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Réflexion méthodologique pour caractériser la diversité des exploitations laitières en vu de mettre en place un réseau d’observation des élevages : une étude dans le delta du fleuve Rouge au Vietnam

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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HAL Id: hal-01195273

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01195273

Submitted on 6 Jun 2020

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Réflexion méthodologique pour caractériser la diversité des exploitations laitières en vu de mettre en place un

réseau d’observation des élevages : une étude dans le delta du fleuve Rouge au Vietnam

Khanh Pham

To cite this version:

Khanh Pham. Réflexion méthodologique pour caractériser la diversité des exploitations laitières en vu de mettre en place un réseau d’observation des élevages : une étude dans le delta du fleuve Rouge au Vietnam. 2010, 70 p. �hal-01195273�

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Muséum national d'histoire naturelle En cohabilitation avec AgroParisTech

Master « Évolution, patrimoine naturel et sociétés »

Spécialité de recherche « Environnement, développement, territoires et sociétés »

Parcours « Développement Durable et Agricultures » Année universitaire 2009-2010

Réflexion méthodologique pour caractériser la diversité des exploitations laitières en vu de mettre en place un réseau d’observation des élevages : une étude dans le delta du fleuve

Rouge au Vietnam

DUY KHANH PHAM

Responsables de stage :

Nathalie Hostiou, UMR Métafort, INRA Dedieu Benoit, UMR Métafort, INRA Guillaume Duteurtre, CIRAD

Bernard Faye, CIRAD Vu Trong Binh, RUDEC

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REMERCIEMENTS

En ces quelques mots, je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont apportées leur soutien et leur aide tout au long de mon master.

Pour le Vietnam :

Tout d’abord, je tiens à exprimer ma sincère gratitude à Vu Trong Binh, le directeur du Centre du Développement Rural (RUDEC) au Vietnam où je travaille depuis quatre ans. Grâce à son soutien et à son aide, j’ai peu réalisé tous mes travaux. Il m’a aussi soutenu et appuyé pour m’inscrire à cette formation de master en France.

Je remercie également Nguyen Van Hung, le chef de la localité de Hat Giang à Bavi et Nguyen Ngoc Lai qui s’occupe de d’élevage à Bacninh. Ils m’ont beaucoup aidé pour entrer en contact avec les éleveurs, collecter des informations et des données statistiques. Je remercie également Le Van Luu, le directeur adjoint du centre de recherches sur les des vaches laitière et les fourrages de Bavi, pour son aide.

Enfin, j’adresse un grand merci aux éleveurs des deux districts (Bavi et Bacninh) pour leur accueil chaleureux, leur disponibilité.

Pour la France :

Je tiens tout d’abord à exprimer ma sincère gratitude à Nathalie Hostiou, chercheur dans l’équipe Select à l’INRA – Clermont Ferrand, et responsable de ce stage, pour son appui, sa disponibilité et son proche suivi tout au long du stage.

Je tiens à remercier Benoît Dedieu, le directeur adjoint du SAD, pour son appui et son aide depuis quatre ans, depuis le projet ADD – Trans 2006, ainsi que son appui pour mon stage.

J’adresse un grand merci aux membres de l’équipe de Select, Stéphane Ingrand, Benoit Dedieu, Cécile Fiorelli, Nathalie Hostiou, Jean Yves Pailleux, Claudine Tixier, Xavier Coquil, Lucie Gouttenoire…pour leur partage et leur aide dans le travail, également dans la vie, lors de mon séjour à Clermont Ferrand.

Je tiens à exprimer ma sincère gratitude à Jean Lossouarn, Professeur à AgroParisTech qui a accepté d’être l’enseignant tuteur de mon stage.

Je remercie François Léger, chercheur à l’INRA, et responsable du Master EDTS, pour ses conseils pédagogiques, ainsi que les étudiants du Master.

Je n’oublie pas de remercier Clémentine Lacour (EDE Puy de Dôme) et Jocelyn Fagon (Institut de l’Elevage)… pour leurs conseils avisés sur le réseau d’élevage.

Je remercie également Bernard Faye, Guillaume Duteurtre au Cirad Monpellier – France, pour leur expérience sur l’élevage du Vietnam et leurs conseils pour mon stage.

Enfin, je n’oublie pas de remercier mes amis dans la classe du master, pour leur appui et leur amitié lors de mon séjour en France.

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Résumé

Le développement économique au Vietnam depuis ces dernières années a eu beaucoup d’impacts sur le monde agricole, surtout sur l’élevage laitier. Les politiques agricoles vietnamiennes visent à développer la production laitière pour accroître l’autonomie du pays, cependant avec peu de succès du fait d’un manque de données fiables et pertinentes sur les élevages. Un objectif pour orienter les politiques publiques est de mettre en place un réseau d’observation des élevages, projet de coopération (Rudec, Cirad et Inra) dans lequel je m’insère. Mon étude est une première réflexion méthodologique, et vise à caractériser la diversité exploitations laitières sur le plan de la conduite technique, de l’organisation du travail et de l’efficacité économique. Pour cela, j’ai réalisé une étude détaillée d’un petit échantillon d’exploitations dans le Delta du fleuve Rouge. Cette région se caractérise par un élevage laitier intensif, en zéro pâturage et par la concurrence très forte avec les activités agricoles et non agricoles. J’ai réalisé deux enquêtes dans 10 élevages pour appréhender la diversité de la conduite technique, de l’organisation du travail et de l’efficacité économique. J’ai identifié 23 critères pour analyser les exploitations et 3 types d’exploitations laitières. Par exemple, un type (petites fermes) se caractérise par des structures de production de petite taille et des activités agricoles diverses (lait, porc, riz, etc.). L’efficacité du travail est moins bonne que dans les autres types du fait du faible niveau de mécanisation et de l’utilisation de la main-d’œuvre familiale. Par contre, l’efficacité économique est meilleure que dans le type 1 (grandes fermes). Le couple travaille en autonomie la semaine et partage les tâches quand les enfants sont sur la ferme (week- ends, vacances). Il n’y a pas d’allotement du troupeau. Ces résultats issus d’un petit échantillon ne sont pas représentatifs des exploitations laitières dans tout le pays. Je fais donc les deux propositions suivantes. Tout d’abord, je propose comme cas-types potentiels : les grandes fermes et les petites fermes. En effet, les politiques de développement se centrent sur l’agrandissement et la spécialisation laitière. Cependant mes résultats ont montré que les petites fermes sont également un modèle qui pourrait assurer le développement de l’élevage laitier et du monde rural. Il s’agit également de réaliser des études dans des régions différentes pour i) identifier d’autres types d’exploitations afin de constituer les cas-types, ii) identifier des critères pertinents pour collecter les données dans les élevages et construire le contenu des cas-types.

