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Le discours des évêques sur l'enseignement religieux en milieu scolaire au Québec

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Academic year: 2021

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(1)

HEl,10IRE PIŒ.::iEH'rE A

ŒJIVERSITE DU QUEB~C A TROIS-RIVIEP~S

COI,jJ'lE EXIGEHCE PARTIELLE

DE LA HAITRISE BS ARTS EN THEOLOGIE

PAR

LOUI~E'l'TE LAlfEUVILLE

LE DISCOURS DES EVEQUES SU.( LI EIISEIGIŒl'ü:;lIT IŒLIGIEUX EU MILIEU SCOLAIHE AU QUEBEC

(2)

Université du Québec à Trois-Rivières

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L’auteur de ce mémoire ou de cette thèse a autorisé l’Université du Québec

à Trois-Rivières à diffuser, à des fins non lucratives, une copie de son

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(3)

(par ordre chronologique d'entrée dans le texte)

AEQ Assemblée des évêques du Québec CCC Conférence catholique canadienne

(épiscopat canadien avant 1976) CECC Conférence des évêques catholiques du Canada

(depuis 1976) OCP Office catéchistique provincial

OCQ Office de catéchèse du Québec (depuis 1971) NEQ Hinistère de l'éducation du Québec

FCSQ Fédération des Commissions scolaires du Québec AQH'ffi Association québécoise des professeurs de morale et

de religion MLQ Houvement laIc québécois

CDLP Commission des droits et libertés de la personne CEQ Centrale de l'enseignement du Québec

(4)

TABLE DES HATIERES

pages

IXTRODUCTION

. .

. . .

QUEBEC: 1950-1970

1.1 Historique du renouveau catéchétigue: les jalons 5

1 • 1 .1 Essor du renouveau 5

1.1.2 L'Office catéchistique provincial et ses réalisations

7

1.1.3 Elaboration des nouveaux manuels de catéchèse. 12 1.1.4 Le Rapport Dumont et l'enseignement religieux 18 1.2 Analyse du discours des évêques sur l'ensei~neTIent religieux

au Québec de 1950 à 1970 1 .2.1

1.2.2

Positions de Principes des Evêques avant 1960 . notions dégagées des discours des évêques • 1.2.2.1

1.2.2.2 1.2.2.3 1.2.2.4

Enseignement catécrristique

Catéchèse . . . . • . . . . Confessionnalité .

Enseignement moral • . . . • Conclusion . •

2. DISCOURS DES EVEQUES DAHS LA PlL.\SE DE CLll.RH'ICATJ.ON E'r DE PRECISIOn

Introduction: Valeurs et limites de la nouvelle catéchèse à l'aube des années "70"

21 21 29 29 35 42

48

53

57 57

(5)

2.1 Interventions qui ont jalonné le discours des évêques

.

.

.

60 2.1.1 L'enquête sur l'orthodoxie des manuels de catéchèse 60

2.1.1.1 2.1.1.2 2.1.1.3

Analyse des contenus au plan doctrinal Enquête auprès des agents d'éducation de la foi . . . . . . . . . . . . Résul ta ts de l',enquête

2.1.2 Voies et impasses et ~es rc~~npé§~ 2.1.3 Le synode de 1977 .

2.1.3.1 2.1.3·2 2.1.3.3

Origines, buts et interventions de l'épis-copat canadien . . . • • • • • • • . • • • • Conclusions du synode • . • • • • . • . . . Exhortation apostolique Cat~che§i tradendae de SS Jean-Paul II en 1979 . • • • • . • . • 60 65 68 68 71 71 75 78 2.2 Ii:volution du discours des évêques sur l'enseignement

reli-gieux au québec • • . 80

2.2.1 Les notions se précisent. 2.2.1.1 2.2.1.2 2.2.1.3 2.2.1.4 Catéchèse Confessionnalité Sciences morales . Projet éducatif . • . . 80 80 91 97 • • 102 Conclusion . •

.

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..

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. .

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. . .

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. . .

108

3. DISCOURS ACTUEL DES EVEQUES SUR L'ENSEIGNEEErrT RELIGIEUX AU

QUEBEC 112

3.1 Les évêq ues face au pro,j et dl,! r-lE_Q._.§..!Le]!.seic;nemen t religieux 112 3.1.1

Du

Livre vert (1977) - au Livre orange (1979

)-au Livre blanc (1982)- à la loi 40 (1983-84 ) . • • • 112 3.1.2 Interventions du Conseil supérieur de l'éducation • . 121 3.1.3 Evaluation de l'enseignement religieux par la

Direction de l'enseignement catholique • 125 3.1.4 Position du Comité catholique du Conseil supérieur

(6)

v

3.1.5 Discours des évêques du Québec sur le projet du ~ŒQ 136

3.2 Les évêques et la mise à jour en enseignencnt religieux scolaire

3.2.1 Nouvelles orientations de l'O.C.Q . •

3.2.2

En

1981, étude de l'orientation, des objectifs gé-néraux et du contenu de l'enseiGnement reliGieux par l'O.C.Q.

. . .

. . . .

.

. .

145 145

147 3.2.3 En 1983, mise à jour par Soeur Raymonde Jauvin 153 3.2.4 Approbation des évêques du Québec

3.3 Les évêques et les milieux éducatifs chrétiens Rôle de l'école en enseigne!!lent religieux 3.3.2 Rôle de la famille en enseiGnement religieux 3.3.3 Rôle de la communauté chrétienne

Conclusion • • • • • • • ' . ' • • • • • Il • • • • • • • •

gONCLUSION ~

.

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. .

.

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. . .

. . . .

.

. . .

.

. .

.

. .

156 159 159 165 169 174 177

(7)

Ce mémoire de recherche se veut un approfondissement du discours des év3ques dans le domaine précis de l'enseignement religieux dans les écoles du Québeo depuis le renouveau catéchétique. Il ne s'agit pas tant ici d'in-terpréter la pensée des évêques, que de suivre avec le plus de clarté p' os-sible son évolution et les tendances profondes qui en découlent à travers leurs interventions écrites.

Nous nous attarderons plus particulièrement aux discours de l'Assem-blée des évêques du Québec (AEQ) et à certains messages de l'épiscopat cana-dien (CCC ou CECC) lorsqu'ils ont des liens étroits avec l'enseignement re-ligieux au Québec. Nous référerons également à quelques lettres pertinentes de l'un ou l'autre évêque francophone.

Cette étude portera proprement sur l'enseignement religieux catholi-que en milieu scolaire public. Elle exclut aussi tout regard sur les activi-tés complémentaires de pastorale scolaire et d'éducation permanente de la foi.

Pour saisir davantage cette évolution du discours des évêques, les

orientations qui s'en dégagent et l'influence exercée par co discours, il

nous faut d'abord regarder de près les différents termes utilisés par les évêques dans leurs écrits, leur signification, leur évolution afin de décou-vrir la pensée sous-jacente qui les guide et qui se répercute dans le vécu scolaire.

(8)

2

En effet, le vocabulaire utilisé tant par les évêques que par les spécialistes de l'enseignement religieux est demeuré confus jusqu'aux an-nées

"80"

où le Comité catholique du Conseil supérieur de l'éducation a dé-fini clairement les mots-clés: catéchèse, ensei~1ement religieux, confes-sionnalité, école catholique, etc.

Si le renouveau catéchétique a pris son point de départ dans la no-tion plus intellectuelle d'instrucno-tion religieuse, il en est venu à voir cet enseignement dans le sens d'une catéchèse, c'est-à-dire d'une éducation de la foi qui fait appel, non plus aux seules facultés de connaissance, mais au vécu et à l'expérience du jeune. Mais le contexte socio-religieux deve-nant plus séculier et davantage politique, le vocabulaire se devait d'uti-liser un terme plus approprié soit celui d'enseignement religieux catholique,

terme qui deviendra officiel dans le milieu scolaire. C'est également ce terme que nous utiliserons plus couraDlllent dans cette étude.

