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Academic year: 2022

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Obama face à la débâcle

Michel Husson (*), à paraître dans Golias Hebdo

Obama est élu sur un champ de ruines. A la débâcle militaire et diplomatique, s’ajoute la débâcle économique et sociale. Selon le FMI, la croissance devrait être de 1,5 % en 2008 et de 0,5 % en 2009 ; le taux de chômage est reparti à la hausse ; le déficit budgétaire est de 438 milliards de dollars pour 2008 et sera gonflé en 2009 à environ 7 % du Pib par le sommes englouties dans le sauvetage des banques ; et le déficit extérieur courant tourne autour de 700 milliards de dollars, soit 5 % du Pib.

Ce panorama va au-delà d’une récession « classique » et marque la fin d’un modèle (1). La croissance récente était tirée par une surconsommation des ménages, rendue possible par leur endettement, qui est passé de 65 à près de 100 % du Pib sur la dernière décennie. Le déficit commercial qui en résultait était financé par un afflux permanent de capitaux venant du reste du monde. Ce sont les deux piliers de ce modèle - surendettement et capacité des Etats-Unis à attirer des capitaux - que la crise actuelle vient percuter.

La contrepartie de ce modèle était un creusement spectaculaire des inégalités : depuis l’arrivée de Reagan, la part du revenu total allant aux 10 % les plus riches est passée de 35 % en 1982 à près de 50 % aujourd’hui (comme en 1928 !). Cela veut dire que la croissance récente n’a pas profité à l’écrasante majorité de la population, dont le niveau de vie a stagné, voire reculé. Le système de santé privé est de plus en plus excluant et le sort des retraités est menacé par la quasi-faillite de nombreux fonds de pension.

Toute la question est alors de savoir si le programme d’Obama est à la hauteur de ces enjeux. Ses principales orientations sont la redéploiement des baisses d’impôts vers les contribuables modestes ; l’extension de la couverture médicale et la réduction des coûts du Medicare ; les investissements publics dans l’environnement financés par des quotas d’émission de carbone ; la réduction de la présence militaire en Irak. Force est de constater que ce programme est sous-dimensionné et qu’il ne permet pas de mettre en place un nouveau modèle de croissance.

L’équation à résoudre est en effet la suivante : la crise de l’endettement va faire monter de plusieurs points le taux d’épargne des ménages, ce qui va conduire à un ralentissement durable de la consommation et de la croissance. Ce pourrait être un élément de rééquilibrage du déficit extérieur. Mais cela suppose que deux conditions soient remplies. Il faudrait d’abord que les inégalités de revenus soient écrêtées dans une proportion bien supérieure à ce qui est annoncé ; et il faudrait que l’intervention publique se déploie (investissements publics et budgets sociaux) vers des secteurs moins importateurs. Cela suppose une réforme fiscale de très grande ampleur, qui permette de dégager les marges de manoeuvre pour agir réellement sur l’emploi, la santé et les retraites.

Deux scénarios sont alors possibles. Le premier - business as usual - viserait à reconduire le même modèle, en lui trouvant un nouveau point d’application avec l’aide des milliards de dollars du plan Paulson. Cela pourrait prendre la forme d’une « bulle verte », dont la destinée risquerait d’être la même que les précédentes. On pourrait y ajouter une dose de protectionnisme, une nouvelle baisse du dollar et des pressions politiques exercées sur les pays pourvoyeurs de financement. Tout cela va dans le sens d’une véritable guerre commerciale et économique avec la majeure partie de la planète, en commençant par l’Europe et le Japon. L’autre scénario verrait la mutation d’Obama en nouveau Roosevelt, contraint à un New Deal bis allant à l’encontre des intérêts sociaux dominants. Il n’est pas complètement exclu mais dépend moins des intentions d’Obama que de la montée de l’insatisfaction sociale.

(*) économiste, membre du Conseil scientifique d’Attac. Dernier ouvrage paru : Un pur capitalisme, 2008.

Site :http://hussonet.free.fr

(1) Michel Husson, « Etats-Unis : la fin d’un modèle », La Brèche n°3, 2008 http://hussonet.free.fr/usbrech3.pdf

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