HAL Id: tel-00010301
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de déformation
Nicolas Ranc
To cite this version:
Nicolas Ranc. Etude des champs de température et de déformation dans les matériaux métalliques
sollicités à grande vitesse de déformation. Energie électrique. Université de Nanterre - Paris X, 2004.
Français. �tel-00010301�
Université Paris X - Nanterre
Spé ialité : Energétique
Présentée par
Ni olas RANC
Etude des hamps de température
et de déformation dans les matériaux
métalliques solli ités à grande
vitesse de déformation
Soutenue le 20Dé embre 2004 devant lejury omposé de :
A.Molinari Président dujury Université deMetz
A.Chryso hoos Rapporteur Université Montpellier II
C.Ron hi Rapporteur ITUKarlsruhe
P. Hervé Dire teur s ientique Université Paris X
M. Reynier Examinateur Université Paris X - Dire tionENSAM
"les hoses essentielles ne doivent pas être multipliées sans né essité"
Prin ipede par imonie,Guillaumed'O am, moinefran is ain et
philo-sophe du XIVème siè le.
Selon e prin ipe, ens ien es physiques quand deuxthéories en
ompéti-tion permettent de prédire exa tement les mêmes hoses, la plus simple
Ce travail de thèse a été réalisé au sein du Laboratoire d'Energétique et
d'E o-nomie d'Energie (LEEE) de l'Université Paris X Nanterre en ollaboration ave le
Centre Te hnique d'Ar ueil de la Délégation Générale pour l'Armement (Ministère
de la Défense).
En premier lieu,je tiens à remer ier MonsieurPhilippeHervé, mondire teurde
thèseet égalementdire teurdu LEEEdem'avoira ueilliauseinde sonlaboratoire
et d'avoir a epté d'en adrer es travauxde re her he.
Je souhaiteégalementexprimertoutema re onnaissan eàMonsieurAlain
Moli-nariquim'afaitl'honneurdeprésidermonjurydethèseainsiqu'àMessieursAndré
Chryso hoos et Claudio Ron hi qui onta eptés la lourde tâ he de rapporteur de e
mémoire. Je les remer ie également pour les nombreuses et fru tueuses dis ussions
que nous avons eues.
Jeremer ieégalementMadameMarieReynieretMonsieurHervéCouqued'avoir
a epté de juger e travail. Mes remer iements vont également à Monsieur Thierry
Thomas poursa parti ipation au jury dethèse et pour sona ueil au seindu
dépar-tement Matériaux Surfa es Prote tion du CTA dont il était responsable.
Plus parti ulièrement,jetiens àremer ierVin entPinade sonaidesurla partie
expérimentale de e travail et Lauren e Beylat, Ja ques Clisson, Pierre François
Louvigné et Laurent Taravella d'avoir grandement fa ilité toutes mes démar hes
s ientiques et administratives au Centre Te hnique d'Ar ueil.
Enn, les personnes ayant ontribuées à e travail sont nombreuses, je tiens à
Glossaire v
Nomen lature vii
Introdu tion 1
I Etude bibliographiqu e du isaillement adiabatique 7
1 Historique du isaillement adiabatique 11
1.1 Dé ouve rte des bandes de isaillement adiabatique . . . 11
1.2 Expérien e de Mar hand etDuy . . . 11
1.3 Mesures de température . . . 13
1.4 Con lusion . . . 16
2 Amorçage et formation d'une BCA 17 2.1 Miseen équationdu problème de isaillementadiabatique . . . 17
2.2 Critères de lo alisation . . . 18
2.2.1 Maximum de ontrainte de isaillement . . . 19
2.2.2 Critèrede stabilité: méthode des perturbations linéarisées . . 20
2.2.3 Critèrede lo alisation: méthode des perturbations relatives . 22 2.2.4 Méthodes non linéaires . . . 22
2.2.5 Con lusion. . . 25
2.3 Propagationdes BCA. . . 26
2.3.1 Miseen éviden e de lapropagation des BCA . . . 26
2.3.2 Vitesse de propagation des BCA . . . 27
2.4 Stru tures bidimensionnellesdans les BCA . . . 29
3 Comportement oll e tif des BCA 31 3.1 Etudes expérimentales : auto-organisationdes BCA . . . 31
II Mesure de la température par pyrométrie 35
4 Rayonnement des solides 39
4.1 Origine physique du rayonnement . . . 39
4.1.1 Phénomène d'émission d'un photon . . . 39
4.1.2 Cara tère aléatoirede l'émission . . . 40
4.2 Rayonnement d'un orps idéal : le" orps noir" . . . 41
4.2.1 Dénition du " orps noir" . . . 41
4.2.2 Energie rayonnée par un orps noir . . . 42
4.2.3 Maximum d'énergie . . . 43
4.2.4 Lesu tuations . . . 44
4.2.5 Maximum de sensibilité . . . 47
4.3 Rayonnement des orps réels . . . 48
4.3.1 Dénition du fa teur d'émission . . . 48
4.3.2 Relationentre lefa teur d'émission et lefa teur de réexion . 49 4.3.3 Relationsde Fresnel . . . 49
4.3.4 Propriétés optiques des matériaux ondu teurs . . . 50
4.3.5 Paramètres inuençant lefa teur d'émission d'une surfa e . . 55
5 Prin ipe de la pyrométrie 59 5.1 Généralités sur lapyrométrie. . . 59
5.1.1 Dispositif optique . . . 60
5.1.2 Lesdéte teurs . . . 60
5.1.3 Ampli ation eta quisition . . . 65
5.2 Expressiondu signal délivré par un déte teur . . . 66
5.2.1 Puissan e rayonnée sur un déte teur . . . 66
5.2.2 Signal en sortie de déte teur . . . 69
5.2.3 Etalonnage du système . . . 70
5.3 Con eptionet optimisationde la haînepyrométrique . . . 72
5.3.1 Optimisationde latailledu déte teur et du système optique . 74 5.3.2 Comparaisondes déte teurs . . . 75
5.3.3 Con lusion. . . 77
6 Dispositif expérimental asso ié aux bandes de isaillement adiaba-tiques 79 6.1 Présentation du montage mé anique . . . 79
6.1.1 Barres d'Hopkinson en torsion . . . 79
6.1.2 Eprouvette . . . 79
6.1.3 Méthode de dépouillement . . . 82
6.2 Présentation du montage expérimental . . . 85
6.2.2 Le pyromètre . . . 87
6.3 Test de la haînede mesure . . . 92
III Analyse des résultats - Dis ussion 97 7 Modélisation numérique du isaillement adiabatique 101 7.1 Présentation du modèle . . . 101
7.1.1 Miseen équation du problème . . . 101
7.1.2 Géométrie du problème et onditions limites . . . 103
7.1.3 Modélisationdes défauts . . . 104
7.2 Loide omportement . . . 105
7.2.1 Loide Johnson-Cook . . . 105
7.2.2 Identi ationdes paramètres - Essais de omportement . . . . 108
7.3 Le al ul par élémentsnis . . . 114
7.3.1 Maillage . . . 114
7.3.2 Cara téristiques du al ul . . . 115
7.4 Résultatsdu modèle . . . 115
7.4.1 Historique de la formationde labande . . . 115
7.4.2 Champs de vitesse etde ontrainte . . . 117
7.4.3 Inuen e du défaut sur la BCA . . . 119
7.4.4 Con lusion. . . 125
8 Analyse et dis ussion des résultats 127 8.1 Amorçagede bandesde isaillement adiabatique . . . 127
8.1.1 Prédi tion de la déformationà lalo alisation. . . 127
8.1.2 Mé anismes de nu léation des BCA . . . 132
8.2 Températures maximalesdans les BCA . . . 137
Con lusions et Perspe tives 141
Bibliographie 145
Liste des gures 151
BCA Bande de isaillement adiabatique
CTA Centre Te hnique d'Ar ueil
LEEE Laboratoired'Energétique etd'E onomie d'Energie
LOT Laser Optique etThermo-optique
A
onstanted'appareillagec
éléritéde lalumière dans levide,2, 998.10
8
ms
−1
C
apa ité aloriqueC
raideurC
