par Frédérique Matonti, Directrice du département de Science politique, Paris 1 Panthéon-Sorbonne

9h15 - 10h30 : « Les discours sur la société de communication » Discutants : Erik Neveu (CRAPE, IEP de Rennes) et Olivier Mauco (CRPS - Paris I)

La fin d’une évidence partagée ? Politisation et luttes institutionnelles autour de la communication de l’UE Philippe Aldrin, MCF & Jean-Michel Utard, MCF, (GSPE - Strasbourg III)

« La forme, c’est le fond ». Le journalisme de presse écrite pris dans le discours communicationnel Nicolas Hubé, MCF, CRPS - Paris I

10h30 - 10h45 : Pause

10h45 - 12h45 : « Les règles du champ politique reconfigurées par la communication ? » Discutants : Jacques Gerstlé (CRPS - Paris I) et Ludivine Vanthournout (CRPS - Paris I)

La loi à l’épreuve de la communication. Le cas de la mise en place des Centres éducatifs fermés et de la Justice de proximité.

Carole Thomas, Doctorante, ISP-GAPP - ENS Cachan

L’effet des cotes de popularité sur la structuration de la communication publique des acteurs politiques Philippe Juhem, MCF, GSPE - Strasbourg III

Diversification des méthodes et outils de communication locaux et dualisation tendancielle de l’espace politique local

Cégolène Frisque, MCF, CENS - Nantes 12h45 - 14h30 : Pause déjeuner

14h30 - 17h15 : « Le renouvellement des relations citoyens - politiques »

Discutants : Brigitte Le Grignou (IRISES, Paris Dauphine) et Sébastien Poulain (CRPS - Paris I) Dynamiques et impacts des propositions politiques dans les webforums partisans

Nicolas Desquinabo, Docteur, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3

(2)

Une parole sans écho ? Incidences directes et indirectes des forums électroniques municipaux sur l’action publique locale

Stéphanie Wojcik, Docteur, Assistante de recherche FNSP-CEVIPOF pour le réseau d’excellence européen DEMO-net

15h45 - 16h00 : Pause

Négocier sa place dans un espace public en formation. Les talk shows interactifs comme vecteurs de légitimation au Kenya et Ouganda

Florence Brisset-Foucault, doctorante, CRPS - Paris 1 Prise de parole citoyenne a priori improbable et différenciation des rapports au politique : l’exemple d’une lettre de jeunes de milieux populaires au Président de la République

Lorenzo Barrault, allocataire - moniteur, CRPS - Paris 1 17h15 : Clôture par Cyrille Thiébaut (CRPS-Paris I) 17h30 : Cocktail

Comité d’organisation :

Paul Antropius (doctorant, CRPS, Paris I), Olivier Mauco (doctorant, CRPS, Paris I), Sébastien Poulain (doctorant, CRPS, Paris I), Cyrille Thiébaut (doctorante, CRPS, Paris I), Ludivine Vanthournout (doctorante, CRPS, Paris I).

Comité scientifique :

Loïc Blondiaux (CERAPS, Lille II), Dominique Cardon (CEMS, EHESS), Eric Darras (LaSSP, IEP de Toulouse), Sandrine Lévêque (CRPS, Paris I). Paul Antropius (doctorant, CRPS, Paris I), Olivier Mauco (doctorant, CRPS, Paris I), Sébastien Poulain (doctorant, CRPS, Paris I), Cyrille Thiébaut (doctorante, CRPS, Paris I), Ludivine Vanthournout (doctorante, CRPS, Paris I).

Contact : jed2007Paris1@gmail.com

RESUMES - INTERVENANTS

Philippe Aldrin & Jean-Michel Utard (GSPE - Strasbourg III)

La fin d’une évidence partagée ? Politisation et luttes institutionnelles autour de la communication de l’UE

RESUME

L’obsession des responsables de la Commission européenne pour la politique d’information et de communication de « l’Europe » tente de résoudre le « déficit démocratique » de celle-ci. Dès après la difficile ratification du traité de Maastricht, diverses réponses ont été mises en oeuvre pour combler ce

« déficit ». À chaque désaveu de l’opinion, les responsables de la Commission ont sollicité l’expertise des professionnels de la communication et du marketing, jugés les mieux à même de trouver les remèdes à la trop faible affection des peuples des Etats membres pour les institutions du pouvoir européen.

Progressivement, « l’UE » se dote d’un style et de dispositifs de communication directement empruntés à la communication d’entreprise. Prenant acte de l’absence d’un espace public et médiatique proprement européen, la Commission élabore une politique de communication témoignant d’une nouvelle conception du l’espace public, de la citoyenneté, des relations gouvernants-gouvernés et donc, finalement, de la démocratie qui la sous-tend. Convoquant à la fois les expériences de la démocratie participative et les discours sociaux en cours sur la « société de l’information », cette politique de communication constitue aujourd’hui l’un des piliers de la « gouvernance » européenne. Conçue en 2001, celle-ci combine trois

(3)

logiques : 1) celle de l’univers du pouvoir et de la représentation politiques (marquée par l’impératif de publicité et la quête de légitimité) ; 2) celle des professionnels de la communication (empreinte de divers discours - théories, expertises, mythes - sur l’efficacité de la communication) ; 3) celle de l’avènement de la « société de l’information » comme prisme d’analyse sociétale et cadre de référence s’imposant à l’action publique. En examinant les ressorts de ce discours « communicationnel » et en inventoriant les dispositifs d’information et de débat qu’il a contribué à produire, cette communication se propose d’éclairer comment l’invention de cet appareil communicationnel subvertit les rapports gouvernants- gouvernés - et donc les principes d’incarnation du pouvoir - dans un horizon politique multi-niveaux. The End of a Shared Evidence ? Politisation and Institutional Struggles about UE Communication

SUMMARY

The European Commission officers’ obsession for the information and communication policy of ‘Europe’

tries to solve its ‘democratic deficit’. Shortly after the difficult ratification of the Maastricht Treaty, different answers have been developed to make up for this ‘deficit’. With every denial of the public opinion, the Commission’s officers called upon the evaluation of spin doctors and marketing

professionals, said to be the most efficient people to find a cure against the indifference of the member States’ peoples regarding the institutions of the European authorities. Progressively, the ‘EU’ adopts a style and communication schemes directly borrowed from business communication. Taking into consideration the non existence of a strictly European, public and media-related area, the Commission created a communication policy which showed a new conception of the public area, citizenship,

relationships between the authorities and the people and thus, finally, of the democracy that underlies it.

Gathering both participatory democracy experiences and ongoing social discourses on ‘information society’, this communication policy is nowadays one of the cornerstones of European ‘governance’.