Ainsi, cette recherche essaie de découvrir où en est le discours des évêques après trois décennies, dans le domaine de l'éducation chrétienne à l'école. A cette fin, et tenant compte de l'évolution marquée de ce discours, nous avons divisé notre travail en trois périodes:

- de

1950

à

1970

- de

1970

à

1980

- de

1980

à nos jours

D'abord de

1950

à

1970

Cette période se partagerait en deux étapes. Une première étape, de

1950

à

1960,

fut celle du démarrage du renouveau catéchétique au Québec avec la parution du Nouveau ProgramI!L~ en

1948;

puis la fondation de l'Office ca-téchistique provincial (OCP) en

1952;

et enfin le premier congrès de Saint-Jean-de-Québec en

1961

qui donna l'élan "miracle" à tous les changements

(9)

subséquents. Le deuxième temps, de 1960 à 1970, peut être considéré co~ne l'''âge d'or" du renouveau catéchétique avec l'élaboration des nouveaux ma-nuels pour chaque degré de l 'élémentaire et du secondaire, et cela dans un contexte de profonde mutation du système scolaire lui-même.

De 1970 à 1980

Cette période fut marquée par l'évaluation demandée par les évêques. C'est le temps de l'analyse, de la révision des manuels, de leur contenu, de leur méthode. A cette époque on a voulu faire le point sur tout le r enou-veau mis en place depuis une vingtaine d'années. Ce fut également un temps d'approfondissement des termes et den contenus catéchétiques avec le synode de 1977. De plus, Voies et impasses, avec son projet éducatif scolaire, ap -porte une vision plus globale et plus personnnlisante de l'enseignement re-ligieux à l'école.

De 1980 à nos jours

Enfin, les années "80" amorcent une nouvelle orientation de tout le système d'enseignement au Québec avec le Livre blanc et la loi 40. Ainsi l'en~eignement religieQ~ doit rajuster son tir et se rcsituer dans un ensem-ble plus vaste et davantaGe pluraliste. Les évêques suivent de près ce

pro-jet de réforme scolaire et ils interviennent jUdicieusement,orientant en quelque sorte les débats sur la question confessionnelle. rIais leur inter-ven tion ne s'arrête pas au plrm juridique. Ils demandent à des s pécialis tes de faire une mse à jour de l'enseignement religieux en milieu scolaire. Les conclusions de cette étude seront déterminantes pour les années à venir.

Ajoutons que notre recherche prend, en fait, sa source dans un réel intérêt de notre part pour un clv.lmp d'intervention qui a toujours été objet d'attention et de constante préoccupation de la part des évêques et qui re-vêt la valeur de trait dominant dans l'Eglise du Québec. Avec le temps, cet

(10)

intérêt a pris ln forme d'un questionnement qui se formulerait comme suit: Quelle a été la prise de parole des évêques dans le domaine de l'enseig ne-ment religieux scolaire au Québec? Quel impact a ?roduit leur discours en ce domaine? Quelle est leur argumentation? D'après eux, quelle est la place de l'enseignement religieux à l'école ou quel est le rôle de l'école, de la famille et de la COlrununauté chrétienne dans ce champ précis? Enfin, en quoi leur position ou leur parole rejoint-~lle ou diffère-t-elle du pré-sent projet de réforme du HEQ? Ont-ils un modèle d'école chrétienne à pro-poser dans le système scolaire québécois?

Tel est à nos yeux le sujet que cette étude veut élaborer et les questions auxquelles elle prétend répondre.

(11)

DISCOURS DES EVEQUES ET MOUVEMENT DE RENOUVEAU CATECHETIQUE

AU QUEBEC:

1950-1970

1.1 Historique du renouveau catéchétigue au Québec; les jalons 1.1.1 Essor du renouveau

Le renouveau catéchétique qui s'est répandu dans tout le Canada, a réellement pris naissance au Québec autour des années

"50".

Déjà, on était passé de la méthode déductive à la méthode inductive1, et le 17 dé-cembre 1942, le Comité Catholique du Conseil de l'Instruction publique demande à sa Commission des Programmes et des Manuels de procéder, sans retard, à la révision, à la refonte et à l'amélioration du programme d'é-tudes religieuses des écoles élémentaires du Québec.

Une première tranche parait en 1946 et, en 1948, la publication de ce Nouveau Programme de Religion des Ecoles élémentaires de la Province de Québec marque un tournant décisif dans la transformation de la mentalité

1 Raymond Anet il , Catéchèse québécoise au niveau secondaire: ana-lise critique de sa conception anthropologique, Th~se de doctorat préSën-t e

â

l'Universit' Saint-Paul d'Ottawa, 1981_ L'auteur explique ces deux méthodes.

(12)

catéchétique au Québec ainsi que dans l'orientation de notre pédagogie. Son esprit est nouveau et il devient l'instrument de base de tout effort d'adaptation. S'inspirant de la perspective donnée par Soeur St-Ladislas, SASV, dans Aux Petits du Royaume, sa démarche entre de plain-pied dans la méthode active et inductive en expansion à cette époque. Ce Nouveau Pro-gramme, édition de 1959, réaffirme clairement cette perspective:

L'enseignement religieux doit tenir compte du processus de connaissance de l'enfant. Or l'enfant connaît et comprend à partir du concret. C'est là la manière la plus commune de parvenir à la vérité.

La

loi de l'induction exige que le maître par-coure avec l'enfant les trois stades de la connais-sance: sensible, intellectuelle et surnaturelle, en commençant par le concret.

Si le catéchiste ne respecte pas ce mode de con-naissance et ne présente, d'abord, que des formules doctrinales abstraites, il s'expose à n'obtenir qu'un savoir verbal, des idées incomprises et sans réfé-rence à la vie. 2

6

Le Nouveau Programme de 1948, vise avant tout la formation chrétienne de l'enfant. Selon Mgr Joseph-Arthur Papineau, il propose une doctrine et une méthode capables de susciter un enseignement éducatif, concentrique, surnaturel, unifié et adapté. 3

La parution du Catéchisme Catholique, le 26 juillet 1951, se veut un effort de simplification de l'ancien: le Catéchisme des Provinces ecclé-siastiques de Montréal, Québec, Ottawa, Sherbrooke et Rimouski, qui exis-tait depuis 1888. Il est présenté comme la mise en application de ce

2 Office Catichistique Provincial, Educateurs de là foi.(Héthodolo-gie 1. Commentaire du Programme de Religion des Ecole. 'l'mentaire. de la Province de Québec), Fides, Ottawa,

1962,

p.

35.

3

Mgr Joseph-Arthur Papineau, Le prêtre et l'enseignement catéchis-tique, Office çatéchistique diocésain, Joliette,

1954.

pp. 16-20.

(13)

Nouveau Programme de religion et se présente comme le quatrième manuel na-tional de catéchisme des Canadiens français, i.e. après le catéchisme de Ngr St-Vallier, celui de Sens et de Baltimore.

Ce Catéclusme manifeste des tentatives de renouveau doctrinal, moral et pédagogique. La doctrine y est plus complète. Il met en ordre, en les unifiant, les cinq matières se rattachant à l'enseignement religieux~ l'E-criture Sainte, le Catéchisme, les Prières, ln Litureie, la Formation mo-rale.

4

L'aspect communautaire de ,l'Eglise est davantage mis en relief. La vie surnaturelle y est mieux centrée sur le mystère du chrétien.

5

Ainsi donc, le Catéchisme Catholique, comme ceux qui l'ont précédé, a répondu assez heureusement à un besoin au temps où les valeurs chrétiennes se transmettaient surtout par la vie familiale et la vie paroissiale. Si le catéchisme fait à l'école visait surtout une instruction, la vie quoti-dienne pouvait garantir une véritable formation religieuse. 6

1.1.2 L'Office Catéchistique Provincial et ses réalisations

Parmi les nombreux facteurs qui ont contribué au renouvellement de l'enseignement religieux au Québec, il faut mentionner l'Office Catéchis-tique Provincial (O.C.P.). En effet, en 1952, l'Assemblée des Evêques du Québec 7 (A.E.Q.) crée l'O.C.P,. le reconnaissant comme un organisme de

con-5

Réginald Marsolais, "D'hier

à

aujourd'hui. Trois décennies de ca-dans Le Souffle, no 49, oct. 1974, p. 65.

Raymond Ancti1, op. cit., p. 79.

