Enonc´e G113 (Diophante)
Solution de Jean Moreau de Saint-Martin
1) De mani`ere g´en´erale, la longueur ` de la suite (s’arrˆetant au premier terme ´egal `a 1) est une variable al´eatoire li´ee `a la variable al´eatoire un par Pr(` > n) = Pr(un > 1). Son esp´erance math´ematique est (en supposant u1 >1, d’o`u ` >1)
∞
X
n=2
n(Pr(` > n−1)−Pr(` > n)) =
∞
X
n=2
n(Pr(un−1>1)−Pr(un>1))
= 2 +
∞
X
n=2
Pr(un>1) en regroupant les termes.
2) Soit p un diviseur premier de u1 = N, et a son exposant dans u1. La suite de nombres PGCD(pa, un) est une suite al´eatoire au comportement identique `a la suite obtenue `a partir de u1 =pa, car les diviseurs deN sont
´egalement r´epartis selon la valeur (de 0 `a a) de l’exposant de p dans leur d´ecomposition.
Sip1, . . . , pksont les diviseurs premiers deu1, avec`1, . . . , `k pour longueur des suites correspondant `apa11, . . . , pakk comme terme initial, la longueur de la suite commen¸cant paru1est maxi`i. Les`isont des variables ind´ependantes et on a, pour utiliser la formule du paragraphe 1,
Pr(un>1) = 1−Pr(un= 1) = 1−Y
i
Pr(`i ≤n) = 1−Y
i
(1−Pr(`i > n)) Le probl`eme sera compl`etement r´esolu quand on aura d´etermin´e Pr(` > n) dans la suite de premier terme pa. Nous le ferons dans le cas g´en´eral au paragraphe 5.
3) Sia= 1, on a Pr(` > n) = Pr(un >1) = (1/2) Pr(un−1 >1) = 21−n par une r´ecurrence imm´ediate.
Ainsi, si u1 a k diviseurs premiers et n’est pas divisible par un carr´e (tous exposants = 1), on a
Pr(un>1) = 1−(1−21−n)k =
k
X
m=1
Ckm2(1−n)m(−1)m−1 d’o`u on tire l’esp´erance
2 +
k
X
m=1
Ckm(−1)m−1 2m−1
1
Premi`eres valeurs num´eriques
k esp´erance plus petit u1
1 3 2
2 11/3 = 3,666666. . . 6 3 29/7 = 4,142857. . . 30 4 473/105 = 4,504731. . . 210 5 3121/651 = 4,794162. . . 2310 6 9833/1953 = 5,034818. . . 30030
30 est le premier entier de cette classe tel que la longueur de la suite ait une esp´erance>4, et 30030 le premier dont l’esp´erance d´epasse 5.
4) Sia >1 et k= 1, l’esp´erance est accessible par un raisonnement direct.
E(pa) = 1 + 1
a+ 1E(pa) + X
1≤b<a
1
a+ 1E(pb)
= 1 + 1
a+ 1E(pa) + a a+ 1
E(pa−1)−1 d’o`u
E(pa) =E(pa−1) + 1
a = 2 + 1 1+1
2 +. . .+ 1 a car on a vu au paragraphe pr´ec´edent queE(p) = 3.
Premi`eres valeurs num´eriques
a esp´erance plus petitu1
1 3 2
2 7/2 = 3,5 4
3 23/6 = 3,833333. . . 8
4 49/12 = 4,083333. . . 16
. . . .
9 12169/2520 = 4,828968. . . 512 10 12421/2520 = 4,928968. . . 1024 11 139151/27720 = 5,019877. . . 2048
16 est le premier entier de cette classe tel que la longueur de la suite ait une esp´erance>4, et 2048 est le premier dont l’esp´erance d´epasse 5.
5) Soitu1=pa, (a >1).
Pr(un=pa) = 1
a+ 1Pr(un−1 =pa) =. . .= (a+ 1)1−n par une r´ecurrence imm´ediate, car Pr(u1 =pa) = 1.
Pr(un=pa−1) = 1
a+ 1Pr(un−1=pa) + 1
aPr(un−1 =pa−1) qui se r´esout en
2
Pr(un=pa−1) +a(a+ 1)1−n= 1 a
Pr(un−1 =pa−1) +a(a+ 1)2−n=
=. . .=a1−nPr(u1 =pa−1) +a=a2−n et Pr(un=pa−1) =a a1−n−(a+ 1)1−n.
