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Le contexte de production des ovins laitiers en France :
principaux objectifs de recherche-développement et
conditions de leur mise en œuvre
F. Barillet, Francois Bocquier
To cite this version:
F. BARILLET F.
BOCQUIER*
INRA Station d’Amélioration
génétique
des AnimauxBP 27 31326 Castanet-Tolosan Cedex
*
INRA Laboratoire Sous-nutrition des Ruminants
Theix 63122 Saint Genès
Champanelle
Le
contexte
de
production
des ovins
laitiers
en
France :
principaux objectifs
de
recherche-développement
et
conditions
de
leur mise
en œuvre.
En
France,
l’élevage
des ovinslaitiers,
qui
repose sur une valorisationfromagère
dulait,
a connu des évolutionstechniques
remar-quables depuis
30 ans : àpartir d’élevages
traditionnels de zones souvent
défavorisées,
cette
spéculation
a vul’émergence d’élevages
spécialisés
et le maintiend’élevages
complé-mentaires d’autresproductions
oud’élevages
producteurs
defromages
fermiers. Les filièresovines
laitières, qui
ne sont pasgérées
par laPAC pour le revenu laitier (la Communauté
assimilant
implicitement
laproduction
laitiè-re au seul lait de
vache),
constituent biensou-vent des
pôles économiques majeurs
debas-sins de
production géographiquement
bien délimités.En
premier lieu,
nousprésenterons
lecontexte de
production
del’élevage
des ovinslaitiers en
France,
avec un aperçu trèsrapide
des autres pays méditerranéens de la CEE où
ce
cheptel
est leplus important.
Puis nousdécrirons les
principaux objectifs
derecherche-développement
de cesfilières,
telsqu’ils
sont actuellement identifiésconjointe-ment par les
partenaires
professionnels
et parla recherche.
Enfin,
nous aborderons lesconditions de mise en oeuvre desdits
pro-grammes. Pour
conclure,
nous essayerons detirer
quelques enseignements
sur une telledémarche de recherches
zootechniques
inté-ressant des filières de
productions
animales.1
/ Le
contexte
de
production
1.i / Une
production spécifique
essentielle
pourdes
zonesrurales méditerranéennes
et/ou de
montagne
La
production
laitière ovine occupe dansl’agriculture française
uneplace originale.
Elle constitue une base de l’économie et un
pôle
dedéveloppement
rural et industriel pourtrois
régions
demontagne,
aussi différentesque le sud du Massif Central
(Rayon
deRoquefort),
lesPyrénées
Atlantiques
et laCorse,
où la traite des brebis est traditionnelleà l’instar d’autres bassins méditerranéens. Cet
élevage
est orienté vers laproduction
depro-duits de
qualité
avec, d’unepart
les agneauxde lait élevés sous la mère
pendant
environ unmois
(puis
éventuellementengraissés après
lesevrage),
d’autre part desfromages
à hautevaleur
commerciale,
enparticulier
lesfro-mages de brebis à AOC au lait
entier,
ou aulait cru et entier. Cette
production
mixte lait-viande repose sur uneexploitation
tradition-nelle et
originale (comparativement
auxvaches laitières) de la lactation : les brebis allaitent
pendant
au moins unmois,
puis
ellessont traites
après
le sevrage des agneaux. Ladurée et les modalités de la
phase
initiale d’allaitement varient selon les races et les sys-tèmes deproduction.
Cettepremière phase
degestion
de la lactationpeut
êtrecomplexe,
avec la
pratique
éventuelle d’une traitepar-tielle
pendant
l’allaitement. Lapériode
detraite,
qu’il
faudrait donc mieuxqualifier
depériode
de traiteexclusive,
débuteaprès
le sevrage des agneaux et coïncide avec le débutdes livraisons aux laiteries
(pour
les éleveurslivreurs). De telles modalités
d’exploitation
deRésumé
’
En France,
l’élevage
des ovins laitiers repose sur desproductions typiques,
agneaux de lait et fromages de brebis à AOC, permettant le maintien d’unepopulation rurale et le
développement
industriel dans trois régions de montagne aussi différentes que le sud du Massif Central (Rayon deRoquefort),
lesPyrénées
Atlantiques et la Corse. Dans les années 70, l’avenir de ces
productions passait
par une amélioration de laproductivité
des brebis, des troupeaux et du travail(particulièrement de la traite). Ces
objectifs
sontlargement
atteints : la taille moyenne des troupeaux atriplé
entre 1970 et 1990, et la production laitière des brebis a doublé, avec l’émergence d’éleveurs spécialisés livrant leur lait, tandis quela tradition des
fromages
fermiers se perpétue dans certaines zones deproduction.
