HAL Id: jpa-00208113
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Submitted on 1 Jan 1973
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Propriétés des parois étroites dans les substances ferromagnétiques à forte anisotropie
B. Barbara
To cite this version:
B. Barbara. Propriétés des parois étroites dans les substances ferromagnétiques à forte anisotropie.
Journal de Physique, 1973, 34 (11-12), pp.1039-1046. �10.1051/jphys:019730034011-120103900�. �jpa-
00208113�
PROPRIÉTÉS DES PAROIS ÉTROITES DANS LES SUBSTANCES
FERROMAGNÉTIQUES A FORTE ANISOTROPIE (*)
B. BARBARA
Laboratoire de
Magnétisme, CNRS,
BP166,
38042Grenoble-Cedex,
France(Reçu
le 7juin 1973 )
Résumé. 2014
Lorsque
le rapport entrel’énergie d’anisotropie
etl’énergie d’échange
estplus grand
que un, les
équations d’équilibre
d’uneparoi
se linéarisent, laconfiguration
et lechamp
de propaga- tion de laparoi
sont calculés directement. Pour les autres valeurs de ce rapport, lesconfigurations
de
parois d’énergie
minimum et maximum sont calculées dans uneapproximation qui
permet de lesreprésenter analytiquement.
Le processus d’aimantation associé auxparois
étroites est mis enévidence sur le
composé Dy3Al2.
Lechamp
coercitif varie dans le temps et obéit à une loi exponen- tielle déterminéeexpérimentalement.
Abstract. 2014 When the ratio between the
anisotropy
energy and theexchange
energy is greater than one, theequilibrium equations
of a domain wall can be linearised and theconfiguration
andpropagation
field of the wall are calculateddirectly.
For other values of this ratio the domain wallconfigurations
of minimum and maximum energy are calculatedusing
anapproximation
whichallows to represent them
analytically.
Themagnetization
process associated with narrow domain walls is demonstrated withDy3Al2.
The coercive field varies with time and follows anexperimentally
determined
exponential law.
Classification Physics Abstracts
17.60
1. Introduction. - Afin de minimiser
l’énergie magnétostatique,
deux domainesmagnétiques
aiman-tés en sens inverse sont
séparés
par uneparoi
à l’inté-rieur de
laquelle
les moments tournent autour d’unaxe
perpendiculaire
à sonplan. L’épaisseur
de laparoi
est déterminée par lecompromis
entrel’énergie d’échange qui
tend àl’augmenter
etl’énergie
d’ani-sotropie magnétocristalline qui
tend à la diminuer.Jusqu’à
ces dernières années les matériaux ferro-magnétiques
connus étaientprincipalement
constituésde fer et de cobalt ou de nickel. Les interactions
d’échange
entre les couches 3d peu localisées sont trèsimportantes
tandis quel’énergie d’anisotropie
est
petite,
lechamp
cristallin entraînantgénéralement
le
blocage
du moment orbital. Lesparois
s’étendentsur
plusieurs
centaines de distancesinteratomiques ;
elles se
déplacent
facilement sous l’effet d’unchamp magnétique.
Dès
1963,
Trammell[1]
a montré que les effets duchamp
cristallin sur les ions terres rarespeuvent
créer une
anisotropie magnétocristalline
suffisamment élevée pour que le renversement de l’aimantation d’un domaine à l’autre s’effectue sur une seule distanceinteratomique.
En1970, Zijlstra [2] prévoit
l’existence d’une coercivitéintrinsèque
pour un matériau ferro-magnétique
fortementanisotrope.
A la mêmeépoque
nous avons mis en
évidence,
sur lecomposé Dy3Al2,
un nouveau processus d’aimantation
caractéristique
de l’existence des
parois
étroites[3].
En 1971Egami
et Graham
[4]
ont rencontré le mêmephénomène
surle
dysprosium.
Van den Broek etZijlstra [5]
ontcalculé
numériquement
lechamp
coercitifintrinsèque
en fonction du
rapport
entrel’énergie d’anisotropie
et
l’énergie d’échange. Expérimentalement
la valeurde ce
champ dépend
dutemps pendant lequel
lamesure est effectuée
[6], [7], [8] ;
le taux d’accroisse- ment de l’aimantation par unité detemps
obéit àune loi
exponentielle [8] analogue
à cellequi régit
lerenversement des domaines
ferro-électriques.