Mots clés : élevage laitier, conduite technique, organisation du travail, efficacité économique

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SOMMAIRE

Partie I. Introduction ... 4

Partie II. Enjeux et cadre de l’étude ... 6

2.1. Le contexte et la problématique de recherche... 6

2.1.1. Le poids de l’élevage au Vietnam... 6

2.1.2. Une demande pour mettre en place un réseau d’observation des exploitations... 7

2.1.3. L’exemple des réseaux d’élevage en France... 8

2.1.4. Une étude préalable sur l’élevage laitier pour mettre en place un réseau d’observation. 10 2.2. Objectifs de l’étude ... 12

Partie III – Démarche méthodologique... 13

3.1. La zone d’étude : le delta du fleuve Rouge au Vietnam ... 13

3.1.1. Le milieu naturel ... 13

3.1.2. Les conditions sociales... 14

3.1.3. La situation économique ... 14

3.2. L’échantillon d’exploitations enquêtées ... 16

3.3. Le contenu et la démarche d’enquête... 17

3.3.1. Les questionnaires... 17

3.3.2. La réalisation des enquêtes ... 20

3.4. L’analyse des données ... 20

Partie IV. Les résultats ... 23

4.1. Les critères pour caractériser la conduite technique, l’organisation du travail et l’efficacité économique ... 23

4.2. Les critères pertinents ... 28

4.3. Les types de systèmes d’élevage laitier ... 30

Partie V – Discussion ... 40

5.1. Les informations à collecter dans les élevages ... 40

5.1.1. Les critères ... 40

5.1.2. La généricité des résultats ... 43

5.2. Les types d’élevage laitier pour raisonner la mise en place de cas-types ... 43

5.3. Propositions pour organiser le réseau d’observation au niveau régional et national ... 44

5.3.1. L’objectif d’un réseau d’observation des élevages ... 45

5.3.2. Les aspects financiers... 45

5.3.3. Vérifier les données collectées... 45

5.3.4. Choix du moment d’enquête et de collecte des données pendant l’année ... 45

5.3.5. Organisation du réseau d’observation... 46

Partie VI – Conclusion et propositions ... 47

Références bibliographiques ... 48

Annexes ... 51

Annexe 1. Les questionnaires d’enquêtes sur la conduite technique ... 51

Annexe 2. Le questionnaire sur l’organisation du travail ... 57

Annexe 3. Le questionnaire pour calculer la marge brute ... 61

Annexe 4. Le dispositif du réseau d’élevage ... 67

Annexe 5. Photos pour illustrer l’élevage laitier dans le Delta du fleuve Rouge ... 68

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Partie I. Introduction

Du fait du développement économique du pays depuis ces dernières années, l’élevage est aussi un secteur en plein bouleversement au Vietnam. D’après l’Office général national de statistiques, la production de porc et de volaille a triplé, et la production de lait a quant à elle quadruplé au cours des 20 dernières années. Cette augmentation a reposé à la fois sur l’extension et l’intensification de l’élevage. Au niveau économique, cette augmentation satisfait la demande de plus en plus élevée du consommateur et améliore les revenus des éleveurs. Toutefois, ces processus d’extension et d’intensification de l’élevage dans plusieurs provinces du pays ont posé beaucoup de questions qui concernent l’environnement et les paysages, comme par les exemples : l’augmentation des rejets de gaz à effet de serre, la concentration des effluents dans certaines zones, l’augmentation de la demande en sous-produits agro-industriels, extension des surfaces fourragères au détriment des cultures vivrières.

La croissance économique a eu beaucoup d’impacts positifs sur le développement du pays et sur l’amélioration du niveau de vie de sa population. Donc, la consommation des produits animaux augmente de plus en plus, notamment à Hanoi et Ho Chi Minh, qui sont les deux plus grandes villes du pays. Selon les données statistiques en 2006, la consommation laitière moyenne par personne est 16 fois plus élevée qu’en 1995. Toutefois, la consommation en plein boom provoque un déséquilibre de la balance commerciale, car la production laitière annuelle ne satisfait que 20 % la demande des consommateurs. Une partie importante de la demande reste satisfaite par des importations. Les marchés des produits de l’élevage sont donc des marchés en forte croissance, dont la dynamique risque d’accentuer encore plus l’industrialisation rapide du secteur dans les années à venir.

Visant à satisfait à l’augmentation de la demande nationale, depuis ces dernières années, les plusieurs politiques sont lancées pour développer l’élevage. Pour continuer à développer l’élevage dans un contexte d’intégration, en 2008, le gouvernement vietnamien a élaboré une stratégie de développement de l’élevage à l’horizon 2020 qui suit cette tendance générale. L’objectif de cette stratégie vise à augmenter la contribution du secteur élevage au PIB agricole de 30% à 42% entre 2008 et 2020. Pour ce fait, le gouvernement a besoin de mettre en place des politiques qui permettent d’augmenter les productions animales, en même temps limiter les impacts de cette augmentation sur l’environnement.

Dans la réalité, le Ministère d’Agriculture et du Développement Rural (MARD), ainsi que le gouvernement ont rencontré beaucoup de difficultés pour orienter les politiques concernant les exploitations d’élevage du fait de la faiblesse des informations sur ces exploitations. En effet, les systèmes d’informations disponibles aujourd’hui avec les statistiques nationales et provinciales se

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limitent la plupart du temps à une description technique et économique des élevages (nombre d’animaux, races, produits, revenu), mais ne permettent pas de mettre en perspective ces éléments technico-économiques avec les risques environnementaux et sociaux qui leurs sont associés. Le manque de connaissances et d’informations sur les changements des conduites d’élevage limite les actions de support des services publics (conseil, formation, politique…) et la coopération entre les éleveurs et les autres acteurs des filières. Le système de vulgarisation agricole, dans sa conception de l’intervention et du développement s’intéresse plutôt à l’introduction d’innovations très

« pointues » qui ne bénéficient qu’aux les élevages les plus « modernes » et productivistes ». La connaissance de la dynamique de l’élevage dans un contexte très diversifié (exploitations spécialisées, pluriactives) apparaît être une priorité pour aider à l’action publique du Ministère de l’agriculture et du développement rural (MARD) du Vietnam.

