Henk Hilhorst & Christophe Texier January 2017 Examen du 3 janvier 2017 — Solutions
1 Distribution de Maxwell
A.1/ Tous les micro´etats accessibles d’un syst`eme isol´e `a l’´equilibre (macroscopique) sont ´equi- probables.
2/ L’entropie microcanonique est S∗(E) = kB ln Ω(E) o`u Ω(E) est le nombre de micro´etats accessibles, d’´energies ∈ [E, E +δE]. On peut ´ecrire Ω(E) = ρ(E)δE o`u ρ(E) est la densit´e d’´etats etδE l’incertitude sur l’´energie du syst`eme.
B.1/ Pour le gaz parfait monoatomique, les micro´etats sont les points de l’espace des phases (de dimension 6N) : (~r1,· · · , ~rN, ~p1,· · · , ~pN). Le nombre de micro´etats d’´energies inf´erieures `a E est
ΦN(E) = VN N!h3N
Z
d3~p1· · ·d3~pN θH E−
N
X
i=1
~ pi2
2m
!
o`u la factorielle tient compte de l’indiscernabilit´e des atomes.
2/a) Le nombre de micro´etats accessibles, d’´energies ∈ [E, E +δE], est donn´e par Ω(E) = Φ0N(E)δE=bΣN(E) o`u b=VNδE/ N!h3N
et ΣN(E)def=
Z
d3~p1· · ·d3~pNδ E−
N
X
i=1
~ pi2 2m
! . L’entropie microcanonique est donc donn´ee parS∗(E, V, N) =kB ln
bΣN(E) . b) ΦN(E) est reli´e au volume de la sph`ere de dimension 3N de rayon √
2mE, d’o`u ΦN(E) ∝ E3N/2 et ΣN(E)∝E3N/2−1.
Formulation g´eom´etrique : ΦN(E) est reli´e au volume de la sph`ere Vd(R) = R
dd~x θH(R− ||~x||) = Rdπd/2/Γ(d/2 + 1), avec d = 3N et R = √
2mE. L’int´egrale donnant ΣN(E) est reli´ee `a la surface de la sph`ereSd(R) =Vd0(R) =Rd−12πd/2/Γ(d/2), explicitement, elle est de la formeR
dd~x δ(R2−~x2) = 1/(2R)R
dd~x δ(R− ||~x||) =Sd(R)/(2R)∝Rd−2. I.e. ΣN(E)∝S3N(√
2mE)/(2√
2mE)∝ √
E3N−2
. Qed.
c) La temp´erature microcanonique est donn´ee par T∗ def= ∂S∗/∂E−1
. On utilise S∗ = 3N2 − 1
kB lnE+· · · d’o`u T∗=E/
(3N/2−1)kB
'2E/(3N kB).
3/a) La distribution microcanonique est la distribution uniforme sur l’ensemble des micro´etats accessibles, i.e. les micro´etats d’´energies ∈[E, E+δE]. `A la limiteδE → 0, la distribution est concentr´ee sur la couche d’´energie E :
ρ∗(~r1,· · ·, ~rN, ~p1,· · ·, ~pN) =C δ E−
N
X
i=1
~ pi2
2m
!
(1) La constante de normalisation est donn´ee par 1/C =VNΣN(E).
b) La loi marginale de l’impulsion de l’atome no1 est donn´ee en int´egrant sur toutes les autres variables
f(~p1) = Z
d3~r1· · ·d3~rN
Z
d3~p2· · ·d3~pN ρ∗(~r1,· · ·, ~rN, ~p1,· · · , ~pN)
=C VN Z
d3~p2· · ·d3~pN δ
E−~p12
2m
−
N
X
i=2
~ pi2
2m
!
= ΣN−1
E−~p2m12 ΣN(E) 1
c) On utilise simplement ΣN(E)∼E3N/2 (on peut n´egliger le−1 dans l’exposant) : f(~p1)∝
1− ~p12
2mE 3N/2
=
1− 2 3N
~ p12
2mkBT∗ 3N/2
=⇒
N→∞ f(~p1) =A exp
− ~p12
2mkBT∗
d) L’int´egrale gaussienne donne imm´ediatementhεci= 3kBT∗/2.
2 Th´eor`eme H de Boltzmann
On consid`ere un gaz parfait deN atomes dans un volume V.
1/a) D’apr`es la formule de Sackur-Tetrode : T∗ = 2E/(3N kB), qui ne d´epend que du rapport de deux quantit´es extensives.