Created in 2001, this policy combines three main lines : 1. the line of the world of political authorities and representation (emphasised by the imperative of advertising and the quest for legitimacy) ; 2. the spin doctors’ line (tinged with different discourses - theories, evaluations, myths - on the efficiency of communication) ; 3. the line of the coming of the ‘information society’ as a societal analysis prism and base framework setting itself to public action. By examining the drives of this ‘communicational’

discourse and by listing the information and debates schemes that it contributed to produce, this communication intends to shed light on how the invention of this communicational machinery sabotages the relationships between the authorities and the people - and thus the principles of the incarnation of power - in a multi-level political horizon.

Philippe Aldrin, maître de conférences en sociologie à l’Université Robert-Schuman (Strasbourg III), consacre ses recherches à la sociologie de l’information et des institutions politiques : « S’accommoder du politique. Économie et pratiques de l’information politique », Politix, XVI-64, 2003 ; Sociologie politique des rumeurs, PUF, 2005, « Si près, si loin du politique. L’univers professionnel des permanents socialistes à l’épreuve de la managérialisation » (à paraître 2007).

Jean-Michel Utard, maître de conférences (HDR) en sciences de l’information et de la communication à l’Université Robert-Schuman (Strasbourg III), consacre ses recherches à la production du discours de l’information médiatique. « Le journal télévisé franco-allemand de la chaîne Arte : la rencontre de deux journalismes », in Colette Brin, Jean Charron et Jean de Bonville (dir.), Nature et transformation du journalisme : théorie et recherches empiriques, Presses de l’Université Laval, 2005 ; Le journalisme en invention. Nouvelles pratiques, nouveaux acteurs, Roselyne Ringoot et Jean-Michel Utard (dir.), Presses universitaires de Rennes, 2005.

Chercheurs au Groupe de sociologie politique européenne (CNRS-UMR 7012/ Sciences Po Strasbourg), les auteurs y animent un séminaire de recherche intitulé « La production de l’espace public européen » et consacré à l’analyse des usages politiques et scientifiques du concept d’espace public dans le jeu politique européen.

Nicolas Hubé (CRPS - Paris 1)

« La forme, c’est le fond » Le journalisme de presse écrite pris dans le discours communicationnel

RESUME

Depuis 1989 et les « nouvelles formules » du Parisien et du Monde, la presse quotidienne nationale française multiplie les rénovations graphiques. Au cours des années 1990, pratiquement tous les journaux de PQN ont procédé à une révision de leur maquette : Le Parisien en 1989, Libération en 1994, 1996 et 2003, Le Monde en 1989, 1995, 2002 et 2005 Le Figaro en 1999 et en 2005 ; La Croix et La Tribune en 2006. La presse quotidienne régionale n’est pas en reste : L’Alsace modifie sa maquette en 1992 et en 2000 ; Le Progrès en 2005. En soi, pourtant, une nouvelle formule n’est pas quelque chose d’inédit. Les journaux procèdent régulièrement à des ajustements graphiques, à des créations ou transformations de rubriques, à l’introduction de la photographie ou de la couleur, profitant souvent

(4)

d’une actualité « extraordinaire » pour essayer de nouveaux effets. Désormais, ces « adaptations » ne répondent plus à une « impératif technique » - le changement de rotatives était souvent l’occasion d’une adaptation du format - mais sont réalisées dans un but stratégique : gagner des nouveaux lecteurs. Ce n’est qu’à partir de ces réformes que la première page d’un quotidien devient, en France, la « Une », véritable vitrine du journal, chargée « d’attirer le lecteur » par sa diversité, par le choix des photos ou des illustrations, par des titres plus courts. La « Une » apporte désormais une « valeur ajoutée » à la qualité du journal. « La forme, c’est le fond » explique la direction de la rédaction du Monde en 1996 dans un document interne relatif à sa « nouvelle formule ». Ce discours sur la « forme » s’inscrit dans une analyse de la crise de la presse quotidienne contrainte de s’adapter à la « société de communication ». Pour les rédactions, il convient de s’adapter à la concurrence des autres médias. Un point récurrent concerne la vitesse et la superficialité due à la présence de la télévision et d’Internet. Dans le même temps, les journalistes insistent sur les apports propres de la presse écrite. Face aux évolutions de la société et ses avancées technologiques déterminantes, la presse écrite ne peut se démarquer que par ses apports en termes de sujets, d’écriture de presse. Les changements de forme pour attirer de nouveaux lecteurs doivent alors chercher à gagner des lecteurs « au fond ». Ce discours sur la « société de communication » s’impose d’autant plus facilement dans les années quatre-vingt dix que les journaux sont pour une part importante d’entre eux dans des situations économiques fragiles. Pour faire face à la crise, ils font appel à deux groupes de professionnels qui vont amener avec eux ce discours : des managers de presse et des professionnels du graphisme. Cette communication se propose donc de revenir sur cette transformation du journalisme de presse écrite. On s’intéressera dans un premier temps au discours produit autour des

« nouvelles formules »

en particulier des « Unes » - adaptées aux nouveaux modes de communication avant d’observer, dans un second temps, les transformations morphologiques des rédactions et les caractéristiques

sociographiques des acteurs porteurs d’un tel discours.

“Form makes content” The print media and the discourse of the communication society SUMMARY

Since 1989 and the relaunch of Le Parisien and Le Monde, the French national daily press multiplies graphic renovations. During 1990’s, all national newspapers proceeded to a relaunch of their Form, in particular of their frontpage : Le Parisien in 1989, Liberation in 1994, 1996 and 2003, Le Monde in 1989, 1995, 2002 and 2005 ; Le Figaro in 1999 and in 2005 ; La Croix and La Tribune in 2006. The regional daily press did the same : L’Alsace modified its form in 1992 and in 2000 ; Le Progrès in 2005. A priori

relaunches are not something rare. Newspapers proceed regularly to graphic adaptations, to creations or conversions of columns, to introduction of the photography or of the colours. They often take advantage of “extraordinary” events to try new effects. But these “adaptations” do not answer any more in one

“technical imperative” like the change of rotary presses. These relaunches are done in a strategic way, in order to win new readers. From now on, the front page get a commercial rule and become the real “shop window” of the newspaper, charged “to attract the reader” by its variety, by the choice of photos or illustrations, by shorter titles. The frontpage brings henceforth an “added value” to the quality of the newspaper. “Form makes content” explains the editorial staff of Le Monde in 1996 in an internal document. This new discourse is part of the analysis on the reason of the daily press crisis, forced to adapt itself to the “society of communication”. For editorial staffs, it is a crucial “necessity” to adapt itself to the competition of the other media. A recurring point concerns the speed of news due to the presence of the television and Internet. At the same time, the journalists insist on the appropriate contributions of print media. If they want to face the evolutions of these new media and their determining technological discourse, the print media can only make differences by their own writing contributions. The relaunches are done in order to get new readers : form should bring new buyers ; content should convince them to be new readers. This discourse is part of whom of the “communication society”. This discourse is even successful than during 1990’s the newspapers are in extreme fragile economic situations. To face the crisis, they appeal two groups of professionals who will spread this discourse : managers and graphic designers. This communication suggests analysing this transformation of the print media journalism. We shall be interested, at first, in this necessity discourse of relaunches before observing, in a second time, the morphological transformations of the editorial staffs and their sociological characteristics.

