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Y a-t-il des périodes pour les mariages et les naissances comme pour les crises commerciales?

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J OURNAL DE LA SOCIÉTÉ STATISTIQUE DE P ARIS

C LÉMENT J UGLAR

Y a-t-il des périodes pour les mariages et les naissances comme pour les crises commerciales?

Journal de la société statistique de Paris, tome 43 (1902), p. 238-247

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Y A-T-IL DES PÉRIODES POUR LES MARIAGES ET LES NAISSANCES COMME POUR LES CRISES COMMERCIALES?

t Dès le milieu du xvuie siècle, Sus*milch avait déjà observé la régularité des phé- nomènes démographiques de la vie, mariage, naissance et mort, se reproduisant chaque année en quantité à peu près constante. Il avait même remarqué que les variations qui semblent en apparence troubler cette constance ne sont pas elles- mêmes un effet du hasard et il avait célébré l'ordre divin qui préside à la marche de l'humanité. D'autres statisticiens, découvrant la même régularité dans certains phé- nomènes de la vie morale, ont déclaré que les actions humaines étaient une pure conséquence des causes extérieures et sociales qui les déterminent et ils ont conclu à la fatalité (1). » Sans admettre cette dernière cause, nous nous demandons si pour les mariages et les naissances il n'y a pas, comme pour les crises commerciales qui dominent tout le mouvement social, des périodes de hausse et de baisse.

Pour résoudre la question au point de vue statistique, nous n'aurons qu'à jeter un coup d'œil sur les relevés annuels des mariages, des naissances et des décès, sur les bilans des banques qui'portent la trace indiscutable des crises commerciales et enfin sur les relevés du commerce.

Les statisticiens se bornent à observer les mariages, les naissances et les décès pour se rendre compte <le^ mouvements de h population de leur pays, surtout en les comparant avec ceux des pays étrangers

Pour les naissances on a créé un mot : la natalité ; elle désigne le rapport entre le nombre des naissances et celui des habitants d'un pays, ou entre le nombre de per- sonnes formant un groupe et celui des naissances de ce groupe. Il y a 12 ans, la na- talité en France était de 1 par 40 habitants ou de 25 par 1 000. De 31 naissances pour 1 000 habitants, pendant les guerres de l'Empire, dès 1814, ce chiffre se relève à 33, retombe à 23 en 1847, année de disette, se relève à 27 en 1851, fléchit à 25,9 en 1857, s'abaisse à 22,(3 en 1871, se rolève à 26,2 en 1876, et voilà le coeffi- cient de la natalité à $2 naissances pour 1 000 habitants à la fin du siècle comme pendant la guerre.

Ce chiffre cabalistique est censé donner dans les documents officiels la situation exacte des mouvement* des naissances. En e^t-il réellement ainsi? Sans doute le résul- tat est mathématique, mai* il n'en est pas de même de l'impression qu'il produit.

Ainsi de 1883 à 1890, le nombre des naissance* légitimes diminue de 100000 et d'après le coefficient de la natalité, il faut se servir d'un mol majestueux, elle a di- minué de 24,7 à 23 pour I 000 habitants. Qui pourrait croire qu'une si petite diffé- rence représente un pareil chiffre, 100000 !

Que pour établir un rapport de crois<an *e ou de décroissance dans les mouve- ments de la population, mariage*, naissances et décès, entre divers pays, on prenne Ips milliers auxquels ils peuvent s'élever, afin de les comparer aux millions de la population, c'est diminuer la valeur absolue du résultat, l'amoindrir aux yeux et la différence que l'on cherche à mettre en lumière s'évanouit presque. On met en effet

(1) Lcrassfur, La PopMa'iot, t. H, p. 3.

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eu présence un petit chiffre et un gros, des milliers avec des millions, ce qui trouble la comparaison en réduisant les coefficients à des chiffres infimes.

Le procédé en usage n'a rien que de très correct, tout en ne donnant pas ce qu'on pouvait espérer. Sans vouloir rien changer à la pratique ordinaire on peut s'étonner de voir la précision que l'on apporte à formuler la natalité, quand on réfléchit un moment à la grossièreté d'un recensement comparée à la piécision, à la rigueur avec lesquelles on enregistre les naissances. Il y a là des chiffres certains que l'on met en présence de tous les hasards d'un recensement où se glissent, malgré les précautions qu'on y apporte, un certain nombre d'erreurs.

