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Nécessité de multiplier les recherches anthropologiques sur le continent africain

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Nécessité de multiplier les recherches anthropologiques sur le continent africain

PITTARD, Eugène

PITTARD, Eugène. Nécessité de multiplier les recherches anthropologiques sur le continent africain. In: Fondazione Alessandro Volta. Atti dell'VIII Convegno, tema: l'Africa . Roma : Reale Accademia d'Italia, 1940. p. 5-12

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:111820

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REALE ACCADEMIA D'ITALIA

FONDAZIONE ALESSANDRO VOLTA

ISTITUITA DALLA SOCIETÀ EDISON DI MILANO ATTI DEI CONVEGNI

EUGÈNE PITTARD

Nécessité de multiplier les recherches anthropologiques sur le continent africain

EsTRATTO DAGLI ATTI DELr}VlII CONVEGNO TEMA: L'AFRICA

ROMA, 4---11 ÛTTOBRE 1938-XVI

ROMA

REALE ACCADEMIA D'ITALIA 1940-XVIII

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Au cours de la «Réunion Volta» - dont il faut louer l'initiative et saluer toute la valeur humaine - beaucoup de soucis paraîtront par de- vant nos consciences et beaucoup de méditations devront occuper nos esprits. Nous n'aurons pas à prendre de décision; néanmoins, nos travaux, nos discussions, devront essayer de diriger la pensée de ceux qui ont la charge d'administrer les peuples africains, d'envisager leur avenir, maté- riel et moral. Elles aideront aussi à ceux qui vivent, ou se disposent à vivre, côte à côte avec les indigènes, partageant en partie leur existence.

Parmi les problèmes qui, fatalement, seront posés devant nous, mis en face de nos responsabilités, il en est qui sont, comme on dit, de base.

Selon la façon dont ils seront résolus, dans les temps qui viendront, l'ave- nir de l'Afrique et des peuples africains sera conduit vers d'heureuses ou de malheureuses destinées.

Aujourd'hui, l'avenir de l'Afrique ne semble plus être entre les mains des indigènes - d'aucun des peuples africains - qu'ils soient Berbères, Noirs ou Peuhls, ou Boschimans; chasseurs, pasteurs, agriculteurs, no- mades ou sédentaires. Peut-être un jour le reviendra-t-il ? Mais, si un tel jour doit être, avec beaucoup d'imagination, supposé, cette transformation capitale sera-t-elle le fait des indigènes eux-mêmes qui auraient su garder leur civilisation, la cultiver et l'amplifier - sans la laisser trop pénétrer par les civilisations européennes - ? ou cette transformation sera-t-elle le résultat de la collaboration venue d'Europe ?

Il est hors de doute que, pour ce qui touche à tous les domaines scien- tifiques, l'Afrique est encore loin d'être un continent connu. De sa géogra- phie générale, nous avons les grands traits, mais les détails accapareront encore pendant bien des générations l'activité des géographes. La Géo- logie a fait des pas immenses dans ces dernières années, la Géophysique également, et toutes les autres Sciences avec elles. Mais constatons cepen- dant que nos investigations ont encore été très limitées. Il suffit de rappe-

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Ier que nous ne connaissons pas encore l'Europe, avec les détails indispen- sables, pour comprendre à quel point il reste du travail à faire pour toutes les disciplines en Afrique.

Pour ce qui touche à l'Anthropologie, remarquons que cette science n'a pu être abordée, que sur des territoires limités et par quelques côtés seulement. Malgré un certain nombre de publications, nous sommes pres- qu' encore au début des recherches. Songeons à l'étendue à étudier et à son disparate humain. Dans ce domaine, comme dans celui de la Pré- histoire qui lui est connexe, il y a de l'ouvrage pour toutes les bonnes volontés.

Inutile de dire, dans une Assemblée comme celle-ci, l'importance que- l' on doit attacher, en premier lieu, aux études d'Ethnographie compara tive. Ce sont elles qui doivent impérieusement solliciter notre attention.

Elles doivent accaparer, comme une besogne urgente, toutes les énergies des États Européens propriétaires en Afrique, parce que c'est de la con- naissance exacte, profonde, des moeurs et des coutumes, que dérivera la meilleure administration. Bien entendu, il ne s'agit pas seulement d'une ethnographie limitée à la description de la vie matérielle des indigènes.

