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Post-trauma carotido-cavernous fistula [Fistules carotido-caverneuses post-traumatiques]

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Cas clinique

Fistules carotido-caverneuses post-traumatiques

B. Hmamouchi1*, A. Rakaa2, I. Alhyene1, M.A. Bouderka1, O. Abassi1

1Service d’anesthésie-réanimation des urgences chirurgicales, hôpital 20 août, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc ;

2service d’ophtalmologie, hôpital 20 août, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc

RE´ SUME´

Les auteurs rapportent trois cas de fistule carotido- caverneuse survenus à la suite d’un traumatisme cranio- facial grave. Une exophtalmie pulsatile et un souffle systolo- diastolique ont permis de suspecter le diagnostic. Une artériographie a permis de confirmer ce diagnostic, avec embolisation couronnée de succès chez deux malades. Le troisième est décédé par complication neurologique avant embolisation. La fistule carotido-caverneuse est une com- plication rare mais grave pouvant engager le pronostic fonc- tionnel (cécité) et vital (hémorragie méningée et intracéré- brale). L’artériographie et l’embolisation en un seul temps ont considérablement amélioré le pronostic. © 2001 Édi- tions scientifiques et médicales Elsevier SAS

craniofacial / embolisation / fistule carotido- caverneuse / traumatisme

ABSTRACT

Post-trauma carotido-cavernous fistula.

The authors report three cases of carotid-cavernous fistula occurring after severe cranio facial trauma. The diagnosis has been suspected on the association of a pulsatil exoph- talmia and systolo-diastolic murmur, and confirmed by arte- riography. Embolization was succesful in two patients, the third one died from neurologic complication before embo- lization. The carotid cavernous fistula is a rare but severe complication of a craniofacial trauma. The functional (blind- ness) and vital prognosis (subarachnoid and intracerebral haemorrage). Treatment by interventional neuroadiology

has considerably improved the outcome. © 2001 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS

carotid-cavernous fistula / craniofacial trauma / embolization

La fistule carotido-caverneuse (FCC) est une com- munication anormale entre l’artère carotide interne dans sa portion intracaverneuse et le sinus caverneux.

C’est une complication rare, mais non exceptionnelle des traumatismes craniofaciaux dont le diagnostic est clinique. La situation profonde du sinus caverneux rend le traitement chirurgical difficile. Le pronostic s’est largement amélioré ces 20 dernières années grâce aux progrès de la neuroradiologie intervention- nelle.

Nous rapportons trois cas de fistule carotido- caverneuse apparus dans les suites de traumatisme craniofacial grave. Nous évoquerons les mécanismes de survenue, les éléments d’orientation diagnostique et le délai d’apparition des symptômes. L’intérêt ori- ginal de ces observations réside dans les difficultés thérapeutiques vu le siège profond de la fistule et l’apport de la neuroradiologie interventionnelle dans le diagnostic et le traitement de cette pathologie.

OBSERVATIONS Cas n° 1

Un homme de 30 ans, sans antécédent pathologique a été admis pour un traumatisme craniofacial grave suite à un accident de la voie publique. À l’admis- sion, le patient était dans le coma. Le score de Glas- gow était de 6/15, avec anisocorie droite et ecchy- mose en lunette. Le reste de l’examen somatique était normal. La tomodensitométrie craniofaciale a mon-

Reçu le 31 juillet 2000 ; accepté le 28 février 2001.

*Correspondance et tirés à part.

Adresse e-mail : b.hmamouchi@caramail.com (B. Hmamouchi).

Ann Fr Anesth Réanim 2001 ; 20 : 494-7

© 2001 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés S0750765801003975/SCO

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tré un hématome extradural temporal droit, un héma- tome sous-dural pariétal droit, une hémorragie méningée, un œdème cérébral, des fractures de l’arcade zygomatique, du sphénoïde, du toit de l’orbite gauche, du sinus frontal, de la lame criblée de l’ethmoïde, une pneumocéphalie et un pneumo- orbite. L’hématome extradural a été évacué en urgence. À j1 on notait l’apparition d’une exophtal- mie gauche (figure 1) pulsatile avec un souffle systolo-diastolique périorbitaire évoquant une FCC, de même qu’une dilatation de la veine ophtalmique à la TDM de contrôle. Une artériographie caroti- dienne a permis de confirmer le diagnostic en opa- cifiant les deux sinus caverneux (figure 2). Le patient a bénéficié en même temps d’une embolisation de la fistule par ballonnet (figure 3). L’évolution était mar- quée par la régression de l’exophtalmie et la dispa- rition du souffle, une amélioration neurologique avec un score de Glasgow à 9/15, et un sevrage respira- toire à j15.