C'est ce qui engage à prendre simplement les relevés annuels des naissances, à les comparer entre eux et avec ceux des autres pays en prenant le tant pour cent afin d'uniformiser les résultats. On arrive ainsi à montrer la puissance des causes éco- nomiques sur les variations des mouvements des mariages, des naissances et de§

décès qui passent sous nos yeux.

Ce sont les relevés de ces tableaux annuels qui marquent les périodes par les maxima et les minima que l'on rencontre. Elles s'inscrivent ainsi d'elles-mêmes et il suffit de les rapprocher des événements qui ont pu y donner lieu pendant unç série d'années.

, Par le procédé officiel pour obtenir magistralement le coefficient des mariages, jdes naissances et des décès dans un pays, on donne bien ainsi des chiffres, mais ce sont des morceaux dont la coupure change chaque année avec la population, sans permettre de suivre un mouvement commencé dans un sens ou dans un autre.

• Il est vrai que quand l'œil se porte sur ces grandes colonnes de chiffres micros- copiques qui s'étalent dans les annuaires en lignes serrées, on a peine à les suivre.

La difficulté de la lecture de ces quantités toujours diverses ne vous offre aucun in- térêt et ne vous permet d'en tirer aucune conclusion. Cherchez-vous à les pénétrer en notant les chiffres maxima et minima? Déjà, il y a un choix, qui fixe l'atten- tion. Allez-vous plus loin, vous ne tardez pas à reconnaître que ces chiffres maxima et minima sont reliés par une série de chiffres toujours de plus en plus élevés dans la période ascendante et de plus en plus bas dans la période descendante. Sans doute il y aura quelques irrégularités, mais si le mouvement reprend de suite dans le même sens, c'est que la période n'est pas brisée; cette exception môme confirme la règle. Elle prouve que, malgré un effort, une tentative en sens contraire, néanmoins les causes économiques ou autres qui déterminent la période reprennent le dessus.

(Quelquefois, après un gros chiffre et un petit chiffre, il y aura une réaction en sens contraire, mais cela ne dure pas, la série suivra son cours.

11 y a donc des périodes, les chiffres eux-mêmes le prouvent sans qu'on y touche, sans qu'il soit nécessaire d'établii: une comparaison, un rapport quelconque.

Pour rendre ces mouvements apparents, il suffira de placer les chiffres croissants dans la colonne des maxima et les chiffres décroissants dans la colonne des minima.

Immédiatement les colonnes de chiffres sont brisées par des coupures et chacune de ces coupures correspond à des é\énements qui attirent l'attention. Il y en a un grand nombre : lesquels choisir? Ils diffèrent dans chaque pay< et n'ont souvent aucune analogie entre eux, comment alors établir les comparaisons ? Heureuse- ment il y en a qui embrassent toujours, l'observation le prouve, les grands marchés du monde, par conséquent les grandes capitales et par suite l'ensemble du pays, ce sont les crises commerciales. Leurs périodes de prospérité, de crise et de liquîr

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dation apparaissent sur les tableaux des mouvements de la population, surtout là où intervient la volonté de l'homme, comme pour les mariages et les naissances.

Dans le tableau général qu'on trouvera à la fin de ce numéro, les colonnes brisées ne produisent plus la monotonie ordinaire des tableaux officiels, où les chiffres se suivent sans attirer l'œil; au départ et à l'arrivée, les chiffres en vedette appellent l'attention. On suit avec intérêt l'étendue des mouvements en hausse ou en baisse;

on note les exceptions, on peut se rendre compte de leur valeur et déclarer si elles ont plus de valeur que les périodes, surtout dans les conditions où ces dernières se présentent.

Pour embrasser le monde dans ce tableau, on a réuni trois pays : la France, l'An- gleterre, la Prusse, aujourd'hui la tôle de l'Allemagne. Bien plus on a pris deux grandes capitales : Paris et Londres. Pour avoir le véritable mouvement des nais- sances, on n'a pris que les naissances légitimes, éliminant les naissances illégitimes moins touchées par les mémos causes ; malheureusement pour la Prusse et l'Alle- magne nous avons dû prendre les naissances légitimes et illégitimes.