L’impact de la génétique et de la physiologie animale a été déterminant dans cetteévolution remarquable, dans trois domaines complémentaires : mécanisation de la
traite, maîtrise de la
reproduction,
sélection des races locales dans leur bassinrespectif.
Ainsi en 1990, 75% du lait de brebis produit en France provient d’élevagesen contrôle laitier, ce qui constitue un atout déterminant au plan international. Logiquement, de nouveaux objectifs de
recherche-développement
se font jour pourla décennie 90, dans un contexte où l’on verra se renforcer la relation entre terroirs
de
production,
races locales,systèmes
deproduction
et fromages de brebis en AOC.Ces nouveaux
objectifs
et leurs conditions de mise en oeuvre sont décrits dans cetarticle. On peut noter en particulier la volonté des partenaires professionnels de
renforcer l’interface entre la recherche et le développement avec l’officialisation du
la lactation
posent
desproblèmes
zootech-niques
spécifiques,
et ellessupposent
d’adopter
une
réglementation
précise
du contrôle laitier(à des fins de
sélection)
à la fois informative etnormative (Barillet et al 1992).
Chacun des trois bassins de
production
estassimilable à une (des) race(s) locale(s)
don-née(s) avec un
fromage
d’AOC dominant : en1990,
leRayon
deRoquefort
(race Lacaune)avec le
fromage
du même nomreprésente
78 %de la
production
laitière nationale (142mil-lions de
litres),
lesPyrénées
(racesBasco-Béarnaise et Manech) avec le
fromage
Ossau-Iraty
17 %(30,5
millions delitres),
et la Corseavec le Brocciu 5 % (9 millions de litres). La
quasi-totalité
du lait est transformée enfroma-ge. La tradition industrielle est
forte,
puisqu’en
1990(figure
1),
95 % du laitproduit
est
collecté,
et queprès
de 70 % de cettecollec-te est transformé en
fromages
deRoquefort
ouBrebis-Pyrénées
(dontOssau-Iraty).
Deplus,
la transformation est trèsspécialisée,
puisque
la collecte du lait de brebis en France est
réali-sée par une
quinzaine
de groupes industriels oucoopératifs,
dont lesquatre
premiers
repré-sentent
globalement
près
de 85 % de la collecte nationale et lepremier
70 % (SourceInterprofessions).
Si la transformationfermiè-re est
quasi
inexistante dans le rayon deRoquefort,
celle-ci se maintient àprès
de 10 %de la
production
desPyrénées
(SICA CREOM1990),
et elleaugmente
en Corse où ellerepré-sente environ 35 % du lait
produit
(Vallerandet al 1991).
1.
2
/
Une
expansion remarquable
depuis
1970Cette
production
a connu uneexpansion
remarquable,
avec untriplement
entre 1970 et1990 (57 à 182 millions de
litres),
essentielle-ment du fait du
Rayon
deRoquefort
(40 à 142millions) et des
Pyrénées
(10 à30,5
millions delitres). Cette
progression remarquable
a étépermise
enpartie
grâce
aux actions derecherche-développement
mises en oeuvreconjointement
par lespartenaires
profession-nels et l’INRA en
génétique
etphysiologie
ani-male dans trois domaines
complémentaires :
mécanisation de la
traite,
maîtrise de la repro-duction des brebis(synchronisation
des oestruset insémination
artificielle), conception
et miseen oeuvre de schémas de sélection des races
locales dans leurs milieux
d’élevage respectif.
