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Mortalités et dépopulations des colonies d'abeilles domestiques : le cas américain

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Academic year: 2021

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Submitted on 30 May 2020

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Mortalités et dépopulations des colonies d’abeilles domestiques : le cas américain

Yves Le Conte, Marion Ellis

To cite this version:

Yves Le Conte, Marion Ellis. Mortalités et dépopulations des colonies d’abeilles domestiques : le cas américain. Bulletin Technique Apicole, 2008, 35 (1), pp.27-32. �hal-02658433�

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Bull. Tech. Apic., 35 (1), 2008, 27-32

Yves LE CONTE1, Marion ELLI52

1.INRA, UMR406 Écologie des invertébrés, Laboratoire de biologie et protection de l'abeiLLe, Avignon Site Agroparc, Domaine Saint-Paul, 84914 AVIGNON CEDEX 9

2. Professeur d'entomologie et spécialiste de l'apicultureàl'université du Nebraska aux États-Unis.

près la France et l'Europe, l'Amérique du Nord subit des problèmes de mortalités massives d'abeilles. Un défidt d'abeilles pour la pollinisation et les résultats d'enquêtes auprès des apiculteurs attestent clairement que ce phénomène est très préoccupant pour l'apiculture américaine. Le déclin de ce pollinisateur peut constituer un problème environnemental grave pour les écosystèmes.

Introduction

La pérennité des activités agricoles mondiales est liée en partie aux insectes pollinisateurs. Trente-cinq pour cent des cultures dépendent directement des pollinisateurs, et quatre-vingt-quatre pour cent des espèces cultivées sont liées àl'acti- vité de ces insectes. I:abeilleApis mel- liferaest le poUinisateur dont l'impor- tance économique est la plus grande pour les cultures au niveau mondial.

Elle est aussi essentielle dans le main- tien de la biodiversité en pollinisant de nombreuses espèces végétales dont la fécondation requiert un pol- linisateur obligatoire.

En Amérique du Nord, les populations d'abeilles domestiques sont en baisse permanente depuis vingt ansàcause de mortalités souvent expliquées.

Mais depuis deuxàtrois ans, des mor- talités inexpliquées provoquent de

lourdes pertes dans les ruchers. En2007,àl'issue d'une séance de travail de l'Académie des Sciences des Etats-Unis, leProfes- seur May Berenbaum publiait un article alar- mant sur l'importance des mortalités d'abeilles aux Etats-Unis. Motivés par la valeur économique de l'a- beille pour son effet sur la pollinisation, les médias ont confirmé l'apparition de ce problème baptisé Colony ·Collapse Disorder (CCD) que l'on pourrait tra-

duire par«syndrome de l'effondre- ment des colonies».

Preuve que le manque de colonies est devenu réel au printemps 2007, le prix de la location de ruches pour la

Photo 1.Ouvrière butineuse sur une fleur d'oranger.

pollinisation de l'amandier a aug- menté de80dollars par colonie. Une enquête récente a montré la présence de CCD dans35états des USA et une province du Canada avec des pertes

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de cheptel variant de30à90% pour les apiculteurs. Parmi ceux-ci, 82 0/0 attribuent ces pertes àl'hivernage des colonies(39 0/0)ou au CCD(43 0/0), contre 15% aux acariens et3% aux pesticides.

Des mesures adéquates ne peuvent' être prises par les apiculteurs ou les vétérinaires, faute d'en connaître les causes. L'administration américaine débloque des sommes importantes pour développer un réseau de sur-

veillance .national et rechercher les causes de ce syndrome. Toutes les hypothèses sont testées par les scien- tifiques qui disposent d'outils molé- culaires puissants issus du séquençage récent du génome de l'abeille.

5 Liers

u

Les symptômes du syndrome se carac- térisent par une dépopulation mas- sive des colonies qui se vident de leurs ouvrières adultes. La reine et quelques abeilles restent dans la colonie puis

finissent par mourir. Plusieurs cadres de couvain fermé indiquent que la colonie était assez forte avant de s'ef- fondrer. iln'y a pas d'abeilles mortes devant la ruche comme c'est la cas

lors d'intoxications ou d'infections par certains pathogènes ou parasites connus. Des réserves de nourriture indiquent que les colonies ne sont pas mortes de faim.