b
vitesse de propagation d'une bandede isaillementadiabatiqueC
t
vitesse des ondes de isaillementD
déte tivitéD
∗
déte tivité spé ique
e
épaisseur de la toilede l'éprouvette ou hargede l'éle tron,1, 602177.10
−16
C
f
fon tion seuilE
module d'Youngh
onstantede Plan k,6, 626176.10
−34
Js
J
moment d'inertiequadratiquek
onstantede Bolzmann,1, 380662.10
−23
JK
−1
K
oe ient d'appareillagel
e
longueur de la barre entrantel
s
longueur de la barre sortanteℓ
0
λ
luminan e instantanée du orps noirL
luminan eL
λ
luminan e mono hromatiqueL
0
λ
luminan e mono hromatique du orps noirm
masse de l'éle tron,9, 10939.10
−31
kg
n
indi eréel˜
n
indi ede réfra tion omplexep
variable d'é rouisssageP
puissan e déte tée par un apteurQ
rendement quantiqueR
é rouissageR
b
rayonde la barreR
e
rayonintérieur de l'éprouvetteRa
rugositémoyenne arithmétiqueRm
rugositémaximaleSi
0
tensiond'oset
S
e
se tionde lapartie utile de l'éprouvetteS
λ
sensibilitéspe traleT
températureT
0
température ambianteV
vitesse de solli itationv
φ
vitesse de phaseα
λ
fa teur d'absorptionβ
oe ient de Taylor-Quinneyγ
déformationde isaillementδ
profondeur de pénétrationε
0
permittivitédu vide,8, 854188.10
−12
F m
−1
ε
eq
déformationplastiqueéquivalente umuléeε
InSbfa teur d'émission intégré sur le spe tre du déte teur InSb
ε
r
permittivitérelative omplexeε
totfa teur d'émission total
ε
λ
fa teur d'émission mono hromatiqueε
tenseur des déformations totalesε
e
tenseur des déformations élastiquesε
p
tenseur des déformations plastiquesη
tauxde roissan e ourendementθ
diéren ede températureλ
longueur d'ondeou ondu tivité thermiqueλ
c
longueur d'ondede oupureµ
module de isaillementν
oe ient de Poissonξ
nombre d'ondeρ
masse volumiqueρ
λ
fa teur de réexionσ
tenseur des ontraintesσ
e
limited'élasti itéσ
eq
ontrainte équivalente de VonMisesτ
ontrainte de isaillementou tempsde volτ
λ
fa teur de transmissionχ
fa teur d'extin tionω
pulsationω
0
pulsationd'os illationω
p
pulsationplasmaω
τ
pulsationde relaxationΩ
angle solideLesmé anismes d'endommagementetde rupture liésauxsolli itationsàgrande
vitessededéformation(supérieureà
100 s
−1
)sontbienmoins onnusque euxmisen
jeuenstatique.Pourtantlesdomainesd'appli ationsontnombreuxeten
développe-ment( rash,miseenformedesmatériaux,impa tbalistique).Unedes onséquen es
ultimesd'unesolli itationdynamiqueestle isaillementadiabatiquequenousallons
étudier plus parti ulièrement dans e mémoire.
Présentation et appli ations du isaillement adiabatique
Le isaillement adiabatique est un mé anisme de ruine intervenant le plus
sou-vent dans les matériaux du tiles (par exemple les métaux) lors de solli itations
dynamiques mettant en jeu de grandes vitesses de déformation.Ce phénomène est
ara térisé par une lo alisation de la déformation plastique de isaillement sous
forme de bandes de faibles épaisseurs (quelques dizaines à quelques entaines de
mi romètres).Cette lo alisation s'a ompagne d'une dissipation de l'énergiede
dé-formation plastique sous forme de haleur. Lors d'une solli itation dynamique, le
temps de déformation est si ourt que la haleur ne peut s'éva uer par ondu tion.
C'estpour etteraisonque e phénomèneestqualiéd'adiabatique.Ilenrésulteune
augmentation importantede la température lo alementdans es bandes (plusieurs
entaines de degrés). Cependant à l'é helle de dimension des bandes, la
ondu -tion n'est pas négligeable. Ce sont les propriétés thermiques et plus pré isément la
diusivité thermique qui déterminentl'épaisseur de labande. Le isaillement
adia-batique onduit à des déformations intenses très lo alisées qui sont les pré urseurs
dela réationdemi ro avitésetdon dessures.Enphaseterminale,le isaillement
adiabatiqueest don le siège de la propagationd'une ssure.
De nombreux pro essus de mise en formerapide des matériaux métalliques
gé-nèrent des bandes de isaillement adiabatique (BCA). En 1966, Pomey [53℄
souli-gnait déjà l'intérêt de e phénomène, qu'il appelait "plasti ité adiabatique", dans
les appli ations industrielles de formage et de dé oupe des matériaux métalliques.
Aujourd'hui,l'exempleleplus ara téristiqueest l'usinagegrandevitesse. Ses
avan-tages par rapport aux te hniques d'usinage onventionnelles sont multiples. Il
Fig. 1- Observation mi ros opique de bandes de isaillement dans un opeau segmenté
d'après Lesourd [31℄.
piè esusinées. Cepro édéautoriseégalementl'usinagedes matériauxpossédantdes
performan es mé aniques de plus en plus élevées omme par exemple les alliages
de titane très utilisés dans l'industrie aéronautique. Les grandes vitesses de oupes
donnent une morphologie de opeau segmenté (en dent de s ie) ave présen e de
BCA (gure 1) et s'a ompagnent d'une rédu tion des eorts de oupe. Une
op-timisation du pro édé d'usinage grande vitesse passe don obligatoirement par un
approfondissementdes onnaissan es sur le isaillementadiabatique.
Uneentreprisesuédoise HydropulsorAB
1
autilisé e phénomènepour on evoir
une ma hine hydraulique permettant de dé ouper des barreaux ou des tubes ave
des aden es très grandes. Le deuxièmeintérêt de e prin ipe est d'obtenirune très
bonnequalitéde oupeetdefaiblesamplitudesde poinçon.Lama hinehydraulique
permetde isaillerdesbarreauxdontlediamètrepeutatteindre40ou60millimètres.
Les aden es de produ tion varient entre 200 et 700 piè es par minute suivant le
diamètre à dé ouper. Le mé anisme de rupture peut sans doute être attribué aux
bandes de isaillement.
Dans le domaine militaire, l'étude de la résistan e d'un blindage de har
vis-à-vis d'une solli itationd'impa t met en jeu des vitesses de solli itation élevées. Les
BCAapparaissent ommeunmé anismed'endommagementimportantauniveaudu
omportementdynamiquedesmatériauxpourblindagesetperforants,enparti ulier
auniveaude l'intera tionproje tile- ible.Lagure2montre unemi rographied'un
blindageena ieraprèsperforationparun obusè he. On onstateunemultitudede
bandes de isaillement ara térisées par de nes lignes blan hes. Ce mé anisme de
ruineaégalementétéévoquépourexpliquerlepouvoirperforanta rudesproje tiles
inétiques de matériaux parti ulièrement sensibles au isaillement adiabatique. Il
1
Fig. 2- Bandes de isaillement dans un a ier de blindage après perforation par un obus
è he (métallographies réalisées auCTA).
pourraiteneetjouerunrleenbalistiqueterminaleenmodiantlaformedelatête
duproje tile[35℄.L'étudedesBCAviseàaméliorerla onnaissan edesphénomènes
misen jeuan de développer par exemple des ritères de ruine intégrables dans un
odede al ul,envuedelimiterle oûtinhérentauxessaisbalistiques.Unemeilleure
ompréhension des mé anismes physiquespeut égalementpermettre d'optimiser ou
de développer de nouveaux matériaux[60℄.
