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REGARDER UN BÉBÉ, UN LIVRE, TOUTE UNE HISTOIRE

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REGARDER UN BÉBÉ, UN LIVRE, TOUTE UNE HISTOIRE Aline Hausherr, Candice Elbaz

Érès | « Spirale »

2013/3 N° 67 | pages 87 à 94 ISSN 1278-4699

ISBN 9782749239484 DOI 10.3917/spi.067.0087

Article disponible en ligne à l'adresse :

--- https://www.cairn.info/revue-spirale-2013-3-page-87.htm

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Un bébé naît au monde. Son père, sa mère voient leurs vies psychiques bouleversées.

Des angoisses et des histoires resurgissent et une nouvelle histoire avec cet enfant émerge.

Accompagner ces parents, les écouter pour qu’une histoire puisse se vivre et se raconter, tel est notre axe de travail.

Cette unité existe dans un service de pédo- psychiatrie à Colombes (92I02). L’équipe est composée de deux pédopsychiatres, un psycho- logue, une assistante sociale, une stagiaire psychologue et deux infi rmières, tous à temps partiel. Les enfants accueillis ont entre 0 et 3 ans.

C’est à l’intérieur de ce cadre que s’est créé un atelier autour du livre : « Raconte-moi une histoire », telle une invitation faite aux parents de se réunir une fois par semaine autour des livres avec leur enfant. Cette initiative a été encouragée grâce à nos réfl exions dans le

Regarder un bébé, un livre, toute une histoire

Aline Hausherr infi rmière au Centre naissance pôle de pédopsychiatrie 92I02 centre hospitalier Théophile Roussel

(Montesson) ahausherr@gmail.com Candice Elbaz psychologue en formation Master 2 – UFR d’études psychanalytiques,

Université Paris 7 Diderot elbazcandice@gmail.com Le Centre naissance est une unité de soins psychiques destinée à prévenir et à traiter les diffi cultés liées au processus de parentalité.

Il propose un travail sur l’instauration du lien parents-bébé et s’adresse aux mères et aux pères qui éprouvent une diffi culté dans leur

« devenir-parent », ou qui se questionnent sur les ressentis et les besoins de leur bébé.

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représente le support, ce sur quoi on s’appuie pour échanger. Proposer des histoires lues à haute voix, c’est proposer un champ de mots, d’émotions, de rythmes, où chacun puise ce qui le concerne, ce qui l’intéresse, ce qui fait écho en lui. Nous sommes alors avec l’enfant dans une autre relation au monde que celle de la néces- sité de combler ses besoins vitaux. Les enfants aiment les histoires, ils sont sensibles à la musi- calité de la voix de celui qui raconte, le rythme du texte lu à haute voix évoque les comptines, les refrains, les berceuses. Michel Defourny suppose que lorsque nous lisons une histoire à un jeune enfant à haute voix, nous inventons une musique particulière qui correspond à ce que nous tirons personnellement du livre.

Cet atelier mobilise deux infi rmières et une stagiaire psychologue. C’est notre expérience clinique, porteuse d’enseignement et profondé- ment thérapeutique, que nous aimerions trans- mettre ici. Car aimer les livres, aimer les histoires et avoir du plaisir à ce qu’elles se racontent, est le processus initiateur, essentiel et dynamique de notre travail avec chaque famille. Que chacune d’elles puisse trouver à l’intérieur de ce cadre un lieu d’accueil pour raconter leur histoire, que le nouveau-né puisse y inventer les prémisses de la sienne et qu’elles se rencontrent, qu’elles se racontent pour s’écrire et pour inscrire chacun d’eux au monde en tant que sujets de l’histoire.

service, le projet s’est concrétisé et a été mis en chantier dans le sillage des associations comme Lis avec moi – La Sauvegarde du Nord, Quand les livres relient et A.C.C.E.S. (Action culturelle contre les exclusions et les ségrégations, créée par René Diatkine et Marie Bonnafé en 1982).