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me

Il n'y a·pas d'explication formelle à l'heure actuelle sur la ou les causes du CCD. Bien que les hypothèses clas-

Pesticides

Depuis l'apparition des pesticides en agriculture, les apiculteurs constatent les dégâts qu'ils engendrent de façon répétitive sur leurs abeilles. Trouver un tas d'abeilles mortes devant la ruche est chose commune pour les apiculteurs dont les ruches côtoient les grandes cultures.ilfaut admettre que c'est une réalité et lorsque les pesticides ne tuent pas les colonies, ils participentàles affaiblir.

Les pesticides et. fongicides utilisés en agriculture sont une cause pos- sible du syndrome, et les américains dosent· actuellement ces molécules dans les colonies malades. Ils s'in- téressent bien évidemmentàdoser les néonicotinoïdes (procédés Régent® et Gaucho®),mais ne sont pas convaincus, a priori, du rôle de ces molécules dans ce syndrome, n'ayant pas constaté de relation entre l'apparition de la maladie et (1J leur utilisation en agriculture. § Cependant, il faut remarquer que les u~

effets sublétaux de ces molécules sur >f

les capacités d'apprentissage et de f.s mémorisation pourraient expliquer le phénomène: les butineuses into- xiquées ne trouvent plus le chemin du· retour à la ruche et les colonies se dépeuplent ainsi.

En France, une étude récente des pelotes de pollen récoltées par les abeilles sur des fleurs environnan-

siques (pesticides ou les différentes maladies connues), soient avancées, émergent aussi des causes comme le

tes des ruchers a montré la présence de nombreux pesticides utilisés en agriculture et quelquefois à ·des concentrations inquiétantes (1).

Leur présence dans le pollen est un élément essentiel pour suspecter leurs effets à long terme sur la colo-

stress, le mode de conduite des ruchers, l'alimentation, le climat et l'environ- nement des colonies en général.

Photo 2.

Les intoxications de coLonies sont fréquentes dès Lors que Les ruchers avoisinent Les grandes cuLtures.

nie. Le pollen pollué peut être consommé plusieurs semaines ou plusieurs mois après son stockage dans les alvéoles, et intoxiquer ainsi les abeilles alors que le toxique n'est plus pré- sent à l'extérieur de la ruche.

Les molécules utilisées pour lutter contre les pathogènes des abeilles sont aussi évoquées. Les acaricides utilisés pour lut- ter contreVarroa destruc- tordeviennent inefficaces àcause de la résistance de ces acariensàces molécules. C'est le cas pour le fluvalinate et le couma- phos. Les apiculteurs américains sont donc tentés d'utiliser d'autres molécules acaricides, ou d'autres méthodes pour traiter le varroa, avec une efficacité .variable.

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Photo 3.Vue ventrale de Varroa destrudorau microscope électronique, ravageur important des colonies d'abeiLLes aux· États-Unis.

Maladies

Les chercheurs américains analysent des échantillons d'abeilles qui ont subi le syndrome du ceDe ils regar- dent la présence d'acariens parasites commeAcarapis woodi(acariose) et Varroa destructor (varroase). Alors que l'acariose n'est plus un grand problème aux USA, la varroase cause de gros dégâts et les traitements aca- ricides sont peu efficaces à cause de la résistance de l'acarien. Bien que les abeilles qui survivent à l'effon- drement des· colonies ne soient pas très infestées de varroas et que les symptômes ne soient pas caractéris- tiques de cet acarien, les chercheurs n'excluent pas son importance en évoquant son rôle connu sur l'affai- blissement des abeilles (2)qui indui- rait le syndrome.

Les premières analyses des abeilles malades ont mis en évidence la pré- sence de pathogènes en quantité très importante comme les bactéries de la loque américaine, ouAscosphera apis,le champignon du couvain plâ- tré, ainsi que quatre espèces de virus connus, ce qui suggère qu'ils peu- vent être une cause possible du syn- drome. Cependant, les symptômes de ces pathogènes n'ont pas été obser- vés sur les colonies malades, ils ne seraient donc pas directement responsables du problème. Il en est de même pour le protozoaireNosema apisqui n'est pas non plus suspecté comme responsable direct dusyrt- drome. Par contré, une autre espèce, Nosema ceranae,nouvellement décri- te (3) et possédant des symptômes qui se rapprochent plus de la mal- adie de l'effondrement des colonies, a été trouvée dans l'ensemble du ter...

ritoire américain, ce qui en fait un candidat sérieux pour expliquer ce phénomène. Mais un lien de corré- lation entre la présence de N. cera- naeet le syndrome n'a pas encore pu être établi.