Problématique
Depuis sadé ouverte par Tres aen 1878 [64℄,le isaillementadiabatiquesus ite
toujoursungrandintérêtauseinde la ommunautés ientique.Cependant,malgré
denombreuxtravauxsurlesujet,touslesmé anismesd'initiationetd'évolutiondes
bandesde isaillementnesontpas aujourd'hui omplètement onnusetleur
modéli-sationprésentetoujoursdes di ultés.D'abordsur leplanexpérimental,lamiseen
pla e d'un système de mesure en dire t adaptéà l'é helle de temps du isaillement
adiabatiqueet plus généralement aux solli itationsdynamiques reste un travail
dé-li at.La duréede formationd'unebandede isaillementest en eetde l'ordrede la
dizaine de mi rose ondes. Ladi ulté supplémentaire liée auxBCA provient aussi
de la faible largeur de es bandes (quelques dizaines de mi romètres) qui né essite
d'utiliser des moyens de mesureayant une très bonne résolution spatiale.La
modé-lisationde e phénomèneest égalementun problème omplexe ar elledoit prendre
en omptedes phénomènesàdes é hellesdiérentes (l'é hellemi ros opiquepourla
BCA et ma ros opique pour la piè e solli itée dynamiquement) et oupler des
métallurgie).Deplus,le isaillementadiabatiqueesttrèssensibleauxparamètresdu
matériauetsurtoutaux onditions initiales. Lesmodèlesquiessayent de simulerles
BCA sont très fortement non linéaires. Il est don né essaire de prendre en ompte
dans les modèles, des grandeurs ara térisant l'hétérogénéité de omportement du
matériauoules défauts de surfa e des piè es solli itées. De plus, pour être robuste,
un modèlené essiteraquelaloide omportementdu matériausoitvalabledansdes
onditions très diérentes : de l'ambianteà des températures pro hes de la
tempé-raturedefusiondu matériau,àbasseetgrandevitesse dedéformation(supérieureà
1000 s
−1
) etpour des grandes déformations plastiques(jusqu'à plus de 1000% dans
lesbandes). On omprendalors ladi ultéd'identier ette loide omportementà
partir d'essais simples. L'é helle des bandes est parfois plus petite que la tailledes
grains du matériau e qui entraîne des problèmes d'hétérogénéité du matériau et
don de représentativité de laloi de omportement.
Obje tifs de l'étude
L'obje tif général de e travail est de mieux omprendre les mé anismes de
dé-formationetderupture misenjeulorsd'unesolli itationdynamiqueen isaillement
simple d'un matériau métallique. Nous avons hoisi d'étudier parti ulièrement
l'al-liagedetitaneTA6V arilprésenteunefortesensibilitéau isaillementadiabatique.
Cet alliagea aussi un intérêt industriel ar ilest de plus en plus utilisédans les
do-mainesde l'aéronautiqueetde l'aérospatial.La premièrepartie de e travail
orres-pond àune analyse expérimentale de la formation des bandes de isaillement
adia-batique.Dansune deuxièmepartie,lesrésultatsobtenusseront interprétés.Comme
Zener et Hollomon l'ont mentionné en 1944 [71℄, en pré isant le mé anisme de
for-mationd'uneBCA,latempératureestun paramètreimportantdans ephénomène.
Aumomentde lalo alisationde ladéformation,latempératureaugmentetrès
rapi-dement dansla bande.Ellesemble don être un paramètreintéressant pour étudier
lesBCA.Nousavons hoiside on evoirun systèmedemesurepermettantde
quan-tier pré isémentles hampsde températureàlasurfa e d'uneéprouvette au ours
d'une solli itation dynamique. Notre système de mesure a été adapté au dispositif
des barresd'Hopkinsonentorsion lassiquementutilisépour formerdes BCA.Dans
lalittérature,denombreuxtravauxontportésurladéterminationdelatempérature
dans lesbandesde isaillement.Une originalitéde e travailest l'optimisationde la
mesure de température par rayonnement (pyrométrie) an de limiter les erreurs à
basseethautetempérature, d'augmenter lesrésolutionsspatialesetdepermettrela
déte tion de basses températures, de l'ordre de la entaine de degrés Celsius. Nous
nous sommes don plus parti ulièrement intéressés à deux plages de températures
diérentes : la première, que nous appellerons "basses températures" on erne le
domainedes températures omprises entre 50Cet300C. Elle orrespond audébut
hétéro-généité de température juste avant la lo alisation qui serait sus ep tible de générer
une bandede isaillementadiabatique. Ladeuxièmeplage,appelée i i"hautes
tem-pératures" (800C à 1600C) permettra de quantier les températures maximales
atteintes dans les bandes. Des travaux déjàmenés au Laboratoired'Energétique et
d'E onomied'Energiede Villed'Avray [51℄[55℄ onduisenteneetàpenserquel'on
peut atteindre des températures pro hes de la température de fusion. Très peu de
mesures ontjusqu'i i onrmé e fait.
Organisation du mémoire
Ces obje tifs ont déterminé le travail présenté dans e mémoire. Une première
partieseradédiéeàl'étudebibliographiqueexpérimentaleetthéoriquesurle
isaille-mentadiabatique. Noustenterons de retra er les dé ouvertes marquantes parmiles
nombreux travauxsur lesujet etnousprésenterons plus parti ulièrementlesétudes
ré entes sur l'hétérogénéité de température au sein même d'une bande, sur la
pro-pagationdes BCAetleur omportement olle tif.Nousdétailleronsentreautres,les
diérentes te hniques qui ont été utilisées pour mesurer les températures dans les
bandes.
Ladeuxième partiede e travail on ernerala on eption du systèmede mesure
des températures par pyrométrie visible et infrarouge. Pour mieux omprendre les
hoix que nous avons fait, nous ferons un rappel sur les propriétés radiatives des
matériaux et sur le prin ipe de la pyrométrie. Nous terminerons ette partie en
présentant en détail ledispositif de mesure etlesrésultats quenous avons obtenus.
Enn,dansunedernièrepartie,nousanalyseronslesrésultatsobtenus
pré édem-ment et nous les interpréterons en utilisant une modélisation thermomé anique du
Etude bibliographique du
Dé ouvert en1878,le isaillement adiabatiquea fait l'objetdetrèsnombreux travauxà
lafoisauniveau expérimental etenmodélisation.Depuis quelquesannées, le
développe-mentdes te hniques demesure endire tdeladéformationet surtoutdelatempérature
a permis de pré iser les mé anismes mis en jeu lors de la formation d'une BCA. D'un
autre té, es dé ouvertes ont également permis de développer de nouveaux modèles
et don de dé rire deplus enplus pré iséme n t laformationd'unebande de isaillement
adiabatique. Après avoir retra é l'historique des dé ouvertes marquantes, nous
détaille-rons les diérentes expérien es qui ont été réalisées pour mesurer la température dans
adiabatique
1.1 Dé ouverte des bandes de isaillement adiaba
-tique
La première observation des bandes de isaillement adiabatique a été menée
par Tres a en 1878 [64℄. Il a remarqué que lorsqu'une barre métallique hauée au
"rouge" est frappée par le marteau pilon, il apparaît une roix rouge plus intense
résultant d'un ré hauementtrès lo aldu matériau.
En 1944, Zener et Hollomon [71℄ ont également observé des bandes de
isaille-mentadiabatiquelorsd'unessai depoinçonnagedynamique.Ilsontmisen éviden e
lorsd'observationsmétallographiquespost mortemdenesbandesblan hesqui
tra-duisent de grandes déformationsde isaillementtrès lo alisées etde fortes
augmen-tationsde température. Pourexpliquer ephénomène,ilsontproposé unmé anisme
de formation de bandes de isaillement mettant en jeu une dissipation de l'énergie
mé anique en haleur entraînant une augmentation de température qui elle-même
rée un adou issement thermique du matériau : pendant la déformation plastique,
une grandepartiede l'énergiemé aniqueest transformée en haleur.Dansle as où
lavitesse de déformation est grande,la haleurne peut pratiquement pas s'éva uer
par diusion etla déformation plastique génèredes augmentations de température
importantes et don un adou issement thermique du matériau. Si la diminutionde
ontraintedue à l'adou issement thermiquedevient plus importanteque
l'augmen-tation de ontraintedue àl'é rouissage, l'é oulement plastiquedevient instable.La
déformation homogène laisse pla e à un mode de déformation lo alisée sous forme
de bandes.
1.2 Expérien e de Mar hand et Duy
Après la dé ouverte du isaillement adiabatique par Tres a et son expli ation
e phénomène par observations métallographiques post mortem [41℄. Le prin ipal
in onvénient de es te hniques est qu'elles ne donnent que très peu d'information
sur lesmé anismes de formationetd'évolutiondes BCA.Une des premières études
expérimentales par observation en dire t de labande de isaillementa été ee tuée
en 1988 par Mar handet Duy [36℄.
