DITS DE NA THIEU
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L'homme sera-t-il toujours un loup pour l'homme ? Les jeunes générations ont-elles si totalement désappris ce sage avertissement d' Anatole France au lendemain de la « grande guerre mondiale » : « On croit mourir pour la Patrie, on meurt pour des industriels» ; et cet.te autra parole d'un pacifiste : « Deux armées qui se battent, ce sont deux peuples qui se suicident » ?
Hélas I nos sacrifices de combattants ont bien été vains. Les jeunes s'enivrent aujourd'hui des mêmes flonflons dont on nous avait abreuvés il y a quarante ans. Nous ne subissions, à l'époque, que le bourrage suspect de la presse. Sont venus aujourd'hui en dangereux renfort le cinéma, la radio et la télévision, auxquels nous n'avons pas su opposer l'intelligent barrage qui les aurait mis au service de la culture, de l'humaniM et de la paix.
La propagande et les slogans se sont révélés impuissants. Les chan- gements de régime eux-mêmes ont montré qu'ils n'étaient qu'un point de départ vers l'action profonde susceptible d'éclairer la conscience des hommes et de socialiser leur comportement.
Cet éclalrcissemen~ et cette socialisation sont amvre 1J!-éducation.
L'Educatlon quj a permis, sinon préparé, la guerre de 1914, les événements apocalyptiques de 1939-1945, puis l'imbroglio actuel de haines et de guerres permanentes, cette éducation a fait faillite. Nous en portons notre part de responsabilités.
Chaque fois que nous emboîtons aveuglément le pas à un encyclo- pédisme de faux-savants ; quand nous répétons et faisons répéter des mots et des formules qui prennent valeur de tabous ; quand nous abêtis- sons nos enfan.ts par la débauche d'images et de sons ; quand nous les 'habituons à l'obéissance et au dogmatisme, au respect des cadres usés et des pensées dépassées, nous préparor/\5 les guerres et les fascismes.
Chaque fois, au contraire, que nous entraînons nos élèves à rifléchir par eux-mêmes, à développer leur bon sens, à cultiver leur personna- lité intelligente ; quand nous les entraînons à sentir et à voir, sous la croate des mots, la réalité des pensées et des faits ; quand nous les préparons à résister au tragique mimétisme des modes et des propa- gandes ; quand nous nous appliquons à faire d'eux des hommes indivi- duellement, coopérativement et socialement conscients, actifs et forts, nous préparons la paix.
Et dans cette grande œuvre collective, tout effort, si réduit soit-il, compte. La paix se construit. Elle n'a pas d'autre ciment que !'Educa- tion. Et les meilleurs régimes sont ceux qui permettent le plus, qui rendent au maximum possible cette essentielle fonction de progrès et
de vie.