L’objectif de cette dernière « consiste à mettre en contact des bébés et de très jeunes enfants avec des livres, livres à regarder, à feuilleter et à manipuler, livres dont le contenu est animé et conté par des professionnels qui aiment ces livres […] et qui peuvent s’émerveiller des goûts que ceux-ci développent. Non seulement les enfants sont prêts à découvrir le plaisir du livre mais les parents, émus de leurs intérêts inat- tendus, prennent aussi le livre en main ». Dans son ouvrage Les livres, c’est bon pour les bébés, Marie Bonnafé dit : « Sachez qu’il n’est de plus savoureuses distractions que celles passées avec de belles histoires au moment de la naissance des mots1. » Ce goût pour la lecture est extrême- ment précoce. René Diatkine parle de plaisir des sonorités et du plaisir d’enveloppement que ces lectures procurent.

Proposer des histoires lues à haute voix, c’est proposer un champ de mots, d’émotions, de rythmes où chacun puise ce qui le concerne, ce qui l’intéresse, ce qui fait écho en lui.

Au Centre naissance, nous avons créé un espace de rencontre pour aider le bébé dans son déve- loppement précoce et permettre une relation de qualité entre le parent et le bébé. L’album jeunesse y est utilisé comme médiateur, il

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suggérons une rencontre sans l’imposer. Nous soutenons l’initiative venant des parents ou de l’enfant, et un livre est choisi, puis un autre et encore un autre. Nous observons les mouve- ments subtils du bébé, les réactions, et nous aussi nous essayons de ressentir ce que peut sentir ce bébé en écoutant une histoire. En racontant à haute voix, il se crée ainsi comme une enveloppe narrative et comme une enve- loppe d’affects dans l’espace transitionnel du groupe, bien que le livre lu soit adressé indivi- duellement à un enfant, à son parent.

En arrivant dans ce lieu d’accueil librement, mais en demande de soins relationnels, nous ouvrons alors un livre ensemble. Une mère porte son bébé, la soignante est à côté, et commence alors l’aventure de regarder ensemble un livre avec des images.

Il était une fois Ysé

Ysé, petite fi lle de 3 semaines, est dans les bras de sa maman, elles sont toutes deux entre la lectrice et une autre soignante, entourées, enve- loppées. À la lecture de Ton histoire, de Jeanne Ashbé, la lectrice, tout en lisant, suit avec son doigt le chemin du cordon du nouveau-né sur la page du livre cartonné. Couleurs douces, sépia… Une histoire de naissance…

La parole y est adressée (par les soignants vers les enfants, vers les parents ; par les parents vers les enfants, vers les soignants ; par les enfants vers leurs parents, vers les soignants).

La parole y est entendue. Quelque chose de nouveau se raconte. Réminiscence de la talking cure freudienne, idée fondatrice de la psychana- lyse : quelqu’un parle et quelqu’un écoute cette parole ; et l’attention des soignants est vecto- risée par ce postulat.

Mais ce qui nous semble si évident, à la base de la communication humaine et donc vital, parler et être entendu, se révèle être, pour de nouveaux parents bouleversés par ce nouveau statut et en souffrance psychique, bien souvent insurmon- table, étrange ou tout simplement inutile : c’est- à-dire ne faisant pas partie des besoins vitaux tels que le nourrissage ou le sommeil.

Mais ce parlé et cet entendu ont un support, un acteur, un allié, un média de taille : le livre.

Le lundi matin, au Centre naissance, une salle accueillante. Des fauteuils en mousse colorés.

Des soignantes engagées. Et des livres, telle- ment de livres : des petits, des énigmatiques, des grands, des rigolos, des colorés, des fi guratifs, des doux, des qui font peur (un peu !), des livres pour rêver… Ils sont là, éparpillés et ornant la salle. Ils s’imposent mais n’imposent aucun ordre sinon celui d’être saisis.

Souvent, lors de la première séance, il arrive que le parent demande à son enfant de s’as- seoir et d’écouter. La présence des profession- nels garantit la liberté d’aller vers le livre, nous

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parfois tu es triste. » La mère d’Ysé associe, elle se demande si son bébé peut être différent lorsqu’elle est avec son père. Est-ce étrange ou normal ? Comment est ce papa avec son bébé ? Interrogations… Préoccupations…

Un mois plus tard, elle choisit le livre Ernest et Célestine au musée, de Gabrielle Vincent. Ysé, 4 mois, dans ses bras, éprouve un grand plaisir à tourner les pages dans le même mouve- ment que sa mère. Son regard pétille de joie, elle regarde intensément chaque soignante, sa mère, le livre devant elle. Sa mère a la profonde conviction qu’elle a transmis à son bébé son goût à elle pour les livres. Elle est émue et nous demande confi rmation de son impression.