Dans la première colonne on indique les crises commerciales, puisque ce sont elles qui frappent synchroniquement les grands marchés. Passant du petit au grand, nous observons d'abord le mouvement des naissances dans les capitales, Paris et Londres, puis en France, en Angleterre et le pays deGalles, laissantde côté l'Ecosse

et l'Irlande dont les conditions économiques ne sont pas comparables à celles de la France, puis enfin en Prusse et en Allemagne.

A première vue, les lignes pointillées et leur obliquité à gauche et à droite nous indiquent bien si le mouvement a lieu du côté des maxima ou des minima; la coïnci- dence de ces mouvements dans tous les pays est pour ainsi dire parfaite, seulement ils n'ont pas la môme durée ni la même amplitude. Sans doute les chiffres ne peuvent se superposer, ce qu'on ne pouvait pas attendre, mais, pendant une partie de la période, ils se dirigent dans le môme sens ; le mouvement seul parait avoir plus d'importance que le nombre dans la question qui nous préoccupe, à savoir : s'il y a des périodes.

Dans les capitales, les périodes de croissance sont plus longues que dans l'ensemble des pays, dans tous les cas les périodes de décroissance sont plus courtes; cepen- dant, en France et en Angleterre, depuis 1891 elles se sont allongées.

Que ce soit dans les capitales ou dans l'ensemble des Etats, il suffit de jeter un regard sur le tableau final pour voir partout les lignes pointillées s'incliner dans le même sens et simultanément pour la croissance et pour la décroissance des

mouvements.

Partout, au début de la période, le mouvement commence dans la même direc- tion, mais il n'a pas toujours la même durée, c'est ce qui détermine les brisures dans la ligne générale.

MOUVEMENT DES NAISSANCES A PARIS ET A LONDRES.

Ce qui se passe dans les capitales Paris et Londres pour les mouvements des naissances vérifie l'observation précédente : les deux lignes ascendantes se dirigent sans arrêt de 1850 à 1870, pour Paris de 17400 naissances à 42 400, pour Londres de 71 500 à 109 800, soit un accroissement de 21 000 cl de 37 700 naissances.

Avant d'atteindre ce chiffre maximum, à Paris, il y a eu trois arrêla>;en 1861, en

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1866, en 1868 avant d'arriver à l'arrêt total en 1870, l'année de la guerre. Ces trois nombres de 700, de 500 et de 200 naissances en moins ne méritent pas de nous arrêter, le mouvement était moins intense, tout en se maintenant; la guerre seule en 1870 a réduit le chiffre de 42 400 naissances à 27 600, soit de 14 800 naissances.

A Londres, le mouvement subit un léger arrêt en 1868 de 109 200 à 107 900, soit de 1 200 naissances, mais reprenait de suite jusqu'à 109 300 suivi encore d'une légère dépression à 108 200. Ce n'était qu'un fléchissement, on ne peut pas dire une dépression; cela est si vrai qu'une nouvelle activité ou plutôt la même conti- nuait jusqu'en 1884, et portait le chiffre des naissances de 108 200 à 130 500.

A Paris, la cause delà dépression de 42 400 à 27 600 est bien visible, c'est la guerre de 1870 et la preuve c'est que de 27000 en 1871 le chiffre se relève de suite à 41 400 en 1872, pour fléchir eu 1874 à 39 400; c'est bien là ce que nous signa- lions: l'action et la réaction. Au même moment à Londres le mouvement ascension- nel des naissances a déjà repris en 1872. A Paris, ce chiffre de la dépression noté en 1874, 39 400, on entre dans une nouvelle période de prospérité où Londres a déjà devancé Paris. Les deux capitale* >'avancent alors de conserve : Paris jusqu'en 1883, Londres jusqu'en 1884. Un an et deux ans après la crise de 1882, la coïncidence est parfaite. Lés naissances à Paris s'étaient élevées de 39 400 à 47 200, soit, de 7 800, et à Londres de 108 200 à 130 500, soit de 22 300.