Cas n° 2

Une femme de 30 ans, sans antécédent notable a été victime d’un accident de la voie publique avec impact crânien. À l’admission, le score de Glasgow était de 8/15 avec anisocorrie droite. Elle présentait une

ecchymose en lunette. Le reste de l’examen était nor- mal. La tomodensitométrie craniofaciale a montré un œdème cérébral, une hémorragie méningée, une pneumocéphalie associée à des fractures de l’os fron- tal, temporal, du sinus sphénoïdal, maxillaire et des

Figure 1. Exophtalmie de l’œil gauche avec chémosis « aspect en œil de méduse ».

Figure 2. Artériographie carotidienne gauche montrant au temps artériel une fistule carotido-caverneuse (flèche) avec opacification précoce des sinus caverneux.

Figure 3. Artériographie carotidienne après embolisation montrant les ballonnets (flèche) au niveau de la carotide interne.

Fistule carotido-caverneuse post-traumatique 495

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deux orbites. À j8, on a constaté l’apparition d’une exophtalmie droite pulsatile, un souffle systolodias- tolique périorbitaire à l’auscultation. Une artériogra- phie a montré une FCC droite à haut débit. L’embo- lisation par ballonnet étant impossible vu la taille importante de la fistule, le patient a bénéficié d’une embolisation par spires métalliques (coils) en amont de la fistule, permettant ainsi l’occlusion de la caro- tide interne droite dans sa portion caverneuse. À j1 d’embolisation, l’état neurologique s’est amélioré (Glasgow à 11/15), avec régression de l’exophtalmie et disparition du souffle. La patiente a été sevrée du respirateur à j10 et sa trachée extubée à j15.

Cas n° 3

Il s’agit d’un patient âgé de 24 ans, sans antécédent pathologique, qui était hospitalisé dans notre service pour traumatisme craniofacial grave secondaire à un accident de la voie publique. À l’admission, il pré- sentait un score de Glasgow à 4/15 sans déficit moteur, les pupilles étaient symétriques et réactives.

Le reste de l’examen somatique était sans particula- rité. La tomodensitométrie cérébrale pratiquée en urgence montrait une contusion frontale gauche, une hémorragie méningée et des fractures temporoparié- tales, de l’orbite gauche, de l’arcade zygomatique, du sinus maxillaire gauche et du rocher droit. Il a eu une trachéotomie à j3. L’état neurologique s’est amé- lioré progressivement. Le score de Glasgow était à 10 à j8 et le patient a pu être sevré du respirateur à j10. A j13, on a constaté l’apparition d’une exoph- talmie gauche pulsatile associée à un chémosis et un souffle systolo-diastolique. L’artériographie caroti- dienne a montré une volumineuse FCC gauche opa- cifiant les deux sinus caverneux, et le drainage vei- neux périorbitaire et de la base du crâne. Le traitement de la FCC par embolisation était prévu dans un autre centre de neuroradiologie mais le patient est décédé à j20 après aggravation neurolo- gique brutale.

DISCUSSION

La fistule carotidocaverneuse est une communication anormale entre la carotide interne et le sinus caver- neux, c’est la forme la plus fréquente des fistules artério-veineuses cérébrales post-traumatiques. Il s’agit d’une pathologie rare mais non exception- nelle [1], dont l’étiologie traumatique est retrouvée

dans 75 % des cas. Des auteurs ont trouvé une fré- quence de 3,1 % dans les fractures de la base du crâne [2]. D’autres rapportent 10 cas dans une série de 989 traumatismes de la face [3]. Desal et Leaute, sur une période de 20 ans rapporte 49 FCC dont 45 post-traumatiques et ceci dans un service de neuro- radiologie interventionnelle [4]. Dans notre unité, trois cas de FCC ont été diagnostiqués sur une série de 148 traumatisme crânien grave sur une période de trois ans. Les mécanismes incriminés dans la genèse des FCC post-traumatiques sont de trois ordres : un arrachement sous l’effet du choc de rameaux arté- riels intracaverneux du siphon carotidien ; une rup- ture d’un anévrysme préexistant ou bien une plaie artérielle secondaire au déplacement d’un fragment osseux dans les grands fracas craniofaciaux, et notamment les fractures de la base du crâne [5, 6].

Dans les trois cas rapportés dans notre étude, ce der- nier mécanisme semble être le plus probable du fait de l’importance des lésions osseuses de la face engen- drées par le traumatisme.