C'est la partie sociologique de cette science qui devra principalement nous préoccuper. Et si l'on peut dire que les autorités supérieures européen- nes en Afrique sont au courant de ses principaux résultats et savent, de là, diriger leur conduite vis à vis des indigènes, il faut reconnaître qu'il n'en est pas de même d'une quantité d'Européens habitant en Afrique.

Je me rappelle d'anciens élèves venant me dire à quel point ils s'étaient senti des aveugles lors de leurs séjours là-bas, dans des régions où ils avaient été diriger des travaux divers. Ils avaient été médecins, missionnaires, commerçants. Les mieux disposés avaient le sentiment qu'ils avaient dû commettre beaucoup de fautes et peut-être des injus- tices au long de leur carrière.

Notre ignorance de ce qui constitue l'existence journalière des popu- lations noires doit donc cesser. Au cours des siècles, trop d'incompréhen- sions ont conduit à des erreurs, à des injustices, à des massacres.

Trop souvent, l'Europe s'est installée tout de go en Afrique, y appor- tant ses habitudes, ses croyances, ses manières de penser et s'imaginant naïvement que les hommes nouveaux qu'elle rencontrait n'avaient qu'à s'adapter, du jour au lendemain, aux coutumes et aux manières de penser du conquérant. On ne s'est pas rendu compte des complexités extraor- dinaires de la vie sociale de la plupart des Africains (et qui changent d'une région à une autre région) et du souci constant qu'ils ont - soucis légiti- mes - de conserver ces traditions. On a pensé que les indigènes n'avaient qu'à s'incliner devant nous et que nos mentalités devaient instantanément devenir leurs mentalités.

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N'oublions pas qu'il y a des idéologies nègres très respectables~ tout autant que les idéologies blanches. Les premières ont autant le droit d'exister, et de continuer à subsister, que les secondes. Or, en Europe il n'y a qu'à entr'ouvrir les yeux pour voir combien nos idéologies sont différentes et comment elles s'affrontent ! Nos conceptions politiques et religieuses ne sont-elles pas souvent antagonistes ? Entre Blancs nous ne nous comprenons pas encore, ou nous nous comprenons très mal, sur beaucoup de points essentiels de notre existence commune. Et nous voudrions, d'un seul coup, imposer nos manières de voir, nos Institutions, nos habitudes juridiques diverses - qui ne peuvent être que celles d'une région, d'un pays - à des populations qui, ayant des traditions tout aussi anciennes et respectables que les nôtres, les ont tout simplement différen- tes, avec des variations encore plus étendues. A quels effroyables malen- tendus, à quels gâchis irions-nous ? N'ont-elles pas le droit, ces popula- tions, de tenir à leurs coutumes, tout autant que nous tenons aux nôtres ?

Au surplus une telle connaissance n'est-elle pas aussi dans notre immédiat intérêt !

Si l'Afrique ne peut pas être envisagée scientifiquement comme un bloc, mais considérée comme un agrégat de régions, il n'en peut être autrement pour ce qui touche au problème humain. L'avenir de l'Afrique ne peut pas être considéré avec une commune mesure: les Boschimans, chasseurs et ramasseurs, les Peuhls, pasteurs, les nomades sahariens, les Noirs, agriculteurs, les Berbères, agriculteurs et artisans, n'offrant pas à nos investigations les mêmes physionomies. Encore une fois - je suis ici l'écho de mes anciens élèves - un enseignement ethnographique poussé apparaît partout comme indispensable. Et, de plus, il est urgent. Sans lui, rien de vrai, rien de juste, rien de durable, ne pourra être fait en Afrique.

Mais il est aussi un autre problème à envisager, connexe de celui-là, et qu'il est aussi urgent de considérer: celui d'une meilleure connaissance de l'anthropologie physique africaine. Car nous avons la prétention de diri- ger, de réglementer à côté du travail, la vie humaine dans ce continent.

Et nous ne savons pas toujours ce qu'elle est. Nous avons donc besoin de connaître à fond les caractères anthropologiques des populations africai- nes. Et ce n'est pas une petite besogne.