La période suivante de 1883 à 1890 est la période de liquidation de la crise1 de 1882 et par suite une période de diminution des naissances : à Paris de 47 200 à 44600, à Londres de 130 500 à 123 200 (1884-1890), soit une diminution de 2 600 et de 7300 naissances pour chacun des deux pays. La liquidation de la crise de 1882 était terminée en 1888 à Paris, en 1890 en Angleterre, avant le kcach Daring.

A Paris, par un simple mouvement de réaction, les naissances de 46400 en 1888 se relèvent à 47 200 en 1889 pour fléchira H 6 0 0 en 1890. Elles reprennent encore à 47 000 en 1891, sans que le chiffre maximum noté en 18S3 ait été atteint, et enfin la liquidation du krach se faisant sentir on retombe à 45 100 en 1895.

A Londres de même, de 123 200 en 1890 les naissances se relèvent à 129 600 en 1891 pour de là s'abaisser à 12050O en 1894. La liquidation Haring est bien mar- quée pour les deux capitales. Cette liquidation terminée, on essaie de repartir. A

"Paris, de 45100 naissances en 1895 le chiffre se relève péniblement à 45800 en 1898 en pleine période de prospérité, à la veille de la crise, mais la dernière année de la période prospère en 1899, il s'abaisse, avant même la liquidation, à 43 600, le plus bas chiffre noté jusqu'ici ; qui» pouvons-nous craindre pour l'avenir!

A Londres, de 126 500 en 189i on atteint 129 400 en 1897, chiffre bientôt aban- donné pour fléchir à 128 300 en 1899.

Résumant l'ensemble de ces mouvements dans le tableau de la page suivante, nous constatons pour les capitales Paris et Londres trois périodes d'accroissement des naissances et trois périodes de décroissance. Il n'y a eu qu'une période prospère d'une longue durée, celle «le 1850 à 1870, au moment où par les chemins de fer et les banques la circulation matérielle et la circulation fiduciaire ont commencé à couvrir le monde. La première période a duré 20 ans, non sans crises si on les suit sur les bilans des banques, mais ces crise* ne laissent pas encore de traces sur les mouvements des naissances. La guerre de 1870 amène la première dépression sensible, près de 15000 naissances en moins; même à Londres elle se fait sentir, 1100 naissances en moins.

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La seconde période de prospérité 1874 — 1883, au lieu de 21000 naissances en plus à Paris, 37 700 à Londres (1850 — 1870) n'en donne plus que 7 800 et 22 300.

Sa durée ne dépasse pas 9 ans et 13 ans (voir le tableau ci-dessous).

Mouvements des naissances légitimes par périodes.

Paris. Londres.

Années. » - . — « — Durée Années. v . „„ „o Duréa Naissance. D i f f e r P D C O S d e ,a I W a n c e s D I K r p n c e i < d e l a

(milliers). période. (millier*). période.

{1350. . . 21,4 1850. . . 71,5

(1870. . . 42,4 —21,0 20 ans 1870. . . 109,3 H-37,7 20 ans (1870. . . 42,4 • 1870. . . 109,3

(1871. . . 27,6 —14,8 1 an 1871. . . 108,2 - 1,1 1 an {1874. . . 39,4 ' 1871. . . 108J2

(1883. . . 47,2 4- 7,8 9 ans 1884. . . 130,5 + 2 2 , 3 13 ans {1883. . . 47,2 1884. . . 130,5 .

(1890. . . 44,0 — 2,6 7 ans 1890. . . 123,2 —7,3 6 ans J1890. . . 44,6 1890. . . 123,2

(1898. . . 45,8 •+• 1,2 8 ans 1897. . . 129,4 + 6 , 2 - 7 ans {1898. . . 45,8 1897. . . 129,4

(1899. . . 43,6 — 2,2 1 an 1898. . . 127,8 —1,6 1 an

« 8 3 . . , 47,2 1884. . . 130,5

1899. . . 43,6 — 3,6 16 ans 1899. . . 128,3 — 2,2 15 ans A la brillante période 1874-1883, avant le tarif douanier de 1800, succède comme toujours une période de liquidation de 7 années, de 1883 à 1890, 2 600 naissances en moins à Paris, 7300 à Londres et cela avant le krach Baring. Il éclata au mois de novembre 1890 et, malgré le trouble qu'il apporta dans les affaires, la dimi- nution des naissances ne se manifesta qu'on 1 SI)4 el 1895 à Londres et à Paris.

