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L’indexation pour le classement
Anne Tavernier
To cite this version:
Anne TAVERNIER
Seruice des haras, des courses et de
l’équitation
14 avenue de la Grande Armée 75017 Paris
INRA Station de
Génétique quantitative
et
appliquée
78352Jouy-en-Josas
CedexL’évaluation des
reproducteurs
L’indexation
pour
le
classement
Résumé.
Pour étudier lagénétique
du cheval de course ou de concours lepremier
problème qui
sepose est une mesure
objective
de leurperformance.
Celle-ci n’est pas mesurable directement par un critèrephysique
objectif.
On
en est donc réduit à n’étudier que le résultat desépreuves
constitué par lesclassements des chevaux entre eux.
Chaque
cheval réalise uneperformance physique
nonmesurable
etc’est la hiérarchie de ces
performances qui
donnent la seule observationpossible :
le classement. Selon la valeurgénétique
des chevaux et la valeur deseffets
de milieuchaque
classement a une certaineprobabilité
de réalisation. En maximisant lesprobabilités
de réalisation de toutes lesépreuves
on obtient une estimation des valeursgénétiques
etdes
effets
de milieu.Tourné vers le sport,
l’élevage équin
a besoin d’uncheval athlète. Mais un athlète en
quoi ? Qu’est
ceque "réussir une carrière de concours
hippique
ou de course" ? Avant même de discuter de l’alchimiesavante
qui
combine les caractèresphysiques
etmen-taux du cheval de
sport,
onpeut
se demander cequi
définit sa
performance sportive.
Et cette définitionn’est pas
simple.
Déterminerobjectivement
le niveautechnique
d’un concours de saut d’obstacles tient de la gageure. Ildépend,
biensûr,
de la hauteur et de lalargeur
des obstacles (encore sont-ils nombreux etdif-férents),
mais surtout del’agencement
de ces obs-tacles sur leterrain,
de la distance et du tracé entredeux
obstacles,
de la combinaison d’obstacles aux pro-filsdivers,
de la vitesse minimale aveclaquelle
on doit franchir cesobstacles,
de la nature du terrain dechaque
abord,
et même des détails dans laconstruc-tion de
chaque
obstacle :couleur,
forme... Hiérarchiser les résultats d’un cheval (barrestom-bées, refus,
temps réalisé) sur deux parcoursdiffé-rents devient alors
impossible
car il faudrait combi-ner la détermination du niveautechnique
dechaque
parcours et l’écart à ce niveau
d’après
ces résultats (une barre tombée vaut combien dequelle
mesure du niveautechnique
del’épreuve
?). Demême,
détermi-ner le niveau d’une course
peut paraître
simple
auporteur de
chronomètre,
mais cequi
fait vraiment la difficulté del’épreuve,
c’est toute lastratégie
dévelop-pée
autour d’un train donné : lesaccélérations,
lesralentissements,
les interactions entre lescomporte-ments des chevaux du
peloton...(l’estimation
del’héritabilité des temps en course de
galop
esttou-jours
faible voir nulle : Hintz1980,
Langlois
1980a).Le
problème
n’est donc pas d’abord de savoir avecquels
moyens le chevalréussit,
ouquel
est ledétermi-nisme
génétique
de ces moyens mais bienqu’est
ceque réussir ? Et il
n’y
a pas de mesure"physique"
decette réussite.
1
/ Comment
mesurerla
réussite ?
Beaucoup
de critères ont étéenvisagés
(Arnason etal 1989). Les chevaux
qui participent
à une mêmeépreuve
sont ordonnés entre eux. Unpourcentage
donné despremiers
(variant éventuellement avec le nombre departants) reçoit
une certaine sommed’argent
selon desrègles parfaitement
définies. On dit alors que le cheval est "classé" dansl’épreuve.
Lescritères les
plus simples
sont basés sur lerapport
du nombre de classements sur le nombre dedéparts.
Cela revient à attribuer un "1" à un cheval classé etun "0" à un cheval non classé. Il faudrait donc
déjà
analyser
cette variable comme une variable discrète(Gianola et
Foulley
1983) et non comme unepropor-tion mais surtout ce critère met sur un
plan d’égalité
le chevalchampion
du monde et le cheval classé une fois dans uneépreuve
duplus petit
niveau ! Lesautres critères sont basés sur les
gains
attribués àchaque
place
ou sur un nombre depoints qui
repose sur le mêmeprincipe.