Dans cet article nous étudions l’évolution d’une
paroi lorsque
lerapport
entrel’énergie d’anisotropie
et
l’énergie d’échange
croît. Nous calculons numéri-quement
lechamp
depropagation intrinsèque
d’uneparoi
et nous discutons le processus d’aimantationauquel
il donne lieu.(*) Cet article est en partie extrait d’une thèse de Doctorat d’Etat inscrite aux Archives Originales du Centre de Documentation du CNRS, 15, quai Anatole-France, Paris, sous le numéro AO 7162.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:019730034011-120103900
1040
2. Evolution de la
configuration
d’uneparoi
à 1800. -Considérons à 0 K un réseau
cubique simple
d’ionsmagnétiques
deparamètre a,
soumis à une aniso-tropie
uniaxe. Nous attribuons àchaque
moment m.de même module M le
degré
deliberté On qui
définitson
angle
avec l’axe de facile aimantation dans leplan
de laparoi.
En ne tenantcompte
que des interac-tions entre
premiers
voisinsl’énergie d’échange
emma-gasinée
dans laparoi,
résultant del’arrangement
desmoments mn et mn+ 1
s’exprime
parl’énergie d’anisotropie magnétocristalline
par atomeest limitée au terme d’ordre
deux, KM2 sin’ On.
L’énergie superficielle
deparoi
est donnée par la relation :en minimisant cette
énergie
parrapport à On
on obtientle
système -
où n varie de - oo à + oo par pas de
1 ; n représente
les
positions atomiques.
Pour calculer
numériquement
uneconfiguration d’équilibre
de laparoi,
solution dusystème (2),
ilsuffit de fixer les directions de deux moments. La
configuration d’énergie
minimale(Fig. 1)
estsymé- trique,
la discontinuitéangulaire
au centre de laparoi
est fonction durapport K/ W.
Laconfigura-
tion
d’énergie maximale, également symétrique,
a unmoment
perpendiculaire
à l’axe de facile aimanta- tion(Fig. 1).
Lorsque KI W «
1 lesystème (2)
est résoluanaly- tiquement
en utilisantl’approximation classique
desparois
de Bloch(j 0,, , 1 - 0,, 1
«On).
PourK/ W
> 1FIG. 1. - Configuration de parois d’énergie minimum et maximum.
la
configuration
stable est obtenue par linéarisation dusystème (2).
La recherche d’une solution de la formetg (On/2)
=e- (n ± no)’F permet
de déterminer lesconfigurations d’énergie
maximale et minimale pour les valeurs intermédiaires deK/ W.
2. 1
K/W «
1.- Lorsque
lesparois
sontlarges
les différences
On,
1- en
eten - Bn _
1 sontpetites
devant
en.
Undéveloppement
limité auvoisinage
de
6(x)
avec x = napermet
deremplacer
lesystème (2)
par
l’équation
différentielleLa
configuration
deparoi
est obtenue parintégration
de cette
équation :
L’énergie
etl’épaisseur
de laparoi
de Bloch sontfournies par
Dans le cobalt
métallique, hexagonal, qui
est relati-vement
anisotrope K/ W 3 x 10 - 3,
lesparois
s’étendent sur 200
A
environ.2. 2
K/ W
> 1. - Les moments s’écartent peu de la direction de facileaimantation,
lesystème d’éq. (2)
se linéarise :
La solution s’écrit :
Lôrsque n
croît lesangles en
décroissent comme uneprogression géométrique
de raison x =e -’l’.
Laparoi
est définie par la raison de laprogression
et parl’angle 0o
au centrequi
satisfait àl’équation :
( 1 - K/2 W)
sin 20,
= sin[eo(1 - x)]. (9)
Le
développement
au 3e ordre de cette relation per-met de discuter l’évolution de la
paroi :
02
n’a une valeurpositive
que siKI W 4.
PourKI W > 4 la paroi
se réduit à une seule distanceinteratomique
careo
= 0 est alors la seule solution del’éq. (10).