Il

6 Marcel Caron, "Quelques pages d'histoire , dans Le Souffle, no ~2, juin 1970, p. 3.

~ L'Assemblée des Evêques du Québec est devenue Conférence épiscopa-le en 1973. Cependant, un secrétariat permanent existait depuis 1966. De 1851

a

1886, les évêques du Québec avaient l'habitude de se réunir d'abord en Con-ciles pléniers, puis

a

travers le Comité Catholique du Département de l'Ins-truction Publique qui, longtemps, comprenait tous les évêques du Québec.

(14)

8

sultation et d'exécution de la Commission épiscopale de l'enseignement re-ligieux. Ils confient à Mgr Gérard-Marie Coderre (Saint-Jean-de-Québec) le soin d'organiser cet Office.

La première péoccupation de l'O.C.P. est de conserver un lien étroit avec l'épiscopat. Noua savons que les évêques sont les premiers ma1tres de l'enseignement religieux datw l'Eglise. Ce droit est consta~ment remis en lumière partout dans le monde par les Souverains Pontifes. A l'occasion de la canonisation de Pie X. le Pape Pie XII rappelait aux Cardinaux et aux ETêques:

C'est aux Apôtres et

à

leurs successeurs que le Christ a confié la Vérité qu'il portait du ciel. A côté du Pape et des Evêques. il n'y a donc pas dans l'Eglise d'autres maltres de droit divin. Tout autre qui est appelé à enseigner le fait non en son nom propre ni a~ titre de la science théologique, mais en vertu d'une mission reçue du Magistère.

8

Pourtant, par un Décret de la Sacrée Congrégation du Concile daté du l2 janvier 1935, une invitation avait été lancée aux évêques pour orga-niser des Offices catéchistiques diocésains:

Les Ordinaires locaux fonderont. ai poosible, un Office qui, sous la direction de l'Ordinaire 1ui-mêmel régira toute l'organisation catéchistique du diocèse ( ••• ). Chaque année, les Ordinaires ne man-queront pas de désigner les prêtres-inspecteurs char-gés de visiter tous les cours d'enseignement religieux du diocèse; ( ••• ) d'organiser chaque année une série de conferences spéciales sur le religion, afin de com-plAter et de parfaire les connaissances de ceux qui enseignent la doctrine chrétienne. 9

8

Robert Gaudet, "L'Office Catéchistique Provincial", dans Commu-nauté Ohrétienne, vol. 1, no ~. septembre-octobre 1962, p. 346.

9 Réginald Marsolais, "D'hier A aujourd'hui. Trois décennies de catéchase au QU'bec", dans Le Souffie, no 49, oct. 1974. p. 64.

(15)

Ce n'est qu'en 1945 que cette directive est mise en application au Québec pour la première fois. En effet, Mgr Joseph-Arthur Papineau fonde, par les Décrets

54

et 261 du Premier Synode diocésain de Joliette,~·un

oi-o fice catéchistique et nomme son premier Directeur: M. l'abbé Gérard Coder-re. Il nomme également l'abbé Robert Gaudet Visiteur ecclésiastique de son diocèse. 10

Et en 1960, huit diocèses du Québec avaient leur Office diocésain. Cinq ans après sa fondation, l'Assemblée des Evêques du Québec dote l'O.C.P. de son premier secrétaire permanent en la personne de l'abbé Robert Gaudet ex-directeur de l'Office cat'Qb~t1qu. de ~oli.~t ••

De 1955 à 1965, pendant la révolution tran,.ille qui

.e

vit au Qui-bec, de nombreuses réalisations et initiatives de l'O.C.P. sont

à

signaler. Mentionnons qu'à cette époqùe, l'O.C.P. 8e compose de trois membres perma-nents et de plusieurs équipes de travail qui se réunissent périodiquement.

t

l Voici quelques réalisations:

• Il élabore des programmes pour les Ecoles normales, les Instituts (amiliaux, les Collèges classiques.

• Il

publ~8 ~ manuel de pédagogie pour la formation des futurs caté-Qhi.t •• , Educateurs de la Foi, O.C.P., 1962; des fiches destinées aux ma1-tresl des feuillets pour le prêtre-catéchiste.

10 Il faut souligner ici l'effort précieux de ces pionniers du re-nouveau catéChistique au Québec qui a, sans nul doute, commencé dans le dio-cèse de Joliette. Comme nous l'avons mentionné plus haut, Mgr G.-M. Coderre fut à l'origine de l'O.C.P. en 1952 et l'abbé R. Gaudet deviendra le pre-mier secrétaire permanent en 1957. De plus, R. Marsolais, directeur diocé-sain de l'enseignement religieux à Joliette, remp acera l'abbé R. Gaudet en 1963-64 à l'O.C.P.

(16)

10

• En

1961,

il réunit ~ St-Jean un groupe de

60

spécialistes québécois pour faire le point sur l'état du renouveau catéchétique au Québec. Les congressistes terminent leur rencontre en souhaitant, ~ l'unanimité, que les conclusions du Congrès international

d'Eichst~tt

(Allemagne) de

1960

12 servent de principes directeurs ~ tout effort catéchétique au Québec; ils émettent le voeu que l'O.C.P. recrute, au plus tôt, une équipe permanente de spécialistes qui, libérés de toute autre tâche, travaillent à plein

tempe~ la réalisation des voeux de ce congrès:

- la rénovation du programme d'enseignement religieux du cours élé-mentaire;

- le rajeunissement du programme d'enseignement religieux du cours secondaire public;

- la rédaction de manuels pour les élèves, les mattres et les parents.

• De plus, des centaines d'éducateurs religieux, laIes et prêtres fré-quentent, à temps complet ou à temps partiel, ici ou en Europe, des cours de pédag0gie cat4chétique de niveau universitaire.

• Dès

1955,

la Faculté de théologie de l'Université de Montréal met sur pied son Institut de Sciences religieuses et, en 1962, c'est au tour de l'Université Laval de créer son Institut de Catéchèse. Ces deux centres de formation accueillent chaque année de nombreux candidats aux diplômes et aux licences d'enseignement religieux. A l'occasion des cours d'été, les campus se peuplent de centaines sinon de milliers d'étudiants en

caté-12 de base,

(17)

retrou-ch~se. Le P~re Norbert Fournier peut ~crire au cours de l'ann~e scolaire 1965-66:

Grâce aux 600 canadiens qui ont poursuivi au moins une année d'études en cat,~chèse et aux

4,000

~ducateurs ( ••• ) qui ont participé

b

des sessions d'un mois sur les principes de la ca-téch~se, les idées nouvelles Bur la catéchèse font rapidement leur chemin ~t atteignent un public toujours plus grand.

1;

• En

1960,

l'O.C.P. publie Le Recueil biblique, contenant les pr in-cipaux textes de l'A.T. que l'on pouvait mettre en relation avec la doc-trine du catéchisme.

14

Un autre son de cloche se fait entendre. L'Assemblée des Evêques du Québec est de plus en plus interpellée par les "signes des temps". En plus des congrès. des résolutions, des réunions, il y a la voix de l'opi-nion publique qui crie ses plaintes au sujet du catéchisme traditionnel. Marthe Henripin, s'interrogeant sur ce que les enfants devront plus tard rejeter, plaide en faveur d'un catéchisme engendrant des "espérants" et non des "légalistes" remplis de suffisance. De fait, elle prône une

ré-15 forme en profondeur.

De même, ~~rce1 Caron, décrivant la situation des années

"60",

dit: Il ne s'agit pas de nier les efforts du passé,

mais après des années de catéchisme fait aux enfanta, on pourrait décrire la situation en empruntant les termes du Père Jungmann décrivant la situation en Allemagne une vingtaine d'années auparavant: "La plupart des gens connaissent tous les sacrements depuis le Baptême jusqu'au Mariage; non seulement

13 Norbert Fournier, c.s.v.,

"Le

mouvement catéchétique s'inte rro-ge", dans Entre nous catéch~tes, bulletin de liaison publié par l'Office catéchistique provincial, no 12, 1966, p. 1.

14

15

Marcel Cnron, op. cit., p.

3.