La reprise paraît en 1807 à Londres, en 1808 à Paris, mais elle est éphémère;

dès l'année suivante, c'est encore la baisse à Londres et à Paris : la guerre du Transvaal n'y aura pas été étrangère.

MOUVEMENT DES NAISSANCES EN FRANCE ET EN ANGLETERRE.

Comme pour les capitales Paris et Londres, le tableau, qu'on trouvera à la fin de ce numéro, sous les yeux, nous chercherons s'il y a des périodes depuis un demi- siècle dans le mouvement des naissances en France et en Angleterre.

En France, après la disette de 1847, la révolution de 1848, les émeutes qui suivirent, on voit que, dès qu'il y eut un moment de paix en 1852, les naissances se relevèrent de 884 000 à 901 000.

Aux premières inquiétudes de la guerre de Grimée, de 901 000 elles s'abaissent à 838 000, soit de 03 000.

La belle période d'activité commerciale, qui persiste malgré la guerre jusqu'en 1857, les élève de 838 000 à 937 000, soit de 99 000.

La liquidation qui succède à cette crise les abaisse à 887 000, soit de 50 000.

De 1860 à 1866, malgré la guerre de la Sécession aux États-Unis, la crise de 1864 en France, le noir vendredi en Angleterre, si le commerce a souffert il n'a

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du moins pas été arrêté. L'influence des traités de commerce à l'aide d'une politique douanière plus libérale se fait bien sentir ici, quoi qu'on en ait dit depuis. Les nais- sances s'accroissent de 44000.

Le mouvement de croissance des naissances malgré les réactions nécessaires avait été rapide depuis 1850. On avait touché le chiffre de 937000 en 1859, à la fin de la période prospère, et en 1860 on était encore à 931 000.

Un moment de repos était nécessaire; même avant la guerre on avait fléchi à 877 000. La guerre éclate et les naissances s'abaissent à 767 000, soit de 106 000.

Mais dès 1876, le vide était presque comblé, de 767000 le chiffre s'était déjà relevé à 899 000.

Un tassement se fait en 1881, à la veille de la crise, on était retombé à 851 000.

La période prospère avait repris *on cour*; elle ramène le chiffre de 866 000, mais, pendant la liquidation de la crise de 1882, le chiffre de** naissances s'abaisse de 100 000, de 866 000 à 700000 (1883-1890).

Tel a été le coup le plu* funeste porté à la natalité française, elle n'a pu s'en relever.

Après une pareille perte, le vide élail difficile à combler, cependant une réaction était inévitable. Elle a lieu, en effet, en 1803. Le chiffre de 808 000 naissances légi- times reparaît un instant, aussitôt suivi de celui de 760 000 en 1895, pendant la liquidation du krach Raring. Une légère reprise à 789 O00 en 1890 nous amène enfin au chiffre minimum de 754000 en 1900. Quel écart a\ec les chiffres de 937 000 naissances en 18r>9, 931 000 en 18CC, 899 000 en 1876, 866000 en 1883!

Cette dernière année diffère encore avec I90O de 112 000 naissances.

Les périodes pour les naissances, en Angleterre, sont beaucoup mieux marquées surtout par leur durée et leur importance; ainsi la première période s'étend de 1850 à 1867, c'e*t en effet une de* plu* belle* époques d'activité des affaires comme les crises de 1857, de 1864, et de 1866 l'indiquent assez.

De 740 000* en 1868, les nai**onccs descendent à 728 000 en 1869, soit d'une somme infinitésimale, 12 000, el de suite s'ou\re une nouvelle période qui nous ra- mène en 1884 avec 864 000 naissances, -oit 136 000 de plus qu'en 1869. L'Angle- terre n'avait pas été touchée pendant la guerre franco-allemande, elle avait pu étendre son commerce partout où les produits de* belligérants faisaient défaut; ce n'est pas comme en France une simple réaction de 132 000 naissances comme celle que nous avons constatée en 1876 après la dépression de 106 000 naissances en 1871.