Nicolas Hubé, Post-doctorant à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, membre du CRPS et du GSPE- PRISME. Il a effectué une thèse intitulée : Qu’est-ce que l’actualité « politique » ? Pour une analyse de la hiérarchisation de l’information. Regards croisés sur les « Unes » de la presse quotidienne française et allemande, thèse de science politique sous les directions de J.-B. Legavre / Nils Diederich, U. Robert Schuman Strasbourg / Freie Universität Berlin. Un ouvrage issu de la thèse est à paraître au premier semestre 2007 aux Presses Universitaires de Strasbourg, intitulé Décrocher la Une. Plusieurs articles abordant ces thèmes sont déjà parus : « La conférence de rédaction du Monde. Une approche

ethnographique de l’élaboration de la “Une” », in Legavre (J.-B.) dir., La presse écrite : objets délaissés, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 191-210 ; « Le savant, le politique... et la télévision. Le travail journalistique au prisme du regard scientifique », Revue d’Allemagne et des Pays de langue allemande, 1, 2005, p. 115- 130. Avec Kaciaf (N.), « Les pages “Société”... ou les pages “Politique” en creux. Retour sur des conflits de bon voisinage », in Chupin (I.), Nollet (J.), dir., Les frontières journalistiques, coll. Cahiers politiques, Paris, L’Harmattan, 2006

(5)

Carole Thomas (ISP-GAPP - ENS Cachan) La loi à l’épreuve de la communication

RESUME

L’enfermement dans un établissement de Justice répond à des conditions juridiques strictes, à plus forte raison pour un enfant : il doit être prononcé à l’issue d’un procès, en présence d’un avocat, doit pouvoir faire l’objet d’un appel. En 2002, la loi d’orientation et de programmation de la Justice crée pour les mineurs délinquants des centres éducatifs fermés (CEF) qui, pour toutes ces raisons, ne peuvent être réellement fermés. Pourtant, le terme « fermé » est devenu incontournable pour les acteurs politiques, car annoncé lors de la campagne présidentielle axée sur le thème de l’insécurité. Parallèlement, cette loi instaure une justice de proximité, autre priorité présidentielle visant à « rapprocher la Justice des

citoyens ». Les journalistes, informés par les professionnels de la Justice, relèvent rapidement le hiatus entre l’annonce et les dispositifs mis en place, remettant en cause la labellisation des centres fermés lors des premières fugues et soulignant le paradoxe d’une justice de proximité rendue par des non magistrats dans des tribunaux « classiques ». Si les deux objets sont très différents, la similarité des enjeux de communication, qui explique en partie leur rapprochement dans une même loi, rend la comparaison très riche pour comprendre comment les représentations portées dans les médias contribuent et orientent la définition de politiques symboliques. La médiatisation de cette loi crée un double paradoxe. D’un côté les sources dominantes assurent, comme on peut s’y attendre, le cadrage de la définition du problème au travers, notamment, de la question du choix des mots de la loi - « fermé » et « proximité ». Dans le même temps, ce cadrage devient finalement un système d’étalonnage pour les médias qui permet aux journalistes de prendre les communicants au mot pour démontrer les incohérences des dispositifs. L’autre paradoxe vient de ce que, en usant d’un registre critique la plupart des médias vont oeuvrer dans le sens d’un durcissement de la loi pour les mineurs et d’un élargissement des compétences des nouveaux juges pour la Justice de proximité alors qu’ils ne le souhaitent pas. Le matériau empirique de cette recherche est principalement constitué d’un corpus médias (presse écrite et audiovisuelle) analysé avec le logiciel Alceste pour la presse et qualitativement pour l’audiovisuel ainsi que des propos d’acteurs (journalistes, communicants politiques, parlementaires, syndicats).

Law confronted by communication SUMMARY

In 2002, after French presidential elections in which the problem of crime was a central issue, a new crime law created “closed centres” for young multiple offenders. However, these centres could not be really closed because confinement in the French legal system implies strict legal conditions with procedural guarantees for juvenile delinquents. Politicians deliberately used the word “closed” because the term had become such an important theme of the election campaign. At the same time, the new law instituted “proximity justice” as far as it was another presidential promise whose aim was to make

“Justice closer to citizens”. Soon after, journalists were alerted by justice professionals about the gap between what the new policy predicted and what actually happened. Consequently the media called into question the validity of labelling these centres “closed” when young offenders could escape from them.

They also underlined the paradox constituted by a “proximity justice” dispensed by non professional judges in “classical” courts. Although the two parts of the law are very different, the communication stakes that they raise, which partially explains why we find them in the same law, are similar. It is thus interesting to compare them to understand how the representations supported by the media contribute and guide the definition of symbolic policies. The media coverage of the law creates a double paradox : The first is that the prevailing sources, as we can expect, provide the framework of the problem especially with the choice of words such as “closed” and “proximity”. But, at the same time, this strong framework became the tool for journalists to evaluate the law and argue about it, in a way that took the politicians communication staff at their word. The other paradox is that by denouncing the shortcomings of the law, the media coverage contributed to subsequent modifications of the law that journalists did not really want to see enacted. This research is based on media corpus analysis (mainly newspapers and television) using the statistical software “Alceste” to analyse newspapers coverage, and a qualitative analysis of television. It’s also based on interviews with journalists, communication professionals, politics, justice professionals and trade union leaders involved in the process.

Carole Thomas est doctorante à l’Institut des Sciences Sociales du Politique (ISP/ENS Cachan), et prépare une thèse sur l’articulation des processus de communication et de production de la loi.

Principales publications :

Carole Thomas, 2006. "Une catégorie politique à l’épreuve du juridique : "la fermeture juridique" dans la loi Perben I.", Droit et société N°63/64. Carole Thomas, 2007. "Journalistes cherchent "bon communicant".