(18)

1.1.3

la figure du Christ, mais celle de Marie, de Pierre et Paul, d'Adam et d'Eve et beau-coup d'autres leur sont familières. Ils sont suffisamment instruits des commandements de Dieu et de l'Eglise. Mais ce qui manque aux fidèles, c'est le sens de l'unité, une vue d'ensemble, une certaine compréhension du mer-veilleux message de la grâce divine. De la doctrine chrétienne, ils ne retiennent qu'une énumération de dogmes et de préceptes moraux, de menaces et de promesses, d'usages et de rites, de tâches et de devoirs, imposén aux malheureux catholiques, tandis que le non-catholique jouit de liberté. 16

Elaboration des nouveaux manuels de L. _ catéchèse _

Comme on le voit, un malaise profond grandissait tant du côté des 12

élèves que des professeurs, et les parents désiraient une instruction re-nouvelée pour leurs enfants. De plus, le long effort de pensée qui a'o pé-rait en Europe depuis cinquante ans pour renouveler l'enseignement reli-gieux, commençait à se faire sentir chez-nous. C'est ainsi qu'en 1962, l'Assemblée des Evêques du Québec confie à une équipe de catéchistes di-plômés la tâche de rédiger de nouveaux manuels de catéchèse pour les en-fants de l'élémentaire. Cette équipe travaillera, bien entendu, dans le cadre de l'O.C.P. En mai 1962, la Commission épiscopale d'enseignement religieux nomme trois prêtres: Réginald Marsolais de Joliette, Marcel Caron de Ste-Anne-de-la-Pocatière, Jean-Paul Bérubé de Rimouski, tous di-plômés des Instituts de Catéchèse de Paris ou de Bruxelles, pour commencer le travail de rénovation des manuels de catéchèse. Au rythme d'une se-maine par mois, ils se réunissent pendant un an, cherchant des orienta-tions, évaluant des manuels étrangers et consultant des personnalités

(19)

susceptibles d'apporter une inspiration valable. Entre autre, le Père Van Caster, professeur à Lumen Vitae a souligné l'importance des quatre sources de la catéch~ee: la Bible, la Liturgie, les témoignages anciens de la vie chrétienne et l'enseignement doctrinal. De son côté, le Père Norbert Fournier propose la formation d'une équipe de consultation qui permettrait de faire connaître les points de vue des spécialistes des di-verses disciplines: exégèse, psychologie, sociologie, théologie,

péda-. 17 gog~e.

L'année suivante, en mai 1963, au Congrès provincial tenu à Québec et regroupant quelque 900 personnes, l'équipe de rédaction faisait con-naître l'état du travail accompli et enquêtait sur Itâge le plue favorable pour initier l'enfant à la vie sacramentaire.

Durant l'année 1963-64, l'équipe expérimente son programme de cat é-chèse dans une quinzaine de classes pilotes réparties dans toute la pro-vince. Puie, en septembre 1964, Viens vers le Père, catéchisme d'initia-tion chrétienne des enfants de 6-7 ans, fait solennellement son entrée dans les écoles publiques du Québec. Dans toutes les communautés parois-siales du Québec, le premier dimanche de septembre, on y lit une brève circulaire signée par les Evêques du Québec aIUlOnçant la publication de Viens vers le Père. 18

Cette publication marque le début d'une nouvelle étape: le passage

17

Marcel Caron, op. oit., p.

4.

(20)

14 du code doctrinal unique en vigueur depuis 1888 (le Catéohisme des Provin-ces ecclésiastiques de Québec, Montréal, Ottawa, Shérbrooke et Rimouski et son rajeunissement publié en 1951 soua le titre de Catéchisme ca tho-ligue)aux instruments de catéchèse multiples et appropriés aux âges psy-chologiques de l'enfant. 19

Ainsi, le processus de renouvellement de tous les catéchismes de l'élémentaire était en marche. En septembre 1964, dans toutes les écoles de la province de Québec, la catéchèse de première année était renouvelée avec Viens vera

10

Père. Elle poursuivait oomme but l'initiation au sens de Dieu avec une insistance sur la présentation distincte des trois per-sonnes divines, une initiation à la prière et à la formation morale. 20 Puis, suivirent de près les nouveaux manuels de deuxième année Célébrons ses Merveilles; de troisième année Rassemblés dans l'Amour; de quatrième année Nous avons vu le Seigneur, de cinquième année Préparer la Terre Nou-velle; de sixième année Selon ta Promesse, fais-moi Vivre; de telle sorte, qu'avec l'année 1969, tout l'élémentaire avait sa catéchèse renouvelée.

D'autre part, l'O.C.P. avait pour mission de voir à l'adaptation ou à la révision des manuels à tous les trois ans. Ainsi, en 1969, on avait déjà revisé les manuels de première et de deuxième années.

19

Marcel Caron, op. cit., p. 4.

20 Plus d'un québécois a accueilli ce nouveau manuel comm

T

un cou~ rant d'air frais dans notre Eglise. Le changement de mentalité qu il sup-pose, encore plus que le renouvellement de la méthode catéchétique, sem-ble amorcer un approfondissement de l'esprit chrétien qui transformera non seulement les enfants, mais les parents, les professeurs, le clergé. Parti-ciper à'cette entreprise de catéchèse amanera une profonde conversion de l'esprit et du coeur. La famille et la paroisse sont appelées à collaborer avec l'école afin d'assurer chez l'enfant un éveil de la foi qui prenne ea source dans une expérience spirituelle authentique.

Q!.

J.-Paul Labelle, s.j., dans Relations, no 305, septembre

1964,

p. 270.

(21)

Pendant ce temps qu'advient-il du renouveau catéchétique au secon-daire?

Si le 15 août 1951, l'Assemblée des Evêques de la province de Québec approuve l'édition canadienne du Catéchisme Catholique pour les classes du troisième au septième degr~primaires, les manuels de la Collection Témoins du Christ sont également mis en vigueur en 1952 par les Evêques du Québec, pour le secondaire, et cela pour une bonne décennie. Ils vien-nent remplacer Le Catéchisme expliqué de Mgr E. Cauly, (1911 et 1924). De fait, cette nouvelle collection arrive au moment où le mouvement ca té-chétique passe de la catéchèse doctrinale à la catéchèse kérygmatique.21

Cette série est préférée aux autres collections Fils de Lundère et Edition de l'Ecole en vertu de sa doctrine sÜre et complète, en vertu de sa "méthode progressive, vivante, positive et dynamique" et en vertu de "l'heureuse continuité qu'elle offre au programme de septième année, basé sur les centres

d'intér~ts."

22. Les droits à'auteurs dé cette colleëtibn ayant été ache'tés par l'Assemblée épiscopale de la province de Québec, on élabore une édition strictement canadienne de Témoins du Christ.

Ces manuels ont aussi la préoccupation de partir de la vie de l'ado-lescent, de son expérience, de ses ressources et veulent s'adresser à toutes ses facultés. Ils entrent donc à plein dans la méthode "inductive ou synthétiquel1 en même temps qu'''historique et évangélique". C'est le "voir, juger, agir" de l'Action catholique de l'époque.

21 Marcel Van Caster, "Trente ans de Catéchèse à Lumen Vitae", dans Lumen Vitae, vol. 25, no 100, octobre 1954, p. 25.

22 Mgr Joseph-Arthur Papineau, Le prêtre et l'enseignement caté-chistique, op. cit., p. 25.

(22)

16 Ainsi, l'enseignement religieux au secondaire a constamment cherché à s'adapter. Avec le mouvement de renouveau catéchétique des années 1160", il est également entré dans la ronde de rénovation des manuels et de sa pédagogie. L'O.C.P. se met à l'oeuvre. Après enquête, on croit qu'une pédagogie de "synthèse historique" contenue dans les manuels Témoins du Christ, ne rejoint plus le jeune de

14-18

ans. On en arri·ve donc à éla-borer une pédagogie de type expérientiel ou existentiel, plus analytique que synthétique et qui rejoint davantage le jeune adolescent. C'est ainsi qu'en 1966 Regard Neuf Sur Un J.10nde Nouveau fait son apparition et devient le &ossier catéchétique par excellence pour les classes de septième année. Et l'année suivante, en

1967,

un deuxième tome de cette série Regard Neuf Sur La Vie est complété et s'adresse aux jeunes de huitième année.

L'engrenage du renouveau au Secondaire est en marche. En mai

1968,

"l'Assemblée épiscopale du Québec présente au Comité Catholique du Conseil supérieur de l'Education un nouveau programme pour l'enseignement religieux dans les classes du Secondaire." 23 Sans l'exprimer explicitement, le Nouveau Programme invitait les rédacteurs des futurs manuels à s'engager dans la voie dite "anthropologique".