Avant de venir au Centre naissance pour écouter des histoires, elle ne s’imaginait pas qu’un bébé pouvait être si réceptif. Elle découvre, en même temps que son bébé, cette joie partagée.

Il était une fois Karim

Lors des premières venues à l’atelier de Karim, 2 ans et demi, et de sa mère, Karim est très angoissé, il ne parle pas. Il ne veut pas entrer dans la salle et se jette par terre, comme si sa colonne vertébrale ne le soutenait plus. Il semble liquéfi é. D’autres fois, il grimpe sur les fauteuils, s’accroche aux rideaux et essaie de se dégager pour sortir par la fenêtre. Il va de long en large Le tout petit bébé, Ysé, bouge, regarde, gazouille.

Sa mère s’en émeut, elle sent son bébé s’ouvrir, se détendre, il semble déjà comprendre, en tout cas, il réagit. Madame souhaite lire le texte elle-même parce qu’elle croit que son bébé est sensible à sa voix.

Madame est déprimée, n’a pas confi ance en elle, en ses capacités à s’occuper de son bébé.

Porter physiquement son bébé représente un effort intense, elle est entortillée dans son corps et nous sentons sa désorganisation psychique.

Ce moment de rencontre est tellement étonnant pour la mère, elle est étonnée de sa capacité à donner des paroles « bonnes » à son bébé. Elle le regarde, son bébé ne détourne plus la tête, alors qu’elle-même cesse de scruter les mimiques de son bébé. Notre position à regarder le même livre ensemble nous engage dans un processus de partage d’émotions qui permet à cette maman et à ce bébé de se retrouver ensemble au-delà de l’angoisse.

Cette maman vient régulièrement pendant plusieurs mois au Centre naissance avec son bébé. Elle comprend mieux le rythme alimen- taire pour nourrir son bébé. Une soignante lit le livre Parfois…, de Emma Dodd. Ysé, 3 mois, regarde les images qui scintillent, elle est captée, elle touche la page à pleines mains. C’est l’his- toire d’une maman éléphant et de son petit bébé éléphant. Le petit bébé a des émotions, maman éléphant les nomme : « Parfois tu es gai. » « Et

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tête doucement repose sur sa main droite et nous l’observons en train de tourner les pages de À fond de train, de Corinne Albaut et Grégoire Mabire, pendant qu’une soignante lit Tous les petits, de Jeanne Ashbé, à Léa. Ce petit garçon qui ne sait pas encore lire, souvent en prise à de fortes angoisses, semble ce jour-là plongé dans une rêverie suscitée par le livre. Touchées, nous convions sa mère à saisir l’instant. Elle est très émue.

Une autre fois, alors que Karim est sur les genoux de sa mère, cette dernière tournant les pages avec sa main gauche, Karim tourne avec elle tandis que la soignante, à côté, lit. Il s’agit de Animôme, de Raphaël Fejtö. Une autre soignante écoute. Karim garde sa main dans la main de sa mère. Moment tranquille, apaisé. À la lecture de « Moi c’est manouche, je suis la mouche et parfois j’louche », la maman sourit.

Il était une fois Medhi

Nous accueillons Medhi, 2 ans et demi, accom- pagné de son papa qui élève seul ses trois enfants. L’orientation de cette dyade en consul- tation puis dans cet atelier fut souhaitée car Medhi ne peut pas s’endormir dans son lit, même si celui se trouve pourtant à côté du lit de son père, dans la même chambre. Il se projet- tera d’ailleurs violemment contre les barreaux du lit ou se forcera à tousser jusqu’à vomir tant que le papa ne l’aura pas pris dans ses bras et dans son lit.

dans la pièce, un pas rapide, il fonce, ignorant la présence des autres enfants. Sa mère le pour- suit, un livre à la main pour le capter. Nous veillons à ne pas être intrusifs mais nous cher- chons à entrer en contact avec Karim. Sa mère s’exprime diffi cilement en français. Elle semble insaisissable mais tourmentée et perdue. Son enfant l’épuise.

