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Globalement les candidats ont éprouvé des difficultés pour coordonner le rôle joué par les officiers français en Afrique noire, la chronologie de la colonisation et la dispersion des territoires

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HISTOIRE ULM - LYON (épreuve n° 277)

ANNEE 2017

Épreuve conçue par ESCP Europe Voie littéraire

Sujet Histoire BEL : L’officier français en Afrique

Le sujet proposé aux candidats de la série BEL était au cœur de leur programme et permettait de balayer l’ensemble de la chronologie de la question. Les notes sont assez contrastées et distinguent un grand ensemble de copies qui n’ont éclairé qu’un aspect du sujet et de la chronologie et un lot de très bonnes copies qui de manière synthétique ont rendu compte de la diversité des situations de la colonisation en Afrique et souligné les grands tournants qui ont modifié profondément le rôle qu’ont pu y jouer les officiers.

Globalement les candidats ont éprouvé des difficultés pour coordonner le rôle joué par les officiers français en Afrique noire, la chronologie de la colonisation et la dispersion des territoires. De là une certaine confusion dans beaucoup de plans.

L’analyse du rôle concret des officiers a souvent disparu au profit de considérations très générales sur la colonisation. Le poids de l’Afrique du Nord est trop souvent disproportionné par rapport à celui de l’Afrique noire où le dispositif de la colonisation, les statuts administratifs, la nature de la résistance de la population noire sont mal maîtrisés. La connaissance du monde militaire est souvent très floue On a pu trouver ainsi des définitions originales du statut d’officier : « un grade précédent celui de colonel », « une distinction notable »… Brazza évolue selon les copies sur tous les grades de l’armée française. Beaucoup de copies oubliant l’existence de Saint-Cyr et de Polytechnique ont cru que l’Ecole coloniale formait les officiers. On a souvent évoqué la chance d’un avancement rapide des officiers en Afrique mais l’identité du corps lui même n’a guère été précisée. Alors que le corps des officiers est surchargé d’un personnel issu de la bourgeoisie et de fils d’officiers, dans les troupes coloniales servent les plus mal classés des grandes écoles militaires et un petit nombre de volontaires désireux de faire campagne outre-mer. En 1905 pour 100 colonels sortis du rang, ils sont 12% issus l’infanterie et la cavalerie, contre 44% dans les troupes coloniales. En revanche beaucoup de personnalités parmi les plus marquantes de l’armée française (cf leur rôle dans la Grande Guerre) ont eu une carrière dans les colonies. La plupart des candidats ont retenu quelques faits saillants (en bien ou en mal) liés à la carrière des officiers (toutes les copies ou presque ont

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évoqué abondamment l’expédition Voulet Chanoine ou l’expédition Marchand) mais n’ont pas analysé la diversité du corps des officiers qui ont participé à la colonisation, diversité qui est une source de divisions, voire de conflits entre les méthodes et les itinéraires.

Le profil des « Africains » a varié selon les périodes et les zones de colonisation. Ils sont partagés en groupes qui sont autant de corps identitaires : les Algériens, les Sénégalais, les Soudanais, les Marocains, ces différences étant creusées par des rivalités d’armes (les marsouins, les bigors, l’Armée d’Afrique, les légionnaires…) mais aussi une opposition entre l’Armée de terre et la Marine avant que n’apparaissent (7 juillet 1900) les « troupes coloniales ». Très peu de copies ont clarifié les liens des officiers et des grands groupes d’intérêt économique engagés dans la colonisation et les rapports avec le lobby colonial qui apparaît au tournant des années 1890. Peu de remarques pertinentes encore sur les liens avec le personnel politique avant de s’attarder sur les officiers de la guerre d’Algérie. Globalement les officiers restent méfiants à l’égard du personnel politique et leur influence sur la vie parlementaire est limitée même dans le parti colonial où seuls Gouraud et Lyautey ont eu des liens étroits avec les députés.

La difficulté du sujet, difficulté surmontée par les meilleures copies, était d’associer un profil d’officier, une personnalité, un territoire, mais aussi des méthodes de conquête, de colonisation et de gestion des territoires. Bugeaud meurt en 1849 mais il a été le grand inspirateur des officiers de l’Afrique. Il est l’inventeur de l’idée de guérilla mobile, avec un équipement très allégé libéré du transport de matériel (ce qui va entrainer la pratique du portage dans les expéditions militaires), l’utilisation de corps francs, l’implantation d’avant-postes, un modèle de colonisation des terres initié par les soldats, l’occupation et la guerre totale mais aussi la pratique de la razzia, dévastation systématique des zones hostiles afin d’amener les populations à soumission. C’est encore Bugeaud qui ignore le colon civil et impose l’idée que la colonisation est l’affaire des militaires guidés par des officiers spécialistes parlant éventuellement la langue locale et vivant au contact des tribus. Gallieni sera son héritier direct.

