Universit´e Claude Bernard Lyon 1 2009-2010
Session 2009, ´epreuve 2 : corrig´e comment´e
PARTIE 1 : une majoration des modules des racines d’un polyn ˆome 1) Exemple num´erique
1.1) Le polynˆome p admet 2 pour racine et p(X) = (X − 2)(X2+ 3iX − 3 + i).
1.2) Le discriminant du trinˆome X2+ 3iX − 3 + i est
∆= (3i)2+ 4(3 − i) = 3 − 4i.
Les deux racines carr´ees de∆sont les nombres complexes a+ ib tels que a2− b2= 3 et 2ab= −4, c’est-`a-dire 2− i et −2 + i.
Les deux racines du trinˆome ci-dessus sont les nombres complexes z1= −1 − i et z2= 1 − 2i.
1.3) La v´erification est imm´ediate :
R= max{|6 − 2i|,| − 3 − 5i| + 1,| − 2 + 3i| + 1} = max{2√ 10,√
34+ 1,√
13+ 1} = 2√ 10 et
max{2,|z1|,|z2|} = max{2,√ 2,√
5} =√ 5 6 2√
10, donc toutes les racines de p appartiennent au disque de centre O et de rayon R.
2) ´Etude du cas g´en´eral
2.1.a) Le i-i`eme coefficient du vecteur AV=λV estλvi=∑nj=1ai jvj et donc
|λvi| =
∑
n j=1ai jvj
6
∑
n j=1|ai j||vj| 6
∑
n j=1|ai j| max
16k6n(|vk|) = ri· max
16k6n(|vk|).
2.1.b) Le vecteur V est par hypoth`ese non nul, donc il existe un indice i∈ J1,nK tel que vi6= 0. L’in´egalit´e de la question pr´ec´edente implique alors
|λ| 6 ri·max16k6n(|vk|)
|vi| 6ri et doncλ ∈ Di⊂Snj=1Dj.
2.2.a) C’est un calcul classique. Pour tout nombre complexe z,
1
det(MP− zIn) =
−z 0 0 . . . 0 0 −a0
1 −z 0 . . . 0 0 −a1
0 1 −z ... 0 0 −a2
. . . .
0 0 0 . . . 1 −z −an−2
0 0 0 . . . 0 1 −an−1− z
=
0 0 0 . . . 0 0 −(a0+ a1z+ . . . + an−1zn−1+ zn) 1 0 0 . . . 0 0 −(a1+ a2z+ . . . an−1zn−2+ zn−1) 0 1 0 . . . 0 0 −(a2+ . . . + an−1zn−3+ zn−2) . . . .
0 0 0 . . . 1 0 −an−2− an−1z− z2
0 0 0 . . . 0 1 −an−1− z
en remplac¸ant successivement les lignes Ln−1par Ln−1+ zLn, Ln−2 par Ln−2+ zLn−1, . . . , L1par L1+ zL2. En d´eveloppant le d´eterminant obtenu par rapport `a la premi`ere ligne, on obtient
det(MP− zIn) = −(−1)n−1P(z)det(In−1) = (−1)nP(z).
2.2.b) Chaque racineλ du polynˆome P(X) est une valeur propre de la matrice compagnon MP, donc
|λ| 6 max
16i6nri avec ri=
∑
n j=1|mi j|
en vertu de la question 2.1.b). Comme ri=
|a0| si i= 0
1+ |ai| si 1 6 i 6 n− 1 il en d´ecoule la majoration
|λ| 6 max{|a0|,1 + |a1|,... ,1 + |an−1|}.
Ainsi, toutes les racines du polynˆome P(X) = Xn+ an−1Xn−1+ . . . + a1X+ a0appartiennent au disque ferm´e de centre O et de rayon R= max{|a0|,1 + |a1| + 1,... ,1 + |an−1|}.
PARTIE B : La borne de Cauchy 1) Un r´esultat pr´eliminaire
1.1) L’´ecriture
∀x ∈]0,+∞[, h(x) = −1 +cn−1
x + . . . + c1
xn−1+c0
xn
montre que h est une somme de fonctions d´ecroissantes sur]0, +∞[ car ci>0 pour tout i. L’une de ces fonctions est strictement d´ecroissante puisqu’il existe un indice i tel que ci> 0, donc h est strictement d´ecroissante sur ]0, +∞[.
