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Les catégories de travail productif & travail reproductif

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Academic year: 2022

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Les catégories de travail productif & travail reproductif

En hommage à Bruno Lautier

IEDES / UMR Développement & Sociétés (Paris 1 Panthéon-Sorbonne / IRD) Campus du Jardin Tropical, Bât. Principal –Amphithéatre 1

er

étage.

45bis av de la Belle Gabrielle – 94130 Nogent-sur-Marne / Mercredi 5 juin 9h30-18h

Résumés

1ère Table Ronde : 10h00-13h00 Production/reproduction et rapports sociaux

Modératrice : Monique Sélim (IRD/Devsoc)

Ramón Tortajada (Université Pierre Mendès France/Grenoble 2)

Rapports sociaux et reproduction de la force de travail

J’ai connu B. Lautier à Grenoble, en 1972. Il était chargé de cours à l’Université de Grenoble et en cours de rédaction de sa thèse de doctorat en Sciences économiques. Elle constituera l’axe de mon intervention, bien que nous ayons ensuite signé ensemble plusieurs articles, ouvrage et contributions.

La thèse de Bruno Lautier, soutenue le 21 novembre 1974 est une thèse de « Science économique ». Tout son Jury l’indique, que des économistes avec Beaud, Parly, Hugon, Nicolaï, Tezenas du Montcel, mais l’enjeu de cette thèse comme le désigne son titre La Reproduction de la force de travail est autrement plus large. La problématique de sa recherche future, notamment à l’IEDES, est alors annoncée, elle entend englober tant le champ de l’économie que celui de la sociologie, cela se fait sentir dès son Introduction : car où commence la compréhension des rapports sociaux ? Où trouve-t-elle sa limite ?

Le mieux est de le citer :

« Le champ de l’économie politique, depuis son origine est défini comme étant la sphère des valeurs d’échange ; la sphère des valeurs d’usage n’est pour elle que le lieu où se réalisent les conditions externes de la production de valeur. L’appréhension des deux sphères suppose que l’on réfute le clivage entre les sciences sociales constituées. »

Il va s’attacher à « réfuter » ce clivage dans ses travaux d’abord à l’Université d’Amiens puis à l’IEDES.

Deux mots, ici, à propos de la problématique de cette thèse. La facture apparaît bien traditionnelle ; deux parties et près de 490 pages. La première partie aborde la place de la famille « lieu privé », mais pas tant que cela, de cette reproduction, la seconde partie la dimension sociale. Mais si la facture est traditionnelle il n’en va pas de même de son contenu.

Nullement daté, il conserve toute sa capacité corrosive des idées bien établies.

Ce sera l’objet de l’intervention.

PS : Sans plus tarder, cependant, nous ne pouvons pas ne pas rappeler une citation de Fourier que Lautier fit en note, car c’est un thème qui parcourt nombre de ses publications : « Le degré d’émancipation de la femme est la mesure naturelle de l’émancipation en général. » (p. 40).

Roland Pfefferkorn (Culture et Sociétés en Europe/Université de Strasbourg)

De la dialectique production/reproduction aux rapports sociaux de sexe

Longtemps la famille était pensée comme une unité de consommation. La production et le travail étaient censés se dérouler (dans l'esprit des économistes) dans la sphère productive. L ‘« invention » du « travail domestique » a eu le mérite de rendre visible le fait que du travail se déploie à la fois dans la sphère de la production et dans la sphère familiale. Le travail dès lors n’est plus pensé comme étant spécifique au système productif. La division sexuelle du travail apparaît alors dans son importance tant dans l’espace domestique que dans la sphère productive.

La reproduction de la force de travail était le sujet de thèse de Bruno Lautier. Généralement, dans un sens extensif la reproduction renvoie à la reproduction du salariat, c’est-à-dire à l’ensemble des conditions permettant de reproduire la force de travail, incluant la famille et l’activité de travail qui s’y déploie, mais aussi le rôle de l’Etat, notamment en ce qui concerne la protection sociale, la santé ou l’éducation. En revanche, la notion de « travail reproductif » renvoie plus souvent au seul travail domestique et aux soins donnés aux enfants.

Le développement de la problématique de la division sexuelle du travail dans la sphère professionnelle comme dans la sphère domestique permet d’élargir l’horizon théorique et épistémologique et aboutira à l’élaboration du concept de rapports sociaux de sexes.