L’exemple des rubricards Justice." in Les publics des journalistes, sous la direction de Pascal Dauvin et

(6)

Jean-Baptiste Legavre. Paris, La dispute. A paraître. Principales communications Carole Thomas, « Quand les mots de la loi changent les mots du droit », in Réseau Sociologie du droit et de la Justice (RTF 13), 2ème Congrès de l’Association française de sociologie, Bordeaux, septembre 2006. Carole Thomas « Les médias contre la loi : de l’idéal démocratique à l’idéal professionnel », in Atelier 2 « Le rôle des médias et de la communication dans les dynamiques sociopolitiques des pays libéraux », 2ème congrès

international des Associations francophones de science politique, Laval, Québec, mai 2006. Carole Thomas, « La « proximité » prise au mot : du discours institutionnel au discours médiatique » in Journée d’études « Discours social. Regards interdisciplinaire sur une notion problématique », Université Charles de Gaulle- Lille 3/GERRICO/GRAM-SFSIC, Lille, juin 2007.

Cégolène Frisque (CENS - Nantes)

Diversification des méthodes et outils de communication locaux et dualisation tendancielle de l’espace politique local

RESUME

Cette étude porte sur l’emploi croissant, par les collectivités territoriales, de nouveaux outils et méthodes de communication et vise à en saisir les modalités, l’ampleur et les effets. Elle part d’un double constat : le recours à des techniques de communication de plus en plus sophistiquées par les dirigeants locaux dans leurs relations avec la presse, et la multiplication des supports de communication hybrides, désagrégeant les frontières mêmes entre médias et source, et donc entre information et communication institutionnelle. Il s’agit ici à la fois d’affiner ces constats à partir d’une enquête localisée (sur la Loire Atlantique et la Vendée, prenant en compte les différents niveaux territoriaux et l’ensemble des supports, magazines institutionnels, suppléments gratuits encartés dans les journaux, télévisions locales, sites internet...), et d’en appréhender de manière sociologique les enjeux et les effets, sans céder à la déploration normative du brouillage de frontières hypostasiées, mais en prenant la mesure des transformations structurelles des rapports entre médias et pouvoirs locaux et plus généralement entre journalistes et sources, que cela induit. En contrepoint, on peut souligner le développement des médias alternatifs locaux, qui permettent un contact direct entre les sources non institutionnelles ou dissidentes et leur lectorat potentiel, grâce à internet en particulier. Ces différents phénomènes contribuent d’un côté à renforcer l’interdépendance entre journaux et élus ou pouvoirs locaux, à accentuer la clôture de l’espace local et la dichotomie des acteurs politiques - entre pouvoirs « dominants » ayant un accès automatique aux médias et même un rôle de diffuseurs directs ; groupes « prétendants » ayant un accès limité et conditionné aux médias, et groupes « dominés » ou « marginaux », quasiment exclus des titres grand public et s’investissant dans des médias alternatifs peu visibles. Cette dualisation de l’espace politique local s’accompagne d’une tendance accrue à la « naturalisation des institutions » par les médias, consistant à les considérer comme des acteurs incontournables voire uniques, incontestables voire porteurs d’une parole indubitable et autosuffisante. Cette tendance peut être plus ou moins marquée selon les titres, allant de la révérence au fétichisme, et contrebalancée par l’accès accru à des médias alternatifs ou contestataires. Diversification of local communication methods and media, and increasing dualism of local political arena

SUMMARY

This paper is about the increasing use of new tools and methods of communication by the local

authorities. It aims at understanding its ways and means, its scope and its consequences. It starts from two observations : the local political leaders resort to more and more sophisticated techniques of

communication in their relations with the press, and the increase of hybrid media of communication, that break up the very bounds between media and sources, and then between information and institutional communication. The point is to sharpen this observations, basing on a local study (in Vendée and Loire Atlantique, including every territorial level and each kind of media, institutionnal magazines, free supplements inserted in newspapers, local TV channels, Web sites...). It aims at comprehending sociologically their issues and results, avoiding the normative regret of the confusion of “fetished”

frontiers, but assessing the structural change in the relationships between media and local authorities and more generally between journalists and sources, that it may bring about. Currently, we may stress out the development of local alternative, which make possible a direct contact between non-institutional or rebel news sources and their prospective readership, through Internet particularly. These phenomena take part in the strengthening of the interdependence between newspapers and local powers, of the closure of the political arena, and of the establishment of a dichotomy of the political players - stressing the difference between “dominant powers”, who have an automatic access to the media and even a role of direct broadcaster, “pretender groups” who have a limited and conditional access to the media, and minor or “dominated” groups, quite excluded from the wide audience media and investing in their own small alternative media. This dualism of the local political arena goes with a propensity of the media to naturalise institutions. In fact, they tend to consider official rulers as essential and even sole protagonists, as undisputable sources, which discourses are beyond doubt and dispute, and newsworthy by itself. This tendency may be stronger or weaker among newspapers, going from reverence to fetishism, and balanced by an increasing access to alternative media.

(7)

Cégolène Frisque est maître de conférences en sociologie, Université de Nantes (IUT de la Roche sur Yon, département Gestion des entreprises et des administrations) et chercheuse au Centre nantais de sociologie (CENS) associée au CRAPE (Rennes). Ouvrages Des manières d’être journaliste. La variété des pratiques et des rapports au métier dans la presse quotidienne régionale, à paraître aux Presses

Universitaires de Rennes (coll. « Res Publica »). L’activité journalistique au quotidien : Travail relationnel, identitaire et rédactionnel des journalistes de la presse quotidienne régionale, thèse pour le doctorat de science politique, sous la direction de Michel Dobry, Paris-X Nanterre, 2002, 941 p. L’objet Femme, préface de Jacques Commaille, Paris : La Documentation Française (Coll. « Droits des Femmes »), 1998, 150 p. Articles, communications et séminaires sur le journalisme « Genre, journalisme et presse écrite.

Place et production des femmes et des hommes dans la presse », co-organisation d’un colloque international du CRAPE, à l’IEP de Rennes, 10-11 avril 2008. « La contribution des journalistes à la construction de l’espace politique local », Table-ronde du congrès de l’AFSP « La médiatisation du politique » (Toulouse, 5-7septembre 2007). « Des militants au quotidien ? La posture critique des journalistes comme engagement militant dans l’activité professionnelle », Journée d’étude « Journalistes et militants », Rennes, CRAPE, 7 décembre 2006 (proposé pour publication collective). « Pratiques du journalisme par les femmes et modes de traitement de l’information », communication au séminaire du CRAPE sur le journalisme (Lannion), 11 avril 2003. « L’image des femmes dans la publicité »,

communication à une conférence-débat sur les violences envers les femmes (Nantes), avril 2002.