1.2) Le fonction h est continue, tend vers−1 lorsque x tend vers +∞, et tend vers+∞lorsque x tend vers 0 dans]0, +∞[ d’apr`es l’hypoth`ese faite sur les ci. Il existe donc un nombre r´eel strictement positifα tel que h(α) = 0 par application du th´eor`eme des valeurs interm´ediaires.
La fonction h est par ailleurs injective sur ]0, +∞[ puisqu’elle est strictement d´ecroissante, donc α est l’unique point de]0, +∞[ en lequel h s’annule. Ceci prouve que le polynˆome H(X) admet une unique racine r´eelle strictement positive : c’estα.
La fonction h est d´erivable et h′(x) = −Hx′(x)n +nH(x)xn+1 , donc h′(α) = −α−nH′(α) et H′(α) = −αnh′(α).
On a
h′(x) = −
cn−1
x2 + . . . +(n − 1)c1
xn + nc0 xn+1
< 0
pour tout x∈]0,+∞[ car les cisont positifs et non tous nuls, donc H′(α) > 0 etα est par cons´equent une racine simple de H(X).
1.3) Pour tout nombre complexeζ tel que|ζ| >α, la d´ecroissance stricte de h implique h(|ζ|) < h(α) = 0 et donc H(|ζ|) = −|ζ|nh(|ζ|) > 0. Comme H(|ζ|) = |ζ|n−∑nk=0−1ck|ζ|k, nous obtenons l’in´egalit´e
|ζ|n>
n−1 k=0
∑
ck|ζ|k.
1.4) Soit ζ une racine complexe du polynˆome H(X). L’identit´e ζn=∑nk=0−1ckζk implique la majoration
|ζ|n=∑nk=0−1ckζk 6∑nk=0−1|ck||ζ|k et donc
|ζ|n6
n−1 k=0
∑
ck|ζ|k puisque les coefficients cksont des nombres r´eels positifs.
L’in´egalit´e stricte de la question pr´ec´edente est par cons´equent impossible, donc|ζ| 6α.
Nous avons ainsi d´emontr´e que toutes les racines du polynˆome H(X) appartiennent au disque ferm´e de centre O et de rayonα.
2) Une application
2.1) Le r´esultat de la question 1.4) s’applique au polynˆome Fγ(X) = (X −γ)F(X) = am−1Xm−
m−1 k=1
∑
(γak− ak−1)Xk−γa0
car am−1> 0,γa0> 0 etγak− ak−1>0 pour tout k∈ J1,m − 1K par d´efinition mˆeme deγ.
Nous obtenons ainsi la majoration|ζ| 6α, o`uαest l’unique racine r´eelle et strictement positive du polynˆome Fγ(X). Commeγ est un nombre r´eel strictement positif racine de ce polynˆome,α=γet donc
|ζ| 6γ.
2.2) Consid´erons le polynˆome G(X) = Xm−1F(X−1) =∑mk=0−1akXm−k−1=∑mk=0−1bkXk, avec bk= am−k−1pour tout k∈ J0,m − 1K. Tous les coefficients sont des nombres r´eels strictement positifs et
16i6mmax−1
bi−1 bi
= max
06i6m−2
ai+1 ai
=
06i6mmin−2
ai ai+1
−1
=
16i6mmin−1
ai−1 ai
−1
=γ′−1. Les racines du polynˆome F(X) sont toutes non nulles puisque leur produit, ´egal `a (−1)m−1 aam0−1, est non nul, et leurs inverses sont par construction les racines du polynˆome G(X). En appliquant 2.1) au polynˆome G(X) en lieu et place de F(X), nous obtenons |ζ|−16γ′−1et donc
γ′6|ζ| pour toute racineζ de F(X).
3) La borne de Cauchy
3.1) Le coefficient anest non nul puisque le polynˆome f(X) est de degr´e n. Les coefficients a0, . . . , an−1 ´etant suppos´es non tous nuls, l’´equation
|an|xn−
n−1 k=0
∑
|ak|xk= |an| xn−
n−1 k=0
∑
ak
an xk
!