Afin de tenircompte
du passage pro-gressif
d’uneparoi
de Bloch à uneparoi étroite,
l’épaisseur
d’uneparoi
doit être définie par :AO = n - 2
0,
étant la discontinuitéangulaire
del’aimantation au centre de la
paroi.
PourK/ W petit,
A0 =
JK/ W.
La
comparaison
entre lesconfigurations
obtenuesnumériquement
àpartir
de(2)
et celles définies par(8)
et
(10)
montre quel’approximation
despetits angles
est valable dès que
K j W
> 1. Pour les autres valeurs deK/W
le calculnumérique
est facilité par l’utilisa- tion de larelation 0.
=en - e-’ représentant
laconfiguration
des extrémités deparoi.
Cette expres- sion est la seule valablelorsque KIW
n’est paspetit.
2.3
KjW
QUELCONQUE. - Paranalogie
avec lasolution
symétrique (4)
valablelorsque KIW « 1,
recherchons une solution de la forme :
no et W sont deux
paramètres
à déterminer. En substi- tuant(12)
dans(2) :
L’expression (12)
est solution de(2)
si W est indé-pendant de n,
c’est-à-dire sisin en
est la moyennegéométrique
de sin6n +
1 et sinen - 1 ;
cette conditionest réalisée
quand KI W «
1 etK/ W
> 1. Dans lepremier
cas les relations(4)
et(12)
sontéquivalentes
car IF =
J KI W.
Dans le second cas lesangles en
sont
petits
et la relation(12)
s’identifie à la solutionen = 00 e-n’
dusystème
linéarisé(7).
Avecl’approxi-
mation
considérée,
la relation(8)
s’étend à toutes les valeurs durapport K/ W.
Lesconfigurations d’équilibre
stable et instable d’uneparoi
sontrepré-
sentées par :
n = 0 définit le centre de la
paroi.
Pour laparoi d’énergie
maximaletg 0()/2
= 1donc no
=0 ;
le nombre nqui positionne
les atomes est entier. Pour laparoi d’énergie
minimale il estdemi-entier ;
no estcaractéristique
de la discontinuitéangulaire
de l’ai-mantation AO au centre de la
paroi.
Il s’obtient par substitution de(12)
dans(2)
d’oùavec
TABLEAU 1
Angles définissant
la paroid’énergie
minimumpour
K/ W
= 1.Nous avons
porté
sur le tableau 1 lesangles
définis-sant la
paroi d’énergie
minimale pourKI W =
1.Nous comparons les valeurs obtenues
numériquement
à
partir
des relations(2)
à celles calculées par la méthodeanalytique proposée
et par la méthodeclassique
utilisée pour lesparois
de Bloch.L’approxi-
mation considérée est valable
quel
que soit le rap-port K/ W
car laconfiguration
obtenueanalytique-
ment est
toujours
en bon accord avec celle obtenuenumériquement.
3.
Champ
depropagation intrinsèque
d’uneparoi.
-L’énergie
decouplage
des moments d’uneparoi
avecun
champ magnétique
H est :En minimisant
l’énergie
yp +y(H)
d’uneparoi
souschamp
on obtient lesystème d’équation représentant l’équilibre
des moments de laparoi :
La résolution de ce
système d’équations
définit pourchaque
valeur deK/ W
etH/ WM
laconfiguration
stable de la
paroi.
Lechamp
depropagation
intrin-sèque correspond
au retournement del’aimantation
au centre de la
paroi. Lorsque K/ W « 1,
il estnégli- geable ;
dans un cristalparfait
lesparois
de Blochse
déplacent
librement sous l’effet duchamp.
Engénéral
il se calculenumériquement
à l’aide du sys- tème(17),
pourKI W
> 1 ilpeut
être obtenugraphi-
quement mais il devient
rapidement indépendant
del’anisotropie.
3 .1 1
KI W >,
1. - Lesconfigurations d’énergie
mini-male sont obtenues par linéarisation du
système (17) :
les
signes
+ et - sont relatifs aux branches deparoi
dans les domaines
parallèle
etantiparallèle
auchamp.