« Femmes secourables, femmes militantes, dans deux magazines féminins », Mots (numéro spécial

« L’Humanitaire en discours »), n°65, mars 2001, pp. 51-75. « La sociologie anglo-saxonne du journalisme », communication au séminaire du LASP (Nanterre), juin 1995.

Nicolas Desquinabo Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3

Dynamiques et impacts des propositions politiques dans les webforums partisans

RESUME

A partir d’une conception dynamique et interactionnelle de l’opinion publique (Zaller, 1992 ; Fishkin, 1995), nous avons étudié les discussions de propositions de politique publique (lois, budgets, fiscalité, etc.) produites sur les webforums partisans. Notre objectif était d’explorer les dynamiques d’élaboration et de soutien des propositions citoyennes et les corrélations entre ces dynamiques et la précision des programmes présidentiels. Notre étude s’est déroulée en trois étapes. Nous avons sélectionné de

manière aléatoire un premier corpus de « fils de discussions » dans les trois webforums partisans les plus actifs : UDF, Jeunes populaires (UMP) et Désirs d’avenir (PS). Cette première étape nous a permis de situer quantitativement les « discussions de propositions » parmi les différents types d’interactions observés (débats sur les valeurs, pronostics, polémiques internes ou externes, etc.). Dans un second temps, nous avons analysé plus en détail un échantillon aléatoire de fils de « discussions de

propositions » d’environ 150 messages par site. Enfin, nous avons sélectionné deux fils par site abordant une proposition qui a été par la suite modifiée ou précisée par le candidat. Ces trois corpus ont été analysés à l’aide de cinq ensembles de variables permettant de décrire les dynamiques manifestes des propositions et les registres argumentatifs utilisés :

les tailles et participations des fils,

les « identités » annoncées par les participants, les contenus plus ou moins détaillés des propositions,

les contenus plus ou moins approuvés et/ou critiqués de ces propositions,

le contenu et le type (comparaison, évaluation, explication, etc.) des arguments convoqués pour débattre. Cette analyse nous a permis de distinguer les propositions selon leur degré d’élaboration, selon le degré de participation à leur discussion et selon le degré de polarisation des débats associés. Nous avons complété cette analyse par un relevé quantitatif des lectures et des « notes d’intérêt » attribuées aux messages de notre corpus. Enfin, les élaborations de propositions étudiées ont été comparées aux précisions progressives des programmes rendues publiques par les candidats, afin de relever

d’éventuelles corrélations. Nos premiers résultats montrent des différences importantes entre partis et entre thématiques. Dynamics and impacts of policy proposals in political parties online fora

SUMMARY

This research is based on a dynamic and interactive conception of public opinion (Zaller, 1992 ; Fishkin, 1995) and deals with process of influence in French political party forums. Focusing on policy proposals (laws, public investments, taxes, etc.), we studied the dynamics of citizens proposals and the correlation between these dynamics and the elaborations of candidates programs. To estimate the proportion of

“proposals debates” among the other types of interactions (values debates, prognostics, disputes, etc.), we first analysed a random sample of computer-mediated interactions selected in the three most

important political party web forums : UDF, “Jeunes Populaires” (UMP) and “Désirs d’avenir” (PS). Second, we analysed more precisely a random 12 sample of around 150 messages of “proposal debates” per sites. Then, we selected two online interactions talking about a candidate proposal that have been changed or specified. These three corpora have been analyzed with five kinds of tools describing the manifest dynamics of proposals and the arguments used to legitimate them :

(8)

the size and amount of participants of the interactions, the “identities” announced by participants,

the more or less detailed contents of proposals, the contents more or less approved or criticized,

the content and type (comparison, evaluation, causality, etc.) of the arguments used in these

“proposal debates”. This analysis allowed us to distinguish proposals according to their degree of precision, to the amount of participants discussing them and to the degree of polarization of their discussions. We have completed this analysis by an estimation of the number of readers and of the interest rates given to the different messages. We then compared the citizens’ proposals elaborations to the candidates’ proposals elaborations in order to find possible correlations. Our first results reveal important differences between political parties and between topics.

Nicolas Desquinabo est docteur en sciences de l’information et de la communication à l’Université Sorbonne Nouvelle

Paris III.

Publications récentes :

« Indices génériques et interprétation des actes de parole dans un corpus d’émissions de plateaux télévisées ». 24 p. Corpus n°6. (2007). A paraître. « Analyse des co-constructions de rôles discursifs émergents dans les émissions de plateaux télévisées : visées manifestes et enjeux professionnels ».

Revue Internationale de Psychosociologie n°29. pp. 91-108. (2007). « Modèle théorique des genres, régularités des discours télévisés et de leur réception » ; dans Questionner les pratiques d’information et de communication. Actes du 15è congrès de la SFSIC. Université de Bordeaux, 10-12 mai 2006. pp. 227- 235. (2006). Communications récentes : « Manifestations et dynamiques de l’opinion publique dans les webforums partisans ». Colloque International du Ceccopop « La communication politique des

présidentielles de 2007 : premier bilan », à Paris 1, 1er et 2 juin 2007. « Interactions et argumentations dans les webforums partisans ». Colloque IRENEE - Université Nancy 2 « Les usages partisans de l’internet », 21-22 juin 2007. « Normes contractuelles et réceptions des genres interlocutifs télévisés ».

2ème Colloque international « Psychologie Sociale de la Communication », Université de Bourgogne, 22- 23 juin 2007. 13

Stéphanie Wojcik (FNSP-CEVIPOF pour le réseau d’excellence européen DEMO-net)

Une parole sans écho ? Incidences directes et indirectes des forums électroniques municipaux sur l’action publique locale

RESUME

Il est relativement exceptionnel que les dispositifs participatifs et délibératifs aient directement et explicitement un lien avec la décision publique. Dès lors, la question de savoir si un dispositif récent - les forums de discussion proposés sur les sites Internet des municipalités - influence le processus décisionnel local pourrait conduire d’emblée à poser une hypothèse déceptive : les forums n’auraient aucun impact sur la décision des autorités politiques locales. Nous examinons la réalité d’une telle assertion à partir de l’observation effectuée depuis 2002 de forums de plusieurs villes françaises. Dans un premier temps, seront évoqués les éventuels obstacles à une articulation entre discussion électronique et décision publique, par exemple, la préférence des élus pour les débats en face-à-face et leur représentation du forum ou encore le caractère peu représentatif des propositions ou revendications postées sur les forums de discussion. Toutefois, d’autres facteurs semblent plaider pour l’appréhension de modes indirects d’influence du forum sur l’action publique locale. Par exemple, le forum peut être une ressource pour l’expression et l’organisation de la contestation. De plus, l’alliance entre la publicité, même restreinte, des discussions et leur caractère écrit pourrait nouer un lien entre la notion d’opinion publique et la fonction ancienne de contrôle des gouvernants par les gouvernés. Cette spécificité du forum électronique ne pourrait-elle pas, en partie, influer sur l’action publique, en contraignant les responsables politiques à être effectivement en adéquation avec les propos qu’ils auraient publiquement tenus sur le forum de leur ville ? A talk without echo ? Direct and indirect effects of electronic forums on local public action