Dans le cadre de coopération associant entre l’IPSARD, le CIRAD et l’INRA SAD, nous avons élaboré un projet qui implique la mise en place d’un réseau d’élevage, c’est-à-dire pour lequel la compréhension du fonctionnement et des dynamiques des systèmes, l’ancrage territorial des analyses est considérée comme fondamental. L’évaluation serait alors non seulement technico- économique mais également ouverte à d’autres éléments fondamentaux pour le devenir de l’élevage (travail, paramètres environnementaux, liens au non agricole) et à une vision dynamique (stratégies de moyen – long terme des exploitants). Le dispositif d’observation des systèmes de production et des ménages ruraux vise à produire des données, des informations pour le MARD pour proposer des interventions et des supports pour le monde rural au Vietnam.

Mon stage s’insère dans ce projet de coopération, et constitue la première phase pour mettre en place de réseau d’élevage. L’objectif de mon stage est de réaliser une étude de faisabilité, à une échelle locale (Delta du fleuve Rouge), sur un petit échantillon d’exploitations laitières. La filière laitière a été choisie pour ce stage du fait des enjeux pour accroître les volumes produits et limiter la dépendance du pays aux importations.

J’aborderai tout d’abord la problématique de recherche afin de présenter la situation des exploitations laitières familiales au Vietnam. Puis dans une deuxième partie, je présenterai le terrain étudié au cours de ce stage (le Delta du fleuve Rouge au Nord Vietnam) ainsi que la méthode utilisée pour enquêter les éleveurs vietnamiens. Les résultats seront présentés dans une troisième partie, avant de discuter des perspectives de ce stage pour la mise en place d’un réseau d’élevage.

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Partie II. Enjeux et cadre de l’étude

2.1. Le contexte et la problématique de recherche

2.1.1. Le poids de l’élevage au Vietnam

Depuis les années 1980, l’économie du Vietnam a connu deux changements importants. Les premières réformes agricoles ont été instaurées au début des années 80, et ont abouti en 1986 à la mise en place de la Politique de Rénovation ou « ðổi Mi » qui marque un important tournant pour l’économie du pays, puisque le secteur privé est de nouveau reconnu et le contrôle des prix progressivement aboli (Doa The Duan, 1997). Cette période a été marquée par le passage d’un modèle de production collective et planifiée à un modèle de production agricole basée sur l’exploitation individuelle insérée dans une économie de marché. Le deuxième changement important, depuis une dizaine d’années, est le développement de l’économie du pays selon trois grands processus : l’industrialisation, la modernisation et l’intégration internationale depuis que le Vietnam participe à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ces deux changements ont eu des impacts positifs sur le développement du pays, surtout dans le secteur agricole et rural (Jakobsen et al., 2007). L’agriculture vietnamienne est ainsi passée d’une situation de crise où les disettes étaient fréquentes à une situation très largement excédentaire, et est devenue une des premières agricultures exportatrices du monde.

Le Vietnam est un pays traditionnel de production agricole, où 80% de la population réside à la campagne et des revenus provenant essentiellement de l’activité agricole. D’après les données de l’Institut des sciences et de sociologie, en 2006, le pays comptait 18 millions d’exploitations,1 parmi lesquelles 3 millions de pauvres2. D’après l’Office nationale des statistiques, au cours de la période de 2000 à 2007, le contexte agricole a été défavorable avec la diminution de la surface agricole de 72 000 hectares du fait du développement des zones industrielles au détriment des terres agricoles.

En outre d’autres aléas ont affecté le secteur agricole au Vietnam : les maladies animales (la grippe aviaire, la maladie des oreilles bleu chez les porcs), la crise de la mélamine en bovin laitier…

Même si son poids diminue, le secteur agricole représente encore 24% du PIB du pays (Loan et al., 2004) et emploie près de 75% de la population. L’élevage est en pleine expansion à l’heure actuelle au Vietnam. Les productions animales (élevage, pêche et aquaculture) représentent environ 30% de

1 Composant d’exploitation agricole, et d’exploitation non agricole

2 D’après la décision par le Premier ministre du Vietnam 170/2005/QD-TTg singé le 8 juillet 2005 portant promulgation du seuil de pauvreté applicable à la période de 2006 – 2010 :

+ Les zones rurales : les ménages avec un revenu moyen de 200 000 Vietnam dongs (2,4 millions de dôngs/personne/an) ou moins est pauvre.

+ Les zones urbaines : le revenu du ménage en moyen de 260 000 Vietnam dôngs par mois (moins de 3 120 000 Vietnam dôngs/personne/an) ou moins est pauvre.

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la production agricole totale. Beaucoup de familles sont dépendantes des revenus de l’élevage pour vivre.

Le secteur agro-alimentaire a également connu une forte croissance au cours des dernières années.

Le Vietnam compte actuellement 250 usines de fabrication d'aliments du bétail qui produisent 7,8 millions de tonnes de concentrés par an, soit une augmentation de 38% par rapport à 2001.

Parallèlement à l’augmentation de la production, les systèmes de production agricole ont changé au Vietnam. Les petites fermes traditionnelles, visant l’autonomie et l’autoconsommation ont été peu à peu remplacées par des fermes plus modernes qui produisent pour la vente et approvisionner le marché national ou mondial. Le nombre total d’exploitations agricoles est de 9,74 millions en 2006 d’après les données statistiques. Ce nombre a diminué de 8,9 % par rapport à 2001, soit une diminution de 1,9% par an. Cette tendance s’est plus fortement observée dans les deux plus grands deltas du pays : le delta du fleuve Rouge et le delta du Mékong. Dans le delta du fleuve Rouge, la baisse est la plus forte avec moins de 24,5 % d’exploitations par rapport à 2001. Les capacités d’investissement et les niveaux d’équipement ont également beaucoup changé dans les fermes. En 2006, le capital moyen était de 260 millions de Vietnam dong par ferme, soit une augmentation de 90,8 % par rapport à 2001.

Au cours des dernières années, le secteur agricole a beaucoup évolué au Vietnam. Le mode de production traditionnelle a été remplacé peu à peu par des exploitations agricoles plus modernes.

Ces transformations des exploitations agricoles se sont opérées dans un contexte d’intégration du secteur agricole vietnamien au marché international, et de concurrence (prix-qualité) avec les produits importés.

2.1.2. Une demande pour mettre en place un réseau d’observation des exploitations

Du fait du poids du milieu agricole dans le pays, les politiques élaborées par le Parti communiste et le gouvernement, depuis plusieurs années, visent à développer le secteur agricole et rural.

L’exploitation est considérée comme le coeur de ce développement. Du fait, des changements dans le mode de production, les activités sur l’exploitation, l’évolution du marché, l’efficacité économique, également l’organisation du travail, ….toutes ces informations sont importantes pour le gouvernement, le Parti communiste et les instituts de recherche pour mettre en place des politiques et des programmes d’action.