Ces critèresposent
de nom-breuxproblèmes :
iln’y
a pas degain
ou depoints
pour les chevaux "non classés" ce
qui
les élimine du modèle alorsqu’ils
ont réalisé dansl’épreuve
une(contre)
performance.
Aupire,
on leur attribue un "zéro" cequi
les met à distance arbitraire etégale
quel
que soit le niveau del’épreuve
des autresche-vaux classés (sans
compter
que ce "zéro" a uneinfluence très différente suivant l’unité de mesure).
La distribution des
gains
en fonction de laplace
suit engénéral
uneexponentielle,
des transformations(Langlois
1980b) ont été utilisées pour se ramener àune fonction linéaire. Mais une fonction linéaire de la
place
ne tient pascompte
du nombre de concurrentsdans
l’épreuve
et n’élimine pas leproblème
de la2
/
&dquo;Que
le meilleur
gagne&dquo;
Tous les critères
précédents
reposent
surl’attribu-tion d’une &dquo;note&dquo; au classement (ou à son absence) et
d’une &dquo;note&dquo; au niveau de
l’épreuve.
Seulement,
la vraieperformance
du cheval c’estuniquement
d’avoirété
meilleur,
dans uneépreuve
donnée,
que les autreschevaux de la même
épreuve.
Etensuite,
c’est d’avoirété moins bon dans une autre
épreuve
avec d’autresconcurrents, et que ces concurrents eux-mêmes aient
été
vainqueurs
ou vaincus dans d’autresépreuves...
Ce sont cesmultiples comparaisons qui
peuvent
nous fournir une hiérarchie entre les chevaux.Le cheval réalise dans une
épreuve
une &dquo;vraie&dquo;performance physique
que nous ne pouvons mesurer directement comme nous venons de le voir. Cetteper-formance,
suivant le déterminismegénétique
sous-jacent
et le déterminisme des effets de milieuqui
luisont
associés,
suit une certaine loistatistique.
Poursimplifier,
prenons comme loi deprobabilité
des per-formances une loi normale. Autour d’une performan-ce&dquo;moyenne&dquo;
que le cheval estcapable
deréaliser,
etqui dépend
de sa valeurgénétique
ainsi que des effetsenvironnementaux,
il y a d’autresperformances
que le cheval aplus
ou moins de chance de réaliser(figure
1).Au cours d’une
épreuve
chaque
cheval réalise uneperformance,
qui
correspond
à une certaineprobabili-té
d’accomplissement,
le classementqui
en résultedépend
despositions
relatives desperformances
detous les chevaux de
l’épreuve (Henery
1981). C’est cequi
estreprésenté
figure
2 avec uneépreuve
à 3 che-vaux :A, B,
C. Les chevaux A et C ont réalisé uneperformance
supérieure
à leurperformance
moyenne. Laperformance
de A avait 13% de chance de seréali-ser, celle de C 19%. Le cheval B a réalisé une
perfor-mance
légèrement
inférieure à saperformance
moyenne, elle avait 30% de chance de se réaliser. Le résultat de
l’épreuve
est que laperformance
de A estsupérieure
à celle de Cqui
estsupérieure
à celle deB,
le classement est donc Apuis
Cpuis
B. C’est laseule information à
laquelle
on ait réellement accès. On remarquera que, dans cetexemple,
le classementobtenu n’est pas le même que la hiérarchie entre le
niveau de
performance
moyen dechaque
chevalqui
est A meilleur que B meilleur que C. La
probabilité
d’une telleépreuve
est de 0,13 x 0,19 x 0,30 = 0,7%.Pour obtenir le même
classement,
les chevauxpou-vaient réaliser d’autres
performances,
tout enconser-vant la même hiérarchie. La somme des
probabilités
dechaque
combinaison deperformances qui
donne lemême classement donne la
probabilité
du classement. Ainsi onpeut
montrer que, dans notreexemple,
compte
tenu de l’écart moyen entreA,
B etC,
lesgénétiques
neprésente
aucuneoriginalité,
c’est lemême raisonnement que
quand
onpeut
mesurer directement uneperformance qui
suit une loi norma-le. La seulecomplication
intervient dans la résolutiondu
système,
qui
n’est paslinéaire,
et dansl’importan-ce des calculs à effectuer
(intégrales multiples
pour le calcul desprobabilités).