Enconséquence,
si on considère les tendancesnationales tous bassins
confondus,
on constate que,depuis
1970,
la taille moyenne des trou-peaux apratiquement
triplé
simultanément àbrebis (tableau 1). C’est dans le
Rayon
deRoquefort
que cette évolution est laplus
mar-quée
(tableau2),
avecl’émergence
d’éleveursspécialisés
conduisant destroupeaux
très pro-ductifs (199 à 242 litres de lait à la traiteexclusive) et de
grande
taille (342 à 400bre-bis),
selon que l’on considère l’ensemble deséleveurs au contrôle laitier (Contrôle laitier
officiel -CLO- et contrôle laitier
simplifié
-CLS-!ou les seuls sélectionneurs (CLO). Dans les
Pyrénées,
les éleveurs sont leplus
souventplu-riactifs,
de sorte que la taille destroupeaux
contrôlés est moinsimportante
et avoisine 200brebis,
laprogression
relativedepuis
1970 étantcomparable
à celle duRayon
deRoquefort.
EnCorse,
la taille destroupeaux
est fortement conditionnée par le
système
deproduction
selon que l’éleveur livre à unelaite-rie ou transforme le lait.
Depuis
1970,
sousl’impulsion
enparticulier
de la
génétique
et de laphysiologie
animale,
les conditions etsystèmes
d’élevage
ont donc évolué fortement : lesprogrès remarquables
obtenus dans laproductivité
des brebis(Barillet et al 1992) et des
troupeaux
sontmesurables à l’échelle de toute une filière :
ainsi en 1990 (tableau
3),
75 % du lait de bre-bisproduit
en Franceprovient d’élevages
encontrôle laitier. Cette
proportion
atteint 85 %dans le
Rayon
deRoquefort,
42 % dans lesPyrénées
et 13 % en Corse. On constateeffecti-vement une relation directe entre ces
propor-tions et le taux de
pénétration
du contrôlelai-tier et de l’insémination artificielle dans
chaque
bassin deproduction.
1.
3
/
Aperçu
des
autres paysméditerranéens de la
CEE
Si on s’intéresse maintenant à la situation
des pays méditerranéens de la
CEE,
on obser-ve que laGrèce, -l’Italie
etl’Espagne
présen-tent les
cheptels
de brebis laitières lesplus
importants
avecrespectivement
7,
5 et 4 mil-lions de brebis traites(1,25
en France).Cependant
laproductivité
des brebis laitièresen France est de loin la
plus élevée,
puisqu’en
1988,
elle seraitprès
de 2 à 3 foissupérieure
àcelle des autres
populations
considérées dans lacomparaison
(tableau4),
alorsqu’ en
1970 le niveau initial était annoncé commecompa-rable. Par
ailleurs,
quand
on constate que lepourcentage
de brebis contrôlées(statistiques
1988) atteint 53 % en France contre
0,5
à2,8
% pour les autres pays (Barillet1988),
on mesure toutel’importance
du travail departiculier
dans le domaine de l’améliorationgénétique
conformément à la Loi del’Elevage
de 1966. Cettecomparaison
méditerranéenne mériteraitcependant
d’êtreaffinée,
dans lamesure où il existe
généralement
des bassins deproduction géographiquement
biendélimi-tés
intra-pays,
avec desgradients
deproduc-tion
parfois importants
entre eux. En outre, laprécision
de cesstatistiques
mériterait d’êtreconfirmée pour valider ces
comparaisons.
Pourrésumer,
onpeut
cependant
retenir que lesfilières
françaises
ovines laitières ont connules
progressions
lesplus
marquées depuis
1970,
grâce
simultanément à l’accroissementcontinu de la taille des
troupeaux
et de la pro-ductivité des brebis sous l’effet d’unespéciali-sation de
plus
enplus marquée,
alors que
l’augmentation
deproduction
des autres paysméditerranéens serait d’abord
imputable
àl’accroissement du
cheptel
de brebis laitières. Globalement lepoids
relatif de la France adonc nettement
progressé,
les filièrescorres-pondantes
apparaissant
deplus
enplus
commeexportatrices
nettes defromages
de brebis àAOC,
defromages
de diversificationou de transferts de lait entre bassins de pro-duction à l’échelle
européenne
(Boutonnet 1990).1.
