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Comment peut-on expliquer la diversité des analyses des crises économiques ? I. La diversité des analyses est due à la diversité des crises : une explication insuffisante

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Academic year: 2022

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Comment peut-on expliquer la diversité des analyses des crises économiques ?

I. La diversité des analyses est due à la diversité des crises : une explication insuffisante

A. Les crises conjoncturelles (court terme) ne s’analysent généralement pas de la même façon que les crises structurelles (long terme).

1) L’exemple des crises du XIXème siècle : les crises classiques semblent pouvoir s’expliquer par des chocs exogènes alors que les crises structurelles semblent pouvoir s’inscrire dans la dynamique endogène des innovations (Schumpeter) 2) Cependant, la diversité des analyses s’observe également pour un même type de crise. Les crises classiques du XIXème trouvent des causes endogènes dans les analyses des cycles courts (Juglar) ou dans l’analyse marxiste. Les analyses des crises structurelles sont elles-mêmes diverses : multiplicité des analyses des cycles longs, explication proposée par l’Ecole de la régulation.

B. Les mutations des économies dans le temps changent la nature des crises ce qui amène un renouvellement des analyses.

1) L’exemple de la crise de 1929 qui coïncide avec l’émergence de la théorie keynésienne. L’analyse keynésienne de la crise est en partie dépendante du contexte, c'est-à-dire des caractéristiques particulières des économies de marché au début du XXème siècle. Notamment, elle est mieux adaptée au contexte de la crise de 1929 qu’à celui des crises du XIXème siècle pour lesquelles on observe une reprise spontanée.

2) Néanmoins, l’apparition de nouvelles analyses des crises au fur et à mesure des mutations des économies ne signifie généralement pas disparition des analyses anciennes. En particulier, on ne peut pas considérer l’émergence de l’analyse keynésienne comme la conséquence de l’obsolescence des analyses plus anciennes.

Par exemple, l’explication de la crise de 1929 fournie par Friedman s’inscrit dans le cadre traditionnel de la théorie classique et néo-classique où les crises sont dues à des chocs exogènes (ici une erreur de politique monétaire).

II. La diversité des analyses expliquée par les progrès de la science économique, science néanmoins inexacte qui laisse place à des analyses concurrentes

A. Des progrès de l’analyse économique des crises

1) Premier exemple : l’analyse de la crise de 1929 par Friedman. Certes la pertinence de l’analyse monétariste est en partie relative au contexte, notamment le fait que les banques centrales ont au XXème siècle le monopole de l’émission de la monnaie légale. Néanmoins, indépendamment du contexte, l’analyse monétariste a permis une meilleure compréhension du rôle de la politique monétaire dans les fluctuations économiques.

2) Deuxième exemple : les nouveaux classiques, en prenant en compte le rôle des anticipations et des arbitrages intertemporels, permettent de mieux comprendre pourquoi des récessions (associées aux crises) peuvent ne pas traduire des déséquilibres mais de simples redistributions de l’offre dans le temps en fonction des chocs exogènes perçus. Bien que proche de celle fournie par Say au XIXème siècle, l’analyse des crises fournie par Lucas ou Kydland et Prescott constitue bien une analyse nouvelle dont l’explication principale tient au progrès de la science économique.

B. Science inexacte et analyses concurrentes.

1) La crise de 1929. Bien que les évolutions du contexte économique puissent expliquer l’apparition de nouvelles analyses. Bien que les progrès de la science économique puissent amener à des évolutions des analyses des crises. Il reste que

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des analyses des crises continuent à s’opposer aujourd'hui. La crise de 1929 ne se serait-elle pas transformée en dépression si les salaires avaient pu baisser ? La dépression aurait-elle évitée si la Fed avait injecté suffisamment de liquidités ? La relance de la demande permise par le New Deal a-t-elle suffit à sortir de la crise ou celle-ci n’a-t-elle finalement pris fin qu’après la Deuxième guerre mondiale dans le cadre de la régulation fordiste ?

2) Si le caractère inexact de la science économique implique nécessairement une diversité des analyses des crises, il favorise également l’influence de l’idéologie dans l’analyse. Ainsi la diversité des analyses des crises peut également s’expliquer par la concurrence entre des idéologies qui vont chacune tenter d’imposer leur vision de la crise. C’est ainsi que, par exemple, les auteurs marxistes chercheront à convaincre du caractère inéluctable des crises dans un mode de production voué à l’échec alors que des auteurs libéraux chercheront à convaincre du caractère illusoire et néfaste d’une remise en cause du laisser-faire face à la question des crises.

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