A etteo asion,ilsutilisentledispositifdes barresd'Hopkinsonde torsionpour
observer la formation des bandes de isaillement adiabatique dans une éprouvette
tubulaire en a ier HY100.Des jauges pla ées sur les barres permettent de mesurer
leur déformation et d'en déduire la ontrainte de torsion et la déformation
nomi-naledel'éprouvette.Undispositifdephotographieultra-rapide(tempsd'ouverture:
2 µs
)disposé autourdes barressuivanttrois dire tions permet d'observer une grilledéposée sur l'éprouvette et d'en déduire la distribution de la déformation pendant
la formation de la bande. L'analyse des résultats leur a permis de distinguer trois
phases(gures1.1 et1.2) :laphase1 orrespond àunedistributionhomogènede la
déformationplastique.Lan de etteétape oïn ideave lemaximumde ontrainte
de isaillement.Pendantlaphase 2,ladéformationdevienthétérogènesuivantl'axe
de torsion mais reste homogène le long de la ir onféren e de l'éprouvette. Plus
la déformation augmente, plus la taille de bande diminue et plus la déformation
plastiquedans labandeaugmente. Laphase3est ara tériséepar une hute
impor-tantedela ontrainteetune fortelo alisationde ladéformation.Desphotographies
simultanées révèlent une hétérogénéité de la taille de bande et des diéren es de
déformationimportantes en trois pointsde la ir onféren e de l'éprouvette. Dansle
as de l'a ierHY100, lesdéformationsvarient entre 130% et1900%.
Fig. 1.1 - Visualisation des phases de formation de BCA sur la ourbe ontrainte
Fig. 1.2 - Photographie des grilles déposées sur l'éprouvette torsion pour les inq
défor-mations présentées sur la gure 1.1 (extraitde Mar hand et Duy[36℄).
Pendant les phases 2 et 3, Mar hand et Duy ont onstaté qu'à un même
ins-tant, les bandes ne se forment pas for ément toutes dans un même plan normal à
la dire tion de torsion. Pour expliquer les mé anismes de formation de la bande,
ils ont envisagé deux as diérents. Dans le premier, la formation des bandes se
dé omposeraiten une phasede nu léationde bandes àdiérents endroitsde la
par-tie utile au même moment puis ensuite une phase de roissan e et de oales en e
des nu léi pour former une seule bande tout autour de l'éprouvette (gure 1.3). Le
deuxième mé anisme serait ara térisé par la formation d'une bande en un point
de la ir onféren e suivie de sa propagation autour de l'éprouvette (gure 1.4). Le
fait que lors des phases 2 et 3 les bandes ne soient pas dans le même plan étaye
le deuxième mé anisme, alors que la grande disparité des déformations plastiques
autourde l'éprouvette onduiraitàpréférerlepremier.Aujourd'huien oredes
ques-tions demeurent on ernant l'existen e ounon de es deux mé anismes.
1.3 Mesures de température
Comme le soulignent Zener et Hollomon [71℄, la température est un paramètre
important dans le mé anisme de formation des BCA. Compte tenu de la faible
Nucléation
de bandes
Phase de
croissance
Coalescence
Fig. 1.3 - Mé anisme de formation
d'une BCA par nu léation,
roissan e et oales en e.
Amorçage
de la bande
Propagation
de la bande
Fig. 1.4 - Mé anisme de formation
d'une BCA amorçage et
propagation à partir d'un
défaut.
expérimentale parti ulièrement bien adaptée à la détermination de la température
dans les BCA. De plus, l'amélioration onstante des performan es des déte teurs
durant es dernières années, a permis d'augmenter la pré ision des mesures ainsi
que larésolution spatiale ettemporelle.
Lespremières mesurespyrométriquesontété réaliséesparMossetPond en 1975
[47℄ave unsemi- ondu teurengermaniumdopéau uivrepour évaluerlavariation
detempératurelorsde latra tiond'uneéprouvetteen uivre.C'estàpartirde1979,
que Costinet al. [13℄ ont mesurédes augmentationsde température de 100C dans
unebandede isaillementenutilisantunmonodéte teurInSbde
1 mm
de diamètre.En 1987, Hartley et al. [23℄ mesurent le prol de température le long de la
partie utile d'une éprouvette de torsion ave une barrette de 10 déte teurs InSb
photovoltaïques. Pour limiterles aberrations hromatiques, le montage optique est
onstitué d'un miroir sphérique. Il leur permet d'avoir deux résolutions spatiales
diérentes de
20 µm
et250 µm
.Lesmatériauxtestéssont lesa iers1018CRS(taillede bande
250 µm
) et 1020HRS (taillede bande150 µm
). Les variations maximalesde températuremesurées sontde l'ordrede 450C.
En1988,Mar handetDuy[36℄utilisentunebarrettede12déte teursInSbave
unmontageoptiquede typeCassegrain pourlimiterlesaberrations hromatiqueset
sphériques. Ce dispositifpermet devisualisersur l'éprouvettedouzezones de
35 µm
par
35 µm
et espa ées de11 µm
. La température maximale atteinte dans un a ierHY100estde590C.Cettemêmeexpérien eseraégalementmenéeplustarden1998
par LiaoetDuy [33℄sur leTA6V ave néanmoins unemeilleurerésolutionspatiale
(
17 µm
) etrévèlera des températures maximalesde l'ordrede 440C à 550C.En 1996, Zhou et al. [74℄ ont mesuréla température dans lesbandes de
(gures 1.5 et 1.6). Les matériaux étudiés sont l'alliage de titane TA6V et l'a ier
C300. Ils utilisent une barrette de 16 déte teurs InSb de
80 µm
par80 µm
. Dans leas del'a ier C300,ilsobserventun é hauementintensesurune largeurde
200 µm
à
300 µm
dont l'amplitude dépend de la vitesse d'impa t. Pour une vitesse de pro-je tilede40 ms
−1
,le maximum de températureatteint plus de 1400C. Dans le as
du TA6V, ils remarquent que l'é hauement est plus dius et moins intense (de
l'ordre 450C pour une vitesse d'impa t de
64 ms
−1
: gure 1.7).
Fig. 1.5 - Eprouvette pré-entaillée
utili-sée par Zhou etal. [74℄.
Fig. 1.6 - Position des zones de
me-sure par rapport à l'entaille
sur l'éprouvette deZhou etal.
[74℄.
Fig. 1.7 - Proldetempérature autour d'unebande de isaillement adiabatique dans
l'al-liage TA6V; vitesse d'impa t
47, 3 ms
−1
En 1997,Pina [51℄adéveloppéun nouveau système de mesure basésur la
pyro-métrie mono hromatiquevisible(
λ = 0, 634 µm
).Le hoix de ette ourtelongueurd'onde permet de s'aran hir des variationsdu fa teur d'émission lors de la
forma-tiondelabande.Lestempératuresmesuréesdansl'alliagedetitaneTA6Vatteignent
1300Clorsd'unessai de poinçonnement.Laduréede lamesureest de
5 µs
etlaré-solutionspatialeestd'environ
4 µm
.Unemesuredansl'infrarouge,plussensibleauxvariations du fa teur d'émission, lui a permis de déte ter le hangement de phase
α − β
pour une température de transitionde 996C.En 2001, Guduru et al. [22, 21, 72℄ ont mis en éviden e le ara tère
bidimen-sionneldesbandesde isaillementenvisualisantle hampde températureà
5, 5 mm
d'une pointe de ssure lors de la formationd'une BCA. Pour ela, ils utilisentune
matri e de 8 par 8 déte teurs HgCdTe ouplée à un système optique de
grandisse-ment0,9 omposé de deux obje tifsde S hwarz hild. La zone viséesur l'éprouvette
par un déte teur fait
110 µm
par110 µm
.Ils ont misen éviden e des points haudsespa és régulièrement. Les distan es entre deux points hauds varient suivant les
essais entre
250 µm
et1 mm
.Ces résultatsseront détaillés dans leparagraphe 2.4.1.4 Con lusion
Leste hniquesexpérimentalesd'observationendire tdelabandede isaillement
adiabatiqueontpermis de mieux omprendrele phénomène.Depuis l'expérien ede
Mar handetDuy, leste hniquesde mesurede déformationontpeu progressé. Par
ontre lesmesures de latempératuredans lesBCA se sontrapidementdéveloppées
grâ e àl'amélioration de performan es des systèmes de déte tion.
L'obje tifde es diérentes mesures de températureaété essentiellement
d'éva-luer latempératuremaximaleatteintedans une BCA pendant laphase de hute de
la ontrainteetdelo alisationdeladéformation(phase3).Nouspouvonsremarquer
que plus les résolutions spatialesse sont améliorées, plus les estimations de la
tem-pérature dans les BCA ont régulièrement augmenté. On peut également onstater
ladi ulté de quantier latempératurede bande dans l'alliagede titaneTA6V, e
qui peut être expliqué par le fait que les largeurs de BCA sont quasiment dix fois
plus faiblesque elles ren ontrées dans les a iers.
