Henry MURGER
Né en 1822 (Paris), mort en 1861 (Paris) à l'âge de 39 ans.
Sa première oeuvre a été publiée en 1851. Il avait 29 ans. Il a bénéficié des sources de revenus suivants : Ecrivain et poète, Rédacteur en chef du "Moniteur", Secrétaire du comte Tolstoï.
Henry Murger a écrit notamment : Scènes de la vie de jeunesse - Madame Olympe (1851), Scènes de la vie de Bohème (1851), Madame Olympe - Comment on devient coloriste - Une victime du bonheur - La Fleur bretonne - Le Fauteuil enchanté - Christine - Entre quatre murs - Les Premières Amours du jeune Bleuet (1854), Le Dernier Rendez-vous - La Résurrection de Lazare (1856).
Il a été membre des groupes suivants : Réalisme, La Bohème (1838-).
Ses contemporains les plus proches (moins de cinq ans de différence) sont :
Nom Prénom Année de
naissance Année de décès
Féval Paul 1817 1887
Leconte de Lisle 1818 1894
Augier Emile 1820 1889
Fromentin Eugène 1820 1876
Flaubert Gustave 1821 1880
Champfleury Jules 1821 1889
Dupont Pierre 1821 1870
Baudelaire Charles 1821 1867
Feuillet Octave 1821 1890
Bouilhet Louis-Hyacinte 1821 1869 Amiel Henri Frédéric 1821 1881
Erckmann Emile 1822 1899
Goncourt Edmond de 1822 1896
Murger Henry 1822 1861
Ménard Louis 1822 1901
Banville Théodore de 1823 1891 Montépin Xavier de 1823 1902
Renan Ernest 1823 1892
Bruno G. 1823 1923
Dumas (fils) Alexandre 1824 1895 De Bornier Henri vicomte 1825 1901
Chatrian Charles 1826 1890
Du Petit-Cénacle à Henry Murger
L
e Petit-Cénacle, dont le nom même est un hommage à Victor Hugo, tient ses assises de 1829 à 1833 dans l'atelier de Jehan Duseigneur et dans un cabaret de l'avenue de la Grande-Armée.C'est le groupe emblématique des bohèmes 1830 qui réunit poètes et artistes. Autour de Pétrus Borel, Gérard de Nerval et Théophile Gautier gravitent Auguste Mac-Keat (Auguste Maquet), Philotée
O'Neddy (Théophile Dondey), Célestin Nanteuil, ainsi que des architectes et des sculpteurs comme Jules Vabre, Joseph Bouchardy. Théophile Gautier consignera ses souvenirs du Petit-Cénacle dans son Histoire du Romantisme et fera revivre ce groupe aux cheveux longs et aux gilets de couleurs dans son roman Les Jeunes-France (1833) : il les qualifia ironiquement de "précieuses ridicules du romantisme".
L'univers du roman noir anglais (Radcliffe, Lewis) et la personnalité de Byron fascinent les Jeunes-France. Pétrus Borel, Xavier Forneret, Charles Lassailly s’y sont illustrés en signant des oeuvres qualifiées de "frénétiques".
Ce groupe interfère avec celui des "Bousingots". Plus politiques, les "Bousingots" ont emprunté leur dénomination ou bien au nom du chapeau des volontaires du Havre venu secourir les parisiens en 1830, ou bien au mot "bousin" signifiant "chahut". Ils eurent en projet un recueil : les Contes du Bousingo, dont quelques extraits ont paru signés par Gérard de Nerval, Théophile Gautier et Pétrus Borel.
Autour de 1835, La Bohème galante, dite aussi Bohème dorée, prend ses quartiers dans l'appartement de Camille Rogier, rue du Doyenné, chez qui Gérard de Nerval s'est installé. Ils
sont rejoints par Théophile Gautier. Des fêtes et des bals se dérouleront dans cette demeure dont le décor avait été réalisé par de nombreux peintres : Nanteuil, Corot, Châtillon. Ce groupe a rassemblé des écrivains, des artistes et des journalistes.