Au fi l des séances, Karim, 3 ans, semble trouver des repères. Karim vient régulièrement à l’ate- lier. Il y a d’autres enfants, d’autres parents, trois lectrices. L’une d’elle lit Beaucoup de beaux bébés, de David Ellwand, Karim, lui, regarde en biais les grandes images représentant les petits enfants. Il s’intéresse à Boucle d’or que nous racontons et il touche les fi ls de laine sur la couverture. Puis il recherche le même contact sur les pages suivantes, contact que l’on observe souvent également lorsqu’il est dans les bras de sa maman : il lui touche les cheveux. Nous choisissons souvent de lire Délivrez-moi, de Alex Sanders, pour lui.

Nous avons aussi institué un petit rituel qui est de proposer un petit gâteau sec pendant l’atelier.

Karim adore regarder, examiner en touchant toutes les petites rugosités du gâteau avant de le manger. Il s’installe dans un petit fauteuil douillet, se rassemble et n’en perd pas une miette. Il regarde furtivement, de côté, le livre lu par la soignante. Nous avons alors la profonde conviction qu’il écoute, qu’il est présent.

Un jour, Karim s’installe sous une petite table d’enfant, à l’abri des regards, à plat ventre, sa

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« Écoute, papa va te lire une histoire… » Porté par nos encouragements, on sent le plaisir qu’il éprouve à dépasser ses diffi cultés face au livre ainsi que le plaisir éprouvé à parler à son fi ls ; l’histoire et le livre viennent pour la première fois s’immiscer entre ces deux corps. Les sépa- rant grâce aux mots qui prennent place entre eux tout en les réunissant d’une manière nouvelle.

Lors de la séance suivante, nous invitons Medhi à explorer la salle pour choisir un livre, mais son hésitation est grande et chaque mouvement qui l’éloigne de son père est suivi d’un retour aussi vif qu’aimanté vers les bras du papa. Nous sentons bien la diffi culté de ces deux êtres à se séparer « physiquement ». Et malgré le souhait exprimé par le père : « Allez, va donc chercher un livre », on sent son ambivalence et un certain plaisir lorsque son fi ls revient à lui à chaque fois.

Pourtant, plus en confi ance dans cet espace géographique et avec nous, Medhi commencera à partir de la troisième semaine à se promener dans la salle. Il choisira des livres qu’il courra donner à son père. Peu à peu, nous observons que c’est en saisissant les livres de ses mains qu’il pourra dessaisir le corps de son père.

Bien avant une symbolisation de séparation à élaborer, c’est une séparation de corps qui va s’acter. Bien avant que le livre ne raconte une histoire à Medhi, il sera simplement pour lui un objet transitionnel à attraper afi n de pouvoir Nous remarquons d’emblée une proximité

physique assez troublante entre le petit garçon et son père. Chacun des gestes du papa envers son fi ls est chargé de beaucoup d’attention et d’une grande tendresse, presque maternelle.

Les enfants aiment les histoires, ils sont sensibles à la musicalité de la voix de celui qui raconte, le rythme du texte lu à haute voix évoque les comptines, les refrains, les berceuses.

Le papa s’assoit et invite son fi ls à venir dans ses bras. Medhi court se réfugier contre son père et se love entre ses jambes, ses bras, debout face à nous, son dos contre le torse de son papa. Ils resteront ainsi durant tout le temps de ce premier atelier, ne faisant qu’un même corps. Nous nous asseyons donc autour d’eux et commençons à lire une histoire, Comme un grand, de P. Bisinski. Medhi est attentif mais montre peu de réactions face aux images qui défi lent. On sent cependant le grand intérêt de son papa pour l’histoire. Il rit et commente l’his- toire qui se raconte par de nombreuses identi- fi cations à sa propre vie : « Ah, ça ! C’est pas comme avec toi ! » « Mais quand Papa Lapin dit qu’il faut aller faire dodo… Petit Lapin ne veut pas ! » dit-il en souriant, et ponctuera par « Ça, c’est du vécu ! » lorsque Petit Lapin ne veut pas aller dormir. Il paraît détendu et heureux d’être là. Malgré ses problèmes de vue et sa diffi culté à lire, il désirera lire également et dira à son fi ls :

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sera un objet qui prendra une fonction très diffé- rente selon le parent ou l’enfant qui le regardera, et ainsi participera à un processus de subjectiva- tion. Tout comme la lecture à haute voix instaure une relation qui relate : le monde dans lequel nous vivons et la culture dont il est imprégné.