4
/ Eléments
technico-économiques
et
perspectives
Selon le niveau laitier et le bassin de
pro-duction,
le laitreprésente
65 à 75 % duproduit
brut total desélevages.
Or le lait de brebis n’est pasgéré
dans le cadre de laPAC,
qui
ne concerne que le lait de vache. En ovinslaitiers,
seul le
produit
viande est donc conditionné par laPAC,
auquel
il fautajouter
laprime
com-pensatoire
ovine (PCO) comme pour les ovinsviande. En
France,
lagestion
du lait de brebisest réalisée dans le cadre
d’Interprofessions
de droitprivé,
dont laplus
ancienne a été mise enplace
en 1930. C’est dans ce cadre que sontgérés
le contrôle et la défense desAOC,
ledis-positif
de collecte du lait et de contrôle de laqualité,
lesystème
contractuel de définition duprix
du lait.Si l’on s’intéresse aux résultats
technico-économiques
des éleveurs livrant leur lait(Vareilles
1989),
onpeut
rappeler
que pour uneproduction
laitière desélevages
spécialisés
comprise
entre 170 et 250 litres/brebis demoyenne de
troupeau
(avec 300 à 500brebis),
leproduit
brut par brebis estcompris
entre1500 et 2300
FF,
et la marge brute entre 900et 1500 FF par
brebis,
hors PCO. Pour des pro-ducteurs (leplus
souvent multi-actifs) avec destroupeaux d’environ 200 brebis
présentant
unemoyenne laitière de 90 à 150
litres,
leproduit
brut total par brebis
peut
êtrecompris
entre800 et 1200
FF,
et la marge brute entre 500 et800 FF par brebis. Il est donc
judicieux
de considérer cetteproduction
en termes&dquo;d’inten-sification
raisonnée&dquo;, reposant
sur desproduc-tions
fromagères
dequalité
permettant
le maintien d’activitéséconomiques
en zonesrurales de
montagne
et ou de milieux difficiles.Pour terminer cette
présentation
générale,
il faut aussi
signaler
que desdispositifs
inter-professionnels
de maîtrise de laproduction,
liés à
l’élevage
(référence deproduction)
et auxterroirs de
production,
ont commencé à semettre en
place
en France à la fin de ladécen-nie
80,
avant même le renforcementprévisible
du cahier descharges
des AOC dans le cadre de l’extension deschamps
decompétence
de l’INAO. Il estprobable
que l’on verra se renfor-cer la relation entre terroirs deproduction,
raceslocales,
systèmes
deproduction
etfro-mages de brebis en AOC.
Signalons
aussi quela
prise
encompte
individuelle croissante dupaiement
du lait selon sacomposition
chi-mique
et saqualité hygiénique, couplée
ausys-tème de référence de
production
àl’élevage,
commence
depuis
peu à induire des écartssignificatifs
deprix
du lait entreéleveurs,
desorte que la
disparité
des résultatsrésultats 1988 ci-dessus : la demande de conseils
techniques intégrés
et d’outils deges-tion devrait donc
augmenter.
2
/ Objectifs
de
recherche-développement
et
conditions
de mise
en oeuvre2.i
/
Les
objectifs
de
recherche-développement
Compte
tenu de ce contextegénéral,
nousmentionnons les
principaux objectifs
identifiésconjointement
par lespartenaires
profession-nels et par la
recherche,
et faisantl’objet
detravaux en commun. Nous excluons donc les
sujets
des travaux confidentiels. Sur cesbases,
la
présente
liste,
qui
n’a pas laprétention
d’êtreexhaustive,
s’établit comme suit :- la maîtrise de l’évolution
génétique
despopulations
de brebis laitières dans leurs milieuxd’élevages
respectifs
(compte-tenu
desobjectifs
laitiersspécifiques
au cahier descharges
des AOC desfromages
de brebis et de laprise
en compte croissante d’autresapti-tudes
d’élevage) conjointement
à la maîtrise detechniques
modernes dereproduction
permet-tant
d’agir
efficacement à l’échelle degrandes
populations.