SUMMARY

It is relatively exceptional that there is a clear and direct link between participative and deliberative devices and public decision. From then on, the question to know whether a recent tool - discussion forums available on municipal websites - influences local decision-making could lead at once to suggest a disappointing hypothesis : the forums would not have any impact on the decision of the local political authorities. We propose to examine the reality of such an assumption from observations of several discussion forums implemented by French town councils since 2002. First, we will evoke the possible barriers to the linkage between electronic discussion and public decision, amongst them, for example, the

(9)

reluctance of the elected representatives to speak on forums and their obvious preference for face-to- face meetings as a the result of their conceptualisation of citizen participation or the fact that citizens who participate in forums are not representative of the local population. Nevertheless, discussion forums may have some effects in the local public sphere. We will show that sometimes a forum can be a means of organizing collective actions against local policies. Furthermore, the conjunction between the public nature of proceedings, their written character and their permanency may allow for revitalisation of the link between public opinion and the ancient idea of the supervision of the representatives by the citizens.

Could this specific characteristic of the electronic forum, partially, influence public action by compelling the elected representatives to be effectively in adequacy with the comments which they would publicly have held on the forum of their city ?

Stéphanie Wojcik, docteur en Science politique, est assistante de recherche FNSP-CEVIPOF pour le réseau d’excellence européen DEMO-net sur la e-participation. Co-organisatrice du réseau de recherche

« Démocratie électronique » / GDR TICS-CNRS http://www.certop.fr/DEL « Les modérateurs des forums de discussion municipaux, des intermédiaires démocratiques ? », Questions de communication, Presses Universitaires de Nancy (à paraître). « Local Electronic Forums : a few characteristics of a discursive political space and its links to the democratic deliberation”, EGOV PhD Colloquium supported by DEMO- net, Krakow (Poland), 3-4 September, 2006, 14 p. « Registres et ressorts de la prise de parole sur Internet », Actes du colloque Démocratie participative en Europe, LERASS, Toulouse, novembre 2006, 329-335. « Les forums électroniques municipaux : un espace délibératif inédit », Hermès, 45, 2006, 177- 182. « Les forums municipaux en ligne : caractéristiques d’un espace politique discursif », in Loiseau G., Vedel T., Wojcik S., Démocratie et dispositifs électroniques : regards sur la décision, la délibération et la médiation, Rapport de recherche CNRS, mars 2006, 7-50. Délibération électronique et démocratie locale.

Le cas des forums municipaux des régions Aquitaine, Languedoc- Roussillon et Midi-Pyrénées, Thèse pour le Doctorat de science politique, Université Toulouse 1, novembre 2005. « Les forums électroniques municipaux, espaces de débat démocratique ? », Sciences de la Société, 60, 2003, 107-125. 15 Florence Brisset-Foucault (CRPS - Paris 1)

Négocier sa place dans un espace public en formation Les talk shows interactifs comme vecteurs de légitimation au Kenya et en Ouganda

RESUME

Dans ces deux contextes post-autoritaires, les talk shows interactifs sont devenus des enjeux de lutte politique investis de manière contrastée par les journalistes, les dirigeants et les citoyens pour renégocier leur rôle et leur position dans l’espace politique. En analysant les codes de la prise de parole et de la mise en scène de ces émissions, on observe que les journalistes forcent les dirigeants à renégocier leurs répertoires de légitimation. En Ouganda, les talk shows viennent contester le modèle de représentativité mis en place par un régime héritier de l’Ujamaa tanzanienne mais de plus en plus critiqué, en

construisant ouvertement un modèle alternatif de débat public. Au Kenya, les journalistes exploitent le registre de la « normalité » démocratique pour mieux souligner les dérives du régime, et mettent en scène une « Nation » recomposée en choisissant des représentants de la société civile symbolisant le peuple kenyan, sur des critères allant du sexe à la profession. Nous analyserons deux moments où le débat public s’est cristallisé sur ces espaces : lors de la tentative de les interdire en 2002 en Ouganda et lors de la campagne référendaire de 2005 au Kenya, qui a vu une crispation autour des médias. Ces évènements montrent que les talk shows sont des vecteurs essentiels des revendications corporatistes des journalistes en termes de liberté de la presse et de redéfinition de leur statut dans l’espace public. La formation d’une classe politico-médiatique hybride nous permet d’interroger les réappropriations de ces espaces par les politiques. On en observe en effet plusieurs types. Les tentatives exogènes qui voient les dirigeants utiliser la liberté de la presse comme caution démocratique. Mais surtout les tentatives endogènes, qui prennent deux formes : l’investissement de ces espaces par des hommes politiques qui en font une sorte d’identité politique ; l’accès de membres du public à des responsabilités politiques, via ces émissions. Ces différents types de réappropriation seront interrogés afin de déterminer s’ils relèvent du verrouillage politique ou de la diffusion d’un nouvel outil démocratique dans ces espaces publics en mutation. Negotiating one’s position in a fluid public space Interactive talk shows as legitimating tools in Kenya and Uganda

SUMMARY

In these two post-authoritarian contexts, interactive talk shows have become political struggles stakes which are differently invested by journalists, leaders and citizens to renegotiate their role and position in the political space. Analysing the rules of speech and the stagecraft in these shows, we can observe that journalists are forcing the political leaders to renegotiate their legitimating repertories. In Uganda, talk shows are made to contest the model of popular representation set by the regime, criticized but inspired by the Tanzanian Ujamaa. The shows are openly building an alternative model of public debate. In Kenya, journalists exploit the register of democratic “normality”, to emphasize the abuses of the regime, and

(10)

produce a representation of a reinvented Kenyan Nation, choosing representatives of the civil 16 society as symbols of the Kenyan society, with criteria going from gender to religion and profession. We’ll analyse two moments when the public debate crystallised on these spaces : when the Ugandan government tried to ban then in 2002, and the political campaign for the 2005 referendum in Kenya, when the media suffered a lot of criticism. These events show that talk shows are essential conveyors of corporatist demands by the journalists in terms of freedom of the press and redefinition of their status in the public space. The development of a hybrid politico-mediatic class in both countries leads us to interrogate the reappropriations of these spaces by the political leaders. There are several types of this phenomenon.