Si nous considérons l'anthropologie africaine dans son ensemble, il faut reconnaître que nous sommes encore bien loin de savoir l'essentiel de ce qui permettra d'établir une carte des races de l'Afrique. Nous possé- dons des cartes linguistiques, vaguement ethniques, mais ce n'est pas la même chose. Certes, il a déjà paru une grande quantité de mémoires sur les caractères morphologiques et descriptifs d'un certain nombre de peuples africains, qu'ils soient blancs, noirs, jaunes ou rouges. Mais qu'est-ce que cela en regard de l'immensité africaine ? En regard de la

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multitude de peuples qui habitent l'énorme continent ? Représentons- nous que les cartes anthropologiques que nous avons pu dresser pour l'Europe ne sont basées souvent que sur de très petites quantités d'obser- vations. C'est par un procédé d'extension qu'alors nous mettons un peu de couleur sur tels ou tels territoires européens. S'il en est ainsi de l'Eu- rope, étudiée depuis plus d'un siècle, avec un zèle accru dans ces dernières décades - et notamment depuis la guerre - on se rend compte de ce que peuvent être nos connaissances de l'anthropologie africaine alors que le nombre des anthropologistes proprement dits sur le continent noir est si petit qu'il est presque inexistant. Il y eut, il y a vingt on trente ans, une belle période de recherches raciales, particulièrement dans les colo- nies françaises. Toute une équipe de médecins militaires, préparés dans les laboratoires d' Anthropologie de Paris, ont recueilli, sur place, de très importants documents, publié des mémoires qu'on peut considérer comme étant à la base de nos recherches futures. Mais la grande guerre a quasi- ment supprimé ce très bel effort. De l'Afrique allemande, de l'Afrique anglaise, nous possédons aussi des matériaux intéressants. Notre collè- gue, le professeur Czekanowski est un de ceux qui a fait une belle enquête anthropologique en Afrique. Ces dernières années, les anthropologistes italiens sont entrés dans la carrière et ont déjà publié - notre collègue, le professeur Cipriani, par exemple - maints résultats de leurs recherches.

Mais, encore une fois, toutes ces investigations, aussi intéressantes qu'elles soient, ne représentent qu'une très petite partie de ce qu'il fau- drait savoir.

Et nous n'avons envisagé jusqu'à présent, parmi ces connaissances de début - qu'obligatoirement nous devons acquérir - la seule analyse anthropologique des populations africaines, c'est à dire, la récolte des documents qui nous permettrait d'établir les grands traits d'une carte raciale de l'Afrique. Cette besogne préliminaire indispensable, qui est encore loin sur l'horizon, doit nous conduire encore au delà.

Il est dès maintenant bien certain que les cartes anthropologiques que nous pourrions dresser de l'Afrique dans son ensemble nous montre- raient des couleurs disparates, surtout si nous entrions dans quelques détails. On y verrait que l'Afrique berbère manque d'unité raciale, tout autant que l'Afrique Noire, ou que toute autre Afrique. Ce n'est pas parce que les indigènes de chacun de ces groupes ont la peau d'une couleur semblable, qu'ils appartiennent à la même race. Sous le nom de Nègres, nous avons affaire à des races très différentes; les Massaï et les Peuhls n'ont certainement pas la même origine. Il suffit de coudoyer une foule berbère pour constater son disparate. Ce qu'il s'agira d'étudier ensuite, après ces «documentations de base» dont nous venons de parler, ce sont les comportements variés des indigènes - de la naissance à l'état adulte -

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de tous ces ensembles qui, encore une fois sont divers, ainsi mis sous nos yeux. Ces recherches nous conduiront certainement, comme elles l'on fait en Europe, à des observations capitales pour l'avenir des races de couleur.

En différents points de l'Afrique on a commenc.é à s'occuper du méta- bolisme de base chez les indigènes. Une telle recherche est infiniment utile pour ceux qui ont à administrer les régions de l'Afrique où les con- ditions climatiques sont telles que l'agriculture ne peut fournir réguliè- rement aux indigènes l'alimentation complète nécessaire à leur vie. On cherchera donc à fournir ce qui manque aux rations journalières. Si je suis bien informé, nos connaissances sur ce point sont encore très fragmen- taires. De plus, ont-elles été entreprises sur le plan racial ? Je veux dire

avec le sentiment que les résultats obtenus ne sont valables que pour le groupe humain sur lequel les observations ont été faites ? Les races africaines, répétons-le, sont si diverses dans leurs caractéristiques anthro- pologiques, qu'il serait particulièrement dangereux, par un de ces procé- dés de simplification cher aux administrations, d'étendre les résultats obtenus sur une population, à toutes les autres, même dans une région qui serait géographiquement très limitée. Un barême alimentaire con- cernant tel groupe ne pourra ipso facto, s'appliquer à tous. Il en est de ces résultats ce qu'il en est en puériculture pour les barêmes alimentaires.