La solution de ce
système
est :1042
La raison de la
progression géométrique xI = e -’P:1:
est différente pour chacune des deux
branches,
laparoi
estasymétrique.
Lesangles 0§
et0-
au centrede la
paroi dépendent
desrapports K/ W
etH/ WM.
Ils sont solutions du
système d’équations :
Sur la
figure
2 nous avons résolugraphiquement
lesystème d’éq. (20)
dans les casKI W = 1 et KI W = 1,5.
FIG. 2. - Résolution graphique du système d’équations (20).
La courbe en trait continu représente la première équation, celle
en trait discontinu la seconde.
Pour
KI W j:
enchamp H faible,
il existetoujours
une solution
(e;, 0g)
nonnulle ;
cesangles
varientavec le
champ. Lorsque
lesystème (20)
n’admetplus
que la solution
nulle,
lechamp
depropagation
de laparoi
est atteint.Pour
KI W >, 4
il n’existe que la solutioneô
=0g
= 0tant que H est inférieur à une valeur
critique.
Le sys- tème(20)
peut alors être aussi linéarisé :Le
champ critique
pourlequel
lesystème
est indéter-miné est le
champ
depropagation intrinsèque Hp
dela
paroi :
De cette dernière relation et des
éq. (20)
on déduitégalement
la variation de la discontinuitéangulaire
de l’aimantation au centre de la
paroi
avec le rap-port K/ W (Fig. 3).
PourKI W 4,
la rotation irré- versible des moments seproduisant pour H
=HP,
est
précédée
d’une rotation réversible. Par contre si laparoi
s’étend sur une seule distanceinteratomique (KIW > 4)
le renversement de l’aimantation résulte seulement d’une rotation irréversibleanalogue
à celled’un
grain
fin.FIG. 3. - Variation de la discontinuité angulaire de de l’aiman- tation au centre de la paroi avec le rapport K/ W pour H = 0
et H = 77p.
3. 2
KI W lorsque
lesrapports KI W
etHI WM
sontdonnés,
pour calculer0,, -,,
il est néces-saire de
connaître 0,,
et8n+ 1;
au début du calcul les directions de deux moments doivent être fixées. Sices moments sont choisis à une extrémité de
paroi,
les
angles eN
et0,+ 1, petits,
sont solutions dusystème
linéarisé
(18), eN
=eN+ l1X+ ;
il suffit aJors de fixerun seul
angle.
Lecalcul,
effectué deproche
enproche,
fournit la
configuration
cherchéelorsque
lesangles 0-,
ete -(N+ 1)
obtenus vérifient la relationFIG. 4. - Variation du champ de propagation intrinsèque avec
le rapport K/ W.
Le
champ
depropagation intrinsèque
est atteintlorsque
lesystème (17)
n’admetplus
que la solutionbanale 0,,
= 0 pour tout n. Nous avonsporté
sur lafigure
4 la variation duchamp
depropagation
intrin-sèque
réduitHPIH., (H.
= 6 WM est lechamp
molé-culaire)
avec lerapport K/ W;
cechamp
croîtrapide-
ment dès que
KI W
atteint l’unité.3. 3
KI W > R1 [9].
-Lorsque
lerapport KI
Watteint une valeur limite
R1 (Rl
=2,7
dans le réseaucubique considéré)
lechamp
depropagation
calculéci-dessus devient
supérieur
auchamp
moléculaireau centre de la
paroi Hmc.
Ledéplacement
d’uneparoi
étroite n’est
plus régi
par lecouple mécanique
exercépar le
champ magnétique ;
le renversement du momentmagnétique
au centre de laparoi
estprovoqué
par lechangement
designe
duchamp agissant
sur leniveau fondamental de l’ion
lorsque
lechamp appli- qué
est devenusupérieur
auchamp
moléculaire. Lechamp
depropagation intrinsèque
nedépend plus
que des interactions
d’échange, Hp
=aHm (a - 2 3
dans le réseau
cubique considéré).
Dans les calculs
précédents
l’aimantation est sup-posée
constante dans laparoi ;
cettehypothèse
estvalable à 0 K si le moment
magnétique
des ionsconsidérés est
indépendant
duchamp
moléculaire.Si ce n’est pas le cas, les fluctuations de l’aimantation tendent à diminuer le
champ
depropagation
intrin-sèque.