La décision numéro 26 du 7eme congrès national du Comité central exécutif du Parti communiste vietnamien promulguée le 5 août 2008 confirme que le développement de l’agriculture, les paysans et le milieu rural jouent une place importante pour l’avenir du pays. Cette résolution portant sur

« l’agriculture, les agriculteurs et les zones rurales » a été baptisée « Résolution Tam long ». Cette résolution définit plusieurs orientations, dont 3 programmes cibles nationaux : l’un sur l’édification

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de « nouvelles campagnes », l’autre sur « l’adaptation au changement climatique », et le 3ème sur la

« formation des ressources humaines rurales ». La mise en application du programme cible « nouvelles campagnes » a conduit à la décision 800/QD-TTg du 4 juin 2010 prise par le Gouvernement pour accompagner ce programme sur la décennie 2010-2020. Il s’agit de développer à la fois l’orientation marchande de l’agriculture, mais aussi son industrialisation, ainsi que la mise en place d’infrastructures et services ruraux. Cette décision peut être considérée comme la deuxième grande réforme dans le secteur agricole et rural après celle touchant l’économie du Vietnam en 1986.

L’institut national des politiques et des stratégies pour le développement agricole et rural (IPSARD) est chargé par le Ministère d’Agriculture et Développement Rural (MARD) de fournir toutes les informations sur les exploitations agricoles, mais aussi sur le secteur agricole et rural, comme : la qualité de vie des paysans, les aléas climatiques et naturels, le sanitaire, le chômage …Toutefois, en pratique, l’IPSARD rencontre beaucoup de difficultés du fait du manque d’informations et de leur fiabilité à une échelle nationale et locale dans la plupart des secteurs. Actuellement, il n’existe pas de systèmes d’informations qui permettent de couvrir la diversité des zones du pays. L’Office nationale de statistiques collecte des informations deux fois par an, mais la publication des résultats tarde toujours en étant publiée un ou deux ans après. En plus, les enquêtes abordent essentiellement des critères quantitatifs, sans prendre en compte des données plus qualitatives sur les stratégies des paysans, les interactions entre les systèmes de production, le marché et les politiques de l’Etat par exemple. Dans ce contexte, la mise en place d’une stratégie de collecte des informations sur le long terme joue une place très importante pour l’IPSARD et le MARD pour définir les politiques agricoles. En outre, les organismes internationaux, tels que la FAO et les Nations Unies, soutiennent également l’IPSARD afin de mettre en place un réseau de collecte d’informations d’une part plus fiables et d’autre part qui prennent en compte les dynamiques d’évolution des exploitations agricoles. En outre, les chefs de quelques provinces, comme par exemple Thua Thien Hue au centre du Vietnam, Nam Dinh au Nord, et Kien Gia au sud du pays souhaitent également avoir des informations locales pour établir les programmes de développement de leur région.

Ainsi avec l’accord du MARD, le soutien des chefs locaux, mais aussi de la FAO à Hanoi, l’ISPARD, dont je fais partie, a décidé de mettre en place un réseau d’observation des exploitations d’élevage au Vietnam en se basant sur l’expérience des réseaux d’élevage de l’Institut de l’Elevage en France.

2.1.3. L’exemple des réseaux d’élevage en France

Il existe plusieurs types de dispositifs à finalité « connaissances sur les systèmes de production ».

Certains dispositifs sont très orientés sur la finalité « politiques agricoles ». Par exemple les sondes

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RICA (réseau d’Information Comptable Agricole) s’appuient sur de très grands échantillons (plusieurs dizaines de milliers de cas), sur les données comptables des exploitations et, dans un objectif de représentativité, sur une typologie basée sur les grandes orientations technico économiques (OTEX) fondées sur la répartition du produit brut entre les différentes activités agricoles.

D’autres réseaux, comme les Réseaux d’élevage de l’Institut de l’Elevage couvrent des finalités plus variées (Delaveau et al., 1999 ; Charroin et al., 2005). Ces réseaux s’appuient sur l’étude du fonctionnement des exploitations d’élevage dans les domaines technique, économique, et plus récemment du travail (méthode Bilan Travail) et de l’environnement (bilans énergétiques). La caractérisation de la diversité fait intervenir des paramètres relatifs à l’échelle territoriale (approche régionale ou de bassin de production), au système de production (spécialisé ou non), mais également au système technique (type de produit, organisation de la reproduction du troupeau, type de stocks…). Les fermes suivies sont choisies en concertation avec les professionnels. Elles couvrent une diversité de situations pédoclimatiques et socioéconomiques, et rendent compte de systèmes présumés « ayant de l’avenir » ou « innovants pour l’avenir ». Les suivis de fermes permettent d’élaborer des références dont l’une des formalisations est appelée “cas-type”. Un cas- type décrit, à l’aide d’un ensemble d’indicateurs, le fonctionnement cohérent d’une exploitation en rythme de croisière pour un système et un contexte donné. Le nombre d’exploitations intégrées dans les Réseaux d’élevage est beaucoup moins important que dans le cas des sondes RICA, car le travail de collecte de l’information est beaucoup plus exigeant. Au niveau national, pour l’ensemble des filières herbivores bovins lait et viande, ovins lait et viande et caprins, les Réseaux s’appuient sur environ 2000 exploitations réparties sur l’ensemble des zones d’élevage françaises.

Chaque type de dispositif s’inscrit dans des formules de partenariat et de financement qui marquent les analyses et les valorisations. Ainsi, les sondes RICA relèvent d’une contractualisation avec les Centres de Gestion pour la collecte des données. Les Réseaux d’élevage s’appuient sur des comités régionaux où siègent des représentants des organisations professionnelles (chambre d’agriculture et /ou filière)(annexe 4) Ces comités débattent des données collectées et analysées mais aussi d’explorations spécifiques intéressantes (situations innovantes), et s’assurent de la valorisation des résultats auprès des organisations en charge du conseil. Le financement national des Réseaux impose également des bilans et analyses à ce niveau, plus orientés sur l’évaluation de politiques publiques ou la simulation de l’impact de mesures politiques (réformes de la Politique agricole commune par exemple). Les cas-type sont ainsi un support privilégié de simulation technico- économiques (Deleveau et al., 1999). Enfin, ces réseaux servent de support à des opérations de recherche – développement : explorations en vue de calibrage de normes adaptées à des conditions réelles (bilan énergétique par exemple), mise au point de méthodologies et production de

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connaissance sur des thèmes nouveaux3 (comme l’organisation du travail) ou des systèmes réels mal connus (l’élevage biologique, extensif, intensif écologique).