Les dispositifs expérimentaux utilisés dans la littérature en dehors de elui de
Guduruetal.nepermettentpasdequantierlesbassestempératures orrespondant
au début de la lo alisation de la déformation. La di ulté prin ipale des mesures
bassestempératuresestlefaibleniveaudusignalémis.Pour ontourner eproblème,
Guduruet al.ont hoisiuneplagede longueurd'ondeasso iéeaudéte teurHgCdTe
situéedans ledomaineinfrarougemoyen (
λ ≈ 12 µm
).Nous ommenterons e hoixBCA
Un des premiersobje tifs de la ompréhension du isaillementadiabatiqueaété
de prédire les onditions né essaires à la formationd'une BCA, onditions portant
surlasolli itationetle omportementdumatériau.Diérentesappro hes
unidimen-sionnellesde eproblèmeontétéutilisées.Nouslesdétailleronsdanslesparagraphes
2.1et2.2.Nousverronségalementquedessimulationsnumériquesbidimensionnelles
ettridimensionnellesontpermisdemodéliserdesphénomènestelsquelapropagation
des BCA et l'apparition de stru tures bidimensionnellesausein même des bandes.
2.1 Mise en équation du problème de isaillement
adiaba tique
Laplupartdestravauxthéoriquessurle isaillementadiabatiquesesontatta hés
àmodéliserl'essaidetorsionauxbarresd'HopkinsondeMar handetDuy.De
nom-breuxauteursontsupposé quel'é oulementplastiqueàl'intérieuretàl'extérieurde
la bandeest laminaire etont don fait l'hypothèse d'un problème unidimensionnel.
Ilsont alors onsidéré unmassifinnid'épaisseur
2h
(gure2.1)solli itéenisaille-mentsimpleoùseuls lesdépla ements suivantladire tion
x
sont onsidérés ommenon nuls. L'unique omposante du tenseur des déformations est la omposante de
isaillement
ε
xy
notéeγ =
∂u
∂y
aveu
ledépla ementsuivantx
.En tenant ompte des eorts d'inertie et des eorts internes, l'équilibre
mé a-nique s'é rit :
ρ
∂
2
γ
∂t
2
=
∂τ
∂x
(2.1)ave
ρ
la masse volumique,τ
la ontrainte de isaillement etγ
la déformation deisaillement.
A etteéquationd'équilibres'ajouteuneloide omportementthermomé anique
+h
-h
x
y
V
V
Fig.2.1 -Modélisation unidimensionnelle du problème de isaillementadiabatique.
etl'adou issement thermiqueet peut s'é rire de manière générale :
τ = f (γ, ˙γ, θ)
(2.2)ave
˙γ
la vitesse de déformation de isaillement etθ = T − T
0
la variation detempératurepar rapport à latempératureinitiale
T
0
.L'équilibre thermique prend en ompte un terme de ondu tion etun terme lié
à ladissipation d'une fra tion du travailplastique en haleur.Cette fra tion, notée
β
, est appelée oe ient de Taylor-Quinney. Ave ette notation, l'équation de lahaleur s'é rit :
ρC
∂θ
∂t
= βτ
∂γ
∂t
+ λ
∂
2
θ
∂y
2
(2.3)où
C
est la apa ité alorique etλ
la ondu tivité thermiquedu matériau.On onsidère que le massif est initialement à une température homogène
T
0
et qu'à partir de l'instant
t = 0
, on applique sur les deux surfa es une vitesse±V
suivant la dire tionx
. Compte tenu des grandes vitesses de solli itation, desonditions limites adiabatiques seront appliquéessur lesdeux surfa es :
∂θ
∂y
(y = ±h) = 0
(2.4)Toutes es équationspeuvent se généraliser aux as bidimensionnelet
tridimen-sionnel.
2.2 Critères de lo alis ation
L'obje tif d'un ritère de lo alisation est de déterminer les onditions de
déve-loppées pour établir e ritère de formation : méthode basée sur le maximum de
ontraintede isaillement,lesétudesde stabilitéetlesméthodesnon linéaires.Nous
allonsmaintenantdétailler es te hniques.
2.2.1 Maximum de ontrainte de isaillement
Par une démar he analogue à elle utilisée par Considère [12℄ dans le as de
la stri tion lors d'un essai de tra tion, plusieurs auteurs omme Re ht ou Culver
[57, 14℄ontproposé un ritère basé sur lemaximum de ontraintede isaillement.
g
t
t
ma x
g
c
dt>0
dt<0
Fig. 2.2 - Maximumde ontrainte de isaillement.
Une variation de la ontrainte d
τ
peut être la onséquen e d'une variation dela déformation d
γ
(é rouissage), d'une variation de la vitesse de déformation d˙γ
(dur issement dynamique) ou d'une variation de température d
θ
(adou issementthermique) : d
τ =
∂τ
∂γ
˙γ,θ
dγ +
∂τ
∂ ˙γ
γ,θ
d˙γ +
∂τ
∂θ
γ, ˙γ
dθ
(2.5)Lemaximumde ontrainte orresponddon àune ompétitionentrel'é rouissage
qui tend à augmenter la ontrainted'é oulement et l'adou issement thermique qui
au ontraire tend à la diminuer. Les auteurs supposent la vitesse de déformation
onstante et négligent le dur issement dynamique et la ondu tion thermique; la
ondition d
τ = 0
permet alors d'obtenir en utilisant l'équationde la haleur 2.3, leritère suivant (Culver [14℄) :
1
τ
∂τ
∂γ
θ, ˙γ
= −
β
ρC
∂τ
∂θ
γ, ˙γ
(2.6)Ce ritère permet de déterminer la déformation ritique de isaillement
orres-pondantaumaximumde ontraintepouruneloide omportementdetypepuissan e
(
τ = Kγ
n
˙γ
m
θ
−v
γ
i
=
nρC
βKv
θ
1+v
˙γ
m
1
n+1
(2.7)où
n
est l'exposant d'é rouissage,m
est l'exposant d'adou issement thermique,v
l'exposantd'adou issementthermiqueet
K
la ontrainted'é oulementàdéformationnulle.
Ces résultats permettent de montrer qu'une augmentation de l'adou issement
thermiqueatendan eàdiminuerla ontrainte ritiqueetdon àfavoriserle
isaille-ment adiabatique. Au ontraire, un matériaufortement é rouissable et de apa ité
aloriqueimportantesera moins sensible auxBCA.
Le ritèredumaximumde ontraintenedépendpasdela ondu tivitéthermique
e quis'avère inexa t dans la réalité.Pour résoudre e problème, Re ht [57℄ ajouta
également à e ritère l'eet de la ondu tion thermiquesur laformationdes BCA
en étudiant un pro essus d'usinage grande vitesse. Il suppose alors que la bande
se omporte omme une sour e de haleur plane qui dissipe vers l'extérieur par
ondu tion.Cemodèleluipermetdedéterminerlavitesse dedéformationminimale
pour avoir isaillement adiabatique. Il obtient un ritère permettant de omparer
lesvitesses de déformation ritique de deux matériaux:
˙γ
c1
˙γ
c2
=
λ
1
ρ
1
C
1
λ
2
ρ
2
C
2
∂τ
∂γ
1
∂τ
∂θ
2
∂τ
∂θ
1
∂τ
∂γ
2
2
τ
y2
τ
y1
2
(2.8)ave
λ
la ondu tivitéthermique,ρ
lamassevolumique,C
la apa ité alorique,τ
la ontraintede isaillement,
γ
ladéformationplastiquede isaillement,θ
latempé-ratureet
τ
y
la ontrainted'é oulement.Lesindi es1et2sontrelatifsrespe tivementaux deux matériaux.
Le ritèredemaximumde ontraintenepermetpasdedéterminerladéformation
lors de la hute rapide de ontrainte orrespondant réellement à la formationde la
BCA. Il s'agit don d'un ritère né essaire pour avoir formation d'une BCA mais
pas susant.
2.2.2 Critère de stabilité : méthode des perturbations
linéa-risées
D'autresauteurs,Cliftonetal.en1978et1984[11℄,Baien1982[2℄etMolinarien
1985 [43℄, proposent pluttun ritère d'instabilitédéterminé àpartir d'une analyse
destabilitéd'uné oulementplastiquehomogèneen isaillementsimple.Pourétablir
qui onsisteà savoir siune petite perturbation initialeest sus eptible de grossir ou
non.
