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Obésité: la maladie oubliée qui fait peur

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Academic year: 2022

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e caractère épidémique de l’obésité est désormais avéré dans notre pays : environ un homme sur deux et une femme sur trois sont en surpoids lorsque 8,6% et 7,7% respectivement sont claire­

ment obèses. Ce contexte fait de l’obésité un problème majeur de santé publique ayant des retombées macroéconomiques considérables.

Déjà, en 2004, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) avait souligné l’importance de mettre en place des mesures appropriées afin de contenir les coûts occasionnés par l’excès pondéral. Malheureusement, quelques années plus tard, en 2007, l’OFSP découvrait que les coûts des maladies résultant de l’excès de poids étaient doublés, passant de 2648 à 5755 mil­

lions de francs par an, et ceci malgré la stabilisation de l’incidence de l’obé sité dans le même intervalle. Dans son analyse, l’OFSP identifiait le fait que «l’adiposité n’est toujours pas entièrement reconnue en tant que pathologie et qu’elle n’est souvent pas suffisamment, voire pas du tout traitée» comme la cause principale de cette situation. Comment cela est­il possible ?

L’obésité n’est, en effet, souvent pas traitée parce que la grande majo­

rité de médecins généralistes n’est pas en mesure d’organiser au cabinet une prise en charge adéquate de cette pathologie chronique et complexe, qui nécessite non seulement des connaissances métaboliques et endocri­

niennes, mais également sur le plan nutritionnel, diététique, du compor­

tement alimentaire et psychologique. L’obésité est une maladie psycho­

somatique et la prise en charge par une équipe inter et multidisciplinaire est indispensable.

Nous sommes donc face à un énorme paradoxe. L’obésité est reconnue depuis plusieurs années comme un problème de santé publique et une campagne de sensibilisation adressée au grand public a été réalisée. Le résultat a été une demande grandissante et impérieuse de prise en charge médi- cale de la part des patients mais également des généralistes, qui inoppor­

tunément s’est heurtée à la pénurie grave et chronique de spécialistes de l’obé- sité et également de centres multidisciplinaires. Mais qui est le spécialiste de l’obésité, autrement dit l’obésiologue ?

Actuellement, il n’existe pas une formation postgraduée spécifiquement prévue pour l’obésité et, habituellement, l’endocrinologue est identifié comme le spécialiste responsable pour cette pathologie. En effet, sur le plan physiopathologique, l’apparition de l’obésité est liée à des dysfonc­

tions hormonales, responsables de comportements alimentaires patholo­

giques. En termes de recherche, nous sommes donc dans le contexte d’une maladie véritablement endocrinienne. Cependant, lorsqu’on passe au trai­

tement, en l’absence de médicaments efficaces (à titre comparatif, pour le diabète, nous avons dans le Compendium plus de 200 produits et pour l’hypertension artérielle plus de 50 versus seulement 1 pour l’obésité), la prise en charge est surtout de types comportemental et psychologique.

Cependant, si nous analysons le parcours de formation FMH en endo­

crinologie/diabétologie, non seulement les compétences exigées en ma­

Obésité : la maladie oubliée qui fait peur

«… L’obésité est une maladie psychosomatique …»

éditorial

Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 26 mars 2014 683

Editorial

V. Giusti

du docteur

Vittorio Giusti

Médecin-chef du Département de médecine

Directeur du Centre intercantonal métabolique

Hôpital intercantonal de la Broye Estavayer-le-Lac

et du professeur

Alain Golay

Médecin-chef

Service d’enseignement thérapeutique pour maladies chroniques

Département de médecine

communautaire et de premiers recours HUG, Genève

Articles publiés sous la direction

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tière d’obésité et troubles du comportement alimentaire sont très peu mentionnées, mais surtout aucune indication n’est donnée concernant le type de formation à réaliser au sujet des aspects psycho­éducatifs spéci­

fiques de l’obésité (éducation thérapeutique, entretien motivationnel, tech­

niques comportementales et cognitives, etc.). Il n’est donc pas étonnant que la quasi­totalité des endocrinologues/diabétologues installés de nos jours ne s’occupe pas des patients obèses : la situation fait que les endo­

crinologues/diabétologues sont en difficulté et peu motivés à prendre en charge l’obésité en raison de sa composante psychologique ; il en va de même pour les psychiatres en raison du ca­

ractère très somatique de la maladie.

Nous sommes ainsi confrontés à un vide grave au niveau de la formation, bien que l’obé­

sité ait incontestablement un caractère épi­

démique et des implications sociopolitiques considérables.

Or, il n’est pas réaliste d’imaginer que l’obésiologue possède deux titres FMH, en endocrinologie et psychiatrie, pour prendre en charge cette pa­

thologie psychosomatique ayant tous les traits d’une dépendance/addic­

tion. La création d’un plan de formation spécifique, complet et adéquat est désormais une «obligation» afin d’éviter, dans les années à venir, une nouvelle augmentation des coûts de prise en charge de l’obésité et de ses comorbidités psychosomatiques associées.

La création d’une formation FMH dédiée spécifiquement à l’obésité est difficile à mettre en place à moyen terme. Il est beaucoup plus simple d’essayer de mettre ensemble les multiples spécialistes nécessaires à la prise en charge de cette pathologie complexe (endocrinologues, psychia­

tres, psychologues, diététiciennes, chirurgiens) dans le contexte d’un DAS universitaire (Diploma of Advanced Studies). La réalisation d’un tel projet permettrait, dans un deuxième temps, d’évaluer le besoin véritable de créer une formation FMH complète, vu le caractère épidémique de l’obé­

sité, avec ses implications au niveau de la santé publique et ses retombées macroéconomiques.

684 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 26 mars 2014

«… il n’est pas réaliste d’imaginer que l’obésiologue possède deux titres FMH …»

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