= 0
poss`ede une unique solution r´eelle strictement positive, not´eeρ( f ), par application de 1.2).
3.2) Soitζ une racine complexe de f(X).
Siζ= 0, alors ´evidemment |ζ| 6ρ( f ) puisqueρ( f ) > 0.
Supposonsζ 6= 0 et appliquons la question 1) avec H(X) = Xn−∑nk=0−1 aakn
Xk. On a
|ζn| =
n−1 k=0
∑
ak
anζk 6
n−1 k=0
∑
ak
an
|ζ|k, donc h(|ζ|) > 0 et par suite
|ζ| 6ρ( f )
carρ( f ) est par d´efinition l’unique z´ero strictement positif la fonction d´ecroissante h.
3.3.a) En vertu des relations entre racines et coefficients d’un polynˆome, (−1)k aakn est la k-i`eme fonction sym´etrique ´el´ementaire des n nombres complexesζ1, . . . ,ζn, c’est-`a-dire la somme de tous les produits possibles de k de ces nombres :
(−1)kak
an =
∑
I⊂J1,nK et |I|=k
∏
i∈I
ζi.
Comme|ζi| 6 |ζn| pour tout i ∈ J1,nK, chaque produit de racines est major´e par |ζn|ket donc
ak
an
6αk,n|ζn|k,
o`uαn,kest le nombre de termes de la somme ci-dessus, c’est-`a-dire le nombre de parties `a k ´el´ements deJ1, nK.
On a ´evidemmentαn,k= nk
puisque|J1,nK| = n, d’o`u finalement
ak an
6
n k
|ζn|k.
3.3.b) En multipliant l’in´egalit´e pr´ec´edente par le nombre r´eel positifρ( f )k, nous obtenons
ak an
ρ( f )k6
n k
|ζn|n−kρ( f )k
pour tout k∈ J0,nK. Commeρ( f ) est, par d´efinition, racine du polynˆome Xn−∑nk=0−1 aakn
Xk, nous en d´eduisons : ρ( f )n=
n−1 k=0
∑
ak an
ρ( f )k6
n−1 k=0
∑
n k
|ζn|n−kρ( f )k.
3.3.c) L’in´egalit´e obtenue `a la question pr´ec´edente s’´ecrit de mani`ere ´equivalente sous la forme ρ( f )n6(ρ( f ) + |ζn|)n−ρ( f )n,
c’est-`a-dire : 2 6
1+ρ|ζ( f )n|n
ou encore (√n
2− 1)ρ( f ) 6 |ζn|.
3.3.d) Si l’on suppose que 0 n’est pas racine de f(X), alors (ζi−1)i∈J1,nK sont les n racines complexes du polynˆome g(X) = Xnf(X−1) et
0<
1 ζn
6
1 ζn−1
6. . . 6
1 ζ1
.
En appliquant les r´esultats des questions 3.2) et 3.3.c) au polynˆome g(X) en lieu et place du polynˆome f (X), nous obtenons l’encadrement
(√n
2− 1)ρ(g) 6
1 ζ1
6ρ(g), c’est-`a-dire
1
ρ(g)6|ζ1| 6 1 (√n
2− 1)ρ(g).
3.4) La borne de Cauchyρ(p) du polynˆome p(X) = X3+ (−2 + 3i)X2+ (−3 − 5i)X + (6 − 2i) est l’unique solution r´eelle et strictement positive de l’´equation
x3= | − 2 + 3i|x2+ | − 3 − 5i|x + |6 − 2i| =√
13x2+√
34x+ 2√ 10.
En utilisant une calculatrice, on obtient sans difficult´e un encadrement deρ(p) : 5, 01 <ρ(p) < 5, 02.
Le maximum des modules des racines de p(X) est |1 − 2i| =√
5 et l’on v´erifie ais´ement les r´esultats de 3.2) et 3.3.a) :
(√3
2− 1)ρ( f ) 6 1, 31 6√
5 6 2, 3 6ρ(p).