Cette méthode desperturbationslinéairessedé ompose en deux étapes. La
pre-mière onsiste à déterminer une solution homogène
S
h
où par exemple ladéfor-mation ne dépend pas de l'ordonnée
y
(gure 2.3). Ce problème se résoutsim-plement de manière analytique (on trouvera plus de détails dans [3℄ pages 134 à
140). Dans la deuxième étape, on onsidère une perturbation très petite devant la
solution homogène et se présentant généralement sous la forme d'une onde plane
(
δS = δS
0
exp(ηt − iξx)
aveδS
0
l'amplitudeinitialede laperturbation,η
son tauxde roissan e et
ξ
son nombre d'onde) et l'on étudie son évolution au ours dutemps. Comme ette perturbation est innimentpetite, on peut alors linéariser les
équationsd'équilibre etexprimerle tauxde roissan e
η
.Sila partieréelle deη
estnégative,l'amplitudede laperturbationdé roîtrapidementetlesystèmeest stable.
Au ontraire si la partie réelle de
η
est positive, la perturbation roît de manièreexponentielle etle système devient instable.
x
V
V
y
y
y
y
g
g
g
+
Solution homogène
S
0
Perturbation
S
d
Solution perturbée
S=S + S
0
d
{
Fig.2.3 -Analysede stabilité;méthode des perturbations.
Le défaut de la te hnique des perturbations linéarisées est qu'elle ne permet
pas de dé rire l'évolution nale de la perturbation et don de la BCA. En eet,
elle suppose que ette perturbation est inniment petite. Le ritère de stabilité
traduitseulementlapossibilitépourun défautdegrossirmaispasde onduireàune
déformation lo ale intense. Il ne tient don pas ompte par exemple de l'évolution
de la solutionhomogène qui peut être importante. Ce n'est don pas une ondition
susantede formationd'une bandede isaillement.Il est alorsné essaire de dénir
2.2.3 Critère de lo alisation : méthode des perturbations
re-latives
Pour résoudrelesproblèmes liésàlaméthode des perturbations linéarisées,
Mo-linari [43℄ et Molinari et Fressengeas [17℄ ont proposé en 1985 et 1987 une nouvelle
te hnique appelée méthode des perturbations relatives, qui tient justement ompte
de la non stationnarité de la solution homogène. An de s'aran hir de la solution
homogène, lesgrandeurs perturbées sont normalisées par lesgrandeurs homogènes.
Trois as peuvent être envisagés :
Laperturbationdé roît (
δS ց
),la solutionhomogène est stable.La perturbation roît (
δS ր
), et la perturbation relative dé roît (δS
S
ց
), lasolutionhomogène est instablemais il n'ya pas de lo alisation.
Laperturbationrelativeetdon laperturbation roissent(
δS ր
etδS
S
ր
),on a instabilité etlo alisation.q
q
q
0
q
0
dq
dq
a) Instabilité delatempérature.Ledéfaut absolu
δθ
roît. Ledéfaut relatifδθ/θ
0
dé roît.q
q
q
0
q
0
dq
dq
b) Lo alisationde latempérature .Le défautrelatif
δθ/θ
0
roît.Fig. 2.4 -Représentation d'uneinstabilité relative (extrait de[16℄).
Dans le as quasi-statique (eorts d'inertie négligés) et adiabatique (pas de
ondu tion de la haleur)en supposant une loi de omportement de typepuissan e
(
τ = Kγ
n
˙γ
m
θ
−v
), la stabilité de la solution homogène s'exprime par l'inégalité
n + v > 0
etla stabilitérelative est assurée pour le ritèren + m + v > 0
. On peutremarquerque esdeux ritèresne dépendentpasdel'amplitudedelaperturbation.
2.2.4 Méthodes non linéaires
Modélisations unidimensi onnelles
La méthode des perturbationslinéairesne permet pas de déterminer l'inuen e
de l'amplitudeinitialebienque e soitun paramètreimportant.Unesolution
tenude la omplexitéduproblème :fortenon linéaritéinduitepar le ouplage
ther-momé anique et la loi de omportement. Le re ours aux méthodes numériques est
don indispensable pour simuler la formation d'une BCA. Les études numériques
sur e phénomène ontd'ailleurs débuté avantles travaux sur l'instabilitéet ontété
menées en parallèle.
Dès 1977, Litonski [34℄ étudia numériquement le isaillement adiabatique dans
untubemin eentorsionave undéfautgéométrique.Samodélisationest
unidimen-sionnelle et le omportement du matériauest thermovis oplastique. La ondu tion
est négligée. Les résultats mettent en éviden e un maximum du ouple de torsion
pour une déformation plastique nominale de l'ordre de 20% (gure 2.5). Après e
maximum, la déformation, la vitesse de déformation et la température deviennent
hétérogènes. La gure 2.5 montre l'évolutionde es diérentes grandeurs entre
l'in-térieur (indi e A) et l'extérieur du défaut (indi e B). Litonski montre également
l'existen e d'une hute importantede la ontraintepour une déformationplastique
nominaledel'ordrede40%.Cette hutede ontraintes'a ompagned'uneforte
aug-mentationdeladéformation,de lavitesse dedéformationetde latempératuredans
ledéfaut. En dehors,la vitesse de déformation hute rapidement, ladéformationet
la températuredeviennent alors stationnaires.
Fig. 2.5 - Résultatsnumériques obtenus par Litonski[34℄: déformation,vitesse de
défor-mation,température et ontrainte de isaillementà l'intérieur (A) ou à
Merzer [40℄ propose en 1982 un modèle numérique analogue à elui utilisé par
Litonskimaisintégrantla ondu tionthermique.Il onsidère ependantleproblème
omme quasi statique et néglige don les eorts d'inertie. Il montre alors que la
largeur de bande en n de solli itation n'est pas inuen ée par la taille du défaut
initial et qu'elle est par ontre dire tement dépendante de la diusivité thermique
et de la vitesse de déformation. Il établit également un lien entre la hute rapide
de ontrainte et une diminution de la largeur de bande qui sera mis en éviden e
expérimentalementpar Mar hand et Duy en 1988 [36℄.
En 1985, Wright et Batra [66, 65℄ proposent une résolution par la méthode des
éléments nis du problème de isaillement simple. Leur modèle tient ompte, entre
autres,deseortsd'inertieetdela ondu tion.Ilsutilisentuneloide omportement
du matériauélasto-thermovis oplastiqueave prise en omptede l'é rouissageetde
l'adou issement thermique. Un défaut en température est introduit juste avant le
maximum de ontrainte an d'initierla bande de isaillement. Leurs résultats sont
en a ord ave eux trouvés par Litonski : ils observent d'abord une augmentation
trèslentedeladéformationdanslabandejusteaprèslemaximumde ontraintesuivi
d'uneaugmentationbeau oupplus rapide orrespondantàla hute dela ontrainte.
WrightetBatraontégalementétudiél'inuen edel'amplitudedudéfautsurla hute
de ontrainte.Deuxdéfautsayantlamêmeformemaisdesamplitudesdiérentesont
don été onsidérés(l'amplitudedupetitest inqfoisplusfaibleque elledugrand).
Les résultatsmettent en éviden e une diminution de la durée entre le maximum et
la hute rapide de la ontrainte ave une augmentationde l'amplitude du défaut.
Ce mêmemodèlepermetàBatraen 1987[4℄dedéterminerl'inuen edes
ara -téristiquesdu matériausur la lo alisationde ladéformation.Ces travaux indiquent
qu'elle sera retardée lorsque la sensibilité à la vitesse de déformation ou le
oe- ient d'é rouissage augmente. Inversement si l'adou issement thermiqueaugmente,
la hute de ontrainteaura lieu plus tt. Laprise en omptede la ondu tion
ther-miquemontreune faibleinuen e surla hute de ontrainteetsur lataillede bande
e qui est en ontradi tion ave les travaux de Merzer. Une étude plus pré ise sur
etteinuen ede la ondu tivité thermiqueseraréaliséeun peuplus tardparBatra
et Kim [5℄. Leurs résultats mettent en éviden e un retard de la hute de ontrainte
etune augmentationde lalargeurdebandeave uneaugmentationdela ondu tion
thermique.