Le délai d’apparition des symptômes est variable de quelques semaines à quelques mois. Desal et Leaute rapportent un délai inférieur à 15 jours dans 50 % des cas, inférieur à 48 heures dans les autres cas [4]. Dans notre série, le délai d’apparition des symptômes était de 48 heures dans la première obser- vation, de 8 jours dans la deuxième observation et de 13 jours dans la troisième observation. Les signes cliniques sont dominés par les manifestations oph- talmologiques, essentiellement l’exophtalmie qui est unilatérale et pulsatile associée à un chémosis, une dilatation du réseau veineux de la paupière supérieure (aspect de méduse) et une paralysie oculomotrice.

L’auscultation de la région périorbitaire et tempo- rale retrouve un souffle intracrânien systolodiastoli- que disparaissant à la compression manuelle de l’artère carotide homolatérale au niveau du cou [5].

Cette symptomatologie peut être absente ou bien méconnue dans les grands fracas cranio-faciaux avec œdème important du visage et la FCC sera révélée plusieurs mois, voire plusieurs années après le trau- matisme par des céphalées, des manifestations oph- talmologiques ou bien une hémorragie cérébrale ou sous-arachnoïdienne [7, 8]. L’exploration neurora- diologique constitue un temps essentiel dans le dia- gnostic et le traitement des FCC post-traumatiques.

La tomodensitométrie quantifie l’exophtalmie en mesurant l’indice oculo-orbitaire, recherche une dila-

496 B. Hmamouchi et al.

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tation de la veine ophtalmique supérieure (cas n° 2) et un bombement du sinus caverneux, qui constituent des signes indirects de la fistule [6, 9]. L’écho- Doppler couleur permet d’affirmer la fistule artério- veineuse en montrant au niveau des veines ophtal- miques un signal Doppler inversé dirigé vers la face à renforcement systolique. Cet examen permet en outre un suivi non invasif après embolisation ou abs- tention thérapeutique [5, 9, 10]. Le Doppler transcrâ- nien visualise directement la fistule avec une sensi- bilité de 95 % [5]. Il peut être associé à une manœuvre de compression de l’artère carotide homo- latérale, permettant d’apprécier les suppléances vas- culaires afin de prévoir les éventuelles perturbations de l’hémodynamique cérébrale si un axe carotidien interne est sacrifié. Chieregato [11] a rapporté la découverte précoce et fortuite d’une FCC devant l’augmentation brutale et rapide de la SvjO2. Cepen- dant, l’artériographie reste l’examen clé de cette pathologie. Elle a un double intérêt : diagnostique et thérapeutique. En effet, elle permet d’affirmer le dia- gnostic et de localiser la fistule ainsi que les voies afférentes et efférentes [5, 9, 12], et permet aussi un geste thérapeutique par embolisation. Elle consiste à fermer la fistule à l’aide d’un ballonnet interne lar- gable mis en place par voie artérielle en conservant l’axe carotidien interne.

Cette technique a bénéficié de beaucoup de pro- grès aussi bien concernant la voie d’abord (artérielle ou veineuse rétrograde) que du matériel sclérosant (ballonnet en latex, en silastic, ou spires métalliques

« coils ») [4]. Dans notre deuxième observation, l’embolisation par ballonnet était réalisée au niveau de la carotide interne vue la taille très petite de la fistule. En réalité, un tableau clinique évocateur (exophtalmie brutale, pulsatile + souffles systolo- diastoliques) impose d’emblée la réalisation d’une artériographie diagnostique et thérapeutique en un seul temps. Cependant, le Doppler transcrânien reste indiqué pour la surveillance après embolisation.

Non traitées, les FCC engagent le pronostic vital (hémorragie intracérébrale ou sous-arachnoïdienne, épistaxis foudroyant) [8]. Dans la dernière observa- tion le décès est très probablement secondaire à une complication intracérébrale de la fistule. En effet, il est survenu à j20 du traumatisme rapidement après altération neurologique brutale, pour cette raison il est nécessaire de souligner le caractère urgent du trai- tement dès que le diagnostic est posé. Ultérieurement,

la FCC peut engager le pronostic fonctionnel (baisse de l’acuité visuelle, diplopie, ophtalmoplégie, cécité) avec risque de développement d’un faux anévrysme du sinus caverneux qui justifie une surveillance à dis- tance.

CONCLUSION

La FCC doit être évoquée devant l’apparition d’une exophtalmie et d’un souffle systolo-diastolique dans les suites d’un traumatisme craniofacial. L’artério- graphie est indispensable pour préciser l’anatomie du shunt et réaliser une embolisation en un seul temps de l’orifice de la fistule. Actuellement, c’est le trai- tement de choix qui doit être réalisé rapidement pour préserver la fonction visuelle et prévenir la survenue de complications neurologiques qui engagent le pro- nostic vital.

RE´ FE´RENCES

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