Lesvirusprésents chez l'abeille, pour certains à·l'état endémique dans les colonies, ont été suspectés. Cesvirus peuvent causer des problèmes aux abeilles lorsqu'elles ont été préala- blement stressées par d'autres mala- dies, le varroa, les pesticides, la malnutrition ou certaines pratiques

apicoles~On connaît peu les·15 espè- ces de virus qui peuvent parasiter nos··abeilles. Mais léS, qtielques symp- tômes qui y. sont assôciés· n'ont pas été observés chez les abeilles qui subissent le· sYndrome.;

Et pourquoi pas un pathogène inconnu? L'exemple· deN. ceranae est assez parlant puisque ce proto-

zoaire décrit pour la première fois en Europe en2006infeste nos colonies d'abeilles depuis au moins2002alors qu'il n'avait jamais été décrit aupa- ravant en Europe. Il est donc plau- sible de penser qu'un agent infectieux non identifié puisse être impliqué.

Pour renforcer la thèse d'agents pathogènes responsables du CCD, les chercheurs américains ont utilisé des ruches vides et leurs cadres qui avaient contenu des abeilles mortes de CCD. Ils·ont irradié une partie de ces ruches et .étudié l'apparition de la maladie comparativement àdes ruches témoins non irradiées. LeS colonies d'abeilles des ruches témoins ont déclaré leCCD c:ofittairemefitaux

ruches irradiées. Ce résultatmontfe qu'un agent pathogène est présent dans les cires etinduit le CCD aux abeilles.

Interactions pestiddes - maladies

Il est montré que les colonies d'a- beilles contiennent des résidus de pesticides utilisés en agriculture et en apiculture. Mais on ne sait rien des interactions entre les différen- tes molécules pesticides et fongici- des utilisées .en agriculture sur les abeilles, et rien non plus des inter- actions avec les acaricides utilisés en apiculture. Mais il est fort àparier que toutes ces molécules aient des effets additifs, voir synergiques,

négatifs sur la survie des abeilles.

De même, on ne sait rien des inter- actions entre différentes maladies ni entre maladies et pesticides sur les abeilles, alors qu'un pathogène peut réduire la résistance des abeilles à un pesticide, ouvice versa.

Il existe une carence évidente d'in- formation dans ce domaine qu'il fau- drait combler afin de mieux exploiter l'utilisation de ces molécules en agri- culture et en apiculture pour pré-

server la santé de nos abeilles.

Les interactions entre différents pathogènes et facteurs environne- mentaux sont, elles aussi, très peu étudiées, alors qu'il est montré, par exemple, que la présence de varroa entraîne une baisse des défenses immunitaires de l'abeille et la ·rend donc sensible aux virus ou aux fac- teurs d'environnement. Une carence en pollen rend les abeilles plus sen- sibles aux virus.

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> Autres causes possibLes

• La qualité et la quantité de l'ali- mentation sont déterminantes dans le développement des colonies d'a- beilles. Elles doivent avoir suffisam- ment de miel stocké comme réserves pour survivreàl'hiver. Les ouvrières nourrices doivent aussi disposer' d'as- sez de pollen pour produire la nour- riture qu'elles distribuent aux larves

àpartir de leurs glandes nourriciè- res. Les carences alimentaires sont évoquées pour expliquer·l'apparition du CCD.À la' suite d'un automne pau- vre en pollen de qualité, les abeilles hivernent carencées en .protéines et leurs défenses ..immunitaires ainsi que leur longévité sont réduites. Or, ces abeilles doivent passer tout l'hiver et constituent les forces vives au début du printemps; si leur durée de vie est réduite, la colonie aura d'autant plus de malàsurvivreàl'hi- ver etàse développer au printemps.

• Le butinage sur des cultures trans- géniques qui pourraient être toxiques est aussi discuté, mais il n'a pas été montré de mortalités particulières d'abeilles vivant entourées de larges surfaces de cultures OGM, pour l'ins- tant aux USA.

• Les techniques apicolessont aussi mises en cause par les américains, en particulier le fait de stocker un nombre important de colonies dans un même rucher sans ressources ali- mentaires naturelles après la trans- humance. Elles sont alors nourries artificiellement de sirop de sucre et de substitut de pollen. Cette ali- mentation carencée pourrait être la source du syndrome.

• Le transport de colonies par camions, d'un boutàl'autre du pays, peut durer plus de48heures et cons- titue un stress important pour les colonies. Et bien que les apiculteurs pratiquent cette activité depuis long- temps sans avoir constaté de cata- strophe, le prix élevé de la pollini- sation a eu l'effet d'augmenter la fré- quence et la distance des transhu- mances.

