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De la variabilité de l'effet placebo
SUTER, Marc, ALLAZ, Anne-Françoise
SUTER, Marc, ALLAZ, Anne-Françoise. De la variabilité de l'effet placebo. Revue médicale suisse , 2016, vol. 12, no. 524, p. 1211-2
PMID : 27506063
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Éditorial
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De la variabilité de l’effet placebo
Dr MARC SUTER et Pr ANNE-FRANÇOISE ALLAZ L’effet placebo continue de fasciner et d’intri
guer, et ce particulièrement dans le traitement des maladies ou des plaintes dont la princi
pale mesure est subjective, comme c’est le cas de la douleur. Des travaux récents ont mis le doigt sur des dimensions rarement évoquées jusqu’ici : la variabilité de l’effet placebo avec le temps et sa dimension géographique. De quoi s’agitil ?
Comme chacun le sait, les études randomisées contrôlées contre placebo (RCT) recherchent une différence entre le placebo et la substance active. Un des facteurs décrit comme extrêmement im
portant est la taille de l’effet placebo.1 Lors
que cette dernière augmente, il est en effet plus difficile de démontrer l’efficacité du prin
cipe actif.
Récemment, suite aux résultats décevants de plusieurs essais médicamenteux antalgiques, des chercheurs ont eu l’idée originale d’ana
lyser l’évolution de l’effet placebo au cours du temps.2 Des études randomisées contrôlées, publiées entre 1990 et 2013, concernant les traitements des douleurs neuropathiques ont été analysées. Nous en résumons ici les con
clusions.
Les scores basaux de douleur n’ont que peu évolué pendant la période examinée. L’effet placebo est responsable d’une diminution moyenne de 18 % des douleurs par rapport à la valeur de base, alors que les médicaments actifs les diminuent en moyenne de 34 %.
Etonnamment, l’effet placebo a augmenté si
gnificativement au cours des 23 années ana
lysées alors que l’effet des médicaments est, lui, resté stable. Ceci implique que la diffé
rence entre le placebo et le médicament actif a considérablement diminué au cours de
cette période (de 27 % à 9 %), expliquant les résultats négatifs de certains essais médica
menteux. Une même tendance a été démon
trée dans des études concernant d’autres do
maines comme celui des antidépresseurs et antipsychotiques mais également des hypoli
pémiants.
Cette augmentation de l’effet pla
cebo au cours de ces vingt der
nières années est principalement attribuée à des modifications méthodologiques. En effet, l’ef
fet placebo dépend du type de design expérimental et des échel
les utilisées. Mais le facteur qui con tribue le plus à l’augmentation de l’effet placebo au cours du temps est la modifica
tion importante de la durée des études pen
dant la période observée. Cette prolongation agirait via des mécanismes non spécifiques,3 tels qu’une augmentation de l’attention por
tée aux sujets de l’étude, en raison du plus grand nombre de contacts avec les équipes de recherche, accompagnés d’effets de soutien et d’éducation.2
Une autre observation étonnante et jusquelà méconnue de cette étude est que l’augmenta
tion de l’effet placebo dépend de la géogra
phie en étant clairement plus marquée aux EtatsUnis. Ainsi, les effets des traitements ont, par exemple, été plus grands en Asie qu’aux EtatsUnis.2 Cette trouvaille doit sans doute être attribuée à l’augmentation plus marquée de la durée des études dans ce der
nier pays. L’origine des essais médicamen
teux devient ainsi un point à considérer dans l’élaboration de recommandations internatio
nales.
Un second aspect thérapeutique intéressant récemment mis en évidence est l’effet de Articles publiés
sous la direction de MARC SUTER, PD Centre d’antalgie
Service d’anesthésiologie CHUV, Lausanne
ANNE-FRANÇOISE ALLAZ Service de médecine
interne de réhabilitation Beau-Séjour HUG, Genève
L’AUgMENTATION DE L’EFFET
PLACEbO DéPEND DE LA
géOgRAPhIE
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multiples interventions séquentielles sur les interventions suivantes.
Dans des paradigmes de conditionnement, on a pu démontrer que des expériences anté
rieures positives augmentent – alors que des expériences négatives diminuent – l’effet du médicament administré. Ceci a également été observé concernant l’efficacité des place
bos. Dans le contexte thérapeuti
que, l’influence de l’historique de traitements n’a été étudiée que dans le cadre d’un même traite
ment. Or, dans la pratique clini que, plusieurs approches sont souvent tentées, surtout en cas d’échec antalgique. Il a maintenant été montré que l’historique de traite
ment influence l’efficacité d’un
traitement subséquent différent des précé
dents,4 dans un modèle expérimental com
prenant des mesures d’imagerie cérébrale.
L’expérience est effectuée à l’aide de mani
pulations d’intensité de stimulation faisant croire à un groupe de patients qu’ils avaient eu un traitement actif (histoire positive) et au deuxième qu’ils avaient une crème inerte (histoire négative). Le second groupe a moins répondu à l’effet du soidisant deuxième trai
tement. L’étude en parallèle par imagerie fonc
tionnelle du cerveau montre que l’historique
négatif est associé à l’imagerie d’une douleur mal ou non traitée.4
En pratique clinique, nous faisons face à beau
coup d’échecs lors de la prise en charge des patients douloureux chroniques, notamment ceux qui nous consultent suite à l’insuccès d’essais successifs de traitements. On se prend à espérer qu’identifier d’emblée le traitement efficace chez un patient particu
lier dans la liste des options re
connues comme bénéfiques pour
rait éviter des échecs répétés.
Ces derniers risquent en effet de nuire au traitement efficace lors
qu’il sera finalement administré.
Une explication claire, des ob
jectifs attendus réalistes ainsi que la gestion des effets secondaires des traitements diminueraient également les échecs.
Ces travaux émergents sur l’influence de l’historique des traitements sont une motiva
tion supplémentaire à essayer de prédire de manière plus exacte le profil des patients ré
pondeurs à une certaine prise en charge, afin de pouvoir la proposer en première instance.
Souhaitons que les articles de ce numéro de la Revue sur les douleurs contribueront à créer chez vous un historique de lecture positif ! bibliographie
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L’hISTORIqUE DE TRAITEMENT NégATIF EST ASSOCIé à L’IMA-
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