4. Processus d’aimantation dans les matériaux ferro-
magnétiques
àparois
étroites. - A bassetempérature
de nombreux
composés ferromagnétiques
ou ferrima-gnétiques
à base de terres rares(Tb3Co [10], (TbY)
Ni[10], Dy [4], Dy4Co3 [11], Dy3Al2 [12], DyCo2 [13],
ErCoAl
[14], TmFe3Mn [15], ...)
ont despropriétés magnétiques qui dépendent
des conditions dans les-quelles
ils sont refroidis.Lorsqu’ils
sont refroidissous
champ
ilsprésentent
une forte aimantation réma- nente, mais refroidis hors duchamp
l’aimantation reste très faible tant que lechamp
n’atteint pas une valeurcritique ;
pour cette valeur l’aimantation aug- mentebrusquement.
Un telcomportement
résulte d’un processus d’aimantationparticulier
associé auxparois
étroitesqui
restentfigées
tant que lechamp appliqué
est inférieur auchamp
depropagation intrinsèque.
Ce processus d’aimantation estparti-
culièrement
marqué
dans lecomposé DY3AI2.
4.1 DÉTERMINATION PAR DIFFRACTION NEUTRONI- QUE DE LA STRUCTURE
MAGNÉTIQUE
DEDY3A’2-
-DY3A’2 appartient
au grouped’espace P42nm ;
lesatomes de
dysprosium
sontrépartis
sur un site 4b etdeux sites 4c. La
température
d’ordre de l’échantillon utilisé est de 94 K. Nous avonsenregistré
les dia-grammes à
300, 77,
47 et4,2
K(Fig. 5).
Afin d’atté-nuer
l’absorption
nous avons dilué l’échantillon deDy3Al2
dans de lapoudre
d’aluminium degranulo-
métrie inférieure à 5 J.1. Les intensités de raies observées
FIG. 5. - Diagrammes de diffraction neutronique du composé DY3A’2-
à la
température
ambiantes’interprètent
par la diffu- sion nucléaire cohérente des neutrons. A 77 K la diffusionmagnétique
cohérente des neutrons entraîneune très forte
augmentation
de l’intensité des raies observées à 300 K. Lesdiagrammes enregistrés
à4,2
et 47 K sontsemblables ;
enplus
d’une augmen- tation de l’intensité des raies de diffraction caracté-ristiques
du groupeP42nm
nous observons les raies interdites100, 001,
102 et003 ;
la maillemagnétique
reste
identique
à la maillecristallographique. L’aug-
mentation des intensités des raies nucléaires est due à une forte
composante ferromagnétique parallèle
àl’axe c; au
voisinage
dupoint
de Curie et enparti-
culier à 77 K la structure
magnétique
estcolinéaire,
tous les moments sont
parallèles
entre eux.Lorsque
la
température
décroît la structuremagnétique
semodifie. Les raies de surstructure sont caractéris-
tiques
decomposantes antiferromagnétiques
dans leplan
de base. Les moments des atomes du site 4b et ceux des sites 4c s’écartentprogressivement
de l’axe cet ne sont
plus
colinéaires au-dessous d’unetempéra-
ture de rotation
T,, respectivement
de 70 K et 18 K.Ces
températures
et latempérature
de Curiedépendent
des conditions de
préparation
ducomposé probable-
ment en raison d’écarts à la stoechiométrie. Dans le tableau II nous comparons les intensités calculées à celles observées. Les moments des atomes de
dyspro-
1044
TABLEAU II
Intensités
magnétiques
calculées et observées surDY3AI2.
sium sont caractérisés par leurs modules m et les
angles
çqu’ils
font avec l’axe c(Tableau III). Cepen-
dant l’intensité des raies
dépend
peu de l’orientation parrapport
aux axescristallographiques
des compo- santesantiferromagnétiques
duplan
debase ;
seuleune étude par diffraction
neutronique
sur l’échantillon monocristallinpermettrait
de la déterminer aveccertitude. En conclusion
Dy3Al2 présente
à toutetempérature
inférieure à latempérature
de Curieune forte
composante ferromagnétique.