- la maîtrise des coûts de
production,
enpar-ticulier de
l’alimentation, conjointement
à celle de laqualité
du lait(composition
physico-chi-mique),
dans le cadre desystèmes d’élevage
visant une utilisationoptimale
des ressourcesalimentaires locales
(fourrages pâturés
ouconservés),
afin de conforter l’autonomie desélevages
et lagestion
du territoire. Lagestion
de la variabilitéphénotypique
et des besoinsparticuliers
de certainescatégories
d’animauxpose des
problèmes spécifiques, qui
augmententavec la taille et la
productivité
dutroupeau.
- le contrôle
au niveau de
l’élevage
de laqualité hygiénique
du lait(germes pathogènes,
toxines,
cellulessomatiques...),
dans unedémarche de
gestion
sanitaire destroupeaux
et de sécurité alimentaire
primordiale
pour laproduction
defromages
au lait cru et entier.- la caractérisation et la maîtrise des
apti-tudes
fromagères
des laits debrebis,
dans lebut d’améliorer et de
régulariser
laqualité
desfromages
au laitentier,
en sachant sinécessai-re
agir
sur laqualité
du lait (actionzootech-nique
en amont) ou sur lesparamètres
defabrication. Ce volet s’inscrit dans la
redéfini-tion des cahiers des
charges
des AOC dans le cadre de l’INAO.- le
développement
d’automatismes dans lestroupeaux
degrandes
tailles (identificationélectronique,
DAC,
parc de triélectronique,
automate de contrôlelaitier...), permettant
deconcevoir de nouveaux
systèmes
d’élevage
(stratégie alimentaire...),
de
maîtriser les coûtsde
production,
et les conditions de travail etd’élevage
des animaux.2.
2
/
Les
conditions de mise
en œuvreLa définition de tels
objectifs
suppose aupréalable
dedisposer
de structures deconcer-tation entre
partenaires
professionnels
etéquipes
derecherche,
afin dedégager
desprio-rités. Les
partenaires professionnels
ou leséquipes
de recherchepeuvent
fort bienjouer
alternativement le rôle decatalyseur
dans ceprocessus de définition de nouveaux
objectifs,
cequi impose
de maintenir une concertationdurable entre tous les intéressés. Concernant les ovins
laitiers,
onpeut
ainsi citer deuxexemples typiques
de la décennie 80 : ce sontles
responsables professionnels,
maîtresd’oeuvre des programmes de sélection des
populations
ovineslaitières, qui
ont identifié lesproblèmes zootechniques spécifiques
impu-tables à la
gestion
detroupeaux
dont la tailleet le niveau
génétique
laitierprogressaient
régulièrement.
Enconséquence,
ces derniersont souhaité le
développement
de recherchesen
élevage
et nutrition des brebislaitières,
aumême titre
qu’ils
identifiaient clairement lesapports
de lagénétique
etphysiologie
animaledepuis
les années 60. Leur demande a donclargement
contribué à la mise enplace
decer-tains des programmes
pluridisciplinaires
actuellement
développés
en ovins laitiers(Bocquier
et Barillet 1987).Inversement,
c’est la DirectionScientifique
des Productions Animales de l’INRAqui
a été àl’origine
de lacréation en 1984 du
&dquo;Groupe Techniques
Modernes de
Reproduction
en Ovins laitiers&dquo;.Ce groupe de
recherche-développement
pluri-disciplinaire (génétique
xphysiologie
animale)est devenu officiellement l’un des
Groupes
Techniques
du Comité National Brebis Laitières en 1991.Rappelons
aussi que lacomplexité
des pro-blèmes à résoudre est tellequ’il
&dquo;fautcom-prendre
pourpouvoir agir
efficacement&dquo;.Autrement
dit,
il fautorganiser
un continuumentre recherches
analytiques
etapplications
àgrande
échelle en situationréelle,
enparticu-lier
grâce
à des recherchespluridisciplinaires
permettant
des aller et retourpermanents,
d’une
part
entre recherches finalisées etfonda-mentales,
d’autrepart
entre recherche etdéve-loppement.