Celui qui aurait été étudié à l'Université de Cagliari, par exemple, serait inapplicable aux enfants d'Oslo ou de Stockholm. Inversement, un ba- rême strictement nordique - j'entends de race nordique - ne pourrait, tel quel, être appliqué à une population infantile méditerranéenne.

Ce sont des garde à vous de cette sorte, ce sont de ces précautions indispensables, qu'il nous faut prévoir pour l'Afrique. L'avantage d'en- trer de plein fouet dans les administrations coloniales, où tout est encore neuf, où tout est à organiser, est tellement grand qu'il faut en profiter.

Un administrateur avisé peut ordonner autour de lui telle ou telle règle de vie; il n'est pas ligotté par toutes les traditions, les obligations crées avant lui. Ici, les routines étant inexistantes n'arrêteront pas, comme ailleurs, les progrès.

Ce qui vient d'être dit, à titre d'exemple peut être facilement aug- menté et confirm~ à l'aide d'autres exemples. Je pose cette question à nos collègues les «vieux Africains»: Connaissons-nous, en beaucoup de lieux de l'Afrique, les lois de la croissance humaine ? en particulier celles des enfants? Nous les savons encore très mal, ces lois, en Europe même.

Et Dieu sait pourtant si le rythme de développement des enfants devrait être connu ! Pour nous tous, pour les hygiénistes, les médecins, les péda- gogues, les psychiâtres, et surtout pour les parents, il est un considérant nécessaire. La gymnastique collective, la marche à l'unisson, l'obligation

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pour les enfants de s'asseoir dans les bancs scolaires qu'il a plu à l'admi- nistration de faire confectionner - selon ses propres vues, souvent par.

un simple ordre, sans réflexion aucune - le travail manuel en série, les sports, tous ces chapitres de la vie d'un groupe ont besoin de connaître le rythme de croissance des enfants et des adolescents. Comme ils ont besoin de connaître le type morphologique sur lequel sont construits les hommes adultes. La vie normale des hommes de couleur mérite autant que la nôtre d'être protégée.

Examinons rapidement quelques uns de ces desiderata. D'abord ce qui concerne les adultes. En Afrique on a utilisé très largement, on utilise et on utilisera toujours plus, la main d'œuvre indigène. Lorsqu'il s'agit, pour une même besogne, de travailler en série, en équipes, on peut avoir un très grand intérêt économique et social et moral à faire appel à l'anthropométrie. Toutes autres choses étant égales d'ailleurs, le meilleur rendement qu'on pourrait imaginer, c'est que, pour un travail égal, on utilise des hommes égaux. J'entends morphologiquement égaux.

Sans doute, à morphologie égale, on constatera encore des différences de rendement qui peuvent être considérables parce que, même dans le cadre anatomique que nous supposons, on trouvera des possibilités mus- culaires, respiratoires, psychiques, etc. très différentes. Mais, de même qu'un métabolisme de base peut être suggéré pour aller au delà, une morphologie commune ou à peu près commune de base, peut aussi être envisagée comme un drpart. Si, chez des scieurs de long, vous mettez aux deux bouts de la scie des individus dont les puissances musculaires sont égales, mais dont l'un est macroskèle et l'autre brachyskèle vous les fatiguerez tous deux inutilement; et vous obtiendrez un rendement inférieur. Certaines constructions du corps permettent aux individus d'être plus aptes pour certains travaux que d'autres individus présentant une autre construction physique. Ces derniers, obligés d'arriver à un même rendement que les premiers, sont contraints à des dépenses beau- coup plus grandes et, naturellement, plus onéreuses. lnjustfoe d'ailleurs facile à réparer.