Voilà un contraste bien établi, mais il y en a encore un autre plus grave, c'est la diminution de 100 000 naissance* que nous avons notée, pour la France, de 1883 à 1800, alors qu'au même moment, en Angleterre, on notait aussi une dépression qui n'était que de 33000 naissances.

Enfin, autre contraste, tandis qu'en France, après une tentative de reprise des naissances à 789 000 en 1896, celles-ci sont réduites 5 754000 (1900), en Angle- terre elles s'élèvent de 831 000 à 891 000 (1890-1899), soit de 60000, dépassant ainsi tous les chiffre* précédents. Ce chiffre maximum correspond bien à celui qu'on observe à la tin de la période prospère ou après la crise.

Tous ces chiffre* maxima et minima correspondent donc bien avec les crises com- merciales et les périodes qui les précèdent et qui les suivent. Gomme pour les crises, il y a donc des périodes pour les mouvements de la population qui sont sous l'in- fluence de la volonté de l'homme comme les mariages et les naissances.

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MOUVEMENT DES NAISSANCES EN PRUSSE ET EN ALLEMAGNE.

Poursuivons notre observation sur l'Allemagne depuis sa récente constitution et surtout sur la Prusse avant l'annexion du reste de l'Allemagne.

En Prusse, dès 1850, co:nm* nous venons de le voir en France et en Angleterre, les périodes sont bien marquées. De 1855 à 1850 les naissances générales s'élèvent de 593 000 à 715 000; la réaction a lieu à 692 000 (1859-1862).

En 1870, le chiffre de 938 000 est déjà atteint, même avant le prestige de la vic- toire.

Pendant la guerre, les naissances ne fléchissent en Prusse que de 106000, en France au même moment de 100 00O.

La paix n'était pas signée que déjà on était reparti et, dès la première période, les naissances s'acccroissaient en Prusse de 225 000 ; le million était atteint et dépassé.

La réaction, en 1881, e*t à peine sensible, à 1 013 000.

La progression reparaît de *uile et de 1881 à 1889 nous ramène à 1 094 000, soit une plus-value, par rapport à 1870 (1 057 000), de 81 000 naissances.'Le mouve- ment croissant n'est pas arrêté; le krach Baring e*t sans action, il ne laisse même pas de trace. Chaque année le chiffre des naissances s'élève jusqu'à 1 225 000 en 1899 et même 1 235 000 en 1900; la progression suit son cours; de 1881 à 1899 elle donne déjà, en Prusse, 212 000 naissances annuelles de plus.

Observon^-nou* ce qui se passe en Allemagne depuis sa nouvelle création en 1871, nous voyons l'expansion ^e poursuiwe chaque année.

De 1 026 000 naissances au début, nous taxons leur crois>ance à 1 761 000 en 1876, soit une augmentation de 135 000 nak*ames générales annuelles.

Pendant la réaction, elles s'affaissent en 1881 à 1 682 000, soil de 79 000.

Elles reprennent leur mouvement ascensionnel de 1881 à 1880, l'année qui pré- cède le krach Bariujj, à 1 772 000, soit une augmentation de 90 000 naissances.

Ici, il y a une légère brisure dans la ligne ascendante en 1890, l'année du krach;

de là un recul insensible de 13000 naissances, sur des chiffres de près de deux mil- lions, ce n'est rien.

Les naissances *uivent donc leur marche ascendante jusqu'à 1 980000 en 1899 et même 1 99G00O en 1900! Le chiffre de 2 000 000 est certainement acquis au- jourd'hui.

Ce qui se passe en Allemagne et surtout en Prusse confirme bien les périodes.

Dans le nouvel État, ce n'est pour ainsi dire qu'une période ascendante; cependant en Prusse elles sont déjà visibles de 1850 à 1870, mais c'e*t depuis la victoire que la progression a pris le* proportions que nous constatons aujourd'hui. Qu'est-ce que l'accroissement du nombre de* naissances en Angleterre comparé aux accrois- sements allemands, et même en Allemagne qu'est-ce que l'accroissement de tous les petits États, même de la Bavière, en dehors de celui de la Prus*e, qui avait déjà et qui gardera la plus grande place dans le mouvement général des naissances ?

Mouvements des naissances générales.

Année*. En Prune. En Allemagne. Anne». En Prune. En Allenufae.