Il est bien évident que l'avènement de ce Nouveau Programm~ constitue un événement important dans l'histoire du mouvement catéchétique québécois, d'autant plus que pour les étudiants du deuxième cycle du secondaire, il est purement de fabrication québécoise. Il s'agit de Un Sens Au Voyage,

23 Jean-Guy Myre. "Un nouveau programme d'enseignement religieux pour les adolescents de 14-17 ans", dans Le Souffle, nos 24-25, été 1968, p.

50.

(23)

en trois parties pour Secondaire III qui paralt en

1968;

de La Force Des Renoontres, première partie pour Secondaire IV eu

1970

suivie de sa deuxiè-me partie en

1971

Faire La V~r1t~. Quant au programme de Secondaire V, autour des thèlnes: l'engagement dans la société, les visages de Dieu, la solidarité, il parait en

1972

et se concrétisera plus tard dans le ma-nuel Des Rues Et Des Hommes. Par la suite, chacun des programmes des Secondaires l, II, III est revisé. Le processus de revision sera com-pIété en

1978.

Quel fut l'impact de tout ce renouvellement? Ce n'est pas du jour au lendemain que change la mentalité d'un peuple. Marcel Caron écrit en

juin

1970:

La nouvelle catéchèse proposée à partir de

1964

dans toutes les écoles du Québec a provoqué un certain remous. Si beaucoup de gens, surtout des parents, mais aussi des prêtres et quelques maltres, souhaitaient un renouvellement, bien d'autres ont été pris au dépourvu. Un immense travail d'animation était nécessaire.

24

C'est ainsi que des rencontres individuelles ou de groupes, sessions d'été, de fins de semaine et cours d'animation pour professeurs, prêtres, parents ou autres, de même que la publication de thèmes doctrinaux selon les caté-chèses de première et deuxième années ont vu le jour et ont particuli"re-ment soutenu et aidé ce travail gigantesque de renouveau au Québec. A leur Assemblée plénière des

12-13

février

1969,

les Evêques de la province de Québec n'ont pas manqué de souligner l'important travail accompli par l'O.C.P. :

Au chapitre de l'enseignement religieux a été sou-ligné l'important travail accompli par l'O.C.P. Cet Office, qui comprend une équipe de

32

personnes, a déjà produit des instruments parmi les meilleurs au monde et ses manuels ont été adoptés par plusieurs paya. Il se

(24)

tient à jour dans la recherche, dans l'approfon-dissement doctrinal et se conserve des relations continuelles avec les parents, les catéchètes, pour opérer une constante mise à jour des méthodes de pédagogie de la foi. 25

1.1 .4 Le Rapport Dumont êt l' enseig.nement .J:'.e;t~g;teu.x

18

Il faut noter aussi l'apport de la Commission Dumont dans le renou-veau catéchétique au Québec. Soulignons au préalable, que la "Commission d'Etude sur les La!cs et l'Eglise" a été créée le 22 avril 1966 par la

c.e.e.,

secteur français. Guy Bourgeault affirme que le motif premier des évêques du Canada portait sur la crise de l'Action Catholique.

D'ailleurs, le premier nom qu'on lui assigna le prouve bien: "Commission d'étude sur la participation des lafos à la mission de l'Eglise et sur l'avenir de l'Aotion Catholique". Toutefois, les évêques avaient, en plus, oomme motifs de découvrir les préoccupations des clercs et des laIes dans l'Eglise, les changements qui affectent notre société et les lende-mains à donner à Vatican

II.

Si les évêques canadiens avaient envisagé comme champ d'enquête toute l'Eglise canadienne-française, la Commission, elle, ne s'est intéressée qu'à l'Eglise du Québec, étant donné les situations trop différentes au

26 Québec et dans les autres communautés francophones catholiques du Canada.

25

Jean-Guy Hamelin, secrétaire de l'épiscopat du Québec, "Réunion des Evêques de la Province de Québec", dans L'Eglise Canadienne, vol. 2, no

3,

mars

1969,

p.

93.

26

Guy Bourgeault, "L'Eglise du Québec selon le Rapport Dumont", dans Relations, no

367,

janvier

1972,

pp.

3-5.

(25)

Le chapitre IV du Rapport Dumont sur "L'éducation chrétiemle à l'é-cole et son avenir" n'apporte pas de position claire et précise sur l' en-seignement religieux à l'école. D'aucuns diront que le Rapport est très peu loquace en ce domaine et qu'ils regrettent une position plutôt "floue" sur la question de la confessionnalité par exemple. Par contre, Paul Tremblay souligne que le Rapport situe l'éducation chrétienne à l'école dans un contexte plus global.

Le rapport parle d'une vérité à découvrir, . à faire. Au fond, c'est la conception biblique de la vérité qU'il propose. Une petite phrase de la conclusion le dit clairement; elle pourrait résumer pour ainsi dire tout le Rapport: '-La vérité biblique de la Parole de Dieu, c'est d'abord la vérité du geste qui crée, qui libère, ressuscite.'" .

C'est pourquoi nous ne pourrons "faire la vé-rité" sur notre action catéchétique sallS participer étroitement à la vérification qui est ~roposée à toute notre Eglise par ce Rapport ( ••• ).L'action catéchétique ne pourra trouver tout son seus et sa vérité que dans le contexte d'une Eglise, lieu de service et de fraternité. 27

En relisant le Rapport aUjourd'hui, il me semble découvrir oertaines réflexions d'all~re prophétique que l'Eglise et les chrétiens du temps n'ont pas réussi à mettre en avant. Par exemple, il est dit à la page 184:

Au moment où l'effort de chacun est nécessaire pour assurer le projet éducatif de toute une société, les chrétiens ne peuvent se limiter à adapter le catéchis-me ou la pastorale au milieu scolaire: ils doivent participer activement au changement, en collaboration avec toutes les autres personnes qui oeuvrent dans le monde de l'éducation. (par. 3)

Toutes les interventions ou à p~u près s'entendent pour reconna!tre que, dans le contexte québécois,

27 Paul Tremblay, "D'abord la vérité du geste qui libère", dans Le Souffle, no

38,

janvier 1972, p. 2.

(26)

20 l'école doit tenir compte du fait chrétien et qu'elle

n une p3rt à apporter dans l'éducation religieuse des jeunes, mais là s'arrête pratiquement le consensus. Sur les modes ou les formes que peut prendre cette

con-tribution de l'école, les avis sont très divers ( .•• ) 28 Où en sommes-nous 3ctuellement duns notre col13boration avec touten les autres personnes qui oeuvrent dans le monde de l'ôducntion? Et sur les modes et les formes que doit prendre l'école pour tenir compte du fnit chrétien, des démarches ont-elles été entreprises?

Plus encore, le Rapport dit à la page 18'7:

Il n'est pas question de supprimer, au secondaire, l'en-seiGnement de type catéchétique, mais il devrai t, ~1 notre avis, évoluer le plus rapidement possible vers des formes neuves: au lieu de cours périodiques, il v3udrait mieux organiser, à quelques reprises en cours d'année, des sessions de formation chrétienne. En plus de mieux adapter ainsi l'enseignement à la psychologie des adolescents, on doit favoriser la form~tion d'é-quipes mobiles de catéchètes et de chrdtiens adultes aptes à faire communiquer les plus jeunes avec la vie de la grande commun3uté chrétienne. Insistons: i l y a là une tâche urgente; n'attendons pns que d3ns que l-ques années, une défense formelle des modalités actue l-les nous laisse démunis devant une crise de l'ens eigne-ment religieux plus aiguM encore que celle que nous connaissons. (par. 3)28

Sans doute des essais ont été faits, quelques mouvements de jeunos ont surgi, maie l'éducation de la foi de nos jeunes est-elle ù la hauase et adaptée à cette clientèle née pendant la révolution tranquille ?

Reste la question qui demeure actuelle en 1903s "Le qualificatif 'confessionnel' signifie-t-il encore quelque chooo?" (p. 192, pnr. 4) Pour la Commission il s'agit de promouvoir la qualité de l'éducation

chrétienne à l'école, quoique cette question fasse actuellement l'objet de nombreuses études .•• Pourtant, la discussion autour ùe la confe

ssion-28 Commission d'étude sur

(27)

héri-nalité est toujours plus vivante. Avons-nous trop attendu pour la prendre vraiment en charge et y trouver des formes et des modes de présence?

