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Capture d'Argiope Bruennichi (Aran. Argiopidae) aux marais de Grône (Valais)

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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blement parlé, les critiques parvenues aux rédacteurs, soit directement, soit par la presse, peuvent se compter sur les doigts d'une seule main.

Et pourtant, « nous serons reconnaissants à tous ceux qui voudront bien nous faire part de leurs observations. La Carte nationale, pour jus- tifier son titre, doit inscrire les noms sous la forme la plus utile à tous.

Il est sans doute souhaitable que l'orthographe varie le moins possible d'une édition à l'autre. Il serait présomptueux de prétendre la fixer définitivement (1) ».

Il est encore une question qu'il convient d'aborder pour les régions où le patois est encore par places très vivant, comme au Valais. Il est incontestable que le patois donne son empreinte à une quantité de noms de lieux, que beaucoup même ne sont connus qu'en patois.

Faut-il alors recourir à une transcription patoise ? Non ne le pensons pas, si l'on entend par transcription patoise la reproduction fidèle du nom tel que le prononce l'habitant. Il y a plusieurs raisons pour jus- tifier cette opinion. D'abord, il ne peut être question de compléter l'alphabet français, incapable de rendre certains sons du patois (ces nouveaux signes diacritiques ne sont concevables que dans les textes destinés aux spécialistes) ; en outre, même dans les régions où le patois est encore vivant, c'est le français qui est la langue des relations avec l'extérieur et la carte est justement appelée à faciliter ces relations;

enfin, il faut reconnaître, qu'on le déplore ou non, que « la tendance à franciser est irrésistible, qu'il serait absurde de vouloir s'y opposer » (Ernest Muret).

Ces trois raisons nous semblent suffisantes pour condamner dans la carte la transcription patoise. Toutefois, pour les noms qui n'exis- tent qu'en patois, pour ceux où le patois a triomphé (voir les nom- breux p r a ) , la carte s'est efforcée de corriger les francisations arbi- traires, voir les traductions que l'on trouve dans la carte Siegfried.

Les exemples cités plus haut en apportent la preuve.

C h a n t e -Em. R E I T E R E R : CAPTURE D'ARGIOPE BRUENNICHI (ARAN. ARGIOPIDAE) AUX MARAIS D E GRONE (VALAIS).

En octobre 1950, au cours d'une chasse entomologique dans les marais de Grône, mon attention fut attirée par la toile d'une grande Orbitèle, tendue entre des tiges de phragmites. L'hôte, qu'il ne m'avait

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jamais encore été donné de capturer, était cependant trop bien carac- térisé par son attitude, au centre de la toile, tête dirigée vers le sol, par la coloration, jaune rehaussé de zébrures noires, si particulière de son abdomen, pour que l'on ne reconnût pas aussitôt 1 Ç d'Argiope brünnichi (SCOPOLI) \

L'espèce avait-elle déjà été signalée du Valais ? Ni MÜLLER et SCHENKEL (1895), ni R. de LESSERT (1910) n'indiquent dans leur catalogue la présence de cette Araignée pour la faune de notre canton.

De même, j'en ai trouvé nulle mention dans les listes de captures, englobant le Valais, que SCHENKEL, BARTELS et VOGELSANGER ont données entre 1925 et 1944. Toutefois H. LEBERT, dans un ouvrage maintenant ancien, notait à propos de l'Epeire fasciée (1877, p. 105) :

«Ich besitze aus der Umgegend von Sion (Wallis) und aus Cery Cocons, welche ganz mit der Dufour'schen Beschreibung des Eiercocons dieser Spinne übereinkommen ». Ainsi l'observation de LEBERT, comme du reste le caractère méridional d'une partie de notre faune entomologi- que, laissaient présager que l'indigénat valaisan de cette Argiopide serait vraisemblablement assuré un jour.

Désireux de me rendre compte si l'Epeire subsistait toujours aux marais de Grône, j ' y suis retourné en 1953. Une première visite que je fis le 3. VIII. demeura sans résultat. Le 27. VIII., après de brèves recherches, je relevai par contre la présence de 2 Ç dont l'une, adulte, de belle taille, que je capturai. Cependant, ni ce jour-là, ni lors de nouvelles visites que j'accomplis dans cette sta- tion au cours de l'automne, il ne me fut possible d'observer d'autres individus. En 1954, de fréquentes recherches dans le même biotope, à la fin de l'été et durant l'automne, n'avaient abouti qu'à la prise d'une unique Ç , le 5 IX. Cette année enfin (1955), bien que revenu à plusieurs reprises aux marais de Grône, je n'ai pas réussi à apercevoir un seul exemplaire.

S'il est peut-être encore trop tôt pour parler avec certitude de la disparition de VArgiope dans cette localité, le peu de succès de mes visites prouve pour le moins son extrême rareté actuelle.

J'ajouterai que je n'ai jamais trouvé jusqu'ici l'Aranéide, ailleurs que sur une surface relativement restreinte, de quelque 2500 m2 et

1 Assez souvent désignée en français du terme d'Epeire fasciée, c'est aussi sous ce nom que l'Araignée a été évoquée par J.-H. FABRE dans ses célèbres Souvenirs entomologiques (8e et 9e Séries) avec un charme narratif qui n'exclut pas, hélas, un certain nombre d'inexactitudes...