2.1.4. Une étude préalable sur l’élevage laitier pour mettre en place un réseau d’observation Le Vietnam n’est pas un pays traditionnel de production laitière. Au début des années 1920, les français ont introduit certaines races Zébu, Red Sindhi, Bretonne qui produisaient 2-3 litres de lait par jour, destinées aux colons français basés essentiellement à Sai Gon, au Sud du Vietnam (Dinh Van Cai, 2009). Au Nord du Vietnam, l’élevage bovin laitier a débuté dans des années 1960 quand l’Etat a introduit 30 vaches laitières de race Chinoise qui produisaient 6 litres de lait par jour. A cette époque, le lait était considéré comme un produit de luxe pour la majorité des vietnamiens. Au cours des dernières années, la croissance de l’économie a eu beaucoup d’impacts positifs sur le développement du pays et sur l’amélioration du niveau de vie de sa population. Les modes de consommation ont ainsi changé peu à peu. Comme dans la plupart des pays d’Asie du sud-est, la consommation de lait au Vietnam est très faible (près de 8 L / an / hab.) mais elle connaît depuis plusieurs années une croissance forte du fait de l’augmentation de la population urbaine, et des changements des modes de consommation associés aux politiques publiques pour développer l’élevage laitier (Loan et al., 2004). D’après les données statistiques de 2005, la consommation laitière moyenne par personne est 16 fois plus importante qu’en 1995. Toutefois, la consommation en plein boom provoque un déséquilibre de la balance commerciale. Même si le volume de lait augmente (environ + 20,9% entre 2000 et 2005)(FAO, 2010), la production nationale ne satisfait que 20% de la demande. Le gouvernement dépense donc chaque année plusieurs centaines de millions de dollars pour importer du lait en poudre (150 millions de Dollars en 2000, 530 millions de Dollars en 2008) (Beghin, 2006 ; Office Nationale des Statistiques, 2009). Actuellement le pays compte 19600 fermes laitières (+ 10% entre 2000 et 2005)(FAO, 2010), pour un cheptel de 110 000 bêtes (vaches laitières et génisses) et une production laitière annuelle de 240 000 tonnes. 75% des vaches laitières sont élevées dans le sud, près de Ho Chi Minh ville, 20% sont élevées dans le nord du pays et 4% dans le centre. Les exploitations laitières sont de petite taille avec en moyenne 5,3 vaches laitières par ferme (FAO, 2008). Les fermes sont majoritairement familiales, mais si des élevages industriels, comptant 1 000 à 2 000 têtes, se mettent en place (5% seulement du cheptel actuellement).

Visant à satisfaire ce boom de la consommation, depuis 1999, le gouvernement encourage le développement de la production laitière avec son Plan national Laitier (Décision 167/2011/QD/TTg) pour la période de 2001 à 2010. En 2020, l'objectif est d'atteindre 500.000 têtes

3 Le Bilan travail a été conçu dans un mini réseau exploratoire d’une dizaine de fermes (les systèmes bovin lait – ovins ont-ils de l’avenir dans un contexte où l’on ne parle que de spécialisation ?), puis testés à l’échelle nationale dans les réseaux bovins lait, viande, ovins)

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et un million de tonnes de lait pour répondre à 40% des besoins du pays. Le Plan National Laitier vise à améliorer : le cheptel laitier (sélection, croisements, développement de l’insémination artificielle, augmentation du cheptel, système d’élevage unique pour tous le pays, mise en place d’un système d’identification et d’enregistrement de la production laitière) ; la production de fourrages et de concentrés pour les vaches laitières, ainsi que les techniques d’alimentation ; les services vétérinaires (vaccination, production de vaccins, contrôle des produits vétérinaires) ; le système de collecte du lait, les équipements et le contrôle de la qualité.

Toutefois, l’élevage bovin laitier rencontre de nombreuses difficultés au niveau macroéconomique comme par exemple : le manque de politiques foncières pour développer des zones de production, le monopole et les abus commerciaux de quelques industries laitières, la concurrence très forte dans le processus d’intégration internationale (OMC) et une incertitude foncière dans les régions très urbanisées. Les politiques actuelles visent à développer des élevages laitiers à partir de la spécialisation de petites exploitations familiales. Cependant plusieurs contraintes limitent la spécialisation, l’intensification et l’agrandissement de l’activité laitière dans les élevages. Le revenu obtenu par les éleveurs de la production laitière est très faible (Dinh Xuan Tung, 2005), du fait d’un prix de vente faible et de charges élevées (alimentation,….). Le faible revenu serait une raison expliquant l’arrêt de cette activité par les éleveurs ou son développement limité dans les élevages.

Dans les exploitations familiales de petite dimension, la faible rationalisation du travail est considérée comme une des sources de blocage pour accroître la production laitière (Martin et al., 2004 ; Cramb et al., 2004). Les exploitations utilisent avant tout de la main-d’œuvre familiale (McDermott et al., 2010), peu nombreuse et souvent engagée dans la pluriactivité (Cramb et al., 2004). Le travail est manuel, avec un niveau de mécanisation faible voire inexistant. De ce fait, la mise en œuvre d’itinéraires techniques sophistiqués, basés sur l’ensilage de maïs et l’affouragement en vert, induit des durées de travail très élevées (Pham et al., 2008 ; Hostiou et al., 2010). Ainsi, les volumes de travail associés à une faible rémunération contribueraient au peu d’intérêt des éleveurs pour la production laitière. En outre, les exploitations agricoles associent le lait à différentes activités : les cultures, l’élevage de petits ruminants et de monogastriques ainsi que des activités non agricoles (emploi en ville par exemple), notamment dans le Delta du fleuve Rouge (Vu Trong Binh, 2007). Les agriculteurs diversifient leurs activités pour améliorer leur revenu (Dao The Tuan, 2007). Dans ces systèmes de production diversifiés, la production laitière est en concurrence en termes de travail avec les autres activités à certaines périodes de l’année. Le travail (quantité, organisation) est une dimension importante pour comprendre le fonctionnement des systèmes d’élevage laitier.

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2.2. Objectifs de l’étude

Mon mémoire de stage s’inscrit dans le cadre d’un projet de coopération associant le RUDEC, le CIRAD et l’INRA-SAD dont l’objectif général est de constituer un observatoire des d’exploitations d’élevage au Vietnam. Ce projet implique la mise en place d’un réseau type « Réseaux d’élevage » c'est-à-dire pour lequel la compréhension du fonctionnement et des dynamiques des systèmes ainsi que l’ancrage territorial des analyses est considérée comme fondamental. Ce dispositif d’observation vise à produire des données et des informations destinées au MARD et à la FAO pour orienter les politiques de développement du secteur agricole et rural.