Le taylorisme ne «rend» pas comme on dit, ce qu'il devrait rendre parce que le système a envisagé des ouvriers alors qu'il fallait envisager des hommes. Devant une même obligation de travail, .des ouvriers, mor- phologiquement différents, pourront, les uns être favorisés, les autres défavorisés.

Depuis trente ans je vitupère contre les bancs scolaires, contre tous ceux que je. connais, dans mon pays et ailleurs. L'Etat prend nos enfants pour les mettre dans ses Ecoles et, pratiquement, nous ne pouvons pro- tester. En contre-partie, il nous doit, au moins, de les placer dans les m~ins mauvaises conditions hygiéniques. Or, les statistiques de l'hygiène

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scolaire nous montrent ce que sont devenus ces enfants, sains, bien con- formés, lorsqu'ils ont passé 10 ou 12 ans, plus encore, sur les bancs sco- laires. En plus des malformations acquises, ils ont, souvent, appris l'indi- scipline qui est, hélas ! leur seul moyen de défense lorsqu'ils sentent qu'ils sont mal assis, dans de mauvaises conditions physiologiques pour travailler. Trop souvent les bancs scolaires sont établis à rebours du bons

sens morphologique et physiologique.

Nous avons fait là dessus de longues enquêtes dans les-classes de filles et de garçons, aux différents âges scolaires. Il faut voir, sur nos graphiques, l'hétérogénéité morphologique d'une classe dont les élèves ont le même âge et le même sexe. Et dire que ces enfants aux corps si différemment constitués doivent se plier aux mêmes obligations physiques ! ! Stature différente, longueur des jambes, et hauteur du buste différents, tels sont les caractéristiques des groupes d'enfants que l'âge, ou, selon les cas, la valeur intellectuelle à peu près égale, rassemble dans nos classes. Les mobiliers scolaires sont en désaccord complet avec le rôle qu'ils doivent jouer. Un magasin de chaussure offre-t-il à ses clients une seule grandeur de soulier par groupes d'âges ? Et le chapelier fait-il de même ? Et le marchand de confections ?

Une réforme s'impose dans l'Europe presque entière, réforme capitale parce qu'elle retentira non seulement, sur le physique, mais aussi sur le moral et le psychique des enfants qui, un jour, deviendront des hommes.

Mais encore une fois en Europe nous avons, pour cette réforme, à lutter contre une paresse d'esprit et des routines, aujourd'hui presque partout centenaires. En Afrique, on peut espérer qu'il n'en serait pas de même;

que, dès le départ, on pourrait marcher vers de meilleures conditions d'existence. Sans qu'il y paraisse tout d'abord, l'enjeu est d'importance.

Graduellement, sur toute l'étendue du continent, des millions d'en- fants indigènes vont devenir des écoliers. Le devoir de ceux qui, en Afrique, possèdent la puissance, nom; paraît tout tracé. Ce n'est pas parce. que nous avons commis des erreurs en Europe que nous devons les commettre en Afrique.

Je n'ai pas parlé de la gymnastique collective, et de bien d'autres choses encore, auxquelles sont liées une meilleure existence physique et morale des enfants et des adolescents. Et il faudrait aussi parler d'une meilleure organisation du travail des adultes ...

Et puisque le thème No. 1 de cette Réunion nous parle de l'orienta- tion des études en Afrique, il me semble que l'anthropologie, qui est la science de l'homme même de l'homme physique doit avoir sa voix au chapitre. Ce n'est pas parce que la place qu'elle doit prendre dans les préoccupations générales de la societé humaine ne lui a pas encore été donnée que nous devons négliger ses enseignements. Nous sommes venus

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à Rome, non pour entériner le passé mais pour envisager l'avenir. Les erreurs commises en Europe ou les m~connaissances de certains devoirs n'ont pas à être reportées en Afrique. Et cela d'autant plus que les Afri- cains ne jouissent tout de même pas des libertés de mouvement que nous possédons, ils n'ont pas la puissance civique qu'on a en Europe. Ils doivent encore plussu bir que suggérer, plus obéir que commander. C'est donc, de notre part, un devoir moral impérieux, que de donner aux Africains mieux que ce que nous avons reçu, mieux que ce que nous avons créé pour nous.

Il faut que nos expériences leur soient utiles, et nos erreurs mêmes leur soient profitables.

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