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formant, en contre-bas de la route Bramois-Grône, une phragmitaie assez clairsemée. Ce fut toujours sans aucun résultat que j'ai fouillé, et sur de vastes étendues, les autres parties des marais qui semblaient offrir des conditions d'habitat identiques. Les pentes sèches et enso- leillées qui dominent la route et les deux collines à végétation xero- phile situées dans la plaine m'ont paru de même complètement indemnes.

Il serait au surplus assez intéressant de savoir si l'espèce existait depuis longtemps dans cette station de Pouta Fontana et de connaître les causes de son extinction.

Le petit nombre d'individus observés représente-t-il les survi- vants d'une colonie jadis prospère, ayant occupé dans le passé une aire de répartition plus vaste et qu'un ensemble de facteurs contraires, toujours malaisés à discerner, a progressivement conduit vers la dis- parition.

Cependant il se pourrait que la découverte de quelques exemplaires d'Argiope aux marais de Grône s'expliquât plutôt par l'introduction assez récente d'Araignées, probablement de jeunes amenées par le vent lors des vols aérostatiques et qui ont trouvé dans ce milieu des conditions de vie, pour un temps, compatibles à leur établissement.

Mais l'existence d'agents climatiques défavorables à la progéniture (insuffisance ordinaire de l'insolation pendant plusieurs mois de l'année, augmentation fortuite des intempéries, spécialement préjudi- ciables aux jeunes lorsqu'elles coïncident en printemps avec l'abandon des nids), le fait aussi qu'une partie des roseaux soit fauchée chaque automne, entraînant la perte des cocons qui avaient pu y être établis, expliquent les difficultés d'adaptation de l'espèce à son nouveau bio- tope et suffiront dès lors à faire disparaître plus ou moins rapidement l'Araignée.

L'on se demandera enfin pourquoi l'Epeire fasciée a été si peu observée en Valais. Certes, le nombre des aranéologistes qui ont pros- pecté systématiquement ce canton est-il fort restreint. Et ce sont sur- tout encore les parties supérieures de quelques-unes de nos vallées qui furent le mieux étudiées, celles par conséquent d'où l'espèce est sans doute absente. La population certainement très localisée de VArgiope chez nous, indice d'exigences biologiques particulières, la brièveté relative de son apparition à la fin de l'été, toutes causes qui la font échapper aux recherches accidentelles, rendent compte également du peu d'indications que l'on possède à son sujet. Remarquons en outre que l'assainissement et la mise en culture de la plaine du Rhône, où

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les surfaces marécageuses sont a u j o u r d ' h u i p r e s q u e c o m p l è t e m e n t dis- p a r u e s , ont s û r e m e n t r é d u i t , dans de grandes p r o p o r t i o n s , les possibili- tés d ' h a b i t a t de cette A r a i g n é e , c o m m e d'ailleurs de t a n t d'autres espè- ces végétales et animales, h y g r o p h i l e s ou a q u a t i q u e s . I l faut c e p e n d a n t s o u h a i t e r q u ' u n e m e i l l e u r e connaissance de la r é p a r t i t i o n g é o g r a p h i q u e de nos Araignées indigènes p e r m e t t r a d'ajouter de nouvelles stations valaisannes à Argiope brilnnichi, conservant ainsi p o u r n o t r e faune cette espèce q u e F A B R E a u n j o u r a p p e l é e « la plus b e l l e des Ara- néides d u M i d i ».

Sion, octobre 1955.

Bibliographie

(On trouvera les références complètes des travaux aranéologiques parus jusqu'en 1939 et dont il a été fait état ici, dans le grand ouvrage de P. BONNET: Bibliographia Araneorum, tome I, Toulouse 1945).

BARTELS, 1931; LEBERT, 1877; LESSERT, 1910 c; MÜLLER et SCHENKEL, 1895; SCHENKEL, 1925 e, 1926, 1927 b, 1933, 1936 a, 1939 a.

1944. VOGELSANGER (TH.). — Beitrag zur Kenntnis der schweizerischen Spinnen- fauna, Mit. naturf. Ges. Schaffhausen, t. 19, n° 3, pp. 158-190.

G h a n l e s - E m . K E T T E R E R : A P R O P O S D ' U N CAS D E P H O R E S I E ' CHEZ C H E L I F E R CANCRODDES ( P S E U D O S C O R P I O N I D E A ) .

Le 20 s e p t e m b r e 1954, a u x Mayens de Sion (alt. 1340 m. e n v . ) , j ' a i p r i s , au repos sur le m u r e x t é r i e u r d ' u n e h a b i t a t i o n , 1 Q de Lymantria (Psilura) monacha L. (Lep. Lymantriidae). Cet H é t é r o - cère est bien c o n n u des forestiers, p o u r les ravages, parfois considéra- bles, q u ' e x e r c e n t les chenilles d a n s les forêts de Chênes ou de Coni- fères. E n Valais, F A V R E i n d i q u e l'espèce c o m m e r a r e et p r o p r e à la région forestière m o y e n n e e t aux alpes. E x a m i n a n t d ' u n p e u p l u s p r è s

1 Le transport des Pseudoscorpions par les Invertébrés (phorésie ou phagophi- lie suivant le cas) ayant fait l'objet de deux importants mémoires, l'un de VACHON (1940), l'autre de BEIER (1948), l'on voudra bien s'y reporter pour l'étude du problème considéré dans son ensemble.

Références

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