On obtient de mˆeme, `a l’´etape suivante, Pr(un=pa−2) = a(a−1)
2
(a−1)1−n−2a1−n+ (a+ 1)1−n
On reconnaˆıt les coefficients du binˆome, et on voit que ces probabilit´es peuvent s’exprimer, pour k= 0, 1, 2, sous la forme d’une int´egrale
Pr(un=pa−k) =Cak Z ∞
0
(et−1)ke−(a+1)t tn−2 (n−2)!dt
On v´erifie sans difficult´e, par int´egration par parties, que cette expression satisfait la relation de r´ecurrence des probabilit´es, qui peut s’´ecrire
Pr(un=pa−k−1) = 1
a−kPr(un−1 =pa−k−1) + Pr(un=pa−k) (en effet, les exposants≥a−k de l’´etapen−1 contribuent autant `a a−k qu’`a a−k−1 `a l’´etapen). On en tire (faisantk=a)
Pr(un= 1) = Z ∞
0
(et−1)ae−(a+1)t tn−2 (n−2)!dt Ainsi
Pr(`≤n) = Z ∞
0
(1−e−t)ae−t tn−2 (n−2)!dt puis en d´eveloppant le binˆome et int´egrant terme `a terme
Pr(`≤n) =
a
X
k=0
Cak(−1)k(k+ 1)1−n
soita+ 1 termes, qui peuvent ˆetre mis en correspondance avec les diviseurs pk de pa.
6) Application
Selon les exposants des facteurs premiers deu1, les formules des paragraphes 2 et 5 permettent d’´ecrire Pr(un= 1) sous la forme PmLmm1−n, et on en tire l’esp´erance = 2 +PmLm/(m−1).
Cette somme s’obtient par le produit de sommes deai+ 1 termes. On peut mettre les termesLmen correspondance avec les diviseurs deu1, de la fa¸con
3
suivante : sidest un diviseur (>1) o`up1, . . . , pk ont les exposantsb1, . . . , bk, il lui correspond la valeurm=Qi(bi+ 1) et la valeur
Lm=−Y
i
Cabii(−1)bi
Notant B l’ensemble des k-uplets (bi) tels que 0 ≤bi ≤ai, avec Pibi >0, on a pour l’esp´erance la formule explicite
2−X
B
Q
iCabii(−1)bi Q
i(bi+ 1)−1
Quelques r´esultats (plusieurs facteurs premiers, pas tous d’exposant 1)
exposants esp´erance plus petitu1
2,1 121/30 = 4,033333. . . 12
3,1 901/210 = 4,290476. . . 24
2,2 521/120 = 4,341666. . . 36
2,1,1 10229/2310 = 4,428138. . . 60 4,1 5657/1260 = 4,489682. . . 48 3,2 42167/9240 = 4,563528. . . 72 3,1,1 10711/2310 = 4,636796. . . 120
5,1 64487/13860 = 4,652741. . . 96 2,2,1 734341/157080 = 4,674949. . . 180
4,2 16418/3465 = 4,738239. . . 144 3,3 44013/9240 = 4,763311. . . 216 6,1 287747/60060 = 4,790992. . . 192 4,1,1 252949/52668 = 4,802707. . . 240 3,2,1 193114251/39741240 = 4,859291. . . 360 5,2 575257/117810 = 4,882921. . . 288 7,1 176977/36036 = 4,911116. . . 384 4,3 216041/43890 = 4,922328. . . 432 5,1,1 10057153/2018940 = 4,981402. . . 480 6,2 255596/51051 = 5,006679. . . 576 4,2,1 387723863/82944785 = 5,007815. . . 720
Le plus petit entier tel que la longueur de la suite ait une esp´erance >4 est 12. En effet les entiers plus petits sont soit premiers (d’esp´erance 3), soit carr´es (4 et 9, d’esp´erance 7/2), soit produits de deux nombres premiers (6 et 10, d’esp´erance 11/3), soit cube (8, d’esp´erance 23/6).
On obtient le plus petit u1, `a ensemble d’exposants donn´es, en associant les exposants en ordre d´ecroissant aux nombres premiers en ordre croissant
`
a partir de 2. Tous les entiers inf´erieurs `a 576 et remplissant cette condi- tion figurent dans l’un ou l’autre des tableaux pr´ec´edents, ce qui permet d’affirmer :
Le plus petit entier tel que la longueur de la suite ait une esp´erance >5 est 576.
4