Depuis cinq ans, dans le cadre d’un projet ANR-ADD TRANS (Transformation de l’élevage et dynamiques des espaces), j’ai collaboré avec l’INRA et le CIRAD en ayant réalisé plusieurs séjours en France. J’ai donc eu l’occasion d’approcher les systèmes d’élevage bovin laitier en France ainsi que de me familiariser avec des méthodes d’analyse des systèmes d’élevage dont la méthode Bilan Travail Atelage (Pham et al., 2008). En plus, j’ai eu l’opportunité de discuter avec les experts des réseaux d’élevage de l’Institut de l’Elevage et des Chambres d’agriculture lors d’un séjour en France en août 2009.

Suite à ces collaborations, mon stage vise donc à réaliser une étude de faisabilité, à une échelle locale (le delta du fleuve Rouge), sur un petit échantillon d’élevages laitiers pour identifier les principes méthodologiques nécessaires à la mise en place de ce réseau d’observation des élevages.

La question traitée dans ce mémoire est comment caractériser un système d’élevage laitier vietnamien sur les plans de la conduite d’élevage, de l’organisation du travail et de l’efficacité économique dans un objectif de mise en place d’un réseau d’observation des élevages.

L’objectif de mon stage est donc de caractériser la diversité des systèmes d’élevage laitier au Vietnam pour fournir les premières bases méthodologiques (critères pour décrire et présenter les fermes, réflexion sur les cas-types).

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Partie III – Démarche méthodologique

3.1. La zone d’étude : le delta du fleuve Rouge au Vietnam

3.1.1. Le milieu naturel

Le delta du fleuve Rouge, grand delta du nord du pays, comprend deux réseaux hydrographiques : celui du fleuve Rouge et celui du fleuve Thai Binh (Figure 1). La création du delta repose avant tout sur l’alluvionnement du fleuve Rouge, dont la forte charge en sédiments, estimée à 130 millions de tonnes par an, le place en 8ème position des fleuves au niveau mondial pour la charge solide véhiculée, pour un débit qui n’en fait pourtant pas un grand fleuve (Béthemont, 2000). Milieu extrêmement plat, le delta est défini par la zone de terres dont l’altitude est comprise entre 0 et 10 mètres, pour une superficie totale de 15 000 km².

Selon des donnés de la station nationale météorologique, la température moyenne de l’air est de 23,5 degrés, la pluviométrie annuelle moyenne est de 1400 - 2000 mm. Le climat est de type tropical soumis à des moussons. On distingue essentiellement deux saisons: l’hiver, de novembre à avril, est assez frais et l’air est sec. L’été, la saison chaude et humide (mai à octobre) se caractérise par des pluies diluviennes et occasionnellement des typhons. Cette région, du fait des ressources en eau et des alluvions, est favorable à la production d’aliments. Elle fournit une importante part de la production de riz du pays : presque la moitié. En plus, grâce aux ressources marines, avec 400 kms de côtes, le delta a beaucoup de potentialités pour développer de multiples activités économiques comme la pêche, l’aquaculture, les transports et le tourisme.

Le gouvernement considère que le delta joue un rôle important dans développement économique et social actuellement mais aussi dans l’avenir. En outre, cette région fait le lien entre la région du Nord-ouest, le Nord-est avec la région du centre septentrional.

Carte administrative du Vietnam Delta du fleuve Rouge, au Nord du Vietnam

Figure 1. Localisation de la zone d’étude : le delta du fleuve Rouge au Nord Vietnam

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3.1.2. Les conditions sociales

Le delta du fleuve Rouge est la région la plus densément peuplée au Vietnam. La densité moyenne est de 1 238 habitants par km2 (Tableau 1), c’est-à-dire qu’elle est cinq fois plus élevée que la densité moyenne du pays et près de trois fois plus élevée que dans le delta du Mékong.

Actuellement, le delta se compose de dix provinces, dont la capitale Hanoi. Les provinces sont les suivantes : Hà Nội, Bắc Ninh, Hà Nam, Hải Dương, Hải Phòng, Hưng Yên, Nam ðịnh, Ninh Bình, Thái Bình, Vĩnh Phúc (Tableau 1).

La population est de 19,6 millions habitants, soit 22,8 % de la population totale du pays (Office nationale de statistiques, 2009). La région dispose donc de ressources abondantes en main-d’oeuvre.

Toutefois, la question de la population était considérée comme un frein pour le développement socio-économique de la région. La répartition de la population très élevée dans le delta du fleuve Rouge s’explique par divers facteurs tels que l’agriculture intensive (la culture du riz nécessite beaucoup de main-d’œuvre). En plus, les zones urbaines et industrielles sont nombreuses et importantes. En outre, le delta est exploité depuis très longtemps, et présente des conditions naturelles favorables aux activités de production. La surface cultivée par habitant est très faible au Vietnam (892 m²/habitant), et l’est encore plus dans le delta du fleuve Rouge (400-450 m²/habitant).

Tableau 1 : la population au Vietnam et dans le delta du fleuve Rouge

Nom de zone ou province Population

(mille habitant)

Superficie (km2)

Densité de population (personne/km2)

Le Vietnam 85.154,9 331.211,6 257

Delta du fleuve Rouge 18.400,6 14.862,5 1.238

Hà Nội 6.232,9 3.325 1805

Vĩnh Phúc 1.190,4 1.373,2 867

Bắc Ninh 1.028,8 823,1 1.250

Hải Dương 1.732,8 1.652,8 1.048

Hải Phòng 1.827,7 1.520,7 1.202

Hưng Yên 1.156,5 923,5 1.252

Thái Bình 1.868,8 1.546,5 1.208

Hà Nam 825,4 859,7 960

Nam ðịnh 1991,2 1.650,8 1.206

Ninh Bình 928,5 1.392,4 667

(Source : L’Office nationale de statistiques, 2007).

