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Etude pédologique réalisée sur une parcelle agricole. Lieu-dit « Les Ratis », Corquoy 18190.
Table des matières
1/ Localisation de l’étude pédologique. ... 2
2/ Contexte géomorphologique. ... 3
3/ Contexte éco-biologique. ... 4
4/ Modalités de la prospection. ... 5
4/ Résultat de la prospection. ... 7
5/ Conclusions... 10
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1/ Localisation de l’étude pédologique.
NB : les cartes et schémas présentés dans ce document ont été réalisés à partir du fond topographique et des orthophotos disponibles en ligne sur le site IGN-Géoportail.
Cette étude, commanditée par la SAS.JPEE dans le cadre d’un projet d’implantation d’une centrale photovoltaïque au sol, a pour but de décrire les sols de la parcelle agricole concernée et d’en préciser le potentiel agronomique.
La surface totale prospectée (cartes 1 et 2) est d’environ 8,8 ha. Il s’agit de terrains agricoles privés (cadastre section OD Corquoy n° 0153). Cette parcelle conduite en jachère n’est plus cultivée depuis quelques années. (Date de la prise de vue, carte 2 : 26/05/2020).
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2/ Contexte géomorphologique.
Il s’agit d’une configuration apparemment assez simple (carte 3, source BRGM,
carte géologique au 1 :50000, feuille de Châteauneuf-sur-Cher).
La parcelle concernée se situe en pied du coteau rive gauche de la vallée du Cher, à 20m au-dessus du lit majeur de la rivière. Ce coteau est entaillé par une série de vallons quaternaires perpendiculaires à la vallée du Cher. Ces incisions sont plus ou moins ramifiées en « arrêtes de poisson », facteur donnant lieu à des pentes latérales irrégulières. La parcelle s’inscrit dans ce schéma avec un relief en spatule d’autant plus caractérisé que deux formations géologiques affleurent à l’intérieur de ses limites et présentent des matériaux de duretés différentes :
- en partie basse, la formation jurassique J6 des calcaires de l’Oxfordien supérieur (en bleu sur la carte, puissance de l’ordre de 130m) constitue l’assise du paysage (calcaires lités relativement tendres, en plaquettes, se présentant sous forme de bancs calcaires décimétriques séparés par des lits argileux).
- en partie haute et en position de recouvrement, la formation
éocène/oligocène e7-g2 des calcaires et argiles lacustres (calcaire dur et massif, non gélif, puissance maximum environ 30m en association avec des argiles, des marnes et des calcaires marneux), avec rares brèches à éléments jurassiques formées en milieu littoral lacustre, observables à Corquoy, au contact entre les deux formations.
La pente principale de la parcelle est d’orientation sud-est/nord-ouest (2 %), la bordure à l’est de la parcelle se trouve relevée par un chicot de calcaire lacustre visible sur le terrain. L’étude pédologique ci-après montre que les difficultés d’interprétation ne sont pas rares à propos du mode de dépôts simultanés ou successifs des matériaux lacustres identifiables dans la formation e7-g2.
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3/ Contexte éco-biologique.
La parcelle se situe en bordure externe d’un vaste réseau d’habitats naturels spécifiques à cette petite région de la Champagne berrichonne (carte 4, échelle 1 : 135 OOO). La présence en particulier de sols très peu épais sur dalle de calcaire lacustre conditionne la présence de pelouses calcaires, de fruticées à genévriers, de fourrés thermophiles.
Plus généralement les sols peu épais sur calcaires jurassique et lacustre des coteaux du Cher, couplés à l’effet corridor de la rivière et au réseau de parcelles boisées présentant des séries dynamiques contrastées, donnent lieu à un complexe d’habitats remarquables et à la présence de très nombreuses espèces patrimoniales. Le descriptif de cet ensemble peut être consulté dans le DOCOB du site Natura 2000 et dans les fiches naturalistes des espaces inscrits.
La flore spontanée de la petite parcelle concernée, en jachère entretenue depuis quelques années, est sous influence pour sa part d’un passé cultural relativement récent à l’origine d’une banalisation encore bien identifiable. Cette parcelle n’a pas été intégrée par les auteurs des prospections naturalistes dans cet ensemble de sites remarquables. L’introduction du pâturage ovin de longue durée sans apports d’intrants est cohérent avec les enjeux éco-biologiques de ce secteur et favorisera vraisemblablement davantage de diversité biologique à moyen et long terme.
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4/ Modalités de la prospection.
La prospection a été réalisée le 31/03/21, à la tarière manuelle type « Hélix française », pour un total de 19 sondages (carte 5) réalisés jusqu’à 1,10m, sauf blocages intervenant sur bancs calcaires à profondeur inférieure. Les sondages ont été localisés à l’aide d’un GPS (précision de 4m d’un téléphone portable).