C’est aussi une relation qui nous relie aux autres et nous rassemble : corps et psyché. Winnicott dit : « Un bébé ne peut exister seul, il fait essen- tiellement partie d’une relation. » La lecture et le livre lu à haute voix par un tiers encouragent l’instauration du lien parent-enfant, cet enfant comme nouvel acteur de l’histoire.

Bibliographie

Jeunesse

À fond de train C. Albaut, G. Mabire Paris, Casterman, 2004.

Des papas et des mamans J. Ashbé

Paris, L’école des loisirs, 2003.

Ton histoire J. Ashbé

Paris, L’école des loisirs, 2010.

Tous les petits J. Ashbé

Paris, L’école des loisirs, 2007.

supporter l’absence du corps de son père contre lui. Nous remarquons que Medhi s’attarde très peu sur les images, ne semble pas questionner ce qui se raconte : le livre n’est pour lui qu’un objet. Mais quel objet ! Il prend les livres, les attrape, les jette, les reprend, va les chercher, les donne, les ouvre en tournant frénétiquement les pages. Et enfi n les met à la bouche, comme s’il les goûtait, les testait, comme si les livres étaient un support et portaient un peu de la tendresse de son père. Son rapport aux livres est physique.

Nous étions d’ailleurs un peu déstabilisées par son contact aux livres car, dans les mains de Medhi, ceux-là étaient détournés complètement de leur fonction principale : les histoires qu’ils recèlent. Et pourtant… Le livre est pour Medhi un objet transitionnel essentiel à sa subjectiva- tion première et lui permet de se sentir corpo- rellement indépendant de son père, séparé de lui mais accompagné. Tous deux pouvant enfi n, d’un peu plus loin, se regarder, et se raconter une nouvelle histoire.

Régulièrement, infi rmières, psychiatres, psycho- logue se réunissent pour parler de l’atelier, un temps de parole. Nous évoquons et partageons nos observations, et un travail d’élaboration clinique se crée ainsi en lien avec les consulta- tions parents-enfant. Mais ce qui nous semble essentiel à transmettre, c’est la multiplicité des mouvements (vers le monde et à l’intérieur de soi) que les livres et la lecture permettent. Le livre, comme nous avons tenté de le montrer,

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Regarder un bébé, un livre, toute une histoire

Délivrez-moi A. Sanders

Paris, L’école des loisirs, 1996.

Ernest et Célestine au musée G. Vincent

Paris, Casterman, 2010.

Autour du thème

BEN SOUSSAN, P. 2002. Les tout-petits et les livres, Toulouse, érès.

GOLSE, B ; MISSONNIER, S. 2011. Récit, attachement et psychanalyse. Pour une clinique de la narrativité, Toulouse, érès.

NIÈRES-CHEVREL, I. 2009. Introduction à la littérature de jeunesse, Paris, Didier jeunesse.

RAYNA, S. ; BAUDELOT, O. 2011. On ne lit pas seul ! Lectures et petite enfance, Toulouse, érès.

VAN DER LINDEN, S. 2011. Je cherche un livre pour un enfant, le guide des livres pour enfants de la naissance à 7 ans, Paris, Gallimard Jeunesse.

WINNICOTT, D. W. 1975. Jeu et réalité, l’espace potentiel, Paris, Gallimard, 1975.

1. M. Bonnafé, Les livres, c’est bon pour les bébés, Paris, Calmann-Lévy, 1994, rééd. 2001.

Comme un grand, P. Bisinski

Paris, L’école des loisirs, 2008.

Mes animaux, X. Deneux

Paris, Tourbillon, 2007.

Près du grand érable M. Doray

Paris, L’école des loisirs, 2009.

Parfois…

E. Dodd

Paris, Albin Michel, 2007.

Beaucoup de beaux bébés D. Ellwand

Paris, L’école des loisirs, 2009.

Deux petites mains et deux petits pieds M. Fox, H. Oxenbury

Paris, Gallimard Jeunesse, 2007.

Animôme R. Fejtö

Paris, L’école des loisirs, 2006.

Boucle d’or Parot

Toulouse, Milan, 2006.

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