4) Un raffinement de la borne de Cauchy
4.1) Commenc¸ons par observer que le coefficient anest non nul puisque le polynˆome f(X) est de degr´e n.
Par d´efinition,
– la borne de Cauchyρ( f ) du polynˆome f (X) est l’unique solution r´eelle strictement positive de l’´equation
n−1 k=0
∑
|ak|xk= |an|xn;
– la borne de Cauchyρ( f1) du polynˆome f1(X) est l’unique solution r´eelle strictement positive de l’´equation
n−2 k=0
∑
|ak|xk= |an|xn.
La positivit´e deρ( f1) implique la majoration
|an|ρ( f1)n=
n−2 k=0
∑
|ak|ρ( f1)k6
n−1 k=0
∑
|ak|ρ( f1)k,
donc h(ρ( f1)) > 0 = h(ρ( f )), o`u h est la fonction d´efinie sur ]0, +∞[ par h(x) = −1
xn xn−
n−1 k=0
∑
ak an
xk
! .
Cette fonction ´etant strictement d´ecroissante en vertu de la question 1.1), l’in´egalit´e h(ρ( f1)) > h(ρ( f )) im- plique
ρ( f1) 6ρ( f ).
4.2) Supposons queζ soit une racine de f(X) n’appartenant pas au disque D0, c’est-`a-dire telle que|ζ| >
ρ( f1).
En r´e´ecrivant l’identit´e∑nk=0akζk= f (ζ) = 0 sous la forme an−1+ anζ = −ζn−11 ∑nk=0−2akζk, nous obtenons
|an−1+ anζ| 6 1
|ζ|n−1
n−2 k=0
∑
|ak||ζ|k
puis
|an−1+ anζ| 6 1 ρ( f1)n−1
n−2 k=0
∑
|ak|ρ( f1)k= |an|ρ( f1) en utilisant successivement l’hypoth`ese|ζ| 6ρ( f1) et la d´efinition deρ( f1).
4.3) En divisant l’in´egalit´e pr´ec´edente par|an|, nous obtenons la majoration
ζ+an−1
an
6ρ( f1) et en d´eduisons queζ appartient au disque ferm´e D1.
Conclusion : nous venons de prouver que toutes les racines du polynˆome f(X) appartiennent `a la r´eunion des disques D0et D1.
PARTIE C : un th´eor`eme de Lucas
1) Pr´eliminaires
1.1) Il est clair que l’ensemble E(P) contient P. C’est par ailleurs une partie convexe du plan : ´etant donn´es deux points A et B dans E(P) ainsi qu’une partie convexeΓde P qui contient P, alors A, B ∈ΓcarΓcontient E(P), puis [A, B] ⊂Γpar convexit´e. On obtient ainsi[A, B] ⊂ E (P), ce qui prouve la convexit´e de E (P).
Comme E(P) est, par d´efinition, contenue dans toute partie convexe du plan contenant P, c’est la plus petite partie convexe du plan contenant P.
1.2) Premi`ere ´etape : pour ´etablir l’inclusion E(P) ⊂ B, il suffit de v´erifier que B est une partie convexe du plan contenant P.
Il est clair que B contient P car tout point A de P est le barycentre de la famille{(A,1)}.
Consid´erons maintenant deux points A et B dans B. Il existe par hypoth`ese des points M1, . . . , Mm et N1, . . . , Nndans P ainsi que des nombres r´eels positifs et non tous nulsλ1, . . . ,λmetµ1, . . . ,µntels que
A= Bar {(M1,λ1), . . . , (Mm,λm)} et B = Bar{(N1,µ1), . . . , (Nn,µn)} . Si l’on normalise les poids de sorte que∑mi=1λi=∑nj=1µj= 1, alors, pour tout t ∈ [0,1],
∑
m i=1tλi+
∑
n j=1(1 − t)µj= 1 et
Bar{(A,t),(B,1 − t)} = Bar {(M1,tλ1), . . . , (Mm,tλm), (N1, (1 − t)µ1), . . . , (Nn, (1 − t)µn)}
par associativit´e du barycentre. Ceci montre que tout point du segment[AB] est le barycentre d’une famille de points de P affect´es de poids positifs, donc[AB] ⊂ B.