3.1.3. La situation économique a) Le secteur industriel

Le secteur industriel du delta du fleuve Rouge a connu une forte croissance au cours des périodes d’industrialisation et de modernisation depuis les années 1980. Le poids de l’industrie a augmenté de 18,3 milliers de milliards de dongs en 1995 à 52,2 milliers de milliards de dongs en 2002, représentant 21% du PIB du secteur industriel du pays. La plupart des activités industrielles sont

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concentrées dans les villes de Hanoi et de Haiphong. L’industrie se compose de la métallurgie, de la construction mécanique, des produits chimiques, des matériaux de construction, de la transformation des aliments, du thermoélectrique. L’industrie minière est quant à elle composée de l’exploitation du pétrole et du gaz, du calcaire, des mines d’argile kaolin.

b) Le secteur agricole

La superficie agricole est de 760 000 hectares, dont 70% sur des sols fertiles. Les exploitations agricoles ont une surface moyenne de terres cultivables de 0,28 hectare par exploitation regroupant chacune 4 ou 5 personnes avec 2 ou 3 actifs. Les cultures sont dominées par le riz, présent sur 82 % des terres cultivables. L’intensité culturale y est extrême avec des assolements généralisant la double riziculture et pouvant même porter, pour les systèmes de production diversifiés les plus dynamiques, jusqu’à 5 cultures sur une parcelle la même année. Les rendements moyens en riz sont élevés et dépassent 5,5 tonnes par hectare et par saison de culture (General Statistical Office, 2001).

Le maïs, les patates douces, le soja, les cultures fruitières ou du maraîchage complètent cette culture fondamentale. L’hiver est la principale saison de production dans la plupart des provinces du Delta.

On pratique aussi l'élevage porcin (2 à 5 porcs/an/exploitation) et celui des volailles. Seules les plus grandes fermes élèvent des buffles pour la traction. Le delta du fleuve Rouge prend le deuxième rang pour la production d’aliments, après le delta du Mékong. Au cours des dernières années, la structure économique a évolué avec la diminution des surfaces cultivées et l’augmentation de la part de l’élevage et de l’aquaculture.

c) L’élevage bovin laitier dans le delta du fleuve Rouge

L’élevage bovin laitier dans le delta du fleuve Rouge a débuté dans les années 1960 quand le gouvernement du Nord du Vietnam a décidé de mettre en place une ferme d’Etat dans la province de Bavi, un district en zone de moyenne montagne, en important 30 vaches laitières de Chine.

Actuellement, le nombre total de bovins laitiers dans le delta du fleuve Rouge est de 13 000 bêtes, soit 12% du cheptel national (Office national des statistiques, 2005). Les animaux sont issus de croisement entre la race Holstein Friesian et Laisind. Des exploitations laitières sont installées dans 8 provinces du delta qui se différencient par l’ancienneté de l’activité laitière (10-20 ans à 2-3 ans).

Dans cette région, plusieurs facteurs sont favorables au développement de l’élevage laitier : la proximité d’un grand marché de consommation laitière, Hanoi, ou encore la présence d’une coopérative laitière qui transforme et vend le lait. Cependant, il existe aussi des facteurs limitant l’accroissement de la production de lait, en particulier les fortes concurrences et interactions avec les autres activités agricoles et non agricoles en terme d’organisation du travail (efficacité, temps de travail au quotidien, périodes).

L’élevage bovin laitier est pratiqué principalement dans deux zones dans le delta. La première zone, Bavi, est une zone de moyenne montagne avec un climat favorable au développement des activités

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agricoles, surtout le lait. L’élevage laitier ainsi que la filière s’y sont développés depuis de nombreuses années. En plus, le tourisme s’y est fortement accru du fait des paysages et de la proximité de la capitale Hanoi. On peut trouver de nombreuses affiches indiquant des points de vente le long des routes des produits laitiers (Figure 2). La deuxième caractéristique est qu’il existe encore des fermes d’Etat qui ont été créées avant les réformes du Doi Moi. Les terres ainsi que les vaches appartiennent à la Compagnie Laitière qui est également l’unique acheteur du lait. La deuxième région se compose des autres provinces du delta du fleuve Rouge. L’élevage bovin laitier est plus récent, car il a débuté à la fin des années 1990, sous l’impulsion de la décision gouvernementale 167 qui vise à encourager le développement de la production laitière. Sur la base de ces caractéristiques, j’ai choisi de travailler auprès d’exploitations laitières dans ces deux zones : Bavi (élevage laitier ancien) et BacNinh (élevage laitier plus récent).

Figure 2. Affiches signalant des points de vente de produits laitiers à Bavi (Pham Duy Khanh, 2010).

3.2. L’échantillon d’exploitations enquêtées

Pour caractériser les systèmes de production laitière dans le delta, j’ai choisi des exploitations sur la base de trois principaux critères :

(i) La taille de production, c’est-à-dire le nombre de femelles et la production de lait annuelle.

Avec les experts et les éleveurs, nous avons défini trois tailles d’exploitations. Les petites fermes comptent moins de cinq femelles et une production laitière inférieure à 10 tonnes par an ; les fermes de taille moyenne comprennent de 5 à 10 femelles et produisent 20 tonnes de lait par an ; les grandes fermes ont plus de 10 femelles et une production laitière annuelle supérieure à 30 tonnes.

(ii) La diversité de la main-d’œuvre sur la ferme. J’ai distingué deux types de main-d’œuvre.

Les membres du noyau organisateur sont composés des travailleurs qui assurent et organisent le travail de l’exploitation, et dont il est indispensable de connaître la combinaison d’activités économiques ainsi que les choix et engagements privés pour comprendre l’organisation du travail sur l’exploitation (Madelrieux et al., 2009). J’ai identifié deux types de noyau organisateur dans les fermes : le premier type est le couple (9 fermes) et le deuxième type est une femme seule

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exploitante. Le deuxième type de main-d’œuvre, c’est-à-dire les membres hors noyau organisateur, se composent des enfants, des voisins, du salariat….

(iii) La diversité des activités dans l’exploitation, c’est-à-dire les activités agricoles et non agricoles. Dans la région d’étude, j’ai choisi des exploitations spécialisées en élevage laitier, et des exploitations associant d’autres activités agricoles (cultures) et non agricoles (emploi de fonctionnaire par exemple).

10 exploitations ont ainsi été enquêtées pendant mon stage. Sur la base trois critères, j’ai discuté avec le chef dans chaque district pour collecter les informations générales sur l’exploitation comme : la taille de production, la main-d’œuvre, les activités, la localisation. Ensuite, j’ai choisi dix exploitations qui couvrent ces trois critères. Après, une première rencontre a eu lieu avec les chefs d’exploitations pour vérifier les informations et préciser la date du premier entretien.