Outre les noms déjà cités, on retiendra ceux d'Arsène Houssaye, Roger de Beauvoir, Eugène Delacroix, Paul Gavarni, Jules Janin, Alphonse Karr.
En 1843, la Bohème de Murger va contribuer avec les romans de Balzac à fonder le mythe de la Bohème littéraire, et l'image du jeune écrivain pauvre à la recherche de la consécration.
Bien que violemment critiquées par Jules Vallès, les Scènes de la vie de Bohème d'Henry Murger resteront jusqu'en 1875 le livre-culte des générations montantes.
Consulter :
Philibert Audebrand, Derniers jours de la Bohème, 1905
Alfred Delvau, Henri Murger et la Bohème, 1866
Firmin Maillard, La cité des intellectuels, 1905 ; Le requiem des gens de lettres, 1901
La maison dans la Forêt de Fontainebleau où Murger passait huit mois sur douze
La Sainte Bohème.
A Henry Murger
...Il chanta d'une voix tonnante à laquelle nous répondîmes en chœur: Vive la Bohême!
George Sand, La dernière Aldini.
Par le chemin des vers luisants, De gais amis à l'âme fière
Passent aux bords de la rivière Avec des filles de seize ans.
5 Beaux de tournure et de visage, Ils ravissent le paysage
De leurs vêtements irisés Comme de vertes demoiselles,
Et ce refrain, qui bat des ailes, 10 Se mêle au vol de leurs baisers:
Avec nous l'on chante et l'on aime, Nous sommes frères des oiseaux.
Croissez, grands lys, chantez, ruisseaux, Et vive la sainte Bohème!
15 Fronts hâlés par l'été vermeil, Salut, bohèmes en délire!
Fils du ciseau, fils de la lyre, Prunelles pleines de soleil!
L'aîné de notre race antique
20 C'est toi, vagabond de l'Attique, Fou qui vécus sans feu ni lieu, Ivre de vin et de génie,
Le front tout barbouillé de lie Et parfumé du sang d'un dieu!
25 Avec nous l'on chante et l'on aime, Nous sommes frères des oiseaux.
Croissez, grands lys, chantez, ruisseaux, Et vive la sainte Bohème!
Pour orner les fouillis charmants 30 De vos tresses aventureuses,
Dites, les pâles amoureuses, Faut-il des lys de diamants?
Si nous manquons de pierreries Pour parer de flammes fleuries 35 Ces flots couleur d'or et de miel, Nous irons, voyageurs étranges, Jusque sous les talons des anges Décrocher les astres du ciel!
Avec nous l'on chante et l'on aime, 40 Nous sommes frères des oiseaux.
Croissez, grands lys, chantez, ruisseaux, Et vive la sainte Bohème!
Buvons au problème inconnu Et buvons à la beauté blonde, 45 Et, comme les jardins du monde, Donnons tout au premier venu!
Un jour nous verrons les esclaves Sourire à leurs vieilles entraves, Et, les bras enfin déliés,
50 L'univers couronné de roses, Dans la sérénité des choses Boire aux Dieux réconciliés!
Avec nous l'on chante et l'on aime, Nous sommes frères des oiseaux.
55 Croissez, grands lys, chantez, ruisseaux, Et vive la sainte Bohème!
Nous qui n'avons pas peur de Dieu Comme l'égoïste en démence,
Au-dessus de la ville immense 60 Regardons gaîment le ciel bleu!
Nous mourrons! mais, ô souveraine!
O mère! ô Nature sereine!
Que glorifiaient tous nos sens, Tu prendras nos cendres inertes 65 Pour en faire des forêts vertes Et des bouquets resplendissants!
Avec nous l'on chante et l'on aime, Nous sommes frères des oiseaux.
Croissez, grands lys, chantez, ruisseaux, 70 Et vive la sainte Bohème!
Théodore de Banville