Seconde ´etape : l’inclusion r´eciproque B⊂ E (P) d´ecoule simplement du fait que toute partie convexeΓdu plan contenant P contient ´egalement le barycentre d’une famille finie de points de P affect´es de poids positifs.
D´emontrons-le en raisonnant par r´ecurrence sur le cardinal n d’une telle famille{(M1,λ1), . . . , (Mn,λn)}.
- Le r´esultat est vrai si n= 1 car Bar{(M1,λ1)} = M1∈ P ⊂Γ.
- La validit´e du r´esultat si n= 2 vient de la convexit´e deΓpuisque Bar{(M1,λ1), (M2,λ2)} ∈ [M1, M2] ⊂Γ.
- Supposons le r´esultat acquis pour n > 2 et d´emontrons-le pour n+ 1. Siλn+1= 0, alors Bar{(M1,λ1), . . . , (Mn,λn), (Mn+1,λn+1)} = Bar{(M1,λ1), . . . , (Mn,λn)}
appartient `aΓd’apr`es l’hypoth`ese de r´ecurrence. Siλn+1> 0, l’associativit´e permet d’´ecrire Bar{(M1,λ1), . . . , (Mn,λn), (Mn+1,λn+1)} = Bar
(M1,λ1), . . . , (Mn−1,λn−1), (M′n,λn′)
avec Mn′ = Bar{(Mn,λn), (Mn+1,λn+1)} etλn′ =λn+λn+1>λn+1> 0. Ce point appartient `a [MnMn+1], donc `aΓpar convexit´e, et nous sommes ainsi ramen´es `a une famille de cardinal n pour laquelle l’hypoth`ese de r´ecurrence s’applique.
2.1) Le polynˆome f(X) se factorise sous la forme f (X) =∏mj=1(X − rj)αj. Quels que soient les polynˆomes P et Q dans C[X],
(PQ)′
PQ =P′Q+ PQ′ PQ =P′
P +Q′ Q. Il d´ecoule directement de cette observation que l’on a
[(z − rj)αj]′
(z − rj)αj =αj[z − rj]′ z− rj
= αj
z− rj
pour tout j puis
f′(z) f(z) =
∑
m j=1[(z − rj)αj]′ (z − rj)αj =
∑
m j=1αj
z− rj pour tout nombre complexe z distinct des racines de f .
2.2) Pour toute racine r∈ C de f′ distincte des racines de f , l’´evaluation de la formule pr´ec´edente en z= r donne
0=
∑
m j=1αj
r− rj
=
∑
m j=1αj(r− rj)
|r − rj|2 .
Commeαjet|r − rj|2sont des nombres r´eels, il suffit de conjuguer l’´egalit´e pr´ec´edente pour obtenir le r´esultat souhait´e :
∑
m j=1αj
|r − rj|2(r − rj) = 0.
Etant donn´e deux points N et N´ ′d’affixes respectives z et z′,−−→
NN′= Re(z′− z)−→i + Im(z′− z)−→j. En s´eparant les parties r´eelle et imaginaire dans la derni`ere identit´e, celle-ci est donc ´equivalente `a la relation vectorielle
∑
m j=1αj
|r − rj|2
−−−→MjM=−→0,
o`u M (resp. Mj) d´esigne le point de P d’affixe r (resp. rj). Nous en d´eduisons que M est barycentre des points M1, . . . , Mmaffect´es de poids strictement positifs.
2.3) Notons R l’ensemble des points de P dont les affixes sont les racines du polynˆome f . Si M est un point dont l’affixe r est une racine de f′, alors
- soit r est ´egalement une racine de f , auquel cas M∈ R ⊂ E (R) ;
- soit r n’est pas une racine de f , auquel cas M est un barycentre des points de R affect´es de poids (stricte- ment) positifs d’apr`es la question pr´ec´edente et donc M∈ E (R) en vertu de 1.2.
2.4) Les racines du polyˆome d´eriv´e p′(X) = 3X2− 2(2 − 3i)X − (3 + 5i) sont w=1
3(2 − 3i +δ′) et w′=1
3(2 − 3i −δ′),
o`uδ′ est une racine carr´ee du discriminant r´eduit∆′= (2 − 3i)2+ 3(3 + 5i) = 4 + 3i. Un calcul facile donne δ′= ±√22(3 + i), donc
w= 2 3+
√2 2
!