En1987,WrightetWalter [68℄ontégalementétudiél'inuen edu défautinitial,
etnotammentsaforme, surla hute de ontraintea ompagnantlaformationd'une
BCA. Leur modèle numérique est identique à elui utilisépar Wright et Batra[66℄
mis à part qu'il ne tient pas ompte de l'é rouissage du matériau. Le maillage est
fortement rané dans la zone de lo alisation. Un défaut initial en température de
formetriangulaireestpla éau entre delapartieutile.Lesrésultatsdelasimulation
numériquemontrentquepourdefaiblesamplitudesdedéfaut,iln'yapasd'inuen e
aumoment de la hute de ontraintediminueet dépend fortementde sa géométrie.
Modélisations bidimensionnelle et tridimensionnelle
Le passage aux modélisations numériques bidimensionnelle et tridimensionnelle
est di ile. Elles né essitent ee tivement d'avoir des maillages ranés ave un
nombreimportantdenoeudsetdedegrésdeliberté.Deplus,ladéformationdansles
bandespouvant être très importante, lesélémentsdeviennentrapidementdistordus
e qui produit une augmentation du temps de al ul.
Pour résoudre es problèmes, plusieurs te hniques ont été utilisées. Lapremière
est la te hnique du maillage adaptatif [46℄ qui permet de remailler dans les zones
de lo alisation de la déformation. La deuxième est la méthode sans maillage [32℄
quiestparti ulièrementadaptée auxdéformationsintenses(élémentsdistordus).En
général, es étudesontmontréquelesbandesde isaillementadiabatiquepouvaient
sepropager etdonnernaissan e àdes stru tures bidimensionnellesausein mêmede
la bande.Nous détaillerons es deux points dans lesparagraphes 2.3 et 2.4.
2.2.5 Con lusion
Laméthodedumaximumde ontrainte,lesétudesdestabilitéetlesméthodes
nu-mériques non linéairessont des te hniques quipermettent d'estimer la déformation
nominalelorsde laformationd'uneBCA(déformationàlalo alisation).Diérentes
étudesontmontré l'inuen edes paramètresdu matériauetdes ara téristiquesdu
défaut initialsur ette déformation à lalo alisation. Le tableau 2.1 fait le bilan de
l'inuen edes diérentsparamètresdumatériausurladéformationàlalo alisation
orrespondant à la hute rapide de ontrainte.
Tab. 2.1 - Inuen e des paramètres du matériau sur la déformation à la lo alisation.
Variation desparamètres dumatériau Inuen esur lalo alisation
del'é rouissage augmente
de lasensibilitéà la augmente
vitessede déformation
L'augmentation del'adou issement thermique diminue ladéformation
de la ondu tivité thermique augmente à lalo alisation
dela apa ité alorique augmente
du oe ient de Taylor-Quinney diminue
2.3 Propagation des BCA
2.3.1 Mise en éviden e de la propagation des BCA
L'idée qu'une bande de isaillement adiabatique s'amor e et se propage a été
émise par Ba kman et Finnegan en 1973, lors d'observations métallographiques de
ibles en a ier impa tées.
Cette propagation des bandes de isaillement a été mise en éviden e lors de
l'expérien ede Mar hand etDuy en 1988. Ils ont onstaté quependantlaphase 3
delaformationdelabandeetàunmêmeinstant,ladéformationlo aledanslabande
est hétérogène lelong de la ir onféren e de l'éprouvette de torsion.Pour expliquer
ela, ilsontfait l'hypothèseque labandes'amor e en un point de l'éprouvette etse
propage lelong de elle- i. A partir de leurs données expérimentales, ilsontévalué
une vitesse de propagation de
255 ms
−1
pour un a ier HY100 en supposant que la
bande sepropage dans lesdeux sens de la ir onféren e.
Zhou et al. [74℄ ont observé en 1996, l'évolution de la longueur de bandes de
isaillementsur la tran he d'une éprouvette pré-entaillée impa tée. Un laser é laire
une grille de lignes parallèles à la dire tion de propagation de la bande et
l'obser-vation de la bande se fait à l'aide d'une améra ultra-rapide (2 millions d'images
par se onde). A partir de la mesure des longueurs de bande à diérents instants,
ils déterminent la vitesse instantanée de propagation. Les résultats montrent que
les bandes de isaillementadiabatique ne se propagent pas à une vitesse onstante
pendant la durée d'un essai. Initialement ette vitesse est très faible puis elle
aug-mentejusqu'àun maximumpour ensuitedé roîtrerapidement.Lesauteursmettent
égalementen éviden eune forte sensibilitéde la vitesse de propagation vis-à-visde
lavitessed'impa t.Letableau2.2donnelavitessedepropagationmoyenneet
maxi-maledelabandedansle asd'una iermaragingC300.Lavitessemaximaleatteinte
orrespond à environ 40% de la vitesse de propagation des ondes de isaillement.
Unesimulationduproblèmeparélémentsnisdonneuneex ellente orrélationentre
expérien e et al ul [73℄.
Tab. 2.2 - Valeur de la vitesse depropagation d'une BCAd'après Zhou et al. [74℄.
Vitesse d'impa t Vitesse de propagation Vitesse de propagation
en
ms
−1
maximale enms
−1
moyenne enms
−1
21,6≈ 100
80 25≈ 900
585 30 1200 10042.3.2 Vitesse de propagation des BCA
Cas du régime stationnaire
Après l'amorçaged'uneBCA, onpeut supposer que elle- isepropage ave une
vitesse qui va augmenter ave letemps. Aubout d'un tempssusammentlong, on
peut penserqu'unrégimestationnairevas'établiretque ettevitesse vatendrevers
une ertaine vitesse limite.
De nombreux travaux ont été onsa rés à la propagation de bandes de
isaille-mentadiabatiqueenrégimestationnaire,andedéterminerlesvitesseslimitesetles
hamps de ontrainte, déformationettempératureen tête debande etde quantier
l'inuen e de divers paramètres du matériausur lavitesse de propagation.
Grady [19℄propose en 1992un modèle de propagationde bande à partirdes
ré-sultatsobtenusàl'aide d'uneanalyseunidimensionnelle.En1996,WrightetWalter
[69℄déterminentles hampsdetempérature, ontrainteetvitesseentêtedebandede
isaillementadiabatique. GioiaetOrtiz[18℄utilisentunethéoriedes ou hes limites
appliquée aux solides thermovis oplastiques pour étudier la stru ture
bidimension-nelle d'une bande de isaillement en propagation. Mer ier en 1998 [39℄a développé
un modèle analytique pour déterminer la vitesse de propagation d'une BCA dans
une ou he de longueur innie soumise à une solli itation de isaillement. Ce
mo-dèle,quinégligela ondu tionthermique,luiapermisde ara tériserl'inuen edes
diérents paramètres du matériau sur la vitesse de déformation. Dans les mêmes
onditions que l'expérien e de Mar hand et Duy, le modèle analytique donne une
vitesse de propagationde
905 ms
−1
alors que la vitesse mesurée est de
260 ms
−1
.
Plus ré emment,en 2002, Bonnet-Lebouvier etMolinari [7℄ ontétudié la
propa-gationdes bandesde isaillementpar uneappro he numérique.Ilsontmodéliséune
plaque min e de longueur
200 mm
et de largeur2, 5 mm
solli itée en déformationplane. Ils appliquent des onditions limites en vitesse imposée sur les longueurs et
une égalitédes vitesses sur leslargeurs.Pour leproblème thermique, des onditions
adiabatiques sont appliquées sur toutes les extrémités de la plaque. Pour initier la
bande de isaillement, un défaut géométrique est introduit au entre de la plaque.