The exogenous attempts that see the political leaders use the freedom of the press as a democratic caution. But above all the endogenous attempts that take two shapes : the investment of these spaces by political leaders who shape their political identity as users of the media ; the access of members of the public to political responsibilities via these shows. These different types of re-appropriation will be analysed to see if they reveal a political muzzling or the diffusion of a new democratic tool in these mutating public spaces.

Florence Brisset-Foucault est doctorante en science politique à l’Université Paris 1, sous la direction de Jacques Gerstlé. Elle prépare une thèse sur les mises en scène du pluralisme et la prise de parole

populaire dans les émissions interactives télévisées et radiophoniques au Kenya et en Ouganda, abordant le thème des mutations des espaces publics dans des contextes post-autoritaires africains. Elle fait partie du projet ANR « Causes africaines », qui étudie les porteurs de causes en Afrique et leur intégration à l’international. Communications : « Une anti-chambre des députés ? La prise de parole populaire dans les talk shows radiophoniques en Ouganda », dans le cadre de la journée d’étude « Journalisme et

démocratie, un contre-pouvoir imaginaire ? », de l’Université Paris 8, septembre 2006. « The media cause in Africa. Journalism deontology in the World Social Forum », AEGIS, Leiden, juillet 2007. « Les médias alternatifs africains au Forum social mondial de Nairobi : couvrir les luttes locales dans l’extraversion », 9e Congrès de l’AFSP, Toulouse, septembre 2007.

Lorenzo Barrault (CRPS - Paris 1)

Prise de parole citoyenne a priori improbable et différenciation des rapports au politique : l’exemple d’une lettre de jeunes de milieux populaires au Président de la République

RESUME

Pendant les « émeutes » de novembre 2005, des jeunes de milieux populaires scolarisés dans

l’enseignement professionnel ont écrit une lettre au contenu explicitement politique au Président de la République. Certains médias ont relayé cette initiative et le Président leur a répondu. Cette

communication revient sur les possibilités d’une telle interpellation du politique et la pluralité des rapports entretenus à cette lettre par ses présumés auteurs. Le travail empirique a consisté en entretiens approfondis avec nombre de jeunes de cette classe, et en larges séquences d’observation

ethnographique au lycée (classe...) et dans leur vie quotidienne. Une telle prise de parole, peu commune en milieu populaire, n’a pu être menée que dans une conjoncture particulière (celle des événements de novembre 2005) et dans des conditions relativement exceptionnelles (cadre scolaire, encadrement d’un enseignant militant). Le contexte concret de rédaction de cette lettre a en outre permis à certains de ces jeunes de se sentir légitimes et habilités à traiter de politique. L’idée même d’écrire au Président n’a pu émerger que par le biais d’un agent disposant de propriétés particulières. Il est en outre possible de repérer différentes configurations de propriétés engendrant des politisations différentielles et, par la même, différents rapports à cette lettre parmi les élèves de cette classe. Pour certains, cette initiative constituait un moyen de faire entendre certaines de leurs revendications politiques, alors que d’autres, plus favorisés (notamment économiquement) au sein des catégories populaires, cherchaient plutôt à se distinguer socialement des émeutiers. Une minorité indifférente n’a en outre pas réellement pris part au projet et exclue toute modalité d’action politique. Ces investissements différentiels dans leur initiative renvoient à différents types de rapports au politique. Cette recherche illustre ainsi certaines

transformations plus générales des rapports des citoyens au politique sans pour autant que l’on puisse parler de réelle remise en cause des mécanismes de délégation, donc de domination, propres à la démocratie représentative. Speech a priori improbable and differentiation of relations to politics : the example of a letter written to the President of the Republic from young of popular classes

SUMMARY

During the riots of November 2005, young from popular classes attending a vocational school wrote a letter with a strong political dimension to the President of the Republic. Some media relayed this initiative and the President responded. This paper brings up the possibility of such a questioning of the politicians and the multiplicity of the developed relations to this letter by their supposed writers. I carried out in- depth interviews with many young people from this class and through wide ethnographical sequences of observation in the daily and school life of the young people. Such a speech, not very common among popular classes, could take place only in a particular situation (the events of November 2005) and under

(11)

relatively exceptional conditions (in class, with a militant teacher). The actual context of the drawing of the letter allowed, moreover, some of the 18 young people to feel legitimate and entitled to deal with politics. The idea itself of writing to the President could only emerge through an agent with special characteristics. It is moreover possible to locate various characteristics generating differential politicizations and, also the various relations to the letter among the pupils of the class. For some of them, this initiative represented an opportunity to make some of their political claims heard, whereas others, more privileged (mainly on an economic basis) among the popular categories, were rather trying to stand out socially from the rioters. An indifferent minority did not really get involved in the project and excluded any form of political action. These different investings in their initiative refer to various types of relationships towards politics. This research thus illustrates some overall transformations of the

relationship of "ordinary citizens" to politics, without calling into question the mechanisms of delegation, therefore of domination, of the representative democracy.

Lorenzo Barrault est allocataire moniteur en Science politique de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne.

Membre du Centre de Recherche Politique de la Sorbonne (CRPS), il prépare une thèse de doctorat sur les rapports des citoyens profanes à l’action publique sous la direction de Daniel Gaxie. Il a notamment travaillé sur les journalistes politiques (Les journalistes parlementaires et leur association, Université Paris X Nanterre, Mémoire de Master 1, 2005, 124 pages) et les rapports au politique (Les rapports au politique de jeunes des milieux populaires, Mémoire de Master 2, Université Paris I Panthéon Sorbonne, 2006, 227 pages). Il a fait une communication sur l’entretien approfondi lors des journées d’étude « Le parcours d’un jeune chercheur en SIC » en avril 2007 (« L’entretien approfondi comme technique d’enquête sur la réception des médias »), et une sur sa recherche de Master 2 lors du IIème Congrès International des Associations Francophones de Science Politique en mai 2007 (« Différenciation des rapports au politique et pluralité des pratiques participatives : l’exemple de jeunes de milieux populaires »).