− 1−
√2 6
!
i et w′= 2 3−
√2 2
!
− 1+
√2 6
! i.
La calculatrice fournit des valeurs approch´ees : w≈ 1.37 − 0,76i et w′≈ −0.04 − 1,24i et l’on v´erifie graphiquement que les points d’affixes w et w′ appartiennent bien `a l’enveloppe convexe des points d’affixe 2,−1 − i et 1 − 2i.
+ +
+ +
+
−1 − i+
1− 2i w
2 1
0
w′
PARTIE D : th´eor`eme de Lucas et polyn ˆome de degr´e 3 1) ´Etude du cas o `u M1M2M3est un triangle ´equilat´eral
1.1) Le polynˆome d´eriv´e f′(X) est de degr´e 2 et son terme dominant est 3X2. Cette observation permet d’´ecrire une suite de conditions ´equivalentes :
f′(X) poss`ede une racine doubleω ⇐⇒ f′(X) = 3(X −ω)2
⇐⇒ ∃c ∈ C, f (X) = (X −ω)3− c
⇐⇒ ∃c ∈ C, r1, r2et r3sont les trois solutions de l’´equation(z −ω)3= c.
Comme r1, r2et r3sont suppos´es distincts, le nombre complexe c qui apparaˆıt dans la derni`ere condition ne peut pas ˆetre nul.
La conclusion d´ecoule alors du fait suivant : trois nombres complexes sont les affixes des sommets d’un triangle ´equilat´eral de centreΩ(ω) et de rayon (du cercle circonscrit) R si et seulement si ce sont les solutions d’une ´equation(z −ω)3= c, o`u c est un nombre complexe de module R.
1.2) Nous venons de d´emontrer que les points M1, M2, M3 sont les sommets d’un triangle ´equilat´eral si et seulement si le polynˆome d´eriv´ee f′(X) a une racine double ; cette derni`ere est alors l’affixe du centre de M1M2M3. Notons qu’il n’est pas n´ecessaire ici de supposer que les points M1, M2et M3ne sont pas align´es ; il suffit qu’ils soient distincts.
2) Une propri´et´e de la tangente `a l’ellipse 2.1) Il suffit d’´ecrire−−−−→
M(t)F′=−−−→
M(t)F +−→
FF′et de d´eriver par rapport `a t, en observant que le vecteur−→
FF′est constant.
2.2) La fonction
R −→ R, t 7−→ M(t)F =−−−→
M(t)F.−−−→
M(t)F12 est d´erivable et
d
dtM(t)F = 1 2· d
dt
−−−→
M(t)F ·−−−→
M(t)F
·−−−→
M(t)F.−−−→
M(t)F−12
=
d dt
−−−→M(t)F.−−−→
M(t)F
·−−−→
M(t)F ·−−−→
M(t)F−12
= 1
M(t)F
d dt
−−−→M(t)F ·−−−→
M(t)F
= (−→τ (t).−→u(t)).
On obtient de mˆeme,
d
dtM(t)F′= (−→τ(t) · −→v(t)).
En d´erivant l’identit´e M(t)F + M(t)F′= 2a (v´erifi´ee pour toute valeur de t), les calculs pr´ec´edents impliquent 0= d
dtM(t)F + d
dtM(t)F′= (−→u(t) + −→v(t) · −→τ(t)).
2.3) Les vecteurs −→u(t) et −→v(t) ´etant unitaires, leur somme −→u(t) + −→v(t) dirige la bissectrice int´erieure des demi-droites[M(t)F) et [M(t)F′). L’´egalit´e d´emontr´ee `a la question pr´ec´edente signifie donc que la droite (M(t); −→τ (t)), tangente `a (E ) au point M(t), est la bissectrice ext´erieure de ce couple de demi-droites.