.En quelque sorte, le Rapport Dumont situe la question de l'enseigne -ment religieux à l'école dans un contexte d'éducation permanente, ce que le Rapport Faure reprendra plus clairement en 1973.

Voilà, en bref, vingt années de labeur, de bouleversement, de ren ou-veau dans le domaine de l'enseignement religieux au Québec.

1.2 Analyse des discours des évêques sur l'enseignement religieux au Québec de 1950 à 1970:

Cette brève fresque historique du renouveau catéchistique au Québec situe l'apport des évêques au niveau des agirs plutôt qu'à celui de la pa-role. En effet, ils ont été à la source de beaucoup d'initiatives en ce domaine et quelques-tins ont été des pionniers ou des collaborateurs infa-tigables, tels Hgr Joseph-Arthur Papineau et l-igr Gérard-Narie Coderre. Leurs discours se font rares au début du renouveau. Leur tactique semble se traduire ainsi: agissons d'abord, nous verrons les résultats, puis en-suite nous parlerons ••. Ce n'est donc qu'en 1958, que nous retrouvons leur première lettre collective: Le Prêtre et l'enseignement du catéchisme.

Avant d'analyser le vocabulaire utilisé pour en dégager les termes principaux, faisons quelques constatations sur les principes de base qui semblent sous-tendre le discours épiscopal dans les années 1950. Etant donné l'absence de parole tant individuelle que collective, nous référons aux mandements et aux écrits synodaux de certains diocèses.

(28)

22

Premi~re constatation:

A cette époque

(1950-60),

il semble que l'éducation et l'éducation chrétienne vont de pair. Ces deux notions Bont indissociables l'une de l'autre: la "Religion" est la preml~re matière au programme et elle doit imprégner toutes les matières profanes. Ceci est unique au monde. Les Décrets du deuxième synode de Trois-Rivières en

1951

de même que ceux du premier synode de Nicolet en

1950

notent les devoirs des maîtres à peu près dans les mêmes termes'

Les instituteurs et institutrices sont tenus en justice et en charité de donner avant tout à leurs élèves une solide instruction religieuse et d'orienter tout leur enseignement vers la for-mation chrétienne. Ils sont également tenus en

justice d'enseigner à leurs élèves les sciences profanes du programme scolaire. 29

De son côté, le Cardinal Paul-Emile Léger s'adresse dans le même sens au Congrès des Instituteurs catholiques du Québec, le 2 juillet 1953:

La mission du maître chrétien déborde les murs de l'école et son travail ne consiste pas unique-ment à parcourir un programme qui conduit aux examens. Collaborateur de l'Eglise, il doit coopérer à sa volonté de pénétrer d'esprit chré-tien tous les domaines de l'activité humaine. 30

S'adressant cette fois aux membres de l'ACELF, le

10

août de la même année, il déclare:

Un programme d'études qui ignorerait la destinée humaine ou qui ne fournirait pas à ceux qui le suivent les éléments 'nécessaires pour formuler une réponse à la question que doit se poser tout homme sur le sens de sa présence sur cette planète, serait un programme incomplet pour ne pas dire dangereux. 31

29 Deuxième Synode du Diocèse de Trois-Rivi&res, Décret no 400.

30

Mandemehts des Evêguea de Montréal, Tome 24, p.

1779.

(29)

Le but de l'éducation chrétienne dans le monde

d'aujourd'hui, c'est de former des hommes qui soient à même de s'engager dans tous les domaines de la vie

publique et privée. 32

Dans une allocution prononcée à l'occasion du 25e anniversaire de

l'Externat Sainte-Croix, le 8 décembre 1955, le Cardinal Léger rappelle

cet extrait de l'encyclique Divini illius Magistri de Pie XI en 1929: Depuis que Dieu a' est révélé dana son ]'i18 unique, qui seul est la voie, la vérité et la vie (Jn 14, 6), il

ne peut y avoir d'éducation compl~te et parfaite en

dehors de l'éducation chrétienne.33

Lorsque 1'on parle d'éducation chrétienne propremen't di te, il est

clair également qu'elle englobe toute la formation du jeune:

E'ondement nécessaire de toute vie que l'on veut irré-prochable, l'éducation chrétienne est la source de l'accomplissement consciencieux des devoirs envers Dieu et envers le prochain. Eduquer chrétiennement,

c'est former petit à petit une Ame pour le bien.34 Deuxième constatation:

L'Eglise n, en cee années, un pouvoir quaai absolu Bur l'éducation.

Se réfornn't

n l

a même encyclique de Pie XI sur l'Eùucation chrétierme de

la Jeunesse, le Cardinal Léger redit aux instituteurs et aux institutrices catholiques du Québec que c'est à un double titre que l'Eglise a plein

pouvoir sur l'éducation: à cause de sa missio~~~~ieAante auprès de tous

les hommes, mission reçue de Jésus-Christ Lui-même: "allez, enseignez

toutes les nations ..• " (Nt 28, 18-30). Ici, l'autorité doctrinale et

disciplinaire de l'Eglise est totale et est de droit divin. ~~is

32 ~., p. 1812.

33 ~ •• Tome

27.

p. 3605.

(30)

24

l'Eglise possède une autre autorité: une maternité spirituelle à l'égard de tous les baptisés, c'est son autorité pastorale. Après les avoir en-gendrés à la grâce, elle a le devoir de les nourrir et de les élever par ses enseignements. 35

En outre, c'est un droit inaliénable de l'Eglise et en même temps un devoir dont elle ne peut se dispenser, de veiller sur l'éducation de ses fils, les fidèles, en quelque institution que ce soit, publique ou privée, non seulement pour ce qui re-garde l'enseignement religieux qu'on y donne, mais aussi pour toute autre matière ou organisation d'enseignement, dans la mesure où ils ont rapport à la religion et à la morale. 36

Le maître chrétien doit accomplir sa noble tâche en union avec l'Eglise. Séparé d'elle, il ne pourra pas agir sur la conscience des enfants qui lui sont confiés, et il perdrait vite le sens des valeurs spirituelles. 37

Troisième constatation:

C'est le rôle primordial du prêtre dans l'enseignement religieux à l'école. En 1954, Mgr Joseph-Arthur Papineau, évêque de Joliette, par l'intermédiaire de son visiteur ecclésiastique, M. l'abbé Robert Gaudet, adresse une longue lettre aux prêtres de son diocèse sur Le prêtre et l'enseignement catéchistique. S'appuyant sur le Code de Droit Canonique, il rappelle aux prêtres leur grave devoir de "distribuer la doctrine évan-gélique aux enfants." De toute évidence, l'enseignement religieux dane les écoles est sous la responsabilité directe du pr3tre:

35 teurs et 1953, p. 36 vol. 15, 37

Lettres Pastorales de Montréal, Tome 24,"Allocution aux Inatitu-Institutrices catholiques de la Province de Québec", 2 juillet 1774.

Pie XI Divini illius Magistri, cf. Documentation Catholique, nos 507-508, 15 et 22 t'vrier 1930:-Tome 23. p. 394.

(31)

Aux cur~s. le Droit Canonique impose une obligation

grave de justice directe, otest-~-dire une

obliga-tion de charge d'Ame immédiate découlant de leur devoir d'état d'enseigner personnellement le

caté-chisme. (Canon 467, ad. 1, 1331)

Si le curé est légitimement empêché de faire

lui-même le catéchisme "si legitime Bit impeditus" (canon 1333), il peut et doi-t demander le concours

d'auxiliaires pour s'acquitter de sa tAche.

Âux vicaires coopérateurs incombe l'obligation de

s'acquitter de leur devoir catéchistique, non comme

chargés d'âmes, mais à cause de la mission reçue

à cet effet. (canon 476) 38

De toute évidence, à cette époque, l'enseignement religieux dans les

écoles es-t sous la responsabilité directe du prêtre. Il se doit de visiter

chaque classe six fois par année et dans les classes de cinquième en mon-tant, y donner un minimum de 35 heures de catéchisme par année. De plus

il doit préparer soigneusement ses leçons en s'efforçant d'en dégager l'esprit théologique:

Le prêtre-catéchiste doit suivre le même programme et la même répartition que le maître de religion. Il laissera au maître le soin d'expliquer tous les détails de chaque leçon en s'efforçant lui~même de

dégager l'esprit théologique du programme de la

se-maine en cours et d'en tirer les conclusions immé-diatement pratiques pour les enfants auxquels il

s'adresse dans le contexte de leur vie propre. 39

Pour terminer cette lettre, Mgr Papineau rappelle aux

prêtres-caté-chistes la nécessité et le devoir d'une formation adéquate pour lul-m~me "afin de se rendre compétent dans ce sublime minist~re".