Ces conditionsgarantissent
la miseen forme de connaissances et la mise au
point
de
techniques
ouprocédés, capables
des’inté-grer aux
systèmes
deproduction
existants oude les faire
évoluer,
de sorte que ces mises aupoint
seront effectivementapplicables
etappli-quées.
De même la variabilité des résultatsobtenus à
grande
échelle en situation réellepeut
renvoyer aux connaissancesfondamen-tales,
dans le but de surmonter les difficultésapparues sur le terrain.
2.
3
/ La situation actuelle
Les nouveaux thèmes de recherche des
filières brebis laitières décrits ci-dessus sont
ou seront abordés dans le cadre de travaux
mobilisant des
équipes
del’Elevage
etNutrition des
Herbivores,
laGénétique
anima-le,
laPathologie
animale,
laPhysiologie
Ecoles Nationales
Supérieures Agronomiques
et Ecoles Nationales Vétérinaires avec des Laboratoires associés INRA. Il faut
rappeler
l’importance
des concertations internes àl’INRA, qui
interviennent dans le cadre desDépartements,
de la Commission Ovine etCaprine
et de la DirectionScientifique
des ProductionsAnimales,
enparticulier
dans laphase
de validation et dedémarrage
de telsprogrammes
pluridisciplinaires.
Du côté
professionnel,
onpeut
noter la démarche de l’ensemble des Structurestech-niques
ouinterprofessionnelles
des troisbas-sins de
production, qui
ont souhaité en 1991officialiser le Comité National Brebis Laitières
(qui
oeuvrait sous une forme informelledepuis
1976),
et accroître sonchamp
decompétence,
pour favoriser les activités de
recherche-déve-loppement
dans le cadre deGroupes
Techniques (Lagriffoul
1993). Nous n’avonspas la
prétention
d’être exhaustifs en cedomaine,
et nous avons choisi de décrire lasituation que nous connaissions du fait des
concertations existant entre les
équipes
Les
objectifs
derecherche-développement
que nous venons de décrire
rapidement
suppo-sent
d’organiser
une articulationpermanente
entre travaux
approfondis,
visant àcom-prendre
et maîtriser les mécanismesbiolo-giques,
et travauxappliqués,
destinés àvalori-ser ces connaissances ou
techniques
d’amont.Tous les niveaux
d’approche
de lapopulation
àla
cellule,
enpassant
par letroupeau,
lelot,
l’animal et
l’organe
doivent être mobilisés defaçon
complémentaire
pour tenterd’organiser
le
plus
efficacementpossible
l’ensemble de ceprocessus de recherches finalisées au service
de
l’élevage.
En
conséquence,
les moyens et les lieux de recherche sontmultiples, puisqu’ils
combinentou combineront des
approches
dans deslabora-toires ou des domaines
expérimentaux
del’INRA ou des
ENV,
desLycées Agricoles,
descentres
d’élevage
dejeunes
mâles et centresd’insémination artificielle des Unités de
Sélection,
des fermesprivées
ou laiteriespilotes
departenaires industriels,
des étudesconjointes
de bases de données nationales (basede données
génétiques
nationales du CTIG duDépartement
deGénétique)
et de bases dedon-nées
régionales (interprofessionnelles
...), et
ledéveloppement
delogiciels spécifiques
d’aide àla décision ou d’informatisation et
d’automati-sation dans les
élevages.
Lafigure
3 illustre l’un de cesdispositifs
expérimentaux.
Ces recherches
pluridisciplinaires, qui
ontdébuté à l’INRA en
1984,
1987 ou 1991 selonles thèmes
(figure
2),
connaissent pourcer-taines (Nutrition x
Génétique
xElevage)
uneextension
européenne
(Espagne,
France,
Italie)depuis
1992 dans le cadre d’un contrat des CommunautésEuropéennes.
Il est ainsipos-sible de
développer
dessynergies
et descom-plémentarités
entreéquipes
derecherches,
dont la dimension est souvent réduite encom-paraison
des moyens mobilisables pourd’autres
productions.