Toutefois, le « modèle algérien » fortement critiqué par les politiques pour sa violence et ses résultats contestables dans l’implantation française s’est beaucoup diversifié sous la Troisième République dans la colonisation de l’Afrique. On distingue alors plusieurs « modèles » dont celui de Faidherbe au Sénégal, peu évoqué par les candidats, celui des Soudanais, celui des Tonkinois venus en Afrique et plus soucieux du développement des sociétés locales.

C’est Faidherbe qui persuade le gouvernement républicain de mettre en place une politique de long terme en Afrique en tenant compte du fait que la colonisation en Afrique entre en concurrence avec les ambitions des autres puissances alors que l’Algérie n’était qu’un prolongement de la France. La particularité de son action est d’être très liée aux intérêts des commerçants de Saint-Louis à travers une conquête dont l’objectif est la suppression des tributs imposés au négoce par les chefs Maures.

Il y parvient grâce à un maillage de fortins avec un contingent français qui ne dépasse pas les 400 hommes. Mais une autre voie apparaît avec la colonisation de Brazza, soldat de l’infanterie de marine, assimilé au profil de l‘explorateur qui, avec 12 tirailleurs sénégalais, parvient par le palabre à imposer une protection française

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sur les deux fleuves Congo et Ogooué, se fait nommer commissaire général du Congo et incarne alors une colonisation française soucieuse des populations locales, critique à l’égard des compagnies concessionnaires et opposée aux méthodes plus brutales de Stanley.

Les officiers « soudanais » qui participent à la conquête de la boucle du Niger (Binger, Marchand, Mangin, Archinard, Gouraud…) appartiennent, eux, au corps des bigors (artillerie) et des marsouins (infanterie de marine). Plus souvent issus de polytechnique, ce sont des constructeurs de places fortes, partisan d’un maillage fin du territoire et privilégiant le transport par les fleuves. Leur action par contre est passée au crible de la critique antimilitariste et anticolonialiste des années 1890 qui s’alimente de la violence fréquente d’officiers prompts à se tailler de petits empires.

C’est toutefois Gallieni (1849-1916) critique à l’égard des Soudanais dont il a fait partie, qui fait apparaître « une école française de colonisation » qui, à la pratique violente des « coups de lance » a préféré une conquête militaire associée à l’objectif de mise en valeur progressive du territoire. Franc-maçon, bien soutenu par le pouvoir politique parisien, il perfectionne un système de traités imposés aux chefs par une alternance de palabre et de coercition. C’est aussi lui qui impose l ’idée qu’un officier colonial peut exercer le pouvoir civil et militaire (cf son rôle dans la mise en place d’une fiscalité coloniale, d’un enseignement distinct du réseau catholique, du réseau de routes et de voies ferrées, de l’encadrement sanitaire des populations).

Lyautey, son « élève » est parvenu à synthétiser les différents profils du corps des officiers coloniaux. Officier d’état-major, catholique conservateur résigné à la République, proche de la pensée sociale d’Albert de Mun, il est un de ceux qui met au point un usage combiné de l’action militaire et de l’action politique appuyé sur une coopération avec les autorités locales : pachas et caïds. Il définit aussi une colonisation liée très directement aux grands intérêts économiques coloniaux et dont l’objectif est alors de mettre en place des routes, le télégraphe, des ports, des marchés, une action culturelle. De retour à Paris il est un des inspirateurs de la formule nouvelle de « l’armée coloniale » dans laquelle il défend l’idée de « l’officier- administrateur » des territoires conquis, idée qu’il va mettre en pratique comme résident au Maroc.

La période de l’entre-deux-guerres a été mieux maîtrisée par les candidats qui ont alors évoqué surtout « l’image » de l’officier colonial (littérature, cinéma, chansons, exposition coloniale …) personnage emblématique d’une France qui désormais compte sur son empire pour échapper à sa faiblesse européenne. Cette attention apportée au « culturel » ne fait du reste que refléter le faible intérêt apporté actuellement par les candidats au reste de l’historiographie (économique, sociale et politique).

La Seconde Guerre mondiale est la partie la mieux maîtrisée par les candidats ainsi que la période de la décolonisation en particulier la guerre d’Algérie à laquelle le plus souvent plusieurs pages sont consacrées, souvent au détriment des difficultés du reste de l’Afrique (Madagascar). La crise algérienne est en général traitée correctement, parfois au-delà du sujet et sans s’interroger beaucoup sur l’itinéraire et les personnalités des officiers impliqués dans la tentative de coup d’Etat devenue dans une copie « le putsch des Etats généraux ».

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