APPEL A COMMUNICATIONS

JOURNEE D’ETUDE DE L’ECOLE DOCTORALE DE SCIENCE POLITIQUE DE L’UNIVERSITE PARIS 1 PANTHEON- SORBONNE

Organisée par les doctorants de l’UFR 11 - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Vendredi 21 septembre 2007

Des discours aux effets de la communication en démocratie : Pratiques et enjeux du politique Routinisée dans un espace public « modernisé » (Gerstlé, 2004), la communication est devenue un impératif du jeu politique, voire la clé du succès, comme les campagnes pour les élections de 2007 l’illustrent. Dès 1996, le vice-président Al Gore confère à Internet des vertus de démocratisation (responsabilité collective, apprentissage, etc.). L’agenda de Lisbonne de 2000 fait de la communication l’un des moteurs de la construction européenne, tandis que l’ONU l’apparente à un droit universel. La communication apparaîtrait comme une condition essentielle au bon fonctionnement de la démocratie : l’information serait diffusée plus rapidement et plus largement, elle serait plus réactive et didactique, et elle permettrait au citoyen de participer de manière rationnelle et éclairée à la vie politique.

Cette vision est parfois conjuguée aux discours sur la crise de la démocratie représentative, dont l’une des explications serait les défauts de communication entre les citoyens et les élus : mauvaise image du personnel politique, remise en cause de la représentation, manque de prise en compte des administrés dans les processus décisionnels, anomie politique des citoyens, etc. Communication et démocratie semblent se confondre sur le terrain des nouvelles technologies instituées en remèdes à tous les maux, à l’image du projet du MIT « one laptop per child » qui prétend réduire la « fracture numérique » de l’Afrique, et implicitement « la fracture sociale ».

Néanmoins, le rôle, les usages et les effets de la communication sur l’espace politique demeurent flous : espaces publics mosaïques (Neveu, François, 1999), privatisation de l’espace du politique (Darras, 1994) et publicisation de l’espace privé, spectacularisation de la vie politique (Dayan et Katz, 1996, Blumler, 1995). Les effets de la communication dans le jeu politique, multiples et inhérents à la fragmentation et l’hétérogénéité de cet espace, invitent à la diversité des terrains d’enquête.

La prise en compte des processus de publicisation, de production/diffusion/réception de l’information est nécessaire à l’analyse de la politisation, de la représentation, de la participation, c’est pourquoi cette journée se propose de les étudier conjointement autour des questionnements suivants : quelles sont les conditions de production des discours sur la communication et leurs effets sur les politiques ? Les

(12)

transformations de la communication politique renouvellent-elles les règles du jeu politique ? Dans quelle mesure favorisent-elles l’émergence de nouveaux acteurs et de nouvelles pratiques politiques ?

Axe 1 : Les discours sur la « société de la communication » Discutant : Erik Neveu (CRAPE, IEP de Rennes)

Autour des discours sur « la société de communication » se cristallisent des luttes, un répertoire

spécifique qui est mobilisé pour légitimer, justifier, rationaliser le recours à la communication. Ingénieurs en télécommunication, journalistes, essayistes, experts participent à l’institutionnalisation des

technologies de l’information et de la communication. Quelles logiques, aussi bien d’acteurs,

d’institutions que de situations, gouvernent à l’énonciation de ces discours - voire de ces mythes - sur les bienfaits et les méfaits de la « société de la communication » ? Quels en sont les fondements, les valeurs et les enjeux ?

Axe 2 : Les règles du champ politique reconfigurées par la communication ? Discutant : Jacques Gerstlé (CRPS, Paris I)

Les techniques de communication multiplient les lieux et les ressources à la disposition des acteurs politiques - responsables politiques, partis, institutions, syndicats, associations - pour agir

symboliquement ou non (débattre, faire passer des idées, se construire une image, etc.). L’arrivée d’acteurs et des méthodes issus du secteur de la communication dans le champ politique a-t-elle une incidence sur les logiques de celui-ci ? Comment les pratiques traditionnelles et nouvelles s’articulent- elles et influencent les règles du jeu politique ? Par ailleurs, en période électorale ou routinière, n’y aurait- il pas un déplacement du débat du fond vers la forme ?

Axe 3 : Renouvellement des relations citoyens - politiques Discutante : Brigitte Le Grignou (IRISES, Paris IX)

L’émergence d’une parole citoyenne, véhiculée notamment par les nouvelles technologies, constituerait une nouvelle donne du jeu politique. Le recours aux sondages, à la création de forums politiques, à l’utilisation d’Internet, multiplie les lieux et moments de consultations. Ainsi voter n’est plus la seule occasion pour les citoyens de s’exprimer. De sorte que, si les acteurs politiques sollicitaient

traditionnellement l’avis des citoyens, ces derniers prennent d’eux-mêmes la parole par le biais des nouvelles technologies (blogs, etc.), occupant davantage les espaces du débat. Les nouvelles

technologies seraient des dispositifs qui favoriseraient la démocratie délibérative, participative, au niveau local comme au niveau national. Pour autant, les citoyens pèsent-ils plus sur l’agenda politique et le processus décisionnel ? N’y a-t-il pas réappropriation par les politiques de ces prises de paroles pour légitimer leur propre position ? En filigrane, la société de communication contribue-t-elle à modifier le partage du pouvoir ?

Comité scientifique :

Loïc Blondiaux (CERAPS, Lille II), Dominique Cardon (CEMS, EHESS), Eric Darras (LaSSP, IEP de Toulouse), Sandrine Lévêque (CRPS, Paris I). Paul Antropius (doctorant, CRPS, Paris I), Olivier Mauco (doctorant, CRPS, Paris I), Sébastien Poulain (doctorant, CRPS, Paris I), Cyrille Thiébaut (doctorante, CRPS, Paris I), Ludivine Vanthournout (doctorante, CRPS, Paris I).

Références

Documents relatifs

Élaborez une stratégie éditoriale avec le marketing de contenu pour développer votre notoriété, attirer de nouveaux clients et fidéliser les anciens !.?. Expert en stratégie

Faites résonner votre marque ou votre organisation sur les réseaux sociaux en créant, étape par étape, une stratégie social media pour rendre votre campagne de communication ou

Le même schéma de marché vu plus haut pour le lait peut être reproduit pour les autres produits laitiers, notamment les yaourts.. Ainsi, on retrouve Centrale Laitière en tête avec

Accès de droit en master 2 Science politique Parcours Communication publique et démocratie participative pour les étudiants ayant validé le Master 1 correspondant à

En tant que chargé.e communication et marketing, tu assureras la programmation du tiers lieu, la gestion de la communication interne et externe, le développement de la notoriété

Mais il y a une articulation entre les deux démarches : « Pour le développement durable c’est une démarche de communication mais la preuve se trouve dans le produit, donc ici

Il part du constat d’une relative rareté des recherches en ce domaine et d’une absence de travaux portant sur la redéfinition de la division sociale du travail autour de compétences

Relations Presse : veille et suivi des plannings rédactionnels, contact auprès des journalistes, coordination des visites Presse, suivi des plannings rédactionnels, suivi des