En tout état de cause, lessituations
d’élevage
considérées et les moyens de recherchesdisponibles
sont notablementaccrus avec, par
exemple,
undispositif
de 7domaines
expérimentaux
(1900 brebis de 7races) mobilisables pour des études
pluridisci-plinaires
dans des conditionsd’élevage
diffé-rentes :
production
hivernale enbergerie
en zone demontagne, systèmes
mixtesbergerie-pâturage
enmontagne humide,
bergerie
en zonesèche, production
à l’herbe en situationde
pâturage
méditerranéen.Pour
conclure,
nous voudrionsrappeler
que ces démarches derecherche-développement
doivent s’inscrire dans la durée pour être
effi-caces. On a vu les résultats obtenus dans les
années 80 en France pour les filières ovines
laitières : ils résultaient d’un nombre limité
d’objectifs
définis dans les années 70(producti-vité des
troupeaux
et des femelles)organisés
prioritairement
autour de laphysiologie
et dela
génétique
animale. La situationtechnique
actuelle de ces filières(importance
du contrôlelaitier,
del’IA,
desplans
de sélection...) estconnue et citée en
exemple
àl’étranger,
parti-culièrement dans le bassin méditerranéen. De
nouveaux
objectifs
ont été clairement définis àla fin des années 80-début des années 90
mobi-lisant
plusieurs disciplines.
Nul doutequ’ils
seront
atteints,
si on laisse letemps
à ces nou-veaux programmes de donner toute leur mesu-re. La diffusion desacquis
de la recherchepeut
en outre être facilitée actuellement dans uncontexte d’informatisation (dès la salle de traite)
du contrôle laitier ovin en
ferme,
et dudévelop-pement
delogiciels
d’aide à la décision(INRAtion,
appui
technique...)
interfacés avec lecontrôle laitier : en
1991,
cette situation concer-ne environ 60 % des brebis laitières en France(Astruc et al
1992),
et 75 % du laitproduit.
Ce texte a été présenté lors du Séminaire de GénétiqueRéférences
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Summary
Dairy-sheep production
in France : mainobjectives
of
research anddevelopment
and the conditions under whichthey
are carried out.In
France,
thedairy-sheep production
is based onclassical
systems
with both suckled lambs andregistrated
(AOC) or farmhouse cheeses. Thispro-duction enables the maintenance of a rural
popu-lation
through
thedevelopment
of economicalactivity
in three different mountainousregions,
namely,
the south of Massif Central(Roquefort
Area),
the AtlanticPyrenees
and Corsica. In the 70’s animprovement
of ewes’productivity,
of theflock size and of the farmworkers (
particularly
inmilking efficiency)
wasassigned.
Theseobjectives
were
largely
reached in 1990 : the average flocksize has
tripled
since 1970 and milkproduction
hasdoubled,
while farmers turned to be morespe-cialized
by selling
milk from thefarm,
whereassome of them continued to
produce
farmhouse cheese in some areas. Theimpact
ofbreeding
andanimal
reproductive physiology
has had apara-mount effect in this remarkable
evolution, in
threecomplementary
domains :milking
machinesadap-tation to
dairy
ewes, control ofreproduction by
means of artificial insemination and selection of
local breeds within their native
regions.
In1990,
75% of ewe-milkproduction
of France came frommilk-recorded
flocks,
which is agreat
asset withrespect
to international results.Logically,
objec-tives of research anddevelopment
will evolve fornext
decade, given
that therelationships
between differentregions
ofproduction
will bereinforced,
as well as local breeds
performances
and AOCcheese conditions of
production.
These newobjec-tives and their
being
put
into effects are describedin this article. The
willingness
ofprofessional
partners
to reinforce the link between research anddevelopment
resulted in the commonfounda-tion of the &dquo;Comité Nafounda-tional Brebis
Laitières&dquo;,
i.e.Dairy
Ewes’ NationalCommitee,
in 1991.BARILLET
F.,
BOCQUIER
F.,
1992. Le contexte de pro-duction des ovins laitiers en France :principaux
objectifs
de