3) Un th´eor`eme de Poncelet
3.1) Les points F et F′se trouvant `a l’int´erieur de l’ellipse, ils sont tous deux du mˆeme cˆot´e de la tangente (PT1). Les points F1et F sont par ailleurs situ´es de chaque cˆot´e de(PT1), et il en est donc de mˆeme de F1et F′. On en d´eduit que le point T1, intersection des droites(F′F1) et (PT1), est situ´e entre F′et F1et donc appartient au segment[F′F1]. Cette observation permet alors d’´ecrire
F′F1= F′T1+ T1F1= F′T1+ T1F car FT1= F1T1, puis
F′F1= 2a puisque le point T1appartient `a l’ellipse E .
+ +
P
F’
F T1
+ F1
T2
+ F2
3.2) Le mˆeme raisonnement que pr´ec´edemment permet de d´emontrer : F′F2= 2a. Par ailleurs, PF1= PF et PF2= PF — car F1et F2sont les sym´etriques de F par rapport aux droites(PT1) et (PT2) —, donc PF1= PF2. La droite(PF) est par cons´equent la m´ediatrice du segment [F1F2].
3.3) Le plan ´etant orient´e, nous identifions les angles orient´es de vecteurs (resp. de droites) `a leur mesure, qui est un nombre r´eel modulo 2π(resp. moduloπ).
3.3.a) La compos´ee r1=σ(PF)◦σ(PT1)est la rotation de centre P et d’angle 2b((PT1), (PF)). Elle envoie le point F1sur
(σ(PF)◦σ(PT1))(F1) =σ(PF)(F) = F.
3.3.b) La compos´ee r2=σ(PT2)◦σ(PF′)est la rotation de centre P et d’angle 2((PF′), (PT2)). Vu la question 3.2), cette rotation transforme le point F1en
(σ(PT2)◦σ(PF′))(F1) =σ(PT2)(F2) = F.
Les rotations r1 et r2 ont le mˆeme centre P et transforment toutes deux le point F1 en F ; elles sont donc
´egales. On en d´eduit l’´egalit´e angulaire
2((PT1), (PF)) = 2((PF′), (PT2)) (mod. 2π), d’o`u
((PT1), (PF)) = ((PF′), (PT2)) (mod.π).
4) ´Etude du cas o `u M1M2M3n’est pas ´equilat´eral
Nous supposons pour ces derni`eres questions que les points M1, M2 et M3 ne sont pas align´es et que le triangle M1M2M3n’est pas ´equilat´eral.
4.1) Par un point M du plan n’appartenant pas au segment[FF′], il passe une unique ellipse (E ) de foyers F et F′: en effet,α= MF + MF′> FF′et l’ellipse en question est
(E ) = {N ∈ P | NF + NF′=α}.
Nous devons donc justifier que le milieu du segment[M1M2] n’appartient pas `a [FF′].
Le triangle M1M2M3n’´etant pas ´equilat´eral, le polynˆome f′(X) poss`ede deux racines complexes distinctes w et w′en vertu de la question 1.2). Par ailleurs, comme r1, r2et r3sont distincts, les racines du polynˆome f(X) sont simples et donc les racines de f′(X) sont distinctes de celles de f (X).
Cette observation permet d’appliquer le r´esultat de la question 2.2) : les points F et F′, d’affixes respectives w et w′, sont des barycentres des points M1, M2et M3affect´es de poids strictement positifs. On en d´eduit que F et F′appartiennent `a l’int´erieur O du triangle M1M2M3, ce qui implique[FF′] ⊂ O par convexit´e de O.
Ainsi, le segment[FF′] est disjoint des trois cˆot´es du triangle M1M2M3; en particulier, il ne contient pas le milieu de[M1M2] et il existe donc une unique ellipse (E ) de foyers F et F′passant par ce point.
4.2.a) En d´erivant f(X) = (X −r1)(X −r2)(X −r3), nous obtenons f′(X) = (X −r2)(X −r3) + (X −r1)(X − r3) + (X − r1)(X − r2). Par ailleurs, f′(X) est un polynˆome de terme dominant 3X2 et de racines w, w′, donc
f′(X) = 3(X − w)(X − w′) et ainsi
3(X − w)(X − w′) = (X − r2)(X − r3) + (X − r1)(X − r3) + (X − r1)(X − r2) dans C[X].