Il s'agit d'une rédu tion d'épaisseur de 20% appliquée dans une zone
re tangu-lairede
200 µm
par60 µm
. Une loiélasto-thermovis oplastiqueave adou issementthermique de type Johnson-Cook a été hoisie pour dé rire le omportement du
matériau. Le al ul tient ompte du ouplage thermomé anique et est mené ave
et sans prise en ompte de la ondu tion thermique. Les auteurs font varier les
vi-tesses de solli itation notée
V
entre0, 5 ms
−1
et
300 ms
−1
e qui orrespond à des
vitesses de déformation nominale omprises entre
400 s
−1
et
2, 4.10
5
s
−1
. Pour des
vitesses inférieures à une vitesse ritique
V
c
égale à0, 5 ms
−1
(soit
˙γ = 400 s
−1
),
au une propagation de bande n'est observée. Pour des vitesses supérieures à ette
stationnaire où la bande de isaillement se propage à une vitesse onstante notée
C
b
. Ils distinguent trois domaines de vitesse : dans le premier domaine, l'évolutionde
C
b
aveV
est linéaire et dans le troisième domaine la vitesseC
b
varie très peuave
V
. Le deuxième domaine est une transition entre le premier et le troisièmedomaine. Lan du premierdomaineetledébut du troisième orrespondent
respe -tivement à des vitesses de solli itation de
25 ms
−1
(soit˙γ = 2.10
4
s
−1
) et150 ms
−1
(soit˙γ = 1, 2.10
5
s
−1
). Les vitesses de bande asso iées sont d'environ
600 ms
−1
et
800 ms
−1
.Uneanalysedimensionnelleleurapermisd'établirlesrelationssuivantes:
C
b
V
= α
Kβ
ρCT
0
m
(−An + B)
(2.9)
pourlepremierdomaine,ave
A
etB
deux onstantes,α
un oe ientdépendantdel'exposantd'adou issementthermique
v
,K
lalimited'élasti itéetT
0
latempérature initiale. Et :C
b
= ηC
t
s
βK
2
µρCT
0
m
(−A
′
n + B
′
)
(2.10)pourletroisièmedomaine,ave
A
′
et
B
′
deux onstantes,
η
un oe ientdépendantde l'exposantd'adou issementthermique
v
,µ
lemodulede isaillementetC
t
=
q
µ
ρ
la vitesse de propagation des ondes élastiques de isaillement.
Le tableau 2.3 résume l'inuen e des propriétés du matériau sur la vitesse de
propagation de laBCA.
Cas du régime transitoi re
Lors de l'essai de torsion de Mar hand et Duy, les vitesses de propagation
des bandes semblent être bien inférieures aux vitesses déterminées analytiquement
en stationnaire. Ce i peut être expliqué par le fait que pendant l'essai de torsion,
le régime de propagation de bande est transitoire. De même, Zhou et al. [74℄ ont
observé que les BCA ne se propagent pas à une vitesse onstante lors d'un essai
d'impa t sur latran he d'une éprouvette pré-entaillée.
Très peu d'études ont porté sur la propagation des BCA en régime transitoire.
Cependant,onpeut iterlestravauxdeBatraetZhangen1994[6℄quiontproposéun
modèlenumériquetridimensionnelduproblèmedetorsiondynamiquedutubemin e
utilisé par Mar hand et Duy. Leur modèle ne tient pas ompte de la ondu tion
et un défaut matériau est introduit dans une petite région du entre de la partie
utile de l'éprouvette. Les résultats montrent que la bande se propage bien suivant
les deux dire tions autour de l'éprouvette et que sa vitesse varie entre
40 ms
−1
et
260 ms
−1
et e pour une vitesse de déformationde
1000 s
−1
Tab. 2.3 - Inuen e des propriétés dumatériau surla vitessedepropagationd'uneBCA.
Variationdespropriétés du matériau Inuen e surlavitessede propagation
dela ontrainte augmente d'é ouleme nt du oe ient de augmente Taylor-Quinney de la apa ité diminue alorique
L'augmentation delasensibilité àla diminue la vitesse
vitessededéformation depropagation
du oe ient diminue
d'é rouissage
de l'adou issement augmente
thermique
dela ondu tivité n'apas
thermique d'inuen e sur
Dans es onditions, lors de l'essai de torsion, la bande n'aurait ee tivement
pas letempsd'atteindre savitessemaximaleetdon lerégimestationnairen'aurait
pas le temps de s'établir.
2.4 Stru tures bidimensionne lles dans les BCA
Guduru et al. [22, 21℄ ont mis en éviden e lors de leur étude expérimentale du
hamp de température dans une BCA, l'existen e d'une stru ture bidimensionnelle
le long d'une bande omposée de points hauds régulièrement espa és (gure 2.6).
La distan e entre es points hauds varie, selon lesessais entre
250 µm
et1 mm
etla température des points hauds se situe à 600C et elle des zones froides est de
400C. Ils ont également onstaté que es points hauds se translatent le long de la
bande.
Ces observations remettraient en ause l'hypothèse d'un é oulement plastique
laminaire dans la bande et justieraient l'existen e d'une instabilité à l'é helle de
la bande similaire à elles observées dans les uides. Pour étayer ette hypothèse,
Li et al. [32℄ ont modélisé l'é oulement plastique dans une bande de isaillement
adiabatique par un é oulement plan de Couette d'un liquide dont la vis osité et
la masse volumique dépendent de la température (gure 2.7). Ils mettent bien en
éviden e laformation d'unestru ture bidimensionnelledans la bande.
Molinari et Leroy [45℄ ont étudié la possibilité de formation d'une stru ture
Fig. 2.6 - Observation d'une su ession
de points hauds dans une
BCA d'après [22℄ (taille de
l'image
1, 1 mm
par1, 1 mm
).Fig. 2.7 - Modélisation de l'é oulement
plastique dans une BCA
d'après Li et al. [32℄ ( hamp
de température en K).
de Couette. En utilisant une analyse de stabilité bidimensionnelle, ils ont montré
que eproblèmepouvaitprésenteruneinstabilitéthermomé aniqueselondesmodes
multidimensionnels, notamment dans le as des matériaux faiblement adou issant
etfortementsensibles à lavitesse de déformation.
Dans leur modèle numérique sans maillage, Li et al. [32℄ ont également mis en
éviden eunerépartitionpériodiquedepoints haudssedéplaçantlelongdelabande
L'expérien edeMar handetDuy apermisd'étudierl'initiationetlaformation
d'une bande de isaillement adiabatique. Dans les problèmes d'impa t balistique,
on onstate souvent sur des observations métallurgiques post mortem la formation
non pas d'une seule mais d'une multitude de bandes de isaillement adiabatique.
Pour omprendre les mé anismes de formation et d'évolution des BCA lors d'un
impa t proje tile ible, il est don né essaire de prendre en ompte lesintera tions
éventuelles entre lesbandes.
3.1 Etudes expérimentales : auto-organis ation des
BCA
Depuis 1995, Nesterenko et al. [48, 49℄ ont étudié le omportement olle tif des
BCA lorsde leur amorçage et de leur propagation. Pour ela, ils ont développé un
nouveau dispositifde solli itationbasé surl'eondrementradiald'un tubeàgrande
vitesse de déformation (
10
4
s
−1
). Cette solli itation dynamique est générée par la
détonation d'un explosif (gure 3.1). La surpression est transmise à l'éprouvette
par l'intermédiaired'un tubeen uivre. Un ylindre intérieuren uivrede diamètre
variable suivant les essais permet d'interrompre l'eondrement et de ontrler la
déformationplastiquedansl'éprouvette.Lesrésultatsdesessaismettentenéviden e
des bandes de isaillement en formede spirale s'initiantau niveau de l'intérieur du
ylindre (gure3.2). L'espa ement entre es bandes est régulier.Parexemple, dans
le as d'una ier inoxydable 304L,ladistan e entre bandeslorsde l'initiationest en
moyennede
0, 12 mm
.Pourdes bandesdanslaphasedepropagation, ettedistan eaugmenteet vaut
3, 1 mm
.3.2 Prédi tion de l'espa ement entre BCA
Les essais d'eondrement de ylindre de Nesterenko et al. [48, 49℄ ont sus ité
diérentes études théoriques dans le but de prédire les distan es entre bandes de
Fig. 3.1 - Expérien e d'eondrement de
ylindre : dispositif de
solli i-tation(extrait de[48℄).
Fig. 3.2 - Observation des éprouve ttes
aprèseondrement (extraitde
[49℄).
et espa ement entre bandes. Le premier modèle, développé en 1987 par Grady et
Kipp[20℄estbasésurl'étudedelapropagationd'unfrontderelaxationauvoisinage
d'une BCA (gure3.3).
Fig. 3.3 - ModèledeGrady etKipp[20℄.
Fig. 3.4 - ModèledeWrightetO kendon
(extrait de[70℄).
Lors de la formation de la bande, l'augmentation de température au niveau
de labandeprovoquepar adou issementthermiqueune diminutionde la ontrainte
d'é oulement.Cettedé hargesepropageàl'extérieurdelabandeparun mé anisme
de diusion et provoque une zone dé hargée autour de la bande (gure 3.3). Tous