3B

Mgr Joseph-Arthur Papineau. Le prêtre et l'enseignement catbch~~­ tique. op. _cit., p.

6.

(32)

26

Quatrième constatation:

Les évêques ont constamment le souci de se référer aux ,.etes du Sllint-Siège. Deux documents pontificaux semblen't primordiaux comme point d'ap-pui à leurs écrits en ce domaine: l'encyolique de Pie XI eur It~duoat10n chrétienne de la jeunesse (Divini il1ius Magistri),

31

décembre

1929

et le Décret de la Sacrée Congrégation du Concile,

12

janvier

1935

sur l'en-seignement du catéchisme.

Pour sa part, en 1960, Mgr Gérard-Marie Coderre (Saint-Jean-de-Qué.), a élaboré un travail-synthèse d'une densité assez remarquable sur le caté-chisme et les derniers papes. Il a choisi 70 citations parmi plus de 700 textes pontificaux traitant de formation chrétienne de la jeunesse et des adultes, et il les rappelle à l'attention des fidèles. Pour lui, "En ca-téchétique comme en d'autres domaines, nous aimons penser que drulS toutes les paroles du Vicaire du Christ résonne quelque chose de la pensée de Jésus." 40

Il classe ses références selon quatre thèmes: le sujet l'objet -les qualités - -les responsab-les de l'instruction religieuse. Rappelons quelques éléments de ce dooument de Mgr Coderre qui ont orienté l'en sei-gnement catéchistique au Québec:

Quand il parle du s u j e t de l'instruction religieuse, I\lgr Coderre cite un extrait de cette allocution de Pie XII aux professeurs de l'ensei -gnement secondaire d'Italie, datée du 5 janvier 1954:

Pour remplir entièrement sa fonotion, le professeur digne de ce nom doit avant tout connaître ses élèves, c'est-à-dire les jeunes de tel âge déterminé selon

, d "Le cate' chin,me ... les derniers Papas", 40 Mgr Gerard-Marie Co erre, ~

(33)

que les décrit une saine pédagogie chrétienne et ceux de sa classe tels que les forme la famille.

Parlant de l' 0 b j e t de l'instruction religieuse, fvlgr Coderre rappelle que

L'instruction religieuse doit s'étendre à tout ce qui est la doctrine de l'Eglise: dogme, morale, liturgie. Tout particulièrement, dans l'instruc-tion religieuse des aînés, il importe grandement de mettre au premier plan: Dieu, le Christ et sa divinité, et l'Eglise fondée par lui. 41

Il parlait ici de l'objet en général. Mais il mellUonne aussi des écrits pontificaux qui soulignent certaines vérités particulières à

ensei-gner, telles: le sens de la vraie liberté, de la pri~re, de la oonfe~sion, du respect du mariage, la grandeur de la virginité et du sacerdoce, de même

que certains sujets moraux comme l'esprit de soumission à l'autorité et l'application de la morale aux domaines économique, . politique et social. Voici un extrait tiré de Pie

XII,

radiomeseage à l'occasion de la journée

de la famille, daté du 23 avril 1952:

Imprimez dans la conscience des jeunes le pur concept de la vraie liberté ••• ; elle est bien autre chose que dissolution et déchaînement; elle est au contraire une capacité éprouvée pour le bien; elle fait se déci-der soi-même à le vouloir et à l'accomplir; e11e est maîtrise sur ses propres facultés, sur ses instincts, sur les événements. 41

Mgr Coderre poursuit sa recherche en appliquant les textes ponti fi. caux aux qua 1 i t é s de l'instruction religieuse. "A la vérité on trouve d'innombrables textes pontificaux qui traitent d'adaptations pru-dentes, de paroles imagées et persuasives, de doctrine vécue et conquér

an-te. qui compénètre programme et éducateurs" 42

41 "Allocution de Pie XII a membres du congrès catéchistique in-ternational", le 14 oct. 1950, dans Semaine religieuse de Québec, vol. 73, no

38,

18 mai 1961, pp. 597-598.

(34)

Si difficiles qu'ile Boient, ces points (de doctrine chrétienne sur Dieu, le Christ et l'Eglise) ne doivent pas moins être exposés selon l'~ge, l'intelligence et la science des étudiants. Avec les adolescents, et surtout dans les classes plus élevées, on peut et l'on doit parfois traiter des questions qui se posent à propos de l'Ecriture Sainte, des sciences na-turelles et de l'histoire. 43

Sa recherche se termine avec les r e s p 0 n s a b l e s

20

de l'ins -truction religieuse qui, selon les textes pontificaux, sont d'abord le clergé ensuite le laIcat. En premier lieu, "les Souverains Pontifes par-lent d'instruction religieuse aux évêques, aux curée, à tous les prêtres" 44

Avant tout, appliquez-vous à bien organiser l'oeuvre du catéchisme. Cherchez des collabo-rateurs bons et instruits; veillez, même par leur intermédiaire à être informés de la con-dition de la jeunesse et de l'enfance dans votre paroisse ••• Enseignez vous-même personnellement le catéchisme, au moins pour les cours supérieurs, et faites que votre parole soit solide, intéres-sante, vivante, chaude, adaptée aux intelligences et aux besoins spirituels de vos auditeurs.

44

Il rapporte en outre un extrait de cette importante encyclique de Pie XI : Divini illius Magistri, datée du 31 décembre 1929, sur le rôle du lafcat:

C'est moins la bonne organisation que les bons maîtres qui font les bonnes écoles. Que ceux-ci, parfaitement préparés et instruits, chacun dans la partie qU'il doit enseigner, ornés de toutes les qualités intellectuelles et morales que ré-clament leurs si importantes fonctions, soient enflammés d'Un amour pur et surnaturel pour les jeunes qui leur sont confiés, les a:l.mant par amour pour Jésus et pour l'Eglise. 45

Tels sont donc les principes fondamentaux qui reviennen't oonatamment

43

"Allocution de Pie XII aux membres du congrôs catéchistique in-ternational", le

14

oct.

1950,

op. cit., p.

240.

44

45

Prêtres aujourd'hui, vol.

10,

no

6,

op. cit., p.

243.

~., p.

244.

(35)

dans les discours des évêques. Essayons maintenant d'analyser le vocabu-laire qu'ils ont utilisé jusqu'en 1970, afin d'en dégager les notions sous-jacentes.

1.2.2 Notions dégagées des discours des évêgues 1.2.2.1 Enseignement catéchistique:

Le vocabulaire utilisé dans les écrits synodaux diocésains autour des années "50", reflète un langage d'apprentissage, de savoir, de connai s-sances à acquérir. On y emploie les termes: "l'enseignement du catéchisme" ou tout simplement "le oatéchisme", "les leçons de catéchisme". Tout ceci en vue d'obtenir le IIdiplôme d'Instruction religieuse" à la fin du cours élémentaire. Regardons certains documents:

- En 1949, le 13e Synode de St-Hyacinthe, aux Décrets 282-285; 293-295, mentionne 5 fois "le catéchisme", 1 fois "leçon de catéchisme" et 4 fois "instruction religieuse".

- En 1950, le 2e Synode de Trois-Rivières, aux Décrets 378-387; 398-406, parle 9 fois d'''eJ.lseignement du catéchisme", 6 fois "le catéchisme" et 8 fois "Instruction religieuse".

- En 1951, le 1er Synode de Nicolet, aux Décrets 320-325; 340-342, élabore sur les expressions: "l'enseignement du catéchisme" 7 fois, nIe catéchisme" 1 fois et "l'Instruction catéchistique" 1 fois.

- En 1954, le 1er Synode de Chicoutimi, aux Décrets 330-337; 349-356, note les termes suivants: "enseignement du catéchisme" 9 fois, "le caté-chisme" 5 fois et "Instruction chrétienne" 1 fois.