• La diversité génétique des abeilles est aussi discutée: les pratiques api- coles visentàsélectionner fortement les abeilles et provoquent une perte de diversité génétique du pool d'a- beilles nord-américain et aboutissent

à une baisse de l'efficacité des

abeillesàlutter contre les maladies.

L'estimation de la diversité génétique des abeilles des USA devrait pouvoir permettre de répondreàl'hypothèse de l'effet d'une faible diversité géné- tique sur l'expression du CCD.

• Le climat influence le développe- ment des fleurs et la production de nectar et de pollen auxquels sont liés l'activité de butinage et le déve- loppement des colonies. ilinfluence aussi l'apparition de pathogènes comme le champignonAscosphera apis, qui se développe sur les larves d'abeilles et les tue en présence d'humidité importante. Le réchauf- fement climatique qui, d'après les spécialistes, va bouleverser les conditions climatiques locales, peut modifier sérieusement le dévelop- pement, voire la survie des colonies d'abeilles.

• L'agriculture intensive a abouti à

une modification profonde du pay- sage : monoculturesàperte de vue et disparitions de haies ne sont pas des conditions favorables àl'apicul- ture etàla survie des pollinisateurs en général.

Photos 4-5.Colonies affectées par LeCCD - Les pertes sont caractérisées par une disparition rapide des abeilles adultes des colonies affectées.

ILne reste que la reine, du couvain, du miel, du poLLen et peu d'abeilles ouvrières.

Bien que cette disparition d'abeilles soit rapide, personne n'a pu observer jusqu'à ce jour, un départ massif des abeilles adultes des colonies affectées.

Récentes découvertes des chercheurs américains

Les chercheurs de 10 laboratoires américains se sont fédérés pour réali- ser une étude métagénomique com- parative des microbes associés au CCD. À l'aide de l'outil moléculaire, ils ont entrepris d'identifier tous les pathogènes présents chez des abeilles saines ou malades du CCD

(4).Parmi19pathogènes identifiés, un seul est corréléàla présence du CCD ; il s'agit du virus israélien de la paralysie aiguë (IAPV) . C'est un dicis- trovirus identifié initialement sur les

abeill~s israéliennes (5). Une parti- cularité du couple virus-hôte est la capacité d'échanger du matériel

génétique. Ainsi l'abeille, naturelle- ment transgénique, peut intégrer un segment du virus dans son génome, et ce processus· a pour effet de la ren- dre résistante àce virus.

L'IAPV a été également identifié dans des échantillons de gelée royale pro- venant de Chine et dans des abeilles

(6)

apparemment saines importéesd~us­

tralie, ce qui suggère que le virus aurait été importé aux USA àpartir de ces deux pays. :Mais niNosema ceranae, l'agent potentiellement responsable des mortalités en Espa- gne, présent dans les échantillons d'abeilles saines et malades, ni les autres pathogènes identifiés, ne peu- vent expliquer les mortalités d'a- beilles américaines par le CCD.

Cependant, il s'agit d'une étude cor- rélative et reste la question de savoir si l'IAPV est un agent causal ou un marqueur du syndrome? L'injection de particules virales àdes abeilles saines devrait apporter les réponses

àcette question.

Mais des interrogations demeurent.

Les symptômes observés en Israël sur les abeilles parasitées par l'IAPV ne

sont pas les mêmes que ceux du CCD.

Les abeilles israéliennes présentent des symptômes de paralysie, de trem- blements, et on les retrouve mortes auprès de la ruche, ce qui n'est pas le cas pour le CCD. La capacité de mutation du virus est une explica- tion avancée par les chercheurs pour expliquer ces différences; l'IAPV américain pourrait être un haplotype différent induisant des symptômes particuliers.

Et comment expliquer la bonne santé des abeilles australiennes alors qu'el- les sont porteuses de l'IAPV ? Les chercheurs américains pensent qu'un autre facteur pourrait déclencher l'apparition du syndrome aux USA.

Le premier qui vientàl'esprit est le varroa, absent du continent austra- lien.Une interaction entre le virus

et l'acarien - qui diminue les défen- ses immunitaires des abeilles - est avancée, ainsi qu'une interaction entre le virus et les traitements uti- lisés dans la lutte contre le varroa.

En novembre 2007, une étude de Chen et Evans réalisée sur des abeilles conservées dans des congé- lateurs a montré d'une part que le virus était présent plusieurs années avant l'apparition du CCD et avant même l'importation des abeilles aus- traliennes, et d'autre part qu'il existe des variants du virus. Une étude visantàinfester artificiellement des abeilles avec les différents variants du virus devient encore plus cruciale pour conclure sur l'importance de celui-ci dans l'expression du syn- drome.