Cette densité de points est largement supérieure à l’échelle de prospection 1/10 000 prévue initialement.
Les sondages interrompus par un blocage ont été doublés pour vérification et évalués à l’aide d’une pointe métallique permettant de distinguer la signature sonore de la dalle calcaire.
NB : L’évaluation empirique de la charge grossière réelle est généralement assez hasardeuse à la tarière.
La taille fluctuante des éléments grossiers à l’origine du blocage est en effet déterminante, la tarière ne pouvant déplacer latéralement de gros éléments, même dans des conditions d’humidité satisfaisante. Le plus souvent on constate un blocage sans pouvoir apprécier objectivement la charge réelle et sa nature (répartition en bancs plus ou moins épais ou non d’éléments plus ou moins gros).
L’examen préalable de la carte des sols 1/50 000 (Carte des Sols de la Région Centre, feuille 2325 Châteauneuf-sur-Cher, IGN, INRA, Chambre d’agriculture 18) permet de resituer les sondages dans un contexte élargi.
6 L’examen des 11 missions aériennes anciennes exploitables sur ce site (1950 à 2013, source IGN-Géoportail) permet dans une certaine mesure de visualiser les modes d’exploitation de la parcelle au cours des 70 dernières années :
- exemple ci-contre en 1969 : la parcelle est en culture à l’exception de sa bordure sud. On repère la micro-dépression dans l’angle nord-ouest et le chicot de calcaire lacustre dans l’angle nord-est.
- autre exemple ci-contre en 2005 : à partir des années 2000 la parcelle n’est plus cultivée que sur une petite partie de l’ordre de 2,5ha, en évitant l’affleurement du banc de roche lacustre et la micro-dépression.
La végétation ligneuse spontanée s’installe lentement sur la bordure sud. Abandon définitif des cultures à partir de 2013.
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4/ Résultat de la prospection.
La carte 6 ci-dessous exploite de manière schématique les observations réalisées à partir de la série de sondages.
Unités Cartographiques (UC) : légende de la carte 6
UC 1 : Lithosols et rendosols. Sols carbonatés très peu
épais sur roche calcaire.
UC 2 : Brunisols calcaires à calciques. Sols carbonatés d’épaisseur variable (0,35m à 0,60m) sur matériaux calcaires.
UC 3 : Sols argileux lourds plastiques, non carbonatés.
Commentaires associés à la carte 6 :
-UC 1 : Lithosols et rendosols.
On reste pour cette unité dans une gamme de sols dont l’épaisseur varie de 0 (affleurement d’un banc de roche calcaire) à 25 cm (rendzines claires
fortement effervescentes à l’acide et rendzines brunes moyennement effervescentes à l’acide sur calcaire jurassique en bas de parcelle, rendzines d’aspect
8 variable sur lacustre). Ce terme de rendzine (profil peu épais de type A/C) est discutable au plan pédologique car ces sols ayant été cultivés, il est en réalité impossible de savoir s’il s’agit d’un profil initial à deux horizons A/(B) mélangés par le travail du sol ou d’un vrai profil A/C ;
Au plan des potentialités agronomiques il s’agit d’un détail en comparaison des différences d’opportunité d’enracinement offertes par les deux formations en présence : les rendzines sur calcaire jurassique, confinées ici en bas de parcelle, présentent souvent de la terre fine argileuse dans les fissures du calcaire, phénomène atténuant légèrement le caractère séchant de ces dernières, à contrario les rendzines sur calcaire lacustre (rares fractures) sont très séchantes.
C’est en grande partie sur ce type de sols que se réinstallent, suite à un abandon ancien de l’agriculture, certaines pelouses calcicoles du Mésobromion dont la dynamique peut être stabilisée notamment par le pâturage ovin.
-UC 2 : Brunisols calcaires à calciques.
Dans cette UC ont été regroupés tous les sols bruns calcaires à calciques présentant un horizon (B) bien identifiable malgré leur faible épaisseur généralisée.
Les meilleurs sols sont des Brunisols calcaires sains, localisés sur lacustre avec la couleur typique 10YR 4/1 des argiles lourdes fortement effervescentes à l’acide, un horizon (B) brun clair et un blocage à 50 cm sur calcaire dur, assez souvent précédé d’un petit horizon de calcaire pulvérulent blanc.
Si l’UC 2 s’étendait sur toute la parcelle, cette dernière serait à l’évidence encore en culture car il s’agit de sols à potentiel correct (pas de facteurs limitants physico-chimiques, réserve utile restant néanmoins dans une gamme moyenne). Leur position en « sandwich » entre les sols très superficiels de l’UC 1 et l’UC 3 aux caractéristiques physiques très défavorables donnent un ensemble à très mauvaise praticabilité.
-UC 3 : Sols argileux lourds plastiques, non carbonatés.