Le potentiel chimique est d´efini comme µ∗ def=−T∗∂S∗/∂N =kBT∗ lnN
V
3π~2N mE
3/2 . b) Il est commode d’introduire la densit´e moyenne n=N/V et la longueur
ΛT def=
r3π~2N mE =
s 2π~2
mkBT∗ , (2)
appel´ee lalongueur thermique de de Broglie, fonction seulement de la temp´erature. On obtient S∗ =N kB
5
2 −ln nΛ3T
et µ∗ =kBT∗ ln nΛ3T
. (3)
2/Les deux volumes s’´echangent des particules. La condition d’´equilibre estT1∗ =T2∗ ≡T∗ (sa- tisfait par hypoth`ese) etµ∗1 =µ∗2. Cette seconde condition donne explicitementkBT∗ ln n1Λ3T
= kBT∗ ln n2Λ3T
, i.e. l’´egalit´e des densit´esn1 =n2.
3/ Entropie pour une densit´e non homog`ene.–On divise par la pens´ee le tube en tranches d’´epaisseurs ∆x dans lesquelles le gaz est suppos´e `a l’´equilibre.
a) L’entropie de la couche est donn´ee par la formule de Sackur-Tetrode pour ∆N =A∆x n(x) atomes. On utilise la forme (3) : ∆S∗(x) =A∆x n(x)kB
5
2 −ln[n(x)Λ3T] .
b) L’additivit´e de l’entropie est justifi´ee pour le gaz parfait par l’absence de corr´elations. La somme des entropies des couches est
S∗ =A kB Z +L
−L
dx n(x) 5
2−
ln[n0Λ3T]+ln[n(x)/n0]
z }| { ln[n(x)Λ3T]
(4)
=N kB 5
2 −ln[n0Λ3T]
−A kB Z +L
−L
dx n(x) ln[n(x)/n0]. (5) Si on choisit n0 =N/V, le premier terme est la formule de Sackur-Tetrode, caract´erisant l’en- tropie li´ee `a l’agitation thermique et `a la d´elocalisation dans la boˆıte. On la note R(T∗, n0) = N kB5
2−ln[n0Λ3T] . Le second terme, Sb=−A kB
Z +L
−L
dx n(x) ln[n(x)/n0], (6)
caract´erise l’entropie li´ee `a l’inhomog´en´eit´e de densit´e.
c) On utilise lnx>1−1/xpour borner l’exc`es d’entropie : Sb6−A kB
Z +L
−L
dx n(x)
1− n0 n(x)
= 0 2
Si l’on relˆache les contraintes responsables des inhomog´en´eit´es de densit´e, le syst`eme relaxe spontan´ement vers l’´etat qui maximise son entropie, Sb = 0, et qui correspond `a la densit´e homog`ene,n(x) =n0 (comme dans la question2). On retrouve que l’´etat d’entropie maximum est d´ecrit par la distribution uniforme (information minimum sur les positions des atomes).
4/ Dynamique vers l’´equilibre : th´eor`eme H de Boltzmann.– On admet qu’on peut d´efinir une entropie au temps t en faisant n(x) → n(x, t) dans (6). On utilise l’´equation de la diffusion pour calculer la d´eriv´ee de l’entropie
dS(t)b
dt =−A D kB Z +L
−L
dx∂2n(x, t)
∂x2 (1 + ln[n(x, t)/n0]) . (7) Le premier terme est un terme de bordR+L
−L dx∂∂x2n2 =∂n
∂x
x=+L
x=−L= 0. Justification pour n´egliger les termes de bord :J(x, t) =−D ∂xn(x, t) repr´esente le courant de probabilit´e, qui doit s’annuler sur les bords (conservation du nombre d’atomes), J(+L, t) =J(−L, t) = 0.
Le second terme de l’int´egrale de (7) peut ˆetre simplifi´e `a l’aide de deux int´egrations par parties (en laissant tomber les termes de bord) :
Z
dx∂2n
∂x2 ln(n/n0) = Z
dx n
"
1 n
∂2n
∂x2 − 1 n2
∂n
∂x 2#
=− Z
dx 1 n
∂n
∂x 2
Finalement :
dS(t)b
dt = +A D kB Z +L
−L
dx 1 n(x, t)
∂n(x, t)
∂x 2
>0. L’entropie augmente au cours du temps. L’´egalit´e est r´ealis´ee `a l’´equilibre.
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