Parallèle avec La situation en France et dans Les autres pays

Après la vague de morta- ~

lités d'abeilles survenue en Europe à partir de 1995,on est tenté de faire des rapprochements entre les causesd~ ces dispari- tions dans les différents pays. Les symptômes du CCD sont présents partout, on peut donc comparer la situation entre les pays si l'on se concentre sur ce syndrome.

Si les Français ont bien montré le risque. d'utili- sation, pour l'abeille, des pesticides Gaucho® et

Régent® en agriculture PhotoM. Ellis

(6), ce n'est pas le cas d'autres pays qui ne rejettent pas, pour autant, l'effet des pesticides en général comme facteur favorisant. Comme en Espagne, on constate la présence, alors insoupçonnée, deNosema cera- nae dans notre cheptel .français depuis au moins2002. On peut sup- poser aussi que le virus IAPV est pré- sent en France puisque les apiculteurs ont importé de nom- breusesreines et colonies d'Austra- lie porteuses du virus. La question de savoir si ces pathogènes nouvel- lement identifiés ont pu être et sont la cause des problèmes des apicul- teurs français depuis 1995,se pose

alors naturellement. Et on- ne· Péut exclure cette hypothèse. De même, il existe un risque de toxicité decer- tains cultivars de tournesol pour les abeilles qui pourrait expliquer en partie les problèmes de récolte de nectar sur ces cultures (7).

Les chercheurs s'accordentàpenser qu'il n'existe pas une seule cause pour expliquer le CCD et les morta- lités qui apparaissent dans différen- tes régions du monde. Au contraire, ils privilégient la thèse d'interactions entre différents facteurs comme les pesticides, les maladies, les tech- niques apicoles et l'environnement des colonies.

Photo 6. le prix minimum.

moyen par colonie pour La poLLinisation des amandiers a été multiplié par cinq depuis L'apparition des problèmes de CCD.

la poLLinisation fournit un revenu important aux apiculteurs, mais Le transport massif des abeiLLes contribue àla propagation des maladies et parasites. Pendant La même période, le prix payé aux producteurs d'amandes a augmenté de 3$par Livré.

Mais la lutte des apiculteurs contre les pesticides et les firmes qui les fabriquerttest pertinente puisque les pesticides déciment réellement letlrs abeilles depuis40ans, et qu'il existe un risque lié aux pesticides Gaucho®

et Régent® sur la survie des abeilles, comme l'a montré le comité scienti- fique et technique. Il faut admettre aussi que le combat des apiculteurs professionnels engagés contre les pesticides a eu un effet très positif sur les médias, le public et les poli- ticiensqui considèrent enfin l'inté- rêt de l'abeille et s'inquiètent pour sa survie. L'abeille devient sentinelle de 1'environnement.

(7)

L'approche développée par les scien- tifiques des différents pays montre que les causes de mortalités d'abeilles sont complexes et nombreuses et que des agents infectieux insoupçonnés peuvent les parasiter. Actuellement, les chercheurs sont unanimes pour dire que les causes sont multifacto- rielles. Cet insecte vit en présence de nombreux pathogènes et dans un environnement qui affaiblit sa résis- tance aux maladies. Le CCD ne cons- titue qu'une partie des mortalités d'abeilles, et bien que les symptômes

Historique

en soient bien décrits, les causes pré- cises sont encore àdécouvrir si l'on veut lutter efficacement contre cette maladie.

Il faut admettre que l'abeille domes- tique est devenue fragile et que sa survie dépend beaucoup d'un envi- ronnement de plus en plus hostile, favorisant l'apparition des maladies.

Si l'homme modifie cet environne- ment, il doit aussi prendre les mesu- res de protection de l'abeille. Afin de mieux lutter contre les facteurs favo-

risant l'apparition des maladies, des études fondamentales doivent être développées pour connaître les cau- ses des mortalités, ainsi que l'effet des modifications environnementa- les liées à l'activité humaine. Les méthodes moléculaires, ainsi que le séquençage récent du génome de l'a- beille, peuvent permettre de diag- nostiquer les agents pathogènes ou leurs effets sur l'abeille. Ces outils puissants pour l'étude des causes des maladies doivent être développés en France.

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Remerciements

Cet article a été publié en janvier 2008 dans le numéro 284 de la revue Biofutur, que nous remercions pour son aimable autorisation.

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