Ce dernier est directement inspiré de celui de rapport de classe. Il ne désigne cependant pas un champ de tension autonome et indépendant des rapports de classe. Il vise à articuler explicitement et étroitement rapports de sexe et rapports de classe et, à l’opposé

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de certaines conceptions iréniques, à souligner la dimension antagonique des rapports entre la classe des hommes et celle des femmes, sans oublier la centralité du travail.

Jules Falquet (CEDREF-CSPRP/Université Paris Diderot)

Pour une perspective féministe imbricationniste de la fausse séparation travail productif- reproductif à l’analyse de la combinaison dynamique exploitation-appropriation

Il ne s’agira pas ici d’opposer travail « productif » au travail « reproductif », mais de s’interroger sur le mode d’obtention du travail, en nous concentrant sur la réorganisation incessante de la combinaison de deux grandes possibilités : travail exploité (Marx) et travail approprié (Guillaumin). Ce faisant, on verra que l’opposition entre les sphères productives et reproductives obscurcit considérablement l’analyse, et que l’analyse classique qui se focalise uniquement sur les rapports sociaux de sexe, en opposant sphère privée-reproductive-(non)travail féminin/sphère

publique-productive-travail masculin, invisibilise à tort les dimensions de classe et de « race » sans lesquelles on ne peut comprendre l’organisation du travail ni dans les foyers, ni dans les

« communautés », ni à l’échelle nationale et transnationale.

Je développerai ici le concept des « vases communicants », qui me permet de comprendre, dans une perspective imbricationniste, comment le travail exploité se combine au travail approprié, en fonction de rapports sociaux de classe, « race » et sexe en constant ré-équilibrage. On verra que les théories féministes matérialistes ont manqué en leur temps, mais permettent cependant de comprendre, le travail des bonnes migrantes ou l’esclavage, et surtout l’organisation du travail simultanément sexiste, raciste et classiste (Nakano Glenn) héritée d’une longue histoire patriarcale, mais aussi coloniale et capitaliste.

Christine Verschuur (IHEID, Genève)

Articulation des rapports domestiques et rapports capitalistes de production / reproduction

L’ensemble des activités et des rapports indispensables à la reproduction sociale a été conceptualisé dans les études féministes, qui ont également relevé la place des migrantes racisées dans la nouvelle économie globalisée et la constitution de foyers transnationaux.

Pour contribuer à expliquer les causes du sous- développement, des anthropologues économiques marxistes ont analysé l’articulation entre la sphère du travail reproductif - où dominent des rapports de production de type domestique - et la sphère du travail productif - où dominent des rapports de production capitalistes. Cette articulation est, pour Meillassoux, la

"cause essentielle du sous-développement en même temps que de la prospérité du secteur capitaliste. "

(Meillassoux, 1975 :149). D’autres auteurs (Delphy

1970, Rey e.a., 1976) ont également montré l’importance du maintien des rapports de production de type domestique pour le développement de l’économie capitaliste.

C'est en maintenant ces liens organiques entre économie capitaliste et domestique que la première assure sa croissance et sa prospérité. Afin de maintenir cette articulation, il faut préserver l'une pour continuer à lui soustraire sa substance, sans la détruire, pour alimenter l'autre. Cela implique de maintenir les liens organiques entre elles.

Dans le nouvel ordre économique global, l'articulation entre économie domestique et productive prend de nouvelles formes, mais repose toujours en grande partie sur le travail – non rémunéré à sa juste valeur–

des femmes, dont celui des migrantes, par delà les frontières, dans des réseaux transnationaux.

Pour comprendre la mondialisation du capitalisme, les études féministes ont souligné l'importance d'analyser le travail auparavant invisible des femmes, productif et reproductif, et la nouvelle division du travail productif et reproductif (Beneria 1982, Federici 1999).

L'analyse du capitalisme globalisé dans une perspective décoloniale considère que celui-ci s'appuie sur des discours de genre et de race qui organisent la nouvelle division internationale du travail (Castro- Gomez and Grosfoguel, 2007). Cette perspective décoloniale est importante pour comprendre que le capitalisme n'est pas seulement un système économique ni seulement un système culturel mais un réseau global de pouvoir intégré par des processus économiques, politiques et culturels qui constituent un ensemble (Castro-Gomez & Grosfoguel 2007).

C'est dans cette perspective que je me pencherai sur la globalisation de la reproduction sociale.