Dans l'un et l'autre Synode, l'expression "enseignement religieux" ne revient qu'une fois.

(36)

30

- Il en est ainsi de la lettre de Mgr J.-A. Papineau, évêque de

Joliette. Cette lettre publiée par l'Office catéchistique diocésain de

Joliette en

1954,

sous la rubrique: Le prêtre et l'enseignement

catéchie-tique, utilise également ce mGme langage. Nous y retrouvons

9

fois,

"l'en-seignement catéchistique", 10 fois "le catéch.i.sme", 5 fois "leçon de caté-chisme" et 7 fois "le prêtre-catéchiste".

Toutefois il faut souligner le caractère juridique d'un synode, bien

qu'à l'ocoasion, ohacun de ceux mentionnés ci-haut ne manque pas de faire

allusion à la pratique: "faire passer efficacement oet enseignement dans

la vie des élèves" (Trois-Rivières, décret

381).

"11 terminera toujours sa classe par des applications liturgiques et paroissiales adaptées a~~

circonstances de la vie des enfants", écrit Mgr Papineau. (po

11)

Ailleurs, les Mandements des évêques ne sont pas très loquaces sur le sujet, si ce n'est pour rappeler constamment l'importance primordiale

de l'enseignement catéchistique à l'école. Il faut dire par ailleurs, que

les évêques, dans leurs circulaires utilisent un langage moins juridique et conçoivent davantage l'enseignement religieux comme une "nourriture"

qui imprègne toute la vie du jeune.

Un peu plus tard, réunis en Assemblée collective, les évêques tiennent

toujours le même langage. Regardons de plus près ce premier message

offi-ciel des évêques du Québec sur l'enseignement catéchistique. Publié en

1958,

il s'apparente sur plusieurs points à celui de Mgr J.-A. Papineau

dont nous venons de parler. Notons d'abord le titre qui est presque

iden-tique: Le prêtre et l'enseignement catéchistique de Mgr Papineau, et

Le prêtre et l'enseignement du catéchisme notent laD évêques du Québec. 4?1l

La lettre de r1gr Papineau aurait-elle servi de canevas à celle des évêques

45a

Mandements des évêques de Nicolet, Tome

9.

circulaire

no 39,

3

décembre

1958,

pp.

}26-340 •

.

(37)

du Québec? Nul doute que plusieurs éléments s'y retrouvent, à savoir: - le rappel de part et d'autre, de certains documents pontificaux:

• Pie XII, Au Congrès Catéchistique diocésain de Milan, 7 septem-bre 1949:

Aucun ministère sacré ne peut logiquement passer avant l'obligation de proposer aux fidèles l'enseignement du dogme et de la loi morale de l'Eglise". (p. 8 g , Mgr Papineau; AEQ, Introduction, 4e paragraphe.)

• Pie XII, Lettre à la Semaine d'Etudes catéchistiques italienne, 2 juillet 1949:

Pour le prêtre, aucune heure ne pourrait être plus précieuse que celle qui est consacrée à enseigner le catéchisme;

enseignement pour lequel le Concile de Trente a employé la singulière expression de "primum et maximum officium".

(p. 8, Mgr Papineau; AEQ, Introduction, 5e paragraphe.) • Pie XII, Discours aux Curés de Rome, 10 mars 1948:

Avant tout, appliquez-vous à bien organiser l'oeuvre du catéchisme. Enseignez voua-même personnellement le ca-téchisme. (p. 7, Mgr Papineau; AEQ, Chap. II, 2-B)

• Pie XII, Allodution aux Membres du Congrès Catéchistique inter-national, 14 octobre 1950:

Qu'il Nous soit permis d'insister: Nous exhortons tous les prêtres, et en premier lieu ceux qui en-seignent la religion dans les classes supérieures, à penser souvent qU'ils auront à répondre devant Dieu de leurs élèves".

(p.

8,h, Mgr Papineau; AEQ, Chap. II-C, paragraphe 4)

- Ensuite, le Chapitre II de l'AEQ se retrouve presque textuellement dana l'article II de Mgr Papineau qui réfère continuellement au Droit ca-nonique au sujet des devoirs du prêtre vis-à-vis l'enseignement religieux.

- Puis, le Chapitre III de l'AEQ reflète largement l'article V de Mgr Papineau, avec des adaptations de lieu, de fréquence, de durée.

- Pour terminer son article IV, Mgr Papineau explique la nature d'une classe de catéchisme; au chapitre IV de sa lettre, l'AEQ reprend cet article

(38)

32

en l'étoffant quelque peu. ,

Voilà, à mon avis, l'origine de ce premier message de l'Assemblée des Evêques du Québec sur l'enseignement religieux. Une fois encore, il vient confirmer l'importance primordiale qu'accordaient les évêques aux prêtres-catéchistes: C'était le "premier devoir d'un pasteur d'âme" (cf Lettre, paragraphe 2). C'est d'ailleurs ce que les évêques locaux ont constamment rappelé aux prêtres dans leurs mandements.

Si on analyse le vocabulaire de cette lettre, il est identique à ce-lui des synodes diocésains mentionnés auparavant. Les mêmes termes revien-nent: "l'enseignement du catéchisme" 18 fois, "le catéchisme" 6 fois, "leçon de catéchisme" 12 fois, "prêtre-catéchiste" 9 fois, I/instruction. rè-ligie~e" 2 fois. L'expression lIenseignement religieux" revient 5 fois, donc elle est un peu plus courante. Ici, nous constatons l'apparition de deux termes nouveaux: "école confessionnelle" 3 fois et "catéchèse" 4 fois.

Que signifiait donc cette expression toujours aussi populaire à l'é-poque: "l'enseignement du catéchisme"?

Partant de l'enseignement des Papes, à savoir que: "l'enseignement du catéchisme est le fondement de la vie chrétienne" (Introduction, par. 3; Pie XII, Décret de la Sacré Congrégation du Concile, 12 janvier 1954); que

lIaucun ministère sacré ne peut logiquement passer avant l'obligation de proposer aux fidèles l'enseignement du dogme et de la moralell (Introduc-tion, paragraphe 4; cf Pie XII, Au 3e Congrès Catéchistique diocésain de Milan, 7 septembre 1949); que "aucune autre heure n'est plus précieuse pour le prêtre que celle qu'il consacre à enseigner le catéchisme" (Intro-duction, 5e paragraphe; cf Pie XII, Lettre à la Semaine d'Etudes Catéchis-tique italienne, 2 juillet 1949); que

"La

société humaine a un besoin

(39)

ur-gent de remèdes radicaux, mais peu pressent autant que la diffusion du catéchisme" (Chap. l , paragraphe 4; cf Pie XII, Au Congrès Catéchistique de Barcelone, 7 avril 1946).

- Référant, en outre, à certaines expressions de la Lettre elle-même: "Et c'est à l'école d'abord et surtout que l'on apprend ces principes fondamentaux de la religion" (Chap. l , par.

2

).

"Donnons-nous le quart de notre temps pour ces enfants et

particuliè-"

rement pour leur enseigner la religion? (Chap. I, par. 3).

"Nous devons proportionner les connaissances religieuses de nos en-fants au niveau des connaissances profanes ( ••• ) avec des dangers d'erreurs de plus en plus pernicieuses et un besoin de vérités religieuses de plus en plus profondes" (Chap. l , par. 5).

"L'activité catéchistique du prêtre se situe à la fois sur le plan de l'enseignement religieux proprement dit ••• " (Chap.II,l~-par. 5).

"Le prêtre connaît mieux sa doctrine. Il est capable, surtout dans les classes plus avancées, de présenter certaines synthèses doctrinales, de préciser des points obscurs, de rattacher les détails à certaines idées essentielles" (Chap. II,2-D-b).

"Le prêtre doit enseigner le catéchisme dans la classe même où les enfants reçoivent habituellement les leçons données par le maître".

(Chap. III, 1-par. 1)

"Il donnera un minimum de trente leçons de catéchisme sur les points principaux de la doctrine ••• " (Chap. III, 2-par. 3)

Ainsi, nous pouvons déceler à travers ces diverses expressions des

.

évêques, leur conception de l 'enseignement catéchistique à cette période. Il s'agit avant tout d'une connaissance, d'une doctrine, de vérités à

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