TABLEAU III
Modules et
angles
avec l’axe c des moments des atomesen
position
4c et 4b pourDY3AI,.
Facteurs deconfiance.
4.2 MESURES D’AIMANTATION EN CHAMP QUASI STA- TIQUE. - Nous avons étudié sur une bille mono-
cristalline de 3 mm de
diamètre,
l’aimantation deDY3AI,
suivant lesprincipales
directions cristallo-graphiques.
Latempérature
de Curie du monocristal est de 105 K. Dans le domaineparamagnétique,
lesinverses des
susceptibilités
moléculaires mesuréesparallèlement
etperpendiculairement
à l’axe cobéissent à une loi de Curie-Weiss pour les
tempéra-
tures
supérieures respectivement
à 105 et 200 K(Fig. 6).
L’écart entre lestempératures
de Curie para-magnétiques qu’elles
définissent(011 - 0,
= 75K)
confirme la forte
anisotropie
axialedéjà
observéeFIG. 6. - Variation thermique de l’inverse des susceptibilités molé- culaires parallèle et perpendiculaire de DY3A’2. Variation ther-
mique de l’aimantation spontanée mesurée selon l’axe c.
sur un échantillon
polycristallin
deDy3Al2 [16].
Lavaleur du moment effectif est la même suivant les deux
directions,
etcorrespond
à celle de l’ion libre(11,2 J1B/Dy).
Dans le domaineordonné,
pour destempératures comprises
entre 20 K et latempérature
de
Curie,
l’aimantation suivant l’axe cprésente
uncycle d’hystérésis
très étroit(Fig. 7).
Enchamp
faibleFIG. 7. - Courbes de première aimantation et cycles d’hystérésis
de DY3A’2 mesurés suivant l’axe c à 4,2 K et 30 K.
la courbe de
première
aimantation est une droite depente égale
à l’inverse du coefficient dechamp
déma-gnétisant,
c’est-à-dire_;i n
uemcm - 3 Oe
pour deschamps supérieurs
auchamp démagnétisant,
un termed’aimantation variant linéairement avec le
champ
sesuperpose à l’aimantation
spontanée.
Auxtempéra-
tures inférieures à 20 K le
cycle d’hystérésis s’élargit,
le
champ
coercitif atteint 21 kOe à4,2
K. La courbe depremière
aimantation ne ressembleplus
à celle d’un matériauferromagnétique ;
l’aimantation varie peu et linéairementjusqu’à
unchamp-seuil,
voisin duchamp
coercitif àpartir duquel
elleaugmente
brus-quement.
Lechamp-seuil,
décroîtrapidement lorsque
la
température
croîtjusqu’à
10 Kpuis
s’annule de manière évanescente vers 20 K. La constante d’ani-sotropie macroscopique
déduite de la variation de l’aimantationlorsque
lechamp
estappliqué
perpen- diculairement à l’axe c est de K - 3 x108 erg/cm3
à
4,2
K.Afin de discuter de la stabilité de la structure
magné- tique observée,
nous avons déterminé les directions de facile aimantation relatives aux atomes des sites 4b et 4c. Les termesprépondérants
dudéveloppement
enharmoniques sphériques
dupotentiel
cristallinagis-
sant sur chacun de ces sites sont d’ordre deux. Pour le site
4b, VZ
estnégatif,
leplan
de base est de facileaimantation. Pour les sites
4c, Vf
estpositif
etV2
négatif,
l’axe c est de facile aimantation. La stabilité de la structuremagnétique
deDy3Al2
résulte ducompromis
entrel’énergie d’échange qui
tend àaligner
les moments etl’énergie d’anisotropie qui
estminimale
lorsque
les moments dechaque
site sontparallèles
à leurs axes de facileaimantation,
c’est-à-dire
lorsque
les moments du site 4b sontperpendicu-
laires à ceux du site 4c. La
position d’équilibre
q; 4b - qJ 4c définie par ce
compromis
et par. les effets demagnétostriction permet
une évaluation du rap-port
entrel’énergie d’anisotropie
etl’énergie
d’é-change ;
à4,2 K, d’après
les résultats de diffractionneutronique, KI
W - 4.Lorsque
latempérature croît,
la diminution del’anisotropie
dans leplan
de baseentraîne une rotation
progressive
des moments versl’axe c ; à 65 K tous les moments lui sont
parallèles.