Actuellement les chevaux de concours
hippique
ontété estimés sur 5 années (de 1985 à 1989) ce
qui
représentait
environ 40 000chevaux,
1 300 000départs
dans 33 000épreuves
et 37 000 000 decom-paraisons
des chevaux 2 à 2. L’héritabilité ducarac-tère est de
0,16,
larépétabilité
est de0,29
(Tavernier 1990). La méthode a aussi été testée sur les courses de trot.Chaque
estimation est assortie d’unepréci-sion
qui
dépend
bien sûr du nombred’épreuves
aux-quelles
le cheval aparticipé
mais aussi du nombre departants
dans cesépreuves
(plus
il estélevé,
plus
le nombre decomparaisons
estimportant
et doncplus
laprécision
estgrande),
de laplace
du cheval dansl’épreuve (quand
un cheval est classépremier
ouder-nier on ne connait que des chevaux moins bons ou meilleurs que lui mais pas les
deux,
on est doncmoins
précis),
du niveau de la concurrence (si un che-val est battu parbeaucoup plus
fort que lui ou batbeaucoup plus
faible celan’apporte
que peu derensei-gnements).
4
/ Etude
de
notre
plan
d’expérience :
les
programmes
de course
Disposer
d’une estimation de la valeurgénétique
et
sportive
des chevauxindépendamment
de toutemesure
subjective
du niveau des courses ou des dota-tions nouspermet
dejeter
un oeilcritique
sur cequ’est
notreplan d’expérience :
les programmes decourses et de concours. La corrélation entre le
loga-rithme du
gain
annuel d’un cheval de concourship-pique
et l’estimation de ce cheval àpartir
des seuls classements est de0,75.
La corrélation entre lamoyenne des estimations à
partir
des seuls classe-ments despartants
d’une course de trot et lelogarith-me de la dotation de la course est de
0,58.
Ceschiffres,
heureusementpositifs
et assez forts laissentmalgré
tout soupçonnerquelques
écarts entrerécom-pense et
qualité
du cheval. Notre estimationpermet
de détecter les anomalies et éventuellement de
recti-fier le programme. Mais surtout, elle
permet
d’identi-fier des lotshomogènes.
Cequi
fait lespectacle
d’unprogramme de course, c’est aussi ce
qui
nous permet d’avoir l’estimation laplus précise :
avoir un niveaude concurrents
homogènes
pour une mêmeépreuve.
Et le corollaire à cette
proposition
estqu’il
existe desponts entre les
épreuves :
c’est à dire que les chevauxpuissent
se confronter entre eux pour déterminer réellement leur niveau. Il ne faut pas d’isolatsrépéti-tifs. Et c’est
pourquoi
ce type de calculplutôt
que deservir à calculer a
priori
des résultats de course doitplutôt
permettre
de réaliser des courses dansles-quelles
toutes les combinaisons de classement ont desprobabilités
lesplus identiques possibles.
Conclusion
Raisonneruniquement
sur laperformance
duche-val à
partir
de son classement dans de nombreusesépreuves
sans aucun arbitraire etuniquement
avec descomparaisons
relativespermet
de s’affranchir d’une grosse part desubjectivité
dans la mesure de laqualité
du cheval. Si le choix de ce critère sembleoptimum
dans notre cas, où une mesurephysique
de laperformance
nepeut
êtredéterminée,
il n’a pour l’instantqu’un
traitement desplus
élémentaires auniveau
génétique,
même si celui ci va êtretraité,
dans les moisqui
viennent,
comme un modèleani-mal. Nous
espérons
maintenantpouvoir
affiner notremodèle
génétique.
Cela sera d’autantplus
complexe
que nous allons avoir à raisonner sur la
population
des pur sang (chevaux de course degalop) qui
est unepopulation depuis longtemps
sélectionnée,
sujette
aux
accouplements
raisonnés et surlaquelle
circulentbeaucoup
d’histoires d’effets decomplémentarité
oude
consanguinité.
Références
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