3.3. Le contenu et la démarche d’enquête

3.3.1. Les questionnaires

Pour réaliser les enquêtes, j’ai élaboré trois questionnaires semi directifs.

a) La conduite technique

Pour identifier et comprendre les pratiques des éleveurs pour conduire leur troupeau et leurs surfaces pendant l’année (Milleville, 1987 ; Landais, 1993), j’ai élaboré un questionnaire qui se compose des parties principales suivantes (annexe 1) :

La première partie présente la structure de l’exploitation, la main-d’œuvre, les activités agricoles et non agricoles, les bâtiments et matériels, mais aussi la structure de revenu des activités de l’exploitation,

La deuxième partie aborde les pratiques d’élevage sur les thèmes suivants :

Alimentation (fourrage et concentré…)

Allotement du troupeau

Reproduction des vaches

Traite

Les stratégies pour la période de vêlage

Entrées/sorties des animaux

Commercialisation

Rotation des cultures

Equipements (machine à traite ou coupe d’herbe…)

Où sont les vaches (dedans ou dehors)

Les projets pour le futur

Enfin une dernière partie permet de reconstituer l’histoire de l’exploitation. L’objectif est de comprendre le processus de développement de l’exploitation, surtout la production laitière, mieux comprendre les changements importants lié à la production, ainsi que les motivations pour chaque

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changement majeur (recherche d’une meilleure efficacité économique, souci d’alléger le travail, volonté de produire autrement, installation ou projets d’investissement).

b) L’organisation du travail

Pour étudier l’organisation du travail, j’ai utilisé la méthode Bilan Travail Atelage (Périsse, 2008 ; Hostiou et Dedieu, 2010) dont le contenu de l’enquête est détaillé en annexe 2. La méthode BTA caractérise l’organisation du travail sur une exploitation d’élevage par une approche globale du système, c’est-à-dire en prenant en compte la main-d’œuvre, la conduite technique de l’élevage et des surfaces, les équipements-bâtiments et les combinaisons d’activités agricoles et non agricoles.

Elle propose des critères pour quantifier (durées, répartition sur l’année…) et qualifier (variabilité des formes d’organisation quotidienne, division du travail….) le travail et son organisation à l’échelle de l’année. Les concepts mobilisés sont présentés ci-dessous.

La main-d’œuvre : pour traiter de la main-d’oeuvre (le « qui »), l’enquêteur distingue le noyau organisateur c’est-à-dire les travailleurs qui assurent et organisent le travail de l’exploitation, et dont il est indispensable de connaître la combinaison d’activités économiques ainsi que les choix et engagements privés pour comprendre l’organisation du travail sur l’exploitation (Madelrieux et al., 2009). Il s’agit couramment de l’exploitant, du couple d’exploitants ou des associés). La deuxième catégorie de main-d’œuvre est appelée la main-d’œuvre hors organisateur, et se compose des bénévoles, des salariés, de l’entraide et de l’entreprise agricole.

Les travaux : pour traiter du contenu du travail (le « quoi »), deux types de travaux sont distingués selon leur rythme et leur capacité à être différés. Le travail d’astreinte est à réaliser quasi- quotidiennement, il concerne généralement les soins journaliers aux animaux (traite, alimentation, curage…). Il est quantifié en heures par jour. Le travail de saison concerne des tâches plus différables et/ou concentrables sur une période donnée. Il comprend les travaux liés aux activités agricoles (troupeau, cultures, surfaces fourragères, cultures) et aux activités non agricoles (transformation – commercialisation, activités de diversification ou de service)(tableau 2). Il est quantifié en jours par an.

Tableau 2. Catégories de travail de saison dans les exploitations d’élevage (TS) et exemples associés

Activités agricoles

TS Herbivores Tonte, prophylaxie, pesée, curage du fumier…

TS Monogastriques Départ des charcutiers, réception de l’aliment…

TS Cultures Moisson, épandage, implantation…

TS Surfaces Fourragères Foins, épandages, fauche des refus…

TS Entretien du Territoire Entretien des clôtures, taille des haies…

Activités non agricoles

TS transformation - commercialisation Fromagerie, confiturerie… Marché, vente directe…

TS activités de diversification ou de service gîte, Chambre d’hôte, épandages pour la commune…

TS hors exploitation Réunion de mandat communal, activité extérieure rémunérée…

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La journée-type (JT) : la journée est l’échelle élémentaire d’organisation. Une journée-type est définie par : i) le travail d’astreinte, la main-d’œuvre réalisant ce travail et la durée, ii) les relations avec le travail de saison. L’organisation du travail dépend de la conduite technique, des conditions climatiques, de la main-d’œuvre présente et du rythme des autres activités économiques ou privées de(s) exploitant(s). L’éleveur modifie l’organisation de sa journée-type selon la disponibilité de la main-d’œuvre (enfants travaillant le week-end sur l'élevage, salarié à temps partiel absent 4 jours par semaine…) ou encore l’occurrence d’un travail de saison (récoltes, implantation de cultures, mise à l’estive…)(Tableau 3). Une journée-type a une plage de temps définie sur une période.

Tableau 3. Présentation d’une journée-type Journée-type

Le travail d’astreinte Travail d’astreinte et qui le fait La quantification durée de TA et plage horaire Les relations entre

activités

Mise en évidence de l’impact du TS sur l’organisation du travail (amplitude des horaires de travail, délégation du TA…)

Représentation Présentation textuelle en quelques lignes :

Il faudrait que tu décrives une JT dans une exploitation de ton échantillon

Régulation de l’organisation et alternance de journées-types : L’organisation du travail dépend du processus de production, des conditions climatiques, de la main-d’œuvre présente, et est combiné aux rythmes d’autres activités économiques ou privées de (s) exploitant(s). Certains paramètres obligent l’éleveur à modifier l’organisation de sa journée-type, par exemple :

- la modification de la disponibilité de la main-d’œuvre (enfants travaillant le week-end sur l'élevage, conjoint travaillant sur la ferme les week-ends…) ;

- l’occurrence d’un travail de saison (récoltes, implantation de cultures, …).

Ainsi au sein d’une période de travail, on caractérise la ou les « journée(s)-type(s) la plus courante » et la ou les « journée(s)-type(s) en alternance » selon l’occurrence de ces évènements.

La période : Pour rendre compte de l’évolution de l’organisation du travail sur l'année, celle-ci est découpée en périodes. Une période définit un intervalle de temps au cours duquel l’organisation du travail est homogène du fait de la main-d’œuvre impliquée, de la phase du cycle de production animal et végétal (et donc du travail d’astreinte à réaliser) et de la présence ou non d’autres activités. Ainsi est mise en évidence la cohérence entre :

- d’une part les évènements qui affectent le fonctionnement de l’exploitation agricole, c’est-à-dire:

la main-d’œuvre (rythme de présence, congés…), les obligations techniques (mises bas, récoltes,

…), les autres activités (transformation, réunions, …) ;

- et d’autre part l’organisation de l’éleveur à l’échelle de la journée.

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