Lorsque
latempérature
de Curie estplus élevée, l’échange
étantplus important,
lestempératures
derotation
T,
sontplus
basses. A bassetempérature,
lavaleur élevée du
rapport
entrel’énergie d’échange
et
l’énergie d’anisotropie (K/W = 4),
montre que dansDy,Al,
lesparois
s’étendent sur une seule distanceinteratomique,
lechamp
depropagation intrinsèque
est alors de l’ordre de 100 kOe. Lechamp
seuil observé traduit la
propagation
desparois
maisil est inférieur au
champ
depropagation intrinsèque.
Ce désaccord est dû à la
simplicité
du calculqui néglige
les fluctuations de l’aimantation.Lorsque
latempérature augmente
la décroissance durapport KI W
entraîne celle duchamp
seuil.4.3 MESURES D’AIMANTATIONS EN CHAMPS DYNA- MIQUES. - Les mesures décrites ci-dessus ont été effectuées dans des
champs quasi statiques.
Pour desvitesses
d’application
duchamp plus élevées,
lecycle d’hystérésis s’élargit ;
la valeur deschamps critiques
et coercitifs
dépend
dutemps pendant lequel
ils sont’
mesurés. Nous avons
obtenu,
à4,2 K,
la variation de l’aimantation descomposés DY3AI,
etDyNiCo
avecdes
champs quasi statiques (0,1
à 10Oe/s)
etpulsés (10’
à109 Oe/s).
Les résultats obtenus sur unepoudre agglomérée
de 100 u, sontidentiques
à ceux d’unmonocristal de 3 mm de diamètre. Nous avons
porté
sur la
figure
8 lelogarithme
du tauxd’augmentation
de l’aimantation v en fonction du
champ
interne Hou de son inverse
1/H.
Les courbeslog v
=f(H) présentent
une courburenégative
trèsmarquée
alorsque les courbes
log
v =f(IIH)
sont des droites. Lesrésultats
expérimentaux
à4,2
Kpeuvent s’exprimer
par la loi
empirique :
où v,,,, et
Ho
sont des constantes se déduisant de la variation linéaireprécédente.
FIG. 8. -variation du taux d’accroissement de l’aimantation
en fonction du champ interne et de son inverse pour Dy3Al2, DyNiCo et Dy à 4,2 K.
1046
En utilisant les résultats
expérimentaux
obtenus à4,2
K parEgami [7]
sur ledysprosium,
nous avonsconstaté que ce métal suit la même loi que les deux
composés précédents (Fig. 8).
Apartir
d’unchamp Ho
=1,1 kOe,
le tauxd’augmentation
de l’aiman-tation devient très
grand ;
l’échantillon devient mono-domaine en un
temps
extrêmement court.Des lois
exponentielles analogues
ont été observéesdans l’étude du retournement des domaines ferro-
électriques
sous l’effet d’unchamp électrique [17], [18]
et dans celle dudéplacement
des dislocations dans leurplan
deglissement
sous l’effet d’unecontrainte de cisaillement
[19], [20].
Cesanalogies peuvent
traduire le rôle des dislocations dans lapropagation
deparois
étroites : créations demarches,
variation locale de
l’anisotropie
et de lamagnéto-
striction. La loi
s’interprète
à hautetempérature
par la croissance de marches
thermiquement
acti-vées
[19].
A4,2
K ces effets detraînage magnétique
sont attribués par
Egami [21]
à un effet tunnel quan-tique.
Remerciements. - Monsieur le Professeur L. Néel
nous a
suggéré
la résolution deséquations
deparoi
dans
l’approximation
despetits angles,
nous leremercions pour ses
précieux
conseils. Nous adres-sons nos vifs remerciements à Monsieur R.
Lemaire,
Maître de Recherche au
CNRS, qui
adirigé
ce travailpour sa collaboration constante et fructueuse.
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