4.2.b) En substituant r1+r2 2 `a X dans l’identit´e pr´ec´edente, on obtient 3
w−r1+ r2 2
w′−r1+ r2 2
= 1
4((r1− r2)(r1+ r2− r3) + (r2− r1)(r1+ r2− r3) + (r2− r1)(r1− r2))
= 1
4(r1− r2)(r2− r1).
On a justifi´e en 4.1) que le milieu M de[M1M2] n’appartient pas au segment [FF′] ; en particulier, M /∈ {F,F′} et donc r1+r2 2 ∈ {w,w/ ′}. Par suite, l’´egalit´e pr´ec´edente se r´e´ecrit sous la forme ´equivalente
12w−r1+r2 2
r1− r2 = r2− r1 w′−r1+r2 2. L’argument du nombre complexe non nul 12w−r r1+r22
1−r2 , ´egal `a arg w−r1+r2 2
− arg(r1− r2), est une mesure de l’angle orient´e−−−→M2\M1,−→MF
. De mˆeme, l’argument du nombre complexe non nul r2−r1
w′−r1+r22
, ´egal `a arg(r2− r1) − arg w′−r1+r2 2
, est une mesure de l’angle orient´e−−→\ MF′,−−−→
M1M2
. L’´egalit´e pr´ec´edente implique donc
−−→\
MF′,−−−→M1M2
=−−−→M2\M1,−→MF
=−−−→M1M\2, −−→MF ,
ce qui signifie que la droite (M1M2) est la bissectrice ext´erieure des demi-droites [MF) et [MF′). Il d´ecoule alors de la question 2.4) que cette droite est la tangente `a l’ellipse E au point M.
4.3.a) En substituant r1 `a X dans l’´egalit´e de la question 4.2.a), on obtient : 3(w − r1)(w′− r1) = (r1− r2)(r1− r3) et donc
w− r1 r1− r3
= 3w′− r1 r1− r2
.
4.3.b) De mˆeme qu’en 4.2.b), on d´eduit de la question pr´ec´edente l’´egalit´e d’angles orient´es de vecteurs
−−→M1\F,−−−→M1M3
=−−−→M2M\1,−−→
M1F′ et donc l’´egalit´e d’angles orient´es de droites
((M1M\3), (M1F)) =((M1F\′), (M1M2)).
On sait (4.2) que la droite(M1M2) est tangente `a l’ellipse (E ). D’apr`es 3.3.b), la seconde tangente D `a (E ) issue de M1v´erifie l’´egalit´e d’angles orient´es
(D, (M1F)) = (M1F′), (M1M2) . On obtient ainsi
((M1M3), (M1F)) = (D, (M1F)) et donc(M1M3) = D est la seconde tangente `a (E ) issue de M1.
4.4) En supposant que les trois points M1, M2, M3 ne sont pas align´es et ne d´efinissent pas un triangle
´equilat´eral, nous avons d´emontr´e que les racines du polynˆome f′(X) sont les affixes des foyers F et F′ d’une ellipse(E ) tangente aux droites (M1M2) et (M1M3) et passant par le milieu de [M1M2].
En permutant les points M1, M2et M3, on d´emontre de mˆeme l’existence d’une ellipse(E′) (resp. (E′′)) de foyers F et F′, passant par le milieu de[M2M3] (resp. le milieu de [M1M3]) et tangente aux droites (M2M3) et (M1M2) (resp. aux droites (M1M3) et (M2M3)).
Comme une ellipse est uniquement d´etermin´ee par la donn´ee de ses foyers et d’une tangente,(E ) = (E′) = (E′′). Nous avons ainsi d´emontr´e le th´eor`eme annonc´e : si le triangle M1M2M3est non aplati et non ´equilat´eral, alors les racines du polynˆome d´eriv´e f′(X) sont les affixes des foyers d’une ellipse tangente aux trois cˆot´es du triangle M1M2M3en leurs milieux.
La figure ci-dessous illustre ce r´esultat pour le polynˆome p de la premi`ere partie.
+ +
+
+
−1 − i+
1− 2i w
2
w′ (E )