4871. . . 832000 1626000 1881. . . 1013 000 1082000 1876. . . 1057 01)0 1761000 1899. . . 1225000 11)80000

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Si nous remontons jusqu'en 1871 pour établir une comparaison, nous voyons que l'accroissement des nai*sances pour l'ensemble de l'empire s'élève à 354000 nais- sances, et sur ce chiffre la Prusse en fournit 393000! Le reste de l'Allemagne ne compte pas; rien ne constate mieux la vitalité, la supériorité physique et morale de la Prusse, elle se montre digne de présider aux destinées de l'Allemagne.

CONCLUSION

Quelle conclusion tirer des nombreux chiffres qui s'étalent dans les tableaux des mouvement des naissances ? Pour la rendre facile, un dernier tableau permettra par un groupement des chiffres de parler aux yeux.

Cette étude, qui embrasse un demi-siècle, se divise naturellement par les maxima et les minima en quatre périodes alternatives de hausse et de baisse, ainsi qu'on peut le voir dans le tableau de la page suivante.

La première période s'étend de 1850 à 1870. On peut suivre les différences qui se manifestent en France, en Angleterre, en Prus*c et en Allemagne. L'observation porte sur le \if. Les mouvements dais les divers pays sont au même moment les mêmes, quoique dans des proportion* bien différentes ; c'eil tout l'intérêt du tra- vail .

La première période commence en 1850, sauf pour l'Allemagne. Ce sont les chiffres maxima et minima qui commandent la coupure, elle n'a ainsi rien d'arbi- traire.

On notera l'importance des progressions en hausse et des diminutions en baisse.

A une période de croissance des naissance*, succède toujours une période de dé- croissance et réciproquement. Nous la notons de 1870 à 1871. La France, par suite de la guerre, ainsi que la Prusse, ont été les nations le& \)\u> touchées; on le constate par la diminution de* naissances, de 1101)00 pour le vaincu, et de 106 000 pour le vainqueur. Ce qu'il faut remarquer, c'est que l'Angleterre et Londres ont été éga- lement frappés, avant même la déclaration de guerre, en 1860, ce qui prouve bien que la diminution dépendait dans ces régions d'une cause économique. Les chiffres minima sont beaucoup [dus faibles, sauf pour le*> belligérants, que ceux de la pé- riode des maxima.

A cette période très courte de décroissance succède une période de croissance beaucoup moins vive que la première, surtout pour la France. Inutile de répéter les chiffres, il* frapperont bien plus sur le tableau, par suite de leur voi*inage; cepen- dant, même pour l'Angleterre, la plu—\alue des naissances est notable sans doute, quoique réduite de 187 000 à 136 000; il en est de même en Prusse. 11 est vrai qu'ainsi nous ne tenons pas compte du nombre des année*. Celte réserve faite, les chiffres gardent leur \aleur.

Cette dernière période de croissance des nais*ances est, comme la précédente, suivie d'une période de décroissance, et alors pour la France c'est un désastre.

Nous voyons apparaître cette bais*e énorme de 100000 naissances, tandis qu'en Angleterre, en Prus*e, en Allemagne, sous les mêmes influence* économiques, la baisse existe san* doute, mais d'une manière beaucoup moins bensible : 33 000 en

Angleterre, 44000 en Pru*se, 79 000 en Allemagne.

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Une nouvelle période de croissance s'ouvre en ce moment. A Paris, à Londres elle parait se manifester, mais en France l'abaissement des naissances suit son cours; en 1900 nous sommes à 754000; en debors de la guerre c'est le plu* bas chiffre noté.

Avec ces chiffres, en les prenant béparément, toute* les théories peuvent trouver des arguments eu leur faveur, ce qui n'ôle rien à leur valeur.

Ce qui ressort de cette étude, c'est qu'au milieu d'une prospérité dépassant tout ce qu'on a vu jusqu'ici dans le monde, partout on noie l'accroissement des naissances, tandis qu'en France la diminution a été et est encore de plus de 100 000. La réac- tion ordinaire à peine apparue, on note déjà 75i 000. En dehors de tout accident pour expliquer cet affaissement on peut, avec l'expression moderne, accuser la men- talité; malheureusement le remède n'est pas là.

Clément JUGLAR.

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