Deux types de sols d’origine lacustre, à caractère argileux lourd, épais, et non effervescent à l’acide, ont été identifiés lors de la réalisation de la carte des sols de Châteauneuf-sur-Cher, à proximité de la parcelle concernée.
- Les Vertisols.
Le caractère vertique est marqué par des faces de glissement et d’importantes fentes de retrait du fait de la forte proportion de minéraux argileux de la famille des smectites qui gonflent par humectation et se rétractent quand ils se dessèchent. L’examen d’un solum permet d’identifier la pédoturbation correspondante en profondeur avec des agrégats présentant notamment une orientation oblique et des faces planes, lisses et souvent striées résultant du frottement de masses de sols les unes sur les autres.
Des Vertisols ont été identifiés aux environs de la parcelle concernée (Bois de la Cartelée notamment). Un horizon (B) très épais, de couleur récurrente caractéristique 10YR 5/3 brun clair, a été notamment décrit à plusieurs reprises.
- Les Pélosols.
Il s’agit de sols argileux peu évolués se distinguant notamment par l’absence de macroporosité et une architecture très ajustée des agrégats générant un engorgement des horizons de surface défavorables à l’agriculture comme à la sylviculture.
9 Des Pélosols ont été cartographiés à quelques kilomètres de la parcelle concernée, exclusivement en milieu forestier (Bois de Thoux, ruisseau du Moulin), avec des textures extrêmement argileuses (70 à 80 %), des argiles très plastiques et fluantes (indice de plasticité 43%) et une couleur de matériaux gris foncé se rapprochant des couleurs 10 YR 3/1 et 4/1 (gris très foncé) observées pour cette UC3.
L’observation tarière permet de trancher provisoirement pour un Pélosol : indépendamment de cette hésitation taxonomique, l’UC 3 peut être caractérisée de la manière suivante :
0-30cm - Argile lourde non effervescente, couleur brun noir, pas de charge solide, état plastique et toucher très collant, petites taches d’oxydo-réduction peu contrastées compte tenu de la couleur de la matrice. L’hydromorphie correspondante est néanmoins manifeste.
30- 90cm - Argile lourde très plastique, fluante et collante, non effervescente à l’acide, couleur 10 YR 3/1, pas de taches d’oxydo- réduction visibles (malaxage de la matrice par la tarière).
90- 110cm - Transition brutale, argile lourde fortement effervescente à l’acide, couleur brun clair à beige. Au-delà de 110cm, blocage sur calcaire dur d’origine non identifiée.
Principales variations :
La plage correspondant à l’UC3 ressemble visuellement à une légère dépression, cette impression demanderait une vérification par levé topographique au 1/1000.
En périphérie de cette plage, au contact avec les sols bruns calcaires on note une légère effervescence à l’acide en surface qui disparait rapidement après 30cm.
En périphérie on note également logiquement une diminution d’épaisseur du matériau argileux lourd plastique gris très foncé, avec apparition de l’argile beige fortement effervescente à l’acide le plus souvent vers 70 cm, exceptionnellement vers 50cm, sur une mince frange au plus près des sols bruns calciques. Cette configuration fait penser à une accumulation d’argiles dans une cuvette préexistante (mini karst ?).
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5/ Conclusions.
La carte des sols au I/50 000, feuille de Châteauneuf-sur-Cher, permet de resituer le secteur étudié dans un plus large contexte pédologique.
Les sols argileux lourds de l’UC 3 sont présents sur cette feuille (environ 1,6% des 55 000ha de la carte) et sont en bois aujourd’hui ou le sont resté du fait de leurs caractéristiques très défavorables et non améliorables (aptitudes agricoles notées 30 à 39 sur une échelle de 0 à 100)
Les sols de l’UC 1 sont notés 60-64 ce qui est surévalué ici, les sols de l’UC 2 sont logiquement notés 65 à 69.
Les éléments diagnostiqués montrent que ce projet de centrale photovoltaïque s’insère dans une parcelle agricole très médiocre.
La présence simultanée dans une même parcelle de taille relativement modeste de sols argilo-calcaires faciles à travailler mais très séchants et de sols argileux lourds à bonne réserve utile mais à très mauvaise praticabilité, constitue une équation difficile à résoudre notamment au niveau de l’implantation des cultures et de la gestion des intrants. Installer des cultures dans un tel micro-contexte donne en effet des résultats très aléatoires (mauvaises levées dans les Pélosols et perte de peuplement en cas d’hiver humide, bonnes levées dans les rendosols mais effondrement du potentiel en cas de fin de cycle sec).
La perspective de maintenir, à la suite de la jachère existante, un couvert permanent de prairie naturelle exploité par le pâturage ovin extensif associé utilement à un projet photovoltaïque, est plus satisfaisante ici que toute autre option agricole.
Fait à ORCENAIS le 29/05/2021 Jean-François Morin