2ème Table Ronde : 14h30-17h30 Penser la reproduction

Modératrice : Chantal Nicole-Drancourt (CNRS-LISE)

Dominique Fougeyrollas (IIRISSO/CNRS/Université Paris Dauphine)

Reproduction de la force travail, travail domestique, services domestiques, services à la personne. Glissement sémantique ou différend théorique

De la rencontre entre les courants féministes et marxistes à la fin des années 1960, émergent de nouvelles théorisations sur la division du travail selon les sexes dans la société salariale. L’essentiel des débats tente une mise en perspective des analyses de la reproduction de la force de travail, du travail domestique et de la mise au travail différenciée selon les sexes.

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Un premier constat montre que désormais prévaudraient dans ce domaine des analyses en termes de services à la personne.

Quelles analyses proposer de cette évolution ? Devrait-on simplement considérer le glissement sémantique ou devrait-on, au contraire, mettre l’accent sur le différend théorique ?

Hélène Guétat (ENFA/Dynamiques Rurales/Toulouse)

Le « care environnemental » peut-il être qualifié de travail reproductif ?

Qu’est-ce que travailler ? Tout travail est-il soit productif, soit reproductif ? La qualification de « travail reproductif » pour l’ensemble des activités sociales de soin, d’attention, de précaution est-elle justifiée ? L’enjeu de la revalorisation du care, vers un « care universalisable », repose sur la construction de sujets de care où les hommes, comme les femmes, oeuvrent pour des engagements communs. Cette position ontologique permettrait, pour reprendre la proposition d’Elena Pulcini, de dépasser une vision de sujet autonome (alors que la réalité est celle d’une attention aux autres souvent déconsidérée et invisibilisée) et de valoriser au contraire l’idée d’interdépendance. Dans ce mouvement, la qualification de toutes les activités sociales comme du travail est à reconsidérer. Le concept de « care environnemental », notamment proposé par Sandra Laugier, nous aidera à réfléchir au dépassement des catégories du productif et reproductif pour penser des manières d’être dans le monde et vis-à-vis de nos environnements, du vivant (animal et végétal) différents d’un « travail ». Pour certains de ces engagements, ne s’agit-il pas de don de temps pour être avec les autres et dans le monde, privilégiant une dimension holiste, englobante et non réductionniste et économiciste du vivant. Les dimensions affectives et de responsabilité par rapport au vivant, les éthiques du soin, de l’attention historiquement construites du côté du féminin, longtemps déconsidérées et évacuées, ne relèvent pas nécessairement d’un « travail » « reproductif », vocabulaire qui tend(rait) à survaloriser une approche utilitariste.

Elisabeth Hofmann (Université de Bordeaux III)

Quid de la production du reproductif et de la reproduction du productif ?

L’analyse de cet axe de l’articulation entre productif et reproductif est essentielle pour la « budgétisation selon le genre » (BSG), un des outils macro- économique poussés par des institutions internationales engagées pour une prise en compte du genre et une partie des mouvements de femmes. La BSG, en termes d'analyse et de propositions pour les politiques publiques, est confronté à la complexité de l’analyse de ces interfaces, pourtant essentielle pour rendre les déséquilibres des budgets publics visibles.

L’argumentation sur les rouages entre productif et reproductif et sur le rôle essentiel du « care » est crucial pour le plaidoyer sur un meilleur équilibre

femmes – hommes dans les allocations de budgets publics.

Florence Degavre (FOPES/CIRTES/Université Catholique de Louvain)

Penser la reproduction étendue à

partir des approches polanyienne et féministe

L’exposé présentera dans un premier temps l’approche substantive de l’économie proposée par Karl Polanyi (1886-1964), qui lui permet de dégager entre autre ce qu’il nomme les « différentes formes d’intégration » sur base desquelles les sociétés organisent leur économie. Cela posé, nous examinerons les correspondances entre l’œuvre polanyienne et l’approche féministe en économie telle que développée par Julie Nelson (1996) ou encore Marianne Farber (2003). Toutes deux proposent une analyse économique qui n’est pas axée sur l’individu rationnel, isolé, autonome et dont l’activité principale se situe sur le marché mais au contraire axée sur les êtres humains situés socialement et où le genre « compte » pour comprendre des comportements « hors-marché ». La question économique devient donc celle de la création d’organisations et d’institutions qui permettent d’inscrire l’activité économique dans des logiques non accumulatives, dans la reproduction étendue du vivant, la préservation du social et de la nature.

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